L'Estonie (en estonien : Eesti), en forme longue la république d'Estonie (en estonien : Eesti Vabariik) est un État souverain d'Europe du Nord dont le territoire s'étend sur le flanc oriental et sur près de 2 200 îles de la mer Baltique. La partie continentale possède des frontières terrestres avec la Russie à l'Est et la Lettonie au Sud, tandis que l'archipel de l'ouest constitue l'essentiel de la partie insulaire du pays.
Pays de culture autochtone nordique fennique[5] possédant un folklore, une origine et langue[6] semblables à celles de la Finlande[7],[8] (toutes deux berceaux du sauna[9],[10]), l'Estonie a aussi été influencée par les traditions baltes[11] et la culture allemande[12],[13],[14]. Elle est politiquement rattachée à ses voisins méridionaux baltes : la Lettonie et la Lituanie, avec lesquelles elle est engagée contre l’impérialisme russe[15],[16],[17],[18]. Malgré sa faible population et son statut de petite nation, l'Estonie est un pays développé avec un Indice de développement humain élevé (31e sur 191 pays)[19] et figure parmi les chefs de file mondiaux dans des domaines tels que la qualité de vie[20], le niveau d'éducation (premier pays européen selon l'OCDE)[21], l'absence de corruption[22] ou encore la liberté de la presse[23].
La résilience de l'État estonien et de son économie est attribuée entre autres à la digitalisation de l'administration et des services publics effectuée au sortir de l'occupation[24],[25], au point que le pays est régulièrement qualifié d'État plateforme[26],[27],[28]. Cette stratégie, conjuguée à une politique plus libérale que ses voisins nordiques permet à l'Estonie de bien figurer au classement de facilité de faire des affaires[29] et d'avoir le plus grand nombre de start-ups par habitants en Europe[30].
Toponymie
Le nom « Estonie » tire son nom du peuple estonien. Les origines du nom de ce peuple au cours de l'histoire pourraient provenir de racines germaniques via le nom tribal gothique aistan (« respect, honneur »), ou via les mots āst, eest (« grange, grenier »), ou encore aistmar (« mer d'ambre »). Elles pourraient aussi provenir alors de racines baltes que l'on retrouverait dans certains lieux-dits dans les actuelles Lettonie et Lituanie.
L'une des premières traces de ce terme pour qualifier un peuple est le mot Aestii, le nom latinisé de tribus de l'Antiquité mentionnées dans l'ouvrage de l'historien romain TaciteLa Germanie (vers 98 ap. J.-C.) et décrit aux côtés des Germains et des Goths qui peuplent les régions au-delà des limites Nord-Est de l'Empire romain. La plupart des chercheurs pensent que ce nom s'appliquait en réalité aux tribus baltes actuelles (notamment lituaniens), et non aux ancêtres des actuels estoniens, situés plus au Nord. D'autres chercheurs considèrent que Tacite désignait toute la région de la Baltique orientale, incluant à la fois les peuples fenniques (dont les estoniens) et les peuples baltes.
Le même ethnonyme Esti, Aesti ou Haesti apparaît également au VIe siècle dans les œuvres de l'écrivain antique Cassiodore. Adam de Brême, au XIe siècle, mentionne trois îles, dont la plus septentrionale est appelée Aestland. La forme iestlatum se retrouve dans les runes scandinaves (XIe siècle). Les sagas scandinaves sont considérées comme la source la plus ancienne (seconde moitié du XIIe siècle), où le nom de lieu Eistland est utilisé au sens moderne. L'historien danois Saxo Grammaticus mentionne en latin la terre Hestia, Estia et l'ethnonyme Estones comme forme plurielle d'Esto dans sa chronique « Gesta Danorum » (XIIe – XIIIe siècles). Par l'intermédiaire des Scandinaves, le mot a atteint l'Allemagne en remplaçant la diphtongue ei par la voyelle longue e : Ehstland (Estonie), Ehste (Estonien), qui devient Estland en abrégeant la voyelle de la racine. Ce nom rentre depuis l'allemand dans les textes latins : Issu du pluriel de l'ethnonyme latin Estones, le terme « Estonia » est employé par le chroniqueur Henri, qui raconte la conquête allemande de l'actuelle Estonie au XIIIe siècle.
À partir du XIXe siècle, les premiers intellectuels estoniens, notamment Friedrich Reinhold Kreutzwald et Johann Voldemar Jannsen se réapproprient la racine du mot qu'ils transforment en Eesti ou Eestimaa pour désigner le territoire, et Eestirahwas (plus tard orthographié Eestirahvas) pour désigner le peuple. Cette expression remplace alors le terme maarahvas (« les gens du pays ») utilisés jusqu'alors.
Dans les langues étrangères, la version déclinée dans la plupart des langues germaniques est Estland, tandis que dans les langues issues du latin, c'est le terme Estonia qui prédomine et donne le mot français Estonie, autrefois orthographié Esthonie. Le terme, aussi trouvé sous la forme germanique francisée Estlande, a souvent été utilisé par les envahisseurs pour qualifier la province correspondant au Nord de l'Estonie actuelle, le Sud était autrefois considéré comme une partie de la province limitrophe de Livonie.
En dehors des deux principales versions latines et germaniques, les pays voisins : la Lettonie au Sud, et la Finlande au Nord appellent respectivement l'Estonie Igaunjia et Viro, en références aux noms des régions estoniennes les plus proches de ces pays. Le terme Igaunjia vient de la province historique d'Ungannie, tandis que Viro fait référence au Comté de Viru[31].
D'une superficie (45 227 km2) proche de celle des Pays-Bas (celle définie par le traité de paix de Tartu en 1920 était de 47 549 km2), l'Estonie est le plus septentrional des pays baltes, largement ouvert à l'ouest sur la mer Baltique, au nord sur le golfe de Finlande (3 794 km de côtes), bordé à l'est par la Russie (frontière de 294 km) et au sud par la Lettonie (frontière de 339 km). La côte est diversifiée : tantôt roselière, tantôt rocheuse, tantôt sablonneuse, tantôt avec un haut escarpement.
Dix pour cent du territoire est composé d'un archipel de plus de 1 500 petites îles situées dans la Baltique dont les deux plus grandes sont Hiiumaa (989 km2) et Saaremaa (2 673 km2).
Le terrain de l’Estonie est simple. Il existe des zones plus élevées au sud et à l'est. Dans les zones basses, les inondations sont fréquentes au printemps. Le sol et le climat de l'Estonie sont assez favorables à l'agriculture. L'Estonie est la région la plus septentrionale du monde où les céréales sont historiquement cultivées pour l'exportation[32]. 49 % du pays est constitué de bois et de forêts, et 13 % de marais à tourbe. L'Estonie compte également plus de 1 400 lacs. Le relief de l'Estonie est caractérisé par une altimétrie assez faible et un grand nombre de lacs et environ 150 rivières. Le point culminant est le Suur Munamagi, situé au sud-est du pays.
Le lac Peïpous est le quatrième plus grand lac d'Europe après les lacs Ladoga et Onega en Russie et le Vänern en Suède. Il ressemble à une véritable mer intérieure du point de vue de sa superficie et sert de frontière à l'est avec la Russie. Il est gelé en hiver pendant quatre mois et est navigable pendant les huit autres mois de l'année. À l'inverse, l'été avec les longues journées ensoleillées estoniennes, le lac est propice à la baignade et de nombreux Estoniens et Finlandais sont attirés par les plages de dunes sur son côté nord. Il présente même de nombreux campings gratuits, mode d'hébergement favori dans les pays nordiques. Le reste du lac est par contre davantage composé de marécages.
Climat
Grâce au courant nord atlantique chaud, le climat est considérablement plus doux qu’ailleurs dans le monde à la même latitude. La mer Baltique cause des différences climatiques notables entre les zones côtières et continentales.
Le climat est caractérisé par un hiver plutôt froid, un printemps doux et un peu pluvieux, un été relativement chaud et un long et doux automne (température moyenne en juillet +18 °C ; température moyenne en février −4 °C). Les premières neiges apparaissent vers novembre. La température peut descendre en dessous de −20 °C l'hiver. Le mois le plus sec est le mois de mars avec en moyenne 24 mm alors que la pluviométrie est la plus élevée au mois de juin avec une moyenne de 127 mm.
Comme dans les autres pays nordiques, la latitude élevée de l'Estonie engendre une importante différence de lumière de jour entre l'hiver et l'été.
Les journées sont plus courtes au solstice d'hiver :
Tallinn (au nord) : 6 h 2 min de jour / 17 h 58 min de nuit ;
Valga (sud) : 6 h 39 min de jour / 17 h 21 min de nuit.
À l'inverse, les journées sont plus longues au solstice d'été :
Tallinn : 18 h 40 min de jour / 5 h 20 min de nuit crépusculaire ;
Valga : 18 h 10 min de jour / 5 h 50 min de nuit crépusculaire.
Le nombre annuel d'heures ensoleillées varie entre 1 600 et 1 900, ce nombre étant plus élevé sur la côte et les îles et plus faible à l'intérieur du pays. Cela correspond à moins de la moitié de la quantité maximale de soleil possible.
Paysages et environnement
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Le pays produit la quasi-totalité de son électricité avec du pétrole de schiste et du charbon. En conséquence, il est le deuxième émetteur de CO2 par habitant d'Europe. L’Estonie compte aussi parmi les États à refuser l’objectif de neutralité carbone pour 2050[33].
La Commission européenne a lancé plusieurs procédures d'infraction à l'encontre de l'Estonie, constatant que celle-ci ne respectait pas pleinement le droit européen, notamment en raison de dépôts sauvages de déchets et de non-conformité de la législation estonienne avec les règles européennes de préservation de la nature[34],[35]. Selon une étude, les côtes de Talinn et de la baie de Muuga sont par ailleurs lourdement polluées[36].
Les Estoniens, comme les autres populations nordiques, sont très proches de la nature et soucieux de la préservation de l'environnement [réf. nécessaire]. L'Estonie pratique le libre droit d'accès à la nature comme la Finlande. Le camping sauvage est autorisé partout hors des villes et des endroits qui mentionnent une interdiction spécifique.
Une initiative de dépollution de grande ampleur a été mise en place en 2008 au niveau national par l'association Teeme Ära, devenu par la suite Let's do it! World au niveau international. Les zones polluées par de nombreux déchets ainsi que les décharges sauvages ont été localisées par images satellite et par des citoyens qui renseignaient une base de données. Les coordonnées GPS de chaque endroit ont ensuite été communiquées aux participants qui pouvaient localiser les zones proches de chez eux et y intervenir pour s'occuper des déchets. Plusieurs dizaines de milliers d'Estoniens ont participé à ce projet. Cette expérience fut accompagnée d'une vaste campagne de sensibilisation. 80 % des déchets collectés par les bénévoles ont été recyclés[38]
Répartition spatiale des hommes et des activités
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Axes de communication et transports
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L'implantation humaine en Estonie devient possible il y a 13 000-11 000 ans, lorsque la glace de la dernière ère glaciaire fond. La plus ancienne colonie connue en Estonie est celle de Pulli, sur les rives du fleuve Pärnu dans le sud-ouest de l'Estonie. Selon la datation au carbone 14, elle a été colonisée il y a environ 11 000 ans[39].
La première habitation humaine pendant la période Mésolithique est liée à la culture Kunda. À l'époque, le pays est couvert de forêts, et les gens vivent dans des communautés semi-nomades près des plans d'eau. Les activités de subsistance comprennent la chasse, la cueillette et la pêche[40]. Vers 4900 av. J.-C., des céramiques apparaissent pendant la période Néolithique, connue sous le nom de culture de Narva[41]. À partir d'environ 3200 av. J.-C., la culture de la céramique cordée apparaît; cela inclut de nouvelles activités telles que l'agriculture primitive et l'élevage[42].
L'Âge du bronze commence vers 1800 av. J.-C. et voit la création des premières oppida[43]. Une transition de la subsistance par la chasse et la pêche à l'établissement basé sur une seule ferme commence vers 1000 av. J.-C. et est complète au début de l'Âge du fer vers 500 av. J.-C.[39],[44] La grande quantité d'objets en bronze indique l'existence d'une communication active avec des tribus scandinaves et germaniques[45].
Pendant l'âge du fer moyen, le territoire de l'Estonie fait l'objet de conflit et d'incursions venant de deux territoires différents. Plusieurs Sagas scandinaves évoquent des confrontations majeures avec les Estoniens, notamment lorsque, au début du VIIe siècle, les « Vikings estoniens » ont vaincu et tué Ingvar, le Roi des Suiones (ancêtres des Suèdois)[46]. Des menaces similaires apparaissent à l'est, où les principautés slaves de l'Est s'étendaient vers l'ouest. Vers 1030, les troupes de la Rus' de Kiev dirigées par Iaroslav le Sage soumettent les Estoniens et établissent un fort dans l'actuelle Tartu. Les slaves auraient conservé le contrôle du fort jusqu'en 1061 environ, lorsque l'il est détruit par une tribus estonienne appelée « Sosols » par les slaves[47],[48],[49],[50]. Autour du XIe siècle, l'ère viking scandinave autour de la mer Baltique est remplacée par l'ère des vikings baltes, avec des raids maritimes menés par les Couroniens et les Estoniens de l'île de Saaremaa, connus sous le nom d'« Oeseliens ». En 1187, les Estoniens (Oeseliens), les Couroniens et/ou les Caréliens pillent Sigtuna, à l'époque grande ville de Suède[51],[52].
L'Estonie peut à cette époque être divisée en deux principales zones culturelles. Les zones côtières du nord et de l'ouest de l'Estonie entretiennent des contacts étroits avec la Scandinavie et la Finlande, tandis que le sud intérieur de l'Estonie a davantage de contacts avec les Baltes et la région de Pskov[53]. Le paysage de l'Estonie ancienne est parsemé de nombreux oppida[54]. Des sites portuaires préhistoriques ou médiévaux ont été découverts sur la côte de Saaremaa[54]. L'Estonie compte également plusieurs tombes de l'ère viking, tant individuelles que collectives, avec des armes et des bijoux très répandus en Europe du Nord et la Scandinavie[54],[55].
Aux premiers siècles après J.-C., des subdivisions politiques et administratives commencent à émerger en Estonie. Deux subdivisions plus importantes apparaissent : la paroisse (estonien : kihelkond) et le comté (estonien : maakond), qui se composent de plusieurs paroisses. Une paroisse est dirigée par des « aînés » (vanemad) et centrée sur un oppidum ; dans certains cas rares, une paroisse peut avoir plusieurs oppida. Au XIIIe siècle, l'Estonie comprend huit grands comtés : Harjumaa, Järvamaa, Läänemaa, Revala, Saaremaa, Sakala, Ugandi, et Virumaa; et six petits comtés à une seule paroisse : Alempois, Jogentagana, Mõhu, Nurmekund, Soopoolitse, et Vaiga. Les comtés sont des entités indépendantes et ne coopèrent ensemble qu'en cas de menace étrangère[56],[57].
On sait peu de choses sur les pratiques spirituelles et religieuses des Estoniens médiévaux avant la Christianisation. La Chronique d'Henri le Letton mentionne Tharapita comme la divinité supérieure des habitants de Saaremaa de l'époque (Oeseliens). Il existe des preuves historiques sur l'existence de bosquets sacrés, en particulier de bosquets de chêne, ayant servi de lieux de culte « païen »[58],[59].
Croisades, domination allemande et développement du commerce au Moyen Âge
En 1199, le pape Innocent III lance les croisades baltes pour « défendre les chrétiens de la Livonie »[60]. Les combats atteignent l'actuelle Estonie en 1206, lorsque le roi du DanemarkValdemar II tente sans succès d'envahir Saaremaa. L'ordre religieux allemand des chevaliers Porte-Glaive soumet les peuples indigènes au Sud tels que les Livoniens, les Latgaliens et les Séloniens, puis poursuit sa campagne au Nord contre les Estoniens en 1208. Les années qui suivent voient se dérouler de nombreuses batailles et contres-attaques, avec des raids et des conquêtes menés par les deux camps. Le Chef de la résistance estonienne est Lembitu, le doyen (vanem) du comté de Sakala. Il est tué pendant la défaite estonienne à la Bataille de la Saint-Mathieu en 1217. En 1219, l'armée danoise emmenée par Valdemar II débarque sur la côte Nord, bat les Estoniens lors de la bataille de Lyndanisse, et commence à conquérir le nord de l'Estonie (dit « Estlande »)[61],[62]. L'année suivante, la Suède envahit l'Estonie occidentale, mais est repoussée par les Oeseliens. En 1223, une révolte majeure chasse les Allemands et les Danois de toute l'Estonie, sauf Reval (fondée à l'emplacement de Lyndanisse) mais les croisés finissent par reprendre leur offensive, et en 1227, Saaremaa est le dernier maakond (comté) à se rendre[63],[64].
