Le père de Jaclard, d'origine polonaise, est général d'artillerie[3], sa mère, Elisabeth Fiodorovna Schubert descend d'une famille allemande. Son grand-père était général d'infanterie et son arrière-grand-père, Friedrich Theodor Schubert avait étudié l'astronomie à Göttingen et avait été membre de l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg. Anna est éduquée à la maison avec Sofia, sa cadette de six ans, et Fiodor son cadet de cinq ans, par une institutrice et un précepteur. Elle grandit à Vitebsk dans une atmosphère patriarcale, loin de l'effervescence intellectuelle de Saint-Pétersbourg ce qui ne l’empêcha pas de rencontrer des militants nihilistes locaux [4]. Ainsi elle rencontre dans la forteresse Pierre-et-Paul en 1859, Nikolaï Tchernychevski qui défend l’égalité des sexes[5].
Elle rencontre en 1864 Dostoïevski, après qu'elle a publié deux histoires dans son journal littéraire, L'Époque, sous un pseudonyme masculin, en secret de sa famille[4],[6]. Dostoïevski admirait son talent. Aussi s'écrivaient-ils beaucoup. Elle rejette sa demande en mariage en avril 1865, mais ils restèrent amis[4],[7],[8]. On pense que Dostoïevski a créé le personnage d'Aglaé Ivanovna Epantchine dans L'Idiot en s'inspirant de Jaclard[4].
Pour fuir sa condamnation par contumace aux travaux forcés à perpétuité, le couple se serait réfugié à Londres chez Karl Marx. Anna y commence la traduction russe du Capital[6],[4].
En 1874, Anna et son mari retournent dans sa Russie natale. Victor trouve un emploi de professeur de français et Anna travaille principalement comme journaliste et traductrice. Elle contribue dans des journaux opposés au pouvoir en place tel que Delo et Slovo. Les Jaclard reprennent également des relations amicales avec Dostoïevski[4]. Ni les efforts antérieurs de Dostoïevski pour courtiser Jaclard ni leurs fortes divergences politiques n'ont empêché un contact cordial et régulier entre eux deux. Elle l'aidait à l'occasion avec des traductions en français puisqu'elle le parlait couramment. Jaclard reprit également contact avec les milieux révolutionnaires. Elle connaissait plusieurs membres du mouvement socialiste russe Narodnik « au peuple » dans les années 1870 ainsi que les révolutionnaires qui, en 1879, formèrent le groupe NarodnaiaVolia (« la volonté du peuple »), une organisation populiste terroriste russe. Entre-temps, Jaclard est graciée par la France le 5 juin 1879[3]. Le 13 mars 1881, ce groupe assassine le tsar, Alexandre II. Les Jaclard quittent la Russie pour la France à ce moment-là et ne sont pas pris dans la répression qui suivit l'assassinat, profitant d'une amnistie générale en place depuis 1880 en France. Là, ils reprennent leur travail journalistique.
Anna Jaclard décède en 1887 et est enterrée au cimetière ancien de Neuilly-sur-Seine[3].
↑Voici l'aube : l'immortelle Commune de Paris. Compte rendu analytique du colloque scientifique international organisé, Éditions sociales, (lire en ligne)