Georges Leygues est né à Villeneuve-sur-Lot dans une famille bourgeoise de tradition républicaine.
Attiré par la littérature, et en particulier la poésie, il envisage une carrière d'officier de marine puis, sur le refus de sa mère, fait son Droit et devient avocat.
Il se lance rapidement dans la carrière politique, devenant adjoint au maire de Villeneuve-sur-Lot, Henri Carles, à 26 ans.
À Paris, il fréquente les milieux littéraires où l'introduisent Sully Prudhomme et José-Maria de Heredia, à qui il avait envoyé ses premiers essais poétiques. En 1900, il crée le précédent d'intégrer des femmes de lettres dans l'ordre de la Légion d'honneur (Daniel Lesueur et Clémence Royer).
Élu en 1893 parmi les républicains modérés, il accède aux responsabilités ministérielles à 38 ans :
au : ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts dans le gouvernement de Pierre Waldeck-Rousseau : son passage est marqué par la réforme de l'enseignement secondaire de 1902. Violemment contestée à la Chambre des Députés, la réforme est adoptée grâce à la ténacité de Georges Leygues. Cette réforme en profondeur vise notamment à rapprocher l'enseignement primaire et secondaire, à « adapter l'instruction publique à la vie moderne, à la réalité de la France de ce début de XXe siècle » en introduisant par exemple une section scientifique et l'enseignement des langues vivantes[1]. Il tenta aussi une réforme de l'orthographe (pluriel des substantifs, noms composés, traits d'union, tolérance sur l'absence d'accord du participe passé après l’auxiliaire avoir[2]...), première réforme de l'orthographe imposée par arrêté ministériel[1] mais devant l'opposition virulente de l'Académie française[1], la réforme ne sera jamais appliquée[2].
au : ministre des Colonies dans le gouvernement Ferdinand Sarrien : il travaille à consolider les ports de Bizerte, Dakar, Djibouti, Saïgon, conquiert le Tchad grâce à la conquête de l'oasis de Bilma, s'oppose au développement des comptoirs allemands en Afrique noire, entreprend d'organiser l'enseignement outre-mer.
Sa carrière ministérielle va s'interrompre pendant onze ans ; en 1909, Alfred Chauchard, richissime fondateur des Grands Magasins du Louvre, mort sans descendance légitimée, lui lègue l'énorme somme de 12 millions de francs-or, plus un million à son épouse et à chacune de leurs deux filles.
En 1914, bien qu'il ait 58 ans, Georges Leygues s'engage comme capitaine dans les chasseurs alpins, mais il est rapidement rappelé à Paris comme président de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des députés.
En 1917, Clemenceau lui confie le ministère de la Marine qu'il détiendra ensuite à plusieurs reprises jusqu'à sa mort brutale en 1933, si l'on excepte un bref intermède comme ministre des Affaires étrangères et président du Conseil des ministres du au :
au : ministre de la Marine dans le deuxième gouvernement de Georges Clemenceau.
au : ministre de la Marine dans les septième, huitième et neuvième gouvernements Aristide Briand, le quatrième et le cinquième gouvernement Raymond Poincaré, le dixième gouvernement Aristide Briand et le premier gouvernement André Tardieu.
au : ministre de l'Intérieur dans le gouvernement Théodore Steeg.
Lorsque Alexandre Millerand est élu à la présidence de la République en remplacement de Paul Deschanel, il entend assumer un rôle actif assez peu en accord avec la coutume de la IIIe République depuis Jules Grévy.
Cette ambition explique son choix d'appeler Georges Leygues, qu'on sait dénué d'ambition personnelle, à la présidence du Conseil. Leygues se prêtera au rôle qu'on entend lui faire jouer mais les prétentions de Millerand seront vivement combattues par les Chambres qui le contraindront à appeler Aristide Briand en .
C'est avant tout comme ministre de la Marine que Georges Leygues s'est illustré. Il est notamment à l'origine du Statut Naval, présenté en 1920 au parlement, qui permettra la renaissance de la flotte française, durement éprouvée par la Première Guerre mondiale, dont l'amiral François Darlan sera l'artisan. Avec Painlevé, ministre de l'Air, il cosigne le décret du qui confirme l'autorité de la Marine sur l'aviation navale embarquée et, par ailleurs, favorise l'essor d'une armée de l'air autonome. En 1934,d'autres décrets confirment le contrôle de la Marine sur l'aviation navale basée à terre.
Jean Delvert, Georges Leygues, Grand serviteur de la République , Editions d'Albret, 2014, 287 p.
Yvert Benoît (dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil. Histoire et dictionnaire raisonné des chefs du gouvernement en France (1815-2007), Perrin, 2007, 916 p.
↑ ab et cJérôme Schrepf, « En 1901 déjà, Georges Leygues avait tenté de simplifier l'orthographe… », La Dépêche du Midi, (lire en ligne, consulté le )
↑ a et bSylvain Mouillard et Marie Piquemal, « L'orthographe, un siècle de crispations », Libération, (lire en ligne, consulté le )
↑Paul-Arnaud Herissey, Catalogue de la Société nationale des beaux-arts
a À partir du 26 novembre 1918 ; b À partir du 5 mai 1919 ; c Jusqu'au 5 mai 1919 (← PAINLEVÉ I) Gouvernement précédent •••• Gouvernement suivant (MILLERAND I →)