En 1632, la route de Poste allant de Toulouse à Lyon empruntait la vallée de l'Aveyron pour rejoindre Rodez. La route royale de Toulouse à Rodez par la vallée du Tarn a été construite au XVIIIe siècle entre Saint-Sulpice et Albi, mais la traversée de la rivière s'effectuait par bac[1].
Création de la route nationale
La route nationale 88 a été créée en 1824. C'est un axe transversal important reliant Lyon à Toulouse par le Massif central, en traversant sept départements et ses sept préfectures : Lyon, Saint-Étienne, Le Puy, Mende, Rodez, Albi et Toulouse.
Elle est définie comme l'axe « de Lyon à Toulouse par le Puy » ; d'une longueur de 432,973 km[2], sa répartition par département est la suivante :
Dans la Haute-Loire, une ordonnance royale du déclarait d'utilité publique un tracé rectificatif à la RN 88 originelle entre Confolent (au sud de Monistrol-sur-Loire) et le Puy, passant par les gorges de la Loire et non par le col du Pertuis, plus difficile d'accès en période hivernale. Bien que les travaux entre Le Puy et Vorey ont été menés à leur terme en 1855, la suite des travaux a été perturbée par la concurrence avec le chemin de fer[10],[11] (ouverture de la ligne de Saint-Georges-d'Aurac à Saint-Étienne-Châteaucreux). La RN 88 devait remplacer la RN 103 entre Retournac et Yssingeaux alors que le tronçon du Puy à Yssingeaux par le col du Pertuis aurait été incorporé à la RN 105 du Puy à Annonay[12].
Déclassements et redéfinition de l'itinéraire
En 1972, une première vague de déclassements entraîne le transfert d'un grand nombre de routes nationales dans le domaine routier départemental. Trois tronçons de la route nationale 88 sont concernés :
le tronçon de Givors à Saint-Chamond a été déclassé en RD 488 dans le Rhône et en RD 88 dans la Loire à la suite de la mise en service de l'A47 ;
Dans le Rhône, le déclassement prend effet le sur toute sa longueur (12,825 km)[13].
Dans la Loire, le déclassement prend effet le sur la portion comprise entre la limite du département du Rhône et la route nationale 498 à Saint-Chamond (13,95 km), puis entre la RN 82 à Saint-Étienne et la RN 500 à Firminy (9,2 km), ainsi que l'intégralité de la RN 88A (5 km)[14].
Dans la Haute-Loire, le déclassement prend effet le sur la portion comprise entre la route nationale 102 près de La Sauvetat (commune de Landos) et la limite du département de la Lozère (14,663 km)[15].
Dans le département de la Lozère, le déclassement prend effet le sur la portion comprise entre la limite du département de la Haute-Loire et la route nationale 500 (38,24 km) et entre la route nationale 9 et la limite du département de l'Aveyron (6,083 km)[16].
Dans l'Aveyron, le déclassement prend effet le sur la portion comprise entre la limite du département de la Lozère et son intersection avec la route nationale 595 à Rodez (63,685 km)[17].
L'ancienne route nationale 88 est progressivement déclassée à la suite de la mise en service de déviations :
dans le département de la Lozère : la liaison de la N 88 à l'ancienne N 9 (actuellement D 809) aux Ajustons, non loin du viaduc de la Colagne, s'appelle D 888 ;
À la suite de la mise en service de l'A68 entre Albi et Toulouse, la RN 88 a été déclassée en RD 988 dans le Tarn et en RD 888 dans la Haute-Garonne.
Le , le gouvernement a annoncé le transfert certaines routes nationales, dont la route nationale 88. Au , la route nationale sera transféré département de l'Aveyron entre l'échangeur du Lachet et l'autoroute A75 (45 km)
Entre l'A68 et Rodez ainsi que sur la section lozérienne, elle sera mise à disposition à la région Occitanie, et la section entre la limite Haute-Loire/Lozère et l'A72 le sera à la région Auvergne-Rhône-Alpes. Initialement prévu le [18],[19], la mise à disposition aux régions sera faite le [20],[21].