Après la croisade, le territoire de l'Estonie et de la Lettonie actuelle est appelé Terra Mariana; plus tard, il devient simplement connu sous le nom de Livonie[65]. Le nord de l'Estonie devient le duché d'Estlande (colonie du Danemark), tandis que le reste est divisé entre les Frères de l'Épée et les Principautés épiscopales de Dorpat et Ösel–Wiek. En 1236, après avoir subi une défaite majeure, les Frères de l'Épée fusionnent avec l'Ordre teutonique devenant l'Ordre livonien[66]. Dans les décennies suivantes, il y a plusieurs soulèvements contre les dirigeants teutoniques à Saaremaa. En 1343, un important soulèvement englobe le nord de l'Estonie et Saaremaa. L'Ordre teutonique réprime la rébellion en 1345, et en 1346, le roi du Danemark vend son territoire en Estonie à l'Ordre[67],[68]. La rébellion infructueuse conduit à une consolidation du pouvoir pour la minorité allemande[69]. Pendant les siècles suivants, le bas allemand reste la langue de l'élite dirigeante dans les villes estoniennes et à la campagne[70].
Reval (Tallinn), la capitale de l'Estlande, adopte la Loi de Lübeck et obtient tous les droits de ville en 1248[71]. La Ligue hanséatique contrôle le commerce en mer Baltique, et les quatre plus grandes villes de l'actuelle Estonie en deviennent membres : Reval, Dorpat (Tartu), Pernau (Pärnu) et Fellin (Viljandi). Reval agit en tant qu'intermédiaire commercial entre Novgorod et les villes hanséatiques occidentales, tandis que Dorpat remplit le même rôle avec Pskov. De nombreuses guildes d'artisans et de marchands sont formées pendant cette période[72]. Protégées par leurs remparts de pierre et par leur adhésion à la ligue, des villes prospères comme Reval et Dorpat défiaient souvent d'autres souverains de la Confédération livonienne médiévale[73].
,[note 2] L'Estlande et la Livonie sont alors de véritables colonies allemandes en dehors des frontières du Saint-Empire romain germanique.
Réforme protestante puis invasions par les puissances voisines (XVIe au XVIIIe siècle)
La Réforme débute en Europe centrale en 1517 et se propage rapidement vers le nord jusqu'en Livonie malgré une certaine opposition de l'Ordre livonien[75]. Les villes sont les premières à adopter le protestantisme dans les années 1520, et d'ici les années 1530, la majorité des propriétaires terriens et de la population rurale adoptent le Luthéranisme[76],[77]. Les services religieux sont désormais conduits dans la langue vernaculaire, à savoir le bas allemand, mais à partir des années 1530, des offices religieux réguliers se déroulent en estonien[76],[78].
Pendant le XVIe siècle, les monarchies expansionnistes de Moscovie, de Suède et de Pologne-Lituanie consolident leur pouvoir, posant une menace croissante à la Livonie décentralisée affaiblie par des conflits entre les villes, la noblesse, les évêques et l'Ordre[76],[79]. En 1558, le tsar Ivan le Terrible de Moscovie envahit la Livonie, lançant la Guerre de Livonie. L'Ordre livonien est définitivement défait en 1560. La majorité de la Livonie accepte la domination de la Pologne, tandis que Reval et les nobles allemands du nord de l'Estonie prêtent allégeance au roi de Suède et l'évêque d'Ösel-Wiek vend ses terres au roi du Danemark. Les forces russes conquièrent progressivement la majorité de la Livonie, mais à la fin des années 1570, les armées polono-lituanienne et suédoise lancent leurs propres offensives, et la guerre sanglante prend fin en 1583 par la défaite russe[79],[80]. Conséquence de la guerre, le nord de l'actuelle Estonie devient l'Estlande suédoise, le sud de l'actuelle Estonie devient la Livonie polonaise, et Saaremaa reste sous le contrôle danois[81].
En 1600, la guerre polono-suédoise éclate, causant davantage de dégâts. La guerre prolongée se termine en 1629 avec la Suède gagnant la Livonie, y compris les régions du sud de l'Estonie et du nord de la Lettonie[82]. L'ile de Saaremaa danoise est transférée à la Suède en 1645[83]. Les guerres ont réduit de moitié la population de l'Estonie, passant d'environ 250 000 à 270 000 personnes au milieu du XVIe siècle à 115 000 à 120 000 dans les années 1630[84].
Bien que de nombreux paysans indigènes restent des Serfs pendant la domination suédoise, des réformes juridiques renforcent à la fois les droits d'utilisation des terres et d'héritage des serfs et des fermiers libres - d'où la réputation de cette période sous le nom de « Bonne vieille époque suédoise » dans la mémoire populaire et l'historiographie estonienne[85]. Le roi suédois Gustaf II Adolf établit des lycées à Reval et Dorpat ; celui de Dorpat est élevé au rang d'université en 1632. Des imprimeries sont également établies dans les deux villes. Dans les années 1680, les débuts de l'éducation élémentaire estonienne apparaissent, en grande partie grâce aux efforts de Bengt Gottfried Forselius, qui introduit également des réformes orthographiques pour l'écriture de la langue estonienne[86]. La population de l'Estonie augmente rapidement jusqu'à la Grande Famine de 1695–97 au cours de laquelle 70 000-75 000 personnes meurent - soit environ 20 % de la population[87].
Pendant la grande guerre du Nord (1700–1721) le tsarat de Russie (Moscovie) conquiert l'ensemble de l'Estonie à partir de 1710[88]. La guerre ravage à nouveau la population de l'Estonie, avec une population estimée à seulement 150 000–170 000 en 1712[89]. En 1721, l'Estonie est divisée en deux gouvernements : le gouvernement d'Estlande, qui comprend Tallinn et la partie nord de l'Estonie, et le gouvernement de Livonie, qui comprend Tartu et s'étend jusqu'à la partie nord de la Lettonie au sein du nouvel Empire russe[90]. Le pouvoir russe rétablit tous les droits politiques et fonciers des nobles Allemands baltes et leur laisse une grande autonomie dans l'administration du territoire[91]. La condition des paysans indigènes, au service des nobles allemands, est alors complètement dégradée, le servage dominant complètement les activités agricoles au cours du XVIIIe siècle[92]. Le servage est officiellement aboli en 1816–1819, mais cela a initialement très peu d'effet pratique sur la conditions des paysans. L'amélioration de la condition paysanne commence avec les réformes au milieu du XIXe siècle, alors inspirées par les idées libérales et le nationalisme romantique venues d'Europe occidentale et apportées par les allemands[93].
Réveil national et affirmation de l'identité estonienne (XIXe et XXe siècles)
Le Réveil national estonien débute dans les années 1850 lorsque plusieurs figures de l'élite paysanne indigène commencent à promouvoir une identité nationale estonienne parmi la population générale. Les rachats massifs de fermes par des Estoniens et la classe croissante de fermiers propriétaires qui en résulte fournissent la base économique de la formation de cette nouvelle « identité estonienne ». En 1857, Johann Voldemar Jannsen commence à publier le premier journal quotidien en langue estonienne et utilise pour la première fois le terme de eestlane (Estonien) pour définir son appartenance ethnique[94]. Le directeur d'école Carl Robert Jakobson et le pasteur Jakob Hurt deviennent des figures de proue d'un mouvement national, encourageant les agriculteurs estoniens à être fiers de leur identité estonienne[95]. Les premiers mouvements nationaux se forment, tels qu'une campagne pour établir l'école Alexandre de langue estonienne, la fondation de la Société estonienne de littératie et de la Société des étudiants estoniens, et le premier festival national de chanson, qui a lieu en 1869 à Tartu[96],[97],[98]. Les réformes linguistiques contribuent au développement de la langue estonienne[99]. L'épopée nationale Kalevipoeg est publiée en 1862, et en 1870 ont lieu les premières représentations du théâtre estonien[100],[101]. En 1878, une scission majeure se produit dans le mouvement national. L'aile modérée dirigée par Hurt se concentre sur le développement de la culture et de l'éducation estonienne, tandis que l'aile radicale dirigée par Jakobson réclame des droits politiques et économiques accrus[97].
À la fin du XIXe siècle, le gouvernement impérial russe prends diverses mesures administratives et culturelles pour diminuer l'autonomie des régions baltes, fortement influencées par la culture allemande et européenne, et pour les russifier[96]. La langue russe remplace l'allemand et l'estonien dans la plupart des écoles secondaires et universités, et de nombreuses activités sociales et culturelles dans les langues locales sont réprimées[101]. À la fin des années 1890, une nouvelle vague de nationalisme émerge avec la montée de figures éminentes telles que Jaan Tõnisson et Konstantin Päts. Au début du XXe siècle, les Estoniens commencent à prendre le contrôle des gouvernements locaux dans les villes, détrônant les nobles Allemands[102].
Pendant la Révolution russe de 1905, les premiers partis politiques estoniens légaux sont fondés. Un congrès national estonien est convoqué et demande l'unification des régions estoniennes en un seul territoire autonome ainsi que la fin de la russification. Des manifestations politiques pacifiques s'accompagnent parfois d'émeutes violentes et de pillages dans le quartier commercial de Tallinn et dans plusieurs manoirs de riches propriétaires terriens allemands des campagnes estoniennes. Le gouvernement tsariste répond par une répression brutale ; environ 500 personnes sont exécutées et des centaines d'autres sont emprisonnées ou déportées en Sibérie[103],[104].
Lutte pour l'indépendance puis Estonie libre dans l'entre-deux-guerres (1917-1939)
En 1917, après la Révolution de Février, le Gouvernement provisoire russe accepte la demande des Estoniens de redessiner les frontières pour inclure tous les territoires de culture indigène estonienne (Estlande et Nord de la Livonie) au sein de la nouvelle Province autonome d'Estonie, permettant la formation de l'Assemblée provinciale estonienne[105]. Un bref coup d'état des Bolcheviks à lieu en novembre 1917, et l'Assemblée provinciale est dissoute. Cependant, l'Assemblée provinciale crée le Comité de salut public estonien, et pendant la courte période entre la retraite russe et l'occupation allemande, le comité déclare l'indépendance le 24 février 1918, et forme le Gouvernement provisoire estonien. L'occupation allemande suit immédiatement, mais après leur défaite lors de la Première Guerre mondiale, les Allemands sont contraints de restituer le pouvoir au gouvernement provisoire le 19 novembre 1918[106],[107].
Le 28 novembre 1918, la Russie devenue soviétique envahit l'Estonie, lançant la Guerre d'indépendance estonienne[108]. L'Armée rouge s'approche à moins de 30 km de Tallinn, mais en janvier 1919, l'Armée estonienne, dirigée par Johan Laidoner, lance une contre-offensive, chassant les forces bolchéviques d'Estonie en quelques mois. Les attaques soviétiques renouvelées échouent, et au printemps, l'armée estonienne, en coopération avec les armées blanches russes, avance en Russie et en Lettonie[109],[110]. En juin 1919, l'Estonie bat la Landeswehr allemande qui avait tenté de dominer la Lettonie, restaurant le pouvoir au gouvernement de Kārlis Ulmanis. Après l'effondrement des forces russes blanches, l'Armée rouge lance une offensive majeure contre Narva à la fin de 1919, mais ne parvient pas à percer. Le 2 février 1920, le Traité de paix de Tartu est signé par l'Estonie et la Russie soviétique, cette dernière s'engageant à renoncer définitivement à toutes les revendications souveraines sur l'Estonie[109],[111].
En avril 1919, l'Assemblée constituante estonienne est élue. L'Assemblée constituante adopte une vaste redistribution des terres, expropriant de grands domaines et manoirs autrefois propriétés des nobles allemands, et adopte une nouvelle constitution extrêmement libérale établissant l'Estonie comme une démocratie parlementaire[112],[113]. En 1924, l'Union soviétique organise une tentative de coup d'État communiste en Estonie, qui échoue rapidement[114]. La loi estonienne sur l'autonomie culturelle des minorités ethniques, adoptée en 1925, est largement reconnue comme l'une des plus libérales du monde à l'époque[115]. La Grande Dépression exerce une forte pression sur le système politique estonien, et en 1933, le mouvement populiste Vaps mène une réforme constitutionnelle instaurant une présidence forte[116],[117]. Le 12 mars 1934, le chef d'État intérimaire, Konstantin Päts, déclare l'état d'urgence, sous le prétexte que le mouvement Vaps planifiait un coup d'État. Päts, avec le général Johan Laidoner et Kaarel Eenpalu, établissent un régime autoritaire pendant l'« ère du silence », où le parlement ne se réunit pas et la nouvelle Ligue patriotique devient le seul mouvement politique légal[118]. Une nouvelle constitution est adoptée par référendum, et des élections ont lieu en 1938. Les candidats tant pro-gouvernementaux que l'opposition sont autorisés à participer, mais uniquement en tant qu'indépendants[119]. Le régime de Päts est relativement clément par rapport à d'autres régimes autoritaires de l'entre-deux-guerres en Europe, et le régime n'a jamais utilisé la violence contre les opposants politiques[120].L'Estonie rejoint la Société des Nations en 1921[121]. Les tentatives d'établir une alliance plus vaste avec la Finlande, la Pologne et la Lettonie échouent, seule une alliance de défense mutuelle étant signée avec la Lettonie en 1923, suivie de l'Entente baltique de 1934[122],[123]. Dans les années 1930, l'Estonie s'engage également dans une coopération militaire secrète avec la Finlande[124]. Des pactes de non-agression sont signés avec l'Union soviétique en 1932 et avec l'Allemagne en 1939[121],[125]. En 1939, l'Estonie déclare sa neutralité, mais cela s'avère futile pendant la Seconde Guerre mondiale[126].
Seconde Guerre mondiale, occupations allemandes et soviétiques (1940-1944)
Une semaine avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, le 23 août 1939, l'Allemagne nazie et l'Union soviétique stalinienne signent le Pacte germano-soviétique. Dans le protocole secret du pacte, la Pologne, la Roumanie, la Lituanie, la Lettonie, l'Estonie et la Finlande sont divisées entre l'URSS et l'Allemagne en « sphères d'influence », l'Estonie étant assignée à la « sphère » soviétique[127]. Le 24 septembre 1939, l'Union soviétique exige que l'Estonie signe un traité d '« assistance mutuelle » qui permettrait à l'Union soviétique d'établir des bases militaires dans le pays. Le gouvernement estonien estime qu'il n'a d'autre choix que de se conformer, et le Traité d'assistance mutuelle soviéto-estonien est signé le 28 septembre 1939[128]. Le 14 juin 1940, l'Union soviétique impose un blocus naval et aérien total sur l'Estonie. Le même jour, l'avion Kaleva est abattu par les Forces aériennes soviétiques. Le 16 juin, l'URSS présente un ultimatum exigeant le passage libre complet de l'Armée rouge en Estonie et l'établissement d'un gouvernement pro-soviétique. Sans possibilité de s'y opposer, le gouvernement estonien est contraint d'abdiquer et, le lendemain, le pays entier est occupé[129],[130]. Le 6 août 1940, la république d'Estonie est annexée par l'Union soviétique, qui créé la République socialiste soviétique d'Estonie sur son territoire[131].
L'URSS établit un régime de guerre répressif en Estonie occupée. Beaucoup de hauts fonctionnaires civils et militaires du pays, ainsi que des intellectuels et des industriels, sont arrêtés. Les répressions soviétiques culminent le 14 juin 1941 avec les déportations de masse d'environ 11 000 personnes vers la Russie[132],[133]. Une lutte de soldats estoniens partisans (les « Frères de la forêt »[134]) s'engage contre l'Union soviétique et coïncide avec l'invasion allemande le 22 juin 1941 lors de la « guerre d'été » (en Estoniensuvesõda). Environ 34 000 jeunes hommes estoniens sont enrôlés de force dans l'Armée rouge, moins de 30 % d'entre eux survivent à la guerre. Les bataillons de destruction soviétiques initient une politique de la terre brûlée. Les prisonniers politiques qui n'ont pas pu être évacués sont exécutés par le NKVD[135],[136]. De nombreux Estoniens rejoignent les Frères de la forêt, lançant une campagne de guérilla anti-soviétique. En juillet, la Wehrmacht allemande atteint le sud de l'Estonie. L'URSS évacue Tallinn fin août avec des pertes massives, et la capture des îles estoniennes est achevée par les forces allemandes en octobre[137].
