Frédéric Fromhold de Martens (connu aussi en allemand comme Friedrich Fromhold Martens, Friedrich Fromhold von Martens), ou en russe comme Fiodor Fiodorovitch Martens (en russe: Фёдор Фёдорович Мартенс), né à Pernau dans le gouvernement de Livonie (aujourd'hui Pärnu en Estonie) le et mort le , est un diplomaterusse du XIXe siècle d'origine germano-balte et un juriste reconnu notamment pour ses contributions en matière de droit international public.
Il est le fils de Friedrich Wilhelm Martens, qui avait été le sacristain de l'église luthérienne de Audru, établi à Pernau comme tailleur, et de Therese Wilhelmine Knast. À l'âge de cinq ans il perd son père et quatre ans plus tard sa mère.
Il fait des études secondaires en allemand à la Sankt-Petri-Schule, puis de droit à l'université impériale de Saint-Pétersbourg, où en 1869 il obtient le titre de magister, avec une étude sur la propriété individuelle en temps de guerre, et en 1873 le titre de docteur, avec une thèse sur les affaires consulaires russes en Turquie, Perse et Japon.
À partir de 1869, il est expert auprès du ministère des Affaires étrangères, qui pratiquement chaque année de juin à septembre lui confie des missions à l'étranger. Parallèlement, il donne des cours au lycée Alexandre et à l'Institut juridique impérial. En 1871, il est Privat-docent à l'Université, et en 1873, professeur extraordinaire, puis ordinaire. En 1874, il devient l'assistant pour les questions juridiques du chancelier de l'Empire, le prince Alexandre Gortchakov, qui le charge au nom de l'empereur Alexandre II de rassembler en une forme accessible, synoptique et systématique, tous les traités que la Russie a signé avec les pays étrangers au cours des siècles. Ce sera le Recueil des traités et conventions conclus par la Russie avec les puissances étrangères en 15 volumes, publiés entre 1874 et 1909 en russe et en français sur deux colonnes parallèles.
En 1878, à Saint-Pétersbourg, il épouse Iékaterina Nikolaïevna Tuhr, fille du sénateur Nikolaï Andreïevitch Tuhr, qui lui donne trois enfants: Nikolaï (qui étudie aux universités d'Heidelberg et d'Oxford et ensuite entre aux Affaires étrangères), Iékaterina et Edith.
Il est envoyé représenter la Russie à des conférences et à des réunions d'arbitrage (sur le droit de la guerre, la paix, la Croix-Rouge, le Congo, etc.) à Bruxelles, La Haye, Paris, Berlin, Copenhague, Genève Londres, Rome et Venise.
En 1885, il contribue à la préparation des documents de la Russie pour la conférence de Berlin.
Il est un des architectes de l'arbitrage international des débuts du XXe siècle, notamment par son document préparatoire en tant que délégué du gouvernement russe aux conférences de La Haye de 1899 (voir Clause de Martens) et de 1907 et par la promotion de cette méthode d'arbitrage qu'il utilise pendant sa carrière.
Il fait partie de la délégation russe dirigée par Serge Witte à la conférence de Portsmouth où le est signé le traité mettant fin à la guerre russo-japonaise, et il obtient de Poincaré le prêt nécessaire à l'Empire pour écarter le spectre de la famine.
Il enseigne le droit international à l'université impériale de Saint-Pétersbourg de 1872 à 1905. Après sa démission de l'université et de l'Académie juridique impériale, il continue de siéger au collège du ministère des Affaires étrangères.
Il reçoit des doctorats honoris causa des universités d'Oxford (en 1902)[1], Cambridge, Édimbourg et Yale (en 1901)[2], il est aussi pressenti plusieurs fois pour le prix Nobel de la paix entre 1901 et 1908, mais pour des raisons politiques (conflit de la Russie avec l'Autriche dans les Balkans, visées russes sur le Bosphore, etc.) on ne veut pas d'un lauréat russe. Le prix est donc remis en 1902 au ressortissant d'un État neutre, Élie Ducommun. En 1904, à cause de la guerre, le prix ne pouvant pas, encore une fois, aller à un Russe, il est attribué à l'Institut de droit international, dont Martens est membre actif depuis 1873 et vice-président depuis 1894.
Über das Recht des Privateigentums im Krieg, Sankt Petersburg, 1869; titre originel en russe : О праве частной собственности во время войны (maîtrise en droit)
Das Consularwesen und die Consularjurisdiction im Orient, Sankt Petersburg 1873 (en russe), Berlin, 1874 (en allemand); titre originel en russe : О консулах и консульской юрисдикции на Востоке (thèse de doctorat en droit)
Die Brüsseler Konferenz und der orientalische Krieg von 1877–1878, Saint-Pétersbourg, 1878
La Russie et l’Angleterre en Asie centrale, Bruxelles, 1879
Le conflit entre la Russie et la Chine, ses origines, son développement et sa portée universelle : étude politique, 1880
Völkerrecht. Das internationale Recht der civilisierten Nationen, 1881/1882 (en russe), Berlin, 1884/1885 (en allemand), Paris, 1887/1888 (en français)
La Question égyptienne, Bruxelles, 1882
Traité de droit international; traduit du russe par Alfred Léo, 1883
La Conférence africaine de Berlin et la politique coloniale des États modernes, Bruxelles, 1887
Recueil des traités et conventions conclus par la Russie avec les puissances étrangères (15 vol.), 1874–1909, texte en russe et en français sur deux colonnes parallèles.
Le premier grand procès international à la Cour de la Haye : notes d'un témoin, par J.-A. Jacobson ; préface par F. de Martens, membre du Tribunal d'arbitrage, 1904
Source
Vladimir V. Poustogarov, Au service de la paix : Frédéric de Martens et les conférences internationales de la Paix de 1899 et 1907: biographie d'un juriste et diplomate russe, trad. par Maud Mabillard et al., École de traduction et d'interprétation de l'université de Genève, Genève, 1999, 315 pages. (Trad de: Wladimir Wassiljewitsch Pustogarow, William Elliott Butler (Ed.): Our Martens. F.F. Martens: International Lawyer and Architect of Peace. Kluwer Law International, Alphen aan den Rijn 2000, (ISBN90-411-9602-1))
Littérature
Il est le personnage principal du roman Le Départ du professeur Martens (1984) de l'écrivain estonien Jaan Kross, publié en traduction française en 1990 aux Éditions Robert Laffont.