Légitimiste, il succède à Adolphe Thiers comme président de la République en 1873, sur une ligne conservatrice et avec pour but affiché de n'être qu'un président de transition vers le rétablissement de la monarchie en France. Son mandat est notamment marqué par l’instauration du septennat, qui constitue un choix de compromis entre monarchistes et républicains, et par la crise constitutionnelle de 1877, qui le conduit à démissionner deux ans plus tard après l'échec de la restauration monarchique.
Ils revendiquent une descendance des seigneurs de Munster ; après l’installation définitive de la famille en France, leur noblesse est reconnue par lettres patentes du roi Louis XV.
Emmanuel de Mac Mahon (1859-1930), marié en 1892 avec Marguerite de Chinot de Fromessent (1872-1960), fille de Gaston de Chinot de Fromessent et de Amélie de Villiers de La Noue. Dont postérité ;
Marie de Mac Mahon (1863-1954), mariée en 1886 avec Eugène comte d’Halwin de Piennes (1852-1902), fils d’Eugène d’Halwin de Piennes, secrétaire d’ambassade, député de la Manche, chambellan de l’impératrice Eugénie, et de Blandine d’Auray de Saint Pois. Sans descendance[3].
Après son retour en France, il est comblé d’honneurs et fait sénateur. Désirant pourtant une vie plus active, il refuse le commandement suprême des troupes françaises, et est une fois encore envoyé, sur sa demande, en Algérie, où il vainc complètement les Kabyles. De retour en France, il vote comme sénateur contre la loi inconstitutionnelle sur la sécurité générale, proposée après l’attentat manqué d’Orsini contre la vie de l’empereur.
Maréchal de France
Il se distingue particulièrement lors de la campagne d’Italie de 1859. Moitié par chance, moitié par audace et par flair, il pousse ses troupes en avant sans avoir reçu d’ordres à un moment critique lors de la bataille de Magenta, ce qui assure la victoire française.
Pour ses brillants services, il reçoit de Napoléon III le bâton de maréchal, et est fait duc de Magenta.
Son action dans ce poste représente l’épisode le moins réussi de sa carrière. Bien qu’ayant effectivement mis en œuvre quelques réformes dans les colonies, les plaintes sont si nombreuses que deux fois dans la première moitié de 1870 il présente sa démission à Napoléon III.
Quand le cabinet Ollivier, qui finit si mal, est formé, l’empereur abandonne ses projets algériens et Mac Mahon est rappelé.
Il participe à la guerre franco-prussienne de 1870, essuie plusieurs défaites en Alsace et lors de la bataille de Sedan où il est blessé au début des combats. Piètre stratège, son action paraît confuse et marquée par une certaine indécision.
Il est fait prisonnier lors de la capitulation de Sedan, le 2 septembre.
Il est élu président de la République par la majorité royaliste de l’époque, après la chute d’Adolphe Thiers le 24 mai 1873. Après avoir limogé le président du Conseil Jules Dufaure, il le remplace par le duc Albert de Broglie, un monarchiste, projetant ainsi une restauration de la monarchie[d].
L’échec de ce projet de restauration le conduit à faire voter, avec le duc de Broglie, le septennat présidentiel[e]. Cette décision fait monter le cours des emprunts publics à la Bourse de Paris[6].
« Bien que royaliste convaincu, il ne rencontrera pas le comte de Chambord en novembre 1873, estimant ne pas pouvoir allier son devoir de président de la République aux désirs du prince »[7]. Avec le duc de Broglie comme président du Conseil, il prend une série de mesures d’« ordre moral ». L’Assemblée ayant, le , fixé son mandat à sept ans, il déclare, le , qu’il saurait pendant sept ans faire respecter l’ordre légalement établi. Préférant rester « au-dessus des partis », il assiste plutôt qu’il n’y prend part aux procédures qui, en janvier et février 1875, aboutissent aux lois fondamentales établissant la République comme le gouvernement légal de la France (voir l’amendement du député Wallon du ). Mac Mahon s’estime responsable devant le pays plus que devant la chambre[8], ce qui amène des conflits avec cette dernière.
Il prononce sa décision le dans un arbitrage international qui lui a été confié en tant que président de la République française — considéré comme neutre dans cette affaire — à la demande conjointe du Royaume-Uni et du Portugal qui tous deux revendiquaient la baie de Delagoa (et donc Lourenço Marques) ; il confirme l'appartenance de celle-ci au Portugal[f].
Le , il séjourne à Vernon dans l’Eure pendant plusieurs jours, afin de préparer les grandes manœuvres de la troisième armée. À la suite des élections législatives françaises de 1876, qui sont remportées par une majorité républicaine, il consent avec réticence à la formation des gouvernements Dufaure III, Dufaure IV et Jules Simon, dominés par les républicains.
