Jean-Marc Ayrault est l'aîné des cinq enfants[2] de Joseph Eugène Maurice Ayrault[3],[4], ouvrier agricole, puis dans une usine de textile, avant de devenir cadre dans cette même usine et de Georgette Ghislaine Albertine Uzenot[5],[6], couturière puis femme au foyer.
Jean-Marc Ayrault est exempté du service national en 1976[10]. Devenu maire de Saint-Herblain en 1977, il n'occupe plus pendant quelques années qu'un poste de professeur à mi-temps.
Mariage
En [11], il épouse Brigitte Terrien. Née d'une famille catholique d'agriculteurs le à Maulévrier, elle milite pendant sa jeunesse au Mouvement rural de jeunesse chrétienne. Diplômée en lettres modernes, elle devient professeure de français dans un collège de la région nantaise à partir de 1974. Elle est élue conseillère générale dans le canton de Saint-Herblain-Ouest-Indre entre 1982 et 2001, puis en 2002 déléguée régionale aux droits des enfants des Pays de la Loire. Elle quitte cette fonction en 2004 avant de créer en 2005 la Maison des adolescents de Nantes[12].
Jean-Marc et Brigitte Ayrault ont deux filles, Ysabelle, née en 1974, et Élise, née en 1977, journaliste à Canal+[13], ainsi que trois petits-enfants[14].
Parcours politique
Débuts militants
Durant son adolescence, Jean-Marc Ayrault devient membre du Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC), d'abord à Cholet puis à l'université de Nantes. Cette organisation a joué un rôle essentiel dans sa formation politique dans la mesure où, entre 1966 et 1968, elle est marquée par une vision libératrice de la religion et elle aurait adopté certains éléments du marxisme[15] comme outil d'analyse de la société.
Durant ses études, Jean-Marc Ayrault veut s'investir dans l'action politique et s'intéresse au Parti socialiste. Il quitte le MRJC fin 1970. En 1971, il emménage avec sa famille à Saint-Herblain, dans le Sillon de Bretagne, immeuble qu'ils habitent jusqu'à ce qu'il soit élu maire de Nantes, en 1989[16].
Il rencontre à Nantes au début de 1971 son premier mentor politique, Bernard Hazo[17], membre de la Convention des institutions républicaines de François Mitterrand. C'est dans ce cadre qu'il participe à la préparation du congrès d'Épinay, en apportant sa voix à la motion Poperen. Après le congrès, la tendance Poperen se retrouve dans la minorité, Pierre Mauroy s'étant rallié à François Mitterrand.
Après un passage à la Jeunesse socialiste, Jean-Marc Ayrault entre en dans la section de Saint-Herblain du PS, dont il devient vite secrétaire adjoint, puis secrétaire en 1974, alors que celle-ci passe d'une vingtaine à une centaine de membres de 1972 à 1977.
En 1977, il affronte directement Michel Chauty pour la mairie de Saint-Herblain et devient (avec 56 % des voix), à 27 ans, le plus jeune maire de France d'une commune de plus de 30 000 habitants[18]. Il a pour premier adjoint Charles Gautier, qui sera son successeur.
En 1978, il est désigné comme candidat par les militants pour les élections législatives, devant Alain Chénard, mais celui-ci est imposé par François Mitterrand pour des raisons d'équilibre entre les ex-SFIO (les « mauroyistes ») et les nouveaux socialistes. Jean-Marc Ayrault refuse d'être son suppléant (il le sera en revanche de 1981 à 1986).
En 1979, il entre au comité directeur du Parti socialiste lors du congrès de Metz, au cours duquel il est membre de la commission des résolutions. Peu après, le courant Centre d'études, de recherches et d'éducation socialiste (CERES) prend la direction de la fédération de la Loire-Atlantique, avec Jean Natiez comme secrétaire. En 1981, au congrès de Valence, il entre au bureau exécutif national. Jean Natiez quittant le secrétariat fédéral de la Loire-Atlantique, Jean-Marc Ayrault laisse cette fonction à Charles Gautier, son premier adjoint à Saint-Herblain.
Pendant ses deux mandats, on peut signaler les travaux de réhabilitation du Sillon de Bretagne ainsi que des interventions municipales à propos d'entreprises, la construction de la salle de spectacles Onyx.
De 1977 à 1982, il intervient assez souvent, en particulier à propos d'un projet de centrale électro-nucléaire au Pellerin qui concerne assez directement son canton mais à cette époque le conseil général de la Loire-Atlantique a une majorité de droite.
