Claudel a étudié le droit et la philosophie avant de se tourner vers l'écriture. Ses premiers poèmes ont été publiés en 1890, et en 1893, il a écrit sa première pièce de théâtre à succès La Ville.
Il a également travaillé comme diplomate pour le gouvernement français, ce qui l'a amené à voyager dans de nombreux pays, dont la Chine, où il a écrit une série de poèmes inspirés par sa rencontre avec la culture chinoise.
En plus de ses poèmes, Claudel a écrit de nombreux drames, dont Le Soulier de satin et L'Annonce faite à Marie. Ses œuvres ont été traduites dans de nombreuses langues et ont été jouées dans le monde entier.
Biographie
Origines familiales et jeunesse
Paul Louis Charles Claudel est le fils de Louis-Prosper Claudel, un fonctionnaire (receveur de l’Enregistrement[2]), né à La Bresse dans les Vosges, et de Louise Athénaïse, née Cerveaux. Par son père, on remonte sa généalogie jusqu’à Jacques Elophe Claudel né vers 1500 et mort en 1530.
Conduit par sa carrière en Picardie, son père y trouve une épouse et entre dans une famille de notables enracinés dans l’Aisne[3],[4].
Par sa mère, il descend de Charlotte de Vertus, issue d’une famille de vignerons. La famille de Vertus prétend, sans preuves, descendre directement d'un fils illégitime de Philippe Antoine, bâtard de Vertus, gouverneur de Blois et de Coucy qui meurt des mains du bourreau le 18 juillet 1445. Ce dernier était le fils naturel de Philippe d'Orléans (1396-1420), comte de Vertus, fils de Valentine Visconti et de Louis Ier d'Orléans, fils de Charles V le Sage[3],[4],[5].
Paul est le seul de la fratrie à naître dans le village de Villeneuve-sur-Fère, dans l'ancien presbytère du village (devenu depuis 2018 la Maison de Camille et Paul Claudel[6]). La famille y était accueillie depuis 1866 par le curé, oncle de Madame Claudel[2].
Il fait ses études au lycée Louis-le-Grand, y obtient son baccalauréat de philosophie en 1885, puis s’inscrit à l’École libre des sciences politiques pour y préparer une licence de droit[9]. Il en est diplômé en 1885 (section administrative)[10]. Il passe le concours d'entrée dans le corps diplomatique en 1890. Il est reçu et commence sa carrière en 1893[11].
Conversion
Claudel, selon ses dires, baignait, comme tous les jeunes gens de son âge, dans le « bagne matérialiste[note 2] » du scientisme de l'époque. Il se convertit au catholicisme, religion de son enfance, en assistant en curieux aux vêpres à Notre-Dame de Paris le , jour de Noël.
« Les enfants de la maîtrise […] étaient en train de chanter ce que je sus plus tard être le Magnificat. J’étais moi-même debout dans la foule, près du second pilier à l'entrée du chœur à droite du côté de la sacristie. Et c'est alors que se produisit l'événement qui domine toute ma vie. En un instant mon cœur fut touché et je crus. Je crus, d'une telle force d'adhésion […] que, depuis, tous les livres, tous les raisonnements, tous les hasards d'une vie agitée, n'ont pu ébranler ma foi, ni, à vrai dire, la toucher[12]. »
L'auteur clé de sa conversion catholique est Arthur Rimbaud[13],[14], qu'il découvre peu avant l'évènement de — à la fois par Les Illuminations mais surtout Une saison en enfer — et qui changera, comme il l'a souvent raconté, le cours de sa vie[15].
Influences
Son œuvre est profondément marquée par la foi chrétienne, à la suite de la révélation en 1886.
Outre Arthur Rimbaud, l'influence de Thomas d'Aquin[16], qu'il a appelé, dans un article fameux, le « mystique à l'état sauvage », est notamment manifeste dans Tête d'or, l'une de ses premières pièces de théâtre.
Claudel s’est également consacré l’exégèse biblique pendant presque toute sa vie[17]. Pour lui, la foi n’est pas seulement une persistance dans sa critique sur l’art, mais plutôt une nourriture pour son esprit et son âme[18]. Il consacre plusieurs articles typiques à ce sujet : Vitraux des Cathédrales de France, La Cathédrale de Strasbourg, L’Art et la Foi, L’Art Religieux[19], etc. Il met en lumière l’esprit religieux partout où il le peut. C’est la façon pour lui d’exprimer sa méditation sur son intimité d’homme et de croyant[20]. Il confie même parfois sa foi au lecteur pour aider à comprendre ses textes. Il perçoit la Bible comme une œuvre poétique[21], qui le stimule à interroger et à commenter les tableaux avec un style qui parfois s'en inspire.
Dans la littérature, Claudel a plus d'une fois exprimé son peu de goût pour les écrivains français du XVIIe siècle, à l'exception de Bossuet, qu'il admirait vivement[22]. Parmi ses principales influences littéraires, il faut citer Mallarmé dont il fut l’un des plus jeunes disciples[23].