Une fois les soviétiques chassés, de nombreux Estoniens espèrent que l'Allemagne pourrait contribuer à restaurer l'indépendance de l'Estonie, mais cet espoir se révèle rapidement vain. Seule une administration autonome de collaboration est établie, et l'Estonie occupée est intégrée au Reichskommissariat Ostland, son économie étant entièrement subordonnée aux besoins militaires allemands[138]. Environ un millier de Juifs estoniens qui n'avaient pas réussi à partir sont presque tous tués en 1941. De nombreux camps de travail forcés ont été établis où des milliers d'Estoniens, de Juifs étrangers, de Roms et de prisonniers de guerre soviétiques meurent[139]. Les autorités d'occupation allemandes commencent à recruter des hommes dans de petites unités volontaires. Les recrutements volontaires donnant peu de résultats et la situation militaire s'aggravant, les occupants allemands mettent un place une conscription forcée en 1943, conduisant finalement à la formation de la division estonienne de la Waffen-SS[140]. Des milliers d'Estoniens parviennent a échapper au service militaire allemand et fuient secrètement en Finlande, où beaucoup se portent volontaires pour combattre aux côtés des Finlandais contre les Soviétiques[141].
L'Armée rouge atteint à nouveau les frontières estoniennes au début de 1944, mais son avancée en Estonie est stoppée dans de violents combats près de Narva pendant six mois par les forces allemandes, comprenant les unités d'estoniens enrôlés de force[142]. En mars, les forces aérienne soviétiques effectuent d'intenses bombardements contre Tallinn et d'autres villes estoniennes[143]. En juillet, les Soviétiques lancent une offensive majeure depuis le sud, forçant les Allemands à abandonner l'Estonie continentale en septembre et les îles estoniennes en novembre[142]. Alors que les forces allemandes se retirent de Tallinn, le dernier Premier ministre d'avant-guerre, Jüri Uluots, nomme un gouvernement dirigé par Otto Tief dans une tentative infructueuse de restaurer l'indépendance de l'Estonie[144]. Des dizaines de milliers de personnes, dont la plupart des Suédois d'Estonie, fuient vers l'ouest pour éviter la nouvelle occupation soviétique[145].
Dans l'ensemble, l'Estonie perd environ 25 % de sa population à travers les décès, les déportations et les évacuations pendant la Seconde Guerre mondiale[146]. Les occupations soviétiques et allemandes contribuent à décimer la société estonienne tout entière, parfois à l'intérieur même de familles. Les soldats estoniens enrolés de force par le premier occupant sont alors contraints de se battre contre leurs propres compatriotes enrôlés par le second. L'Estonie subit également des pertes territoriales irréversibles, car l'Union soviétique transfère des zones frontalières représentant environ 5 % du territoire estonien d'avant-guerre de la RSS d'Estonie à la RSFS de Russie[147].
Deuxième occupation soviétique, Estonie en exil et révolution chantante (1945-1990)
Des milliers d'Estoniens s'opposant à la deuxième occupation soviétique rejoignent un mouvement de guérilla connu sous le nom de « Frères de la forêt » (en EstonienMetsavennad). La résistance armée est la plus intense au cours des premières années après la guerre, mais les autorités soviétiques l'affaiblissent progressivement par l'usure, et la résistance cesse effectivement d'exister au milieu des années 1950[148]. Les Soviétiques lancent une politique de collectivisation, mais comme les agriculteurs y restent opposés, une campagne de terreur est déclenchée. En mars 1949, environ 20 000 Estoniens sont déportés en Sibérie. La collectivisation est entièrement achevée peu de temps après[132],[149].
Les autorités d'occupation, dominées par les Russes sous l'Union soviétique, commencent la colonisation de peuplement couplée d'une Russification, incitant des centaines de milliers de Russes ethniques et quelques autres peuples de l'Union soviétique à s'installer en Estonie occupée, dans un processus qui menace de transformer les Estoniens autochtones et leur culture en une minorité dans leur propre pays natal[150]. En 1945, les Estoniens représentaient 97 % de la population, mais en 1989, leur part dans la population était tombée à 62 %[151]. Les campagnes de déportations massives des populations locales conduisent à une perte de 3 % de la population autochtone de l'Estonie[152]. En mars 1949, 60 000 personnes sont déportées d'Estonie et 50 000 de Lettonie vers le Goulag en Sibérie, où les taux de mortalité atteignent 30 %. Le régime d'occupation crée un Parti communiste estonien, où les Russes sont majoritaires parmi les membres du parti[153]. Économiquement, l'industrie lourde est fortement priorisée, mais cela n'améliore pas le bien-être de la population locale et cause d'énormes dommages environnementaux dus à la pollution[154]. Le niveau de vie sous l'occupation soviétique continue de stagner par rapport à la Finlande indépendante voisine, en plein développement économique[150]. Le pays est fortement militarisé, avec des zones militaires fermées couvrant 2 % du territoire[155]. Les îles et la plupart des zones côtières sont transformées en une zone frontalière restreinte qui nécessite un permis spécial d'entrée[156]. L'Estonie est fermée jusqu'à la deuxième moitié des années 1960, lorsque progressivement les Estoniens commencent à regarder clandestinement la Télévision finlandaise dans les parties nord du pays, obtenant ainsi un aperçu du mode de vie derrière le rideau de fer[157].
La majorité des pays occidentaux considèrent l'annexion de l'Estonie par l'Union soviétique comme une occupation illégale[158]. La continuité juridique de la République d'Estonie (surnommée Vaba Eesti - « l'Estonie libre ») est préservée grâce au gouvernement en exil et aux services diplomatiques estoniens basés à l'étranger - particulièrement depuis les pays nordiques ainsi qu'aux États-Unis - qui continuent d'émettre des passeports, et que les gouvernements occidentaux continuent de reconnaître[159],[160]. La diaspora estonienne, composée entre autres de 70 000 réfugiés, est très présente dans les pays anglo-saxons tels que les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et l'Australie[161], et tente, non sans difficultés, d'alerter l'opinion publique locale à l'histoire de leur pays d'origine[162].
L'introduction de la perestroïka par le gouvernement central soviétique en 1987 rend possible une activité politique ouverte en Estonie, déclenchant un processus de restauration de l'indépendance. Le mouvement est plus tard connu sous le nom de révolution chantante (en Estonienlaulev revolutsioon) en raison des chants traditionnels baltes utilisés lors des manifestations[163]. La campagne environnementale Fosforiidisõda (« guerre du phosphore ») devient le premier grand mouvement de protestation contre le gouvernement central[164]. En 1988, de nouveaux mouvements politiques apparaissent, tels que le Front populaire estonien, qui représente l'aile modérée du mouvement indépendantiste, et le plus radical Parti de l'indépendance nationale estonienne, premier parti non communiste de l'Union soviétique, exigeant le rétablissement complet de l'indépendance[165]. Le 16 novembre 1988, après la tenue des premières élections multipartis non-truquées depuis un demi-siècle, le parlement de l'Estonie sous contrôle soviétique émet la Déclaration de souveraineté, affirmant la primauté des lois estoniennes. Au cours des deux années suivantes, de nombreuses autres parties administratives (ou républiques) de l'URSS suivent l'exemple estonien en émettant des déclarations similaires[166],[167]. Le 23 août 1989, environ 2 millions d'Estoniens, de Lettons et de Lituaniens participent à une manifestation de masse, formant la chaîne humaine de la Voie balte à travers les trois pays[168]. En février 1990, des élections ont lieu pour former le Congrès de l'Estonie[169]. En mars 1991, un référendum a lieu où 78,4 % des électeurs soutiennent une indépendance totale. Pendant le putsch de Moscou, l'Estonie déclare la restauration de la République le 20 août 1991[170].
L'Estonie depuis 1991: intégration européenne, croissance accélérée et digitalisation
Les autorités soviétiques reconnaissent l'indépendance estonienne le 6 septembre 1991, et le 17 septembre, l'Estonie est admise dans les Nations unies[171]. Le gouvernement de retour d'exil passe le flambeau au nouveau président élu Lennart Meri en 1992. Les dernières unités de l'armée russe quittent l'Estonie en 1994[172]. Le 28 septembre de la même année, le ferry MS Estonia reliant Tallinn à Stockholm coule dans la Mer Baltique. La catastrophe cause la mort de 852 personnes (dont 501 Suédois[173]), constituant l'une des pires catastrophes maritimes du XXe siècle[174].
Le début des années 1990 est une période instable ou l'accession aux biens de première nécessité est difficile entre l'effondrement du système soviétique et la transition vers une économie de marché[175]. De nombreuses mafias estoniennes en lien avec la Russie, prospèrent dans la continuité du marché noir dans l'ex-URSS. Les activités criminelles finissent par se réduire progressivement avec la restauration du système judiciaire et de la police[176]. Dès 1992, des réformes économiques radicales sont initiées pendant le mandat du premier ministre Mart Laar pour passer à une économie de marché. Elles comprennent la privatisation, le lancement d'une nouvelle monnaie (la Couronne estonienne), un système fiscal simplifié et plus largement une politique plutôt libérale favorable à l'entrepreneuriat[177]. Le développement économique rapide vaut à l'Estonie d'être le seul pays de l'ancien Bloc de l'Est à débuter les discussions en vue d'une adhésion à l'Union européenne sans période de transition[178]. L'Estonie rejoint l'OMC le 13 novembre 1999[179].
Sous l'impulsion des Estoniens de retour d'exil menés par Toomas Hendrik Ilves et témoins de l'arrivée d'Internet dans les pays anglo-saxons[190], le gouvernement lance en 1996 la politique du « bond du tigre » (en EstonienTiigrihüpe), qui promeut massivement l'utilisation du numérique, notamment dans les écoles[191]. En plus de rattraper son retard, l'Estonie devient précurseur dans l'utilisation des technologies de l'information pour les besoins du quotidien[192]. Les innovations numériques pénètrent la société estonienne avant même de se répandre dans les pays de l'ancien bloc de l'ouest: banques en ligne dès 1996, administration des tâches gouvernementales (e-cabinet), impôts en ligne et paiements de parking par téléphone mobile dès 2000, système X-Road d'échange de données en 2001, carte d'identité à puce et signature électronique dès 2002, vote en ligne dès 2005, E-santé en 2008 et 2010, portail d'administration routière et E-Residence en 2014, distribution automatique des prestations sociales aux familles et authentification digitale des actes notariés en 2020 et même contrat de mariage en ligne en 2022[193].
Avec une politique basée sur le numérique, l'Estonie devient très vite une destination pour les entrepreneurs et investisseurs du secteur au point d'être surnommée « la Silicon Valley de l'Europe » par la presse étrangère[194], Tallinn devient la ville avec le plus de start-ups par habitants au monde[195] et l'université de Tartu voit la création de plus de 50 entreprisesspin-off.[196] Bien qu'ayant parfois un siège à l'étranger, de nombreuses entreprises installent tout ou parties de leurs bureaux pour concevoir leurs produits depuis l'Estonie. Skype, Playtech, Glia, Veriff, ID.me, Gelato, Zego, Pipedrive, Bolt et Wise deviennent les 10 premières « licornes » estoniennes ou d'origine estonienne[197]. De nouvelles sociétés en lien avec l'innovation industrielle, la deep tech et l'intelligence artificielle telles que Starship Technologies, Cleveron, Auve Tech ou Skeleton, voient ensuite le jour en Estonie dans les années 2010.
L'Estonie est une démocratie libérale, dont le gouvernement a la forme d'une république. Les fondements de l'organisation politique et administrative de l'Estonie ont été énoncés pour la première fois par la la constitution de 1920, mais la constitution (põhiseadus) en vigueur date de 1992. Selon son article premier, « L'Estonie est une république démocratique indépendante et souveraine, où le pouvoir suprême appartient au peuple. L'indépendance et la souveraineté de l'Estonie sont intemporelles et inaliénables. »[208]
Organisation des pouvoirs
L'organisation des pouvoirs en Estonie est définie dans la constitution de 1992. L'Estonie possède un régime politique parlementaire comportant de nombreuses similarités avec ses voisins baltes et nordiques.
Le pouvoir législatif appartient au Parlement (Riigikogu, littéralement « Assemblée d'État ») formé d'une seule chambre formée de 101 députés élus tous les quatre ans au suffrage universel. L'élection prend la forme d'un scrutin proportionnel plurinominal avec listes ouvertes et vote préférentiel, conçu de manière complexe dans l'idée de rapprocher le plus possible les résultats en sièges à ceux du vote de la population[209],[210]. Dans les faits, l'obtention de la majorité absolue des sièges par un seul parti politique est souvent impossible, ce qui encourage la formation de coalitions comprenant plusieurs partis. Le représentant ou dirigeant de la coalition peut ainsi être nommé par le président pour former un gouvernement.
Le pouvoir exécutif appartient en premier lieu au Gouvernement de la République (Vabariigi Valitsus) représenté et dirigé par le Premier ministre (Peaminister, littéralement « ministre de tête ») . Le président de la République nomme un candidat-premier ministre (le plus souvent le représentant/dirigeant d'un parti ou d'une coalition majoritaire) qui doit ensuite être autorisé à former un gouvernement par le Parlement. Une fois nommés, les membres du gouvernement prêtent serment devant le Parlement. Le gouvernement est officiellement composé de 11 ministères ainsi que de la Chancellerie d'État (Riigikantselei) qui organise le travail gouvernemental[211].
Le chef de l'État est le président de la République (Vabariigi President) , également pourvu du pouvoir exécutif. Il se tient néanmoins écarté du gouvernement. Le président, au minimum âgé de 40 ans, est élu pour cinq ans par le parlement et ne doit appartenir à aucun parti ou mouvement politique durant son mandat. Il promulgue les lois après le vote par le parlement mais dispose néanmoins du droit de renvoyer un texte de loi au parlement, ou encore de consulter la Cour d'État pour en vérifier la constitutionnalité. Il dispose également d'un pouvoir spécial, notamment en cas d'état d'urgence ou de guerre, ainsi qu'un rôle de représentation[212].
Le pouvoir judiciaire, quant à lui, est séparé des deux autres, bien que le président de la République dispose d'un droit de grâce. Le système judiciaire estonien est divisé en trois niveaux: les tribunaux administratifs et de comtés en première instance, les cours d'appels de districts en seconde instance, et la Cour d'État (Riigikohus), aussi appelée Cour suprême, en dernière instance. L'ordre administratif du pouvoir judiciaire est assuré par le Conseil d'administration des tribunaux, dirigé par le Juge en chef de la Cour d'État[213]. La conformité des lois à la Constitution, la régularité des scrutins et, plus largement, le respect des institutions sont également contrôlés par la Cour d'État[214]. Le droit estonien est de tradition romano-civiliste de type germanique (austro-allemand)[215], et dispose que tout accusé, avant d'être condamné, est présumé innocent, et qu'une affaire peut être rejugée en appel sur demande d'une des parties.
L'Estonie est divisée en 79 collectivités locales d'un seul niveau: les communes (kohalik omavalitsus, littéralement « gouvernements-propres locaux »). 64 communes d'Estonie sont dites rurales (en estonien : vallad au pluriel, vald au singulier), 15 autres sont dites urbaines (linnad au pluriel, linn au singulier). Chaque commune est gérée par un conseil municipal (rural : vallavolikogu, urbain: linnavolikogu) élu par les habitants tous les 4 ans, qui élit le maire parmi ses membres et nomme les adjoints au maire[216]. Le maire (rural : vallavanem, urbain: linnapea) et ses adjoints forment le gouvernement (rural: vallavalitsus, urbain: linnavalitsus). Les communes ont leur propre budget et prélèvent des impôts locaux. Officiellement, les communes organisent les services sociaux, les activités culturelles et sportives, l'aide à la dépendance, le logement, la gestion de l'eau, la salubrité publique, l'ordre public, l'aménagement du territoire, l'urbanisme, les transports publics et prend en charge les équipements publics (écoles, bibliothèques, musées…) sauf si la loi estonienne confie ces services à un tiers[217].
