En décembre 1999, Lionel Jospin affirme une forme d'athéisme en se définissant comme « […] un rigide qui évolue, un austère qui se marre, un protestant athée »[3].
« Munichois » et proche de Marcel Déat, Robert Jospin est exclu de la SFIO en 1945 en raison de son attitude sous l'Occupation[4],[5]. De son premier mariage, Robert Jospin a eu deux enfants : un fils, Maurice (1924-2003), futur journaliste et jazzman, ami de Claude Luter, et une fille, Hélène. De l'union de Robert et Mireille Jospin naissent quatre enfants : Agnès, Lionel, Olivier et Noëlle, qui épouse le philosophe François Châtelet et devient romancière.
De Meudon, dans les Hauts-de-Seine, où elle occupe un appartement, puis une villa avec jardin, la famille vient en 1948 s’installer à Paris, dans le quartier de la Bastille, boulevard Richard-Lenoir. Deux ans plus tard, Robert Jospin prend la direction d’un centre d’enfants difficiles, à La Ferté-sous-Jouarre, en Seine-et-Marne.
Formation et militantisme
Adolescent, Lionel Jospin a fait partie avec le totem de « Langue agile »[6] des Éclaireurs unionistes de France (protestants) dans la troupe de Paris-Saint-Marcel[7] ; il est possible qu'à quinze ans, lors d’un camp dans le Jura, jumelé avec la troupe de Paris-Luxembourg, il ait eu pour chef de camp Michel Rocard[7], alias« Hamster érudit »[8],[9],[10]. En 1954, il obtient son baccalauréat au lycée Janson-de-Sailly de Paris.
Issu d’une famille de gauche, mais rebuté par le stalinisme et la politique coloniale de la SFIO, il s'engage à la fin des années 1950 à l’UGS avant d’adhérer, à la suite de son organisation, au PSU en 1960. S’éloignant de l’activité politique lors de son service militaire puis de sa formation à l'ENA, il rejoint en sortant de cette école le mouvement trotskiste au début de 1965 sous l’influence d’une rencontre avec Boris Fraenkel[13]. Il milite à l’UNEF contre la guerre d'Algérie. Sous l’influence d’un ami éducateur, Michel Lautrec (1937-2000), il fait partie du groupe Lambert, l’Organisation communiste internationaliste (OCI), où avec l’historien Benjamin Stora il milite sous le pseudonyme de « Michel », en hommage à son initiateur.
À sa sortie de l'ENA, en 1965, il entre au Quai d'Orsay comme secrétaire des Affaires étrangères où il est affecté à la direction de la coopération économique et où il travaille avec Ernest-Antoine Seillière.
En 1970, Lionel Jospin abandonne sa carrière de diplomate pour devenir professeur d'économie à l'IUT de Sceaux de l'Université de Paris. Après le congrès d'Épinay, il rejoint le Parti socialiste en 1971, à la demande de l'OCI, dont il rencontre régulièrement les responsables, en particulier Pierre Lambert[20],[21]. Lionel Jospin n'en mène pas moins une carrière rapide au PS, devenant un protégé de François Mitterrand[N 3].
D'abord membre d'un groupe d'experts chargé des relations internationales où il s'occupe des relations Est-Ouest[13], il entre en 1973 au Bureau exécutif et devient Secrétaire national à la formation. En 1975, il est chargé de rédiger le rapport qui sera adopté à l'occasion de la Convention nationale sur les relations avec le PC[22] et devient secrétaire national au tiers monde.
En 1979, au congrès de Metz du Parti socialiste, il déclare « l'objectif du PS n'est pas de moderniser ou de tempérer le capitalisme mais de le remplacer par le socialisme ». Il devient secrétaire national aux relations internationales, chargé de la coordination au Parti socialiste.
En 1980, à l'occasion des 60 ans du congrès de Tours, il débat avec Georges Marchais sur le plateau de l'émission Les Dossiers de l'écran. On retiendra de ce face à face, préparé avec une équipe comprenant Philippe Robrieux, sa réplique au dirigeant communiste : « Vous n'avez pas mis les pieds dans une usine depuis 30 ans et moi, ce matin, je donnais mes cours »[13].
