Le premier tour voit le RN arriver pour la première fois en tête d'un premier tour d'élections législatives, cumulant avec ses alliés un résultat inédit de 33 % des suffrages exprimés. Ces résultats leur assurent la victoire dans 38 circonscriptions dès le premier tour et la qualification dans 451 autres. Avec 28 %, le NFP remporte 32 circonscriptions et se qualifie dans 400 autres, devant la coalition présidentielle, en recul de cinq points par rapport à 2022, et LR, à nouveau quatrième, en baisse. L'important bond de la participation génère plus de trois cents triangulaires et cinq quadrangulaires, quatre fois plus que le précédent record historique des élections de 1997. Le front républicain amène dans l'entre-deux-tours à un nombre record de désistements, ramenant le nombre de triangulaires à 89, et au maintien de 2 quadrangulaires.
L'assemblée élue au soir du second tour est très divisée, et les trois principaux blocs sont très loin de la majorité absolue. Le NFP remporte une majorité relative de sièges, devançant EPR puis le RN, ce dernier obtenant un chiffre bien plus faible que celui attendu par les sondeurs en raison du front républicain appliqué dans l'entre-deux-tours. La droite républicaine arrive quant à elle en quatrième position.
Les élections sont suivies de plusieurs mois de gestion des affaires courantes par le gouvernement sortant, dans l'attente de la nomination d'un nouveau Premier ministre par Emmanuel Macron. Ce dernier, qui temporise dans un premier temps cette nomination à la fin des Jeux olympiques organisés à Paris, refuse fin août de nommer la candidate avancée par le NFP, Lucie Castets. À la suite de nombreuses consultations des différents partis, Michel Barnier est finalement nommé Premier ministre le .
Sur différents projets de lois et votes de budgets sont constatés de nombreux recours à l'article 49 alinéa 3 de la Constitution (dit « 49.3 ») par le gouvernement Élisabeth Borne[3]. S'y ajoute le sentiment d'entraves liées à l'absence de majorité absolue[4] soutenant Emmanuel Macron. Ce dernier aurait envisagé en privé avec des proches, au moment du remaniement du gouvernement au mois de , la possibilité d'une dissolution, possiblement à l'échéance de [5].
La plupart des ministres d'Emmanuel Macron apprennent la dissolution en direct, en même temps que le reste des Français[9]. Des employés du groupe de médias de Vincent Bolloré l'ont apprise avant eux, trois heures avant son annonce[10]. Le président justifie la dissolution par « la montée des nationalistes et des démagogues » qu'il considère comme « un danger pour notre nation »[11],[12].
Article 12 de la Constitution, dissolutions, et cohabitations
L'article 12 de la Constitution permet au président de la République française d'appeler à de nouvelles élections dans les vingt à quarante jours après la signature du décret de dissolution — cependant, il ne peut y avoir d'autre dissolution dans l'année suivant ces élections (soit jusqu'à )[15]. Depuis la réforme constitutionnelle de 2000, instituant un mandat présidentiel de cinq ans, les élections législatives et présidentielles coïncidaient, les secondes suivant systématiquement la première, permettant aux présidents nouvellement élus de n'avoir plus besoin de dissoudre pour conforter leur majorité du côté du parlement, comme en 1981 et 1988.
Le quotidien Les Échos[16] rappelle la dissolution opérée par Jacques Chirac en 1997, convaincu qu'il faut « redonner la parole au peuple » pour se renforcer sur la droite en vue de réformes budgétaires[17], après les grandes manifestations du mouvement social de 1995, alors les plus importantes depuis Mai 68.
Ces résultats, conjugués à une victoire peu probable de la coalition d'Ensemble en 2024, amène la dissolution décidée par Emmanuel Macron à être comparée à celle décidée par Jacques Chirac en 1997[21],[22].
La courte allocution d'Emmanuel Macron en pleine soirée électorale annonçant la dissolution prend de court la plupart des médias, partis et personnalités politiques[9],[23].
Le surlendemain du vote, Éric Ciotti, président du parti Les Républicains (LR), dévoile au journal télévisé son projet d'alliance avec le Rassemblement national (RN), en promettant que plusieurs dizaines de députés LR la rejoindront, ce qui déclenche immédiatement une crise interne, la quasi-totalité de la soixantaine de députés LR refusant cette alliance. Au cours de la même semaine, l'ex-président de la République Nicolas Sarkozy voit dans la dissolution « un risque majeur pour le pays »[25].
Personnalités sportives, culturelles et du monde de l'économie
Aux États-Unis, le Washington Post s'étonne d'« un champ de bataille épique entre le centre et l’extrême droite », à l’approche des Jeux olympiques et sous la menace d’attaques terroristes, dans un contexte de tensions avec la Russie[28], un « duel capital pour la France et pour l'Europe », selon le quotidien conservateur espagnol ABC[29]. En majorité, les médias internationaux voient la dissolution comme un pari très risqué[30], en évoquant pour la plupart « l’hypothèse d’une cohabitation », qui pourrait aider Gabriel Attal pour la présidentielle 2027, selon le quotidien turinois libéral La Stampa[28], quitte à se retrouver trois ans « les mains liées », pointe le quotidien conservateur The Times[29], analyse partagée par le quotidien libéral suisse Le Temps, pour qui ce « stratagème cynique »[28] est « extrêmement dommageable » car la pratique du pouvoir par l'extrême droite ne garantit en rien de futurs échecs électoraux[28]. L'espagnol El País et l'anglais The Guardian, deux quotidiens de référence de centre gauche, décrivent tous deux une humiliation électorale d'Emmanuel Macron[28] qui « joue avec le feu politique », selon le second[28]. Macron est un « animal politique blessé », selon La Libre Belgique[29].
L'hebdomadaire centriste allemand de référence Die Zeit s'inquiète aussi du « jeu dangereux », d'un président français pouvant avoir « perdu son sang-froid » jusqu'à livrer « désormais son pays à Marine Le Pen »[28]. Politico Europe, média en ligne positionné à droite, estime au contraire qu'il espère couper court à la montée du RN en ne lui donnant que peu de temps pour s'organiser et juge « presque certain que [la future répartition des sièges à l'Assemblée] » y « marquera un coup d'arrêt »[31]. Mais il « mise aussi sur les divisions de la gauche », selon le quotidien belge de centre droit Le Soir, qui rappelle que Macron avait « assuré avant le scrutin, qu’il ne tirerait aucune leçon nationale »[28].
Est élu au premier tour le candidat qui réunit la majorité absolue des suffrages exprimés et un nombre de voix au moins égal au quart des électeurs inscrits dans la circonscription, soit 25 %. Si aucun des candidats ne satisfait ces conditions, un second tour est organisé entre les candidats ayant réuni un nombre de voix au moins égal à un huitième des inscrits, soit 12,5 %. Les deux candidats arrivés en tête du 1er tour se maintiennent néanmoins par défaut si un seul ou aucun d'entre eux n'a atteint ce seuil. Au second tour, le candidat arrivé en tête est déclaré élu[39],[40].
Le seuil de qualification, basé sur un pourcentage du total des inscrits et non des suffrages exprimés, rend plus difficile l'accès au second tour lorsque l'abstention est élevée, mais permet en revanche celle de plus de deux candidats s'ils franchissent ce seuil. Les candidats en lice au second tour peuvent ainsi être trois, un cas de figure appelé « triangulaire ». Les second tours où s'affrontent quatre candidats, appelés « quadrangulaire » sont également possibles, mais beaucoup plus rares[38],[41].
Le gouvernement est tenu à un principe de modération en matière de communication politique et tout financement par l'État de la campagne d'un candidat est interdit[42]. Le code électoral français prévoyant qu'une campagne électorale s'arrête la veille du scrutin à minuit[43], la période de réserve électorale précédant immédiatement chaque tour du scrutin s'étend, pour le premier tour, du samedi 29 juin jusqu'au dimanche 30 juin à 20 h[44]. Durant cette période, sont interdites la distribution de documents de campagne, la diffusion de propagande électorale par voie électronique, les appels téléphoniques en série d'électrices et d'électeurs à des fins électorales et la tenue de réunions électorales[45].
Selon la Constitution, les élections suivant une dissolution doivent se tenir dans les 20 à 40 jours puis l'Assemblée se réunir le deuxième jeudi qui suit son élection. Le code électoral prévoyant un délai de dépôt des candidatures[46] pas applicable, conformément à la jurisprudence du Conseil constitutionnel, la date limite est fixée par ce décret[47] au dimanche 16 juin à 18 heures[48].
4 011 candidats se présentent lors de ces élections, soit 2 282 de moins qu’en 2022[52],[53]. La forte baisse du nombre de candidats concerne les grands partis comme les plus petits. Le délai très court, 20 jours contre 34 lors de la dissolution de 1997, rend plus difficile le processus de sélection des candidats et la recherche de financement. Reconquête (330 candidats) et LR (400 candidats[54]) sont dans l'incapacité d'être présents dans chaque circonscription[55]. Ensemble sera présent dans 489[56].
En Haute-Garonne, deux des sept personnes proposées à la commission nationale d’investiture Les Républicains se sont retirées, inquiétées par les contestations en justice d'Éric Ciotti, selon la présidente de la fédération Les Républicains[54]. Le parti n'a pas eu non plus le temps de négocier comme en 2022 des alliances avec des candidats UDI et « Les Centristes » dans d'autres circonscriptions où il est moins implanté[54]. Le Figaro note la « difficulté pour les petits partis politiques à mettre en route leur machine électorale en trois semaines à peine »[53],[57]. C'est le cas du Parti animaliste (2 % aux européennes, petit parti relativement notable par ses résultats récents), qui « ne présente aucun candidat » par « manque de moyens »[58], et des Patriotes de Florian Philippot[59], sans que ces partis qui auraient pu avoir une couverture améliorée par rapport aux précédentes élections où ils ne candidataient pas non plus n'apportent de soutien à d'autres candidatures. Le Parti pirate français, malgré sa position très atypique sur l'échiquier politique, se range sans candidatures parmi les soutiens du NFP, eu égard à ses aspects progressistes et libéraux de gauche.
Six candidats par circonscription, schéma le plus fréquent
En 2022, les candidats étaient en moyenne 11 par circonscription[60]. En 2024, le schéma le plus fréquent est de 6 candidats (en général, extrême gauche de LO, NFP, Renaissance, LR, RN et Reconquête). Selon Vincent Tiberj, professeur de sociologie politique à Sciences Po Bordeaux, la gauche a fait « un bon choix d’avoir investi des socialistes dans de nombreuses circonscriptions gagnables mais perdues en 2022 » et au total 30 % du total des candidats Nouveau Front populaire, pour un meilleur report de voix au second tour qu’avec l'étiquette La France insoumise (40 % des candidats NFP, Les Écologistes en ayant 20 % et le PCF 9 %)[61], car 92 circonscriptions-clés s'étaient jouées en 2022 par moins de 1 000 votes d’écart[62]. Naturellement, le Rassemblement national s'efface, lui, en ne présentant pas de candidature concurrente dans les 62 circonscriptions où se présentent des candidats de la sensibilité d'union des droites d'Éric Ciotti. Des incertitudes juridiques ayant freiné les candidatures, seule la moitié de ceux-ci, qui ne l'étaient pas nécessairement auparavant, sont adhérents Les Républicains[63].