Quand les mandements épiscopaux des évêques de Poitiers, Nîmes et Nevers, recommandant à la sympathie du gouvernement français le cas du pape captif Pie IX, sont suivis d’une résolution de la Chambre proposée par la gauche et demandant au Gouvernement de « réprimer les manifestations ultramontaines » (), Mac Mahon, douze jours plus tard, demande à Jules Simon de démissionner, et constitue un gouvernement conservateur sous la direction du duc de Broglie ; il convainc le Sénat de dissoudre la Chambre, et fait un voyage à travers le pays pour assurer le succès des conservateurs aux élections, tout en protestant qu’il ne désire pas renverser la République. C’est ce qu’on a appelé « le coup du 16 mai ».
Les élections sénatoriales du ayant livré cette assemblée à la gauche, Mac Mahon, qui ne dispose plus d’aucun soutien parlementaire, préfère démissionner le , après avoir refusé de signer le décret retirant leur commandement à certains généraux[8].
Il est prêté à Léon Gambetta la formule suivante, qui aurait été prononcée le : « Le Président n’a que ce choix : il lui faut se soumettre ou se démettre. »
Le républicain Jules Grévy lui succède huit heures plus tard.
Son hôtel de la rue de Bellechasse est décrit de la façon suivante par son arrière-petite-fille :
« J’habitais dans l’hôtel de mon arrière-grand-père le maréchal de Mac-Mahon. Une vieille maison, donnant sur les jardins de l’hôtel de Castries, appartenant aux parents de sa femme le portrait grandeur nature du maréchal par Horace Vernet, dominait le salon de ma grand ’mère ; son appartement et celui de sa belle-sœur, la comtesse de Piennes (qui a eu sept ans le soir de Sedan), sont de véritables musées. Des tableaux et des aquarelles illustrent la campagne d’Italie et la guerre de Crimée. De grandes vitrines sont remplies d’armes et de décorations. Le buste en Sèvres du maréchal trône à chaque étage, sept gros manuscrits de ses Mémoires figurent dans la bibliothèque. Des portraits de Cour du Second Empire, des souvenirs du prince impérial ornent les murs. »
Généalogie
Ascendance de Patrice de Mac Mahon
Murtagh Mac Mahon (? - 1739)
Patrick Mac Mahon (1681 - 1769)
Helene MacSheehy
Jean-Baptiste de Mac Mahon (23/06/1715 à Limerick - 15/10/1775 à Spa)
Victor Pierre François de Riquet de Caraman (04/04/1698 à Paris - 21/04/1760 à Paris)
Marie Madeleine de Broglie (1675 - 1699)
Louis de Riquet de Caraman (26/11/1731 à Paris - 24/05/1808)
Louise Madeleine Antoinette Portail de Vaudreuil
Pélagie de Riquet de Caraman (12/10/1769 à Paris - 28/11/1819 à Sully)
Charles François de Bernard de Montessus se Rully (18/11/1716 - 1766)
Marie Charlotte Eugénie de Bernard de Montessus de Rully (1739 - 1800)
Ferdinande de Vaudrey
Décorations
Grand-croix de la Légion d'honneur : chevalier (1830), officier (1837), commandeur (1849), grand officier (1853), grand-croix à titre militaire (1855). Il était déjà grand-croix avant d’être élu président de la République et grand maître de l’ordre ès qualités en 1873[g].
Il totalise quatre blessures : en 1837, à la prise de Constantine, une balle perce son uniforme et égratigne les chairs ; en 1840, une balle lui enfonce la poignée de son sabre dans les côtes ; en 1857, à la bataille d’Icheriden et enfin, grièvement le , devant Sedan.
D’argent, à trois lions léopardés de gueules regardants, c’est-à-dire à la tête contournée de gueules, armés et lampassés d’azur, passant l’un sur l’autre.[10],[11],[12],[13]
Dans la « base de données », sur loire-atlantique.fr (consulté le )sigillographique du musée Dobrée, on trouve : un sceau aux armes des Mac Mahon (D’argent à trois lions léopardés de gueules, armés et lampassés d’azur, passant l’un sur l’autre.) accollées avec celles de la maison de Castries (d’azur à la croix d’or), Patrice de Mac Mahon étant marié avec Élisabeth de La Croix de Castries[14].
Les écus sont posés sur deux batons de maréchal de France posés en sautoir.
