Les Seychelles, en forme longue la république des Seychelles (en créole seychellois : Sesel et Repiblik Sesel ; en anglais : Seychelles et Republic of Seychelles) est un archipel de cent quinze îles (dont une artificielle), situé en Afrique de l'Est, dans l'Ouest de l'océan Indien. Toutes ces îles sont regroupées en un État dont la capitale est la ville de Victoria, implantée sur l'île principale de Mahé.
Les premiers visiteurs de l'archipel furent probablement des marchands arabes[7]. Mais les premiers comptes rendus écrits furent rédigés en 1501 par l'explorateur portugaisVasco de Gama[7]. Ce dernier donna à l'archipel le nom d'Amirantes (qui désigne au XXIe siècle la partie comprenant les îles granitiques des Seychelles). La même année, les Seychelles étaient dessinées pour la première fois sur une carte par l'italien Alberto Cantino.
La première description des rivages seychellois, avant tout établissement humain, fut écrite sur place du 19 au [7] par le marin John Jourdan, du bateau britannique Ascension. Ce dernier, après avoir franchi le cap de Bonne-Espérance, avait remonté la côte orientale de l'Afrique avant de mettre le cap au N-N-E, ce qui l'amena à la pointe nord de l'archipel granitique. Il y décrit sommairement les îles actuelles de Mahé, North, Silhouette, Praslin et ses îles voisines. Il relève un total de plus de trente îles, grandes et petites et proches les unes des autres. Enfin, le troisième jour, son bateau mouilla l'ancre à l'abri de l'île Sainte Anne (face au futur port de Victoria). L'équipage y trouva sur les hauteurs verdoyantes de l'eau en abondance (l'île est aujourd'hui déboisée et aride).
Situées entre l'Afrique et l'Asie, les Seychelles furent fréquentées par des pirates avant l'arrivée des Français. En , le gouverneur de l'Isle de France (l'île Maurice actuelle), Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais, envoya les capitaines Lazare Picault et Jean Grossen prendre possession de l'archipel au nom de la France. Ils nommèrent l'île principale « Mahé » en l'honneur du gouverneur de l'Isle de France.
Sous l'autorité des intendants des îles de France et de Bourbon, les commandants et agents civils des îles furent successivement : Jean François Brayer du Barré en 1770, Jean-Charles de Launay de La Perrière, commandant de 1772 à 1775, Joseph François Eugène Benjamin Anselme de 1775 à 1777, Jean-Baptiste Le Roux de Kermeseven de 1777 à 1781, Charles Routier de Romainville (1739-1808) de 1781 à 1783, Louis François Claude Berthelot de la Coste (1750-1822) de 1783 à 1786, puis, Gillot, de Caradec, Louis Jean Baptiste Philogène de Malavois (vers 1757-1825) de 1792 à 1793, Charles Joseph Esnouf, commandant en 1793, et Jean-Baptiste Quéau de Quinssy, gouverneur de 1793 à 1811[9],[10]. Les vingt premiers Français venant de l'île Bourbon s'installèrent à l’île Mahé et à l’île Sainte-Anne en 1770, envoyés par Brayer du Barré[11]. Cette première implantation n'est pas un succès et Brayer du Barré doit se justifier auprès du roi en 1772[12].
En 1781, le Français Mathurin Barbaron, corsaire du Roi, né le à Lorient, fils de Jean Barbaron, chirurgien de marine (né à Fajolles, en Gascogne) et de Louise Lorans (2e épouse), aborde l'île de Mahé par l'anse qui porte désormais son nom. Les jardins du grand domaine Barbaron y font aussi référence.
Le , le commandant de vaisseau britannique Henry Newcome, commandant d'une escadre, jette l'ancre dans la rade de Mahé pour ravitailler les vaisseaux l’Orpheus qu'il monte, le Centurion du capitaine Osborne et le Resistance du capitaine Packenham. Mais le commandant Quéau de Qinssy refuse de ravitailler les bâtiments britanniques, qui sont en guerre contre la République française. Newcome envoie alors une sommation de se rendre. Quéau de Qinssy n'ayant pas les moyens de résister, doit lui céder les îles Seychelles. Il signe une capitulation honorable qu'il rédige avec les principaux habitants des îles[9]. Ce fut la première capitulation des îles. Il y en a eu d'autres, peut-être seize, en fonction du passage des vaisseaux anglais et français. Elles se succédèrent jusqu'au débarquement du Nisus de Bartholomew Sullivan, officier des troupes royales de la marine britannique, agent civil et commandant des îles Seychelles pour le gouvernement britannique[13].