Rôle et trafic
Un axe transversal contribuant au désenclavement du Massif central ?
La route nationale 88 traverse huit départements et relie les vallées du Rhône et de la Garonne[22]. Cette liaison transversale n'est pourtant pas privilégiée bien que plus courte[23], l'itinéraire entre Lyon et Toulouse préférant contourner le Massif central en utilisant les itinéraires alternatifs via la vallée du Rhône et le Languedoc[22] (autoroutes A7, A9 et A61), ou par le nord (autoroutes A89 et A20).
En 1975, le Plan Massif central, initié par le président de la République Valéry Giscard d'Estaing, prévoit le désenclavement routier de ce grand massif montagneux, avec la multiplication des aménagements autoroutiers (A20 Paris – Toulouse ainsi que les autoroutes autour de Clermont-Ferrand) mais l'axe Toulouse – Lyon est présenté en 1989 « comme un axe de liaison stratégique à l'échelle européenne », sur « une diagonale reliant l'Europe du sud-ouest à la mégalopole européenne »[24]. En 1991, un colloque se tient à Toulouse afin de désengorger la vallée du Rhône et d'améliorer l'accessibilité du sud du Massif central et un « syndicat mixte d'étude et de promotion de l'axe européen Toulouse-Lyon », regroupant dix-huit collectivités territoriales, est créé[25].
En 1993, la route nationale 88 est classée « priorité nationale » par le Comité interministériel d'aménagement du territoire[25].
Transformation progressive en voie rapide
En 1995 s'est tenu un débat sur le projet de mise à deux fois deux voies de la route nationale 88 à l'Assemblée nationale. Présenté comme « complémentaire de l'autoroute A75 » entre Clermont-Ferrand et Béziers, il est toutefois concurrencé par l'axe Bordeaux – Lyon – Genève, qui correspond pour partie à l'autoroute A89[25]. La mise à 2 × 2 voies, promise par Édouard Balladur alors Premier ministre à l'époque du débat, n'a toujours pas commencé en Lozère, selon Élisabeth Borne, ministre des Transports[26], qui a présenté le un projet d'orientation des mobilités avec un plan de désenclavement d'axes routiers en France, dont la RN 88[27].
Pour d'autres départements, la mise à 2 × 2 voies répond à une logique d'ouverture de certains territoires, comme dans le département de l'Aveyron, où la route est le seul mode de transport « qui [permet] la desserte économique et touristique » du département, sans concurrence possible avec la grande vitesse ferroviaire[28].
Sections déjà aménagées à 2 × 2 voies
Plusieurs tronçons sont déjà à 2 × 2 voies.
Dans le prolongement de l'autoroute A47, la section entre Saint-Chamond et Yssingeaux (à l'exception des viaducs de Terrenoire et du Lignon) a été mise à 2 × 2 voies, tout comme les contournements de Blavozy et du Puy-en-Velay ainsi qu'une section autour de Bessamorel. La section de Saint-Chamond à Saint-Étienne (entre l'autoroute A47 et la route nationale 488) est même à 2 × 3 voies.
En région Occitanie, de Baraqueville et de Naucelle dans l'Aveyron, et de Carmaux et d'Albi dans le Tarn, ont été mises à 2 × 2 voies.
Le contournement de Baraqueville, au sud-ouest de Rodez, a été déclaré d'utilité publique le . Les travaux ont commencé en 2014. La section de Molinières au nord de Baraqueville (échangeur avec la RD 911) a été mise en service le ; celle entre Baraqueville et la Mothe (au sud) l'a été le . L'achèvement du contournement de Baraqueville marque la fin de l'aménagement de la section d'Albi à Rodez à 2 × 2 voies[29].
Dans le Tarn, la section comprise entre Tanus et la Croix de Mille (communes de Pampelonne et de Saint-Jean-de-Marcel) a été mise en service le . Cette réalisation a coûté 49,5 millions d'euros, financée par l'État, la région Midi-Pyrénées et le conseil général du Tarn[30].
