Le prince Alexandre Mikhaïlovitch Gortchakov (en russe : Александр Михайлович Горчаков, en français vieilli Gortchakoff), né le à Hapsal et mort le à Baden-Baden, est un homme politiquerusse, qui fut diplomate, chancelier d'État (grade civil correspondant à un conseiller d'État de 1re classe dans l'Empire russe) en 1867, et ministre des Affaires étrangères de 1856 à 1882.
Chancelier de l'Empire sous Alexandre II de 1856 à 1882, il avait la réputation d'être un des diplomates les plus influents et les plus respectés du XIXe siècle.
Pendant la guerre de Crimée, il est ambassadeur à Vienne où il fait preuve de talents de négociateur[1]. Partageant les convictions libérales de l'empereur, il est appelé à la chancellerie par ce dernier.
La Russie finit vaincue en Crimée et isolée sur le plan diplomatique. Le congrès de Paris lui interdit la navigation de sa marine de guerre sur la mer Noire, déclarée neutre. Malgré cette humiliation, Alexandre II se veut rassurant et prend le contre-pied de la politique interventionniste de son prédécesseur Nicolas Ier qui avait provoqué la guerre de Crimée.
En , Gortchakov envoie une dépêche aux ambassades russes à destination des chancelleries étrangères, et dont la fin est restée célèbre :
« L’Empereur est décidé à consacrer, de préférence, sa sollicitude au bien-être de ses sujets et à concentrer, sur le développement des ressources intérieures du pays, une activité qui ne serait déversée au dehors que lorsque les intérêts positifs de la Russie l’exigeraient absolument. On adresse à la Russie le reproche de s’isoler et de garder le silence, en présence de faits qui ne s’accordent ni avec le droit, ni avec l’équité. La Russie boude dit-on. La Russie ne boude pas. La Russie se recueille. »[n 1],[2]
Gortchakov est partisan d'un rapprochement avec la France, mais Alexandre II est germanophile et les réactions françaises lors de l'insurrection polonaise de 1863 amènent la Russie à s'entendre avec la Prusse. Elle conserve une neutralité bienveillante à l'occasion des conflits que la Prusse engage avec le Danemark, l'Autriche, puis la France. En contrepartie, Gortchakov obtient la liberté de navigation en mer Noire à l'issue de la conférence de Londres de 1871.
C'est lui le premier qui parla « d'homme malade de l'Europe » pour qualifier l'Empire ottoman alors sur le déclin en cette fin du XIXe siècle.
Le prince Gortchakov fut tout au long de sa carrière un collectionneur passionné de tableaux. Sa collection confisquée à son fils et héritier après la révolution d'Octobre se trouve principalement au musée de l'Ermitage, puis dans d'autres musées de l'ancienne URSS.
↑(ru) Sbornik izdannyj v pamjat’ dvacatipjatiletija upravlenija ministerstvom inostrannykh del’ gosudarstvennago kanclera svetl. knjazja Aleksandra Mikhailoviča Gorčakova 1856-1881, Saint-Pétersbourg
Recueil édité en hommage aux vingt-cinq ans de service dans le ministère des Affaires étrangères du chancelier d’État prince Alexandre Mikhaïlovitch Gortchakov.
↑Le caveau familial des Sturdza se trouve à Baden-Baden, lieu où est mort Alexandre Gortchakov.
Bibliographie
Michel Heller, Histoire de la Russie et de son empire, Paris, Perrin, coll. « Tempus », (1re éd. 1995) (ISBN2081235331), « L'empire progresse à l'est », p. 1155-& suiv.