Les îles, perdues par la France en 1811 pendant les guerres napoléoniennes, passèrent officiellement sous le contrôle du Royaume-Uni en 1814[7].
Lors de la Première Guerre mondiale, à partir de 1916, l'armée des Seychelles s'engage aux côtés des Britanniques par l'envoi d'un corps expéditionnaire de 796 hommes. 358 d'entre eux ne reverront pas leur pays (cimetière militaire du Mont-Fleuri à Victoria). Ce corps expéditionnaire représente le plus gros effort de toutes les colonies britanniques, en proportion des hommes valides engagés sous le drapeau britannique (près de 6 %).
En 1977, un avocat, France-Albert René, alors Premier ministre, prend le pouvoir. Devenu président (de 1977 à 2004), il instaure un parti unique, socialiste à tendance marxiste. Depuis lors, les Seychelles se définissent comme révolutionnaires et tiers-mondistes. Toujours en place en 1991, le président René, sous les pressions (discours de La Baule, ), accepte d'engager son pays sur la voie du multipartisme et d'un certain libéralisme. Il autorise notamment davantage de privatisations. Il quitte la présidence en 2004, à 69 ans, cédant sa place à James Michel qui est réélu le .
L'élection présidentielle de voit la réélection du président Michel, qui remporte 55,4 % des suffrages exprimés contre 41,4 % à Wavel Ramkalawan[15]. Il se présente une troisième et dernière fois à l'élection présidentielle de 2015, remportant le scrutin avec 50,15 % des suffrages exprimés contre 49,85 % à son adversaire, Wavel Ramkalawan. Mais il est contraint d'attendre le second tour de l'élection, alors qu'il avait été élu dès le premier tour aux élections précédentes[16].
À la suite de la défaite de son parti Lepep (issu de l'ancien parti unique) aux élections législatives de septembre 2016, James Michel annonce sa démission du poste de président de la République en [17]. Le suivant, il est remplacé par son vice-président, Danny Faure[18]. Une période de cohabitation commence entre ce nouveau président et un Parlement contrôlé par l'opposition à l'ex-parti unique (qui était au pouvoir depuis 1977)[18].
L'archipel des Seychelles se situe au nord-est de l'île de Madagascar, celle-ci étant séparée de la capitale Victoria, sur l'île de Mahé, par une distance de 1 059 km.
Les îles qui forment le cœur de l'archipel (Mahé, Praslin, La Digue) reposent sur le plateau des Seychelles, un microcontinent de type ni corallien ni volcanique, son soubassement étant granitique. On peut en voir des affleurements à la plage Anse Source d'Argent dans l'île de la Digue. D'autres îles (Aldabra, la plus grande des îles de l'archipel) sont de type corallien.
Le point culminant des Seychelles est le morne Seychellois (906 mètres) situé sur l'île principale de Mahé.
À cent kilomètres au nord de Mahé se trouve l'île aux Oiseaux, une zone protégée qui est le refuge des oiseaux de mer. Elle n'abrite que quelques bungalows, insérés dans des cocoteraies, et un belvédère, aménagé pour observer le ballet des 112 espèces recensées sur l'île.
Les Seychelles sont une république présidentielle. Le président actuel est Wavel Ramkalawan depuis le . Les Seychelles sont membres du Commonwealth[19].
Le tourisme est la principale ressource des Seychelles. La pêchethonière industrielle est développée, Port-Victoria est le premier port de transbordement de thon de l'océan Indien. Une conserverie existe sur place. Plusieurs programmes immobiliers apportent des devises au pays, le plus important et le plus surprenant est certainement Eden Island (île artificielle construite sur des comblements).
Les secteurs de l'offshore et de la zone franche se sont beaucoup développés[réf. nécessaire] ces dix dernières années[Lesquelles ?] ; la juridiction n'est pas inscrite sur les listes de l'OCDE[pas clair]. La SIBA (Seychelles International Business Authority) a pour mission de réguler les différentes dispositions gouvernementales[pas clair] et de contrôler les professionnels de l'offshore[réf. nécessaire].
Le , le Club de Paris et la république des Seychelles ont convenu une annulation nominale de 45 % du stock de dette. Les Seychelles se sont engagées à mettre en œuvre les réformes économiques requises au titre du programme soutenu par le Fonds monétaire international (FMI)[21].
Considéré en 2017 comme un paradis fiscal par l'Union européenne, l'archipel a été retiré en 2021 de sa liste des pays non coopératifs à des fins fiscales[22]. En octobre 2023, le Conseil de l'Union européenne décide de l'inscrire à nouveau[23].