Passée une velléité d'entrer dans les ordres, il entre dans la carrière diplomatique en 1893. Tout d'abord premier vice-consul à New York puis à Boston, il est nommé consul à Shanghai en 1895. Il est alors appuyé par le secrétaire général du Quai d'Orsay, Philippe Berthelot.
De retour en Chine, il y poursuit sa carrière diplomatique, et après avoir été consul à Shanghai (1895), il devient vice-consul à Fou-Tchéou (Fuzhou, 1900) puis consul à Tientsin (Tianjin, 1906-09)[29]. Il est ensuite consul à Prague (1909), Francfort (1911) et Hambourg (1913), avant d'être nommé ministre plénipotentiaire à Rio de Janeiro (1916) et à Copenhague (1919). Il est ambassadeur à Tokyo (1921), Washington (1927) puis Bruxelles (1933), où se termine sa carrière diplomatique en 1936[30].
Rencontre de Rosalie Ścibor-Rylska
Paul Claudel a une liaison avec Rosalie Ścibor-Rylska, d'origine polonaise, épouse de Francis Vetch, entrepreneur et affairiste[31]. Il la rencontre en 1900 sur le bateau qui l’amène avec son mari en Chine, et a une fille naturelle, Louise Vetch[32] (1905-1996), compositrice et cantatrice. Rosalie semble inspirer le personnage de Prouhèze dans Le Soulier de satin et Louise Vetch le personnage d'Ysé dans Partage de midi.
Elle repose à Vézelay, où sa tombe porte ce vers du poète : « Seule la rose est assez fragile pour exprimer l'éternité », vers extrait de Cent phrases pour éventails.
Écrivain engagé
Claudel s'installe alors définitivement dans le château de Brangues, en Isère, qu'il a acquis en 1927 pour y passer ses étés. Le travail littéraire, mené jusqu'alors parallèlement à sa carrière diplomatique, occupe désormais la plus grande part de son existence. Il reçoit à Brangues diverses notoriétés : des hommes politiques comme le président Édouard Herriot, ou des écrivains comme François Mauriac.
Georges Clemenceau, amateur de littérature et lui-même écrivain, a laissé cette sévère appréciation de la prose claudélienne :
« J'ai d'abord cru que c'était un carburateur et puis j'en ai lu quelques pages — et non, ça n'a pas carburé. C'est des espèces de loufoqueries consciencieuses comme en ferait un Méridional qui voudrait avoir l'air profond[33]… »
En 1934, c'est Paul Claudel qui écrit puis déclame l'éloge funèbre pour son ami, l'ancien secrétaire général du Quai d'Orsay, Philippe Berthelot.
« Paul Claudel, que son statut de diplomate contraignait sans doute à la réserve, sortit pourtant de celle-ci en en écrivant un poème dédié "aux martyrs espagnols" morts à cause de leur foi. Ce poème servit de préface à l’ouvrage du catalan Joan Estelrich, La Persécution religieuse en Espagne, publié à Paris en 1937 pour dénoncer les violences anticléricales. François Mauriac reprocha à Claudel de n’avoir pas écrit un seul vers pour "les milliers et les milliers d'âmes chrétiennes que les chefs de l'Armée Sainte […] ont introduits dans l'éternité". »
L’auteur ajoute que Bernanos lui répondit en publiant Les Grands Cimetières sous la lune et précise en outre que Claudel signa le Manifeste aux intellectuels espagnols du publié dans le magazine de propagande franquiste Occident, dirigé par Estelrich[34],[35]. Il en est même l'un des principaux rédacteurs et initiateurs. Claudel, d’autre part, refusa de rejoindre le Comité français pour la paix civile et religieuse en Espagne lancé par Jacques Maritain.
« De son côté, le monde catholique a cessé d’être un bloc conservateur : il se divise entre une droite qui, notamment à cause de la guerre civile espagnole, se fascise — il suffit de penser aux poèmes de Paul Claudel à la gloire de Franco —, et une "gauche", au sens topologique du terme, qui reconnaît la légitimité de l’antifascisme. Traumatisés par la violence franquiste, François Mauriac et Georges Bernanos adoptent une position de soutien ou de neutralité bienveillante à l’égard de la République, tant en Espagne qu’en France[36]. »
Selon l'hebdomadaire royaliste L'Indépendance française, cité par Le Dictionnaire des girouettes[réf. à confirmer], « sans aucune nécessité et sans aucun travail, simplement pour avoir assisté six fois au Conseil d'administration, il a touché 675 000 francs. Bénéfices de guerre, bénéfices de la guerre allemande[39]. » À partir de 1940, Paul-Louis Weiller, juif, est déchu de la nationalité française.
Attristé par les débuts de la guerre, et notamment l'invasion de la Pologne, au cours d'un mois de qu'il juge par ailleurs « merveilleux », Claudel est initialement peu convaincu par le danger que représente l'Allemagne nazie. Il s'inquiète davantage de la puissante Russie, qui représente selon lui une « infâme canaille communiste »[40].
