Haïti subit l'occupation militaire américaine à partir de 1915 mais retrouve son indépendance en 1934. Après avoir manqué la transition démocratique après la chute des Duvalier (François Duvalier, dit « Papa Doc », et son fils Jean-Claude Duvalier, dit « Baby Doc »), Haïti, surnommée « la Perle des Antilles » depuis l'époque coloniale, tente de s'organiser et de se reconstruire après le violent séisme du [15],[16]. Toutefois, le pays sombre progressivement dans le chaos et le président Jovenel Moïse est assassiné le . Le Premier ministre Ariel Henry assure alors l'intérim jusqu'à sa démission, annoncée le , laissant le poste de chef de l'État vacant dans l'attente de la mise en place d'un Conseil présidentiel de transition. L'intérim du poste de Premier ministre est quant à lui assuré officiellement par Michel Patrick Boisvert mais l'autorité effective de ce dernier est néanmoins impossible à exercer et Haïti est désormais considéré comme un État failli[17]. En parallèle, le pouvoir législatif disparaît également à partir du lorsque le mandat de la totalité des députés et de deux tiers des sénateurs prend fin[18]. Les dix derniers sénateurs encore en fonction ont vu leur mandat s'achever début janvier 2023 sans être remplacés[19].
Chez les Taïnos, Ayiti signifierait, selon les versions, « terre des hautes montagnes »[20],[21],[22] ou « la montagne dans la mer »[23], ou « âpre terre »[24].
Lorsque les flibustiersfrançais — qui ont d'abord envahi l'île de la Tortue au nord — migrent vers la partie occidentale de l'île d'Hispaniola, ils francisent en Saint-Domingue le nom de Santo Domingo, qui est celui de la capitale de l'île fondée par les Espagnols au sud-est de celle-ci.
Le , en déclarant l'indépendance du pays, Jean-Jacques Dessalines lui redonne le nom taïno d'origine, « Haïti », en honneur à ce peuple amérindien[25].
Peuplement amérindien, arrivée des Espagnols et établissement de la traite des Noirs
Peuplement amérindien
Les peuples de culture arawak, kalinago et taïno occupent l'île avant l'arrivée des Espagnols. La présence des Taïnos est attestée par les fouilles archéologiques entreprises dans la grotte Marie-Jeanne, dans la commune de Port-à-Piment, située au sud du pays. Puis, débarquant le , Christophe Colomb la nomme l'île Hispaniola, alors que les indigènes la nommaient de trois façons : Ayiti, Quisqueya et Bohio. On estime qu'environ 100 000 indigènes[citation nécessaire] peuplaient l'île d'Hispaniola à la fin du XVe siècle.
Arrivée des Espagnols et établissement de la traite des Noirs
Les Espagnols exploitent l'île pour son or. Les Amérindiens refusant de travailler dans les mines sont réduits en esclavage ou massacrés ; les rares personnes qui réussissent à s'échapper trouvent refuge dans les montagnes et sont marginalisées et fortement paupérisées. Les maladies infectieuses arrivées avec les Européens font des ravages. Les mauvais traitements, la dénutrition et la baisse de natalité font le reste : la population indigène est exterminée en quelques décennies.
La partie ouest d'Hispaniola, dépourvue de minerai, est vite négligée par les colons espagnols, qui la laissent vide. Des boucaniers français s'y installent, malgré plusieurs expéditions militaires espagnoles. Au XVIIe siècle, sous l'autorité du cardinal de Richelieu, l'installation française s'institutionnalise. L'Île de la Tortue, au nord-ouest d'Hispaniola, devient le siège de la flibuste. Ces aventuriers gagnent peu à peu la « Grande terre » : en 1654, ils créent la première ville de la future colonie de Saint-Domingue : Petit-Goâve. Le premier gouverneur de la colonie est Bertrand d'Ogeron de La Bouëre, nommé en 1665. Sachant se faire accepter des flibustiers, il organise la colonisation par la venue de Français qui s'engagent à travailler trois ans avant de devenir propriétaires de terres (on les appelait les « 36 mois ») et celle de « filles à marier »[26]. Il favorise la plantation de tabac. Ainsi, il sédentarise une population de boucaniers et de flibustiers peu portée à accepter l'autorité royale jusqu'aux années 1660. Bertrand d'Ogeron attire aussi des colons de Martinique et de Guadeloupe.
Mais en 1670–1690 intervient la crise du tabac et un grand nombre de places sont abandonnées. Les rangs de la flibuste grossissent, les pillages, comme ceux de Vera Cruz en 1683 ou de Campêche en 1686, se multiplient et Jean-Baptiste Colbert, ministre de la Marine, ramène l'ordre en prenant un grand nombre de mesures. Il transfère le gouvernement à Port-de-Paix en 1676. Il encourage la création de plantations d'indigo et de canne à sucre. Le premier moulin à sucre est créé en 1685. Enfin, il réglemente l'esclavage en préparant le Code noir (qui sera promulgué en 1685, après sa mort). Avant l'adoption de ce code l'esclavage était théoriquement interdit, mais largement pratiqué dans la réalité. L'ensemble de ces actions permet l'essor économique de la colonie.
À la suite du traité de Ryswick de 1697 et de l'accession au trône d'Espagne de Philippe V, petit-fils du roi de France Louis XIV, les espagnols renoncent à contester la souveraineté de la France sur le tiers occidental de l'île. La France officialise le nom de Saint-Domingue pour cette partie de l'île. C'est alors que viennent de France de nombreux colons qui développent les plantations ou travaillent dans celles-ci. De 1713 à 1787, 30 000 Français viennent grossir le nombre des colons présents dans la partie ouest de l'île.
Les guerres éclatent en Europe et se prolongent sur les mers jusqu'aux Antilles et aux Caraïbes. En 1756, le commerce est paralysé. Un grand nombre de colons et leurs familles quittent Saint-Domingue pour la Louisiane, où ils s'installent dans des postes établis par la France et administrés par des militaires.
Vers 1790, Saint-Domingue est cependant la colonie française la plus riche d'Amérique grâce aux profits immenses générés par le travail des esclaves de l'industrie sucrière et de celle de l'indigo. Des dizaines de milliers d'Africains ont été déportés chaque année comme esclaves pour faire fonctionner ces industries (dans les années 1780, ils sont déportés dans la colonie au rythme de 36 000 par an pour remplacer leurs prédécesseurs morts à la tâche[27]) ; leur sort est juridiquement encadré par le Code noir, mais, dans les faits, ils subissent des traitements souvent pires que ceux prescrits par ledit code. Leur nombre (400 000) est dix fois plus élevé que celui des Blancs, avec une centaine de milliers d'Africains déportés à Saint-Domingue pendant les 10 ans précédant la Révolution française[28].
De la révolte des esclaves à la proclamation de l'indépendance
Avant la Révolution une Société des amis des Noirs est créée en France en 1788. Elle se donne pour objectif d'obtenir l'abolition de l'esclavage. La Révolution française entraîne de graves bouleversements sociaux dans les petites Antilles comme à Saint-Domingue.
De nombreux députés français réclament l'abolition comme l'abbé Grégoire. S'ensuivent des révoltes d'esclaves qui se terminent en 1793 avec l'abolition de l'esclavage par les commissaires civils Léger-Félicité Sonthonax et Étienne Polverel, décision avalisée et généralisée à l'ensemble des colonies françaises par la Convention six mois plus tard (première abolition de l'esclavage le 16pluviôsean II, donc le ). La grande majorité des non-esclaves ayant fui la colonie, soient-ils Européens ou gens de couleur, les plantations et habitations du pays sont collectivisées par le gouvernement provisoire et mises sous le contrôle des cultivateurs[28].
Toussaint Louverture, nommé gouverneur général à vie de Saint-Domingue par la France, après avoir rétabli la paix, chasse les Espagnols et les Anglais qui menaçaient la colonie. La promulgation le 3 juillet 1801 d'une constitution autonomiste lui permet de développer la cohésion des citoyens de l'île. L'abolition de l'esclavage ayant entraîné le ralliement à l'Angleterre des autres colonies françaises, Napoléon Bonaparte, sous l'influence des Créoles (Français — et Espagnols — nés sur l'une des îles des Antilles, plus tard en Louisiane aussi) et des négriers, décide de rétablir l'esclavage. Il envoie en décembre 1801 une expédition de 30 000 hommes sous les ordres de son beau-frère, le général Charles Victoire Emmanuel Leclerc, avec pour mission de démettre Louverture et de rétablir l'esclavage à Saint-Domingue.
Aux États-Unis, les riches planteurs prennent peur et contribuent à financer une expédition pour mater ce qu'ils perçoivent comme une révolte d'esclaves[29]. Mais, après quelques victoires, l'arrestation (faux rendez-vous diplomatique, avec promesse de Bonaparte de sauf-conduit, non respectée[30]) et la déportation de Toussaint Louverture, arrêté le , les troupes françaises commandées par Donatien de Rochambeau sont définitivement battues par Jean-Jacques Dessalines, qui avait rejoint l'insurrection, à la bataille de Vertières le 18 novembre 1803.
