D'un ton très libre, voire libertin, ses romans sont souvent des plaidoyers féministes défendant le droit des femmes à s'assumer seules, jusques et y compris dans leur sexualité, qui peut être le lesbianisme. Elle situe l'action de plusieurs de ses romans dans la campagne proche de Montmorillon et sur les rives de la Gartempe, dans la région poitevine.
Biographie
Régine Deforges est la fille de Clément Deforges, né en 1900, et de sa femme Bernadette Peyon, née en 1910. Elle naît dans le Poitou à Montmorillon, où elle est élevée dans différentes institutions religieuses. À l'âge de 15 ans, un amoureux éconduit lui dérobe son journal intime, où elle consignait ses pensées et l'amour qu'elle éprouvait pour une fille de son âge, Marie Madeleine dite Manon Abauzit (1935 à Montmorillon - 2014 à Poitiers) qui travaillera plus tard dans sa maison d'édition. Cet épisode provoque un scandale local : renvoyée de son institution, elle est contrainte de brûler ses autres cahiers.
« J'ai obéi, jeté dans le poêle ce qui me tenait le plus à cœur. Ma vie intime s'envolait en fumée. J'ai décidé que je me vengerais, sans savoir comment[2]. »
Cet épisode lui inspire, bien plus tard, le livre Le Cahier volé[3]. Très tôt, les livres constituent son univers d’élection : elle devient tour à tour libraire, relieur, éditrice, scénariste, réalisatrice et écrivaine. Elle ouvre plusieurs librairies, tant à Paris qu’en province, et crée, en 1968, sa propre maison d’édition, L'Or du temps. Elle devient de ce fait la première éditrice française depuis Marcelle Lesage. Le premier livre qu’elle publie, Le Con d'Irène (sous le titre édulcoré « Irène »), attribué à Louis Aragon (1re éd. 1928), est saisi 48 heures après sa mise en vente, le . Elle sera, par la suite, condamnée pour « outrage aux bonnes mœurs » et privée de ses droits civiques pour trois ans[4].
En 1981, son roman La Bicyclette bleue, premier de trois tomes composant l'ouvrage, connaît un grand succès populaire (plus de dix millions d'exemplaires vendus), mais vaudra à Régine Deforges quelques démêlés judiciaires avec les héritiers de Margaret Mitchell, auteur d'Autant en emporte le vent, qui ne parviendront pas cependant à convaincre les juges que Régine Deforges avait plagié l'Américaine[5].
Elle publie ensuite un catalogue de livres écrits par des femmes (Les Femmes avant 1960). Elle publie une centaine d’ouvrages (notamment des livres d’Apollinaire, Gautier, Restif de la Bretonne et Mandiargues), dont la plupart font l’objet d’interdictions diverses et même, pour certains, de poursuites pour outrage aux bonnes mœurs. Parmi les romans érotiques contemporains, L'Or du temps publie notamment La Nue, de Michel Bernard. De nombreux procès et de lourdes amendes obligent Régine Deforges à déposer son bilan.
Elle tient également une chronique à L'Humanité, dont des recueils ont été publiés.
En , son indulgence pour la personnalité d'Israël Shamir, auteur du brûlot antisémite L'autre visage d'Israël lui vaut le retrait de son article depuis le site web de L'Humanité après une tempête médiatique initiée par Didier Daeninckx (Michel Wieviorka décrit l'évènement dans son livre La tentation antisémite)[7],[8].
Alors que Régine Deforges n'a pas 20 ans, elle rencontre l'industriel Pierre Spengler (1928-2001) (sans lien avec son homonyme le producteur) qui la demande en mariage. Elle décide de jouer cela aux dés[réf. nécessaire], au 421, et perd, si bien qu'ils se marient le [11]. Ils ont un fils, Franck Spengler, né le , et aujourd'hui éditeur de littérature érotique[12]. Ils divorcent le .
En 1966, elle a une fille, Camille Deforges-Pauvert, future responsable des relations libraires Belfond-Presses de la Cité, avec l'éditeur Jean-Jacques Pauvert. Il n'a reconnu Camille qu'à sa quarantaine ; il tente de s'en expliquer dans plusieurs pages de ses mémoires par le fait qu'il était déjà marié et père : « J'avais déjà deux enfants (sans compter ma première fille) ». Le grand responsable (enfin le grand déclencheur) de la décision de Jean-Jacques Pauvert de ne pas reconnaître Camille Deforges fut René Diatkine, le psychiatre [13].
Ses trois enfants créent en 2015 le prix Régine Deforges, organisé par la ville de Limoges, qui récompense des premières œuvres littéraires écrites par un auteur ou une autrice francophone[14].
Une librairie portant le nom de la Bicyclette Bleue a ouvert ses portes le 8 septembre 2021 à Paris dans le 20ème arrondissement, grâce à sa fille Camille et son petit-fils Simon Roussel[15].
Entretiens
En novembre 2009, un entretien avec Régine Deforges est réalisé par la revue étudiante de l'université Paris XII, Processus[16].
2001 : La Petite Fille au manteau rose, nouvelle publiée au sein de Chemin faisant, recueil de nouvelles situées dans les transports publics (éditions Le Serpent à plumes)
1980 : Contes pervers, première œuvre érotique (ISBN978-2-213-00941-4) Adapté au cinéma en 1980 sous le même titre, officiellement réalisé par Régine Deforges elle-même (pour des raisons commerciales, le réalisateur a été Michel Lemoine, un spécialiste du film érotique) ; il existe également une adaptation en bandes dessinées (Contes pervers) parue en 1985, par Gérald Leclaire et Régine Deforges, aux Éditions Régine Deforges.