Carte d'Estonie avec les limites des differentes communes.
Les communes ont souvent une surface très étendue avec parfois une très faible densité de population et incluent elles-mêmes ou une plusieurs localités (asustusüksus) qui peuvent être des villes (singulier linn, pluriel linnad), des bourgs (alev / alevid), des petits bourgs (alevik / alevikud) ou des villages (küla / külad). Des communes dites rurales peuvent inclure des localités urbaines et des communes dites urbaines peuvent inclure une ou plusieurs localités rurales[218]. La superficie actuelle des communes date de la réforme de fusion des communes de 2017, qui à fait passer leur nombre de 213 à 79[219].
L'Estonie est également découpée en comtés (maakonnad au pluriel, maakond au singulier) qui n'ont pas de rôle politique. Les premiers comtés correspondent aux territoires des premières tribus estoniennes, le développement du féodalisme et la christianisation sous domination allemande ont divisés le territoire en villes, paroisses (kihelkonnad au pluriel, kihelkond au singulier) et en domaines/manoirs. Les comtés réapparaissent sous domination suédoise. Sous le règne polonais, les régions du Sud sont des voïvodies. Sous l'Empire russe, les gouvernements germano-baltes d'Estlande et de Livonie sont divisés en arrondissements (en allemandkreis). Les comtés deviennent une entité territoriale propre lors de l'indépendance de l'Estonie à partir de 1918. Dissous lors de l'occupation soviétique, ils réapparaissent sous une nouvelle forme avec des compétences à partir de 1991. Dotés d'un gouvernement (maavalitsus) jusqu'à une réforme territoriale votée en 2017, les comtés ne conservent aujourd'hui qu'un rôle symbolique sans institution dédiée.
Le système politique estonien, basé sur un régime parlementaire et une volonté de large représentativité, donne un fort pouvoir législatif au moment de son élaboration, ce qui mène à la formation de 16 gouvernements successifs entre 1924 et 1934[220]. L'entre-deux-guerres est marquée par un fort soutien aux partis agrariensconservateurs et travaillistes patriotiques avec une percée populiste au milieu des années 1930[221]. Après 1934, une période de transition autoritaire avec l'interdiction temporaire des partis voit au contraire un déséquilibre des pouvoirs en faveur de l'exécutif[222], elle entraine la création d'une nouvelle constitution en 1938 avec notamment la création du poste de Président de la République[223].
À la fin des années 1980, la révolution chantante réveille la conscience nationale estonienne, jusque-là transmise uniquement dans le cadre privé du fait de la répression politique. Le rétablissement de l'indépendance entraine ensuite dislocation de grandes coalitions ayant participé au renouveau politique estonien telles que le Front populaire ou Union de la patrie entraîne une recomposition politique. La nouvelle constitution de 1992 offre un meilleur équilibre entre l'exécutif et le parlement, tout en conservant le rôle central ce dernier.
La vie politique de l'Estonie après la fin de l'occupation est marquée par des orientations libérales, à la fois sur le plan sociétal (liberté d'expression, pluralité des partis, liberté de la presse...) et économique (privatisations, ouvertures à la concurrence, politique favorable à l'entrepreneuriat...), avec néanmoins l'instauration de prestations sociales en parallèle. La plupart des coalitions au pouvoir depuis 1992 sont dominées par des formations de centre droit ou de droite libérale. Le Parti de la réforme gagne en soutien à partir du début des années 2000 et compte le plus de participations à des gouvernements, avec notamment les premiers ministres Siim Kallas, Andrus Ansip, Taavi Rõivas et Kaja Kallas[226]. Les plateformes récentes Parempoolsed (centre-droit à droite) et Estonie 200 (centre) se veulent être des alternatives au Parti de la réforme. Plus à droite se trouvent le parti Isamaa, héritier de l'Union de la Patrie[227], ainsi que l'Assemblée des Agriculteurs, plus minoritaire, qui se veut héritière des partis agrariens d'avant-guerre[228].
La fin des années 2010 est notamment marquée par une montée du populisme d'extrême droite du Parti populaire conservateur (EKRE), issus de la fusion d'anciens partis conservateurs[229]. Les dirigeants du parti sont ouvertement eurosceptiques, LGBTphobes, anti-immigration et suprémacistes blancs[230]. Le parti parvient à entrer dans la coalition gouvernementale de 2019 à 2021. Les multiples déclarations des ministres du parti font alors l'objet de nombreuses controverses dans le pays et participent à la démission du premier ministre en 2021[231].
Le principal mouvement de gauche est le Parti social-démocrate. Ayant pris part aux gouvernements à de nombreuses reprises, le parti soutien l'amélioration des services publics et l'aide au plus démunis, et se veut progressiste sur le plan sociétal[232]. Il a notamment milité en faveur de l'introduction du mariage pour tous en 2023. Le Parti vert est le principal parti écologiste du pays[233]. Le Parti du futur, beaucoup moins influent, est un mélange de mouvement agrarien et écologiste[234].
Le positionnement politique du Parti du centre d'Estonie, héritier du Front Populaire, est sujet à de nombreux débats. Officiellement affiché au centre-gauche, le Parti du centre est parfois perçu comme conservateur sur certains aspects[235],[236]. Il reçoit entre autres un large soutien des membres de la minorité russophone du pays, plutôt conservatrice[237],[238],[239],[240],[241],[242]. La ligne du parti fait l'objet de divergences internes qui entraînent le départ de plusieurs responsables fin 2023[243].
Il n'existe pas de parti politique ethnique notable en Estonie. En revanche, la politique d'opposition à l'invasion de l'Ukraine par la Russie du gouvernement en 2023 conduit en réponse à la création de micro-mouvements pro-russes très localisés à destination de la minorité russophone, comme Vasakpoolsed se réclamant du communisme[244],[245], ou encore le parti Ensemble (Koos)[246].
Depuis le rétablissement de l'indépendance, le taux de participation aux élections nationales stagne autour de 60%[247]. Le résultat des élections législatives de 2023 remportées par le Parti de la Réforme accentuent la polarisation entre la coalition gouvernementale (Réforme, Sociaux-démocrates, Estonie 200) vue comme progressiste d'un côté[248], et l'opposition (EKRE, Isamaa, Parti du centre) plus conservatrice de l'autre[249],[250].
En Estonie, l'enregistrement des partis et de leurs membres est rendu public et consultable par tous[251].
Depuis 2007, l'Estonie est le seul pays au monde à avoir complètement généralisé le vote par internet dans tous ses scrutins[252]. L'élection en ligne a lieu sous forme de vote anticipé la semaine précédant le jour de l'ouverture des bureaux de votes physiques[252]. Les électeurs ayant déjà voté en ligne peuvent alors remplacer leur choix précédent en votant depuis le bureau de vote physique[253],[254],[255]. Ce mode de scrutin a néanmoins été critiqué en raison de potentielles failles de sécurité, notamment dans une étude détaillée en 2014[256], la plateforme de vote en ligne fait néanmoins l'objet d'améliorations et mises à jour régulières dans ce domaine[257]. Le record de participation en ligne est atteint lors des Élections législatives de 2023 avec plus de la moitié des voix comptabilisées obtenues par le vote par internet[258].
Finances publiques
En Estonie, les prélèvements obligatoires représentaient 32,8 % du PIB en 2022[259], soit un taux presque identique à la moyenne des pays membres de l'OCDE, ce taux stagne[260]. Les cotisations sociales représentent près de 34,75 % du total, soit environ dix points de plus que la moyenne des pays de l'OCDE ; à l'inverse, l'Estonie est l'un des pays développés où les impôts sur le revenu et sur les sociétés représentent une part plutôt faible du total des prélèvements obligatoires[261].
Les dépenses publiques totalisent 41,5 % du PIB en 2022. Le déficit public a augmenté, atteignant 3 % du PIB en 2023[262].
La dette publique de l'Estonie s'établit à 18,5 % du PIB au milieu de l'année 2023, faisant de l'Estonie le pays le moins endetté de toute l'Union européenne[263]. Le record absolu de la dette publique est de 19,2 % du PIB en 2021, faisant suite à des emprunts contractés pour aider les entreprises et les ménages lors de la pandémie de Covid-19[264]. L'Estonie est tenue de respecter les critères du Pacte de stabilité et de croissance de la zone euro, qui limite le déficit budgétaire à 3 % du PIB et la dette publique à 60 % du PIB[note 3], ainsi que les critères du Pacte budgétaire européen de 2012 qui limite le déficit structurel à 0,5 % du PIB pour l'objectif budgétaire à moyen terme.
Les trois principales agences de notation financière attribuent aux obligations estoniennes des notes convenables sans toutefois jamais attribuer les notes maximales. La note de Moody's est la plus élevée de la catégorie moyenne-haute (A1), tandis que Standard & Poor's et Fitch attribuent les notes les plus faibles de la catégorie haute (AA-)[265],[266].
L'Estonie dépense chaque année depuis 2015 plus de 2 % de son PIB dans son armée selon les données du SIPRI[267]. Pour répondre entre autres, à la menace russe, l'Estonie a augmenté continuellement ses dépenses militaires depuis la fin de l'occupation en 1991, avec plus d'1 Milliard d'Euro, soit 2,73 % de son PIB en 2023[268]. Les forces armées estoniennes sont composés d'une armée de terre, d'une armée de l'air et d'une marine complétées par des unités logistiques de support, une police militaire, une académie militaire, des forces spéciales, un service de renseignement militaire et des unités de cyberdéfense[269].
Les forces de défense estoniennes se composent principalement de réservistes qui doivent avoir achevé le service militaire au cours des dix dernières années. Le service militaire dure généralement 8 ou 11 mois, est obligatoire pour les hommes âgés de 17 à 27 ans inclus, et volontaire pour les femmes[270],[271]. La partie active des forces armées se compose de 43 000 soldats, dont 4200 professionnels à plein temps. En comptant les réservistes et les appelés, l'armée estonienne dispose de 230 000 soldats mobilisables à tout moment, soit 20 % de la population[272]. Comme ses voisins lettons et finlandais, l'Estonie applique le principe de défense totale, à savoir l'implication de la société tout entière dans la protection du pays contre les agressions extérieures[273]. Elle compte entre autres pour cela sur sa propre organisation paramilitaire: la Ligue de défense estonienne qui prépare la population aux situations de combats et de crises. Elle compte près de 30 000 volontaires[274].
Soldate volontaire de la Ligue de défense lors d'un exercice (2023).
L'occupation de l'Estonie par l'URSS a été à l'origine de la militarisation de nombreuses localités telles que Tartu, devenue ville fermée, ou encore l'aéroport de Pärnu[275],[276]. Les derniers soldats de l'Armée rouge (devenue armée russe) ont quitté le territoire en 1994[277]. Une partie des installations, alors vétustes, ont été progressivement rénovées pour accueillir l'armée estonienne reconstituée.
L'Estonie possède d'une expertise reconnue dans le domaine de la cyberdéfense. Elle possède depuis 2006 une unité spécialisée, le CERT (en AnglaisComputer Emergency Response Team, littéralement « Équipe d'interventions rapides d'urgence informatique »), au sein de son administration[288]. Elle accueille depuis 2008 le Centre d'excellence pour la cyberdéfense en coopération de l'OTAN[186].
En 1995, l'Estonie signe un traité de libre-échange avec l'Union européenne et ouvre la question de son adhésion à cette dernière. Un autre accord d'harmonisation avec l'UE et déjà ratifié par la plupart des pays de l'ancien bloc de l'Est est signé en 1995. L'accord n'est ratifié par l'UE qu'en 1998, mais l'Estonie participe aux discussions stratégiques dès 1995 du fait de son développement économique prématuré. Les négociations d'adhésion se tiennent de 1999 à 2002, suivies par le traité d'adhésion et l'approbation par référendum en 2003, et l'entrée dans l'union européenne en 2004 aux côtés de 9 autres pays[293]. L'Estonie fait partie de l'espace Schengen depuis 2007, et de la Zone euro depuis 2011[294]. Sur la période 2021-2027, la contribution de l'Estonie au Budget de l'UE est de 320 millions d'Euros, en augmentation. Les fonds européens reçus par l'Estonie sont plus élevés que sa contribution à l'UE[295],[296]. Ce statut de bénéficiaire net pourrait toutefois évoluer après 2027[297]. Le siège de l'Agence européenne de gestion des systèmes d'information (EU-LISA) est situé à Tallinn depuis 2012[298]. L'Estonie a exercé la Présidence du Conseil de l'Union européenne dans la seconde moitié de l'année 2017[299].
La République d'Estonie est reconnue par la plupart des pays du monde. En 2022, elle entretient des relations diplomatiques avec 191 pays et possède 41 ambassades[313]. Elle est également représentée auprès des grandes organisations internationales dont elle fait partie telles que l'ONU et l'UE.
Les représentations diplomatiques dans les pays du Bloc de l'Ouest sont les seules administrations estoniennes à ne pas être passées sous contrôle soviétique lors de l'invasion[320]. Les légations à l'étranger maintiennent un embryon d'État estonien, en particulier depuis les villes de Londres et New York, et continuent de délivrer des passeports et d'aider les estoniens réfugiés[321]. Pendant cette période, l'Estonie est le seul des trois pays baltes à posséder un gouvernement en exil, non reconnu à l'étranger, mais qui maintient la continuité constitutionnelle de la République jusqu'au rétablissement de son indépendance[322],[323].
Après 1991 et la fin de l'occupation, la politique étrangère de l'Estonie est marquée par une volonté de réintégration dans l'espace politique et économique européen et plus largement occidental, ainsi qu'une sortie rapide de la sphère d'influence de la Russie, perçue comme une menace pour sa souveraineté,[324],[325]. Les deux pays maintiennent néanmoins une coopération transfrontalière minimale malgré un désaccord sur les frontières[326],[327],[328]. L'Estonie travaille à sensibiliser l'opinion internationale en témoignant des conséquences de l'impérialisme russe et soutient les pays menacés ou attaqués par la Russie, ce qui a pour effet de régulièrement détériorer les relations avec cette dernière[329],[330]. L'Estonie réagit à l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022 en apportant à l'Ukraine la plus forte aide rapportée au PIB parmi les pays alliés[331],[332].
L'Estonie entretient de proches relations avec les pays nordiques via le format Nordic-Baltic Eight, avec lequel elle mutualise une partie de ses activités diplomatiques[333],[334],[335],[336]. Elle entretient des liens plus étroits avec la Finlande avec laquelle elle partage une culture similaire, et dans une moindre mesure avec la Suède, dont l'Estonie est une ancienne colonie[337],[338],[339]. À partir de 1999, l'Estonie revendique son identité nordique, bien qu'elle ne fasse pas partie du groupe des pays nordiques constitué lorsque l'Estonie était sous occupation[340],[341].
De nos jours, l'Estonie fournit des services d'assistance et d'expertise en administration numérique à d'autres États et gouvernements dans le monde, ce qui lui permet de d'acquérir un certain soft power[342],[343],[344]. Le pays aide ainsi au développement des systèmes d'informations souverains de divers pays, notamment en Afrique[345],[346]. Elle collabore également avec d'autres pays européens comme l'Ukraine, ou encore des organismes internationaux comme l'Organisation mondiale de la santé[347],[348]. L'Estonie possède elle-même une ambassade digitale au Luxembourg à la suite d'un partenariat entre les deux pays[349],[350]. Elle héberge une partie des données souveraines de l'Estonie et permet de les préserver en cas d'éventuelle invasion.
L'Estonie dépense 0,16 % de son PIB dans des programmes humanitaires et d'aide au développement et se donne pour objectif d'augmenter sa participation à 0,30 % en 2030[351].
Symboles nationaux
Les symboles actuels de l'Estonie datent de son indépendance au début des années 1920 et proviennent tant de son origine indigène fennique que des influences allemandes et scandinaves sur le pays.
Le drapeau national est constitué de trois bandes horizontales superposées de couleurs bleue (haut), noire (milieu) et blanche (bas). Le format du drapeau trouve sa source dans la tradition germanique des associations d'étudiants pendant la domination allemande de cette région (alors partie de l'Empire russe) au XIXe siècle. Le drapeau est d'abord celui de la Société des étudiants estoniens de l'université de Tartu avant de devenir le drapeau ethnique du peuple estonien. Le drapeau est installé devant chaque bâtiment lors des fêtes nationales et son utilisation fait l'objet de règles strictes énoncées dans une loi de 2005[352]. Des modifications du drapeau incluant une croix scandinave pour rappeler l'identité nordique de l'Estonie ont plusieurs fois été proposées sans succès[353],[354].