Dressant dans son Journal un « état de la France au », il met au passif la sujétion de la France à l'Allemagne, la brouille avec l'Angleterre « en qui seule est notre espérance éventuelle » et la présence au gouvernement de Pierre Laval, qui ne lui inspire pas confiance. À l'actif, il met l'épuisement de l'Allemagne et de l'Italie, le gain de forces de l'Angleterre et un changement idéologique qu'il décrit comme suit :
« La France est délivrée après soixante ans de joug du parti radical et anti-catholique (professeurs, avocats, juifs, francs-maçons). Le nouveau gouvernement invoque Dieu et rend la Grande-Chartreuse aux religieux. Espérance d'être délivré du suffrage universel et du parlementarisme ; ainsi que de la domination méchante et imbécile des instituteurs qui lors de la dernière guerre se sont couverts de honte. Restauration de l'autorité[42]. »
(Ce qui concerne les instituteurs est un écho d'une conversation de Claudel avec le général Édouard Corniglion-Molinier et Antoine de Saint-Exupéry, qui, selon Claudel, lui avaient parlé « de la pagaille des troupes françaises, les officiers (les instituteurs réservistes) "lâchant pied" les premiers[43]. »)
Le , Claudel va cependant plus loin encore dans le rejet des catégories que chasse Vichy : « Ma consolation est de voir la fin de cet immonde régime parlementaire qui, depuis des années, dévorait la France comme un cancer généralisé. C'est fini […] de l'immonde tyrannie des bistrots, des francs-maçons, des métèques, des pions et des instituteurs…[44] »
Toutefois, le spectacle de la collaboration avec l'Allemagne l'écœure bientôt. En , il note dans le même Journal : « Article monstrueux du cardinal Baudrillart dans La Croix nous invitant à collaborer "avec la grande et puissante Allemagne" et faisant miroiter à nos yeux les profits économiques que nous sommes appelés à en retirer ! […] Fernand Laurent dans Le Jour déclare que le devoir des catholiques est de se serrer autour de Laval et de Hitler. — Les catholiques de l'espèce bien-pensante sont décidément écœurants de bêtise et de lâcheté[45]. »
Dans Le Figaro du , il publie encore des Paroles au Maréchal (désignées couramment comme l’Ode à Pétain) qui lui sont souvent reprochées. La péroraison en est : « France, écoute ce vieil homme sur toi qui se penche et qui te parle comme un père./ Fille de saint Louis, écoute-le ! et dis, en as-tu assez maintenant de la politique ?/ Écoute cette voix raisonnable sur toi qui propose et qui explique[46]. »Henri Guillemin, critique catholique et grand admirateur de Claudel mais non suspect de sympathie pour les pétainistes, a raconté que, dans un entretien de 1942, Claudel lui expliqua ses flatteries à Pétain par l'approbation d'une partie de sa politique (lutte contre l'alcoolisme, appui aux écoles libres), la naïveté envers des assurances que Pétain lui aurait données de balayer Laval et enfin l'espoir d'obtenir une protection en faveur de son ami Paul-Louis Weiller et des subventions aux représentations de L'Annonce faite à Marie[47].
À partir d', le Journal ne parle plus de Pétain qu'avec mépris[48]. Il écrit notamment en :
« Horribles persécutions contre les juifs. […] De la part de Laval tout cela est naturel, mais que penser du Maréchal ! Un degré de plus dans la honte ! Le même infâme qui écrit à Hitler pour le féliciter d'avoir libéré la France de l'agression anglaise et d'avoir nettoyé le territoire des agresseurs. Y aura-t-il jamais assez de crachats pour cette gueule de traître[49] ! »
L'attitude de Claudel à l'égard des persécutions antisémites est au demeurant courageuse et sans ambiguïté. Il écrit en au grand rabbin Schwartz pour lui dire « le dégoût, l'horreur, l'indignation qu'éprouvent à l'égard des iniquités, des spoliations, des mauvais traitements de toutes sortes dont sont actuellement victimes nos compatriotes israélites, tous les bons Français et spécialement les catholiques […] Un catholique ne peut oublier qu'Israël est le Fils aîné de la promesse comme il est aujourd'hui le Fils aîné de la douleur[50]. » Cette lettre est très largement diffusée en France et à l'étranger. Il n'épargne pas les autorités religieuses et proteste directement, dans une lettre adressée au cardinal Gerlier, contre les honneurs rendus au cardinal Baudrillart lors de ses obsèques, au printemps 1942 : « Pour l'émule de Cauchon, l’Église de France n'a pas eu assez d'encens. Pour les Français immolés, pas une prière, pas un geste de charité ou d'indignation[51]. »
Dans Le Figaro du , Paul Claudel publie Un poème au général de Gaulle, qu'il avait récité au cours d'une matinée du Théâtre-Français consacrée aux « Poètes de la Résistance »[52].