En janvier 1981, à l'occasion du congrès de Créteil qui désigne François Mitterrand comme candidat à l'élection présidentielle, Lionel Jospin est élu Premier secrétaire du parti conformément au souhait de son prédécesseur qui lui avait proposé le poste en en cas de victoire[13]. Selon certains, il quitte l'OCI durant cette période, rompant ses contacts avec le lambertisme autour de 1981. L'intéressé lui-même, sans démentir, donne une vision différente de ses relations avec les lambertistes : « À partir du moment où, en 1973, j'accepte des responsabilités nationales au Parti socialiste, j'agis en socialiste. Je garde avec des dirigeants trotskistes des liens, qui sont des liens personnels, qui sont des liens d'échange, mais qui relèvent d'une forme de fidélité maintenue à un passé, d'une sorte de quant-à-soi, presque d'un jardin secret, politique celui-là, et non d'une discipline militante[13]. »
Lionel Jospin participe durant la première législature de François Mitterrand aux « petits déjeuners du mardi », une réunion non officielle qui réunit chaque semaine autour du président, le Premier ministre, le premier secrétaire du Parti socialiste, le secrétaire général de l’Élysée et plus tard le conseiller spécial du président, pour aborder les questions politiques en cours[13].
Lionel Jospin connaît son « baptême du feu » au congrès de Valence, en . Si sur le fond ce congrès adopte une position modérée prônant le changement graduel, dans la forme, les excès verbaux, à l’exemple d’un Paul Quilès déclarant que des « têtes doivent tomber », laisseront le sentiment d’un processus mal maîtrisé par le nouveau secrétaire du Parti socialiste[13].
À l’occasion du tournant de la rigueur, Lionel Jospin cherche à renouveler la thématique de la « pause » employée par les socialistes à l’occasion du Front populaire, en utilisant, en mars 1983, la notion de « parenthèse ».
Aux élections législatives de 1986 (ces élections sont à la proportionnelle départementale), il est à la tête d'une liste PS-MRG à Paris. Il est élu, avec sept autres députés socialistes, soit autant que le RPR. Sollicité par la fédération PS de Haute-Garonne lors d’une élection législative partielle, il se présente et est élu député dans la Haute-Garonne en (et se démet de son mandat de député élu à Paris, qui échoit à un autre candidat sur sa liste). Entretemps, il prend Jean-Marie Cambacérès comme directeur de cabinet.
Comme ministre, il redessine la carte universitaire, notamment par le plan « Universités 2000 »[23] et fait adopter la loi Jospin qui, entre autres mesures, réforme la formation des enseignants. Mais la contestation lycéenne l’affaiblit en 1990.
Son éternelle rivalité avec Laurent Fabius, exacerbée lors du congrès de Rennes en 1990, déchire le Parti socialiste. Lionel Jospin s’éloigne de François Mitterrand et doit quitter le gouvernement démissionnaire d’Édith Cresson en 1992. Battu lors des élections législatives de 1993 marquées par un raz-de-marée RPR–UDF, et n’ayant plus pour seul mandat que celui de conseiller général de Cintegabelle, il quitte ses fonctions au PS et songe à se retirer de la vie politique ; il demande notamment un poste d’ambassadeur, ce à quoi s'opposera Alain Juppé alors ministre des Affaires étrangères.
Campagne présidentielle de 1995
Après le désistement de Jacques Delors, favori des sondages, il est désigné candidat du Parti socialiste à l'élection présidentielle lors d'une primaire, le , face au premier secrétaire du parti, Henri Emmanuelli. Après s'être montré critique sur le passé de François Mitterrand (il déclare en « rêver d'un itinéraire plus simple et plus clair pour celui qui fut le leader de la gauche »), il réclame en avril 1995 un « droit d'inventaire » sur le bilan de Mitterrand[24]. Le soutien timide apporté par le président sortant à Lionel Jospin s'expliquerait par cette déclaration.
Donné perdant dès le début de l'élection, Lionel Jospin crée la surprise en arrivant en tête au premier tour, avec 23,3 %, devant ses rivaux RPR, Jacques Chirac (20,8 %) et Édouard Balladur (18,6 %). Il déclare avoir « fendu l'armure » pendant la campagne[25]. Pour autant, l'usure du Parti socialiste après 14 années de présidence Mitterrand et un report de voix assez défavorable à la gauche en vue du second tour lui laissent peu d'espoir de l'emporter[26]. Le débat de l'entre-deux-tours est considéré comme timide, chacun campant sur ses positions sans faire de déclaration choc[27], si ce n'est la réplique de Lionel Jospin au sujet du quinquennat, auquel s'opposait son adversaire : « Il vaut mieux cinq ans avec Jospin que sept ans avec Jacques Chirac »[28].