Principaux partis à l’issue des législatives précédentes
Plusieurs des principaux partis ayant eu des élus en 2022 se sont regroupés en 2024 dans des coalitions.
À la fois dans la majorité et dans l'opposition, des députés ont exprimé publiquement leur refus de se représenter. Parmi les députés notables ne se représentant pas, se trouvent :
Le , Marine Le Pen affirme que le Rassemblement national est prêt à ne pas présenter de candidats contre certains de ceux des Républicains. Elle ajoute par ailleurs qu'en cas de victoire, elle laissera la place de Premier ministre à Jordan Bardella[140], qui invite le parti Les Républicains à rejoindre cette union[141]. Créant la surprise, le [141], le président des Républicains Éric Ciotti annonce au journal de 13h de TF1 du sa volonté d'une alliance avec le Rassemblement national[142]. Quelques heures après, Jordan Bardella affirme au Journal de 20 heures de France 2 qu'un accord a été conclu entre son mouvement et plusieurs dizaines de députés des Républicains[143].
Cette annonce suscite une contestation d'ampleur historique au sein des Républicains : 80 % des députés[144] la rejettent immédiatement, rejoints ensuite par d'autres et par les sénateurs républicains[145]. Le jour-même, le président du Sénat Les Républicains, Gérard Larcher, demande à Ciotti de se « démettre de son mandat de président »[146]. Deux jours après cette annonce, la presse révèle que seuls deux députés Les Républicains ont suivi Éric Ciotti[147] et que la moitié des candidats qu'il présentera avec le soutien du Rassemblement national ne sont pas adhérents des Républicains[147].
D'autres figures de la droite dénoncent aussi Ciotti, dont Jean-François Copé — ancien président de l'UMP entre 2012 et 2014 — et la présidente du conseil régional d'Île-de-FranceValérie Pécresse. Ces derniers demandent sa démission de la direction du parti — que Ciotti écarte, se justifiant par un soutien et une « confiance de militants, de beaucoup de parlementaires, de candidats »[148],[149]. La vice-présidente du parti Florence Mosalini-Portelli annonce à l'antenne de France Info prévoir d'exclure Ciotti du parti[150].
Alors que la quasi-totalité des cadres des Républicains avaient rejeté tout accord électoral, Éric Ciotti est exclu « à l'unanimité » des Républicains le par le bureau politique du parti, auquel il n'a pas participé et dénonce par la suite « des décisions illégales ». François-Xavier Bellamy et Annie Genevard assurent l'intérim[151],[152]. Le lendemain, Éric Ciotti saisit le tribunal judiciaire de Paris en référé dans l'optique de faire annuler les décisions prises par le bureau politique des Républicains[153]. Celles-ci sont suspendues par le tribunal judiciaire le vendredi 14 juin 2024, pour une durée limitée[154].
Le , l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy se prononce sur la situation dans le parti qu'il a fondé. Il émet des critiques contre Éric Ciotti sur sa décision d'entreprendre une alliance avec le Rassemblement national sans consulter les cadres et les militants du parti. Dans ce contexte de fragilité, il juge également le risque que Les Républicains soit effacé derrière le Rassemblement national en cas de victoire de ces derniers mais subisse également pleinement les conséquences d'une défaite du RN[155],[156].
Dès le , des discussions ont lieu entre le Rassemblement national et Reconquête[159]. Marion Maréchal Le Pen met en avant son « souhait ardent » de former une union des droites avec le RN[141]. Le 11 juin, après plusieurs discussions au siège du RN, Marion Maréchal annonce finalement que le parti de Marine Le Pen refuse un accord avec Reconquête. Elle déplore « un changement de position » et une « décision soudaine et contradictoire » de la part du Rassemblement national[160]. Néanmoins, le soir même, Éric Zemmour, président de Reconquête, annonce sur CNews qu'il ne se présentera pas aux législatives afin de ne pas faire barrage à l'élection d'un candidat RN[161].
Les trois vice-présidents du parti (Marion Maréchal, Guillaume Peltier, Nicolas Bay), ainsi que Laurence Trochu, représentant quatre de ses cinq nouveaux eurodéputés, appellent à « soutenir, partout en France, les candidats uniques de la coalition des droites », c'est-à-dire l’alliance électorale entre le RN et Éric Ciotti, en opposition à la ligne portée par Éric Zemmour[162],[163]. Éric Zemmour évoque de leur part une trahison[164] et annonce leur exclusion de Reconquête[165].
Enfin, le parti décide de présenter des candidatures dans seulement 330 circonscriptions. Éric Zemmour affirme dans un tweet du 16 juin avoir pris cette décision dans l'objectif « de ne pas nuire aux autres candidats de droite engagés dans cette campagne ». Ainsi, Reconquête n'investit pas de « candidats devant les artisans de l’union nationale », notamment face à « Éric Ciotti, Nicolas Dupont-Aignan, Christelle D'Intorni, Charles Prats ou encore Guilhem Carayon »[166].
Dans la nuit du au , le NPA - L'Anticapitaliste accepte de rejoindre le NFP[173]. Le , les quatre partis principaux de l'alliance trouvent un accord pour une répartition des différents circonscriptions entre eux et leurs alliés - en prenant en compte à la fois les députés sortants ainsi que les résultats des européennes[174].
Le au soir, les principales composantes de l'alliance parviennent à un accord de campagne, de programme et de répartition des circonscriptions[175]. L'accord prévoit selon son texte d'annonce « un programme politique de rupture avec une déclinaison pour les 100 premiers jours du mandat »[176].
Alors que le , Raphaël Glucksmann avait annoncé qu'il ne souhaitait pas rejoindre l'alliance aux conditions posées par LFI[177],[178], il indique le au micro de France Inter son soutien à « une union de la gauche », afin « que le Rassemblement national ne gagne pas ces élections législatives et ne gouverne pas ce pays ». De plus, il affirme avoir « obtenu [...] un engagement extrêmement clair sur les livraisons d'armes à l'Ukraine, sur les frontières de l'Ukraine, sur le soutien indéfectible à la résistance ukrainienne ». Il affirme avoir « obtenu aussi le soutien à la construction européenne », que les « attaques du 7 octobre soient qualifiées de [...] clairement terroristes » et « un engagement clair dans la lutte contre l'antisémitisme, dans la lutte contre la brutalisation du débat public »[179].
Alors que l'accord prévoyait la reconduction des députés sortants, la France insoumise refuse l'investiture à cinq « frondeurs », pour avoir critiqué la stratégie de la direction et le manque de démocratie interne : Frédéric Mathieu, Danielle Simonnet, Raquel Garrido, Alexis Corbière et Hendrik Davi[182],[183]. Ces députés sortants — à l'exception de Frédéric Mathieu — décident quand même de maintenir leurs candidatures. Adrien Quatennens, malgré l’hostilité des autres partis de gauche, est initialement investi par La France insoumise avant d'annoncer le 16 juin qu'il renonce à un nouveau mandat[184].
Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon investit également deux candidats face à la communiste Soumya Bourouaha et le socialiste Jérôme Guedj, choisis pour représenter le Nouveau Front populaire mais qui se refusent de porter les couleurs du mouvement[185].
L'ancien candidat aux trois dernières élections présidentielles du NPA, Philippe Poutou, est investi dans la première circonscription de l'Aude[186], ce qui provoque des tensions avec la fédération locale du Parti socialiste qui prend la décision d'investir un candidat dissident[187].
Majorité présidentielle
Le secrétaire général de Renaissance et ministre des affaires étrangères, Stéphane Séjourné, affirme que le parti Renaissance« ne présentera pas de candidat » face à d'autres candidats du bord républicain. Un autre conseiller anonyme d'Emmanuel Macron affirme que le parti a l'espoir de gagner ces élections législatives[188].
Dissensions entre Renaissance et Horizons
Depuis l'annonce de la dissolution, des discussions ont lieu entre Horizons le parti de l'ancien Premier ministre Édouard Philippe et Renaissance pour renouveler l'appartenance de ces premiers à la coalition Ensemble.
Néanmoins des points de tensions et de désaccords apparaissent entre les deux formations politiques. En premier lieu sur la répartition des circonscriptions, puis les conditions de l'accord et enfin sur le fait qu'Horizons ne souhaite pas partir en campagne sous l'étiquette « Ensemble »[189]. Cela conduit le parti d'Édouard Philippe à inscrire au Journal officiel sa propre nuance, « Horizons », avec laquelle seize candidats[190] se présentent au premier tour (dans des circonscriptions sans candidature « Ensemble »).
Commission nationale consultative des droits de l'Homme
Le 13 juin, le bureau de la Commission nationale consultative des droits de l'Homme déclare : « la CNCDH a reçu de l’État la mission de veiller au respect des droits de l'Homme dans notre pays, c'est à dire des principes de liberté, d'égalité et de fraternité, ainsi que d'égale dignité de la personne humaine, qui sont au fondement de notre République. Le programme des extrêmes droites, singulièrement celui du RN, s’oppose lui, de façon frontale, directe, à ces mêmes principes d’égalité, de fraternité et de liberté ». Par conséquent, la CNCDH appelle solennellement à faire barrage aux candidats de l’extrême droite lors des deux tours des élections législatives des 30 juin et 7 juillet 2024[194]. Une telle prise de position est exceptionnelle de la part de cette institution[195].
Société civile
En dehors des personnalités des partis politiques, la campagne donne lieu à de nombreuses prises de position et engagements de la part de personnalités ou d'associations, ainsi qu'à des appels à manifester.
Appels à voter contre l'extrême droite
La pertinence de cette section est remise en cause. Considérez son contenu avec précaution. Améliorez-le ou discutez-en, sachant que la pertinence encyclopédique d'une information se démontre essentiellement par des sources secondaires indépendantes et de qualité qui ont analysé la question. (juin 2024) Motif avancé : gros problème de WP:PROP à base notamment de plusieurs sources primaires, car on peut ainsi détailler les points de vue de nombreuses personnalités.
Certaines prises de position sont des appels à voter contre l'extrême droite, dans la continuité du front républicain. La Ligue des droits de l'Homme publie le un appel, Ensemble, contre l'extrême droite, commun à plusieurs centaines d'associations, ONG et syndicats, doublé d'un appel à manifester[196],[197]. Le samedi , des manifestations dans tout le pays rassemblent entre 250 000 personnes selon les autorités et 640 000 selon la CGT[198].
