Cette page concerne l'année 1892 (MDCCCXCII en chiffres romains) du calendrier grégorien.
Chronologies
Dahomey : Entrée des troupes à Abomey. Le général Dodds, malade, est porté en hamac. Dessin de Louis Tinayre, d'après un croquis d'Abel Tinayre. Le Monde illustré, 28 janvier 1893.
10 janvier : une mission menée par Casimir Maistre quitte Bordeaux. Elle atteint Bangui le 2 juin avant d’explorer les régions centrafricaines. Le 21 août elle obtient un traité de protectorat du chef Kandia à Bogadou. Elle progresse jusqu’au Gribingui et au Logone, aux confins du Baguirmi, mais ne peut atteindre le lac Tchad faute de ravitaillement suffisant et oblique vers l’ouest par Yola sur la Bénoué et le Niger en mars 1893[3].
8 février, Tunisie : par décret, la France fait réviser les droits du bey de Tunis sur les « terres mortes ». La France annexe au domaine de l’État les terres vendues au XVIe siècle à la famille Siala. Ces terres sont redistribuées aux colons, tout comme les terres de Makhnassi[6].
Ces mesures sont toutefois insuffisantes car ces terres sont en général de mauvaise qualité. En accord avec les autorités tunisiennes, les Français obtiennent alors la location à long terme des habous publics et privés (biens religieux), en principe inaliénables.
L’acquisition de nouvelles terre par les colons en Tunisie fait progresser de façon spectaculaire la production de céréales, des vignobles et des oliveraies.[réf. nécessaire]
13 février : le ministre britannique à Tanger sir Charles Evan Smith fait une offre de protection au sultan du MarocMulay Hassan, qui sur le point d’accepter, la repousse au dernier moment (30 juin)[7].
12 août : le sultan de Zanzibar attribue à l’Italie pour vingt-cinq ans et pour 160 000 roupies les ports de Brava, Merka, Mogadiscio et Ouarcheikh[11].
4 octobre : traité de commerce franco-marocain[15]. La France annexe les confins algéro-marocains. Le Makhzen ayant renoncé à entrer en guerre, les deux parties concluent un traité commercial. La politique marocaine de la France déclenche une violente campagne de presse en Grande-Bretagne où l’on évoque un partage du Maroc[16].
17 novembre : prise de la capitale du roi Béhanzin, Abomey, par le général Alfred Dodds[19]. 10 000 soldats du Dahomey s’opposent à 2 092 tirailleurs sénégalais lors de la prise de la ville.
3 décembre : les Français établissent leur protectorat sur le Dahomey[20]. Béhanzin continue la lutte jusqu’en 1894.
Les troupes du chef Rabah, après leur échec au Ouadaï, envahissent le Baguirmi et en incendient la capitale, Massenia en 1893[21].
Kadungure Mapondera(en), « bandit d’honneur », lutte contre les Européens en Rhodésie et au Mozambique. En 1894, il refuse de payer l’impôt de case, se déclare indépendant de la British South Africa Company et passe au Mozambique septentrional, suivi de ses partisans les plus fidèles. Il est capturé le [23].
15 février, Japon : les deuxièmes élections à la Diète sont marquées par une campagne électorale particulièrement sanglante. Le ministre de l’intérieur ayant ordonné à la police de soutenir les candidats gouvernementaux, les heurts avec l’opposition se soldent par la mort de 25 personnes[30].
13 mars : protectorat britannique officiel sur le Bahreïn (complète le traité de 1861)[32].
1er avril : le roi Rama V publie un édit de réorganisation du gouvernement en Thaïlande. Les six ministères originaux sont remplacés par douze ministères. Le prince Damrong Rajanubhab, nommé ministre de l’Intérieur, lance une réforme administrative (1892-1897) : les états vassaux sont intégrés au pays en tant que provinces. Les provinces (changwat) sont réunies dans 18 régions (monthon)[33].
29 juin : mort de Wassa Pacha, gouverneur du Liban[36]. Les Ottomans nomment le 15 août un gouverneur intérimaire, Naoum Pacha, le président en exercice du Medjilis central[37]. C’est le premier libanais nommé à ce poste.
Juin : les troupes russes forcent les Chinois à abandonner leur forteresse de Ak-tash et occupent les territoires situés à l’est de la chaîne de Sarikol (Kazakhstan)[38]. En 1894, après un échange de notes diplomatiques, les Chinois et les Russes décident de maintenir leurs positions respectives en attendant le règlement final de la question du Pamir.
7 juillet : arrestation de José Rizal, qui est exilé dans l’île de Mindanao. Début des mouvements indépendantistes aux Philippines. Andrés Bonifacio fonde à Manille la Katipunan (société secrète des fils de la terre), animée par des francs-maçons. Ses activités anti-espagnoles provoqueront une réaction violente du gouvernement colonial[39].
Juillet : Jamal Al Dîn Al Afghani, pourfendeur des athées, auteur de Réfutation des matérialistes (1870) est accueilli pour la seconde fois par le sultan Abdül-Hamid II à Constantinople[40]. Sa présence contribue à la tendance panislamiste de l’époque hamidienne, qui correspond davantage à un retour à la théocratie qu’à celui de l’islam dans l’État ottoman.