Au terme d'une double bataille, la Déclaration d'indépendance[31] du pays est proclamée le . Le nom d'Haïti (ancien nom de l'île du temps des Indiens Caraïbes) est donné au territoire. Haïti est le premier pays au monde issu d'une révolte d'esclaves.
Du gouvernement de Dessalines à l'élection de Faustin Soulouque
Jean-Jacques Dessalines est proclamé gouverneur à vie par ses troupes. L'histoire rapporte qu'il exécuta la plupart des quelque 10 000 Blancs restés sur l'île et gouverna en despote. Il est assassiné à son tour le par des mulâtres. Le pays se divise alors en deux : un royaume au nord, commandé par le roi Henri Christophe, et une république au sud, dirigée par le mulâtre Alexandre Pétion.
Le président Pétion initie des négociations pour la reconnaissance d'Haïti en 1814. Elles durent jusqu'en 1824. Le , le roi de France X promulgue une ordonnance reconnaissant l'indépendance du pays contre une indemnité de 150 millions de francs-or (la somme sera ramenée par Louis-Philippe Ier en 1838 à 90 millions de francs). Les efforts d'Haïti pour payer l'indemnité entraveront significativement son développement[32] car cela représentait six francs par an et par habitant.
En 1822, le président Jean-Pierre Boyer réunifie les deux parties nord et sud et conquiert la partie est de l'île, colonie espagnole. Le , malgré les attaques incessantes de la part des Haïtiens, la République dominicaine se déclare à nouveau indépendante ; l'occupation de la partie espagnole de l'île d'Hispaniola pendant ces 22 années par les Haïtiens — qui y commettent exactions et abus de pouvoir à répétition — laisse un fort mauvais souvenir aux Dominicains.
Une longue succession de coups d'État suit le départ de Jean-Pierre Boyer. Le président Louis Pierrot, qui reste moins d'un an au pouvoir, rétablit en 1846, la mémoire de l'empereur Jean-Jacques Dessalines, bannie par ses prédécesseurs. Le pouvoir ne cesse d'être contesté par des factions de l'armée, les élites mulâtre et noires, et la classe marchande, désormais composée majoritairement d'étrangers (Allemands, Américains, Français et Anglais). Le pays s'appauvrit, peu de chefs d'État se préoccupent de son développement. Dès que le pouvoir se fragilise, des révoltes armées se déclenchent, entretenues par les candidats à la succession.
Depuis 1906, le pays est dans le champ d'application de la « diplomatie du dollar » et le département d'État fait pression en 1910–1911 sur Port-au-Prince pour assurer l'entrée de la Citibank dans le capital de la Banque nationale. Depuis, la National City Bank s'emploie à conquérir de l'intérieur l'institution tout en essayant d'acculer les gouvernements haïtiens, endettés, à accepter le contrôle des douanes. En , des troupes américaines s'emparent de fonds publics contenus dans la banque et les transfèrent aux États-Unis, malgré les protestations haïtiennes contre un « acte de piraterie internationale »[33].
Le vice-président de la Banque nationale, Roger L. Farnham, définit le plan qui sera adopté par le département d'État. Il s'agit, à la faveur d'une occupation militaire, de contrôler l'ensemble de l'administration et ainsi de favoriser les intérêts économiques américains dans le pays. En dépit d'une forte pénétration par les capitaux américains de l'économie haïtienne (chemins de fer, transports urbains, électricité, ...), la Constitution refusait aux étrangers le droit de propriété immobilière, les tenant éloignés de nombreux secteurs (sucre, café, coton, tabac, bois, ...)[33].
En dehors des interférences américaines, le pays est en état d'insurrection quasi permanente. De 1910 à 1915, cinq présidents se succèdent, situation qui culmine avec l'exécution de 167 prisonniers politiques le , suivie d'une révolte populaire qui renverse le gouvernement et met à mort le président Vilbrun Guillaume Sam. Cette révolution, menée par Rosalvo Bobo, qui s'opposait notamment au rapprochement du pays avec les États-Unis, ne plaît pas à ces derniers, mais la décision d'envahir Haïti était déjà prise avant le renversement de Vilbrun Guillaume Sam[33].
Décidant d'intervenir par la force, les États-Unis, dont des soldats étaient présents sur l'île depuis 1914[34], envahissent le pays et établissent par traité leur domination militaire, commerciale et financière. Une nouvelle Constitution est écrite par les États-Unis et instaurée en 1918. L'anglais devient de 1918 à 1934 la seconde langue officielle du pays, après le français. L'instauration du travail forcé et le racisme des Marines favorisent les recrutements par la résistance nationaliste, dirigée par Charlemagne Péralte, qui comprend 5 000 combattants permanents et 15 000 irréguliers. La zone de la guérilla concerne essentiellement le Nord et le Nord-Est du pays[33]. En France, des élus politiques pensaient que Haïti allait devenir une colonie Américaine, comme le furent les territoires Espagnols de Porto Rico et des Philippines, qui furent occupés par les Américains en 1898, lors de la guerre des États-Unis contre l'Espagne.
Après de multiples combats aux abords de certaines grandes villes, les rebelles donnent l'assaut à la capitale, Port-au-Prince, le . Les forces d'occupation américaines peuvent compter sur leur avantage matériel : utilisation de mitrailleuses, avions de reconnaissance, missions de patrouilles et de mitraillage par des hydravions. La liberté de circulation à l'intérieur du pays est supprimée par l'occupant avec l'instauration de passeports intérieurs, et, surtout, la répression frappe régulièrement la population civile, au point que le commandement général des Marines reconnaisse la réalité de « tueries sans discrimination » dans les campagnes de contre-insurrection. Des paysans sont internés dans des camps de concentration sous prétexte de nécessité militaire de regroupement. Entre 1915 et 1920, 3 250 à 5 500 Haïtiens sont morts lors des rébellions contre l'occupation[35],[33].
Charlemagne Péralte est assassiné le , un espion ayant conduit les Marines jusqu'à lui. Benoît Batraville reprend le commandement et parvient à maintenir l'activité de la guérilla, mais est tué au combat le . Après la mort de ses chefs, démoralisée, la guérilla s'éteint progressivement. L'occupation prend fin en 1934[33].
De l'instabilité politique à la dynastie Duvalier (1957–1986)
Après la fin de l'occupation américaine, l'instabilité politique (entre militaires mulâtres et populistes noirs) reprend, et ne s'achève qu'à partir de 1957 avec l'élection de François Duvalier, dont le régime, basé sur le principe du pouvoir au plus grand nombre, durera jusqu'en 1986.
Partisan de la lutte contre ceux qui contrôlent l'armée et qui ont précédemment renversé le noiriste Léon Dumarsais Estimé, François Duvalier (surnommé « Papa Doc » pour son passé de médecin de campagne) assied son pouvoir personnel grâce à la délation et alimente la terreur à l'aide de ses partisans, surnommés Tontons Macoutes, véritables escadrons de la mort. Mettant en place un culte de la personnalité, il s'autoproclame président à vie en 1967 et meurt de maladie en 1971 après avoir désigné son fils Jean-Claude comme héritier. Ce dernier deviendra alors le plus jeune président du monde[36] et sera surnommé « Baby Doc ».
La dictature de la dynastie Duvalier est responsable de nombreuses tueries, de massacres d'opposants et de civils, tel celui de la ville de Jérémie (connu sous le nom « Massacre des Vêpres jérémiennes ») en 1964. Elle pousse de nombreux Haïtiens à s'exiler, notamment aux États-Unis et au Canada, où certains, partisans du pouvoir aux plus capables et qui avaient jusque-là monopolisé le pouvoir politique et militaire, se posent en victimes du régime.
En 1986, après avoir répondu par la violence à une suite de manifestations, Jean-Claude Duvalier démissionne et s'exile en France sous la pression du peuple et des États-Unis. Il laisse le pouvoir aux six membres du Conseil national de gouvernement(en) qu'il a formé, et qui est mené par le commandant en chef des armées Henri Namphy. Le régime des Duvalier laisse environ 50 000 morts et le pays ruiné : pour la seule période allant de à , Jean-Claude Duvalier et neuf de ses proches avaient détourné à leur profit 120 575 000 dollars dans les caisses des entreprises publiques et de l'État haïtien[32]. En 1988, un tribunal de Miami reconnut que Jean-Claude Duvalier avait « détourné plus de 504 millions de dollars d'argent public »[37].