Consécration
Claudel a mené une constante méditation sur la parole, qui commence avec son théâtre et se poursuit dans une prose poétique très personnelle, s'épanouit au terme de sa vie dans une exégèse biblique originale. Cette exégèse s'inspire fortement de l'œuvre de l'Abbé Tardif de Moidrey (dont il a réédité le commentaire du Livre de Ruth[53], mais aussi d'Ernest Hello.
Claudel s'inscrit ainsi dans la tradition patristique du commentaire scripturaire, qui s'était peu à peu perdue avec la scolastique et a été reprise au XIXe siècle par ces deux auteurs, avant de revenir sur le devant de la scène théologique avec le cardinal Jean Daniélou et Henri de Lubac. Sa foi catholique est essentielle dans son œuvre qui chantera la création : « De même que Dieu a dit des choses qu'elles soient, le poète redit qu'elles sont. » Cette communion de Claudel avec Dieu a donné ainsi naissance à près de quatre mille pages de textes. Il y professe un véritable partenariat entre Dieu et ses créatures, dans son mystère et dans sa dramaturgie, comme dans Le Soulier de satin et L'Annonce faite à Marie.
Le 28 mars 1935, il avait déjà fait acte de candidature au fauteuil de Louis Barthou ou il n’obtint que dix voix face à Claude Farrère qui fut élu. Il avait très amèrement ressenti son échec qui apparut à beaucoup comme un scandale[6].
Avec Maurice Garçon, Charles de Chambrun, Marcel Pagnol, Jules Romains et Henri Mondor, il est l'une des six personnalités élues le à l'Académie française lors de la deuxième élection groupée de cette année, visant à combler les très nombreuses places vacantes laissées par la période de l'Occupation. Il est élu par vingt-quatre voix à ce poste. Il n’a effectué aucune des visites rituelles, pas plus qu’il n’a fait acte de candidature.
Il est par ailleurs membre du comité d'honneur du Centre culturel international de Royaumont.
Mort
Il meurt le à Paris, au 11 boulevard Lannes à l'âge de 86 ans. Il est enterré dans le parc du château de Brangues ; sa tombe porte l'épitaphe : « Ici reposent les restes et la semence de Paul Claudel[56],[note 5]. »
En , la sculptrice Camille Claudel, sœur de Paul (et ancienne maîtresse d'Auguste Rodin), est internée en asile d'aliénés à Mondevergues (Montfavet - Vaucluse) à la demande de la famille et à l'instigation de son frère Paul[67], qui décide d'agir immédiatement après la mort de leur père[68]. En trente ans d'hospitalisation, Paul Claudel ne va voir sa sœur qu'à douze reprises[69].
Lors de la rétrospective qui lui fut consacrée en 1934, des témoins ont rapporté que Paul Claudel s'emporte : il ne veut pas qu'on sache qu'il a une sœur folle[70]. À la mort de celle-ci, en 1943, Paul Claudel ne se déplace pas : Camille est inhumée au cimetière de Montfavet accompagnée du seul personnel de l'hôpital ; quelques années plus tard, ses restes sont transférés dans une fosse commune, ni Paul ni les membres de la famille Claudel n'ayant proposé de sépulture[71].
Le travail d'édition et d'annotation de son Journal est réalisé après sa mort par son ami François Varillon, prêtre jésuite et théologien, et par Jacques Petit, dans la bibliothèque de la Pléiade.
Claudel n'a pas eu que des admirateurs. Après sa mort, André-Paul Antoine, journaliste à L'Information, a publié cette épitaphe littéraire dans son journal : « Si M. Paul Claudel mérite quelque admiration, ce n'est ni comme poète, ni comme diplomate, ni comme Français, c'est comme maître-nageur[52]. »
Déclamation
Comme poète, Claudel porte une grande attention à la diction, à l'énonciation ou à la déclamation, les réclamant comme de son domaine propre d'écrivain. Il dit, dans une correspondance à son ami Édouard Bourdet :
« Je n’admettrai jamais que la musique associée à un texte poétique dépende exclusivement du choix du metteur en scène. En réalité, il s’agit d’une émanation du texte et c’est l’auteur qui doit être responsable de l’une comme de l’autre. »
Il recherche toute sa vie une énonciation intelligible et signifiante. Pour lui elle s'opère dans l'attention au diseur, et en détachant syntaxe et souffle : il peut aller jusqu'à proposer un silence au milieu d'une phrase, même au milieu d'un mot ou au milieu d'une syllabe ou d'un phonème. Par exemple, à la répartie de Don Camille à Prouhèze dans Le Soulier de Satin : « Et cependant qui diable m’a fait, je vo/us prie, si ce n’est pas elle seule ? », il indique un soupir au milieu du mot vous. Il retient d'autres principes expressifs : accentuer sur les consonnes et moins sur les voyelles, placer une inflexion en début de vers et le terminer dans une légère atténuation de voix. Dans son rapport avec le comédien, le sens n'est pas enserré dans l'écrit, mais procède du travail vocal du diseur. Ce travail, à la différence de la versification classique, n'est pas préalablement fixé, c'est au diseur de se mettre à son école[73].