Dans le monde agricole, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, premier syndicat, prend ses distances par rapport au programme de l'extrême droite, indiquant que la FNSEA est « un syndicat qui a des obédiences parfois très différentes sur le plan politique, mais qui assume de réaffirmer que l’Europe est le cœur du réacteur agricole, qu’on a besoin de rester dans un monde ouvert, d’échanges régulés, et que le protectionnisme ou la renationalisation ne tiennent pas à l’aune de la réalité »[203]. Plusieurs associations agricoles prennent position contre l'extrême droite : le mouvement des associations pour le maintien d'une agriculture paysanne[204], Accueil paysan[205], le réseau associatif Solidarité Paysans[206], le Mouvement rural de jeunesse chrétienne[207],[208].
Le domaine de la santé voit d'autres prises de position collectives : un collectif de médecins dans le quotidien Libération le [210], puis, le 14, un appel commun de plusieurs dizaines d'organismes, associations, mutuelles, syndicats[210].
Plusieurs organisations et associations féministes prennent également position contre l'extrême droite, dont le Planning familial[211],[212],[213]. Le dimanche , à l'appel de ces associations féministes, plusieurs dizaines de milliers de personnes manifestent dans tout le pays[214],[215],[216].
Cent-soixante-dix diplomates publient dans Le Monde, le , une tribune « Nous, diplomates, ne pouvons nous résoudre à ce qu’une victoire de l’extrême droite vienne affaiblir la France et l’Europe alors que la guerre est là », et s'y alarment notamment de l'affaiblissement de la France et des risques importants d'ingérences étrangères en cas de victoire de l'extrême droite[217],[218],[219].
Le domaine de la justice voit une centaine d'avocats publier, le 2 juillet, une tribune dans l'hebdomadaire Marianne appelant à préserver le droit, la Constitution et les droits de l'Homme face au Rassemblement national[220].
Le secteur de la culture rassemble plusieurs centaines de personnes lors d'une manifestation à Paris le [221],[222]. Agnès Tricoire, présidente de l'Observatoire de la liberté de création, appelle à voter contre l'extrême droite, dont elle estime qu'elle « déteste toutes les formes contemporaines de culture »[223],[224]. Une tribune de plus de 800 professionnels de la culture, dont les comédiensRomane Bohringer et Gilles Lellouche et le réalisateurCédric Klapisch, paraît le dans Le Monde[225]. Plusieurs centaines de personnalités liées aux littératures de l'imaginaire (auteurs et autrices, maisons d'édition) signent une pétition parue dans L'Humanité le [226]. Des personnalités du monde du livre, autrices, auteurs, éditeurs, dont Jean-Baptiste Andrea (prix Goncourt 2024), l'auteur de romans policiers Franck Thilliez, l'écrivaine et ancienne résistante Madeleine Riffaud et des auteurs de bandes dessinées tels que Catherine Meurisse et Jul, appellent à « faire barrage au Rassemblement national » dans une tribune publiée dans Le Nouvel Obs le 18 juin[227],[228]. Deux cents artistes du rock publient une tribune Le rock emmerde le RN (allusion à la chanson de Bérurier noir« La jeunesse emmerde le Front national »)[229].
De nombreuses personnalités d'Internet telles que des influenceuses et influenceurs et des streamers se mobilisent contre l'extrême droite. Ces nombreuses prises de position sont une nouveauté dans ce secteur où les appels au vote sont habituellement rares[230]. Un appel d'une soixantaine de personnalités paraît dans Le Nouvel Obs le 13 juin, déclarant : « Face à l’urgence démocratique liée à la possible arrivée de l’extrême droite au pouvoir, nous, influenceuses et influenceurs, avons décidé de faire bloc et de réunir nos communautés autour d’un message d’espoir et de tolérance »[231]. D'autres personnalités s'engagent individuellement, telle la créatrice de contenus Léna Situations[232]. Des initiatives telles que des groupes Whatsapp géants, des diffusions d'argumentaires et des marathons de streaming sont organisées[233].
Plusieurs prises de position religieuses ont également lieu. Dix mille chrétiens, dont plus de 70 prêtres et des représentants protestants, signent un appel commun paru dans La Croix le : « Au nom de notre foi, nous voterons contre l’extrême droite »[234]. Un appel de personnalités juives intitulé Instrumentaliser l’antisémitisme au lieu de combattre l’extrême-droite est indigne et dangereux paraît dans Libération le [235] puis dans Mediapart le ; à cette seconde date, il rassemble un peu plus de 900 signatures[236]. Parmi les personnalités musulmanes, le recteur de la grande mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz[237], puis le recteur de la mosquée de Lyon, Kamel Kabtane[238], appellent à voter contre l'extrême droite en s'inquiétant de la tendance à prendre les musulmans comme boucs émissaires.
Plus de 3 000 scientifiques appellent à voter contre l'extrême droite[239],[240]. Des intellectuels tels que le sociologue Pierre Rosanvallon[241], le philosophe Étienne Balibar, l'écrivain et chercheur Paul B. Preciado, le sémiologueCécile Alduy, l'historienne Ludivine Bantigny et l'avocat Arié Alimi, appellent à voter contre l'extrême droite[242]. Plus de 1 000 chercheuses et chercheurs publient le dans Le Monde un appel solennel « Ne laissons aucun obscurantisme nous envahir » et réaffirment « les valeurs qui portent au quotidien notre engagement et forment le socle de la démarche scientifique : l’ouverture au monde et la libre circulation des individus, le libre-échange des connaissances et de la pensée, la vérité, la transparence, la rigueur et l’exigence, et encore la tolérance, l’éthique et l’humanisme »[243]. Plus de deux cents professeurs, chercheurs et personnels du Collège de France publient dans Libération le une tribune appelant à faire barrage à l'extrême droite, en précisant que « cette position ne résulte pas d’un a priori politique mais du constat que le programme du principal parti de cette mouvance, si on le lit bien, porte gravement atteinte à l’indépendance et à l’ouverture internationale de la recherche »[244]. À l'issue du premier tour, environ 200 philosophes de sensibilités politiques variées publient dans Libération une tribune appelant à voter contre l'extrême droite[245]. Un collectif de plus d’un millier d’universitaires et de chercheurs d’horizons politiques différents[précision nécessaire], dont Patrick Boucheron, Antoine Lilti, Pierre Nora, Mona Ozouf et Michelle Perrot, appelle dans Le Monde à voter contre le Rassemblement national[246].
Appels à voter contre la France insoumise ou le NFP
Alain Finkielkraut est écœuré par « l’abjection payante » de La France insoumise, qui « a fondé toute sa campagne européenne sur la haine d'Israël et des sionistes. »[252] Plusieurs institutions juives, dont le Conseil représentatif des institutions juives de France, accusent La France insoumise d'antisémitisme et réprouvent l'accord passé avec ce parti par les autres partis de gauche[253],[254] ; après le premier tour, ils appellent à ne voter ni pour le Rassemblement national, ni pour La France insoumise[255].
Publiée le sur Le Figaro, une tribune signée par une centaine de personnalités appelle à voter contre le Nouveau Front populaire. Ils considèrent que « Le Nouveau Front populaire constitue la première menace pour les Français juifs »[256].
Appels à voter pour le Nouveau Front populaire
La Confédération générale du travail (CGT) appelle le 19 juin à voter pour le Nouveau Front populaire, estimant que « l’Extrême droite est en situation d’accéder au pouvoir pour la première fois de l’histoire de notre République – à l’exception de la période du régime de Vichy », que « pour le monde du travail, les changements de pieds incessants du RN démontrent son imposture sociale » et que « notre République et notre démocratie sont en danger »[257]. La fédération de syndicats de l'enseignement secondaire SNES-FSU prend position en faveur du programme du Nouveau Front populaire et de ses candidatures au 1er tour, en précisant que cet appel « n'est pas un chèque en blanc »[258].
L'historien Patrick Boucheron publie le 21 juin un appel « Contre l'extrême droite, sortir de la torpeur, maintenant ! », puis déclare dans un entretien au quotidien L'Humanité le 27 juin qu'il votera pour le Nouveau Front populaire, « la seule alternative à un pouvoir séditieux »[259].
L'ancien résistant Pierre Charret publie le 27 juin dans L'Humanité une tribune appelant à voter pour le Nouveau Front populaire[260].
Une tribune signée par plus de 300 personnalités d'Internet, mis en ligne sur le blog des Invités de Mediapart, lance un appel à voter contre l'extrême droite et pour le Nouveau Front populaire[261].
Une tribune signée par 3 600 professionnels de santé, du médico-social, et de la recherche, parue le 22 juin sur Mediapart, appelle à voter pour le Nouveau Front populaire[262],[263].
Le domaine de la culture donne lieu à plusieurs appels à voter pour le Nouveau Front populaire. Deux cents personnalités du monde de la musique appellent à voter pour le Nouveau Front populaire dans Les Inrocks le 17 juin[264], suivies par des personnalités de la scène indépendante[265] et de la musique classique[195]. Plusieurs centaines d'auteurs et autrices de bandes dessinées appellent à voter pour le Nouveau Front populaire dans une pétition commune le 28 juin[266],[267].
Une tribune dénonçant le danger représenté par l'extrême droite pour les minorités d'orientations sexuelles et d'identités de genre et appelant à voter pour le Nouveau Front populaire paraît le 17 juin dans L'Humanité, soutenue par 400 signataires, associations, organisations, personnalités et militants[268].
Appels à voter contre « les extrêmes »
D'autres personnalités adoptent un positionnement plus centriste. Dans la lignée de la déclaration de Marcus Thuram, Kylian Mbappé, alors capitaine de l'équipe de France de football masculin, déclare qu'il « partage les mêmes valeurs que Marcus et [s]e range avec lui » puis indique qu'il est « contre les extrêmes, contre les idées qui divisent »[269].
Autres prises de position concernant le Rassemblement national
L'avocat et historien Serge Klarsfeld déclare privilégier le Rassemblement national en cas de duel avec un candidat La France insoumise[270]. Rescapé de la Shoah connu pour sa traque des anciens nazis, Klarsfeld avait amorcé en 2022 un rapprochement avec le FN, estimant que le parti s'était intégré aux valeurs républicaines[270]. Durant cette année, en octobre 2022, Serge Klarsfeld a reçu des mains de l'ancien directeur du cabinet de Jean-Marie Le Pen la médaille de la ville, grâce à l'entremise de Philippe Benguigui, président d'une association mémorielle[270]. Le lendemain, au cours d'un déjeuner, Laurent Joly, chercheur et un historienfrançais spécialiste de l'antisémitisme sous le Régime de Vichy met en garde Serge Klarsfled : « vous ne connaissez pas ce parti, vous allez vous compromettre »[270]. Selon Klarsfeld, une des « victoires » de la lutte contre l’antisémitisme a été « de voir qu’un certain nombre de partis considérés comme d’extrême droite en Europe sont passés de l’autre côté, du côté du soutien à la cause juive ». Ainsi, il fait le « pari que c'est sincère » à condition que « Marine Le Pen reconnaisse la loi Gayssot [de 1990, réprimant le négationnisme] et le discours de Jacques Chirac » sur la responsabilité de l’État français dans la déportation des Juifs, espérant un geste « prochain »[271].