21 septembre : création à Constantinople d’une école des tribus (Aşiret Mektebi)[41]. Elle accueille les fils des tribus arabes et des grandes familles du Levant. L’objectif est de développer un sentiment loyaliste à l’égard de l’empire parmi les notables arabes susceptibles d’être la cible des nationalistes.
Janvier : en Hongrie, le Parti national roumain réuni à Sibiu se donne Ioan Rațiu(ro) comme président et rédige un Mémorandum(en) à l’adresse de l’empereur pour dénoncer la politique d’oppression de Budapest et formuler de nouveau les revendications roumaines. Le 28 mai, une délégation de plus de 200 personnes le porte à Vienne, mais François-Joseph Ier d’Autriche refuse de les recevoir et renvoie le texte non décacheté à Budapest. Le gouvernement hongrois crie à la trahison et fait passer les leaders en jugement[44].
23 juin ( du calendrier julien) : contre réforme municipale en Russie[48]. 2/3 des électeurs sont éliminés par relèvement du cens, le contrôle administratif est renforcé. Les Juifs perdent leurs droits d’électeur aux Doumas.
2 août : le ministre des Finances autrichien Emil Steinbach met en place la réforme monétaire préparée par son prédécesseur Julian Dunajewski. Il remplace l’étalon argent par l’étalon or et le florin par la couronne[49].
17 août : convention militaire franco-russe (fin en 1917), ratifiée le par la Russie et le par la France[51]. L’accord prévoit la mobilisation des deux partenaires en cas de mobilisation d’un des membres de la Triplice, et en cas d’agression l’intervention immédiate des troupes. Les signataires s’engagent à ne pas signer de paix séparée.
30 août : Serge Witte devient ministre des Finances en Russie[53]. Il prend modèle sur les théories de l’économiste allemand Friedrich List : il entend mettre fin à la crise agricole par le développement industriel accéléré (1892-1903).
8 décembre : réunion à Berlin du Congrès du parti conservateur allemand. Son programme expose les grandes lignes d’un État à structure féodale et monarchiste, et dénonce « l’influence pourrissante » des Juifs et des sociaux-démocrates[58].
Nikolaï Mikhaïlovski dirige la revue La richesse russe (Russkoe bogatstvo). Développement en Russie du « populisme légal », reprenant l’idée d’un socialisme fondé sur le mir paysan et les groupements de petits producteurs[53].
3 juillet : Émile Malespine, médecin, psychiatre, écrivain, peintre, théoricien, éditeur, poète, homme de théâtre, de cinéma et de radio et concepteur de mobilier français († ).
↑Suzanne Lalonde, Determining Boundaries in a Conflicted World : The Role of Uti Possidetis, McGill-Queen's Press - MQUP, , 347 p. (ISBN978-0-7735-2424-8, présentation en ligne)
↑ a et bAlexis Marie Gochet, Soldat et missionnaires au Congo de 1891 à 1894, Lille, Société de Saint-Augustin, Desclée, De Brouwer, (présentation en ligne)
↑Jean Darcy, France et Angleterre : cent années de rivalité coloniale, Perrin et cie, (présentation en ligne)
↑J.-H. Lasserre-Bigorry, Le mythe d'Algésiras [Etude sur le statut international du Maroc en matière économique], vol. 15, (présentation en ligne), p. 317-341
↑The Indian councils acts, 1861 and 1892, and rules and regulations for the council of the governor general at meetings for the purpose of making laws and regulations, Calcutta, Superintendent of Government printing, (présentation en ligne)
↑Noël Maestracci, La Syrie contemporaine : tout ce qu'il faut savoir sur les territoires placés sous mandat français, Charles-Lavauzelle, (présentation en ligne)
↑(en) Christian Tripodi, Edge of empire : the British political officer and tribal administration on the North-West frontier, 1877-1947, Farnham, Ashgate Publishing, Ltd., , 253 p. (ISBN978-0-7546-6838-1, présentation en ligne)
↑(ca) Jesús Mestre i Campi (dir.), Diccionari d'història de Catalunya, Barcelone, Edicions 62, , 6e éd. (1re éd. 1992), 1147 p. (ISBN978-84-412-1885-7), p. 109
↑Géza Andreas von Geyr, Sándor Wekerle, 1848-1921 : die politische Biographie eines ungarischen Staatsmannes der Donaumonarchie, Oldenbourg Verlag, , 529 p. (ISBN978-3-486-56037-4, présentation en ligne)
↑Towarzystwo Miłośników, Przegląd historyczny, vol. 58, Państwowe Zakłady Wydawn. Szkolnych, (présentation en ligne)
↑(es) José Ramón de Urquijo y Goitia, Gobiernos y ministros españoles en la edad contemporánea, Madrid, Editorial CSIC - CSIC Press, , 596 p. (ISBN978-84-00-08737-1, présentation en ligne)