Après la chute de la dictature, les créditeurs du pays insistèrent pour que les Haïtiens honorent la dette contractée par les Duvalier, estimée à 844 millions de dollars et dont une grande partie était due à des institutions internationales comme le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. La légalité de ces remboursements, alors qu'une grande partie de cette dette n'a pas été dépensée en Haïti, mais détournée par les responsables du régime, a été contestée par certains hommes politiques et observateurs. Cephas Lumina, l'expert indépendant des Nations-Unies sur la dette extérieure, a soutenu que « le cas d'Haïti est l'un des exemples les plus frappants de dette odieuse dans le monde. Rien que pour cette raison, la dette devrait être annulée sans conditions »[37].
Ère de transition post-Duvalier (1987–1990)
Des élections générales sont organisées pour , mais sont annulées après des tirs de militaires et d'anciens Tontons Macoutes sur des dizaines de civils le jour du vote. Elles sont suivies par des élections en qui voient Leslie Manigat et son Rassemblement des démocrates nationaux progressistes l'emporter. Toutefois, le gouvernement est renversé en par un coup d'État militaire mené par le général Namphy, qui est lui-même démis du pouvoir par un second coup d'État militaire en septembre, mené par le général Prosper Avril, qui avait dû quitter le Conseil national de gouvernement après des manifestations populaires protestant contre sa proximité avec les Duvalier.
Ce second coup d'État fait suite au massacre de St-Jean-Bosco le , par des hommes non identifiés, mais considérés généralement comme d'anciens Macoutes. Des dizaines de fidèles sont ainsi tués dans l'église catholique de St-Jean-Bosco à Port-au-Prince, la paroisse de l'influent prêtre Jean-Bertrand Aristide (qui survit à l'attentat), un des critiques les plus notoires de la famille Duvalier.
Ce massacre, qui dure trois heures, est suivi selon la Commission interaméricaine des droits de l'homme de déclarations à la télévision nationale de participants à l'attentat, qui menacent de commettre à nouveau de tels actes, montrant ainsi la proximité du pouvoir en place avec les ex-Macoutes[38]. Le gouvernement militaire d'avril se maintient en place jusqu'en mars 1990.
Malgré la fuite de Duvalier, ses ex-Macoutes et paramilitaires continuent de mener des opérations punitives contre des journalistes et militants politiques. Entre 1986 et 1990, plus de mille cinq cents personnes sont assassinées par ces groupes[32].
De 1990 à 2021
1990–1996 : Premier mandat d'Aristide, coup d'État et retour au pouvoir
Les élections législatives et présidentielle de décembre 1990 se déroulent de façon régulière et en présence d'observateurs étrangers. Le père Jean-Bertrand Aristide, partisan d'une plus grande justice sociale et proche du courant de la théologie de la libération, est élu à la présidence avec 66,7 % des voix[39]. Cette consultation marquée par une forte participation, a été boycottée par les duvaliéristes[40]. Ceux-ci considèrent que l'élection de J.-B. Aristide a été un « coup d'État électoral ».
En janvier 1991, Roger Lafontant, ancien chef des tontons macoutes, tente de renverser le gouvernement, mais les soldats loyalistes parviennent à obtenir sa reddition. Le mandat d'Aristide débute le , mais un coup d'État sanglant mené par Raoul Cédras et des militaires (soutenus par l'oligarchie marchande) l'oblige en septembre à s'exiler aux États-Unis. Pendant trois ans, les milices (que d'aucuns estiment soutenues par les États-Unis[41],[42],[43]) intimident la population et assassinent les meneurs syndicaux et les militants qui avaient constitué la base de la résistance aux Duvalier et l'appui à l'élection d'Aristide. La plus importante de ces forces paramilitaires, le FRAPH, avait été fondée par un supposé agent de la CIA Emmanuel Constant[44],[45]. La dictature laisse environ quatre mille morts[46].
En , Aristide est rétabli au pouvoir par l'administration de Bill Clinton, lors de l'opération « Rétablir la démocratie »[47] à la condition de renoncer à récupérer les années perdues lors de l'intermède militaire et de se plier à un programme néolibéral[48],[49], surnommé « plan de la mort » par une partie des Haïtiens[50]. Il s'agissait en partie du programme[51] de son opposant lors des dernières élections, un ancien fonctionnaire de la Banque mondiale, Marc Bazin[52]. Son retour fut par ailleurs marqué par le démantèlement de l'armée, corrompue, prévaricatrice et vecteur d'instabilité politique.
1996–2001 : Premier mandat de Préval
Aristide quitte la présidence en 1996 et René Préval lui succède. Malgré son appartenance à Lavalas, le parti d'Aristide, il n'est soutenu que du bout des lèvres par l'ancien président. Il applique immédiatement le plan américain[53], ce qui provoque un véritable tollé dans l'île.
Aristide est réélu en 2000, avec une abstention estimée à 90 % par l'ONU[54]. Des inondations provoquent la mort de 2 000 personnes en mai 2004. En septembre de la même année, une tempête tropicale laisse derrière elle 2 200 morts et disparus et quelque 300 000 sinistrés[39].
Après plusieurs mois de pressions exercées par la communauté internationale, plus particulièrement par la France (avec l'intervention de Régis Debray et Véronique de Villepin-Albanel) et les États-Unis, Aristide est obligé, lors de la révolte populaire du , de quitter le pays avec un commando des forces spéciales des États-Unis[55]. Boniface Alexandre, président de la Cour de cassation, assure ensuite le pouvoir par intérim.
En mars 2004, les résultats d'une commission d'enquête sur Haïti, dirigée par l'ancien procureur général des États-Unis Ramsey Clark, indiquent que « les gouvernements des États-Unis et de la République dominicaine auraient participé à la fourniture d'armes et à la formation des rebelles haïtiens dans ce pays ». La commission a constaté que 200 soldats des forces spéciales américaines avaient été envoyés en République dominicaine pour participer à des exercices militaires en février 2003. Ces exercices, autorisés par le président dominicain Hipólito Mejía Domínguez, ont été menés « près de la frontière, précisément dans une zone à partir de laquelle les rebelles lançaient régulièrement des attaques contre les installations de l'État haïtien »[56].
De nouveau documents sortis en 2021, impliquent également le Canada dans ce coup d'État à Haïti[57].
2006–2011 : Second mandat de Préval
En février 2006, à la suite d'élections marquées par des incertitudes sur le décompte des bulletins de vote, et grâce à l'appui de manifestations populaires, René Préval est élu.
2011–2016 : Mandat de Martelly
Du au , Michel Martelly est président de la République. Durant son mandat, il décide de récréer l'armée haïtienne.
La corruption, déjà importante, devient plus visible sous sa présidence. Le scandale PetroCaribe en est emblématique : des hommes d'affaires et hommes politiques proches du pouvoir détournent à leur profit une grande partie de l'aide économique vénézuélienne (4,2 milliards de dollars) destinée à l'amélioration des services publics[58].
À la fin de son mandat, aucun successeur n'est élu et un gouvernement provisoire lui succède.
Dès le mois de mai 2017, des milliers d'ouvriers employés par les industries textiles des zones franches prennent régulièrement la rue pour demander une hausse du salaire minimum, alors fixé à 300 gourdes (4 euros) par jour, mais leurs revendications restent ignorées. Les mobilisations sont renforcées en septembre par d'autres secteurs de la population en protestation contre le vote du budget de l'État. Celui-ci prévoit une hausse supplémentaire de taxes affectant l'ensemble de la population. En revanche, les tarifs douaniers qui s'appliquent au riz, par exemple (passés de 35 % à 3 % en 1994), n'évoluent pas, condamnant Haïti à la dépendance : 80 % du riz consommé sur place est importé, dans un marché contrôlé par une poignée d'importateurs richissimes. La libéralisation de l'économique est accentuée afin d'attirer les investissements étrangers, alors que l'environnement, la santé et l'éducation restent délaissés[58].
En , une hausse, inspirée par le Fonds monétaire international (FMI), allant jusqu'à 50 % des prix des carburants à la pompe et des scandales de corruption impliquant plusieurs ministres et le président lui-même provoquent d'importantes manifestations contre le gouvernement[59].
La majorité des manifestants sont issus des quartiers les plus pauvres. Marc-Arthur Fils-Aimé, directeur général de l'Institut culturel Karl-Lévêque, déclare : « Les revendications se sont radicalisées à un point tel qu'elles ont pris l'allure d'une lutte de classe. Les luttes conjoncturelles se sont superposées à des luttes structurelles. Il est presque impossible de bien cerner le contour des actuelles perturbations si on les sépare de la charpente socio-économique et culturelle du pays où les élites exportatrices ont prospéré au point de réduire l'île à l'état de néo-colonie[60].
Du 15 septembre à début octobre 2019, au moins 17 personnes sont tuées et près de 200 blessées par balles et armes blanches, d'après le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), qui indique : « Les autorités actuelles, depuis leur avènement au pouvoir, bafouent les acquis démocratiques du peuple haïtien et violent systématiquement ses droits. Elles n'ont jamais pris au sérieux les différents mouvements de protestation réalisés dans le pays depuis juillet 2018 par une population en proie à tous les maux et qui réclame la jouissance de ses droits civils, économiques, politiques et sociaux »[60].