Les armoiries de l'Estonie sont le symbole officiel de l'état estonien. Elles représentent trois lions bleus l'un sur l'autre. Elles trouvent leur source dans les armoiries de Tallinn et de l'ancienne province d'Estlande, elles-mêmes basées sur les armoiries du Danemark, dont la région et la ville sont des anciennes colonies. Les armoiries font également l'objet d'une loi spécifique datant de 2001[355].
Lors de l'occupation soviétique, les trois symboles de l'État estonien sont interdits et leur utilisation est punie de déportation ou d'une peine de prison[363]. Les estoniens chantent néanmoins un hymne non officiel Mu isamaa on minu arm lors des démonstrations publiques et trouvent des moyens détournés pour montrer les couleurs nationales[364],[365].
D'après le Statistikaamet, 1 366 491 habitants vivent en Estonie au [366]. D'après Eurostat la population de l'Estonie représente 0,3 % de la population de l'Union européenne[367]. Au , 453 864 personnes, soit plus de 33 % d'entre eux, vivent dans la capitale Tallinn[368].
L'Estonie organise des recensements environ tous les 10 ans, y compris pendant l'occupation soviétique. Le dernier grand recensement date de 2021[369].
L'Estonie connait des variations brutales de population tout au long de l'histoire en raison des multiples guerres, invasions étrangères, famines et épidémies. L'Estonie passe de 240 000 à 100 000 habitants après la Guerre de Livonie au Moyen Âge. La population atteint environ 350 000 habitants à la fin du XVIIe siècle, mais est touchée par une grande famine, une épidémie de peste et la Grande guerre du Nord, réduisant à nouveau sa population à 150 000 habitants en 1712. L'absence de guerre et le développement du commerce au XIXe siècle porte la population à 730 000 en 1850. L'Estonie en plein processus d'indépendance vis-à-vis de l'Empire russe connait ensuite une transition démographique, quoique freinée par la première guerre mondiale. Le pays vit aussi à cette époque un Exode rural, bien que la majorité de la population vive encore dans les campagnes jusqu'à l'entre-deux-guerres[370].
La Seconde Guerre mondiale, les déportations puis la colonisation russe ethnique durant l'occupation soviétique changent drastiquement la composition de la population du pays. En 1953, la colonisation russe porte la population à un niveau similaire à celui d'avant-guerre. La population d'Estonie atteint un pic à plus d'1,5 million d'habitants en 1989 avant de baisser progressivement après la dislocation de l'URSS et le départ de certains colons russes. En 2015, la population atteint son plus bas niveau depuis le rétablissement de l'indépendance avec 1,313 million de personnes[371]. La population augmente à nouveau légèrement chaque année depuis 2016, principalement en raison de l'immigration[372],[373].
Dans des projections allant jusqu'à l'année 2080, l'office des statistiques d'Estonie prévoit une stagnation ou une baisse progressive de la population selon différents scénarios incluant la fécondité et l'immigration[374].
L'augmentation de l'espérance de vie moyenne en Estonie est la plus rapide de toute l'Union européenne. L'espérance de vie moyenne est de 78,82 ans, et reste néanmoins en dessous de la moyenne européenne, et connait un écart important entre les sexes: les hommes vivent en moyenne 8,4 années de moins que les femmes[375],[376].
Citoyenneté, minorités nationales et migrations
Nationalité ethnique et minorités nationales
La République d'Estonie reconnait une distinction entre la citoyenneté (ou nationalité politique) et la nationalité ethnique (ou culturelle) d'un individu. Les résidents d'Estonie peuvent déclarer leur appartenance ethnique lors des recensements. L'État publie des statistiques ethniques et donne à partir de 1925 un cadre spécifique aux minorités nationales. La loi sur l'autonomie culturelle de 1993 considère comme minorité nationale un groupe ethnique distinct des estoniens ayant des liens durables avec le pays, et permet aux membres de ces minorités de conserver leurs spécificités (langue, culture, religion...)[377]. Le ministère de la Culture recense 211 groupes ethniques différents sur le territoire national[378].
Les minorités nationales historiques d'Estonie (Allemands de la baltique, Suédois d'Estonie, Juifs, Lettons et Russes baltes) formaient ensemble environ 12 % de la population avant la Seconde Guerre mondiale[379]. Les invasions allemandes et soviétiques pendant la guerre entraînent le déplacement des allemands, la fuite des suédois et l'extermination des juifs. Pendant l'occupation soviétique, la colonisation de peuplement augmente fortement le nombre de Russes ethniques, atteignant 30,3 % de la population totale en 1989. Ils bénéficient alors d'un système de ségrégation sociale mis en place par les autorités et disposent de leurs propres quartiers, écoles et institutions dans leurs propres langues ainsi que d'emplois plus attractifs[380]. Les russes ethniques perdent leurs privilèges lors du rétablissement de l'indépendance en 1991 et se retrouvent ainsi marginalisés en raison de leur faible intégration dans la société[381]. La situation des russes ethniques fait encore de nos jours l'objet de nombreux débats et controverses en Estonie. Néanmoins, cette minorité s'intègre progressivement et sa culture et son mode de vie tendent à converger avec ceux des Estoniens ethniques[382].
Citoyenneté
Passeport de citoyen estonien (2021).
Passeport délivré aux personnes à la citoyenneté indéterminée.(2021).
L'accession à la citoyenneté estonienne repose sur le droit du sang: un individu l'obtient dès sa naissance si au moins un des parents est citoyen estonien. Ainsi, lors du rétablissement de l'indépendance en 1991, les citoyens estoniens de l'entre-deux-guerres et leurs descendants (quel que soit leur groupe ethnique/appartenance à une minorité nationale) ont pu obtenir ou récupérer automatiquement la citoyenneté[383]. En 2021, 1 128 433 habitants du pays sont des citoyens estoniens, soit environ 80 % de la population[384]. Il est possible d'acquérir la citoyenneté du pays par naturalisation[385]. Cependant, l'Estonie n'accepte pas la possession de la double citoyenneté pour les citoyens naturalisés[386],[385].
Après 1991, l'Estonie indépendante refuse de donner de manière automatique la citoyenneté estonienne aux ex-citoyens soviétiques arrivés lors des déplacements de populations organisés par l'URSS. L'Estonie invoque alors la transgression par l'URSS de l'article 49 de la Quatrième convention de Genève interdisant à une puissance occupant un territoire d'y transférer sa population civile, et le principe de droit internationalEx injuria jus non oritur (« les actes illégaux ne font pas loi »)[387],[388],[389],[390].
Parmi les ex-citoyens soviétiques et leurs descendants, 180 000 personnes (souvent d'ethnie russe, biélorusse ou ukrainienne) sont devenus des citoyens estoniens via les procédures régulières de naturalisation depuis 1991[384]. Près de 80 000 ex-citoyens soviétiques résidents ont choisi la citoyenneté russe et vivent en tant qu'étrangers sur le sol estonien. Près de 60 000 autres n'ont engagé aucune procédure de naturalisation depuis 1991, et ont depuis obtenu par défaut le statut controversé de personnes à la citoyenneté indeterminée. Leurs descendants bénéficient néanmoins de facilités pour obtenir la citoyenneté estonienne[383],[384].
Migrations, populations étrangères et diaspora
À partir des années 2010, l'Estonie met en place diverses mesures pour attirer les étudiants, entrepreneurs et employés qualifiés du monde entier, l'origine des immigrants tend depuis à se diversifier[384]. Le pays comptait en 2021 20 000 citoyens de l'Union européenne (hors Estoniens) dont des Lettons (5 038), Finlandais (4 677), Lituaniens (1 871), Allemands (1 796), Français (1 300) et Italiens (1 267)[391]. Le nombre de citoyens ne venant ni d'UE, ni des pays slaves orientaux (Russie, Ukraine, Bélarus) passe de 6 885 en 2018 à 17 052 en 2023[384]. En 2021, l'Estonie comptait ainsi plus de 2 000 ressortissants africains, dont la moitié venant du Nigeria, et près de 7 000 asiatiques dont 1 300 Indiens[391]. Enfin l'Estonie compte près de 2 000 personnes provenant d'Amérique, dont 855 ressortissants des États-Unis[391].
Selon Eurostat, l'Estonie possède en 2014 la quatrième plus forte proportion d'étrangers et non-nationaux parmi les pays de l'Union européenne, derrière le Luxembourg, Chypre et la Lettonie[392]. À partir de 2015 le population augmente grâce à l'immigration, ce qui lui permet de compenser la faible natalité[393]. En 200 595 habitants du pays étaient nés à l'étranger, soit environ 15 % de la population[394]. À la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, près de 121 000 Ukrainiens, ont fui la guerre en passant par l'Estonie où ils bénéficient d'une protection temporaire[395],[396]. La population d'Ukrainiens installés de manière permanente en Estonie passe de 15 934 en 2022 a 48 712 personnes en 2023[384].
L'Estonie a connu plusieurs vagues d'émigrations, notamment lors des différentes guerres et invasions. Le ministère des Affaires étrangères estime à 200 000 le nombre de personnes d'origine estonienne à travers le monde, et mène une politique active de lien avec la diaspora estonienne[397]. La Finlande voisine compte environ 50 000 Estoniens, tandis que la Suède, les États-Unis et le Canada comptent chacun entre 20 000 et 30 000 citoyens estoniens[398],[399],[400]. Toronto est la ville qui compte le plus d'Estoniens à l'étranger, elle héberge les organisations et réseaux d'Estoniens les plus actifs[401],[402].
En 2022, le taux de fécondité en Estonie est d'environ 1,41 enfant par femme, en baisse depuis 2018[403].
Du Moyen Âge jusqu'au XVIIIe siècle, les indigènes estoniens sont décrits comme ayant des mœurs plus libres concernant les relations sexuelles prénuptiales que les autres populations vivant sur le territoire[404]. Pendant l'occupation soviétique, les relations hors-mariages sont dissimulées car non-acceptées par la société. L'absence de politique de santé sexuelle à destination de la population et d'accessibilité des moyens de contraception engendre alors un taux de naissance élevé dans la jeunesse ainsi qu'un usage abusif d'Interruptions volontaires de grossesse (autorisées en 1995) et une prolifération des maladies sexuellement transmissibles[405],[406],[407].
Le rétablissement de l'indépendance de l'Estonie en 1991 génère plusieurs mutations dans les familles estoniennes. À partir de 1996, l'État met en place une politique active de prévention et d'éducation sexuelle, faisant chuter drastiquement le taux de naissance et d'avortements[408]. Le taux de mariage pour 1 000 habitants chute brutalement pour ensuite stagner entre 4 et 5[409]. En 2022, le taux de mariage est de 5,27 mariages pour 1 000 habitants, un chiffre plus élevé que la moyenne européenne (4,2)[410]. Le taux de divorce connait un pic dans les années 1990 avant de redescendre a entre 1 et 2 divorces pour 1 000 habitants[409]. La majorité sexuelle est fixée à 16 ans depuis 2022[411]. Depuis 2014, l'Estonie reconnait l'union civile comme forme d'alternative au mariage, néanmoins les décrets d'application ne sont pas votés en même temps, créant des vides juridiques multiples jusqu'en 2023[412].
L'Estonie indépendante d'avant-guerre applique les anciennes règles de l'Empire russe contre l'homosexualité jusqu'en 1929, date à laquelle les relations homosexuelles sont légalisées[413],[414],[415]. L'homosexualité est bannie par Staline pendant l'occupation soviétique, puis classée comme maladie mentale jusqu'à la révolution chantante à la fin des années 1980, ou se tiennent les premières réunions et conférences sur les minorités de genre[416],[417]. Les droits des personnes LGBT s'améliorent progressivement dans l'Estonie indépendante, entres autres grâce au militantisme[418],[417]. Les lois contre la discrimination, reconnaissant les unions de couples de même sexe à l'étranger, l'adoption pour les couples homosexuels et le droit de changer de genre à l'état civil pour les personnes transgenres sont votées dans les années 2010[419]. Le mariage homosexuel est autorisé à partir de 2024[420],[421]. Sur les questions LGBT, l'Estonie est de nos jours perçu comme le pays le plus progressiste et libéral parmi les pays d'Europe centrale et orientale, souvent dominés par le conservatisme[422],[423],[424],[419]. Il existe néanmoins des différences entre les générations, les populations plus jeunes étant en moyenne plus tolérantes que les personnes âgés[425].
Dans la société indigène estonienne médiévale, les femmes disposent de droits significatifs, comme le droit d'hériter des terres[426]. Le patriarcat s'impose progressivement, en raison de l'européanisation/christianisation de la société, ainsi l'élite nationaliste estonienne du XIXe siècle est dominée par les hommes[427]. Selon l'Institut européen pour l'égalité (EIGE), l'Estonie possède de nos jours un index d'égalité de genre de 60/100 en 2023, faisant de l'Estonie l'un des pays d'Europe avec le moins d'égalité entre les sexes[428]. Non-documentées et largement ignorées pendant l'occupation soviétique, les violences domestiques et/ou sexuelles à l'égard des femmes et des mineurs sont un fléau dont la prise en charge par les autorités n'a réellement débuté qu'à partir du début des années 2000[429]. Si l'Estonie est l'un des rares territoires de l'ancien Bloc de l'Est à avoir pris des mesures pour lutter contre les violences, elles restent néanmoins largement en deçà des politiques menées en Europe de l'Ouest[430].En outre, l'écart de salaire entres hommes et femmes s'élève à 19 %, la moyenne des pays de l'OCDE étant 12 %[431]. L'un des facteurs d'inégalité est entre autres l'inégalité de temps entre les congés maternités (l'un des plus long en Europe) et les congés paternités entraînant des répercussions sur les carrières professionnelles[432],[433]. L'Estonie mène néanmoins une politique active contre les inégalités des genres, qui tendent à se réduire[431],[434],[435].
L'estonien est la langue officielle de l'Estonie et est parlée par 84% de la population (dont 67% en tant que langue maternelle)[436],[437]. La Loi sur les langues de 2011 donne à l'État la responsabilité de préserver la langue estonienne ainsi que ses dialectes régionaux[437]. L'usage de l'Estonien est régi par le Conseil de la langue estonienne (Eesti keelenõukogu)[437]. L'Estonie mène une politique active de protection de sa langue dans l'espace public via différentes lois (notamment inspirées de la Loi 101 de protection du français au Québec) et dispose d'une administration dédiée, le Keeleamet[438]. L'Estonie reconnait également l'usage de la Langue des signes estonienne[437],[439]. Malgré un fort attachement à la langue nationale, l'Estonie reste marquée par un fort multilinguisme: En 2021, 240 langues maternelles étaient recensées à travers le pays et 76% des habitants maitrisaient au moins une langue étrangère[436],[440].
Seuls pays au monde a posséder des langues officielles fenniques, l'Estonie et la Finlande sont engagées dans la préservation des langues et des cultures indigènes fenniques (et plus largement finno-ougriennes et ouraliennes) présentes en Estonie, Finlande, Lettonie, Scandinavie, ainsi qu'en Russie ou elles sont réprimées[441],[442],[443],[444],[445],[446]. Le Finnois, cousin de l'Estonien, est par ailleurs la quatrième langue la plus parlée du pays, avec 10,7% de locuteurs dans la population[440].
L'Estonien du Nord et l'Estonien du Sud formaient deux groupes de langues distinctes au Moyen Âge[447]. L'Estonien du Nord du pays a ensuite gagné en influence grâce au développement de l'imprimerie dans la région, puis s'est imposé comme norme pour l'Estonien standard au XIXe siècle, y compris à Tartu, foyer intellectuel du pays pourtant situé au Sud[447]. Les langues sud-estoniennes, dont les peuples Võros et les Setos comptent le plus grand nombre de locuteurs, sont officiellement considérés comme des dialectes[448]. Du Moyen Âge au XIXe siècle, les langues indigènes se mélangent aux langues et dialectes des colons allemands et scandinaves. Ainsi l'Estonien a reçu une très forte influence de l'allemand et des langues germaniques au sens large, notamment dans son vocabulaire et sa grammaire[449],[450].