Ces positions provoquent des inquiétudes dans la communauté juive. Depuis les disparitions de Simone Veil et de Robert Badinter, dernières grandes consciences de la communauté juive française, Klarsfeld verrait « le poids de sa parole est instrumentalisé, comme si, quand il parle, c'était la Shoah qui parlait » selon Claude Askolovitch[270]. Samuel Lejoyeux, président de l'Union des étudiants juifs de France déclare que « Klarsfeld tombe dans un piège, c'est une bêtise. Le RN est encore dangereux pour les juifs »[270].
Pour Yann Jurovics, ancien juriste près des tribunaux internationaux et spécialiste des crimes contre l'humanité, les « Klarsfeld risquent de jouer les idiots utiles : le père est une idole, mais il se trompe, le fils est coutumier d'une légèreté inconséquente. La structure, le dogme du RN reste la discrimination, alors qu'à gauche, la dérive est le fait de sinistres personnages »[270].
Ginette Kolinka, rescapée du camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, rajoute « [ne pas comprendre] sa réaction. Quand tu vois Klarsfeld qui se met d'accord avec eux, là tu te dis qu'il y a quelque chose qui ne va plus. Si même les juifs se mettent du côté de l'extrême droite, on n'en finira jamais »[277]. Quant à l'argument de Serge Klarsfeld d'un Rassemblement national qui aurait fait sa mue avec un supposé soutien des juifs, elle se questionne : « peut-être qu'ils le font en parole pour avoir les voix de notre corporation mais une fois qu'il aura les voix, qu'est-ce qu'il fera ? »[277].
Nombre d'admirateurs des Klarsfeld soulignent le rôle d'Arno dans la mue de son père[270].
Pour Alain Finkielkraut, « La volonté d'exclure le Rassemblement national de l'arc républicain est absurde. ». Il ajout que « Jamais [il n'aurait] imaginé voter un jour en faveur du Rassemblement national pour faire barrage à l'antisémitisme. Ce n'est pas encore le cas, mais peut-être y serai-je contraint à plus ou moins longue échéance s'il n'y a pas d'alternative. Ce serait un cauchemar. La situation actuelle est un crève-cœur pour les Juifs français. »[252],[279]
Violences
Dans la nuit du au , à Paris, près du jardin du Luxembourg, quatre militants qui se réclament du Groupe union défense (GUD) et du Rassemblement national, dont Gabriel Loustau, fils d'Axel Loustau (ancien militant de cette organisation, ancien élu RN et autrefois proche de Marine Le Pen), profèrent des insultes homophobes envers un homme vers 1 h 30 du matin, le menacent en brandissant une ceinture et un bâton puis l'agressent et lui donnent au moins un coup de poing[280]. Interpellés et placés en garde à vue, ils menacent les policiers de sanctions, « quand Bardella sera au pouvoir et qu’Hitler reviendra »[281]. Ils sont jugés en comparution immédiate au tribunal correctionnel de Paris et condamnés, pour deux d'entre eux, à cinq et sept mois de prison ferme, tandis que les deux autres sont condamnées à six mois de prison avec sursis pour non-assistance à personne en danger[282]. Cela conduit le gouvernement à dissoudre le GUD par décret le [283].
Plusieurs agressions à caractère discriminatoire ont lieu durant la campagne électorale[284]. Le , à Sotteville-lès-Rouen, un collégien d'origine maghrébine est insulté et passé à tabac par trois jeunes hommes l'accusant de profiter des allocations[284]. Dans la nuit du au à Avignon, une boulangerie est victime d'un incendie d'origine probablement criminelle au vu des nombreux départs de feu et des graffitis racistes, homophobes et xénophobes inscrits sur les murs[285]. Des journalistes sont insultés[284],[286]. Les médias déplorent une désinhibition des propos discriminatoires et de la violence[287],[284],[288],[232]. De nombreux auteurs d'agressions font référence au Rassemblement national[289]. La chercheuse en sciences politiques Nonna Mayer estime : « on ne peut pas tout attribuer au RN, mais sa dynamique politique légitime et encourage des propos racistes ». Elle rappelle cependant qu'une partie de ces violences s'inscrit dans un contexte plus large : la mise en avant du thème de l'immigration depuis deux ans avec le vote de la loi « asile et immigration » en janvier 2024, et les tensions liées à l'actualité du conflit israélo-palestinien et plus précisément de la guerre Israël-Hamas entamée en octobre 2023 après l'attaque du Hamas contre Israël d'octobre 2023[290].
De nombreuses agressions visent des militants, notamment lors de tractages[287]. Des militants de gauche sont menacés ou agressés dans plusieurs villes. Le à Bordeaux, un homme porte plainte contre X, déclarant avoir reçu « un coup de tête au niveau de la bouche » par un homme affirmant « supporter Bardella » alors qu'il portait des tracts du Nouveau Front populaire[291],[292],[293],[294]. Le même jour, à Nanterre, la députée écologiste sortante des Hauts-de-Seine Sabrina Sebaihi déclare que des militants du RN ont « insulté et menacé une militante du Nouveau Front populaire, âgée » et qu'une plainte est déposée[291],[293]. À Maisons-Alfort, le candidat socialiste du Nouveau Front populaire Joao Martins Pereira déclare que des militants qui distribuaient des tracts du Nouveau Front populaire sur un marché ont été violemment agressés par « des hommes d'extrême droite, tout de noir vêtus »[291],[293]. Le , Sandrine Véziès, la candidate du Nouveau Front populaire dans la 1re circonscription du Doubs, déclare qu'un militant octogénaire qui collait des affiches du Nouveau Front populaire a été « menacé et pris à partie par un individu tenant des propos laissant à penser qu’il soutenait l’extrême droite » et qui aurait tenté de lui porter plusieurs coups ; une plainte devait être déposée[292],[295]. Noë Gauchard, candidat Nouveau Front populaire dans le Calvados, déplore des agressions presque quotidiennes lors des tractages et sur les marchés[287]. Le 2 juillet au soir à Paris, quatre militants de gauche qui collaient des affiches sont insultés, agressés et blessés par six hommes armés[296],[297].
Des militants d'extrême droite sont également visés. Le , le candidat RN Hervé Breuil, en campagne sur un marché, demande l'ouverture d'une enquête après « une bousculade, des insultes et des projections d’eau et de farine »[287]. Le , lors d'une manifestation contre le Rassemblement national organisée sur la place de la République, des militantes du collectif d'extrême droite féminationalisteNémésis, qui procède par actions spectaculaires filmées[298], viennent contre-manifester, entourées d'un service d'ordre appartenant à une société privée. L'Express évoque « quelques bousculades »[299]. La secrétaire générale de la Confédération générale du travail (CGT) Sophie Binet et le journaliste David Dufresne, présents sur la scène au moment des faits, appellent au calme et le service d’ordre intersyndical exfiltre les contre-manifestants[300]. La police effectue des contrôles d'identité puis les laisse reprendre le métro[300],[301] ; aucune plainte n'est déposée[300]. Le 3 juillet, en Savoie, Marie Dauchy, candidate RN, est insultée et agressée par un commerçant local qui se présente spontanément à la police ensuite[302].
Face à l'éventualité d'une victoire du Rassemblement national à l'issue des élections législatives, la gauche organise de nombreuses manifestations. Le , des dégradations ont lieu lors de rassemblement à Angers, Bordeaux et Toulouse[303],[304].
Le 3 juillet à Paris, la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot et ses militants sont agressés lors d'un collage d'affiches dans les Hauts-de-Seine. Sa suppléante et l'un de ses militants sont blessés et hospitalisés[305]. Prisca Thévenot dépose plainte[306] et une enquête est ouverte pour violences commises en réunion sur un élu public[305].
Le 3 juillet, un site d'extrême droite publie une « liste (très partielle) d'avocats à éliminer » après la publication, la veille, d'une tribune d'avocats appelant à préserver le droit face à une éventuelle arrivée au pouvoir du Rassemblement national. Le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, condamne fermement cet appel. Le bâtonnier de Paris, Pierre Hoffman, déclare : « La démocratie est plus que jamais menacée lorsque circulent des listes d'avocats à éliminer parce qu'ils remplissent leur mission. Nous ne tolèrerons jamais ces menaces et y donnerons toutes les suites qui s'imposent. Soutien à tous les consœurs et confrères menacés ». L'association des avocats pénalistes dénonce un appel au meurtre jamais vu en France[220].
Vendredi 5 juillet, dernier jour de la campagne électorale du second tour, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin déclare que 51 candidats ou militants ont été agressés physiquement, sans compter les violences verbales, depuis le début de la campagne[307].
En prévision de possibles débordements et violences le soir des résultats du premier tour, un dispositif a été mis en place par les forces de l'ordre afin de renforcer la sécurité sur des sites stratégiques comme les QG des partis, le Palais Bourbon, l'Hôtel de Matignon et le Palais de l'Élysée[308]. Un dispositif analogue est prévu pour le second tour[309].
La Fédération européenne des journalistes enregistre une augmentation significative des attaques contre la presse en France, faisant de ce pays le cinquième le plus touché en Europe en juin 2024[310].
Controverse au sujet d'un simulateur de retraites
La pertinence de cette section est remise en cause. Considérez son contenu avec précaution. Améliorez-le ou discutez-en, sachant que la pertinence encyclopédique d'une information se démontre essentiellement par des sources secondaires indépendantes et de qualité qui ont analysé la question. (juillet 2024) Motif avancé : Avec toutes les controverses durant ces élections, donner à cet élément - assez annecdotique - une section entière semble bien disproportionné
L'avant-dernier jour de campagne, au milieu du dernier débat sur France2, Gabriel Attal révèle avoir créé un simulateur par internet du montant de la retraite de chacun si le Front populaire rétablit un droit à la retraite à 60 ans, comme sur son programme, qui montrerait selon lui une baisse du montant des pensions.
Dès le lendemain matin, La France insoumise attaque en justice, en référé, le parti Renaissance pour « diffusion de fausses informations ». Le 29 juin, le site est mis hors ligne, par un accord entre les avocats des deux partis[311]. Plusieurs ténors du Front populaire ont dénoncé un site menteur, le calcul ne prenant pas en compte le nombre de parts fiscales des futurs retraités, selon le sénateur communiste Ian Brossat[312].
