Dans la Rome antique, les poètes professionnels étaient généralement parrainés par des mécènes, de riches partisans, notamment des nobles et des militaires[3]. Par exemple, Gaius Maecenas (en français Mécène), ami de César Auguste, était un important mécène pour les poètes augustes, dont Horace et Virgile. Alors qu'Ovide, un poète bien établi, a été banni de Rome par le premier empereur romain Auguste. Sappho est une des rares femmes poétesse de l'antiquité grecque à avoir bénéficié d'une grande renommée.
Les poètes occupaient une place importante dans la société arabe préislamique, le poète ou Sha'ir(en) jouant le rôle d'historien, de devin et de propagandiste. Les mots à la gloire de la tribu (qit'ah) et les lampions dénigrant les autres tribus (hija') semblent avoir été parmi les formes les plus populaires de la poésie ancienne. Le sha'ir représentait le prestige et l'importance d'une tribu individuelle dans la péninsule arabique, et les batailles simulées dans la poésie ou le zajal remplaçaient les guerres réelles. Ukaz, une ville marchande située non loin de La Mecque, accueillait régulièrement un festival de poésie où l'artisanat des sha'ir était exposé.
Au Moyen Âge, les troubadours constituaient en Occident une catégorie importante de poètes et venaient d'horizons très divers. Ils composaient des poèmes en langue occitane accompagnés de musique, et quelquefois jouaient également le rôle de jongleur en les exécutant dans divers cours seigneuriales ou royales.
La période de la Renaissance a vu la poursuite du parrainage des poètes par la noblesse ou la monarchie. De nombreux poètes avaient toutefois d'autres sources de revenus, notamment des Italiens comme Dante Aligheri, Giovanni Boccaccio et Pétrarque qui travaillaient dans une guilde de pharmaciens et William Shakespeare qui travaillait au théâtre.
À partir de la période romantique, de nombreux poètes étaient des écrivains indépendants qui vivaient de leur travail, souvent complété par des revenus provenant d'autres occupations ou de leur famille[4], notamment William Wordsworth et Robert Burns.
Les poètes des temps anciens étaient souvent des personnes très cultivées et très instruites, certains étaient en grande partie autodidactes. Quelques poètes, comme John Gower et John Milton, étaient capables d'écrire des poèmes dans plus d'une langue. Certains poètes portugais, comme Francisco de Sá de Miranda, écrivaient non seulement en portugais mais aussi en espagnol[5]. Jan Kochanowski a écrit en polonais et en latin[6], France Prešeren et Karel Hynek Mácha[7] ont écrit quelques poèmes en allemand, bien qu'ils soient respectivement poètes slovènes et tchèques. Adam Mickiewicz, le plus grand poète de langue polonaise, a écrit une ode en latin pour l'empereur Napoléon III. Un autre exemple est celui de Jerzy Pietrkiewicz, un poète polonais. Lorsqu'il s'est installé en Grande-Bretagne, il a cessé d'écrire des poèmes en polonais, mais a commencé à écrire des romans en anglais. Il a également traduit des poèmes de l'anglais et en anglais[8].
De nombreuses universités proposent des diplômes en écriture créative, bien que ceux-ci n'aient vu le jour qu'au XXe siècle. Bien que ces cours ne soient pas nécessaires pour faire carrière en tant que poète, ils peuvent être utiles en tant que formation et pour permettre aux personnes étudiant la poésie de passer plusieurs années à se concentrer sur leur écriture[9].
Gu Taiqing (1799-1877) est une poètesse de la dynastie Qing, tout comme Liang Desheng (connue pour avoir écrit les trois derniers volumes d'un tanci très connu : Zai cheng yuan (« Affinitée prédestinée lors de la renaissance »), et Wu Zao, autrice de deux recueils de ci, Hualian ci et Xiangnan xuebei ci[12],[13].
Christine de Pizan (1364-1430) est considérée comme la première femme de lettres à vivre de sa plume en France. Elle compose des traités de politique, de philosophie et des recueils de poésies. Son recueil de poésies Cent ballades d’amant et de dame a été publié par Gallimard dans la collection « Poésie »[15].