La langue allemande a été largement parlée en Estonie jusqu'au début du XXe siècle et le départ des allemands ethniques. En 2021, l'allemand est parlé par 6,9% de la population et subsiste encore largement dans les noms propres des personnes et des lieux à travers le pays[451],[452],[453],[440].
Initialement peu développé sur un territoire germanisé pendant des siècles, l'enseignement du Russe y est imposé à partir de la russification de l'Empire à la fin du XIXe siècle, puis est rendu à nouveau obligatoire pendant l'occupation soviétique. D'après le recensement de 2021, le russe est parlé par 66,6% de la population d'Estonie, mais est associé à l'impérialisme de la Russie, et son usage et son apprentissage sont progressivement abandonnés par la population estonienne indigène[454],[455],[456],[457],[440]. Le russe est cependant encore largement utilisé au sein de la minorité russe ethnique[440].
Avec 47% de locuteurs dans la population, l'anglais est la langue étrangère la plus largement comprise, parlée et apprise par la jeunesse, et remplace le russe en tant que seconde langue pour les générations d'Estoniens nés après le rétablissement de l'indépendance[440],[458],[459]. En plus de l'anglais et des trois langues historiques du pays (Estonien, Russe et Allemand), le Français est enseigné dans de nombreuses écoles, l'Estonie étant membre observateur de l'Organisation internationale de la francophonie[460].
L'article 40 de la Constitution de 1992 garantit aux individus et organisations la liberté de conscience, de religion et de croyance[461]. La République d'Estonie n'a pas de religion d'État, mais reconnait l'organisation des cultes et leur fournit un cadre juridique via la loi sur les églises et congrégations de 2002[462],[463]. Certaines missions liées à l'État civil, comme l'enregistrement des mariages, peuvent être assurées par des congrégations religieuses via des accords avec le ministère de l'Intérieur[464],[465]. L'Estonie est un des rares pays en Europe ou la religion historique dominante (protestantisme luthérien) est différente de la religion majoritaire en nombre d’adeptes (orthodoxie)[466],[467].
En 2021, 58,4 % de la population déclarait n'appartenir à aucune religion et en 2009, seuls 14 % des habitants déclaraient que la religion avait une place importante dans leur vie[468]. De ce fait, l’Estonie est le pays le moins religieux du monde en terme d'appartenances déclarées[469],[470],[471].
Les premières populations d'Estonie pratiquent initialement des rites païens autour de pierres ou de bosquets sacrés[472],[473]. Ils prient ensuite leurs propres divinités liées à la religion nordique ancienne, du fait des échanges avec les peuples scandinaves pendant l'Âge des Vikings. Le catholicisme des colons allemands apporté lors les croisades baltes du XIIIe siècle est massivement remplacé par le protestantismeluthérien, venu directement d'Allemagne continentale à partir du XVIe siècle, puis renforcé par la conquête suédoise à partir du XVIIe siècle, avec une parenthèse piétiste[474]. Du fait de la séparation sociale avec l'élite allemande, les paysans estoniens ne sont pas complètement convertis et certains continuent de pratiquer des rites païens en parallèle, créant des formes de syncrétismes[475],[474].
A partir du XIXe siècle, les nationalistes estoniens cherchent à s'émanciper des croyances venues de l'extérieur et créent leur propre religion néo-païenne à la fois basée sur les pratiques folkloriques anciennes et sur l'invention artificielle de nouveaux dieux, créant un panthéon et une mythologie[476]. Dans l'Estonie indépendante de l'entre-deux-guerres, près de 80 % des estoniens se déclarent toujours luthériens, mais seulement 27 % d'entres eux déclarent participer activement à la vie des congrégations[477],[478]. Les invasions allemandes et soviétiques pendant la Seconde Guerre mondiale conduisent les membres du clergé à fuir le pays[478]. Pendant l'occupation soviétique, les croyances religieuses sont rejetées par le pouvoir soviétique, qui cherche à y imposer son idéologie[478]. L'église luthérienne connait alors un fort déclin dans les années 1970[478].
Les religions connaissent un léger regain d’intérêt au moment du rétablissement de l'indépendance, même si la société est en très grande majorité laïcisée[478]. Les membres de la minorité russe ethnique, plus croyants et conservateurs, retrouvent l'église orthodoxe qui devient la première religion du pays en nombre d'adhérents. La religion luthérienne domine néanmoins toujours la culture et la société estonienne: une grande partie du patrimoine bâti religieux, des traditions ainsi que les fêtes et jours fériés sont luthériennes, à la manière des pays voisins (Finlande, Suède et Lettonie).
L'Estonie compte aujourd'hui une large diversité de religions minoritaires telles que les Catholiques, les Orthodoxes vieux-croyants, les Juifs d'Estonie, les néo-païens, les Bouddhistes, les Musulmans ou encore d’autres branches du protestantisme (Baptistes, Pentecôtistes...). Les syncrétismes entre les croyances païennes indigènes et les religions chrétiennes sont encore présentes de nos jours chez les peuples autochtones Setos (orthodoxes) et Võros (luthériens) dans le Sud du pays. Par ailleurs, les Témoins de Jéhovah sont considérés comme une religion en Estonie.
La sécularisation puis l'ouverture et la libéralisation du pays après 1991 voit apparaître une forme consumériste de la spiritualité[479],[480],[481]. Des croyances multiples inspirées du néo-paganisme estonien se mélangent aux pratiques répandues dans le monde occidental basées sur le New Age ou l'Ésotérisme[480]. L'Estonie compte de nos jours une forte concentration d'entrepreneurs proposant des activités basées sur ces croyances, notamment des pseudo-médecines comme le Reiki ou la médecine chinoise[482],[483].
Éducation
L'origine du système d'éducation formelle en Estonie remonte aux premières écoles religieuses fondées pendant la colonisation allemande au Moyen Âge à destination des Allemands-baltes. Par la suite, le règne suédois du XVIIe siècle et le développement de la pensée protestante parmi les allemands encourage l'accès à l'instruction pour les paysans autochtones[484]. Ainsi, aux XVIIIe et XIXe siècles, les indigènes estoniens comme les germano-baltes font partie des peuples avec le plus fort taux d'alphabétisation de tout l'Empire russe: plus de 90% des habitants des provinces d'Estlande et Livonie savent lire et écrire, alors que les trois quarts de la population totale de l'Empire sont analphabètes[485],[486].
L'éducation en Estonie est historiquement associée à la ville de Tartu, lieu de fondation des premières écoles notables et siège de la principale université du pays et du ministère de l'Éducation et de la Recherche[487].
D'après Eurostat, les dépenses d'éducation représentent 6,4 % du PIB, faisant de l'Estonie le quatrième pays européen en la matière après l'Islande, la Belgique et la Suède[488],[489]. La politique de l'éducation est assurée par le gouvernement via le ministère, qui détermine les objectifs et la durée des études, la liste des matières obligatoires (incluant le nombre de leçons et leur contenu), les options et les conditions de sélection des matières, ainsi que les exigences de calendrier et d'obtention du diplôme[490],[491]. Depuis le rétablissement de l'indépendance, le système estonien est caractérisé par une importante autonomie accordées aux écoles, qui sont libres d'élaborer leurs propres programmes sur la base des standards établis par le ministère[492],[493],[490]. Depuis 2002, la politique éducative de l'Estonie tend à développer l'apprentissage par la pratique et l'acquisition de compétences tout au long de la vie[490].
Le financement, la gestion des écoles publiques (incluant la restauration scolaire et le recrutement des professeurs) est assurée en priorité par les communes[494]. Il existe cependant des écoles d'État, directement financées et gérées par ce dernier, ainsi que des écoles privées[495]. Si le système éducatif a été largement modifié pendant l'occupation soviétique, la vie scolaire et étudiante estonienne après le rétablissement de l'indépendance reste imprégnée de l'héritage culturel allemand et nordique. On y retrouve ainsi les journées de cours se terminant tôt dans l'après-midi, les gymnases, le format des cours de 45 minutes (héritage du quart d'heure académique) ainsi que les associations étudiantes de type Corps et Studentenverbindung.
L'éducation préscolaire est dispensée dans des écoles maternelles (appelées Lasteaed, « jardin d'enfants ») ouvertes à partir de 1,5 an et jusqu'à sept ans. Si l'éducation n'est pas obligatoire avant sept ans, 94 % des enfants entre quatre et sept ans participent déjà aux activités des jardins d'enfants selon le ministère[496].
L'éducation basique (Põhiharidus) est gratuite, obligatoire et concerne les classes 1 à 9 (de 7 à 16 ans). L'enseignement basique se veut être assez uniforme entre les différentes écoles et se termine par un examen de trois épreuves standardisées avec deux matières obligatoires: mathématiques, littérature estonienne (ou seulement langue estonienne dans les écoles de langue russe). Le troisième examen se fait au choix entre différentes matières[497].
Le Lycée Hugo-Treffner de Tartu (gauche) et le Lycée Gustav Adolf de Tallinn (droit), ayant parmi les plus hauts de taux de réussite aux examens nationaux.
L'enseignement secondaire (Üldkeskharidus), gratuit mais non-obligatoire, concerne les classes de niveau 10 à 12 (e 16 à 18-19 ans) et est dispensée dans des lycées (Gümnaasium) ou dans des écoles de formation professionnelle[490]. Certains lycées se spécialisent dans des matières spécifiques, tandis que d'autres sont sélectifs et incluent des examens d'entrée, créant un phénomène de concurrence scolaire[498]. L'enseignement secondaire général se conclut par un examen de fin d'études avec trois épreuves nationales standardisées, une épreuve propre à l'école ainsi que des travaux pratiques. Si 70 % des élèves se tournent vers l'enseignement secondaire général, 26 % des élèves vont dans des écoles de formation professionnelles[499]. La politique actuelle tend néanmoins à créer des passerelles les deux systèmes (général et professionnel).
L'Estonie compte 19 établissements d'enseignement supérieur (Kõrgharidus), tous suivant les standards européens (Processus de Bologne), dont 6 universités publiques[500]. La plus ancienne et reconnue d'entre elles est l'Université de Tartu, autrefois épicentre de l'influence germanique sur le territoire puis berceau du nationalisme estonien au XIXe siècle. L'université de Tartu est classée à la 358e place mondiale (sur 1499 établissement) selon le classement mondial des universités QS[501]. L'université de technologie de Tallinn, fondée lors de l'indépendance en 1918, est également reconnue pour son apport à l'économie estonienne, notamment dans le domaine des technologies de l'information. L'enseignement supérieur est gratuit pour les étudiants à plein temps suivant un cursus en langue estonienne. L'état propose sous conditions, des allocations à destination les étudiants citoyens ou résidents estoniens sans ressources[502].
L'Estonien est appris de manière obligatoire dans toutes les écoles publiques et est utilisé comme langue d'apprentissage dans la majorité d'entre elles. Héritage de l'occupation soviétique, certaines écoles de quartiers à majorité russophone utilisent encore le russe comme langue d'apprentissage dans une partie des enseignements. Le manque de connaissance de l'Estonien en milieu scolaire subsiste et constitue un frein à l'intégration des jeunes générations de russophones dans la société estonienne, sur le marché du travail, dans l'espace public et dans la sphère informationnelle[503]. En 2022, le gouvernement décide en conséquence de généraliser l'emploi de l'Estonien comme langue d'apprentissage dans ces écoles via une période de transition entre 2024 et 2030[504],[505]. Néanmoins, les cours de langue russe restent largement répandus et accessibles[506]. Il existe également des écoles internationales spécialisées publiques ou privées comme l'École européenne de Tallinn ou les lycées allemands, anglais et français de Tallinn.
Selon les enquêtes PISA menées parmi les pays de l'OCDE, l'Estonie figure régulièrement comme le meilleur pays européen pour l'acquisition des savoirs en mathématiques, sciences et compréhension écrite[507]. D'après les évaluations, l'Estonie est l'un des pays de l'OCDE ou le contexte socio-économique a l’impact le plus faible sur les performances des élèves[508].
Malgré une efficacité générale positive relayée par la presse étrangère, le système éducatif estonien rencontre plusieurs difficultés[509]. Le pays souffre notamment d'une pénurie chronique d'enseignants,[510],[511]. En outre, les enseignants en poste dénoncent régulièrement des conditions de travail difficiles et une faible reconnaissance, au point d'organiser en 2024 le premier mouvement de grève de grande ampleur depuis le rétablissement de l'indépendance[512],[513],[514],[515],[516],[517]. Il existe en outre des écarts de niveau entre les écoles de langue estonienne et les écoles de langue russe, généralement moins performantes[508].
Santé et protection sociale
Protection sociale
L'Estonie indépendante depuis 1918 utilise d'abord un système social hérité de l'Empire russe[518]. L'embryon d'État-providence est alors basé sur un système d'assurance sociale contributive ressemblant au système allemand bismarckien, et ne concerne qu'une minorité d'employés[518],[519]. Un système de pension pour les fonctionnaires apparait en 1924, suivi en 1936 par la création d'une assurance pour les accidents du travail chez les agriculteurs, jusque-là écartés des régimes sociaux[518]. L'instauration d'allocations pour les familles, personnes âgées, malades ou invalides est décidée en 1939, mais leur implémentation est interrompue par l'occupation soviétique de 1940[518]. Pendant l'occupation, les citoyens bénéficient du système soviétique très redistributif et d'une couverture universelle pour la vieillesse, la maladie, l'invalidité et les familles, les niveaux de prestations étant cependant peu élevés[519]. Si la politique sociale de l'URSS a généralement favorisé l'égalité entre les différentes classes sociales, le système était néanmoins plus avantageux pour les membres de la nomenklatura[519].
Après le rétablissement de l'indépendance, l'Estonie conserve le principe d'une couverture universelle, mais minimale en comparaison de ses voisins baltes, la priorité des gouvernements successifs des années 1990 et 2000 étant de rétablir rapidement la croissance économique pour améliorer le niveau de vie[519]. L'Estonie développe les branches de son système de protection sociale dans un second temps, suivant entre autres les recommandations de la Banque mondiale, du FMI, de l'Union européenne, et dans une moindre mesure le modèle social nordique[519].
D'après les données du Statistikaamet, l'Estonie dépense en 2022 près de 5,74 milliards d'Euros, soit environ 16 % de son PIB pour la protection sociale[520]. L'Estonie est confrontée à une légère augmentation de ses dépenses sociales chaque année, notamment due au vieillissement de sa population et l'augmentation du nombre de retraités (23,8 % de la population en 2024)[520]. Le premier pilier de retraite est financé par répartition via la taxe sociale, tandis que les second et troisième piliers sont financés par capitalisation via des placements coordonnés par l'état dans des fonds privés[521]. La contribution au second pilier est obligatoire depuis 2021, tandis que le troisième pilier est facultatif[522]. Depuis 2017, l'âge légal de la retraite est de 65 ans, mais sera revu tous les ans et corrélé à l'espérance de vie moyenne à partir de 2027[523].
L'assurance-chômage est financée via les cotisations des employeurs et salariés. Les allocations chômages sont versées sous conditions par la caisse de chômage (Töötukassa)[524].
En dehors des caisses chômage, maladie et retraites complémentaires, le système de protection sociale est directement financé et supervisé par l'état via le ministère des Affaires sociales . L'Office de l'assurance sociale (Sotsiaalkindlustusamet), dépendant du ministère des Affaires sociales, est notamment chargé du versement d'allocations spécifiques pour les familles, enfants et personnes en situation de handicap. À l'échelle locale, les communes organisent le versement d'un revenu minimal de subsistance et gèrent les infrastructures de santé comme les hôpitaux, ainsi que les structures d'accueil comme les maisons de retraites[525],[526].
Santé
Le territoire de l'Estonie a traversé de nombreuses épidémies au cours de l'histoire, notamment la peste noire au moyen-âge, ou encore la dysenterie lors de grandes famines de la fin du XVIIe siècle[527],[528]. L'Estonie nouvellement indépendante fait face à sa première épidémie avec le typhus en 1920, qu'elle parvient à controler avec l'aide américaine[529]. Au milieu des années 1930, la différence d'espérance de vie entre l'Estonie et la Russie soviétique voisine est d'environ 13 ans. Pendant l'occupation de l'Estonie par l'URSS, la politique de santé soviétique réussi à contrôler les principales maladies infectieuses jusqu'aux années 1990, mais ne parvient pas à traiter les maladies dégénératives et chroniques, ainsi les effets considérables de la baisse de la mortalité infantile ont été annulés par la hausse de la mortalité adulte et entraîné une période de 40 ans de stagnation globale de la mortalité[530].
