Charles Alexandre Dupuy devient enseignant. Il est nommé professeur au lycée de Saint-Étienne, remplaçant Auguste Burdeau[3].
Il devient ensuite inspecteur d’académie. Nommé à Ajaccio (Corse), il y rencontre en 1883 Antoinette Laborde, une jeune veuve et mère d'une jeune fille, qu'il épouse en 1888. Celle-ci est originaire d'Ille-sur-Têt, dans les Pyrénées-Orientales, ville dont Charles Dupuy deviendra citoyen d'honneur en 1893, avant de s'y installer à la fin de sa vie et d'y mourir en 1923[4].
Redevenu député, il est fait président de la Chambre en décembre. Il travaille alors à l’alliance franco-russe et fait face aux troubles sociaux dans le Midi (grèves de Carmaux) et dans le Nord. Il a une réputation de courage, due à une phrase, prononcée alors qu’il était président de la Chambre : le 9 décembre 1893, l’anarchisteVaillant y ayant lancé une bombe, Dupuy s'était écrié : « Messieurs, la séance continue ! »[7].
Il est de nouveau président du Conseil quand Carnot est assassiné le 24 juin 1894. Il s'attaque au mouvement socialiste (circulaire d'octobre 1894) tout en renforçant la police politique à la suite de l'attentat de Vaillant. Il décide alors d'être candidat à l’élection présidentielle qui s’ensuit. Échouant, il est reconduit par le nouveau président de la République Jean Casimir-Perier avec lequel il s'entend mal. Il démissionne au bout de six mois, entrainant la démission de Casimir-Perier le lendemain.
C’est sous son ministère qu' Alfred Dreyfus est condamné en 1894. Revenu à la présidence du Conseil en novembre 1898, en pleine affaire Dreyfus, il s'oppose avec détermination à la révision du procès[8]. Malgré la mort du président Faure dans des circonstances scandaleuses, il garde la présidence du Conseil sous son successeur Émile Loubet. Le 3 juin 1899, la Cour de cassation impose la révision du procès Dreyfus, et Dupuy ne peut contenir l’agitation croissante des ligues d'extrême droite. Lorsque le baron Cristiani agresse à coups de canne le président Loubet au champ de courses d’Auteuil (5 juin 1899), il est presque accusé de complicité, car les policiers, pourtant présents en nombre, n’interviennent que mollement. Son gouvernement est mis en minorité et il démissionne le 12 juin.
« Henri Brisson dura peu. Il ne dut qu’à son énergie de durer assez pour faire son devoir, et introduire la révision du procès de 1894, devenue nécessaire après les aveux et le suicide du colonel Henry.
Il n’y a pas de mots pour peindre le ministère Dupuy qui lui succéda. Ce fut le chaos, l’écroulement et l’abîme. La République allait où l’emportait l’Affaire, que soulevaient en hurlant les nationalistes, entraînés par les bandes romaines. Alors régnèrent dans les villes les matraques et les bayados, et une canne aristocratique défonça le chapeau du président Loubet. »
L'année du Certificat d'études : Livret de morale questions, résumés, sujets de rédaction, 46e éd, 1924, Paris, Armand colin, 38 p.; livret de botanique agricole par Louis Matruchot, Paris, Armand Colin et Cie, 1895, 3e édition ; Livret d'histoire de France, par M. Ernest Lavisse. 2 fasc., Paris, A. Colin , 1894.
Le Concordat et la séparation des Églises et de l'État, Paris : édition de "la Nouvelle Revue" , 1903, 20 p.
Discours prononcé par M. Charles Dupuy à la distribution solennelle des prix du lycée du Puy, Le Puy : impr. de Marchessou , 1876, 12 p.
↑ Jean-Jacques Peurière, "Evocation d'une loge Stéphanoise "L'Industrie" à Travers quelques personnalités", in: Saint-Etienne, Histoire et Mémoire, Bulletin du vieux Saint-Etienne, Saint-Etienne, 2018, n. 272, p. 20.
↑ a et b« Histoire », sur assemblee-nationale.fr (consulté le ).
↑Sur son rôle dans l'Affaire, voir Bertrand Joly, Histoire politique de l'affaire Dreyfus, Fayard, 2014 et Philippe Oriol, L'Histoire de l'affaire Dreyfus de 1894 à nos jours, Les Belles Lettres, 2014.
Yvert Benoît (dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil : histoire et dictionnaire raisonné des chefs du gouvernement en France (1815-2007), Paris, Perrin, 2007, 916 p.
« Charles Dupuy », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition]
Gérard Bonet, « Dupuy (Charles, Alexandre dit Charles-Dupuy) », dans Nouveau Dictionnaire de biographies roussillonnaises 1789-2011, vol. 1 Pouvoirs et société, t. 1 (A-L), Perpignan, Publications de l'olivier, , 699 p. (ISBN9782908866414)
Auguste Rivet, « La jeunesse de Charles Dupuy ou les écoles d’un républicain de gouvernement », Cahiers de la Haute-Loire, Le Puy-en-Velay, (lire en ligne)
Auguste Rivet, « La carrière gouvernementale de Charles Dupuy : un opportuniste inoportun », Cahiers de la Haute-Loire, Le Puy-en-Velay, , p. 137-164 (lire en ligne)
Auguste Rivet, « Charles Dupuy dans son département ou l’action locale d’un homme d'État », Cahiers de la Haute-Loire, Le Puy-en-Velay, , p. 179-205 (lire en ligne)