La publication d'un recueil de sonnets de Nathalie Barney en 1900 intitulé Quelques portraits, sonnets de femmes, poèmes, qui avait l'ambition de créer une colonie de femmes poétesses, encourage d'autres femmes telle Renée Vivien à publier[17]. C'est autour de leur amour commun de la poésie que Nathalie Barney et Marguerite Yourcenar deviennent amies[17].
Bashō Matsuo (1644-1694) est un poète japonais célèbre pour avoir inventé la forme poètique des Haïkus.
Ōtagaki Rengetsu (1791-1875) est une nonne bouddhiste généralement considérée comme une des plus importantes poétesses japonaises du XIXe siècle du Japon. Elle étudie auprès de grands poètes japonais comme Ozawa Roan et Ueda Akinari, et devient mentore de l'artiste Tomioka Tessai[18].
Violante do Céu(en), née en 1601 ou 1607 est une religieuse et poétesse de la péninsule Ibérique née à Lisbonne dont l'entrée au couvent n'a pas mis fin à l'écriture de poèmes, notamment érotiques.
Mastoureh Ardalan (1805-1848) est une poétesse, historienne et écrivainekurde. Elle a écrit plusieurs livres de poésie, d'histoire et de littérature, principalement écrit en Gurani, en kurde et en persan, mais elle a écrit aussi quelques poèmes en Sorani[25]. La plupart de sa poésie kurde a été oubliée au cours du XXe siècle, redécouverte et publiée à la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle[26].
Hedvig Charlotta Nordenflycht (1718-1763) est une poétesse suédoise[29] et l'une des premières femmes suédoises à vivre de sa plume. Ses derniers poèmes décrivent une relation amoureuse triangulaire avec l'économiste Johan Fischerström et la comtesse Catherine Charlotte De la Gardie[29],[30],[31].
Malawi
Upile Chisala est une écrivaine poètesse malawienne née en 1994[32]. Elle cherche à rendre autonomes les femmes africaines[33]dans ses recueils de poésies qu'elle publie sur Instagram[34]. Elle parle aux femmes situées sur divers axes de luttes et d'identités[35]. Elle explore des sujets comme l'amour, la vulnérabilité, la féminité, la libération[36], la joie, le moi, la noirceur, le genre, la spiritualité et la guérison[35].
Les poétesses ont de tout temps connu des difficultés pour obtenir une reconnaissance dans la profession, en raison des enjeux symboliques et de leur faible représentation[16].
En 1990, Mary Robinson lit un poème de Eavan Boland(en) lors de son investiture en tant que première femme à accéder à la présidence de la république d’Irlande[16].
Question relatives au genre
Des textes attestent que François Ier questionnant son poète Clément Marot sur le bon usage de la langue française concernant les questions d'accord se vit donner une règle de l'accord du participe passé dans Enfans, oyez une leçon qui suivait la règle de l'accord au plus proche[37].
Poétesse
Dans certains dictionnaires, le terme « poétesse » est considéré comme pouvant être péjoratif et il est jugé qu'il tendrait à disparaître[1]. Selon le Dictionnaire historique de la langue française (Le Robert, 1998), la désaffection pour le terme date du premier tiers du XVIIIe siècle puisqu'il serait tombé en désuétude, au point d'être remplacé par "un poète" en 1793[38]. La question du genre en poésie et des anthologies par genre est débattue[39],[40],[41],[42].
En 1988, Carol Ann Duffy (1955 - ) figure en tête des personnes pressenties pour le poste de Poet Laureate, mais son lesbianisme déclaré l'empêche d'y accéder, et c'est Andrew Motion (1952 ? ) qui est nommé[16].
Martin Balmont, Dictionnaire des poètes latins antiques, Besançon, Presses du Centre Unesco de Besançon, 2000, 308 p. (ISBN2-912295-26-2).
