André Honnorat est le fils de Hyacinthe Honnorat, un négociant originaire d'Allos (Basses-Alpes) qui est installé à Lyon.
Son grand-père paternel est journaliste dans cette ville. Sa famille porte le même nom et est originaire du même hameau que le lexicographe provençal Simon-Jude Honnorat (1883-1852). Les deux familles déclarent d'ailleurs être "cousines" et figurent réciproquement sur les faire-parts familiaux des uns et des autres sans que la réalité de cette parenté supposée ait pu être établie. Le père d'André Honnorat est d'ailleurs le filleul du fils du docteur Honnorat. Encore en 1918, André Honnorat fait-il effectuer pour déterminer le sort de sa "cousine" Rosalie Rommel (1843-1917), petite fille du docteur Honnorat, qui est demeurée à Lille durant l'occupation allemande ((Marc Frangi: "Le fils du docteur Honnorat, Honnorat-Bocquet", Annales de Haute-Provence, n° 334, 1999 et "Un républicain provençal à Lille", site de l'Association 185:https://1851.fr//hommes.fr [archive]).
Sa mère est une pigiste, dont une partie de la famille est originaire es Deux-Sèvres. Bien que né à Paris, André Honnorat entame d'abord à Lyon des études secondaires qu'il est contraint d'abandonner à cause des difficultés financières que connaît sa famille[2], en n'ayant donc pu passer le baccalauréat[3].
En 1907, il est élu conseiller général du canton de Lauzet, dans les Basses-Alpes et le demeurera jusqu'à sa mort, en 1950[5]. Puis, en 1910, il est élu député des Basses-Alpes sur les listes de la Gauche radicale démocratique[6]. Il propose plusieurs amendements () sur l'hygiène et les soins apportés aux jeunes hommes effectuant leur service militaire, notamment l'interdiction de renvoyer un soldat dans son foyer sans qu'il n'ait été traité contre la tuberculose. La Chambre des députés ratifie cet amendement quelques mois plus tard, le , en votant des crédits qui permettront des installations sanitaires où les poilus seront curés contre la tuberculose. Il fonde avec Léon Bourgeois, en 1916, le Comité national d'assistance aux anciens militaires tuberculeux[7]. La même année, afin d'économiser l'énergie du pays en guerre, il propose l'adoption de l'heure d'été[8].
André Honnorat s'intéressa beaucoup à la communauté française du Mexique, largement composées de personnes originaires des vallées de l'Ubaye et de la Blanche (Basses-Alpes), notamment de Barcelonnette et œuvra en sa faveur, notamment pour le maintien des liens avec la Mère-Patrie.
Entre 1917 et 1920, il multiplie les fondations et les amendements à but humanitaire ; Comité de protection et d'éducation des orphelins de guerre et des fils de Français résidant à l'étranger (1918)[9], loi dite « loi Honnorat » qui institue des sanatoriums pour les tuberculeux[9],[10], Cité internationale universitaire de Paris (1919)[9] construite à partir de 1923 l'architecte Lucien Bechmann, le mécène Emile Deutsch de la Meurthe, avec la collaboration de la Suède, de la Norvège et celle de David David-Weill, Jean Branet et Paul Appell.
En 1920, il participe à la fondation de l'Union internationale contre la tuberculose[9] et il est nommé, la même année, ministre de l'Instruction publique[11].
En 1921[12], il est élu sénateur des Basses-Alpes et devient membre des commissions des Affaires étrangères, de l'Éducation nationale et de la Santé publique.
En 1925, il est fait président du Comité national de défense contre la tuberculose (CNDT) avant de devenir membre de l'Institut Pasteur de 1932 à 1934, date à laquelle il crée la Fondation Roux qui attribue des bourses aux jeunes scientifiques étudiant à l'Institut Pasteur[13].
En 1930, il participe au troisième cours universitaire de Davos, avec de nombreux autres intellectuels français et allemands[14].
L'idée de l'heure d'été ne vient pas d'André Honnorat. C'est Benjamin Franklin qui émet pour la première fois cette proposition en [18]. Cependant, elle demeure presque totalement ignorée, exception faite de l'Australie, où elle a déjà été mise en œuvre.
Il faut attendre la Première Guerre mondiale, qui sollicite fortement les moyens de productions et d'échanges, extrêmement gourmands en énergies de toutes sortes (électricité, gaz, pétrole) pour qu'André Honnorat propose à la Chambre des députés le système de changement d'heure en 1916[8]. Malgré un accueil rétif des parlementaires, plusieurs lettres d'injures et même de menaces de mort, le Parlement finit par adopter cette loi le , par 291 voix contre 177[19],[20].
Après la guerre, il déclare : « La victoire ne dépendait pas uniquement de l'héroïsme de nos soldats mais elle était également tributaire des moyens de production de nos belligérants ».
Hommages
En 1953 est érigé en son honneur, dans l'enceinte de la Cité Internationale Universitaire de Paris un « Monument à André Honnorat »[21].
↑Virginie De Luca, « Des liaisons avantageuses : l'Alliance nationale pour l'accroissement de la population française et les fonctionnaires (1890-1914) », Annales de démographie historique, vol. 116, no 2, , p. 255 (ISSN0066-2062 et 1776-2774, DOI10.3917/adh.116.0255, lire en ligne, consulté le )
↑ abc et dStéphane Henry, « Chapitre 4. De l’aide aux militaires à l’aide aux civils », dans Vaincre la tuberculose (1879-1939) : La Normandie en proie à la peste blanche, Presses universitaires de Rouen et du Havre, coll. « Normandie », (ISBN979-10-240-1128-8, lire en ligne), p. 111–133
↑Martin Grandjean, Les cours universitaires de Davos 1928-1931. Au centre de l'Europe intellectuelle, Université de Lausanne, (lire en ligne)
↑Jean Sagnes, « Le refus républicain : les quatre-vingts parlementaires qui dirent « non » à Vichy le 10 juillet 1940 », Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine, vol. 38, no 4, , p. 555–589 (DOI10.3406/rhmc.1991.1607, lire en ligne, consulté le )
Guillaume Tronchet, "Un précurseur français du soft power", Le Grand Continent, 14 novembre 2020 (article en ligne).
Guillaume Tronchet, André Honnorat : Un visionnaire en politique, Paris, Maisonneuve & Larose-Hémisphères éditions, , 472 p. (ISBN978-2-37701-055-4, présentation en ligne)
Guillaume Tronchet, « André Honnorat ou l’hygiène par l’exemple (1910-1940) », dans La Promotion de la santé au travers des images véhiculées par les institutions sanitaires et sociales (Actes du colloque sur l’histoire de la protection sociale, Arles, 16-), Paris, Comité d’histoire de la sécurité sociale, 2009, p. 371-387.
« André Honnorat », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition]
Table analytique des travaux du Sénat 1918-1920 Projets de loi : p. 374 1919. 1919 Projet de loi tendant à autoriser provisoirement la perception, pour l'exercice 1920, des droits, produits et revenus applicables au budget spécial de l'Algérie; 1920. Projet de loi sur l'organisation de l'éducation physique nationale, etc.
Filmographie
André Honnorat. Sur les traces d'un bâtisseur, André Honnorat, sur les traces d'un bâtisseur - documentaire - 26 min. Film de Nathalie Kaufmann et Guillaume Tronchet, réalisé par Jean-Michel Fouque, produit par Transkom en coproduction avec la Cité internationale universitaire de Paris, avec le soutien du CNC et la participation de TV5MONDE, 26 min, 2010.