Sur les 76 députés élus dès le premier tour, 67 sont des députés sortants. Estelle Youssouffa, députée de première circonscription de Mayotte, est élue avec 79,48 % des voix, le score le plus élevé de l'élection.
Une synthèse dans Le Monde a recensé 33 candidats qui ont annoncé se maintenir, même dans les circonscriptions où l’extrême droite est arrivée première, "face à LFI, mais pas seulement"[347]. Le Premier ministreGabriel Attal, avait appelé au désistement de ses candidats « en troisième position »[347] mais laissé persister le flou en affirmant que « face à un candidat qui a choisi les valeurs républicaines, on se retire », alors même que l’exécutif n’a eu de cesse d’exclure LFI de « l’arc républicain »[347].
Au sein de la gauche
La candidate du NFP Magali Crozier se maintient dans la sixième circonscription de l’Hérault, face à deux candidats d’extrême droite : Julien Gabarron (RN, vainqueur) et Emmanuelle Ménard (sortante sans étiquette, soutenue par le RN en 2022)[348].
Au sein d'Ensemble
Non désistement face à LFI
Dans la 1re circonscription des Alpes-Maritimes, Graig Monetti, arrivé avec 22,79 % des suffrages loin derrière le candidat LFI-NFP Olivier Salerno (26,62 %), a refusé de se désister face à Éric Ciotti (LR-RN), premier avec 41,04 % ;
dans la 1re circonscription du Val-d'Oise, Émilie Chandler, en troisième position a obtenu 25,46 % derrière Anne Sicard (RN, 33,65 %) et Maximillien Jules-Arthur (LFI-NFP, 30,8 %), a appelé ses électeurs à voter à nouveau pour « bâtir le rempart républicain contre le RN et LFI » ;
dans la 1re circonscription de Seine-et-Marne, la députée MoDem sortante Aude Luquet a jugé que le maintien de sa candidature « répond à une attente de ne pas voter ni extrême droite ni extrême gauche » ;
dans la 1re circonscription du Puy-de-Dôme, Hervé Prononce (Horizons-Ensemble) a refusé de se désister en faveur de Marianne Maximi en tête avec 38,1 % des voix, loin devant le RN (27,5 %) et Horizons (24,1 %).
Refus de se désister face aux PS et aux écologistes
Dans quatre cas, les candidats Ensemble ont refusé de se retirer en faveur de candidat des Écologistes ou du Parti socialiste :
dans la huitième circonscription du Rhône, Nathalie Serre, arrivée en quatrième position derrière Jonathan Géry (RN, 33,46 %) et Anne Reymbaut (PS-NFP, 22,75 %), s'est maintenue alors même que le troisième, Dominique Despras, s'est désisté ;
dans la première circonscription de la Vienne, Séverine Saint-Pé, du parti Horizons, troisième avec 28,85 %, a maintenu sa candidature face à la député écologiste sortante, Lisa Belluco (33,14 %) et la candidate du RN, Emmanuelle Darles, en tête de 43 voix[349] ;
dans la 9e de la Haute-Garonne, le candidat Renaissance Florian Delrieu a maintenu sa candidature en estimant que la candidate Écologistes-NFP Christine Arrighi, largement en tête avec 47,5 % des voix ne risquait pas de perdre le 2e tour face au RN.
Chez LR et les divers droite
La synthèse dans Libération estime que chez LR « le choix de se maintenir face à tout candidat NFP, et en dépit du RN, a été assumé ». Les synthèses dans Libération et Le Monde notent que 4 candidats LR ne se désistent pas en faveur des candidats PS et PCF:
Romain Lefebvre, (19,67 %) refuse de se désister en faveur de Louise Héritier (LFI-NFP, 24,06 %)
Maxime Minot (21,52 %) a refusé de se désister en faveur de Loïc Pen (PCF-NFP, 27,18 %) ;
Absence de désistement face à un candidat RN arrivé deuxième
La synthèse identifie par ailleurs 20 candidats qui se sont maintenus dans des circonscriptions où le RN (ou un candidat d’extrême droite) est arrivé deuxième[348]. Douze de ces vingt candidats sont de la coalition Ensemble, 3 du Nouveau Front populaire, 2 LR et 2 divers droite[348].
Couverture audiovisuelle et numérique
Débats télévisés aux heures de grande écoute
Débats avant le premier tour
Deux débats télévisés sont organisés aux heures de grande écoute sur TF1 et France 2, les deux chaînes les plus regardées :
entre Jordan Bardella (RN), Olivier Faure (NFP-PS) et Gabriel Attal (premier ministre) à 20 heures 15 sur France 2 le [351].
Le premier a réuni 5,5 millions de téléspectateurs, avec une très forte audience de 27,6 %[352],[353]. C'est 2 millions de téléspectateurs de plus que les 3,5 millions du débat des européennes sur France 2, entre les seuls Jordan Bardella et Gabriel Attal[354].
Organisé le surlendemain, le second a réuni 3,15 millions de téléspectateurs soit une audience proche de 18 %[355],[356]. Dès les premières minutes, il voit Jordan Bardella et Gabriel Attal fréquemment « s'écharper »[357],[358], notamment sur l'investiture alléguée de « plus d’une centaine de candidats » ayant tenu « des propos racistes, antisémites et homophobes »[359], puis sur les binationaux[360]. Il est jugé par la presse « cacophonique »[359],[358],[357], ou « souvent inaudible »[361] et « difficilement compréhensible », malgré des thématiques habituelles (immigration, pouvoir d'achat, défense et Ukraine)[362]. En fin de débat, Gabriel Attal annonce un simulateur de retraites, contesté en justice dès le lendemain matin et arrêté par un accord entre avocats des deux parties.
Les cinq moments forts du premier débat, moins tendu, avaient abordé les retraites, l'immigration, le pouvoir d'achat et l'école[363],[364],[365], Manuel Bompard parant aux inconvénients de sa moindre notoriété[366]. Les trois participants au deuxième débat avaient auparavant réuni de fortes audiences sur TF1 lors d'entretiens d'une dizaine de minutes, au journal de 20 heures de Gilles Bouleau, 5,1 millions le 19 juin pour Gabriel Attal et 5,2 millions le lendemain pour Jordan Bardella, puis 4,3 millions pour Olivier Faure une semaine après[367].
Les Républicains ont saisi le Conseil d'État en référé pour être invité lors du premier, estimant que ce débat à trois participants porterait « inévitablement atteinte au respect du caractère pluraliste de l'expression des courants de pensée et d'opinion dans la mesure où toutes les formations politiques représentatives ne seront pas présentes à ce débat »[368]. Mais cette requête est rejetée le par le Conseil d'État[369].
En amont de ces débats, plusieurs systèmes d'aide au vote sont développés pour aider les électeurs à choisir un candidat. Le site VoteFinder.eu est un projet citoyen open-source qui permet de se positionner sur plus de 60 amendements et projets de loi votés à l'Assemblée[370]. Il est possible de voir les votes de chaque parti sur chaque texte.
Annulation de débats et organisation d'entretiens télévisés pendant l'entre-deux-tours
Après ceux du premier tour, deux grands débats sur TF1 sont prévus, l'un entre Marine Tondelier et Jordan Bardella (RN) sur BFM TV et un autre sur TF1, qui doit opposer le même Jordan Bardella, Gabriel Attal (Ensemble), Xavier Bertrand (LR) et Raphaël Glucksmann (PP, proche du PS), prévu au soir du lundi , lendemain du premier tour. La chaîne décide en cours de journée de bouleverser sa grille de programmes[371] mais en remplaçant ce débat par une série de quatre courtes interview avec chacune des quatre personnalités[372],[373],[374]. À l'annonce de ce dispositif exceptionnel, Marine Tondelier, cheffe des Écologistes du Nouveau Front populaire, connue pour son action contre l’extrême droite dans sa commune d'Hénin-Beaumont, interpelle TF1 en demandant « où sont les femmes ? »[375],[371] et réclame le maintien du débat d'entre-deux-tours qui devait la voir affronter Jordan Bardella[371]. Le même soir, Manuel Bompard et Éric Ciotti sont les invités politiques du journal télévisée de France 2[375].
Le patron du Rassemblement national, Jordan Bardella s'était dit lui plus tôt dans la journée « prêt » à débattre « avec Jean-Luc Mélenchon »[376], mais ce dernier a renvoyé vers Manuel Bompard, Mathilde Panot, présidente du groupe parlementaire LFI ou Clémence Guetté (LFI) car LFI est « le premier mouvement en nombre d'élus au premier tour »[377]. La coalition du Nouveau Front populaire, incluant aussi le PS, le PCF et les écologistes s'était cependant entendue la semaine précédente sur le nom de Marine Tondelier, pour la représenter dans le grand débat du second tour à une heure de grande écoute[376],[377], Manuel Bompard (LFI) et Olivier Faure (PS) l'ayant fait aux deux débats aux heures de grande écoute avant le 1er tour[377].
Mais après le 1er tour, BFMTV écrit au PS et à LFI que finalement la participation de l'un ou l'autre parti, est « indispensable à la tenue de l’émission »[376], revirement dénoncé par la société de journalistes (SDJ) de BFMTV[376]. La direction lui répond que « les écologistes ont obtenu moins de circonscriptions que LFI et le PS dans l’accord du NFP »[376]. Marc-Olivier Fogiel, directeur de BFM TV révèle ensuite à « Libération » que Gabriel Attal n'a pas refusé la participation de Marine Tondelier, « le blocage vient du RN »[376].
BFM change alors le format de son émission de 20 h 30, où Marine Tondelier, Jordan Bardella et Gabriel Attal répondront chacun à des interview distinctes[378] et Marine Tondelier est aussi invitée au 20 heures de TF1 le lundi, l'audience dépassant légèrement celle de François Hollande sur France 2 à la même heure[379].
Les stations régionales de France Bleu, qui ont souhaité aussi organiser des débats lors de l'entre-deux-tours, ont indiqué « qu'au moins 21 candidats RN ont annulé ou refusé d'y participer au cours de l'entre-deux-tours », plusieurs évoquant du « jamais vu ». Les intéressés ont évoqué « des problèmes d'agenda, des empêchements de dernière minute », ou « des problèmes liés à leur adversaire politique »[380].
Synthèse des participations des principaux blocs politiques aux émissions politiques
Date
Type d'émission
Organisateurs
Présentateurs
Audience
(millions)
Présence des représentants des principaux blocs : P Présent NI Non invité
Les médias doivent communiquer deux fois par semaine, à partir du 17 juin pour le premier tour[385], des relevés de temps de parole à l'Arcom, qui dans sa recommandation du , annonce décompter le temps de parole du jusqu’au pour le premier tour et du jusqu’au pour le second[386].