En 1989, le maire de Nantes, Michel Chauty, ne se représente pas. Jean-Marc Ayrault, convaincu par le président de la République François Mitterrand, décide de se présenter à la mairie et officialise sa candidature en . La campagne électorale est marquée par les visites de François Mitterrand à Saint-Herblain en à l'occasion d'une inauguration et celles du Premier ministre Michel Rocard et de Jacques Chirac à Nantes. Le , la liste Ayrault l'emporte dès le premier tour, avec 50,19 % des voix, face à la liste de Daniel Augereau qui recueille 40 % des voix. Jean-Marc Ayrault est successivement réélu maire en 1995, 2001 et 2008[19].
Dans le cadre de son mandat de maire, Jean-Marc Ayrault encourage également un travail sur la mémoire des expéditions négrières des Nantais (Les Anneaux de la Mémoire) au XVIIIe siècle, qui est visitée par 400 000 personnes entre et [20], dont l'initiateur est l'avocat de centre gauche Yvon Chotard, chargé des relations internationales et du tourisme jusqu'en 2008[21],[22], ce qui aboutit à l'inauguration en du Mémorial de l'abolition de l'esclavage, réalisé par l'artiste polonais Krzysztof Wodiczko[23],[20].
Membre du groupe d'études sur le problème du Tibet de l'Assemblée nationale[31], Jean-Marc Ayrault reçoit le le dalaï-lama à la mairie de Nantes à l'occasion du séjour du chef spirituel tibétain à Nantes[32]. Plusieurs mois auparavant, le , le maire de Nantes avait symboliquement pavoisé l'hôtel de ville du drapeau tibétain en signe de solidarité avec le peuple tibétain à la suite des événements tragiques de mars.
En 1997, Jean-Marc Ayrault est condamné à six mois de prison avec sursis et 30 000 francs d'amende pour délit d'octroi d’avantage injustifié[33],[34] (souvent dit délit de favoritisme[35]), sans mise en concurrence du marché d'impression du journal municipal Nantes Passion, à Daniel Nedzela, homme d'affaires proche du PS, au travers de l'association Omnic, subventionnée par la commune à hauteur de six millions de francs par an de fin 1989 au . Il ne fait pas appel[36],[37]. Cette condamnation refait surface dans la presse en 2012, lorsque Jean-Marc Ayrault est pressenti pour occuper le poste de Premier ministre[38]. Du fait de l'ancienneté de la condamnation, Jean-Marc Ayrault bénéficie d'une réhabilitation automatique en 2008 et son casier judiciaire redevient vierge[39].
Président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale
Il devient président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale en 1997. À cette fonction, il connaît un revers en 1998 à propos du projet de loi sur le Pacte civil de solidarité (PACS), présenté par le gouvernement mais qui échoue en première lecture parce que les députés socialistes ne sont pas assez nombreux ce jour-là. Le PACS est finalement voté plus tard.
Le , informé par Gérard Le Gall que Lionel Jospin risque d'être dépassé et éliminé par Jean-Marie Le Pen dès le premier tour de l'élection présidentielle, il refuse de faire appel au vote utile et clôt la discussion en concluant « c'est une thèse de perdant »[40].
Lors des élections législatives des 10 et 17 juin 2007, il est réélu député pour un sixième mandat consécutif avec 66,15 % des voix, après avoir frôlé la réélection dès le premier tour, où il avait obtenu 49,76 % des suffrages[41]. Le , il est reconduit pour la troisième fois comme président du groupe parlementaire, devenu le Groupe socialiste, radical, citoyen et apparentés (SRC). Au premier tour, il obtient 78 voix sur 179 suffrages exprimés. Après le retrait de l'ensemble de ses concurrents (Philippe Martin 38 voix, Jean Glavany 33 voix et Arnaud Montebourg 30 voix), il est élu au second tour avec 117 voix[42].
Considéré pendant la campagne présidentielle comme un des favoris pour le poste de Premier ministre[43], Jean-Marc Ayrault est nommé à cette fonction par le nouveau président de la République François Hollande le [44]. Il soumet la composition de son gouvernement au chef de l'État, le 16 mai, jour de la passation de pouvoir avec son prédécesseur[45]. Ce gouvernement est le 35e gouvernement de la Ve République française[46]. Il renonce alors à son mandat de maire de Nantes, tout en restant conseiller municipal[47].
Le , se tient le premier Conseil des ministres. Au cours de cette réunion est adoptée la baisse de 30 % de la rémunération des ministres[54], qui passe ainsi de 14 200 euros à 9 940 et la « charte de déontologie », visant à prévenir les conflits d'intérêts et par laquelle chaque membre du gouvernement s'engage, par exemple, à prendre le train pour les voyages de moins de trois heures ou remettre, au service des Domaines, les cadeaux d'une valeur supérieure à 150 euros[55].
Ce même jour, il indique avoir choisi son premier adjoint, Patrick Rimbert, pour lui succéder à la mairie de Nantes, et son premier vice-président, Gilles Retière, maire de Rezé, pour le remplacer à la présidence de Nantes Métropole[56].