Ariel Henry, nommé premier ministre, assure une présidence par intérim depuis l'assassinat du président Jovenel Moïse.
Depuis 2022
La crise politique s'aggrave le 9 janvier 2024, date de fin de mandat des élus nationaux. Faute d'élections organisées depuis 2016, le pays ne compte plus aucun représentant élu au niveau national[62]. L'instabilité politique a provoqué l'émergence de plusieurs gangs, menant des guerres de territoires dans le pays[63],[64], certains médias évoquant même une « situation cataclysmique »[65].
La république d'Haïti est un état de la mer des Caraïbes situé dans l'hémisphère nord à précisément 18° 32' 21" N et 72° 20' 11 O", ce qui la place à peu près à la même longitude que la ville de Québec au Canada et à la même latitude que la ville de Nouakchott en Mauritanie.
Les canaux séparant Haïti des îles voisines sont par exemple le Passage du Vent (long de 87 km) entre elle et Cuba ou le Passage de la Jamaïque (190 km) entre elle et la Jamaïque.
La ZEE haïtienne s'étend sur une surface de 126 760 km2.
Haïti (comme le reste de l'île d'Hispaniola) se trouve dans une zone sismique active, entre deux plaques tectoniques : la plaque nord-américaine au nord et la plaque caraïbe au sud, rendant le pays particulièrement vulnérable aux tremblements de terre. Pour ces raisons, le territoire est traversé par de nombreuses failles géologiques dont les deux principales sont la Faille Septentrionale (située au nord) et la Faille Enriquillo Plantain-Garden (située au sud)[66].
Le relief de la « Terre montagneuse » est constitué de montagnes escarpées avec de petites plaines côtières et des vallées. Celui de la république d'Haïti est formé, comme pour l'île entière, de deux bandes montagneuses principales séparées par la plaine du Cul-de-Sac : l'une au nord, où s'élèvent la chaîne du Haut-Piton, le massif des Montagnes Noires et la chaîne des Matheux ; l'autre au sud, constituée par le massif du pic la Selle et le massif de la Hotte. Enfin, la partie centrale et l'est forment un grand plateau d'altitude.
Le territoire haïtien compte également quelques îles et un archipel, à savoir :
Le climat rencontré en Haïti est de type climat tropical de savane, d'après la classification de Köppen. Cela signifie que les températures moyennes annuelles varient entre 25 °C et 30 °C et celles de la mer entre 26 °C et 29 °C. Il comprend deux saisons bien distinctes, soit une saison sèche s'étalant de novembre à mars et une saison des pluies s'étalant d'avril à octobre. Du mois de juin à la fin du mois de novembre s'étend la saison des ouragans.
Selon les lieux, le climat présente des variations notables s'expliquant en partie par l'effet des courants marins et du relief, mais également par l'effet de la déforestation dans l'intérieur du pays. En effet, le climat dans les terres y devient très vite de plus en plus aride, et durant les périodes estivales il est fréquent que le thermomètre dépasse les 40 °C.
Ainsi, en plus du climat tropical de savane rencontré dans les localités de Jacmel, Léogâne ou Port-au-Prince, on peut aussi observer :
Dans le massif de la Selle, la température moyenne annuelle est d'environ 20 °C et les précipitations sont de l'ordre d'environ 2 000 mm par an, ce qui constitue par ailleurs le point le plus humide du pays[68]. Les précipitations baissent depuis 1980, mais lorsqu'elles apparaissent, elles deviennent de plus en plus brutales et provoquent des inondations souvent meurtrières. Ces inondations sont causées par une terre durcie qui devient rapidement boueuse.
Paysages, environnement et aires protégées
Le paysage d'Haïti se caractérise par quelques-uns des éléments suivants :
le golfe de la Gonâve qui est un grand golfe d'Haïti formant l'essentiel de la côte ouest. C'est dans ce dernier que se jette le fleuve principal : l'Artibonite ;
la plaine du Cul-de-Sac (désignée également sous le terme de dépression de Cul-de-Sac) formant une vallée qui était autrefois un bras de mer. Au moment du retrait de celle-ci, l'eau salée a été piégée dans les points les plus bas de la dépression donnant naissance à deux grands lacs d'eau saumâtre : l'étang Saumâtre (appelé aussi « lac Azuéi »), ainsi qu'un petit étang d'eau douce appelé trou Caïman.
La péninsule de Tiburon dont le massif de la Hotte couvre la partie occidentale de la péninsule. Cette région, et plus précisément le massif de la Hotte, est recouverte d'une importante forêt tropicale et d'une forêt de nuage recouvrant notamment les sommets montagneux du pic de Macaya (second pic le plus haut d'Haïti avec ses 2 347 mètres d'altitude).
En 1925, 60 % des forêts originelles d'Haïti étaient déjà détruites, chiffre qui atteint aujourd'hui[Quand ?]70 à 80 %[69], à la fois pour se procurer du bois de feu et pour créer des surfaces agricoles.
Puis, dès 1926, apparaissent les premières lois de protection. D'autres espaces seront progressivement ajoutés, notamment en 1969, en 1974 avec la création du Parc de la Visite et celui de Macaya, et en 2013.
En outre, l'érosion due à la déforestation a causé des inondations périodiques, comme le , lorsque la tempête tropicale Jeanne a tué plus de 3 000 personnes et détruit des routes, en particulier dans la ville des Gonaïves.
Haïti est riche par sa diversité tant florale que faunique. Mais aussi par le très grand nombre d'espèces endémiques que son territoire compte, notamment dans la biosphère du massif de la Hotte.
Parmi les mammifères citons l'Almiqui paradoxal, animal venimeux qui est en danger d'extinction.
Enfin, dans les eaux haïtiennes, il est parfois possible d'observer quelques espèces de cétacés.
Risques naturels
Par sa situation géographique qui la place entre deux plaques tectoniques, dans une zone régulièrement fréquentée par des cyclones venus d'Atlantique ou qui la confronte cycliquement à des pluies diluviennes, Haïti est soumise à de nombreux risques naturels et à des aléas climatiques.
Les spécialistes ont identifié au moins dix séismes qui auraient atteint ou dépassé la magnitude 7 depuis le XVIe siècle, soit en moyenne un tous les 50 ans[73]. Le dernier en date du 14 août 2021, d'une magnitude 7.2, a eu lieu à 13 km au sud-est de Petit-Trou-de-Nippes, département des Nippes. D'après la Direction de la protection civile son bilan provisoire serait de 1 941 morts et plus de 9 900 blessés[74], mais le plus meurtrier connu reste celui de 2010.
Le , un tremblement de terre de magnitude 7,0 sur l'échelle de Richter frappe l'Ouest d'Haïti et notamment sa capitale, Port-au-Prince. Le foyer (ou l'hypocentre) du séisme a été localisé à 10 km de profondeur. Ce violent tremblement de terre est survenu à 16 h 53 (16 h 53 min 10,4 s), heure locale. Il est suivi de plus d'une centaine de répliques. Il s'agit du séisme le plus important et le plus meurtrier de l'histoire d'Haïti, allant jusqu'à désorganiser totalement le fonctionnement de l'État, à l'image de l'effondrement de plusieurs bâtiments publics comme le palais présidentiel qui entraîna la mort de plusieurs cadres du gouvernement. Le président Préval et son Premier ministre Jean-Max Bellerive y échappent de peu. De plus, des milliers de détenus alors incarcérés à la prison de Port-au-Prince se sont échappés, à la suite de l'effondrement de celle-ci, fragilisant encore plus une situation sécuritaire déjà précaire.
La Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) fut également dévastée par l'écroulement de son quartier général à Port-au-Prince : plus de 150 Casques bleus dont le chef de mission Hédi Annabi et son adjoint sont morts. Le bilan de ce cataclysme sismique s'élève, au , à plus de 300 000 morts, 300 000 blessés et 1 000 000 sans-abris. Mais le général Ken Keen, qui dirige la force spéciale américaine en Haïti, a évoqué celui de 150 000 à 200 000 morts comme « hypothèse de travail ». Barack Obama parle « de la plus grande catastrophe humanitaire qu'aient eu à gérer les États-Unis d'Amérique ». Les États-Unis y ont dépêché sur place 16 000 militaires, l'Union européenne 1 500[75].
Le , à six heures (heure locale), une réplique de magnitude 6,1 sur l'échelle de Richter, ressentie à soixante kilomètres à l'ouest de la capitale en ruine, frappe à nouveau le pays.