A partir des années 1990, l'Estonie redevenue indépendante réforme largement son système de santé publique et de prévention, qui parvient à endiguer des problèmes sanitaires communs aux pays de l'ancien bloc de l'Est tels que les addictions, sans toutefois les faire disparaitre[531]. Ainsi en 2016, l'Estonie avait un taux d'alcoolisme de 12,2% (soit en dixième position mondiale), plus haut que la Finlande voisine malgré une consommation d'alcool bien plus élévée chez cette dernière[532],[533]. La consommation d'alcool en Estonie a largement diminué à partir du milieu des années 2010, avant d'augmenter à nouveau au début des années 2020[534],[535],[536],[537]. En 2022, l'Estonie fait partie des pays européens les plus touchés par les décès dus à la prise de drogue, principalement en raison de la consommation d'opioïdes[538],[539],[540],[541],[542],[543],[544],[545]. Le taux d'infections sexuellement transmissibles a très largement diminué entre l'an 2000 et le début des années 2020[546],[547],[548],[549]. D'après l'OCDE, l'Estonie était en 2020 le quatrième pays de l'Union européenne avec le plus haut taux de suicides, ce taux à néanmoins diminué de moitié depuis le début des années 2000[550],[551],[552].
Selon l'OMS, les dépenses de santé par habitant en 2021 s'élevaient à 2094,50 $, soit supérieures a ses voisins baltes et largement supérieures à la Russie voisine (935,73 $), mais très inférieures à la Finlande (5487,88 $) et reste l'un des plus bas de l'UE[553]. L'Estonie comptait en 2020 3,9 médecins pour 1000 habitants, soit légèrement plus que la moyenne des pays de l'OCDE (3,4)[554]. En 2019, l'Estonie était le pays d'Europe avec le plus haut taux d'insatisfaction concernant les besoins de santé avec un taux de 15% contre 1,7% dans l'UE[555]. De plus, le système de santé estonien fait face à plusieurs difficultés: outre le vieillissement de la population, l'Estonie doit également affronter une pénurie de personnel soignant[556].
L'espérance de vie moyenne est de 78,82 ans, en augmentation rapide[376]. Selon l'Organisation mondiale de la santé, le taux de mortalité prématurée était en 2015 plus élevé que la moyenne des pays de l'Union européenne, mais inférieur à la moyenne des pays de l'ancien bloc de l'Est, des pays baltes, et en constante diminution[557].
Le système de santé estonien repose sur une assurance obligatoire basée sur un financement solidaire et sur l'accès universel aux services fournis par des prestataires privés. Tous les prestataires de services de santé sont des entreprises autonomes régies par le droit privé qui sont conventionnés par le Fonds estonien d'assurance maladie (Eesti Haigekassa), qui paie tous les prestataires sous contrat. La majorité des médecins généralistes travaillent pour eux-mêmes, pour des entreprises privées ou pour les autorités locales. En Estonie, la majorité des hôpitaux sont soit des fondations créées par les institutions (gouvernement, municipalités ou organismes publics), soit des entreprises à responsabilité limitée appartenant aux municipalités. Le système de santé estonien est en grande partie financé par la Caisse de Santé (Tervisekassa), entre autres via la taxe sociale payée par les employeurs[558]. Les personnes affiliées à la caisse de santé (95% de la population) doivent choisir un médecin de famille, dont les consultations sont entièrement gratuites[559]. Si les consultations de spécialistes et les hospitalisations peuvent être payantes, les frais à la charge des patients assurés sont très encadrés, relativement peu élevés et certaines catégories de personnes (enfants, femmes enceintes, personnes âgées ou en soins intensifs...) en sont souvent exemptées[559]. La même philosophie est appliqué pour les soins dentaires, gratuits jusqu'à l'âge de 19 ans[559]. La caisse de santé détermine également la liste des médicaments prescrits pouvant faire l'objet d'un remboursement partiel ou total[559].
Depuis 2008, l'Estonie dispose d'un système centralisé de E-santé à disposition tant des patients que des fournisseurs de soins pour le dossier médicaux, la prise de rendez-vous et la prescription de soins et médicaments[560],[561]. La politique de E-santé vaut régulièrement à l'Estonie de participer à l'élaboration de dispositifs similaires à l'échelle internationale aux côtés de l'OMS et de l'Union européenne, et une reconnaissance internationale, notamment lors de la Pandémie de Covid-19 en 2020-2021[562],[563],[564],[565],[566].
Médias
Initialement créée par et pour l'élite allemande-balte qui gouverne le territoire, y compris lors des dominations suédoises puis russes, la presse d'Estlande et Livonie est essentiellement présente dans les villes et publiée exclusivement en Allemand. L'apparition de publications en langue estonienne, d'abord avec Tarto maa rahva Näddali-Leht (en dialecte de Tartu) en 1806, puis avec la création du journal Postimees par Johann Voldemar Jannsen en 1857, contribue à affirmer l'unité nationale et le désir de liberté dans un contexte de domination étrangère[567]. Lors de l'occupation soviétique, les médias continuent de jouer un rôle émancipateur pour la population malgré la censure: l'étendue du signal de l'Émetteur de radiotélévision d'Espoo en Finlande permet aux Estoniens du Nord du pays de visionner la télévision finnoise dès les années 1970[568]. Les estoniens, grands consommateurs de médias, contournent ainsi la censure et la propagande du régime, et s'informent sur l'actualité et la vie de l'autre coté du rideau de fer et dans le reste du monde[569].
Largement libéralisé dans les années 1990, le secteur de la presse est alors florissant dans l'Estonie redevenue indépendante. Le rachat des titres de presse par des groupes étrangers (en particulier scandinaves) jusqu'aux années 2000, et la multiplication des publications permet au secteur de conserver sa pluralité (contrairement à la formation d'oligarchies dans les autres territoires Bloc de l'Est). Malgré une inversion récente de la tendance et une re-concentration de médias privés dans de grands groupes (tels que Postimees ou Ekspress Grupp), l'Estonie continue de figurer parmi les premiers pays au classement de la liberté de la presse de l'ONG Reporters sans frontières, aux côtés des pays nordiques voisins[570],[571],[572].
En plus du journal historique Postimees, les journaux Eesti Päevaleht et Õhtuleht font aussi partie de la presse quotidienne nationale. L'Estonie compte également une variété de journaux régionaux, dont les déclinaisons locales de Postimees.
Apparu en 1992, le réseau Internet à vu son utilisation bondir à partir de 1995, atteignant en 2024 92,9% des ménages du pays et entrainant des changements dans les modes de consommation de l'information[573]. Ainsi, les tirages papiers de la presse nationale sont en fort déclin, poussant ces journaux à décliner leur version Web, concurrençant Delfi, le portail en ligne le plus consulté[574],[575]. La télévision reste très prisée en Estonie malgré une forte concurrence des portails Web et surtout des réseaux sociaux, qui sont la première source d'informations et de divertissements chez les jeunes[576].
L'Estonie dispose d'un service audiovisuel public comprenant la télévision et la radio: Eesti Rahvusringhääling. La principale chaine de télévision publique est ETV. La principale radio du service public, Vikerraadio, est également la plus écoutée du pays[577]. L'Estonie compte près de 35 radios privées dont Kuku Raadio, la plus ancienne et la plus écoutée, ou des radios musicales telles que SkyPlus ou MyHits. Le groupe Duo Media Network propose les chaines privées de divertissements les plus regardées du pays comme Kanal 2, qui diffuse les versions estoniennes des formats internationaux tels que Danse avec les Stars ou Le Juste Prix.
Les grands groupes du pays possèdent tous une déclinaison de leurs médias en langue russe à destination de la minorité russophone du pays[578]. En télévision, on compte notamment la chaine publique d'information ETV+, ainsi que Kanal 7 (divertissement) ou Kino 7 (cinéma)[579],[580].
Jusqu'aux années 2020, environ un tiers de la minorité russe ne consultait que les médias de Russie voisine eux-mêmes contrôlés ou surveillés par le gouvernement russe[581]. Evoluant dans une sphère informationnelle fermée, cette population, principalement composée de personnes âgées, est alors exposée à la propagande et la désinformation de masse de la part de la Russie[582],[583],[584]. Suite à l'Invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022 et aux multiples discours de haine envers l'Estonie sur ces canaux, le gouvernement estonien décide de limiter l'accès aux chaines de télévisions et sites russes concernés[585],[586].
La pratique sportive sur le territoire est attestée dès le Moyen Âge, avec notamment des compétitions de Tir à l'arc[587]. Au XIXè siècle, divers sports sont pratiqués à l'Université de Tartu par les allemands-baltes, qui importent leurs traditions depuis l'Allemagne, notamment via leurs associations d'étudiants[587],[588]. On y retrouve ainsi les duels à l'épée (Mensur, arrivé à Tartu dès le XVIIe siècle, ancêtre de l'escrime), mais aussi l'équitation, la natation et la danse, puis la gymnastique[587],[588]. Des sports traditionnels se développent également dans la population rurale autochtone, comme la balançoire (ancêtre du Kiiking). Entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, les sportifs estoniens les plus populaires sont des lutteurs: Georg Hackenschmidt, Aleksander Aberg et Georg Lürich concourent tous les trois sous la bannière russe dans les compétitions internationales[587].
En 2022, les dépenses sportives du gouvernement estonien représentaient 1,3% du PIB, soit la seconde dépense la plus élevée de l'Union européenne après la Hongrie[589]. D'après le Statistikaamet, en 2015, 60 % des personnes de plus de 15 ans faisaient régulièrement du sport en Estonie[590]. L'Estonie dispose d'une politique visant à porter le nombre de personnes actives à un tier de sa population d'ici 2030 en s'inspirant des pays nordiques. En dehors des très populaires activités de fitness ou d'aérobic, les sports avec le plus de licenciés dans les organisations sportives sont le football (23 890 pratiquants), la natation (17 584), l'athlétisme (8 179) ainsi que le Basket-ball (7574 licenciés)[591]. Du fait de sa faible population (et d'un plus faible vivier d'athlètes), l'Estonie n'est souvent pas en mesure de rivaliser avec les grandes nations mondiales dans ces sports. Le pays y a néanmoins connu des succès et des champions notables, ainsi qu'en cyclisme, escrime, volley-ball ou encore tennis.
Du fait des similitudes sur les plans climatiques, géograhiques et culturels, les sports de pleine nature populaires en Finlande et Scandinavie le sont également en Estonie. En hiver, le Ski (en particulier le ski de fond) se pratique autant dans les parcs à proximité des villes que dans les stations dédiées telles que Otepää, ou se déroule le Tartu Maraton. En été, le Disc golf est pratiqué dans les forêts et voit son nombre de pratiquant augmenter d'année en année. Développées dans les années 1930 pendant l'indépendance, les compétitions de sports mécaniques sont maintenues pendant l'occupation soviétique. Profitant des grands espaces à travers le pays, le rallye automobile y est ainsi popularisé au même rythme qu'en Finlande voisine. Les pilotes, équipes et voitures estoniennes sont alors surreprésentés aux palmarès des différents championnats automobiles soviétiques[592],[593],[594]. L'Estonie redevenue indépendante possède depuis 2020 sa propre épreuve au Championnat du monde des rallyes.
Le rétablissement de l'indépendance de l'Estonie en 1991 est suivie par une période d'instabilité due au démantelement du système soviétique et au passage à une économie de marché. Les années 1990 sont ainsi marquées par une forte criminalité avec une prévalence du crime organisé. L'Obtshak, une alliance informelle de groupes mafieux, principalement d'origine russe, se livre alors à un large éventail de trafics différents: prostitution, vol et recel de véhicules, trafic de drogue et, même « fourniture » de travailleurs pour des contrats de construction en Finlande, où les organisations criminelles confisquaient une partie des salaires des travailleurs[595],[596],[597]. Le renforcement progressif de l'État de droit via un encadrement des échanges et une meilleure protection des personnes et de la propriété freine les activités du système mafieux, qui voit ses revenus fortement diminuer au milieu des années 2000 et la plupart de ses leaders arrêtés ou tués au début des années 2010[598],[599],[600],[601].
Ainsi, la délinquance et la criminalité sont en chute libre depuis le milieu des années 2000. Selon le Statistikaamet, le nombre total d'infractions de tous types est passé de 51 834 en 2006 à 25 982 en 2021[602]. Le taux d'homicide pour 100 000 habitants est de 1,35 en 2022, plaçant l'Estonie à la septième position parmi les pays de l'Union européenne, derrière les pays voisins (Finlande, Lettonie, Lituanie) et juste devant la France[603]. Les atteintes à la propriété (incluant les vols) diminuent drastiquement entre 2010 et 2020. A partir de 2021, tous les types de vols diminuent, sauf les vols à l'étalage, qui font à nouveau légèrement augmenter le chiffre global des atteintes à la propriété[604].
L'Estonie est de nos jours considéré comme un pays très sûr en matière de sécurité dans l'espace public. Selon les enquêtes du ministère réalisées en 2023, 70% des personnes interrogées disent se sentir en sécurité le soir dans les rues[605].
A l'inverse, les violences ayant lieu dans la sphère privée restent de véritables fléaux en Estonie: une personne sur six a déja été victime d'abus sexuels durant son enfance, le plus souvent commis par des proches ou des connaissances, 41% des femmes et un tier des hommes ont déjà vécu des violences conjugales[606],[607],[608],[609]. L'absence de traitement des violences dans le cadre privé pendant l'occupation soviétique a pour conséquence de multiples défaillances dans leur compréhension et leur documentation encore de nos jours[610]. De fait, les autorités n'anticipent pas suffisamment les phénomènes de violences domestiques, qui ne sont pas alors considérés comme une violation des droits de l'homme ou un crime contre la société, mais plutôt comme une affaire privée entre les membres de la famille[611]. Ainsi, les premières stratégies nationales massives de lutte contre les violences domestiques, sexuelles et violences contre les enfants n'apparaissent qu'en 2010[612]. La création de centres d'accueil, de numéros de téléphone d'urgence et de services spécialisées contribuent à améliorer la prise en charge des victimes[613]. Cette stratégie permet de mieux détecter et enregistrer le phénomène, ce qui entraine mathématiquement une hausse continuelle du nombre de crimes sexuels depuis 2012[614].
Malgré une tolérance zéro de la part des autorités, les accidents de la route étaient encore en 2023 très souvent le fait de conducteur en état d'ébriété. Le nombre d'accidents de la route et d'accidents pour conduite en état d'ivresse diminue néanmoins d'année en année[615].
Autrefois très répandus, les crimes financiers de toute sortes enregistrés sont en constante diminution depuis 2013, et ont atteint leur plus bas niveau en 2023 avec 71 délits enregistrés[616]. Contrairement à ses voisins lettons et lituaniens, l'Estonie améliore d'année en année sa position au classement de l'Indice de perception de la corruption de l'ONG transparency International. En 2023, elle atteint la 12e place aux coté du Canada[617].
En 2022, l'Estonie dépensait 1,8% de son PIB dans le maintien de l'ordre et la sécurité, soit légèrement plus que la moyenne européenne (1,8%)[619]. Sur la période 2020-2022, l'Estonie possède 18 juges pour 100 000 habitants, ce qui place l'Estonie exactement dans la moyenne de l'UE[620]. Le nombre de policiers est néanmoins inférieur à cette moyenne avec près de 300 agents pour 100 000 habitants[620]. Par ailleurs, les 5000 policiers et gardes-frontières du pays sont aidés par une réserve de 1500 volontaires (abipolitseinik) qui assistent les agents dans leurs missions[621].
Le pays possède trois centres pénitentiaires à Jõhvi, Tallinn et Tartu. Construite en 2000, la Prison de Tartu répond aux exigences modernes en matière de droit des prisonniers. Elle héberge entre autres, des criminels de guerre de la Guerre de Bosnie-Herzégovine tels que Milan Martić[622],[623]. Par ailleurs, la diminution constante de la population carcérale dans le pays depuis les années 2000 encourage en 2024 le gouvernement estonien à proposer de louer les cellules vides à d'autres pays européens pour y accueillir leurs détenus[624],[625],[626],[627],[628].