Le , conformément à la tradition républicaine des lendemains d'élections législatives, il remet la démission de son gouvernement au président de la République, qui le nomme de nouveau Premier ministre[57].
Le , Jean-Marc Ayrault adresse aux députés à l'Assemblée nationale un discours de politique générale[58] sur le programme qu'il entend mener avec son gouvernement. Il obtient ensuite la confiance de 302 députés. Deux jours plus tard, un sondage pour Le Figaro indique que 68 % des Français estiment que le gouvernement sera contraint de mener une politique de rigueur, un terme que le chef du gouvernement et ses ministres pensent « peu » voire « pas approprié » à la situation.
Le , il déclare qu'il ne sera pas candidat à la mairie de Nantes lors des élections municipales de 2014, ni comme tête de liste, ni comme simple conseiller municipal[59].
Fin , il annonce le lancement de négociations en vue d'une refonte de la fiscalité, afin d'établir des « règles plus justes, plus efficaces et plus lisibles »[60]. François Hollande indique qu'il envisage déjà son remplacement à ce moment-là[61].
Le , à la suite de la défaite de la majorité aux élections municipales, Jean-Marc Ayrault présente sa démission au président de la République qui l'accepte et met fin à ses fonctions le jour même[62]. La passation de pouvoir avec son successeur Manuel Valls intervient le lendemain[63].
Retour à la députation
Le , un mois après son départ de Matignon, Jean-Marc Ayrault redevient député[64].
Lors de la réforme de la carte des régions, en , il signe une tribune avec 17 parlementaires pour soutenir le projet gouvernemental visant à la fusion des Pays de la Loire et de la Bretagne au sein d'une région Grand Ouest[65],[66].
La même année, Jean-Marc Ayrault propose avec Pierre-Alain Muet un amendement au projet de loi de finances 2016, qui prévoit le remplacement d'une partie de la prime d'activité par une baisse de la contribution sociale généralisée (CSG) pour les faibles revenus. Vu comme un premier pas vers la fusion de l'impôt sur le revenu et la CSG, le texte instaure une CSG modulable pour les revenus inférieurs à 1,34 SMIC. L'amendement fiscal Ayrault est adopté par l'Assemblée nationale le [68] mais il est censuré par le Conseil constitutionnel le [69].
En , il conteste la nécessité d'inscrire dans la Constitution la possibilité de déchoir de la nationalité française les binationaux condamnés pour terrorisme. En , peu avant son entrée au gouvernement, il vote pour l’inscription de cette mesure dans la Constitution[70].
Sa nomination est saluée en Allemagne[74]. Proche de son homologue Frank-Walter Steinmeier, il salue, quelques jours après sa prise de fonctions, « le courage de l'Allemagne qui force le respect » dans la crise migratoire européenne, alors que Manuel Valls critique de son côté la politique d'asile allemande[75]. Concernant le conflit israélo-palestinien, il revient sur l'engagement de Laurent Fabius de reconnaître l'État de Palestine en cas d'échec de la conférence proposée par la France pour relancer le dialogue[76].
Retrait de la vie politique
Le , le président François Hollande annonce la création d'une « Fondation pour la mémoire des traites, de l’esclavage et de leurs abolitions », qui n'est finalement pas créée dans le courant de l'année comme il l'avait annoncé[77]. Un an plus tard, François Hollande réitère le vœu que cette fondation soit mise en place par son successeur, et confie à Jean-Marc Ayrault la présidence d'une mission chargée de cette création[78]. En , le président Emmanuel Macron annonce la création officielle de la fondation pour le courant de l'année et confirme Jean-Marc Ayrault à la tête de celle-ci[79]. La fondation s'installe à l'hôtel de la Marine à Paris lors de l'inauguration de celui-ci par le Président Macron, le [80], après quatre ans de restauration.
Le , Ouest-France annonce qu'à l'issue de l'élection présidentielle de 2017, il ne sera plus candidat à aucun mandat électif, émettant le souhait de poursuivre son engagement politique au sein de la société civile[81],[82].
En 2009, selon un classement publié par le quotidien Le Monde, il est le deuxième homme politique français par le cumul des mandats (sa présidence du groupe des députés PS n'étant pas prise en compte dans le classement). Il a déclaré « assumer pleinement » tout en précisant que « la limitation du cumul va dans le sens de l'histoire »[84],[85].
↑« Commémorations de l'esclavage : Hollande, Taubira et le révérend Jackson réunis », leparisien.fr, 2016-05-10cest21:53:13+02:00 (lire en ligne, consulté le ).
↑ a et b« Jean-Marc Ayrault présidera la Fondation pour la mémoire de l’esclavage », La Croix, (ISSN0242-6056, lire en ligne, consulté le ).