Pskov (en russe : Псков, ancienne orthographe Пльсковъ ; en estonien : Pihkva ; en allemand : Pleskau ; en letton : Pleskava ; en polonais : Psków) est une ville de Russie arrosée par la Velikaïa.
Elle est la capitale administrative de l'oblast de Pskov. Sa population s'élevait en 2016 à 208 145 habitants. Ses habitants sont appelés les Pskovitains.
Géographie
Pskov se situe à la confluence de la Pskova et de la Velikaïa, non loin du Lac Pihkva, laisse méridionale du Lac Peïpous. Avec un bassin versant de 55 300 km2, la Velikaïa est le plus grand cours d'eau de l'oblast.
Cette métropole régionale, qui se trouve à 50 km de la frontière lettone, à 263 km au sud-ouest de Saint-Pétersbourg et à 610 km au nord-ouest de Moscou[2], occupe l'extrémité ouest du noyau historique de la Russie (c'est-à-dire de la Russie privée de l'annexe de Kaliningrad).
Histoire
Fondation
La ville, d’abord appelée Pleskov, est mentionnée pour la première fois en 903 lorsqu'Igor de Kiev épouse Olga de Kiev, originaire de la ville. Les Pskoviens prennent parfois cette date pour la date de fondation de la ville, et un grand jubilé a eu lieu en 2003 pour fêter son 1 100e anniversaire.
Le premier prince de Pskov fut le dernier fils de Vladimir Ier de Kiev, Soudislav. Emprisonné par son frère Iaroslav le Sage, il ne fut libéré que plusieurs dizaines d’années plus tard, à la mort de ce dernier. Aux XIIe et XIIIe siècles, la ville appartenait à la république de Novgorod. C'est à cette époque qu'émergea l'école de peinture de Pskov qui comme celles de Vladimir et de Novgorod contribua à l'émergence de créations monumentales dans les cathédrales, témoignant d'un progressif éloignement de l'héritage byzantin[3].
Afin d’assurer leur indépendance vis-à-vis des chevaliers Teutoniques, les Pskoviens choisirent pour prince et chef militaire en 1266, un prince lituanien, Daumantas (Dovmont en russe). Daumantas fortifia la ville, défit les chevaliers à la bataille de Rakovor et imposa sa domination sur la majeure partie de l’Estonie. Son corps et son épée reposent au kremlin de Pskov, et le cœur de la citadelle qu’il y fit construire porte encore le nom de « ville de Dovmont ».
Au XIVe siècle, la ville devint de facto la capitale d’une république souveraine. Elle était dominée par les marchands qui firent entrer la ville dans la ligue hanséatique. L’indépendance de Pskov fut formellement reconnue par Novgorod en 1348. Plusieurs années plus tard, le vétché (assemblée populaire) promulgua la Charte de Pskov, qui fut l’une des sources d’inspiration principales du premier code civil de l'Empire russe(en), le soudiebnik compilé et présenté en 1497.
Pour la Russie, la République de Pskov était un pont vers l’Europe. Pour l’Europe, c’était un avant-poste russe cible de nombreuses attaques à travers son histoire. Son kremlin (appelé le Krom par les Pskoviens) soutint vingt-six sièges au cours du XVe siècle. Jusqu’à cinq murailles l’encerclaient, rendant la ville pratiquement imprenable.
Une école de peinture d’icônes se développa et les maçons locaux étaient considérés comme les meilleurs de Russie. De nombreux éléments particuliers à l’architecture russe furent d’abord introduit à Pskov.
Plusieurs éléments se conjuguèrent pour mettre fin à l'indépendance de la République de Pskov. Parmi ceux-ci, le renforcement des liens commerciaux, politiques et militaires avec la Moscovie, qui finit par l’envahir.
Certains boyards et marchands de Pskov essayèrent de s'opposer à l'annexion par la Moscovie, mais sans obtenir le soutien des citoyens.
La chute de Pskov est narrée dans L'Histoire moscovite de la prise de Pskov (1510). La déportation des familles nobles vers Moscou est le thème de l’opéra La Jeune Fille de Pskov de Rimski-Korsakov (1872).