Le doublement de la rocade d'Albi a été inauguré le et marque la fin de l'aménagement de la RN 88 à 2 × 2 voies dans le département du Tarn[31], mis à part la traversée de Lescure-d'Albigeois[32].
Sections en cours d'aménagement à 2 × 2 voies
Afin de finaliser cet axe, plusieurs tronçons doivent encore être mis en 2 × 2 voies. Plusieurs sections ont été mises en service en 2 × 2 voies entre 2013 et 2015. Les derniers tronçons sont en 2021 en chantier pour achever la mise à 2 × 2 voies de l'ensemble de l'itinéraire, en Haute-Loire (déviation d'Yssingeaux et contournement du Pertuis).
Un plan État-région (2023-2027) a été négocié pour le chantier de la RN88 entre Rodez et Laissac[33].
la DIR Sud-Ouest, district Est, de Sévérac d'Aveyron à Marssac-sur-Tarn[36].
Certains tronçons déclassés à la suite de la mise en service de voies rapides ou de déviations sont transférés aux départements.
L'ancienne route nationale 88 dessert deux métropoles (intercommunalités) et les sections de route aménagées et entretenues jusqu'alors par les départements deviennent des routes métropolitaines, gérées par ces métropoles :
De Givors à Saint-Chamond, la route traverse la vallée du Gier et est doublée par l'autoroute A47. Entre Givors et Chabanière, la route est déclassée D 488 y compris sur la partie ligérienne traversant les communes de Dargoire et de Tartaras. Sur le territoire communautaire de Saint-Étienne Métropole, la route est renommée M 88.
À Saint-Chamond, l'ancienne N 88 emprunte la rue de Lyon et la rue Gambetta. L'ancienne A47 qui traversait encore la ville jusqu'en 1991 a été déclassée en D 288, actuellement M 288. Au croisement avec la fin de l'ancienne route nationale 498, un autopont a été construit en et démoli en 1992 à la suite de la mise en service du contournement de Saint-Chamond par l'A47[38].
De Saint-Chamond au Puy-en-Velay
À partir de Saint-Chamond, et jusqu'à Saint-Étienne, la route nationale 88 remplace l'A47 (à 2×3 voies).
La route est en 2×2 voies jusqu'à Yssingeaux sauf au-dessus du Lignon (viaduc du Lignon). Elle sera mise en 2×2 voies jusqu'aux Fangeas (terme sud de la déviation du Puy. La déviation du Puy a été mise en service en ).
La RN 88 a changé de tracé entre Costaros et Châteauneuf-de-Randon. Son tracé actuel passe par les anciens tronçons des RN 102, RN 106 et RN 500. L'actuelle RN 88 passe par :
La route devait initialement être totalement à 2 × 2 voies entre Rodez et Toulouse en 2020. Le contournement de Baraqueville qui clôt la mise en 2 × 2 voies entre Albi et Rodez a été mis en service le pour sa section nord, et le pour sa section sud[29].
De Sévérac-le-Château à Rodez
Entre Sévérac-le-Château et Rodez, l'actuelle RN 88 passe par un ancien tronçon de la RN 595.
Lioujas, commune de La Loubière : une déviation par le nord a été construite dans le cadre de l'aménagement de l'actuelle RN 88 entre Rodez et Causse Comtal[28], appelée D 1088 alors que la traversée de Lioujas reste la D 988 ;
Sur le secteur du Grand Rodez, la RN 88 est transformée en boulevard urbain (doublement des voies, nombreuses bretelles d'entrées et de sorties, vitesse limitée entre 70 et 90 km/h) pour permettre la fluidité du trafic, extrêmement dense.
Sur le tronçon entre Rodez et Albi (représentant 70 kilomètres entre ces deux villes), la RN 88 est entièrement à 2×2 depuis mai 2022 (contournement de Baraqueville et Tauriac-de-Naucelle) hormis la déviation de Lescure-d'Albigeois. La rocade d'Albi est doublée avec une vitesse limitée à 90 km/h depuis . Ainsi, les automobilistes peuvent rejoindre Toulouse de Rodez sur un tracé entièrement à double voie. Le temps de trajet est de 80 minutes environ[réf. souhaitée].