Décision du Conseil d'État sur le pluralisme en février 2024
À la suite d'une saisine par Reporters sans frontières, les règles de respect du pluralisme des idées et de l'indépendance de l'information que l'Arcom est chargée de faire appliquer ont été précisées et modifiées par une décision rendue par le Conseil d'État en février 2024.
L'institution estime que « pour apprécier le respect par une chaîne de télévision, quelle qu’elle soit, du pluralisme de l’information, l’Arcom doit prendre en compte la diversité des courants de pensée et d’opinions représentés par l’ensemble des participants aux programmes diffusés, y compris les chroniqueurs, animateurs et invités, et pas uniquement le temps d’intervention des personnalités politiques » contrairement à ce qui était le cas auparavant.
Le Conseil d'État estime également que « l’Arcom doit s’assurer de l’indépendance de l’information au sein de la chaîne en tenant compte de l’ensemble de ses conditions de fonctionnement et des caractéristiques de sa programmation, et pas seulement à partir de la séquence d’un extrait d’un programme particulier ».
Cette décision venait en réponse à une saisine du Conseil d'État par l'organisation non gouvernementale Reporters sans frontières, qui estimait que la chaîne CNews ne respectait pas les exigences légales en termes d’honnêteté, de pluralisme et d’indépendance de l’information, et qui avait demandé en vain à l'Arcom de mettre en demeure la chaîne de s'y conformer. Dans la même décision, le Conseil d'État enjoignait l'Arcom de réexaminer le bon respect de la loi par CNews sous six mois[387],[388].
Révélations de Médiapart sur les consignes à BFM d'inviter certains éditorialistes
La pertinence de cette section est remise en cause. Considérez son contenu avec précaution. Améliorez-le ou discutez-en, sachant que la pertinence encyclopédique d'une information se démontre essentiellement par des sources secondaires indépendantes et de qualité qui ont analysé la question. (juin 2034) Motif avancé : Libération et Le Monde parlent des médias de Bolloré : c'est résumé en une ligne. Mediapart a droit à une section entière. Gros problème de WP:PROP et de choix éditorial.
Mediapart révèle le que BFM TV a donné, depuis le début de la campagne électorale, des directives à ses journalistes d'inviter de nombreux éditorialistes de droite et d'extrême droite jusque-là absents de ses plateaux[389].
Ces consignes ont pris la forme de messages électroniques envoyés aux équipes par Marc-Olivier Fogiel, le PDG de la chaîne, et par une rédactrice en chef qui a envoyé aux programmateurs une liste « d’éditos droite et droite + »[389].
Plusieurs sont issus du journal d'extrême droite Valeurs actuelles comme Sébastien Lignier et Victor Eyraud, et le rédacteur en chef Tugdual Denis, qui devient beaucoup plus présent durant la campagne, ou encore Aziliz Le Corre du JDD, racheté par Vincent Bolloré[389].
Mediapart relaie les inquiétudes de journalistes de la chaîne quant aux biais du traitement de la campagne engendrés par ces directives, notamment pour un débat entre Victor Eyraud et le sénateur communiste Ian Brossat, où Victor Eyraud tenait un discours de campagne favorable au RN mais où ses propos n'étaient pas décomptés du temps de parole des partis, en raison de son statut de journaliste[389].
Atteintes à la pluralité et à l’honnêteté de l’actualité électorale
Le , l'Arcom avertit Europe 1 sur la nécessaire pluralité des prises de parole, en réponse à une surreprésentation importante du parti de droite Les Républicains[390]. Cet avertissement suit la création, juste après la dissolution de l'Assemblée nationale, d'une chronique quotidienne de deux heures, On marche sur la tête présentée par Cyril Hanouna. L'Arcom met en garde sur « la nécessité de veiller strictement [d'une part, à] traiter avec mesure et honnêteté l'actualité électorale [d'autre part] à assurer une pluralité de points de vue dans les émissions de débats réunissant journalistes et/ou chroniqueurs et/ou invités »[390].
Le , l'Arcom met en demeure Europe 1 pour « un manque de mesure et d'honnêteté dans les commentaires de l'actualité électorale », constatant que « l’actualité électorale de La France insoumise et du Nouveau Front populaire, coalition des principales forces de gauche, a été traitée de manière systématiquement critique et virulente, en des termes souvent péjoratifs et outranciers » et que « le traitement de l’actualité électorale a été largement univoque, la plupart des invités, dont une grande majorité sont issus du même courant politique, ayant tenu des propos convergents »[391],[392].
Le , Le Monde publie une enquête chiffrant la surreprésentation de l’extrême droite sur l'antenne d'Europe 1[393]. Le journal soutient que la station a converti son programme On marche sur la tête présenté en une émission de propagande politique en pleine période électorale[393]. En outre, les journalistes ont remarqué que de nombreuses minutes de diffusion en direct avaient été discrètement coupées sur son service de rattrapage de l'émission[393]. Ces passages contiendraient des allégations politiques et personnelles susceptibles d'exposer Europe 1 et Cyril Hanouna à des poursuites judiciaires pour diffamation et atteinte à la présomption d'innocence[393].
Vendredi 5 juillet, peu de temps avant la fin de la campagne et le début de la période de réserve électorale, Le Journal du dimanche publie un article affirmant que le gouvernement s'apprêterait à suspendre la loi immigration du 26 janvier 2024. Le Premier ministre, Gabriel Attal, dément aussitôt cette affirmation, dénonce une fausse information et « des méthodes trumpistes ». Le Ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, dénonce une « fake news et manipulation grossière à 24 heures du scrutin ». Le secrétaire général du parti Renaissance, Stéphane Séjourné, accuse Le JDD, CNews et Europe 1 de s'employer « dans une opération coordonnée avec un parti politique à tromper les électeurs » et annonce que son parti va saisir le tribunal judiciaire de Paris d'une action anti fake news[394],[395]. Le Journal du dimanche met alors à jour son article pour indiquer que le gouvernement s'engage à mettre en œuvre la loi en question[394]. Le parti Renaissance a porté plainte[396].
En France, la loi contraint les opérateurs de plateforme en ligne à trois mois de transparence[398],[399]. L'Arcom formule les recommandations aux plateformes de services numériques qu'elle a mises en place au mois de mars 2024 avant les élections européennes afin de lutter contre la manipulation et la désinformation sur les sites internet et les réseaux sociaux.
Ces plateformes doivent consacrer des équipes internes dédiées et compétentes à la mise en œuvre du respect du code électoral français et entretenir un dialogue avec les autorités chargées de l’organisation des élections, les équipes de campagne, le monde de la recherche et des fact-checkers. Elles doivent également répondre à des exigences en matière de transparence des décisions de modération et publier des informations permettant d'identifier la provenance et l'authenticité des contenus et des comptes ainsi que les publicités à caractère politique. Elles doivent enfin se doter de procédures permettant la détection « d’opérations de manipulation non authentique coordonnée », telles que des créations de faux comptes ou de fausses réactions, le ciblage volontaire de publics vulnérables, l'usage de deepfakes ou le « bourrage » de mots-clés[400].
Propagande russe sur les réseaux sociaux
Le 10 juin, Viginum, service gouvernemental rattaché au secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale chargé de lutter contre les ingérences numériques étrangères, publie un rapport d'alerte concernant une opération de manipulation de l’information prorusse ciblant les médias et la communauté des fact-checkers depuis au moins septembre 2023 et toujours active durant la campagne des législatives. Cette opération est menée sous le nom de code Matriochka[14]. Cette opération consiste à diffuser de « faux contenus [qui] usurpent généralement l’identité de personnalités et de médias nord-américains ou européens, dont français ». Parmi les médias dont l'identité est usurpée figurent par exemple les quotidiens Le Monde et Le Parisien ainsi que le magazine Le Point[401]. ces informations s'ajoutent à celles de février quand Paris avait mis à jour et révélé un réseau de désinformation « structuré et coordonné » visant l’Occident[402].
Ces faux contenus sont élaborés sur des comptes russes sur le réseau sécurisé Telegram, puis diffusés sur les réseaux sociaux et postés de manière coordonnée « dans l’espace réponse des publications de comptes X de médias, de personnalités et de cellules de fact-checking de plus d’une soixantaine de pays » pour demander aux fact-checkers d'enquêter sur ces faux contenus. Les faux contenus sont en majorité à caractère anti-ukrainien, mais d'autres ciblent la politique française, soit en critiquant le soutien apporté par la France à l'Ukraine, soit en critiquant des personnalités politiques françaises. Enfin, d'autres ciblent les jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024[14]. Certains faux messages peuvent chercher à semer la panique au sein de la population[401].
L'entreprise française de cyber-intelligence Recorded Future remarque que la nouveauté de ces faux contenus est leur utilisation massive d'intelligences artificielles, probablement du type ChatGPT, pour créer du texte, y compris en partant de véritables articles afin d'en produire de faux. Elle a ainsi identifié une série de plus de 90 articles de propagande prorusse publiés en français sur la base d'un même prompt donné à ChatGPT[401].
L'opération Matriochka, active en France aussi depuis au moins septembre 2023, continue pendant les législatives[14]. Le , David Chavalarias, directeur de recherche au CNRS publie une étude qui tend à montrer que la Russie a mis au point une stratégie d'ingérence depuis 2014, visant à affaiblir la démocratie française et à l'amener vers un délitement du front républicain contre l'extrême droite. Cette étude est effectuée en analysant plus de 700 millions de messages provenant de 17 millions de comptes sur Twitter. Chavalarias a identifié une communauté de bots pilotés par la Russie qui se positionne comme « anti-système ». Cet ensemble de bots amplifie la perception des contenus d'actualité à forte composante émotionnelle, tant à droite qu'à gauche, conduisant à la sur-réaction de chacun des deux camps. Selon David Chavalarias c'est une manière de « déstructurer la société française de manière systémique pour provoquer une transition vers une société fermée ou une démocratie illibérale »[403],[404],[405],[406].
Une semaine avant le premier tour, un réseau russe, CopyCop, a créé deux faux sites Internet qui emploient une intelligence artificielle générative pour rédiger rapidement une grande quantité de faux articles, qui usurpent parfois la charte graphique de médias français. Un autre faux site usurpe l'identité de la coalition présidentielle Ensemble pour la République, évoque une "prime Macron de 100 euros" pour les électrices et électeurs qui voteraient pour sa liste, et propose de faire des procurations. Ces opérations semblent n'avoir qu'un effet faible sur l'opinion publique, mais rendent nécessaire une surveillance attentive afin de les identifier et d'y réagir[407].
Le 3 juillet 2024, lors de l'entre-deux-tours des élections législatives, la Russie apporte son soutien au Rassemblement national[408],[409].