Lors du second tour, Lionel Jospin obtient 47,36 % des suffrages face à Jacques Chirac[D 1].
Au cours de la législature, il doit se séparer du « noyau dur » de son gouvernement : contesté par les syndicats enseignants, Claude Allègre abandonne l'Éducation nationale, tandis que Dominique Strauss-Kahn, mis en examen, choisit de démissionner. Lors du vaste remaniement ministériel de 2000, il fait alors entrer les « éléphants » du PS, dont Jack Lang, rue de Grenelle, et son rival historique au sein du PS, Laurent Fabius, à Bercy.
Sur le plan économique, jusqu'en 2001, Lionel Jospin bénéficie d'une période de forte croissance mondiale, qui se traduit notamment par l'envol des nouvelles technologies[D 2]. Sa part de responsabilité dans cette situation est source de débat, mais la croissance du PIB français est durant cette période constamment supérieure de 1 % à la moyenne de la croissance dans l'Union européenne. Cette phase de haute conjoncture profite aux recettes de l'État, notamment du fait de la progressivité de certains impôts. Il met en œuvre une politique ciblée sur l'emploi (emplois-jeunes, prime pour l'emploi, baisse de la TVA, soutien à la consommation, allègements de charges, réforme sur l'annualisation du temps de travail en contrepartie des 35 h) ; entre 1997 et 2001, le chômage passe du taux record de 12,2 % à un plancher de 8,6 %, mais il repasse la barre des 9 % en 2002. Les lois Aubry auraient permis de créer environ 350 000 emplois[32]. On observe une baisse sans précédent du chômage malgré l'augmentation de la population active jusqu'en 2005, date du début du départ à la retraite des premiers enfants du baby-boom. Le lien avec la mesure est toutefois contesté, dans la mesure où l'emploi progresse au même moment dans d'autres pays. De 1997 à 2001, le déficit public de la France est réduit en moyenne de 0,2 % par an en pourcentage du PIB[33]. En 2001, la conjoncture mondiale se retourne brutalement à la suite des attentats du World Trade Center, puis de l'explosion de la bulle Internet.
Au niveau institutionnel, il soutient l'organisation du référendum de 2000 sur la réduction du mandat présidentiel de sept à cinq ans. Le « oui » recueille 73,21 % des suffrages, mais l'abstention s'élève à 69,81 %.
Sur le plan sanitaire, il est confronté à la crise de la vache folle, lors de laquelle son gouvernement est accusé de prendre un certain retard dans la prise de décision en comparaison de la législation britannique. Le , Jacques Chirac réclame l'interdiction immédiate des farines animales, position que rejoint le Premier ministre quelques jours plus tard[34].
De 1997 à 2001, malgré une « déclaration commune » PS-PC du qui promettait « pour France Telecom, Thomson et Air-France, l’arrêt des privatisations »[35], Lionel Jospin entreprend, une fois Premier ministre, une série de privatisations ou d'ouverture aux capitaux privés : France Telecom, Thomson Multimédia, le GAN, le CIC, les AGF, Société marseillaise de crédit, RMC, Air France, Crédit lyonnais, Eramet, Aérospatiale-Matra, EADS Banque Hervet[36]. Il déçoit également de nombreux sympathisants de la gauche à propos de l'usine Renault de Vilvorde en Belgique : bien que s'étant engagé lors de la campagne des législatives de 1997 à remettre en cause la décision de fermeture, il ne peut arrêter le processus[37].
Dans son discours du à Craonne où il a inauguré la sculpture de Haïm Kern, à l'occasion du 80e anniversaire de l'armistice de 1918, le Premier ministre Lionel Jospin a souhaité que les soldats « fusillés pour l’exemple », « épuisés par des attaques condamnées à l’avance, glissant dans une boue trempée de sang, plongés dans un désespoir sans fond », qui « refusèrent d’être des sacrifiés », victimes « d’une discipline dont la rigueur n’avait d’égale que la dureté des combats, réintègrent aujourd’hui, pleinement, notre mémoire collective nationale ». Dans le contexte de cohabitation, cette initiative est critiquée par le président de la République Jacques Chirac, qui la juge « inopportune »[38]. En 2000, il s'avoue impuissant à empêcher des licenciements dans l'usine Michelin, déclarant « l'État ne peut pas tout »[39]. Cette phrase est souvent analysée comme lui ayant coûté cher sur le plan politique, notamment au moment de l'élection présidentielle de 2002[40],[41],[42].