En tant que seconde plus grande ville de Moscovie, Pskov attirait encore les armées ennemies. Elle soutint notamment le siège prolongé d'une armée polonaise de 50 000 hommes lors de la guerre de Livonie (1581–1582). Le roi de Pologne Étienne Báthory lança trente-et-une attaques successives pour prendre la cité, défendue principalement par des civils. Même après la chute de l’un des murs de la ville, les Pskoviens parvinrent à combler la brèche et à repousser les assaillants. « C’est incroyable comme cette ville me rappelle Paris », écrivit un Français présent au siège de Báthory.
Histoire moderne
La conquête par Pierre le Grand de l’Estonie et de la Lettonie, qui appartenaient à la Suède, pendant la Grande guerre du Nord au début du XVIIIe siècle sonna la fin du rôle traditionnel de Pskov en tant que frontière stratégique et passage clef vers la Russie intérieure. En conséquence, l’importance de la ville déclina fortement, même si elle conserva le siège d’un gouvernement séparé jusqu’en 1777.
La citadelle médiévale s'avéra un pauvre refuge face à l’artillerie moderne et durant la Seconde Guerre mondiale Pskov fut gravement endommagée. La ville fut occupée par l'Allemagne nazie du au . De nombreux bâtiments anciens et notamment de nombreuses églises furent détruits avant que la Wehrmacht ne puisse occuper la ville. De décembre 1943 au , le quartier général de la 3. Flieger-Division de la Luftwaffe était établi dans la ville.
Bien qu’une grande partie de la population soit morte durant la guerre, Pskov tente depuis de retrouver sa place traditionnelle de centre industriel et culturel majeur de la Russie d’Europe.
La ville a été inscrite sur la liste indicative au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2002[4].
Population
Recensements (*) ou estimations de la population[5] :
Les débuts de l'architecture de Pskov sont marqués par les novgorodiens. Mais elle ne perd pas pour autant son originalité. Le style y est plus simple, moins monumental qu'à Veliki Novgorod. La clarté, la logique, la simplicité de ces constructions sobres devient un élément de style. Les édifices sont d'un volume extrêmement réduit. Les quatre ou six piliers intérieurs occupent tout l'espace. De là la nécessité de bâtir de nombreuses églises, pour accueillir les fidèles[13]. Ces églises aux dimensions réduites sont pleines de charme et traduisent bien l'esprit des Pskoviens, plus centrés sur une existence paisible que sur une vie politique ambitieuse et expansionniste. L'influence des villes de Smolensk et de Polotsk est également perceptible.
Les premières constructions de Pskov sont réalisées en bois au cours des dixième et onzième siècles, ce qui ne manqua pas de provoquer de nombreux incendies. Ces constructions en bois ont influencé les formes de l'architecture en pierre qui apparaît ensuite au XIIe siècle. Le calcaire que les Pskoviens utilisent pour celle-ci donne, grâce à l'aspect rugueux, un charme sculptural particulier. Les surfaces sont recouvertes d'ornements compliqués dont les fouilles archéologiques ont permis de retrouver les traces. Ce sont des frises dentelées sous les corniches et au sommet des tambours. Certains décors sont faits de cavités rectangulaires ou carrées qui se combinent avec les autres éléments décoratifs[14].
La grande renommée des architectes de Pskov les fait appeler par le prince Ivan III à Moscou en 1472 pour, notamment, collaborer à la construction de la Laure de la Trinité-Saint-Serge[15]. Par ce biais ils vont exercer une grande influence sur la formation d'un style commun à toute la Russie.
Trois particularités se retrouvent fréquemment dans l'architecture des églises de Pskov : les papertes, les porches (kryltso) , les clochers-arcades (zvonnitsa).
Les papertes russes proviennent des narthex byzantins. Ce sont des galeries, qui peuvent être ouvertes, mais qui restent closes quand le temps est froid et quand il faut faire patienter les fidèles autour des églises exiguës telles que celles de Pskov. Les offices orthodoxes sont relativement longs et ces galeries offrent un abri qui permet de s'écarter quelques minutes du lieu du culte. Elles sont construites sur la façade occidentale mais peuvent aussi couvrir trois côtes.