Claudel et le théâtre
Au tournant du XXe siècle, les contemporains de Claudel avaient tendance à le considérer comme auteur de « théâtre injouable ». À cette époque, le jeune auteur écrivait en restant isolé, en dehors de la mode de l'époque, où le succès venait du théâtre de boulevard avec des auteurs comme Henri Bernstein ou Sacha Guitry, et où l'écriture des pièces se faisait en fonction du public bourgeois et des vedettes prévues dans la distribution. Claudel, avec sa pièce Tête d'or (Claudel), écrite dans une première version en 1889, mais créée bien plus tard en 1959, montrait une préférence pour le théâtre élisabéthain, donc Shakespeare.
Vers 1910, il fait évoluer sa façon d'écrire, par un travail direct avec la scène, les comédiens et comédiennes ; il écrit ainsi L'Otage et L'Annonce faite à Marie, drames qui seront joués presque aussitôt. Il pense alors qu'écrire sans recevoir la parole des comédiens et des comédiennes c'est être « comme un musicien sourd ».
À partir de là, Claudel va développer une pratique théâtrale très riche, entre la profusion et le dépouillement, la valorisation du texte et celle du corps humain, traversée de tensions et de contradictions. Il collabore avec qui est chargé d'écrire la musique ou de construire les décors de ses pièces. Il conserve toutefois la pratique du travail solitaire, et beaucoup de ses ouvrages restent méconnus. Même lorsqu'il est satisfait, il ne trouve pas toujours les faveurs du public ou de la critique.
Plus que des pièces, il conçoit des réseaux d'écriture ou de réécriture : par exemple, il a réécrit Tête d'or plusieurs fois, La Femme et son ombre peut être vu comme un diptyque de L'Homme et son désir. Il ne fixait jamais son travail, le faisait évoluer en permanence, ce qui générait quelquefois la lassitude des personnes travaillant avec lui : par exemple Jean-Louis Barrault lui demandant de sortir lors des répétitions de Partage de midi. Il élaborait le concept de « théâtre à l’état naissant », où le spectacle essaie de saisir le moment ou chacun, chacune, cherche son rôle pour la première fois[74].
« Et c’est précisément ce que j’ai voulu montrer dans la petite pièce que vous allez
entendre. Il y a un tas d’acteurs en disponibilité au cabaret, tous en train de faire je ne sais quoi, boire, fumer, bâiller, se disputer, jouer aux cartes… Et tout à coup on apporte un grand panier plein de costumes et de perruques. C’est comme une secousse électrique. Chacun instantanément a pris son rôle. La pièce se fait devant nous toute seule ! »
1907 : Art poétiqueŒuvre composée de trois traités : Connaissance du temps, Traité de la co-naissance au monde et de soi-même, Développement de l'Église.
1964 : Correspondance de Paul Claudel et Lugné-Poe (1910-1928). Claudel homme de théâtre
1966 : Correspondances avec Copeau, Dullin, Jouvet. Claudel homme de théâtre
1974 : Correspondance de Jean-Louis Barrault et Paul Claudel
1984 : Correspondance de Paul Claudel et Jacques Rivière (1907-1924)
1990 : Lettres de Paul Claudel à Élisabeth Sainte-Marie Perrin et à Audrey Parr
1995 : Correspondance diplomatique. Tokyo (1921-1927)
1995 : Correspondance de Paul Claudel et Gaston Gallimard (1911-1954)
1996 : Paul Claudel, Jacques Madaule Connaissance et reconnaissance : Correspondance 1929-1954, DDB
1998 : Le Poète et la Bible, volume 1, 1910-1946, Gallimard, coll. « Blanche »
2002 : Le Poète et la Bible, volume 2, 1945-1955, Gallimard, coll. « Blanche »
2002 : Lettres à une amie, correspondance avec Françoise de Marcilly (1935-1954), édité par Xavier Tilliette, Bayard, 381 p.
2004 : Lettres de Paul Claudel à Jean Paulhan (1925-1954), Correspondance présentée et annotée par Catherine Mayaux, Berne, Paul Lang, 2004 (ISBN3-03910-452-7)
2005 : Correspondance de Paul Claudel avec les ecclésiastiques de son temps. Volume I, Le sacrement du monde et l'intention de gloire, éditée par Dominique Millet-Gérard, Paris, Champion, coll. « Bibliothèque des correspondances, mémoires et journaux » no 19, 2005, 655 p. (ISBN2-7453-1214-6)
2005 : Une amitié perdue et retrouvée : correspondance de Paul Claudel et Romain Rolland, édition établie, annotée et présentée par Gérald Antoine et Bernard Duchatelet, Paris, Gallimard, coll. « Les cahiers de la NRF », 2005, 479 p. (ISBN2-07-077557-7)
↑Buste dont un des quatre exemplaires en bronze réalisés à partir de l'original (fonte Gruet de 1893) est exposé au musée des Augustins de Toulouse (don baron Alphonse de Rothschild, 1895).