Poètes francophones
Marc-Aimé Guérin et Réginald Hamel (dir.), Dictionnaire Guérin des poètes d'ici : de 1606 à nos jours, Montréal, Guérin, 2005 (2e éd. rev. corr. et augm.), 1 359 p. (ISBN2-7601-6746-1).
Serge Martin (dir.), La Poésie à plusieurs voix : rencontres avec trente poètes d'aujourd'hui : une anthologie, Paris, Association française des enseignants de français, 2010, 240 p. (ISBN978-2-200-24626-6).
Christine Planté, Femmes poètes du XIXe siècle : une anthologie, Lyon, Presses universitaires de Lyon, (ISBN9782729706074, lire en ligne)
Georges Pompidou, Anthologie de la poésie française, Paris, Hachette, 1961 ; rééd. Le Livre de poche.
Jean Rousselot, Dictionnaire de la poésie française contemporaine, Paris, Hachette, 1968.
Léon Feugère, Les femmes poètes au XVIe siècle : étude suivie de Mademoiselle de Gournay, D'Urfé, Le Maréchal de Montluc, G. Bude, Ramus, Genève, Slatkine, (1re éd. 1860), 391 p. (OCLC364950968).
↑ a et bAnne Debrosse, « Le mot “poétesse” dans les dictionnaires, ou la tentation de l’épicène (XVIe – XVIIe siècles) », Réforme, Humanisme, Renaissance, no 78, , p. 7-29 (DOI10.3406/rhren.2014.3361, lire en ligne, consulté le ).
↑« Christine de Pizan, la dame du XIVe siècle devenue icône féministe », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑ abc et dMarc Porée, « La force de la poésie au féminin », Etudes anglaises, vol. 60, no 3, , p. 304–316 (ISSN0014-195X, lire en ligne, consulté le )
↑ a et b« « Pourquoi m’en voudrait-on d’être lesbienne ? » : Natalie Clifford Barney, l’Amazone de la rue Jacob », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑Melanie Eastburn, Lucie Folan, Robyn J. Maxwell et National Gallery of Australia, Black robe, white mist : art of the Japanese Buddhist nun Rengetsu, National Gallery of Australia, (ISBN978-0-642-54139-0 et 0-642-54139-6, OCLC182730339, lire en ligne)
↑Ghiyath ed-din Abdoul Fath Omar Ibn Ibrahim al-Khayyām Nishabouri, (persan : غياث الدين ابو الفتح عمر بن ابراهيم خيام نيشابوري [ḡīyāṯ ad-dīn abū al-fatḥ ʿumar ben ibrāhīm ḫayām nīšābūrī])
↑Boris A. Rosenfeld «Umar al-Khayyam» dans Helaine Selin, Encyclopaedia of the History of Science, Technology, and Medicine in Non-Western Cultures, Springer-Verlag, 2008, p. 2175-2176
↑Clément Marot, Œuvres de Clement Marot Valet-de-chambre de François I. Roy de France, revûes ſur pluſieurs Manuſcrits, & ſur plus de quarante editions ; et augmentées tant de diverſes poëſies veritables, que de celles qu’on lui a fauſſement attribuées : avec les ouvrages de Jean Marot ſon Pere, ceux de Michel Marot ſon Fils, & les Piéces du Different de Clement avec François Sagon ; Accompagnées d'une Preface Hiſtorique & d'Obſervations Critiques, t. II, Chez P. Gosse & J. Neaulme, (lire en ligne), « Épigramme à ses disciples ».
↑Christine Planté (directrice), Masculin / Féminin dans la poésie et les poétiques du xixe siècle, Presses universitaires de Lyon, coll. « Littérature & idéologies », (ISBN978-2-7297-1076-7, lire en ligne).
↑Nathalie Vincent-Munnia, « Le poème en prose au féminin/masculin (chez Marguerite Burnat-Provins, Judith Gautier/Walter, Pierre Louÿs, René(e) Vivien) », dans Masculin / Féminin dans la poésie et les poétiques du xixe siècle, Presses universitaires de Lyon, coll. « Littérature & idéologies », (ISBN978-2-7297-1076-7, lire en ligne), p. 469–485.