Engagement associatif, syndical et politique
La vie démocratique dynamique de l'Estonie des années 1920 est réprimée lors de l'ère du silence à partir de 1934, ou les partis politiques sont interdits. Une nouvelle constitution à la fin des années 1930 rétablit les partis politiques, mais la vie politique du pays est interrompue lors de l'occupation soviétique. L'administration soviétique, marquée par une répression politique, plonge la société estonienne dans la résignation et le cynisme, ou chacun tente d'utiliser le système politique pour servir ses propres intérêts[629]. À la fin des années 1980, la révolution chantante réveille la conscience nationale estonienne, jusque-là transmise uniquement dans le cadre privé. La culture politique de la société estonienne se rétablit alors en trois phases distinctes: une lutte commune trans-partisane pour l'indépendance fortement idéalisée, une désillusion après le rétablissement des partis et idéologies venues des démocraties libérales européennes (mais déconnectées des attentes), et enfin l'émergence d'une vie politique active et critique ou les idées se confrontent à la réalité du terrain[630].
Si, les manifestations et grèves sont très peu fréquentes en Estonie, elles démontrent néanmoins une importance accordée par la population au thème de la protestation. Ainsi, dès 1987, les estoniens manifestent contre l'ouvertures des mines de phosphores par l'occupant soviétique. Les protestations s'amplifient ensuite contre l'occupation soviétique, notamment lors de la Voie balte en 1989. Si les manifestations publiques sont moins nombreuses après le rétablissement de l'indépendance, elle reprennent néanmoins dans les années 2000[631],[632].
L'Estonie est caractérisée par un faible taux de syndicalisation[633],[634]. Le syndicat des personnels de l'éducation (Eesti Haridustöötajate Liit, EHL) compte le plus de membres (environ 6000)[635]. La principale confédération de syndicat - confédération des syndicats d'Estonie (Eesti Ametiühingute Keskliit) - compte en tout près de 12 000 membres[635]. D'autres syndicats sont également influent dans leurs secteurs respectifs tels que celui des travailleurs de la santé ou les marins[635]. L'estonie compte en outre un très large tissu associatif, avec près de 33 000 associations enregistrées[636].
Droits humains et discriminations
L'égalité des citoyens en Estonie est inscrite dans l'article 12 de la constitution de 1992[637]. En outre, elle est également spécifiée dans la loi sur l'égalité des sexes et la loi sur l'égalité de traitement[638],[639]. L'interdiction des discriminations est mentionnée dans plusieurs textes telles que la loi sur le travail, la loi sur le service public et le code pénal[640].
Pendant l'occupation soviétique, la population estonienne a été victime de nombreuses et multiples violations de droits humains, et d'une colonisation de peuplement tendant à rendre les estoniens minoritaires sur leur propre territoire. Favorisés par le pouvoir soviétique, les colons, généralement russes ethniques et/ou russophones, ont progressivement imposé leur langue et leur culture, au détriment de la langue et de la culture estonienne, et rejeté la culture locale. Entre autres pour cette raison, l'Estonie est de nos jours engagée auprès des Nations unies dans la protection des droits des peuples indigènes à travers le monde[641].
Lors du rétablissement de l'indépendance, la politique de restauration de l'état a eu notamment pour objectif prioritaire de réparer les dommages subis par la société estonienne, l'occupation étant considérée comme illégale par la loi locale et par le droit international. De fait, les populations russophones ex-soviétiques n'ont reçu aucun traitement particulier de la part de l'état estonien en vue de leur intégration à cette époque, ce qui a entrainé des situations de discrimination rapportées par plusieurs ONG. Ainsi dès 1993, Human Rights Watch (HRW) rapportait le manque de politique volontariste pour réduire le nombre de personnes à la citoyenneté indéterminée (apatrides) vivant sur le territoire, qui n'ont pas pu ou pas souhaité effectuer de démarches de naturalisation après l'expiration de leur citoyenneté soviétique[642]. Le problème subsistait toujours en 2015 d'après HRW, et encore en 2022 d'après Amnesty International, bien que le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés ait rapporté des efforts significatifs réalisés par l'Estonie pour réduire l'apatradie, particulièrement chez les enfants[643],[644],[645],[646],[647].
L'un des principaux obstacle à l'obtention de la naturalisation, et plus largement à l'intégration des minorités et des étrangers non-européens, est le manque de maitrise de l'Estonien. En ce sens, le Comité sur l'élimination de la discrimination raciale et les ONG rapportent que l'Estonie ne traitait la politique linguistique qu'avec une approche punitive plutôt que d'encourager son apprentissage et sa pratique en tenant compte des spécificités individuelles et des réalités locales[648],[647]. En conséquence, entre le milieu des années 2000 et le début des années 2010, l'état prend plusieurs mesures pour généraliser l'accès aux cours de langue estonienne. Les cours dispensés en russe dans les écoles de la minorité russophone sont progressivement remplacés par des cours en Estonien à partir de 2024, avec des aménagements pour continuer l'apprentissage du russe. Si la mesure est vue comme un pas vers une meilleure intégration de la minorité russe ethnique dans la société par l'ONG Inimõiguste Keskus, elle est critiquée par l'ONG FUEN et par les rapporteurs des Nations unies qui y voient un potentiel risque d'assimilation culturelle et de violation des droits des minorités[649],[650],[651],[652].
Défendant la liberté d'expression, les différents gouvernements estoniens ont fait l'objet de critiques quand à la difficulté de faire appliquer les lois condamnant les incitations à la haine pendant plusieurs années[653]. L'Estonie se dote d'instruments législatifs en la matière à partir de 2023[654],[655].
Économie
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En 2020, le PIB/habitant était de 23 312 dollars, le PIB en standard de pouvoir d'achat (SPA) par habitant de 42 191 dollars et le taux d'inflation de 4,6 % (2021). En 2022, le taux de chômage était de 5,5 %.
L'Estonie se trouve dans une région d'Europe à fort potentiel économique, autour de la mer Baltique. Ces dernières années, elle a connu une croissance rapide (8,1 % en 2004, de 10,5 % en 2005 et de 11,4 % en 2006, selon Eurostat). Elle appartient, depuis 2001, au premier groupe des pays à fort niveau de développement humain (31e rang sur 191). En 2023, l'Estonie est classée en 16e position pour l'indice mondial de l'innovation[656].
L'Estonie est l'une des sociétés les plus avancées sur le plan numérique[657]. En 2005, elle est devenue le premier État à tenir des élections sur Internet. En 2014, elle est le premier État à offrir la résidence électronique, et est également à l'origine du système d'échange de données X-Road.
L'Estonie est régulièrement citée comme modèle dans l'adoption des technologies de l'information et des télécommunications. Anneli Kavald, chargée de mission à l’Institut estonien en France, établit sur ce point une comparaison d'ordre culturel avec la France : « les Estoniens sont beaucoup plus réceptifs en matière de NTIC que les Français, qui, habitués au Minitel, ont parfois eu du mal à passer à autre chose. Et puis les Estoniens sont partis de zéro et cela leur a permis d’acquérir à une vitesse supérieure tout ce qu’il y avait à acquérir en matière de connaissances, même au niveau d’un simple utilisateur. Nous sommes très branchés mais sans forcément nous en rendre compte car, pour nous, il s’agit d’une norme. Nous nous plaignons parfois quand nous voyageons car, ailleurs, ces services ne sont pas obligatoirement disponibles. »[658]
L’économie, très dépendante sur le plan financier des banques suédoises, s’est révélée très fragile. La crise bancaire et financière de l'automne 2008 a provoqué une débâcle dans ce petit pays qui avait formé sa propre bulle immobilière : entre juin 2008 et juin 2009, le chômage a doublé, le PIB a reculé de 15 %, la production industrielle de 34 %. Le gouvernement tente de renverser la situation essentiellement par des coupes budgétaires[659] afin de pouvoir remplir les conditions d'entrée dans la zone euro dès 2011[660]. On attendait pour 2009 une contraction du PIB comprise entre -14 % et -15 % tandis que le pays connaissait désormais la déflation qui a atteint - 0,1 % en 2009.
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Le pays renoue avec la croissance à partir de 2010, et le gouvernement estime que l'Estonie retrouvera le niveau de PNB d'avant la crise économique à horizon 2015[661]. Quant au taux de chômage, il s’élève en décembre 2011 à 11,7 %[662] contre 15,2 % en janvier 2010[663], selon Eurostat.
L’écart de l’espérance de vie entre les personnes diplômées et les personnes non diplômées est de 15 ans en Estonie[664]
Grâce, entre autres, à l'économie numérique, l'Estonie est aujourd'hui un pays développé doté d'une économie qui a connu l'une des croissances les plus rapides de l'Union européenne, qu'elle a rejoint en 2004[665]. Le pays se classe à la trente-et-unième place en 2021 dans l'indice de développement humain[1] et obtient des résultats favorables en termes de liberté économique, libertés civiles, enseignement (régulièrement classé dans les premiers pays d'Europe)[666] et liberté de la presse selon RSF (quatorzième dans le monde en 2020)[667]. Les citoyens estoniens bénéficient de soins de santé universels[668] ainsi que d'un enseignement public gratuit et de qualité[669],[670]. Par ailleurs, l'Estonie est également l'un des pays qui compte le plus de musées, de livres et le plus grand répertoire de chansons par habitant au monde.
À l'issue de la Première Guerre mondiale, plusieurs monnaies circulaient en Estonie, dont le mark allemand et le rouble russe. Elles furent remplacées en 1918 par le mark estonien, à parité avec le mark allemand. Après plusieurs dévaluations, celui-ci fut remplacé le par la couronne estonienne au taux de 1 couronne pour 100 marks. Cette première couronne estonienne fut à nouveau dévaluée en 1933 lors de la crise économique.
À la suite de l'invasion soviétique de 1940, la couronne estonienne se trouva remplacée par le rouble soviétique au taux de 1 rouble pour 0,8 couronne.
Après l'indépendance, une nouvelle couronne estonienne (eesti kroon ; abréviation internationale EEK), fut introduite en à parité fixe avec le mark allemand (1 DEM = 8 EEK). Cette nouvelle monnaie rejoint le mécanisme de taux de change européen II (MCE II) le , en vue d'une adoption de l'euro initialement prévue en (1 euro = 15,646 6 EEK, ± 15 %). Mais une inflation trop importante (environ 4 % sur 12 mois) retarde le passage à l'euro jusqu'à 2011.
Depuis le , la monnaie nationale est l'euro, avec une parité fixe de 1 € = 15,6466 EEK. Les pièces en euro de l'Estonie représentent toutes la carte du pays.
Culture
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De tout temps, l'Estonie s'est trouvée dans la sphère de culture européenne. Tallinn (Reval à l'époque) était, au Moyen Âge, la ville la plus orientale de la Ligue hanséatique. Tartu, siège de l'université nationale, était au XIXe siècle un foyer de culture et langue allemande au cœur de l'Empire russe.
Forte des diverses cultures qui se sont côtoyées et succédé du fait des occupations successives, l'Estonie s'est forgé une culture particulière faite de tolérance et de respect envers l'étranger, quels que soient son pays ou sa culture. L'Estonie compte de nombreuses minorités : les Russes représentent 25,7 % de la population. Viennent ensuite les Ukrainiens : 2,1 % de la population ; 1,2 % de la population est biélorusse et 0,8 % finnoise. L'importance de la population russophone vient naturellement de l'occupation soviétique et de l'industrialisation forcenée dont l'Estonie avait fait l'objet à l'époque.
En Estonie, on retrouve le sauna, une mythologie riche, ainsi qu'une culture du silence et le droit d'accès à la nature. Par ailleurs, l'Estonie est également l'un des pays qui compte le plus de musées, de livres et le plus grand répertoire de chansons par habitant au monde.
L'estonien n'est pas une langue indo-européenne mais finno-ougrienne de même que le finnois et le hongrois. L’estonien littéraire naît tardivement, entre les XVIe et XVIIe siècles. Il est surtout utilisé par des pasteurs allemands pour transmettre la littérature religieuse. Le plus ancien livre en estonien est le catéchisme de Wanradt et Köll, publié en 1535 à Wittenberg. On remarquera que c'est la Réforme qui est à l'origine de ce livre.
Le XVIIIe siècle voit la naissance de la littérature nationale, et la langue écrite se répand par les almanachs et journaux, colportés jusqu’au fond des campagnes. La littérature est alors composée de récits imités d’œuvres allemandes. À partir de 1820, Kristjan Jaak Peterson est à l’origine de la poésie estonienne moderne. Dans les années 1850, à la suite des mouvements nationaux et romantiques, la littérature connaît un véritable essor, avec notamment la redécouverte du folklore national et la rédaction de l’épopée nationale, le Kalevipoeg, composée par Friedrich Reinhold Kreutzwald, publiée entre 1857 et 1861 (voir L'Homme de Bois et la Femme d'Écorce, un conte typiquement estonien) dans les publications de la Société savante estonienne. L'édition populaire a été publiée en 1862 en Finlande. À cette période, entre 1860 et 1885, la nation estonienne prend conscience d’elle-même, et la littérature se développe rapidement. La poésie est un genre particulièrement vivace (et le reste aujourd’hui), symbolisée à cette époque par l’une des grandes poétesses de ce pays, Lydia Koidula. Comme dans le reste de l’Europe, la fin du XIXe siècle voit le développement d’une littérature réaliste, en particulier avec Eduard Vilde.
Peu après, la littérature s’ouvre de plus en plus aux courants occidentaux, avec le groupe des « Jeunes Estoniens ». C’est dans ce contexte qu’émerge l’une des figures estoniennes les plus connues à l’étranger, celle de la poétesse Marie Under. Les années 1920 voient le retour du réalisme, avec Anton Hansen Tammsaare. La période de l’entre-deux-guerres, celle de l’indépendance, contraste fortement avec la suivante, celle de l’exil pour les uns, de la déportation en Sibérie pour les autres. La littérature estonienne en exil demeure très vivace, pour preuve les 2 600 volumes en estonien qui sont parus entre 1945 et nos jours. En Estonie devenue soviétique, la littérature « bourgeoise » est brûlée, interdite, censurée, etc. Un certain renouveau se déclare après la mort de Staline, avec les débuts de grands auteurs comme Viivi Luik et Jaan Kaplinski, mais surtout le monument Jaan Kross qui est publié chez Robert Laffont. Il est l'auteur notamment du Fou du Tzar (1978), prix du meilleur livre étranger 1989. « Ses romans, aujourd'hui traduits en de nombreuses langues, font revivre pour la plupart des figures importantes de l'Histoire estonienne ou des Estoniens ayant atteint dans leur domaine une certaine notoriété internationale »[671] comme le baron balte Timotheus von Bock du Fou du Tzar ou le juriste et diplomate Frédéric Fromhold de Martens de Le départ du professeur Martens (1984).
Après le retour de l’indépendance, l’Estonie libre retrouve une belle vitalité littéraire, marquée par l’émergence de nombreux jeunes auteurs, comme Tõnu Õnnepalu, en particulier grâce aux généreuses subventions de la Fondation pour la culture.
Musique, arts du spectacle, cinéma, arts plastiques
La musique est indissociable de la culture nationale, les Estoniens n'ont-ils pas été qualifiés de « Peuple chantant » ?[672]Le premier festival pan-estonien de chant a eu lieu en 1869 à Tartu, où près de mille chanteurs et musiciens venus de tout le pays furent réunis. Aujourd'hui cette fête rassemble trente mille chanteurs et musiciens devant un public de 200 000 personnes. Ces traditions ont inspiré en 1988 la « révolution chantante », c'est en chantant que l'Estonie s'est libérée du joug soviétique. En 2001, l'Estonie a remporté le concours Eurovision.
L'Estonie est également le pays du compositeur de musique classique, religieuse et contemporaine Arvo Pärt, créateur du style tintinnabuli.
Il existe deux grands théâtres en Estonie : le théâtre Estonia à Tallinn fondé en 1865, le théâtre Vanemuine à Tartu fondé en 1883. Tous les registres y sont abordés.
Le cinéma estonien compte pour une très faible partie (2 %) du taux d'audience cinématographique du pays[673], mais est très productif surtout en ce qui concerne les films d'animation et documentaires. Un festival est proposé chaque été, consacré au film anthropologique à Pärnu et en hiver c'est à Tallinn que se déroule le « Festival de cinéma des nuits noires ».
La sculptrice Anu Põder, née à Kanepi en 1947 et décédée en 2013, qui a représenté l'Estonie à la Biennale de Venise en 2022[674], fait l'objet d'une reconnaissance internationale.
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