Né le à Melekhovo, région de Pskov, il devient professeur de mathématiques à Saint-Pétersbourg à l'âge de vingt et un ans. Il collabore au Dictionnaire encyclopédique russe (1864).
En 1877, de retour à Paris, il devint membre de la Société d'anthropologie de Paris, laquelle lui rendit hommage à sa mort[1]. Il fonde Le Messager de la volonté du peuple, revue dans laquelle il prône l'abandon du « terrorisme » [réf. nécessaire]. En 1882 il est expulsé de France (en vertu de la loi du 3 décembre 1849) pour avoir créé une société de secours aux prisonniers politiques et déportés russes. Il rejoint alors Londres, où il crée une société similaire, sans être inquiété par les autorités en raison de la plus grande tolérance anglaise, avec Véra Zassoulitch[4]. Il collabore à Matériaux pour l'histoire du mouvement socialiste (1892-1896). À sa mort, il travaillait à une œuvre philosophique, Essai sur l'histoire de la pensée dans les temps modernes.
Il meurt le , en son domicile au 328 rue Saint-Jacques, à Paris 5e arrondissement.
Les lettres à Jules Huret (1897)
Lavroff fut interviewé notamment par le journaliste Jules Huret, du Figaro, qui le présentait en 1897 comme le « Chef spirituel et moral des socialistes russes (…) connu dans le monde savant par un important ouvrage, L'Essai sur l'Histoire de la Pensée humaine »[2].
Au cours de cette lettre, datée du , Lavroff prit soin de distinguer les « partisans du terrorismerévolutionnaire en Russie » de la « propagande par le fait », inscrivant les attentats commis par les socialistes-révolutionnaires contre le régime tsariste dans la lignée des tyrannicides, soutenus par le peuple et comme n'étant pas des « crimes »[5]. Il pensait possible un soulèvement moujik, « à la condition que l'initiative de ce mouvement vint d'un parti révolutionnaire bien organisé dans les villes »[6]. L'entretien traite aussi du nihilisme, qualifié de « recherche de la vérité » faite « au nom des sciences naturelles et de la philosophie de Hegel », « de la lutte contre l'asservissement du paysan et de la dignité personnelle, de l'émancipation de la femme et de la dette à payer par la classe civilisée et pensant au peuple, qui lui avait fourni par ses souffrances et son travail toutes les ressources de la civilisation et de la pensée »[7].
↑V. A.Diakov, « Communications : La Commune de Paris et les peuples slaves », Le Mouvement social, no 79, La Commune de 1871, actes du colloque universitaire pour la commémoration du centenaire Paris, les 21-22-23 mai 1971, , p. 247-259 (lire en ligne).
↑Journal officiel de la République française. Débats parlementaires, 12 mai 1882, p.570 [lire en ligne]
↑Jules Huret, Enquête sur la question sociale en Europe, Paris, 1897, p. 271, cité par Henry Laurens, « Le terrorisme, personnage historique », in Terrorismes : Histoire et droit, dir. Henry Laurens et Mireille Delmas-Marty, CNRS éditions, 2010
Tcheskis, L.-A. (1913), « La philosophie sociale de Pierre Lavroff ; ses rapports avec le matérialisme historique (Étude critique), III » in Revue de synthèse historique, tome XXVI
Kimball, Alan (1971), "The Russian Past and the Socialist Future in the Thought of Peter Lavrov", Slavic Review, Vol. 30, No. 1 (Mar., 1971), pp. 28-44 (lire en-ligne sur Jstor)
Pomper, Philip (1972), Peter Lavrov and the Russian Revolutionary Movement. Chicago, University of Chicago Press, 1972.