D’argent, à trois lions léopardés de gueules regardants, c’est-à-dire à la tête contournée, armés et lampassés d’azur. Au chef de gueules, brochant sur l’écartelé et semé d’étoiles d’argent.[15],[12]
On trouve aussi : D’argent, à trois lions léopardés de gueules, contournés (alias contrepassants), l’un sur l’autre, armés et lampassés d’azur ; au chef ducal : de gueules, semé d’étoiles d’argent.[16]
↑Ou, par erreur, Mac-Mahon : « Il faut noter que l’usage ne mettait pas et ne doit pas mettre un trait d’union entre Mac et Mahon. L’erreur vient du maréchal lui-même, qui signa souvent en mettant un trait continu entre les deux mots. Le Journal officiel interpréta cette liaison des lettres comme un trait d’union et l’habitude s’est prise d’écrire Mac-Mahon dans tous les actes officiels de l’époque, mais elle est erronée. »[1].
↑Ce mot si suggestif dans sa concision, est prêté au maréchal de Mac Mahon, dans les circonstances que l’historien Henri Martin a relatées en ces termes :
« Mac-Mahon, en lançant toute sa division, avait fini par chasser les Russes de Malakof. Informé que l’ouvrage était miné et qu’il y avait risque de sauter et d’être mis en pièces, il avait répondu par ce mot demeuré célèbre : « J’y suis, j’y reste. » Plus tard, des polémiques assez vives furent engagées autour de l’authenticité de ce mot, et aucune preuve certaine de son authenticité ne put être apportée. Il semble bien que la vérité historique soit quelque peu différente. Après être entrées dans Malakof, les troupes françaises eurent à subir de violents retours offensifs des Russes ; c’est seulement au bout de plusieurs heures que leur position fut consolidée, et Mac-Mahon aurait alors envoyé à Pélissier le message suivant, assez différent pour la forme comme pour le fond : « Je suis dans Malakof et je suis sûr de m’y maintenir »[4] »
↑« Broglie, arrêtant la querelle toujours renaissante entre les orléanistes qui vantaient le duc d’Aumale et les légitimistes qui lui refusaient leur vote, avait proposé le maréchal de Mac Mahon, honnête soldat qui avait traversé avec honneur les désastres de 1870 et qui, vainqueur de Paris en mai 1871, avait su trouver, rare mérite, des mots humains dans la guerre civile. Nulle méfiance n’existait contre lui. Orléanistes, légitimistes, bonapartistes, tous avaient promis leurs voix.
C’était à l’insu du brave homme (non de sa femme), et il y eut là des traits de comédie. Mais Broglie se faisait fort de lui imposer comme un devoir l’acceptation de la charge où l’Assemblée l’aurait porté. »[5].
↑Mais ce n’est pas à lui qu’on doit le septennat, ce sont les députés qui l’ont voté, dans l’espoir que dans les sept années à venir le problème de la restauration serait résolu par le décès du comte de Chambord (« De grâce, si Dieu ne veut pas ouvrir les yeux de Monseigneur, qu’il les lui ferme », disait-on dans les milieux orléanistes).
↑En remerciement de cet arbitrage favorable, une grande place de Lourenço Marques sera nommée par les Portugais praça Mac Mahon — qui restera longtemps sous cette dénomination et dont le nom de nos jours est devenu praça dos Trabalhadores (place des Travailleurs). Elle est celle où est établie la gare de chemins de fer de la ville, construite au début du XXe siècle. Dans le pays, actuel Mozambique indépendant, 2M « Mac Mahon » est toujours une marque de bière, l'une des plus consommée du pays, elle aussi ainsi nommée en souvenir de Mac Mahon et son arbitrage historique[9].
Léon-Louis Laforge de Vitanval, Histoire complète de Mac Mahon, maréchal de France, duc de Magenta, d’après des documents originaux et des pièces officielles, Paris, Lamulle et Poisson, , 3 vol. in-4°, et portrait (BNF30716792).
Johannes Baptista Rietstap, Armorial général, contenant la description des armoiries des familles nobles et patriciennes de l’Europe : précédé d’un Dictionnaire des termes du blason, Gouda, G. B. Van Goor, , 1 vol. (VI-1171 p.) : pl. ; in-8 (BNF31216565). Armorial général sur Gallica.
Victor Bouton, Nouveau traité de blason, ou Science des armoiries : mise à la portée des gens du monde et des artistes, Paris, Garnier frères, , 1 vol. (XI-482 p.) : fig. ; in-18 (BNF30150097). Nouveau traité de blason sur Gallica.
Michel Sementéry (préf. Joseph Valynseele), Les Présidents de la République française et leur famille, Paris, Christian, , 375 p., 375 p. : couv. ill. ; 24 cm (ISBN2-86496-009-5, BNF34685434).
Daniel Halévy, La Fin des notables, Paris, Le Livre de poche, coll. « Le Livre de poche » (no 3432-3433), , 2 vol. : couv. ill. ; 16 cm (ISSN0248-3653, BNF34315458).
Txt CRY : DA SHD 6 Yd 57 vérification familiale auprès de Madame la duchesse de Magenta (château de Sully).