Avant la mise en voie express, les communes traversées sont :
À partir de Marssac-sur-Tarn, la route est dédoublée par l'autoroute A68. Contrairement à l'autoroute, l'ancienne route nationale dessert les communes situées en rive droite entre Marssac-sur-Tarn et Saint-Sulpice[39].
Elle est déclassée en RD 988 entre Albi et la limite départementale du Tarn et de la Haute-Garonne, puis en RD 888 jusqu'à Toulouse.
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La réalisation de ce contournement, situé sur le parcours Saint-Chamond – Le Puy-en-Velay, suscite des oppositions de militants écologistes qui réalisent des actions non-violentes pour empêcher la poursuite des travaux[40].
Sections aménagées en voie express
Certaines sections de la route nationale 88 ont été aménagées à deux fois deux voies (et même deux fois trois voies entre Saint-Chamond et Saint-Étienne), afin d'améliorer la sécurité routière[33].
Section A47 (Saint-Chamond) - Le Puy-en-Velay
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40 : Monistrol-sur-Loire - Sud Bas-en-Basset, Retournac, Les Villettes, Beauzac(deux demi-échangeurs, débouchant sur la D 12 dans le sens Saint-Étienne – Le Puy, et sur la D 47 dans le sens Le Puy – Saint-Étienne)
La rocade du Puy-en-Velay, d'une longueur de 9 km, est inaugurée le par la ministre des Transports Élisabeth Borne[41] et mise en service intégralement le [42].
51 D 373 : Le Puy en Velay-centre, zone d'activités de Corsac-Chassende
↑Les routes départementales situées sur le territoire communautaire de Saint-Étienne Métropole ont été transférées du département de la Loire à la métropole le . La dénomination de la D 88 (ainsi que les antennes D 88.1, D 88.2, D 88.3 et D 88.4) est modifiée par délibération du conseil métropolitain du [37].
↑Louis Becquey, Ministère de l'Intérieur – Administration générale des ponts et chaussées et des mines, Statistique des routes royales de France, Paris, Imprimerie Royale, (lire en ligne), p. 246-247.
↑« Procès-verbaux des délibérations », Rapports et délibérations / Conseil général de la Haute-Loire, , p. 60 (lire en ligne, consulté le ).
↑« Rapport de l'Ingénieur en chef du département de la Haute-Loire à M. le Préfet sur la situation des routes impériales et départementales, et sur le service hydraulique », Rapports et délibérations / Conseil général de la Haute-Loire, , p. 10 (lire en ligne, consulté le ).
↑« Troisième partie. Rapports des chefs de sevice. Chapitre premier. Routes – Chemins vicinaux. Rapport de l'Ingénieur en chef sur le service des routes nationales », Rapports et délibérations / Conseil général de la Haute-Loire, , p. 3-4 (lire en ligne, consulté le ).
↑Michel Cohou, « Acteurs sociaux et processus d'aménagement autoroutier dans le département du Tarn », Géocarrefour, vol. 77, no 1 « Autoroutes, acteurs et dynamiques territoriales », , p. 46 (DOI10.3406/geoca.2002.6261, lire en ligne).
Marcel Girault, « Les anciennes routes de Brioude au Puy et de Lyon à Toulouse dans le canton de Paulhaguet », Almanach de Brioude, Brioude, .
Michel Cohou, Le destin d'une voie rapide : jeu d'acteurs, enjeu de développement, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, coll. « Villes et Territoires », (ISBN2-85816-500-9, ISSN1140-2296, lire en ligne).
Cet ouvrage, principalement consacré à l'autoroute A68, détaille l'implication des collectivités territoriales dans le projet de l'aménagement de l'autoroute entre Toulouse et le Tarn, mais aussi les politiques menées pour le désenclavement du Massif central par la route nationale 88.