En 2019, un premier projet de science sismo-citoyenne est mis en place en Haïti. L'objectif de ce dernier est d'installer des sismomètres "Raspberry Shake" peu coûteux chez des citoyens haïtiens volontaires. Le projet se décompose en deux intérêts essentiels : compléter le réseau sismique en récoltant des données sur les séismes locaux et évaluer l'effet de ces sismomètres sur la perception du risque et l'intérêt scientifique que peut susciter ce phénomène pour le citoyen hébergeur et sa communauté. Cette démarche a permis d'enregistrer le séisme du 14 août 2021 et ses répliques dans la péninsule de Tiburon. Renouvelé en 2022, et financé par l'Agence Nationale de la recherche, le projet prend le nom d'OSMOSE. OSMOSE vise à déterminer si, et comment, la diffusion des connaissances sur les tremblements de terre, en plaçant les citoyens et les communautés au cœur du mécanisme de production de l'information scientifique, peut améliorer la prise de conscience des risques et promouvoir les initiatives de protection à la base.
Entre et , quatre cyclones (« Hanna », « Ike », « Fay » et « Gustave ») frappent le pays[59].
Après avoir balayé les Caraïbes, fait quatre morts en République dominicaine et poussé à l'évacuation plusieurs milliers d'habitants, le dangereux cyclone Matthew s'abattait sur la presqu'île du Sud faisant de nombreux morts et causant d'importants dégâts matériels dans la nuit du 3 au .
Matthew a frappé Haïti mardi à 7 h 0 avec des vents atteignant 230 km/h, faisant plus de 1 000 morts[76], détruisant des dizaines de maisons et menaçant notamment quatre millions d'enfants dans un pays totalement démuni déjà fragilisé par le séisme dévastateur de 2010.
Déboisement, érosions et glissement de terrain
Le déboisement d'une large partie du territoire a des conséquences sur la stabilité des sols et entraîne la mise en danger des populations. La pluie et la chaleur provoquent une grande érosion des sols causant régulièrement des glissements de terrains ou des éboulements souvent meurtriers.
Changement climatique
Bien que la contribution d'Haïti au changement climatique soit négligeable (les émissions de CO2 par habitant représentent, en 2010, 1 % de celles des États-Unis), le pays est l'un des plus exposés aux conséquences[37].
Le réseau ferroviaire, qui se développa au cours de la seconde moitié du XIXe siècle et qui se déclinait en un réseau urbain de type tramway à Port-au-Prince et un réseau régional de type train sur l'ensemble du pays, cessa dans l'ensemble de fonctionner vers 1960. Toutefois, la République dominicaine qui projette de reconstituer son réseau national, propose d'y associer Haïti. À terme une ligne de chemin de fer devrait relier les deux capitales de l'île d'Hispaniola (Port-au-Prince et Saint-Domingue)[77] et, selon les autorités dominicaines, permettre la construction d'un réseau transnational desservant des villes haïtiennes.
Haïti est une républiquedémocratique indivisible, souveraine, indépendante, coopératiste, libre et sociale. Le droit de vote est accordé à tous les citoyens âgés de dix-huit ans et plus.
Organisation de l'État
Le président de la République est le chef de l'armée et veille à la fois sur le respect de la Constitution et à la bonne marche des institutions de l'État. Le poste par intérim est, depuis le 20 juillet 2021, confié à Ariel Henry.
Le Premier ministre et son gouvernement (représentant du pouvoir exécutif) ont pour rôle de faire exécuter et respecter les lois. Le chef du gouvernement conduit également la politique de la nation selon la vision du président, nomme et révoque les fonctionnaires de l'État.
La réunion des deux chambres en une seule assemblée constitue l'Assemblée nationale.
Les compétences au sein de l'appareil d'état sont également les suivantes :
Le président ne peut être mis à pied que par une mise en accusation de la Chambre des députés et le Sénat qui l'érige en haute cour de justice ;
Le Premier ministre ne peut pas être révoqué par le président de la République, mais peut être interpellé par l'une des deux chambres et renvoyé après un vote de censure ;
Le Parlement vote le budget de la République et déclare la guerre ;
Le Sénat approuve la nomination du chef de la police, du commandant en chef de l'armée, les ambassadeurs et suggère au président une liste des personnages qui doivent faire partie de la cour de cassation et en une seule chambre, ils désignent trois noms pour les représenter au conseil électoral, trois noms au Conseil supérieur du pouvoir judiciaire et à la cour constitutionnelle.
La capitale d'Haïti est Port-au-Prince, la plus grande ville du pays. La métropole du Nord dénommée Cap-Haïtien est la seconde ville en dehors de l'arc métropolitain de la capitale. Cette dernière, du fait de son rang d'ancienne capitale notamment sous la colonie française, de son architecture mais aussi du fait de son rôle dans les combats pour l'indépendance, demeure comme un emblème de l'histoire haïtienne.
Chaque département est administré par un Conseil de trois membres élus pour quatre ans par l'Assemblée départementale. L'exécutif nomme un délégué départemental, chargé d'administrer les différents ministères déconcentrés et qui travaille de concert avec l'assemblée départementale. Il existe aussi ce qui est couramment appelé le « onzième département », représentant les quelque deux millions d'Haïtiens vivant à l'extérieur du pays : la diaspora haïtienne.
La commune a l'autonomie administrative et financière. Chaque commune de la République est administrée par un conseil de trois membres élus au suffrage universel dénommé conseil municipal.
La section communale est la plus petite entité administrative et dérive des communes. Elle dispose d'un « Conseil d'administration de la section communale » (CASEC) et d'une « Assemblée de la section communale » (ASEC).
En Haïti, le pouvoir judiciaire est exercé par les instances suivantes :
La plus haute instance juridique du pays est la Cour de cassation et suivant la publication de la nouvelle constitution amendée sous le président René Préval, Haïti se voit dotée d'une Cour constitutionnelle chargée d'assurer la constitutionnalité des lois. Le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire est aussi créé pour renforcer la neutralité de la justice et joue son rôle administratif au sein du pouvoir judiciaire[79].
Haïti, surnommée « la perle des Antilles » depuis l'époque coloniale, était la plus prospère des colonies françaises[80]. Après son indépendance en 1804, aucun chef d'État français ne la visite officiellement jusqu'en 2010, lorsque Nicolas Sarkozy s'y rend (quelques heures), suivi en 2015 par François Hollande[81]. Haïti entretient notamment des relations avec la France à travers l'Organisation internationale de la francophonie (voir section Haïti et la francophonie).
Le PIB du pays s'élève à 8,2 Mds USD en 2016 et le PIB par habitant est estimé à 759 USD (2016) ce qui place Haïti comme le Pays Moins Avancé (PMA) des Amériques. Le PIB par habitant exprimé en gourde (monnaie) (la monnaie locale) a progressé de 10% en termes réels depuis 2010. En plus des coûts humain et matériel provoqués par le séisme de janvier 2010, anéantissant 10 années de lutte contre la pauvreté et générant un besoin de reconstruction équivalent à 120% du PIB (environ 10 Mds USD), se sont ajoutés une série d'ouragans (2012 et 2016) et plusieurs vagues de choléra[82].
Sur une population estimée à 10,85 M d'habitants, 70 % des personnes vit sous le seuil de pauvreté et 24 % sous le seuil de pauvreté extrême. Le déséquilibre entre les riches et les pauvres est marquant. Les personnes fortunées d'Haïti ne représentent que 20 % de la population, mais possèdent à elles seules 63 % de la richesse du pays, ce qui ne laisse que 9 % des richesses aux plus démunis[83].
L'indice de développement humain (IDH) est de 0,535 en 2021[6] et la part du budget de l'État consacrée à la santé est passée de 16,6 % en 2004 à 4,3 % en 2018[84]. Dans son rapport de , la Mission des Nations unies pour l'appui à la Justice en Haïti constate que « les conditions de vie de la population haïtienne se détériorent de plus en plus ». Pour l'ensemble du pays, 5,5 % et 27 % des personnes se trouvent respectivement dans des situations d'urgence et de crise alimentaire ; 2,26 millions de personnes sont classées comme étant en situation d'insécurité alimentaire « et ont besoin d'une aide humanitaire à cet égard »[59].
Le taux de chômage varie de 50 à 70 % et sa réduction reste un défi à relever pour les autorités haïtiennes[85].
Chaque année, pour la saison de la récolte de la canne à sucre, environ vingt-cinq mille Haïtiens rejoignent la République dominicaine. Pour beaucoup, ils se retrouvent à la merci des grands propriétaires dominicains et leur situation est dénoncée comme une forme d'esclavage contemporain par des journalistes[86]. La récolte terminée, la grande majorité de ces travailleurs, endettés et en situation illégale, ne peuvent quitter le pays. Leurs enfants, dont le nombre était estimé à 250 000 en 2008, ne sont pas reconnus par les autorités et sont apatrides, le plus souvent sans accès à l'école ni aux soins médicaux et pour la plupart forcés de travailler dans les plantations dès qu'ils atteignent l'âge de tenir une machette[87].