Debout la France soutient l'« union des droites » derrière le RN et renonce à présenter des candidats dans la majorité des circonscriptions (14 juin 2024).
Les projections en sièges sont beaucoup moins fiables et beaucoup plus fragiles que celles en pourcentage de voix, notamment à cause des triangulaires, qui ne sont pas connues avant le [412].
Début de la campagne électorale officielle en vue du premier tour (17 juin 2024).
Debout la France soutient l'« union des droites » derrière le RN et renonce à présenter des candidats dans la majorité des circonscriptions (14 juin 2024).
Les principaux partis de gauche, regroupés en 2022 sous l'étiquette NUPES, annoncent la création d'un Nouveau Front populaire (nuit du 10 au 11 juin 2024).
Le président de la République Emmanuel Macron déclare la dissolution de l'Assemblée nationale et convoque des élections législatives pour le 30 juin et le 7 juillet 2024 (9 juin 2024).
Les résultats des élections sont publiés en France par le ministère de l'Intérieur, qui classe les partis en leur attribuant des nuances politiques. Ces dernières sont décidées par les préfets, qui les attribuent indifféremment de l'étiquette politique déclarée par les candidats, qui peut être celle d'un parti ou une candidature sans étiquette[424].
Tous les autres partis se voient attribuer l'une ou l'autre des nuances suivantes : EXG (extrême gauche), DVG (divers gauche), ECO (écologistes), REG (régionaliste), DVC (divers centre), DVD (divers droite), DSV (droite souverainiste) et EXD (extrême droite). Des partis comme Debout la France ou Lutte ouvrière ne disposent ainsi pas de nuances propres, et leurs résultats nationaux ne sont pas publiés séparément par le ministère, car mélangés avec d'autres partis (respectivement dans les nuances DSV et EXG)[427]. Lors des précédentes élections, certains partis avaient même vu leurs résultats divisés entre plusieurs nuances, tel le Parti pirate dont les candidats avaient été essentiellement répartis entre nuances DIV (divers) et REG (régionaliste)[428].
Polémiques
Objet de critiques depuis son introduction en 1970[429], cette classification unique en Europe avait été à nouveau critiquée et contestée en 2022, en faisant l'objet d'une vive polémique[430]. Initialement, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES) ne disposait en effet pas d'une nuance contrairement à la coalition présidentielle Ensemble[431],[432], ce qui avait valu au ministère des accusations de favoritisme envers la coalition présidentielle de la part de dirigeants de la NUPES[433], susceptible de « minorer » une éventuelle percée de la gauche[434],[435]. Saisi par la NUPES, le Conseil d'État avait fini par juger dans un référé la suspension en sa faveur, et enjoint le ministère de l'Intérieur de lui attribuer une nuance[436]. Le décompte officiel par le ministère des résultats des élections de 2022 avait tout de même été contesté, conduisant notamment plusieurs médias dont Le Monde à procéder à leurs propres décomptes[437],[438]. Lors des élections sénatoriales de septembre 2023, le Rassemblement national avait à son tour tenté sans succès de ne pas être classifié avec l’extrême droite, avant que le Conseil d'État ne donne raison au ministère[439].
L'attribution des nuances par le ministère de l'intérieur et la publication des résultats des élections sous ces seules appellations et non celles des partis provoque à nouveau la polémique en amont du scrutin de 2024. Les candidats issus du parti Les Républicains soutenus par Éric Ciotti dans le cadre de la crise interne de juin, et soutenus par l'extrême droite, se voient en effet attribuer la nuance « Union de l’extrême droite » (UXD). L'étiquette est jugée « infamante » par Éric Ciotti, qui la qualifie de « scandale démocratique d’une gravité inédite » et de « basse manœuvre » du gouvernement « visant à déstabiliser nos candidats et nos électeurs ». Le rejet de cette étiquette est par ailleurs alimenté par la comparaison avec l'étiquette « Union de la gauche » dont bénéficient les candidats du Nouveau front populaire, y compris celui d'une partie du Nouveau parti anticapitaliste, habituellement classé à l’extrême gauche[439],[440],[441].
Au soir des résultats du premier tour, 76 députés sont élus dès le 1er tour, dont 39 pour le RN, 32 pour le NFP, deux du parti présidentiel, deux divers droite et un LR[445],[446].
Candidats élus dès le 1er tour aux élections législatives de 2024 (En romaine, les députés sortants réélus ; en italique, les députés nouvellement élus.)
Parmi les 501 circonscriptions qui n’ont pas été attribuées au premier tour, 409 ont un second tour opposant deux candidats, 89 trois candidats, deux élections quadrangulaires opposant quatre candidats et une circonscription où un candidat divers gauche est seul au second tour à la suite d'un désistement de la candidate divers. Avant les différents désistements, la répartition était de 190 duels, 306 triangulaires et 5 quadrangulaires[519].
Répartition des 409 duels après les désistements[520] :
17 duels impliquent un candidat divers gauche : 9 duels sont contre le RN, 5 contre le NFP, 2 contre un candidat divers droite et 1 contre un candidat divers centre ;
16 duels impliquent un candidat divers droite : 9 duels sont contre le RN, 3 contre un parti régionaliste, 2 contre le NFP et 2 contre un candidat divers gauche ;
8 duels impliquent un parti régionaliste : 3 duels sont contre le RN, 3 contre la droite, 1 contre le NFP et 1 contre un candidat divers ;
7 duels impliquent un candidat divers centre : 2 duels sont contre le RN, 2 contre le NFP, 1 contre un candidat Ensemble, 1 contre un candidat divers gauche et 1 duel oppose deux candidats centristes ;
2 duels impliquent un candidat divers : 1 contre le RN et 1 contre un parti régionaliste ;
Répartition des 89 triangulaires après les désistements[520] :
70 triangulaires Ensemble - NFP - RN ;
10 triangulaires impliquent le RN et le NFP : 6 contre un candidat divers droite, 2 contre un candidat divers centre, 1 contre un candidat divers extrême droite et 1 contre un candidat divers ;
Le premier tour est marqué par une forte hausse de la participation, qui atteint 66,71 % des inscrits, contre 47,51 % en 2022, soit une hausse de 19,20 points[522]. Attendue par les sondages[523], il s'agit de la participation la plus élevée depuis les élections législatives de 1997 — elles aussi décorrélées d'une récente élection présidentielle[524],[525]. Pour le politiste et constitutionnaliste Benjamin Morel cette participation exceptionnelle peut s'expliquer par l'enjeu de ce cette élection qui apparait comme étant "limpide, clair, en tout cas les Français le croient. Ce faisant, même s'ils en ont marre, ils iront aux urnes"[526].
Le nombre de procuration atteint 3,4 millions, soit une multiplication par 3,6 par rapport aux élections législatives de 2022[527]. Selon un sondage Ifop, 9 % de Français ont déplacé leur départ en vacances pour voter, et la proportion atteint même 19 % des 18-24 ans[528],[529]. Depuis 1997, l'inscription sur les listes électorales est automatique à 18 ans mais près de 2 millions de jeunes restaient inscrits en 2022 dans la commune de leurs parents après déménagement, soit « 39 % de mal-inscrits chez les 18-25 ans »[530]. Le montant des procurations atteint ensuite plus de 3,2 millions à trois jours du second tour, soit 3,8 fois plus qu'en 2022. Pour les trois quart d'entre elles, la démarche a été faite en ligne[531]. Le ministère de l'intérieur précise par la suite que sur ce chiffre, 2,3 millions ont été établies pour être valables pour les deux tours de scrutins[532].
Conjugué à un faible nombre de candidats, le taux de participation élevé a plusieurs conséquences directes sur les résultats en raison du mode de scrutin, qui impose des seuils en pourcentages des inscrits pour l'emporter dés le premier tour (25 %) ou se qualifier pour le second (12,5 %)[533]. Se retrouvent ainsi élus dès le premier tour 76 députés, contre seulement 5 en 2022, tandis qu'un total de 306 triangulaires et 5 quadrangulaires sont rendues possibles par ces résultats. Les précédentes élections n'avaient quant à elle connues que 7 triangulaires, et aucune quadrangulaire. Le total de ces second tours à trois ou quatre candidats est quatre fois plus élevé que le précédent record établi lors des élections législatives de 1997[534].
Arrivée en tête du Rassemblement national
Le premier tour voit le Rassemblement national (RN) arriver en première place, répétant ainsi la bonne performance obtenue aux élections européennes dont il était sorti « grand vainqueur »[535]. C'est alors la première fois que le RN arrive en tête d'un premier tour d'élections législatives. Mené par Jordan Bardella, il cumule avec ses alliés des Républicains d'Éric Ciotti un total de 33 % des suffrages exprimés[536]. Bien qu'en deçà des 37 % des plus hautes intentions de vote prévues par plusieurs sondages, ces résultats leur assurent la victoire dans 38 circonscriptions dès le premier tour et la qualification dans 451 autres[537].
L'obtention de la majorité absolue des sièges voulue par le parti est cependant peu probable selon les estimations, ce qui conduit son vice-président, Sébastien Chenu, a estimer envisageable de gouverner avec une simple majorité relative. Jordan Bardella avait répété à de nombreuses reprises au cours de la campagne qu'il n'envisageait pas de devenir Premier ministre sans une majorité absolue[538]. S'il continue à demander aux électeurs la majorité absolue, le dirigeant du RN ainsi que Marine Le Pen laisse finalement entendre qu'il pourrait être atteint via des stratégies d'alliances avec des députés d'autres partis[539],[540].
Selon les projections présentées par des chaînes de télévision au soir du premier tour, où apparaissent plus de 300 triangulaires avant les 224 désistements des deux jours suivants, le RN est initialement jugé en mesure d'obtenir une large majorité relative, voire une majorité absolue[541]. Les résultats du parti sont ainsi estimés entre 230 à 280 sièges selon Ipsos, 240 à 270 sièges d'après l'Ifop, 260 à 310 députés selon Elabe et entre 250 à 300 élus selon OpinionWay, soit une possible majorité absolue selon les deux derniers instituts[541].
Nouveau Front populaire en deuxième place
Arrivé deuxième avec 28 %, le Nouveau Front populaire progresse de trois points par rapports aux 25 % obtenus au premier tour par la Nouvelle Union populaire écologique et sociale en 2022, et voit ses candidats se qualifier dans 411 circonscriptions ainsi que 32 élus dès le premier tour. Portée par ses résultats à Paris, en Petite couronne et dans le Sud-Ouest, la coalition recule dans le milieu rural, plus particulièrement dans le quart Nord-est et le Sud de la France, mais se retrouve en position d'obtenir davantage de sièges qu'aux précédentes élections[542]. Après le désistement de 126 de ses candidats arrivés troisièmes là où le RN était en position de force, le NFP conserve un peu plus de 300 candidats qualifiés au 2e tour[543].