En 2001, son militantisme passé à l'Organisation communiste internationaliste (trotskiste) est révélé dans des articles de presse (Le Monde, L'Express, Le Nouvel Observateur), puis dans deux biographies. Le Premier ministre reconnaît la véracité de ces informations, bien qu'ayant jusque-là toujours démenti la rumeur, affirmant avoir été confondu avec son frère Olivier Jospin, lui-même militant avoué de l'organisation trotskiste.
Lionel Jospin déclare, quelques années après la fin de la cohabitation, que sa relation avec le président Jacques Chirac fut « correcte voire plutôt cordiale », mais qu'il lui a « toujours été difficile de [lui] faire confiance, même sur les questions touchant aux intérêts essentiels de la France »[43].
Il fait partie des Premiers ministres les plus populaires de la Ve République. La Sofres indique qu'il atteint son record de popularité en , dans un contexte d'allégresse après la victoire de la France à la coupe du monde de football. Sa cote décroît par la suite pour atteindre 40 % en [44],[45],[46],[47].
Lionel Jospin annonce sa candidature à l'élection présidentielle par fax le [48]. Il ne rassemble pas sur sa candidature les composantes de sa majorité plurielle, qui présentent chacune un candidat, il n’avait alors rien fait pour empêcher ces candidatures, « par orgueil » selon des journalistes politiques[49]. Son positionnement politique est, en outre, sujet à controverse : il affirme au début de la campagne que son « projet n'est pas socialiste »[50], nuançant par la suite ce propos avec des drapeaux rouges lors des meetings. D'autre part, ses attaques personnelles contre le président Chirac (« un président vieux, usé, fatigué »[N 4]) ont un effet mitigé. Par ailleurs, il s'aliène une partie de l'électorat enseignant, pourtant traditionnellement acquis à la gauche, en raison des réformes Allègre. Le 1er tour a lieu en période de vacances scolaires, favorisant l’abstention. Enfin, l'opposition de droite lui reproche de ne pas avoir profité des années de croissance économique solide pour mener des réformes importantes, comme celle des retraites.
Le 17 avril, quatre jours avant le premier tour, alors qu'il est donné au coude-à-coude avec Jacques Chirac dans les sondages, il juge peu sérieuse l'hypothèse de son absence au second tour. Il est pourtant éliminé dès le premier, lors d'un scrutin marqué par une abstention de 28,40 % des inscrits, en forte hausse par rapport à 1995, en obtenant 16,18 % des suffrages exprimés, derrière Jean-Marie Le Pen (16,86 %, soit 200 000 voix de plus que Jospin) et Jacques Chirac (19,88 %). Apprenant cet échec, il annonce le soir du premier tour son retrait de la vie politique, en déclarant : « Au-delà de la démagogie de la droite et de la dispersion de la gauche qui ont rendu possible cette situation, j'assume pleinement la responsabilité de cet échec et j’en tire les conclusions en me retirant de la vie politique, après la fin de l'élection présidentielle »[51],[D 3]. Les commentateurs politiques critiquent cette retraite anticipée, jugée comme étant le résultat d'un orgueil excessif, alors que de l'avis général il aurait pu éviter au Parti socialiste une déroute lors des élections législatives de juin 2002 s'il avait décidé de rester le dirigeant de la gauche plurielle[52].
Selon les analystes politiques, plusieurs raisons expliquent l'échec de Lionel Jospin : une campagne considérée comme médiocre, la présence de l'insécurité dans les débats, thème jugé plutôt favorable à l’opposition de droite, la gauche divisée en de très nombreuses candidatures, l'assurance que la qualification au second tour était acquise et l'usure du pouvoir ou « malédiction de Matignon » (les Premiers ministres finissent souvent impopulaires)[54],[55],[56]. François Hollande dès le 23 avril a le même constat mais vise le président sortant avec « [ses] responsabilités qui sont immenses »[57]. Dans le film autobiographique Lionel raconte Jospin, diffusé en 2010, Lionel Jospin déclare de nouveau assumer la responsabilité de la défaite électorale du PS, indiquant avoir sous-estimé les risques d’une élimination au premier tour[58], mais accuse également la droite d'avoir usé de thématiques ayant renforcé le Front national et blâme aussi la défaite sur les candidatures dissidentes de gauche, notamment de Jean-Pierre Chevènement et de Christiane Taubira[59].