De plus, Haïti souffre d'une inflation élevée et d'un manque d'investissement à cause de l'insécurité, des infrastructures limitées et d'un manque de confiance. Le gouvernement dépend en grande partie de l'aide internationale pour construire son budget annuel. Et les transferts d'argent venant de la diaspora haïtienne demeurent néanmoins une importante source de devises pour le pays, puisqu'ils représentent 30 % du produit intérieur brut et deux fois la valeur des exportations. En 2017, ces transferts provenaient principalement des États-Unis, du Canada, de la France ainsi que du Chili dont les transferts représentaient selon la Banque centrale chilienne 92 millions de dollars américains, soit 12,65 % des transferts en provenance de cet État sud-américain[88].
Secteurs économiques
Apport de chacun des secteurs économiques dans le PIB haïtien[89] : agriculture 17,58 %, industrie : 56,77 %, services : 25,65 %.
L'agriculture emploie l'essentiel de la main-d'œuvre avec plus des deux tiers de la population en âge de travailler. Les exploitations agricoles sont, avant tout, des fermes de subsistance, de dimensions restreintes. Le café, le cacao, le sisal, le coton, les mangues comptent parmi les produits destinés à l'exportation.
L'explosion démographique et le manque de compétitivité par rapport aux produits importés ont affaibli considérablement ce secteur, dont la production se trouve de plus en plus destinée au marché intérieur avec des produits tels que le maïs, le riz, les fruits.
Également, s'agissant du secteur primaire de l'économie haïtienne, les principales ressources naturelles exploitées sont la bauxite, le cuivre, le carbonate de calcium, la pierre à chaux, l'or, la marne et l'hydroélectricité. Toutefois, seule la bauxite a été exploitée commercialement à une échelle significative[90].
L'industrie concentre la majorité de ses activités dans la capitale Port-au-Prince. Et les principaux produits qui y sont fabriqués sont : les composants électroniques, le textile et les balles de baseball.
Le tourisme en Haïti est à la fois culturel, avec des forts, dont la citadelle La Ferrière et le palais de Sans-Souci et des villes comme Labadie ainsi que naturel, avec les plages d'eau turquoise de Jacmel. Surnommée autrefois la « perle des Antilles », Haïti bénéficie d'un climat tropical.
Après l'embargo contre Cuba décidé par le président américain John Fitzgerald Kennedy en 1962 (et levé partiellement en 2000 seulement), Haïti devient un lieu de villégiatures pour riches touristes américains[91].
En , le Congrès américain a voté la loi HOPE II (HOPE pour Hemispheric Opportunity through Partnership Encouragement : « opportunité hémisphérique par l'encouragement aux partenariats », sachant que « hope » signifie « espoir » en anglais), pour permettre aux produits manufacturiers, particulièrement le textile d'avoir accès sans tarif douanier au marché américain.
Les programmes sociaux établis par le gouvernement sont limités, en dépit d'une nette augmentation en 2009. Certaines agences offrent des pensions de retraite et des allocations pour les accidents du travail. L'accès aux emprunts est faible, 2 % du crédit du système bancaire finance le secteur agricole et le développement rural.
Haïti reçoit également des aides multiformes venant de l'intérieur de son propre pays. Plusieurs associations, institutions et fondations participent à la reconstruction du pays et à son développement. Parmi ces organismes, la Fondation pour le développement du tourisme alternatif en Haïti (FONDTAH), qui élabore le développement d'un tourisme alternatif adapté aux conditions du pays. La FONDTAH participe avec la Société d'exploitation du Parc naturel Quisqueya (SODEPA) de Fonds-Parisien, l'Association des artistes et artisans de la Croix-des-Bouquets (ADDAC), l'Association pour le développement de Bas-Boën (ADEBABO), le ministère de l'agriculture et celui de l'environnement, au développement du village de réfugiés du cataclysme dans la section communale de Fonds-Parisien située sur la commune de Ganthier dans le département de l'Ouest d'Haïti[92].
La Banque mondiale (BM), avec l'assistance du gouvernement haïtien, a identifié trois domaines qui demandent le plus de soutien à la suite du tremblement de terre de 2010. Le premier consiste à augmenter les possibilités économiques à l'extérieur de la capitale, c'est-à-dire de développer les énergies renouvelables. Ensuite, le pays doit renforcer l'accès aux services humanitaires avec l'amélioration des écoles et du service de la santé et, finalement, il doit améliorer les protections en cas de catastrophes naturelles, en renforçant les infrastructures, les ponts et les routes[95].
Le Venezuela apporte une aide économique de près de 4 milliards de dollars dans le cadre de l'accord PetroCaribe pour financer des projets sociaux. Une part importante de cette aide a été détournée, en particulier sous l'administration de Michel Martelly[59].
Dette
Le , le roi de FranceCharles X concède « l'indépendance pleine et entière » à l'ex-colonie d'esclaves française moyennant une somme de 150 millions de francs-or, soit 18 milliards de dollars actuels[96] (la somme sera ramenée en 1838 à 90 millions de francs). Cette somme sera obtenue après avoir contracté une dette qui ne sera remboursée en totalité qu'en 1950 ou 1972[Passage contradictoire (Deux sources se contredisent de manière significative sur l'année du dernier remboursement. Dalembert : "La dette ne sera définitivement soldée, remboursée au dernier sou, qu'en 1972." ; Piketty : "La dette de 1825 fut officiellement éteinte et définitivement remboursée au début des années 1950.")][97],[98].
Dans les années 1880, les finances publiques sont dans un extrême désordre, vu l'instabilité politique persistante. Le revenu est évalué à 21,5 millions de francs et les dépenses au double de cette somme. La dette publique s'élève alors à 12 millions de piastres fortes (1 piastre valant 5 francs) dont 308 000 piastres pour le solde de la dette française (1 540 000 francs)[99].
Le , le président Jean-Bertrand Aristide a réclamé officiellement à la France près de 21,7 milliards de dollars en « restitution et réparation » de la dette.
Parallèlement, une dette extérieure totale de 1,2 milliard de dollars « s'est construite sur la dette de l'indépendance », notamment sous « la dictature des Duvalier entre 1957 et 1986 ».
Sans nier une dette de la France à l'égard de leur pays, l'opposition et les intellectuels de la diaspora refusent de s'associer à une demande, émanant d'un régime aussi corrompu et peu démocratique que celui du président Aristide[100].
Début 2010, la dette extérieure est évaluée par Oxfam International à 890 millions de dollars soit 734 millions d'euros.
Situation économique des ménages
Accès aux services sociaux de base
En 2007, le pays présentait un déficit important en services sociaux de base : éducation, eau, santé, assainissement.
La part du budget de l'État consacrée à la santé est passée de 16,6% en 2004 à 4,3% en 2018[102], alors que la population a augmenté.
Le pays ne compte qu'un lit d'hôpital pour 1 502 habitants, un médecin pour 3 353 habitants, et 124 lits de réanimation sur tout son territoire. Les institutions sanitaires – pour la plupart privées – manquent de tout : d'équipements, de matériel de protection, de médicaments, d'accès à l'eau et à l'électricité, etc[103].
En 1790, la population de la colonie, alors nommée Saint-Domingue, s'élevait à environ 500 000 personnes dont 38 360 Européens, 433 270 Africains ayant le statut d'esclave et 28 370 hommes de couleur libres. Haïti a même été qualifié de petit « bout d'Afrique »[104].
Dans les années 1880, elle comprenait environ 570 000 habitants.
La population d'Haïti est estimée à 11 911 819 habitants en 2018[105] dont environ 52% vivent en milieu urbain[106]. La grande majorité de la population est de religion chrétienne[107]. Haïti est le pays le plus peuplé des Caraïbes, devant Cuba. Il a retrouvé cette place en 2020, plus de deux siècles après l'avoir perdue au profit de Cuba, au cours de la première décennie du XIXe siècle, à la suite de la révolution et de la guerre d'indépendance[108].
La plus grande agglomération est la capitale Port-au-Prince avec près de 2 300 000 habitants (est. 2009), suivie du Cap-Haïtien avec 250 000 habitants environ.
80 à 85 % de la population haïtienne est d'ascendance africaine tandis que les 15 à 20 % restants sont issus de métissage (la plus grande proportion se trouvant dans le sud de l'île) ou sont d'origine européenne (française, italienne, allemande, polonaise, portugaise, espagnole). Les Blancs descendants de colons installés avant l'indépendance de 1804 représentent moins de 1% de la population. Il existe aussi une population d'origine arabe, arménienne, juive ou encore indienne (de l'Inde) et asiatique. Selon les tests ADN effectués par certains Haïtiens, la plupart ont une petite quantité de sang arawak/Taïno — le peuple autochtone de l'île.