Les porches (kryltso) qui donnent accès aux papertes sont formés le plus souvent de deux piliers bas reliés par des arcs voûtés en berceau et couverts d'un toit en bâtière.
Les clochers-arcades sont des pignons percés de baies pour les cloches comme le prolongement des façades ou des galeries des églises de Pskov. Certains ont deux rangées d'arcades superposées. Au XVe siècle, on leur substitue des clochers isolés. À Novgorod, par contre, les architectes adoptèrent parfois ce type de clocher-arcade, mais donnèrent la préférence aux clochers à formes pyramidales issus des clochers en bois[16]. Au XVIe siècle on trouve quelques exemples de tels clochers en Russie comme à Rostov Veliki (cathédrale de la Dormition), à Souzdal (monastère du Sauveur-Saint-Euthyme) qui sont probablement réalisés par des maîtres pskoviens[17].
L'architecture civile en pierre est presque inexistante à Pskov (comme à Novgorod). Les édifices municipaux, tels que ceux de Flandre ou d'Allemagne sont rares, sinon absents, en Russie médiévale. La pierre est réservée à la Maison de Dieu ou aux systèmes de défense : kremlins, et forteresses (appelés aussi kroms , détinets ). Quant aux habitations, elles sont construites en bois, matériau abondant dans le pays et sont périodiquement dévastées par des incendies[18].
Après l'annexion du territoire de Pskov par Vassili III grand-prince de Moscou en 1510, l'architecture de la ville va perdre un peu de son originalité tout en conservant une partie de ses traits particuliers .
L'école de peinture d'icônes de Pskov remonte à la fin du XIIIe siècle début du XIVe siècle. Ses icônes sont classées parmi les icônes russes postmongoles. Peu d'icônes nous sont toutefois parvenues et, de plus, relativement tard. Elles sont exposées à la Galerie Tretiakov ou au
Musée Russe. Mais le musée de Pskov en possède toutefois 700 exposées dans trois salles de l'hôtel Pogankine[19].
Dès ses origines, la peinture de Pskov possède des particularités de par son approche individuelle des sujets et le dynamisme de ses compositions. C'est à Pskov que se manifeste le développement d'un style libre, pittoresque et expressif. L'expressivité est sans doute due aux conceptions du monde des habitants habitués aux guerres et aux évènements dramatiques, du fait de leur position géographique près des frontières. L'œuvre de Théophane le Grec à Novgorod a exercé une influence importante sur les artistes de Pskov. Il était en effet très proche de la perception pskovienne de l'art : prédilection pour des coloris ténébreux, rehauts blancs et assistes sur les visages et les vêtements sombres, laconisme, nuances de vert foncé, de rouge et de jaune. Ces icônes manifestent aussi un certain archaïsme dans le style, comme celui de l'icône d'Élie le prophète[20].
Icônes des XVe siècle au XVIIe siècle originaires de Pskov
Élie le prophète- XVIe siècle- Musée de Pskov.
Icône de l'Intercession de la Vierge de Pskov (apparition au starets Dorophée)-Musée de Pskov.
Sainte Parascève - XVIe siècle- Musée de Pskov.
Parascève détail - XVIe siècle- Musée de Pskov.
Icône de la Nativité de Marie/Musée de Pskov XVI-XVII ss.
↑Jean-Yves Dugas, Panorama sélectif de gentilés en français reliés à des lieux de partout dans le monde. (Extraits du dictionnaire universel des gentilés en français), Montréal, Linguatech, (lire en ligne)
↑Véra Traimond, Architecture de la Russie ancienne - tome 1 : Xe – XVe siècles, Paris, Hermann éditeur des sciences et des arts, 2003 (ISBN2 7056 6433-5)p. 81
↑Véra Traimond, Architecture de la Russie ancienne - tome 1 : Xe – XVe siècles, Paris, Hermann éditeur des sciences et des arts, 2003 (ISBN2 7056 6433-5)p. 81 (ISBN2 7056 6433-5)p. 82
↑Louis Réau, L'art russe, tome I, coll. « Marabout Université », édition Gérard et Cie Verviers, 1968 p. 153.
↑Louis Réau, L'art russe, coll. « Marabout Université », Tome I, Éditions Gérard et Co à Verviers, 1968 p. 154