↑« La lecture des Illuminations, puis, quelques mois après, d'Une saison en enfer, fut pour moi un événement capital. Pour la première fois, ces livres ouvraient une fissure dans mon bagne matérialiste et me donnaient l'impression vivante et presque physique du surnaturel. »
↑« Ce que j’aime dans la moto, en farouche individualiste que je suis, c’est qu’elle est la disponibilité à l’état pur […] elle est la flèche et en même temps elle est l’arc… »
↑Et dont il est parent : son fils Henri Claudel épouse Cristina Diplarakos, sœur de son épouse.
↑Il faut probablement comprendre le mot « semence » à la lumière de la doctrine de la résurrection de la chair : à la fin des temps, lors du retour glorieux du Christ, les morts ressusciteront ; les restes humains sont ainsi la semence de la chair transfigurée qui sera celle de la résurrection, d'où l'importance de la sépulture dans la religion chrétienne, et les réticences face à l'incinération par exemple. "Religion: Buried or Cremated ?", Time Magazine, 29 juin 1953, citant Le Figaro Magazine.
↑Ou Paul Claudel à seize ans, buste de Jeune Romain.
↑Jules Sageret, Les Grands convertis, Société du Mercure de France, 1906. D’autres écrivains se convertissent à la même époque : Léon Bloy en 1879, Paul Bourget en 1889, Huysmans en 1892, Ferdinand Brunetière en 1905.
↑Voir : Paul Claudel, Revue de la jeunesse, 10 octobre 1913 in Jean-Jacques Lefrère, Arthur Rimbaud, Correspondance posthume, 1912-1920, Fayard, 2014, p. 418 ; également repris dans Paul Claudel, « Ma conversion » (1913), Œuvres en prose, Pléiade/Gallimard,1965. Voir aussi le Journal de Gide, tome I, 19 décembre 1912.
↑François Siguret, « Comme le chiffre prisonnier de la somme : le recueil claudélien », Études françaises, volume 11, numéro 1, février 1975, p. 21 (lire en ligne).
↑Pierre Ouvrard, Aux sources de Paul Claudel. Littérature et foi, Siloë, 1994.
↑Jean-Michel Delacomptée, « Bossuet et le naturel de la langue », dans Sens de la langue. Sens du langage : Poésie, grammaire et traduction, Presses Universitaires de Bordeaux, coll. « Modernités », , 35–40 p. (ISBN979-10-300-0423-6, DOI10.4000/books.pub.8027, lire en ligne).
↑Nelson Charest, « Mallarmé et Claudel : quelle voix pour la prose ? », Études françaises, vol. 52, no 3, , p. 77-91 (lire en ligne).
↑Bulletin de la Société Paul Claudel, Numéros 85 à 96, page 32.
↑Pensée politique et imagination historique dans l'œuvre de Paul Claudel, Christopher Flood, page 60
↑« Paul Claudel », sur www.academie-francaise.fr (consulté le ).
↑Pour cette qualification, voir Marie-Josèphe Guers, La Maîtresse du Consul, Albin Michel, 2000 ; Marie-Anne Lescourret, Claudel, Flammarion, 2003.
↑Voir descendance de Paul Claudel, sur la base de Roglo.
↑Cité par son secrétaire Jean Martet dans Le Silence de M.Clemenceau, 1929, arch. pers.
↑Geneviève Dreyfus-Armand, « Guerre d’Espagne : la guerre civile des intellectuels français » p. 235, in Christophe Charle et Laurent Jeanpierre, La Vie intellectuelle en France, II De 1914 à nos jours, Seuil, Paris, 2016.
↑Michel Bressolette, « essai Correspondance Paul Claudel-Jacques Maritain 1921-1945 », Bulletin de la société Paul Claudel, no 181, 2006? (lire en ligne).
↑Enzo Traverso, « Polarisations idéologiques », in Christophe Charle et Laurent Jeanpierre, La Vie intellectuelle en France, II De 1914 à nos jours, Seuil, Paris, 2016, p. 210.
« L'armistice est signé avec l'Italie. Publication des conditions de paix. Elles sont effroyables et honteuses (livraison des réfugiés). »
— Paul Claudel, Journal, t. 2, La Pléiade, 1969, p. 317, note du 25 juin 1940
↑Paul Claudel, Journal, t. 2, La Pléiade, 1969, p. 320-321, note du 6 juillet 1940. Cité par Henri Fabre, L'Église catholique face au fascisme et au nazisme. Les outrages à la vérité, Éditions EPO et éditions Espaces de Libertés, Bruxelles, 1995, p. 212. L'auteur se réfère à J. P. Azéma, De Munich à la Libération. 1938-1944, Seuil, 1979, p. 103.
↑Paul Claudel, Journal, t. 2, La Pléiade, 1969, p. 318, note du 27 juin 1940.
↑Paul Claudel : Journal, tome II 1933-1955, La Pléiade, 1969, cité par François Broche et Jean-François Muracciole, Histoire de la collaboration : 1940-1945 (chapitre 9, note 47).
↑Sophie Gaillard, « L'atelier vocal de Paul Claudel et de Jean-Louis Barrault », Bulletin de la société Paul Claudel, n° 216 (lire en ligne).