Le créole haïtien, à base lexicale française, dit kreyòl, est plus administré que la langue des autres pays qui parlent un créole, car il possède une grammaire. La Constitution de 1987 institue en son article 213 une « Académie haïtienne », « en vue de fixer la langue créole et de permettre son développement scientifique et harmonieux »[109]. Cependant, ce n'est qu'en 2013 qu'une loi[110] est rédigée par le parlement pour véritablement mettre sur pied l'Académie, dont le nom français final est « Académie du créole haïtien ».
Quasiment tous les Haïtiens parlent le créole comme langue maternelle, tandis qu'une minorité d'entre eux, soit 40%, maîtrise le français appris au cours de leur scolarité ou qu'ils peuvent entendre à la radio et à la télévision et lire dans la presse[111].
Son entrée à l'Union panaméricaine, l'actuelle OEA (Organisation des États américains), a permis au français de devenir l'une des langues officielles de travail de cet organisme. Tout comme à la conférence de Bretton Woods, quand l'utilisation du français comme langue de travail à l'Organisation des Nations unies naissante ne fut décidée que par une voix de majorité, grâce à celle d'Haïti, qui avait voté en faveur de cette décision[112]. Haïti fut également membre fondateur de l'Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), lors de la création de celle-ci le .
Chaque chef-lieu de département dispose d'un centre de l'Alliance française. Et malgré une influence croissante de l'anglais, du fait de la proximité géographique avec les États-Unis, le français reste en Haïti une langue vivante et très utilisée.
En , Max Jean-Louis, jeune Haïtien alors âgé de 20 ans, est élu administrateur du Centre de la francophonie des Amériques, situé à Québec[113].
Le système éducatif haïtien reste confronté à d'énormes défis malgré le bond significatif du niveau de fréquentation scolaire (77 % en 2012, EMMUS V, contre 50 % en 2005, selon EMMUS 4), le Programme scolaire universel gratuit et obligatoire (PSUGO), la forte demande d'éducation et le soutien de la communauté internationale.
L'accès demeure encore limité sans compter que la qualité et la gouvernance constituent un défi majeur. Entre autres facteurs ayant conduit à cette situation, on peut citer les contraintes budgétaires se traduisant par un investissement public très limité dans le secteur (autour de 10 % du budget en moyenne), la pauvreté massive de plus de 70 % de la population, une législation inadéquate, des normes et pratiques sociales défavorables, des crises récurrentes telles que les désastres naturels (notamment le séisme du ), de même que les capacités organisationnelles et de gestion très limitées du Ministère de l'Éducation nationale.
Selon le dernier recensement scolaire (2011) seule 20 % de l'offre éducative vient du secteur public, le reste étant entre les mains du secteur non-public, la plupart du temps géré sans réglementation et opérant en dessous des normes minimales de qualité. Malgré son importance avérée, l'accès à des activités ciblant les jeunes enfants (0–5 ans) demeure très limité (67 % de taux brut de scolarisation au préscolaire 3–5 ans, MENFP 2011). La faiblesse de la qualité se traduit notamment par des taux moyens de redoublement de 15 % et des taux d'abandon autour de 13 %. Combinés aux entrées tardives, ces facteurs augmentent la proportion des sur-âgés à l'école fondamentale (65 %). On note que le taux de survie en 5e année du primaire est faible (25 %). Cette situation préoccupante s'explique en grande partie par la proportion élevée d'enseignants non qualifiés (plus de 65 %), les conditions d'apprentissage défavorables, et la non-application des normes et standards pouvant garantir un enseignement de qualité. Parmi les enfants les plus affectés par l'accès limité ainsi que l'absence de qualité, on peut citer ceux du milieu rural, ceux des familles pauvres des bidonvilles des grands centres urbains, les enfants séparés de leur famille (centres résidentiels, enfants en domesticité, enfants des rues), les enfants handicapés et les enfants déplacés.
Santé
Hôpitaux en Haïti
Quelques-unes des structures hospitalières sont les suivantes :
En , dans des circonstances peu claires, une épidémie de choléra a éclaté. Elle a démarré le long d'un affluent du fleuve Artibonite[117], la rivière Meye, et a rapidement atteint toutes les zones en aval le long de l'Artibonite ; un rapport amène à penser que la souche microbienne aurait été importée lors de l'arrivée de soldats népalais de l'ONU[118].
En , le ministère haïtien de la Santé et de la Population dénombrait plus de 6 500 morts dues à cette épidémie de choléra. Alors que l'épidémie n'avait pas encore été arrêtée, à la mi-, ce même ministère décomptait plus de 540 000 cas de contagions parmi lesquels 7 000 décès[119].
Le vodou (vaudou), religion originaire du Bénin et apportée par les esclaves noirs sur l'Île, a été reconnu officiellement comme religion en 2003 sous l'administration du président Jean-Bertrand Aristide[120]. De nombreux Haïtiens pratiquent le vaudou tout en se déclarant d'une autre religion, principalement le catholicisme.
Fêtes, festivals et jours fériés
Carnaval d'Haïti (appelé aussi « Mardi gras ») se déroule au mois de février et est l'un des évènements majeur de l'année. Il est fêté dans la capitale ou dans d'autres villes du pays. Et chaque année un thème précis est imposé, comme celui de 2016 qui avait pour thème « Ayiti Toutan » ;
Commémoration du tremblement de terre de 2010 qui a dévasté Port-au-Prince, Léogâne, Jacmel ; une partie des départements de l'Ouest et du Sud-Est d'Haïti (Jacmel) (jour férié)
En 2008, quelques personnes ont défilé lors de la première marche des fiertés du pays. En 2010, à la suite du tremblement de terre touchant l'île et les problèmes qui en découlent, le groupe FACSDIS est fondé à Port-au-Prince. L'association vise à regrouper et se battre pour les droits des femmes lesbiennes et bisexuelles. Le 17 mai 2012 a eu lieu le premier congrès national contre l'homophobie. La même année, l'association Kouraj crée le mouvement M pour lutter contre l'homophobie.
Téléphonie et internet
Le réseau de téléphonie mobile est peu développé en Haïti, mais l'offre de service est en progression notable. En 2008, seulement 428 personnes sur 1 000 disposent d'un téléphone mobile, tandis que 300 personnes ont accès à internet[121]. Néanmoins, grâce à l'arrivée de nouveaux opérateurs téléphoniques et fournisseurs d'accès à internet à l'instar de la Natcom[122], entreprise haïtiano-vietnamienne, en 2011 et l'extension du réseau de la Digicel, beaucoup de progrès sont réalisés dans ce secteur. Par ailleurs, la jeunesse haïtienne est très connectée.
Criminalité
La criminalité a significativement augmenté depuis 2018, notamment du fait de la crise économique.
De 2016 et 2018, on enregistrait une moyenne de 50 enlèvements par an, contre plus de 1 000 en 2021, et le nombre d'homicides a été multiplié par cinq[123]. Les bandes criminelles contrôlent de nombreux quartiers et se livrent de sanglantes guerres de territoire, poussant des milliers d'habitants à fuir[124].
Ces bandes criminelles « tirent leurs ressources des enlèvements, du racket, de leurs liens avec l'élite économique. [Elles] sont moins le fruit de l'absence de l'État haïtien que de la privatisation de ses services. La force publique a été déléguée aux bandes armées afin de réprimer la contestation sociale, d'asseoir le pouvoir des dirigeants et d'assurer leur impunité. De nombreuses enquêtes mettent en évidence la responsabilité de hauts fonctionnaires d'État et d'agents de police dans les attaques de gangs, ou en les approuvant.
L'assassinat de Jovenel Moïse la nuit du 6 au 7 juillet 2021 par un commando armé entré dans sa résidence privée à Port-au-Prince semble participer de ce contexte, et il a aggravé la situation[126]. 40 suspects avaient été rapidement arrêté par la police haïtienne (dont une vingtaine de mercenaires colombiens), puis l'enquête a localement piétiné en raison d'un système judiciaire défaillant[126]. Elle s'est cependant poursuivie sous l'égide de la justice américaine, car c'est en Floride que le complot semble avoir été préparé. Et en mars 2023, dans le cadre de l'enquête criminelle, 4 nouveaux suspects s'ajoutaient aux 7 déjà emprisonnés aux États-Unis pour leur participation supposée à l'assassinat du président Moïse (en juillet 2021)[126]. Arrêtés en Floride où ils habitent, ils sont accusés d'avoir planifié mais aussi financé l'assassinat. Selon Matthew Olsen, chargé des questions de sécurité nationale au ministère de la Justice, trois d'entre eux : Arcangel Pretel Ortiz (Colombien, âgé de 50 ans), Antonio Intriago (Vénézuélien de 59 ans), et Walter Veintemilla (Américain originaire de l'Équateur, 54 ans), sont des patrons de sociétés de sécurité privée du sud de la Floride, qui dans cette affaire criminelle, « cherchaient à tirer des bénéfices » d'un changement de président, en échange de « contrats dans le domaine de la sécurité et de la construction auprès de ceux qui étaient censés prendre le pouvoir après la chute du président Moïse »[126]. Le dernier suspect (Frederick Bergmann) est un Américain de 64 ans, qui les aurait matériellement aidé. L'acte d'accusation précise qu'Ortiz et Intriago dès février 2021 discutaient avec Christian Sanon (Américano-Haïtien « qui souhaitait devenir président d'Haïti » et fin avril 2021, Veintemilla s'était joint à eux pour, alors, susciter une émeute ayant pour objet de pousser le président à la démission. Pour cela, ils avaient recruté d'anciens soldats colombiens (d'avril à juin 2021) et préparé l'achat d'armes[126]. Puis, toujours selon l'accusation, constatant que Christian Sanon ne pouvait être légalement élu et qu'il n'était pas assez populaire pour être élu président, les complotistes ont passé un « contrat » avec un ancien juge de la Cour suprême haïtienne, qui s'était aussi engagé à servir leurs intérêts une fois au pouvoir, envisageant cette fois un assassinat, avec « l'appui » de cinq complices (déjà arrêtées et transférées aux États-Unis entre mars 2022 et mars 2023, dont deux sont des ex-militaires colombiens)[126]. Parmi ces 11 inculpés, 9 le sont pour « complot en vue de tuer une personne en dehors des États-Unis » ; ils encourent pour cela la peine de mort. Christian Sanon et Frederick Bergmann sont eux poursuivis pour exportation illégale de gilets pare-balles vers Haïti[126].
