Territoire de la République française en vert foncé, de ses protectorats en vert intermédiaire et des territoires allemands et autrichiens occupés par la France en vert clair.
L'œuvre de ce gouvernement est vaste : il a conduit la France pendant la fin de la Seconde Guerre mondiale et dans la période de reconstruction qui suit, il a voté des réformes fondamentales (confirmation du droit de vote des femmes, institution du régime général de la sécurité sociale), et il a préparé et mis en place la Constitution de 1946.
Dirigé au départ par le général de Gaulle, le GPRF a ensuite été conduit par Félix Gouin, Georges Bidault et Léon Blum (dans la phase de transition pendant laquelle les institutions de la Quatrième République furent mises en place — tous sous le titre de « président du Gouvernement provisoire de la République française[10] »).
Après la promulgation de la Constitution de la Quatrième République le et jusqu'à ce que l'ensemble des organes de celle-ci soient mis en place, c'est-à-dire jusqu'à l'élection de Vincent Auriol à la présidence de la République le , on entre dans une période de transition généralement rattachée à la Quatrième République mais où subsistent certaines des institutions provisoires.
Le régime de Vichy prend fin de fait en août 1944, lors de la Libération de la France. Le Gouvernement provisoire de la République française, venu d'Alger, assume la réalité du pouvoir sur la partie de territoire métropolitain libérée à partir de la fin de l'été 1944. Composé de militaires, de résistants, et d'hommes politiques de tous horizons (communistes, socialistes, radicaux, démocrates chrétiens et droite républicaine), il déclare nulles et non avenues les décisions constitutionnelles du régime de Vichy (ordonnance du )[3], qu'il considère comme une parenthèse illégale dans le fonctionnement de l'État. En témoigne le refus du général de Gaulle, président du Gouvernement provisoire de la République française, de proclamer la République du balcon de l'hôtel de ville de Paris libéré, le [3].
Le général de Gaulle refuse alors d'accéder aux demandes de ceux, dont Georges Bidault alors président du Conseil national de la Résistance, qui le pressent de « rétablir la République », leur signifiant qu'elle n'avait jamais cessé d'exister car ayant toujours considéré « l’État français » comme illégitime[3] :
« La République n'a jamais cessé d'être. La France Libre, la France Combattante, le Comité français de libération nationale, l'ont, tour à tour, incorporée. Vichy fut toujours et demeure nul et non avenu. Moi-même suis le président du Gouvernement de la République. Pourquoi irais-je la proclamer[1],[2] ? »
Pour rétablir l'autorité républicaine, le GPRF envoie dans chaque grande région libérée un commissaire de la République. Ces commissaires se heurtent parfois aux comités locaux de la Résistance (CDL), qui rechignent à céder un pouvoir acquis de facto à la suite de la Libération, en particulier dans les territoires libérés par la Résistance (Sud-Ouest, Savoie…). Par ailleurs les organisations issues de la Résistance disposent d'éléments armés pouvant être utilisés par les communistes dans l'éventualité d'une révolution (FFI, COMAC, milices patriotiques). Pour parer à ce danger et malgré la mauvaise volonté du CNR et des communistes, le GPRF s'efforce d'incorporer ces troupes à l'armée régulière. Les FFI intègrent l'Armée française, toujours en guerre, le , les milices patriotiques le font le .
Le gouvernement provisoire reprend le projet de 1936 de Jean Zay, et crée l'École nationale d'administration () afin d'assurer aux futurs hauts fonctionnaires une formation effective, homogène et de haut niveau, ainsi que de permettre l'accès de ces fonctions aux seuls éléments méritants, indépendamment de leur origine sociale.
Il poursuit la guerre et organise l'épuration (procès de Philippe Pétain en juillet-août 1945) tout en réfrénant ses excès. Cette épuration légale fait suite à une épuration improvisée, conduite à la Libération, et parfois exercée par des résistants de la dernière heure. Celle-ci avait conduit à de nombreuses exécutions sommaires et à la tonte des femmes soupçonnées d'avoir eu des liaisons avec l'ennemi.