Le rachat d'une partie de la dette publique par des organisations de défense de l'Environnement, soucieuses de promouvoir le tourisme durable[24], s'est effectué en échange d'un engagement du pays : que le territoire marin — plus de 1 300 000 km2 — soit protégé à 30% à partir de 2020[24], dans le cadre d'un programme spécifique[24]. La plage de Beau Vallon sur Mahé et celle d'Anse Source d'Argent sur La Digue, sont citées comme parmi les plus belles du monde, mais leur protection n'est pas assurée. Deux sites naturels sont classés au patrimoine mondial de l'Unesco: la vallée de Mai pour ses cocos de mer, et l'atoll d'Aldabra pour ses tortues[24]. Environ la moitié des 455 km2 du pays est classée zone protégée[24]. La marge de progression vers un tourisme durable est cependant jugée "encore importante"[24] et rendue difficile par le fait que le territoire est "essentiellement montagneux". Le pays doit importer plus de 90% de ses biens[24] faute de zones agricoles suffisantes[24].
Le gouvernement a décrété en 2015 un moratoire sur la construction de grands hôtels sur les trois îles principales, Mahé, Praslin et La Digue[24]. Le but était de promouvoir des établissements plus petits, tenus par des Seychellois, et ainsi une forme de tourisme durable[24]. Malgré cela, la fréquentation a doublé en dix ans : considérées comme un simple "paradis du tourisme de luxe", les Seychelles ont accueilli plus de 360 000 visiteurs en 2018, principalement européens, soit près de quatre fois la population de l'archipel des 115 îles[24]. De plus, le réchauffement climatique a relancé la nécessité d'un tourisme respectueux de l'Environnement et posé la question du nombre de visiteurs que le pays est en mesure d'accueillir[24]. En 2020, le nombre de chambres d'hôtel s'élevait à 6 000[24], et la construction de 3 000 chambres supplémentaires était prévue dans le cadre de projets approuvés avant l'entrée en vigueur du moratoire décidé en 2015[24].
Avec une population estimée à 96 387 habitants en 2021[1], les Seychelles ont une croissance démographique positive (0,8 %), tirée par l'immigration et une natalité dynamique.
À l'exception de pêcheurs venant des îles alentour, les Seychelles n'avaient pas de population indigène lors de l'arrivée des premiers Européens, entre 1580 et 1750.
l'anglais, langue du second colonisateur pendant plus d'un siècle et demi, il est parlé par 60 %[26] de la population et est principalement utilisé dans l'administration et les affaires ;
le français, langue du premier colonisateur pendant sept décennies, parlé par 30 %[26] de la population (53 % en incluant les francophones partiels[27]), est utilisé principalement dans la presse écrite, l'affichage commercial et les cérémonies religieuses dominicales.
À La Digue, la principale attraction se trouve au sud de l'île avec les tortues géantes des Seychelles, les plus grosses tortues terrestres du monde. L'île est célèbre pour sa plage d'Anse Source d'Argent. Sur cette île, les moyens de transports à moteur sont limités, le vélo reste donc le moyen privilégié pour s'y déplacer. On accède à La Digue principalement par bateau depuis la baie de Sainte-Anne à Praslin.
Le recyclage industriel n’est possible aux Seychelles que pour les plastiques PET, le verre, le papier et l’aluminium. Les États insulaires pâtissent de l’absence de technologies adaptées[36].
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↑ abcd et eThomas Saintourens, « L'histoire des Seychelles en 11 dates clés », Géo, (lire en ligne)
↑« Acte de possession des îlkes Seychelles du 1er novembre 1756 », Revue historique et littéraire de l'île Maurice, t. 1, 1887-1888, p. 470-471 (lire en ligne)
↑Joël Eymeret, « Population et vie quotidienne aux Seychelles sous le Premier Empire », Outre-Mers. Revue d'histoire, nos 262-263, , p. 5-29 (lire en ligne)
↑Jean-Michel Filliot, « Un duel maritime oublié : Français et Anglais aux Seychelles sous la Révolution et l'Empire », Études Océan Indien, , p. 167-173 (lire en ligne)
↑« Seychelles : le président James Michel réélu pour la troisième fois », Le Monde, (lire en ligne)
↑« Seychelles : le président James Michel démissionne après sa défaite aux législatives », Le Monde, (lire en ligne)
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↑« Les Seychelles au bord de la faillite », sur www.lejdd.fr, (consulté le ) : « Le pays a été incapable d'assurer ce mois-ci le service de sa dette de 800 millions de dollars - soit 175 % du PIB, selon les statistiques officielles -, contraignant le gouvernement à solliciter d'urgence le Fonds monétaire international. La hausse des prix pétroliers et la tourmente sur les marchés financiers ont eu un effet dévastateur sur le tourisme, principale source de devises du pays. ».
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