L'ordre national du Mérite est un ordre honorifique français institué le par le général de Gaulle[1]. Il récompense les mérites distingués, militaires ou civils, rendus à la nation française. Il remplace d'anciens ordres ministériels et coloniaux.
Pompidou déclara à Peyrefitte que le général avait été persuadé par Catroux en adoptant la symbolique historique de la nation, liée aux deux grands monarques français : Napoléon qui créa la Légion d'honneur au camp de Boulogne et Louis XIV qui créa l'ordre royal de Saint-Louis. Peyrefitte déclara que c'est l'un des cas où la vision historique de De Gaulle et la vision pragmatique de Pompidou s'opposèrent, le mémorialiste ayant la préférence pour celle de Pompidou[3].
Ces ordres ministériels font l'objet d'un arrêt d'attribution ou de promotion depuis le , mais les titulaires actuels survivants des grades et dignités desdits ordres continuent à jouir des prérogatives y étant attachées, et ce d'après l'article 38 du décret no 63-1196 portant création d'un Ordre National du Mérite. En foi de quoi, même si ces ordres ministériels sont effectivement placés en extinction depuis 1964, ils ne sont pas éteints tant qu'il reste au moins un survivant dans chaque ordre. De surcroît, aucun décret instituant ces 16 ordres ministériels n'a été abrogé. Les membres survivants de l'un de ces ordres ont toujours le droit de porter leur décoration, en vertu du décret no 63-1196.
Réception dans l'ordre, brevet de nomination et prise de rang
La réception dans l'ordre national du Mérite est attestée par un brevet (ou diplôme) nominatif, adressé au récipiendaire par la grande chancellerie. Pour procéder à la remise de la décoration, le récipiendaire doit préalablement s'acquitter du paiement de droits de chancellerie (montant fixé par décret au Journal officiel). Il peut alors recevoir officiellement la décoration à l'occasion d'une cérémonie militaire ou civile. À l'issue de la cérémonie de remise d'insigne, le récipiendaire et le délégué remplissent le procès-verbal de la journée, le signent et le datent. Ce n'est qu'à la réception de ce document que l'intéressé est officiellement admis dans l'ordre et que son brevet lui est expédié.
La prise de rang (nomination ou promotion officielle) dans l'ordre national du Mérite, ainsi que dans l'ordre national de la Légion d'honneur, peut donc être effective plusieurs mois, voire plusieurs années après la publication au Journal officiel, contrairement à la médaille militaire et aux quatre ordres ministériels (Palmes académiques, Mérite agricole, Mérite maritime et Arts et Lettres) pour lesquels la nomination ou la promotion sont acquises dès le jour de la signature du décret ou de l'arrêté par le président ou le ministre concerné.
Contingents
Pour les ressortissants français, les contingents de croix de l'ordre national du Mérite pour la période du au , sont fixés à 4 545 croix par le décret 2021-243 du [4], soit :
À titre civil
2290 chevaliers
485 officiers
95 commandeurs
7 grands officiers
3 grand'croix
Total 2 880 croix.
À titre militaire
1263 chevaliers
335 officiers
60 commandeurs
5 grands officiers
2 grand'croix
Total 1 665 croix.
Pour les ressortissants étrangers, le contingent de croix de l'ordre national du Mérite pour la période du au , est fixé par le décret 2018-30 du [5], soit :
200 chevaliers
94 officiers
40 commandeurs
4 grands officiers
2 grand'croix
Total 340 croix.
En 2022, la grande chancellerie estime à environ 177 000 le nombre de membres vivants de l'ordre[6].
Insignes
L'insigne, qui fut créé par le sculpteur-médailleur français Max Leognany, est une étoile à six branches doubles, émaillées de bleu, en argent pour les chevaliers, en vermeil pour les officiers. Le centre de l'étoile est entouré de feuilles de laurier entrecroisées et représente l'effigie de la République, entourée d'un cercle portant les mots en lettres capitales : RÉPUBLIQUE FRANÇAISE. Elle est surmontée d'une couronne d'attache de feuilles de chêne entrecroisées, en argent pour les chevaliers, en vermeil pour les officiers. Le revers porte deux drapeaux tricolores entrecroisés, entourés d'un cercle portant l'inscription : Ordre national du Mérite et la date de fondation de l'ordre : . L'insigne est suspendu à un ruban en moire bleu de France. Selon Pompidou, la couleur fut une suggestion de Catroux, arguant la symbolique du bleu de France et étant de même couleur que l'Ordre du Saint-Esprit[3].