Retrait de la vie politique
Le sort son livre, Le Monde comme je le vois, qui relance les spéculations autour d'un éventuel retour en politique[60],[61].
Il laisse entendre, à plusieurs reprises, qu'il serait prêt à se présenter à l'élection présidentielle de 2007 si les socialistes le lui demandaient[62]. Le , Lionel Jospin intervient à l'université d'été du PS et déclare, le 4 septembre, être « capable d'assumer la charge de chef de l'État ». Mais les sondages indiquent qu'une majorité de Français et de sympathisants socialistes ne souhaite pas sa candidature[62] et que le niveau d'intentions de vote en sa faveur est beaucoup plus faible que celui de Ségolène Royal en cas de duel face à Nicolas Sarkozy[63]. Le 28 septembre, il annonce, dans une lettre adressée aux militants socialistes, qu'il ne sera pas candidat à la primaire socialiste[64]. Le , au cours du vote de désignation du candidat à la présidentielle, il affirme ne pas avoir voté blanc et révélera plus tard avoir voté pour Dominique Strauss-Kahn[65].
Le , Lionel Jospin rejoint l'équipe de campagne de Ségolène Royal, aux côtés notamment des deux anciens rivaux de cette dernière, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius[66]. Dans son livre L'Impasse, publié en , Lionel Jospin estime que Ségolène Royal « n'a pas les qualités humaines ni les capacités politiques » nécessaires pour remettre le Parti socialiste en ordre de marche et « espérer gagner la prochaine présidentielle »[67].
Après avoir signé la motion présentée par Bertrand Delanoë au congrès de Reims, il vote, le , lors de l'élection du premier secrétaire du Parti socialiste, pour Martine Aubry. Il affirme, à propos de Ségolène Royal : « Dans le socialisme, les « néos », ceux qui ont été contre le vieux et pour le neuf, n'ont pas toujours laissé de très bons souvenirs » ; ce commentaire, qui trace un parallèle avec la tendance « néo-socialiste » de Marcel Déat, passé ensuite à la collaboration, entraîne un début de polémique[68].
En 2023, il fait partie des anciens Premiers ministres dont le coût liés aux avantages en nature dont il peut bénéficier, est le plus élevé avec 162 012 euros pour cette année[80].
– : député, élu dans la 7e circonscription de la Haute-Garonne (remplacé à la suite de sa nomination au poste de Premier ministre ; ne se représente pas en 2002).
Secrétaire national aux relations internationales, chargé de la coordination au Parti socialiste; de mission auprès du premier secrétaire du PS, chargé des assises de la transformation sociale ; membre du bureau exécutif et du conseil national ;
Lionel Jospin a fait une apparition de quelques minutes à l'écran dans son propre rôle[96] dans le film Le Nom des gens de Michel Leclerc sorti le ; une de ses répliques, non dépourvue d'autodérision puisqu'il l'a lui-même écrite, est : « Un jospiniste aujourd'hui, c'est aussi rare qu'un canard mandarin dans l'île de Ré »[97]. En 2011, il apparaît aussi dans le film de Julie Delpy, Le Skylab, lors d'un reportage télévisé présenté par Patrick Poivre d'Arvor et ayant pour sujet l'écrasement prochain du Skylab.
Publications
Lionel Jospin est l'auteur de plusieurs ouvrages à caractère politique, certains étant conçus pour préparer une campagne électorale, c'est le cas en 2002 du Temps de répondre, sous forme d'entretien avec Alain Duhamel[98] ou en 2005 Le Monde comme je le vois, sous forme de manifeste, dans le cadre de son éventuel retour à la vie politique, bien qu'il en nie l'intention[99],[100].