↑Pascal Lécroart, « Paul Claudel au contact du plateau. Interrogations poétique, esthétique et axiologique », Skén&graphie. Coulisses des arts du spectacle et des scènes émergentes, no 1, , p. 72–89 (ISSN1150-594X, DOI10.4000/skenegraphie.1054, lire en ligne, consulté le ).
Lừa hoang Ba TưTình trạng bảo tồnCực kỳ nguy cấp (IUCN 3.1)Phân loại khoa họcGiới (regnum)AnimaliaNgành (phylum)ChordataLớp (class)MammaliaBộ (ordo)PerissodactylaHọ (familia)EquidaeChi (genus)EquusLoài (species)E. hemionusPhân loài (subspecies)E. h. onagerDanh pháp ba phầnEquus hemionus onager(Boddaert, 1785) Lừa hoang Ba Tư (Danh pháp khoa học: Equus hemionus onager), đôi khi cũng gọi là lừa rừng Ba Tư hay Lừa vằn Ba Tư là một...
Pour les articles homonymes, voir Newborn. NEWBORNLe monument au lendemain du dévoilement (2008).PrésentationType MonumentArchitecte Fisnik IsmailiConstruction 2008Hauteur 3 mLocalisationPays KosovoDistrict PristinaCommune PristinaCoordonnées 42° 39′ 38,57″ N, 21° 09′ 30″ Emodifier - modifier le code - modifier Wikidata Newborn (version stylisée: NEWBORN) est un monument à Pristina, la capitale du Kosovo. Il a été présenté au public le 17 ...
Australian rowing coxswain Jo Burnard2016 Australian Paralympic team portraitPersonal informationFull nameJosephine BurnandNationality AustraliaBorn (1962-04-04) 4 April 1962 (age 61)SportClubMosman Rowing Club Josephine Jo Burnand (born 4 April 1962) is an Australian rowing coxswain. She represented Australia at the 2016 Rio Paralympics.[1] Personal Burnand was born on 4 April 1962.[2] She is married to former Australian rower Craig Muller, a bronze medallist a...
هذه المقالة تحتاج للمزيد من الوصلات للمقالات الأخرى للمساعدة في ترابط مقالات الموسوعة. فضلًا ساعد في تحسين هذه المقالة بإضافة وصلات إلى المقالات المتعلقة بها الموجودة في النص الحالي. (أبريل 2018) طاهر بن يحيى العلوي معلومات شخصية الحياة العملية المهنة مؤرخ تعديل مصدري - تع
Este artículo o sección necesita referencias que aparezcan en una publicación acreditada.Este aviso fue puesto el 4 de noviembre de 2020. Un pabellón de exposiciones en la Rural del Prado La Rural del Prado es el predio y sede de la Asociación Rural del Uruguay. Ubicado en el barrio del mismo nombre en la ciudad de Montevideo. En ella se realizan varias exposiciones rurales llevadas a cabo año a año y organizadas por la misma institución, entre ellas la más concurrida es la Exposici...
Печера ЖемчужнаКраїна УкраїнаРозташування Україна,Закарпатська область, Тячівський районПлоща 5Засновано 1969Оператор КБЗПосилання Печера Жемчужна — геологічна пам'ятка природи місцевого значення. Об'єкт розташований на території Тячівського району Закарпатсь...
Defterevon SifniosMusical ErosBorn1750Sifnos, GreeceDied1829 (1830)Sifnos, GreeceNationalityGreekKnown forIconographer and Fresco PainterMovementGreek Neoclassicism Greek RomanticismNeo-Hellenikos Diafotismos Defterevon Sifnios (Greek: Δευτερεύων Σίφνου, 1750 – 1829), also known as Agapios Prokos (Greek: Αγάπιος Πρόκος) and Defterevon of Sifnos. He was a painter, educator, and monk. He was from the island Sifnos, one of the Cyclades. He was one of ...
This is a list of equipment currently held by the Royal Danish Army. For warships see List of active Royal Danish Navy ships For aircraft see Royal Danish Air Force For ranks and insignias see Ranks and insignia of Royal Danish Army Weapons Knives Name Image Origin Type Notes Bajonet M/95(M7 bayonet) United States Bayonet Only used by Livgarden affixed to the M/95, when in ceremonial uniform on guard duty in front of palaces. Feltkniv M/96(Glock Feldmesser FM 78) Austria Field knife Standard ...
1974 funk song by Kool & The Gang Hollywood SwingingOne of side-A labels of US singleSingle by Kool & the Gangfrom the album Wild and Peaceful B-sideDujiiReleasedApril 6, 1974[1]Recorded1973GenreFunk[2]Length4:35LabelDe-Lite RecordsSongwriter(s)Bell, Bell, Brown, Mickens, Smith, Thomas, WestfieldProducer(s)Kool and the GangGene ReddKool and the Gang singles chronology Jungle Boogie (1973) Hollywood Swinging (1974) Higher Plane (1974) Hollywood Swinging is a 1974 so...