Les autres éléments distinctifs sont les suivants selon les grades :
l'insigne comporte une rosette pour les officiers ;
celui des commandeurs est suspendu à une cravate ;
les grands officiers portent la croix d'officier mais aussi une plaque en argent sur le côté droit de la poitrine ;
les grands-croix portent la même plaque, mais en vermeil, sur le côté gauche de la poitrine ; la croix « se porte en écharpe », suspendue au bas — donc à gauche — d’un large ruban bleu qui passe sur l'épaule droite.
Ces décorations officielles sont frappées notamment par la Monnaie de Paris[7].
Avantages
Les filles, petites-filles et arrière-petites-filles des décorés français peuvent demander à intégrer les maisons d'éducation de la Légion d'honneur[8], des établissements d’enseignement public destinés aux descendantes de décorés. Elles accueillent 1 000 jeunes filles en internat, de la 6e aux classes préparatoires et BTS. Le suivi pédagogique personnalisé, les effectifs réduits par classe (25 élèves en moyenne), le système des récompenses et la qualité de la vie scolaire participent aux résultats obtenus chaque année, avec un taux de réussite de 100 % au brevet et au baccalauréat.
Le , les femmes représentaient 23,13 % de la première promotion de la Légion d'honneur du second gouvernement Fillon. Ce manque de parité de genre dans la promotion à la Légion d'honneur est alors dénoncé par l'association Demain la parité[10]. Nicolas Sarkozy demande alors une plus grande représentativité dans les promotions de la Légion d'honneur et de l'Ordre national du Mérite[11]. La promotion du avait alors été reportée car n'incluant pas assez de femmes[10]. À partir de la promotion du , les promotions respectent la parité de genre[10].
Galerie
Chevalier
Officier
Commandeur
Grand officier
Grand-croix
Plaque de grand-Croix.
Insigne de commandeur du mérite.
Insigne d'officier du mérite.
Boutonnières
Rubans et rosettes portées sur les vêtements civils
↑ ab et cAlain Peyrefitte, C'était de Gaulle : 2, "La France reprend sa place dans le monde" [1963-1966], De Fallois, , VI. « Tout aurait été balayé », « 3. C'est une perpétuelle improvisation ».
↑Décret no 2018-30 du 19 janvier 2018 fixant les contingents de croix de l'ordre national du Mérite destinées aux étrangers pour la période du 1er janvier 2018 au 31 décembre 2020.
Anne de Chefdebien (dir.), Nicolas Botta-Kouznetzoff (dir.), Dominique Antérion, Paul H. Demogé, Guy Deploige, Jean-François Dubos, Tom Dutheil, Marcel Joussen-Anglade, André Marchand et Patrick Spilliaert (préf. François Hollande, président de la République, grand maître de l'ordre de la Légion d'honneur et de l'ordre national du Mérite / général d'armée Jean-Louis Georgelin, grand chancelier de la Légion d'honneur), De Gaulle et le Mérite : création d'un ordre républicain, HM éditions, , 112 p., 220 x 270 mm (ISBN978-2-903104-25-2 et 2-903104-25-5).
Olivier Matthey-Doret, L'ordre national du Mérite absorbe les ordres ministériels 1963/2003 (étude présentée dans le cadre de l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, section Héraldique et Numismatique)
Dr. Françoise Serodes, L'Ordre national du Mérite, Paris, Nane Éditions, (présentation en ligne)
« Association nationale des membres de l'ordre national du Mérite », sur anmonm.org (consulté le ) : « Le 27 juillet 1972 est créée la « Société d'Entraide des membres de l’Ordre National du Mérite » devenue, le 26 octobre 1974, « Association des membres de l’ordre national du Mérite », dont le siège social est fixé 163 rue Saint-Honoré, à Paris 1er. Le 20 septembre 1977, l’Association des membres de l’ordre national du Mérite devient « Association nationale des membres de l'ordre national du Mérite », dont l’acronyme est : ANMONM. »
« Ordres nationaux », sur reserve.marine.defense.gouv.fr (consulté le ) : « L’ordre national du Mérite a été créé par décret n°63-1196 du 3 décembre 1963. L’ordre national du Mérite est destiné à récompenser les mérites distingués acquis soit dans une fonction publique, civile ou militaire, soit dans l'exercice d’une activité privée. »