Par la suite l'épuration légale conduite soit par des magistrats, qui pratiquement tous avaient prêté serment à Pétain, ou par des jurés de la Haute-Cour, parlementaires issus de la Troisième Force opposée aux gaullistes et aux communistes, allait aboutir à des résultats d'une indulgence extrême, laissant libres des hommes comme René Bousquet qui avait, en accord avec le haut dignitaire SSHeydrich et avec Himmler, intensifié l'action de la police française contre les résistants, ou comme Xavier Vallat, créateur du Commissariat général aux questions juives, ordonnateur de la persécution des Juifs et surtout de leur recensement qui allait faciliter leur déportation par l'ennemi. Au total l'épuration aurait touché environ 10 000 Français et son bilan est controversé ; bien que certains responsables politiques et intellectuels collaborationnistes aient été jugés et condamnés, de nombreux collaborateurs de l'industrie, de la police, de la gendarmerie, de l'administration et de la magistrature furent peu inquiétés.
Crise en Indochine
En , un conflit éclate en Indochine entre le gouvernement du Viet Minh, qui avait pris le pouvoir à la faveur de la capitulation japonaise, et les autorités françaises.
Un des autres objectifs principaux du GPRF, sous la houlette du général de Gaulle, est de rendre la parole au peuple en organisant des élections législatives et un référendum qui eurent lieu le . Lors de ces scrutins, les Français approuvent le projet d'une nouvelle constitution et élisent une Assemblée constituante.
Ces élections voient la victoire de la SFIO, du PCF et du MRP qui recueillent les trois quarts des voix et le référendum consacre, avec 96 % des votants, la fin de la Troisième République. L'Assemblée constituante issue des élections est chargée d'instaurer la Quatrième République.
Le , Charles de Gaulle démissionne, en désaccord avec le projet de constitution et les ministres communistes.
Le l'Assemblée constituante adopte un premier projet de constitution soutenu par la majorité de gauche et dénoncé par les centristes et la droite. Cette constitution est rejetée par référendum le , entraînant la dissolution de la Chambre et la démission du socialiste Félix Gouin.
Une nouvelle assemblée constituante, marquée par un renforcement du MRP et le recul de la gauche, est élue le . Le projet monocaméral devient bicaméral. La constitution de la Quatrième République, élaborée sous la présidence de Georges Bidault (MRP), est définitivement adoptée par référendum le . S'ensuit alors l'élection d'une nouvelle chambre en et son président, Vincent Auriol qui assure les fonctions de chef de l'État, confie à Léon Blum, pour un mois, le dernier gouvernement provisoire avant l'élection du président de la République de la Quatrième République.
Notes et références
↑ ab et cJean Lacouture, Charles de Gaulle, I. Le rebelle 1890-1944, éd. Le Seuil, 1984 (ISBN2-02-006969-5), p. 834.
↑ ab et cCharles de Gaulle, Mémoires de guerre – L'Unité : 1942-1944, t. II, éd. Plon, Paris, 1956 (ISBN2266167499) ; rééd. Le Livre de Poche (Historique), 1963, 511 p. (texte intégral), p. 374-375.
↑Antony Beevor (trad. Jean-François Sené, Raymond Clarinard et Isabelle Taudière), D-Day et la bataille de Normandie, éd. Calman-Lévy, Paris, 2009, 636 p. (ISBN978-2-7021-4016-1), p. 28-30.
Emmanuel Cartier (préf. Michel Verpeaux), La transition constitutionnelle en France (1940-1945) : la reconstruction révolutionnaire d'un ordre juridique « républicain », Paris, LGDJ, coll. « Bibliothèque constitutionnelle et de science politique » (no 126), , XVI-665 p. (ISBN2-275-02674-6).
Le , la IVe République est promulguée et une période de transition débute entre les institutions du gouvernement provisoire et ceux de la IVe République jusqu'en janvier 1947.