Début mars 2023, un rapport de l'ONU s'inquiète du fait que des armes à feu de calibres de plus en plus élevés sont illégalement transportées à Haïti, contribuant à un niveau de violence croissant (de 2019 à 2022, le nombre d'homicides a doublé, passant de 1.141 à 2.183, alors que les enlèvements restent courants)[127].
La littérature haïtienne et la vie politique ont toujours été fortement imbriquées, à tous les stades de l'histoire d'Haïti. Les intellectuels haïtiens se sont tournés, successivement ou simultanément vers la France, l'Angleterre, l'Amérique, et puisent aux sources des traditions africaines. Dans le même temps, l'histoire d'Haïti a toujours été un matériau riche d'inspiration pour la création littéraire, avec ses héros, ses soulèvements, ses cruautés et ses rites.
La peinture haïtienne se caractérise à la fois par ses sources d'inspiration populaires, spirituelles, et par un style original incarné par les artistes naïfs.
L'artisanat haïtien, quant à lui, est riche et varié. Et quelques-uns des objets fabriqués ou quelques-uns des matériaux qu'il utilise sont :
les objets pailletés ;
la terre cuite ;
le papier mâché artisanal.
Culture vestimentaire
Parmi certains des vêtements représentatifs de la culture vestimentaire haïtienne citons :
La robe quadrillée, commune à plusieurs pays des Antilles, est appelée « robe Carabela ou Karabela » en Haïti ;
La jupe se porte avec un chemisier à manches ou à volants, et un accessoire de tête fait dans le même tissu.
Musiques et danses
La culture haïtienne offre une très grande diversité concernant la danse, et citons par exemple :
↑(en) Martin J. Wolf, John W. Emerson, Daniel C. Esty, Alex de Sherbinin, Zachary A. Wendling et al., 2022 Environmental Performance Index, New Haven, Connecticut, Yale Center for Environmental Law & Policy, , 192 p. (lire en ligne [PDF]).
↑« Haïti, entre insécurité et misère, l'autopsie d'un État failli », sur France Inter, (consulté le ) : « Se pencher sur Haïti c'est pratiquer l'autopsie d'un État failli, regarder un pays où plus rien ne fonctionne. Une vaste majorité de la capitale du pays, Port au Prince, est sous le contrôle des gangs. Ils y font régner la terreur à l'arme lourde. Les morts comme les enlèvements se comptent en centaines. Il est impossible de s'y rendre par voie aérienne. Les liaisons vers l'île ont toutes été suspendues depuis une récente attaque contre l'aéroport. Attaques aussi contre des prisons pour faire libérer des milliers de détenus. Attaques enfin contre des terminaux pétroliers qui provoquent des pénuries de carburants. Haïti a sombré dans l'anarchie. »
↑Philippe Hroděj, « Les premiers colons de l'ancienne Haïti et leurs attaches en métropole, à l'aube des premiers établissements (1650–1700) », Les Cahiers de Framespa. Nouveaux champs de l'histoire sociale, no 9, (ISSN1760-4761, DOI10.4000/framespa.1050, lire en ligne, consulté le ).
↑ a et bGérard Barthélemy, « Le rôle des Bossales dans l'émergence d'une culture de marronnage en Haïti », Cahiers d’études africaines, vol. 37, no 148, , p. 839-862 (ISSN0008-0055, DOI10.3406/cea.1997.1835, lire en ligne, consulté le ).
↑Pierre Branda et Thierry Lentz, Napoléon, l'esclavage et les colonies, Éditions Fayard, , p. 186.
↑ ab et cMaurice Lemoine, Les enfants cachés du général Pinochet. Précis de coups d'État modernes et autres tentatives de déstabilisation, Don Quichotte, , p. 345.
↑ abcde et fLeslie Manigat, L'Amérique latine au XXe siècle, 1889–1929, , p. 373-393.
↑Emmanuel Constant confirma dans l'émission 60 Minutes de la CBS, en 1995, que la CIA le payait environ 700 dollars par mois et qu'il avait créé le FRAPH.
↑(en) Walter E. Kretchik, Invasion, Intervention, "Intervasion" : A Concise History of the U.S. Army in Operation Uphold Democracy, U.S. Army Command and General Staff College Press, (lire en ligne).
↑Nommé Premier ministre par la junte putschiste en 1992, Marc Bazin fut auparavant ministre des Finances sous Jean-Claude Duvalier en 1983. Il avait recueilli 14 % des voix aux élections de 1990. Cet homme était considéré par la gauche nationaliste comme le « favori » de Washington, et accusé d'avoir été également recommandé par le FMI en 1983 (Mining Annual Review, ).
↑Lire la fiche de Préval / En 1995, un rapport de l'USAID expliquait que le « commerce par les exportations et la politique d'investissements » que Washington imposait allait « inexorablement faire pression sur les riziculteurs nationaux » et les références bibliographiques en bas de page.
↑(en) D. Ben Swartley, « Haiti Country Analysis of Tropical Forestry and Biodiversity », USAID US Forest Service (METI), , p. 80 (lire en ligne [PDF]).
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↑« « La situation d'Haïti se détériore dans un pourrissement sans fin » », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Haïti : à Port-au-Prince, « le chaos est total, les gangs sont partout, surarmés et d'une violence hors de contrôle » », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
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Not to be confused with Pavillon des Sports de Beaulieu in Lausanne, Switzerland. Palais des Sports de Beaulieu in 2011 Palais des Sports de Beaulieu is an indoor sporting arena located in Nantes, France. Built in 1973,[1] the seating capacity of the arena is for 5,500 people. It is currently home to the HBC Nantes handball team. The arena hosted the 1974 European champions cup final in basketball in which Real Madrid defeated Ignis Varese 84–82,[2][3] the 1983 Europ...
Dieser Artikel erläutert den Beruf des Buchbinders; zum Familiennamen Buchbinder siehe Buchbinder (Begriffsklärung). Buchbinderei in Hamburg Manuelle Fadenheftung auf sogenannte „erhabene Bünde“ Buchbinder ist eine Berufsbezeichnung und in einigen Staaten die Bezeichnung für den dazugehörigen Ausbildungsberuf. Der Buchbinder bringt das Buch in seine endgültige Form und stellt den Einband her. Er nimmt damit den abschließenden Arbeitsgang der Buchherstellung nach Beendigung von Reda...
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ThothThoth, dalam salah satu perwujudannya sebagai manusia berkepala burung ibisDewa Ilmu Pengetahuan dan TulisanPusat pemujaanHermopolisSimbolcakram bulan, gulungan papyrusOrangtuaTidak ada (menciptakan dirinya sendiri); alternatif Ra atau Horus dan Hathor,PasanganSeshat, Ma'at, Bastet atau Hathor Thoth (diucapkan / θoʊθ / atau / toʊt /) adalah salah satu dewa paling penting di peradaban Mesir Kuno. Ia dianggap sebagai dewa penulisan, dewa kebajikan, dewa pembawa mukjizat, dan dewa bulan...
The Crown of Ptolemy Front coverAuthorRick RiordanCountryUnited StatesLanguageEnglishGenreFantasy novelsPublisherDisney Hyperion and Puffin BooksPublication dateMarch 31, 2015Media typeE-book, audio book, paperbackPreceded byThe Staff of Serapis Followed byThe Hidden Oracle The Crown of Ptolemy is the third and last book in the Percy Jackson and the Olympians and The Kane Chronicles crossover series. It was released in the back of the paperback version of The House o...
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