D'autres écrits sont conçus pour l'analyse politique, c'est le cas de L'Impasse où il décrypte la campagne et l'échec de Ségolène Royal lors de l'élection présidentielle française de 2007[101]. En 2014, il compose un essai de critique historique sur Napoléon Ier, qu'il désacralise en le présentant comme un despote ayant gouverné de façon désastreuse — empêchant la France de devenir l'une des grandes puissances mondiales — et aussi comme une source d'inspiration pour Pétain et les populistes modernes[102],[103],[104]. En 2020, avec Un temps troublé, rédigé après son départ du Conseil constitutionnel — où il était soumis à un devoir de réserve —, il traite de la politique contemporaine[105],[106].
En 2010, un entretien autobiographique avec Pierre Favier et Patrick Rotman est organisé, l'interview est diffusée en parallèle dans un documentaire homonyme sur France 2[107].
Jean Arthur DUPEYRON (1845 à Tonneins – ????) limonadier
Marie Catherine DUPEYRON
Marie Ernestine MARBOUTIN (1851 à Tonneins – ????)
Notes et références
Notes
↑Il est successivement ministre d'État, ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et des Sports (1988), ministre d'État, ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports (1988-1991), puis ministre d'État, ministre de l'Éducation nationale.
↑Il s'agit là, cependant, de la durée du gouvernement et non de la présence à Matignon de Lionel Jospin lui-même. Le record du temps de présence personnelle à l'hôtel Matignon est à ce jour détenu par Georges Pompidou, qui a dirigé quatre gouvernements successifs. François Fillon, qui a dirigé trois gouvernements successifs, a également dépassé, de quelques jours, la durée de présence à Matignon de Lionel Jospin. Le gouvernement Jospin a connu plusieurs remaniements, mais ceux-ci ne sont pas considérés comme des changements de gouvernement, Lionel Jospin n'ayant pas remis sa démission pour former une nouvelle équipe.
↑Ce dernier, informé des années plus tard par Loïk Le Floch-Prigent de la double appartenance de Lionel Jospin, aurait répondu : « Ne vous en faites pas, je sais ! Je m'en charge. C'est moi qui le retournerai. »
↑Ces mots sont en fait dits en « off » (pas de trace audio) le 10 mars 2002 dans un avion qui le ramène de la Réunion en France, à quelques journalistes, médusés, qui l'accompagnent. Une conversation off qu'Yves Colmou, le directeur de communication de Jospin autorise. Il s'en est d'ailleurs, par la suite, excusé publiquement auprès de Jacques Chirac.
Discours
↑Déclaration de Lionel Jospin le 7 mai 1995, depuis la Maison de la Chimie à Paris, après sa défaite à la présidentielle.
« Les citoyens se sont exprimés ce dimanche 7 mai pour élire le président de la République. La décision était grave et sans doute difficile à prendre pour beaucoup de Françaises et de Français en un temps où nombre d'entre vous doivent affronter de sérieux problèmes et s'interrogent sur l'avenir de notre pays.
Une majorité a voté pour Jacques Chirac, je le félicite pour son élection à la présidence de la République et je lui souhaite bonne chance.
Je salue François Mitterrand au moment où s’achève son second septennat.
Je remercie chaleureusement les quinze millions de Françaises et de Français qui m'ont apporté leurs suffrages. Dans ce grand moment de confrontation démocratique qu'est une campagne présidentielle, j'ai senti se créer autour de ma candidature et de mes propositions un profond mouvement de renouveau. Il n'a pas permis aujourd'hui la victoire, mais il ne s'arrêtera pas car il est porteur d'espérance.
J'invite toutes celles et tous ceux qui croient aux valeurs de justice et de progrès à se rassembler pour prolonger cette espérance et préparer les succès de demain ».