Former Scottish regional sports stand This article relies excessively on references to primary sources. Please improve this article by adding secondary or tertiary sources. Find sources: STV Sports Centre – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (March 2010) (Learn how and when to remove this template message) STV Sports CentreGenreSportPresented byFriday Night Football:Gerry McCulloch,Sheelagh McLaren;RaboDirect Pro12 Rugby:Rory HamiltonCountry o...
Untuk tempat lain yang bernama sama, lihat Delanggu. DelangguKecamatanKantor Camat DelangguPeta lokasi Kecamatan DelangguNegara IndonesiaProvinsiJawa TengahKabupatenKlatenPemerintahan • Camat-Populasi • Total38,334 jiwaKode Kemendagri33.10.16 Kode BPS3310180 Luas18,78 km²Desa/kelurahan16 Delanggu (Jawa: ꦢꦼꦭꦁꦒꦸ, translit. Delanggu), adalah sebuah kecamatan yang terdapat di Kabupaten Klaten, Jawa Tengah Indonesia. Desa/kelurahan Banaran Bowan B...
Мозирський державний педагогічний університет 52°03′02″ пн. ш. 29°15′34″ сх. д. / 52.050620000027777223° пн. ш. 29.25956000002777913° сх. д. / 52.050620000027777223; 29.25956000002777913Координати: 52°03′02″ пн. ш. 29°15′34″ сх. д. / 52.050620000027777223° пн. ш. 29.25956000002777913° ...
Crawling Sky Cover art by Brian DenhamAuthorJoe R. LansdaleIllustratorBrian DenhamCover artistBrian DenhamCountryUnited StatesLanguageEnglishGenreHorrorPublisherAntarctic PressPublication date2013Media typeFull sized paperbackPages51ISBN978-0-930655-10-5 Crawling Sky is a graphic novel adapted from a short story by Joe R. Lansdale by his son Keith Lansdale. It follows the further adventures of the Reverend Jedidiah Mercer. In this story he ventures into a decrepit unnamed town in Ea...
Boedi Oetomo (EYD: Budi Utomo) adalah organisasi pemuda yang didirikan oleh Soetomo dan para pelajar School tot Opleiding van Inlandsche Artsen (STOVIA), pada tanggal 20 Mei 1908. Organisasi ini digagas oleh Wahidin Sudirohusodo. Bergerak di bidang sosial, ekonomi, budaya, dan tidak bersifat politik. Budi Utomo Ketua umumSoetomoPendiriSoetomoWahidin SudirohusodoGunawan MangunkusumoSoeradjiDibentuk20 Mei 1908 (1908-05-20)Dibubarkan25 Desember 1935Diteruskan olehParindraKantor pusatJa...
The bay of Sha Lo Wan in 2015, with the village of Sha Lo Wan Tsuen slightly inland. Construction work for the Hong Kong–Zhuhai–Macau Bridge is taking place in the bay. From left to right: Sha Lo Wan Village Office (沙螺灣鄉公所), Ba Kong and Tin Hau temples. Sha Lo Wan (Chinese: 沙螺灣) is a bay in the northwest Lantau Island, Hong Kong. The bay faces north to Hong Kong International Airport. The area is occupied by indigenous inhabitants. There is no vehicular access to the...
Medical conditionSilver–Russell syndromeOther namesSilver–Russell dwarfismA somewhat triangular head and delicate facial features are typical characteristics of Silver–Russell syndrome.SpecialtyMedical genetics Silver–Russell syndrome (SRS), also called Silver–Russell dwarfism, is a rare congenital growth disorder. In the United States it is usually referred to as Russell–Silver syndrome (RSS), and Silver–Russell syndrome elsewhere. It is one of 200 types of dwarfism and o...
Winamp Winamp 5.5 (обложка Bento) Тип Проигрыватель мультимедиа Автор Джастин Франкель (Justin Frankel),Дмитрий Болдырев Разработчик Radionomy Group[en] Написана на C, C++ Операционная система Microsoft Windows, macOS, Android[1], Linux (Wine) Языки интерфейса Многоязычная Первый выпуск 7 июня 1997 Последняя версия 5.9.2...
College football team that represents Western Kentucky University Western Kentucky Hilltoppers football2023 Western Kentucky Hilltoppers football team First season1908Athletic directorTodd StewartHead coachTyson Helton 4th season, 25–16 (.610)StadiumHouchens Industries–L. T. Smith Stadium(capacity: 22,000)Field surfaceFieldTurfLocationBowling Green, KentuckyNCAA divisionDivision I FBSConferenceConference USAAll-time record589–409–31 (.587)Bowl record10–5 (.667)...
Performing the service in the armed forces of a state For recruitment for military employment, see Military recruitment. For state-mandated military service, see Conscription. For the feudal institution, see Knight-service. This article has multiple issues. Please help improve it or discuss these issues on the talk page. (Learn how and when to remove these template messages) This article needs additional citations for verification. Please help improve this article by adding citations to relia...