Inspecteur général des armées Président des commissions de défense du territoire Commandant de l'armée d'occupation du Rhin Commandant supérieur des forces alliées des territoires rhénans, Ministre de la Guerre Membre du Conseil supérieur de la Guerre
Adolphe Guillaumat est le fils de Louis Guillaumat, capitaine d'infanterie, et de Marie-Noémie Fleury. Marié le à Louise Bibent, de bonne famille toulousaine (morte le ), il a deux fils : Louis, devenu professeur d'ophtalmologie et Pierre, devenu haut fonctionnaire et ministre des armées.
En septembre 1897, il quitte le 2e régiment étranger et est muté au Tonkin pour y prendre le commandement du 2e Bureau. Il fait la connaissance de Paul Doumer, alors gouverneur général, et de l'amiral de Beaumont.
Au printemps de 1900, on l'envoie étudier la situation en Chine. La révolte des Boxers éclate à ce moment, et il est envoyé commander la défense de la concession française de Tien-Tsin. Le , il est blessé au coude par un éclat d'obus et est envoyé en convalescence à Hiroshima où il passe six mois.
Promu chef de bataillon en , Guillaumat rentre en France en et enseigne pendant trois ans l'histoire militaire à Saint-Cyr.
En 1905, il reçoit le brevet direct d'état-major avec la mention très bien. En juin 1907, promu lieutenant-colonel, il succède au lieutenant-colonel Pétain à la chaire de tactique appliquée à l'infanterie à l'École supérieure de guerre. Il est relevé sans ménagement de son poste de chef de cours pour permettre au lieutenant-colonel Pétain de reprendre son poste à l'École supérieure de guerre en . Puis, à partir de septembre 1908, Guillaumat commande pour deux ans le Prytanée militaire de La Flèche.
En septembre 1910, promu colonel, il prend le commandement du 5e régiment d'infanterie à Paris jusqu'en janvier 1913. Il est ensuite nommé directeur de l'infanterie au ministère de la Guerre. Le , il est promu général de brigade.
Le 15décembre 1916, lorsque le général Nivelle est nommé commandant en chef, Guillaumat le remplace à la tête de la 2e armée. Il retourne alors sur le front de Verdun avec ses 650 000 hommes, arrêtant les attaques allemandes du printemps 1917 ; puis, le 20août, il part à l'assaut, portant les lignes françaises au nord de la Cote 304 et du Mort-Homme[1].
Le 14décembre 1917, il prend la succession du général Sarrail comme commandant en chef des armées alliées en Orient (front des Balkans) ; il améliore les relations avec les alliés sur place. Son action sur place lui permet de jouer un grand rôle dans la préparation de l'offensive en Macédoine victorieusement menée par son successeur Franchet d'Espèrey.
Mais la percée des Allemands le 27mai 1918 au Chemin des Dames les porte à 75 km de Paris. C'est pourquoi, le 17juin, Clemenceau rappelle le général Guillaumat pour prendre la place du général Dubail comme Gouverneur militaire de Paris. D'après le livre "Weygand mon père" de Jacques Weygand, Guillaumat aurait été pressenti pour prendre le commandement français à la place de Pétain. Foch et les alliés auraient dissuadé Clemenceau. Après le succès de la Seconde bataille de la Marne, il prend, le le commandement de la 5e Armée, qu'il mène jusqu'à l'armistice dans les Ardennes.
Le 11 décembre 1918, il reçoit à Neufchâteau la médaille militaire des mains du Maréchal Pétain, en inspection dans la région, avec la citation suivante : « Officier général de la plus haute valeur, n'a cessé de se distinguer dans tous les commandements qui lui ont été confiés depuis le début de la campagne. Ayant exercé le commandement en chef des Armées d'Orient a conçu et préparé, avec une remarquable compréhension de la situation, un plan d'offensive dont l'exécution a rapidement contraint les armées bulgares à solliciter un armistice des plus glorieux pour l'Entente. Appelé dans des moments difficiles au poste de Gouverneur militaire, Commandant en chef les Armées de Paris, a répondu pleinement à la confiance du Gouvernement et du Pays »[2].
De 1922 à 1931, il préside les commissions de défense du territoire - la première, créée en 1922 par André Maginot, ministre de la Guerre, est remplacée par une commission de défense des frontières, préfigurant la C.O.R.F. (Commission d'organisation des régions fortifiées) et la ligne Maginot à laquelle il s'oppose, lui préférant un système de fortifications en profondeur qui n'hypothèque pas les choix stratégiques et ne sert pas d'alibi à un refus de mettre l'armée à niveau. En même temps, à partir du , il commande l'armée d'occupation du Rhin et exerce le commandement supérieur des forces alliées des territoires rhénans.
Il rédige un rapport secret pour le gouvernement français en 1927 concernant la situation en Allemagne où il entrevoit au travers de la remilitarisation du Reich le renouveau du bellicisme allemand et la mise en danger des enjeux stratégiques français. Un extrait de ce rapport est cité lors d'une conférence du général Mordacq en 1930 : « Les concessions faites au gouvernement allemand et qui se sont traduites, en territoire occupé, par un régime plus libéral à l’égard des populations, n'ont pas eu d'autres résultats, en desserrant l'étreinte, que de permettre à l'Allemagne de pousser, en territoire occupé, ses préparatifs d'ordre militaire. La présence dans les territoires occupés, de l'armée alliée d'occupation, a du moins, pour effet, d'entraver le développement d'un programme dont rien ne pourra plus paralyser l'exécution après l'évacuation des territoires rhénans par les forces alliées. »[3]
Ayant conservé son commandement jusqu'à l'évacuation de l'Allemagne par l'armée de la Rhénanie le , il continue à participer aux travaux du Conseil supérieur de la guerre. Le général Guillaumat est finalement placé « hors-cadre sans emploi » le .
↑« La citation qui accompagne ma Médaille Militaire, écrivait le Général le 4 octobre, est bien et fixe un point d'histoire et, comme je l'ai dit à Clemenceau en le remerciant, mes enfants sauront ce qu'a fait leur père », Léon Noël, Un chef, le général Guillaumat, Éditions Alsatia, 1949, p. 94.
↑Général Mordacq, « La Frontière du Rhin : conférence prononcée à la Société des conférences, le », La Revue Hebdomadaire, t. III, , p. 3 (lire en ligne).
Correspondance de guerre du général Guillaumat (1914-1919), transcrite par son petit-fils Paul Guillaumat, L’Harmattan (collection mémoires du XXe siècle), Paris, 2006
La Chine à l'encan : Rapports et souvenirs d'un officier français du 2e Bureau en Extrême-Orient (1897-1901), Paul Guillaumat, L’Harmattan (collection mémoires asiatiques), Paris, 2008
Témoignage d'un chef, le général Guillaumat, Léon Noël, Ed. Alsatia, Paris, 1949-1950