↑Discours de Dominique Strauss-Kahn, ministre de l'Économie le 16 mai 1999[31] : « La nouvelle dynamique économique en action est d'abord la conséquence d'un formidable mouvement de progrès technique et d'innovation. L'innovation est restée longtemps la “belle inconnue” de la théorie de la croissance, le progrès technique apparaissant au mieux comme un résidu dans les premiers modèles de croissance. Ils se sont ensuite affinés avec les réflexions sur la croissance endogène. Mais peu importe au fond, si la théorie peine à coller à la réalité. Cette réalité, nous la percevons tous aujourd'hui, dans la vie des entreprises, dans notre vie quotidienne, dans la croissance de nos économies. Nous avons aujourd'hui autour des nouvelles technologies de l'information et de la communication, une dynamique d'équipement et d'investissement chez les ménages et les entreprises, porteuse d'externalités et de progrès pour l'ensemble de l'économie. Elle tire la demande, elle améliore les capacités productives. Elle peut permettre une hausse durable du rythme de croissance soutenable. »
↑Déclaration de Lionel Jospin le 21 avril 2002, depuis son « Atelier de campagne » à Paris, à la suite de sa défaite dès le premier tour « Mesdames, Messieurs, mes chers compatriotes, mes chers amis qui êtes ici présents. Si comme on peut le penser, les estimations sont exactes, le résultat du premier tour de l'élection présidentielle, qui vient de tomber, est comme un coup de tonnerre. Voir l'extrême droite représenter vingt pour cent des voix dans notre pays, et son principal candidat affronter celui de la droite au second tour est un signe très inquiétant pour la France et pour notre démocratie. Ce résultat, après cinq années de travail gouvernemental entièrement voué au service de notre pays, est profondément décevant pour moi et ceux qui m'ont accompagné dans cette action. Je reste fier du travail accompli. Au-delà de la démagogie de la droite et de la dispersion de la gauche qui ont rendu possible cette situation, j'assume pleinement la responsabilité de cet échec et j’en tire les conclusions en me retirant de la vie politique [la salle hue], après la fin de l'élection présidentielle. Jusque-là, je continuerai naturellement d'exercer ma fonction de chef du gouvernement. J'exprime mes regrets et mes remerciements à tous ceux qui ont voté pour moi et je salue les Français que j'ai servis de mon mieux pendant ces cinq années. J'invite les socialistes et la gauche à se mobiliser et à se rassembler dès maintenant pour les élections législatives afin de préparer la reconstruction de l'avenir. Je vous remercie. »
↑Pascal VIROT, « Lionel Jospin s'est préparé en sportif », Libération, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Lionel Jospin : « candidat pour gagner » », sur La Dépêche, : « Je ne peux pas vous garantir le succès, il y a un Président sortant, je ne suis que le challenger. Je peux vous assurer d'une chose: je ne suis pas, comme en 1995, candidat pour témoigner, pour restaurer. Je m'engage dans cette campagne, devant les Français, pour gagner. »
↑« Cinq duels présidentiels "les yeux dans les yeux" », sur Le Figaro, : « […] le sort lui accordera comme adversaire un Lionel Jospin qui sait pertinemment qu'aucun candidat de gauche n'a une chance de succéder à François Mitterrand. Jospin est déjà tout heureux d'être sorti en tête du premier tour. Son but est d'asseoir sa domination sur la gauche, comme seul héritier du mitterrandisme. Chirac est prêt à l'aider tant que son adversaire ne lui conteste pas son « droit » à entrer à l'Élysée. »
↑P. Charpentier, H. Huyghes-Despointes, N. Hyard, F. Lefresne, M. Lallement, J. Loos-Baroin, « Gestion des temps et régulations sociales : quelles incidences de la loi Aubry II sur l'organisation des entreprises et les conditions de travail des salariés ? », Revue de l'Ires, no 44, vol. 1, 2004, p. 3-37.
↑« Sur la dette publique : la gauche moins mauvaise gestionnaire que la droite », Le Monde, (lire en ligne).
↑« La cohabitation de mal en pis », L'Express, 16 novembre 2000.
↑L'Année politique, économique et sociale, Evénements et tendances, 1997.
↑Depuis le décret du 21 novembre 2008 (Décret no 2008-1202 du 21 novembre 2008 modifiant le code de la Légion d'honneur et de la médaille militaire, paru au Journal officiel du 22 novembre 2008 (texte 1): « La dignité de grand officier appartient de plein droit aux anciens Premiers ministres qui ont exercé leurs fonctions durant deux années au moins ».
Gérard Grunberg, « La candidature Jospin ou la construction d’un nouveau leadership », dans Pascal Perrineau et Colette Ysmal (dir.), Le Vote de crise. L’élection présidentielle de 1995, collection « Chroniques électorales », Presses de Sciences Po, 1995, p. 60-80.
On trouve sur le site du Premier ministre, dans la partie archives, 582 discours, allocutions et interventions de Lionel Jospin de la période 1997-2002.