À l'issue du premier tour, les non-LFI obtiennent 246 candidats qualifiés contre 163 pour LFI, soit une proportion de 61 % des 409 qualifiés du NFP hors-outre-mer, inverse de celle de 2022 :
les candidats socialistes se qualifient dans 78 % des cas (136 qualifiés, près de trois fois plus que les 54 en 2022)[544] ;
les candidats écologistes se qualifient dans 84 % des cas contre 61 % en 2022, avec 77 qualifiés quinze de plus que les 62 en 2022 ;
les candidats LFI ne se qualifient que dans 71 % des cas, soit 163 contre 219 en 2022 ;
les candidats communistes ne se qualifient que dans 66 % des cas (33 candidats qualifiés contre 34 en 2022).
Au soir du 1er tour, avant les nombreux désistements, les estimations de l'institut Elabe pour BFMTV — qui donnent alors le plus grand nombre de sièges au RN —, accordent 11 à 12 sièges aux candidats de gauche dissidents et 120 à 140 au NFP, parmi lesquels une proportion de non-LFI bien plus forte qu'en 2022, allant de 67 à 93 sièges, soit nettement plus que la moitié du total des NFP prévus par Elabde[545] :
Le directeur d'Elabe précise le lendemain, en plein débat sur les désistements, qu'il faut aussi désormais tenir compte d'une « différence dans le report des électeurs de Renaissance vers la gauche » encore plus marquée, qui favoriserait particulièrement les non-LFI, ainsi que les désistements, plus fréquents vers les non-LFI[545].
La dernière projection en sièges de la campagne, publiée par Ipsos le 5 juillet 2024, au dernier jour de la campagne, accorde 145 à 175 députés au NFP[546].
Parmi eux :
LFI obtiendrait 58 à 68 sièges, soit 38 % à 40 % ;
le PS obtiendrait 51 à 61 sièges, soit 31 % à 35 % ;
Les Écologistes obtiendraient 29 à 37 sièges, soit 20 % à 21 % ;
le PCF obtiendrait 7 à 9 sièges, soit 4 % à 5 % ;
Selon des universitaires, le NFP peut bénéficier en 2024 du choix d'investir des socialistes dans de nombreuses circonscriptions gagnables mais perdues en 2022, afin de viser un meilleur report de voix au second tour qu’avec l'étiquette LFI[61]. Lors du scrutin précédent, 92 circonscriptions-clés s'étaient jouées à moins de 1 000 votes, et 13 par moins de 100 voix[62]. Les socialistes obtiennent cette fois « la parité hors sortants » avec LFI — qui domine dans « les plus simples à gagner », car les plus à gauche, avec ses 75 sortants —[547]. Le nombre de circonscriptions-clés très incertaines augmente cette fois ci encore dans l'entre-deux-tours, passant de 150 à 160[548]. Face à la gauche, une victoire du RN dans les trois quarts des circonscriptions-clés lui donnerait 250 à 260 circonscriptions, en dessous des 289 de la majorité absolue[548].
En termes de total de sièges, le NFP n'est donné en hausse que par les projections de l'Ifop, avec 180 à 200 sièges contre 150 en 2022[541]. Les autres projections lui prédisent 125 à 165 députés (Ipsos), entre 130 et 170 (Opinion Way) et 115 à 145 élus à l’Assemblée (Elabe)[541]. Ces 4 projections sont réalisées au soir du 1er tour, où apparaissent plus de 300 triangulaires avant les 224 désistements des deux jours suivants.
Recul de la coalition présidentielle
La coalition présidentielle Ensemble pour la République accuse quant à elle un recul de cinq points par rapport à 2022, qui la fait passer de la première à la troisième place et perd surtout ses chances de conserver une majorité relative selon toutes les projections. Elle est ainsi créditée au mieux de 90 à 120 sièges par Elabe[541], contre environ 245 sortants. La débâcle serait même pire à en croire Ipsos (70 à 100), OpinionWay (65 à 105) et Ifop (60 à 90)[541].
Le camp présidentiel tente alors de sortir d'un « piège tactique » après avoir diabolisé la gauche tout au long de la campagne européenne puis celle des législatives, selon Arnaud Mercier, professeur de communication politique[549], d'autant que la forte hausse de la participation a élargi son électorat par rapport à celui des européennes. L’idée d'une « grande coalition » allant de certains LR aux socialistes et aux écologistes fait son chemin dans l'entre-deux-tours[550]. Mettant de coté ses critiques du NFP lors de la campagne pour le premier tour — qui l'avait vu rejeter dos-à-dos des blocs de l'extrême-gauche et de l'extrême-droite — le Premier ministre Gabriel Attal appelle ainsi à former une nouvelle majorité alliant gauche, centre et droite en opposition au Rassemblement national, dont il confie que la possibilité d'une victoire lui « fait froid dans le dos »[551],[552].
Anticipant une cohabitation avec le Rassemblement national, Emmanuel Macron procède à une série de nominations de haut fonctionnaires dont notamment la reconduction du Commissaire européen au Marché intérieurThierry Breton. Ces nominations sont dénoncées par Marine Le Pen, qui les qualifient de « manœuvre » et déclare qu'un gouvernement mené par Jordan Bardella reviendrait dessus[553].
À nouveau quatrième, Les Républicains (LR) accuse une forte baisse de leur résultats, passant de 10,42 % à 6,57 % des voix[554],[555]. Affaibli par la décision d'Éric Ciotti de s'allier au RN et les échecs répétés à l'exclure de la présidence, le parti souffre de n'avoir pas réussi à « exister » dans la campagne de premier tour face aux trois grands blocs RN-NFP-Ensemble. Le LR n'avait ainsi pas été invité lors de plusieurs grands débats entre dirigeants des principales formations en lice, tandis que nombres de ses candidats avaient fait campagne « en catimini », le parti cherchant principalement à « limiter la casse » en gardant le plus possible de ses députés sortants[556]. Mis en difficulté par les candidats du RN dans des circonscriptions pourtant considérées comme leur « fiefs historiques » tels la Moselle, Les Républicains ne parviennent à faire élire qu'un seul de leurs candidats dés le premier tour, avec la victoire de Philipe Juvin dans la troisième circonscription des Hauts-de-Seine[555]. Malgré cet affaiblissement, LR poursuit dans l'entre-deux-tours une position d'indépendance face aux autres formations, rejetant aussi bien le RN que le NFP et refusant de donner des consignes de vote à ses électeurs[557],[555].
Ils sont estimés à entre 30 et 50 sièges pour IFOP[560],[561] comme pour Toluna Harris[562],[563] et Opinionway[564],[565], le 4e institut de sondages l'IFOP, lui donnant un peu plus, entre 41 à 61 sièges[566],[567], lors des projections présentées par des télévisions au soir du premier tour, où apparaissent plus de 300 triangulaires avant les 224 désistements des deux jours suivants.
Après ces 224 désistements, la dernière projection publiée le dernier jour de campagne par Ipsos leur donne une fourchette nettement plus élevée, de 57 à 61 sièges, près de trois fois plus que les 18 à 24 sièges annoncés pour les candidats présentés par Éric Ciotti via son alliance avec le RN[546].
Le premier tour semble s’avérer profitable aux candidats de l'alliance d'Éric Ciotti avec le RN. Sur ses 63 candidats, 60 se qualifient, dont 38 qui arrivent en tête dans leurs circonscriptions, soit quatre de moins que les candidats présentés par le LR, qui sont en revanche 20 seulement à arriver en tête[568]. Éric Ciotti arrive lui-même en tête avec 40 % des voix dans la 1re circonscription des Alpes-Maritimes. Proche alliée de ce dernier, Christelle D'Intorni est quant à elle la seule candidate du groupe à faire partie des 76 candidats élus dès le premier tour, dans la 5e circonscription des Alpes-Maritimes[568]. Ce bon résultat des « Républicains à droite » ou « Amis d'Éric Ciotti » au premier tour est cependant grévé par un manque de réserve de voix, laissant planer le doute sur leur capacité à atteindre le seuil de quinze élus nécessaire pour former un groupe à l'assemblée[568], bien que l'obtention d'une vingtaine de sièges soit envisagée[569].
Une cinquantaine de candidats se qualifient pour le second et 25 peuvent espérer être élus, selon le journal conservateur L'Opinion[570]. Plus prudente, notamment en raison du grand nombre de circonscriptions clés, une projection Ipsos publiée le 5 juillet 2024, au dernier jour de la campagne et après les 224 désistements, leur accorde 18 à 24 députés[546], près de trois fois moins que les 57 à 61 sièges qu'elle prévoit pour LR et ses alliés[546].
Sociologie de l'électorat
D'après une enquête Ipsos-Talan, le RN consolide son soutien parmi ses bastions traditionnels, enregistrant des gains significatifs chez les ouvriers, les employés et les non-bacheliers, tout en élargissant son influence auprès des retraités, des femmes, des jeunes de moins de 35 ans, ainsi que dans les catégories à revenu supérieur et dans les grandes villes[571].
En comparaison, le NFP capte un électorat plus jeune, diplômé et urbain, avec des performances marquées chez les cadres et les plus éduqués[571].
Pendant ce temps, la majorité présidentielle subit un recul généralisé, maintenant ses meilleurs scores parmi les électeurs plus âgés et aisés[571].
Projections de sièges
Plusieurs issues ont semblé rester possibles jusqu'au dernier jour de campagne, selon les experts, dans un contexte général de « beaucoup de circonscriptions » encore « très indécises, à 2 ou 3 points d'écart, selon Jean-Yves Dormagen, professeur en sciences politiques à l'Université de Montpellier. Brice Teinturier, professeur à l'Université Paris 1 et directeur d’Ipsos, l'a rejoint le dernier jour, en rappelant que 127 s'étaient jouées aux législatives 2022 à deux points et 62 autres à un point[572], écart qui au niveau national suffit à "bouger de quarante sièges" le résultat final[573]. Dans une centaine, « il est très difficile d’anticiper l’issue du scrutin » en 2024[574], le niveau de participation, toujours attendu au second tour au plus haut depuis un quart de siècle, y constituant la variable décisive, selon Erwan Lestrohan[574], directeur du Master Affaires Publiques de l’IEP Saint-Germain-en-Laye. Cette participation restait soutenue par 2,5 millions de procurations encore actives contre 2,1 millions au premier tour[574]. Selon une autre analyse, d'Hervé Le Bras, chercheur à l'Ined, la future Assemblée dépend en grande partie des 128 duels RN-Ensemble[575]. Les universitaires rappellent que toutes les projections ont donné le RN devant le NFP, mais les trois dernières, effectuées en partie ou entièrement[576] le dernier jour de campagne, placent la borne basse du RN sous la borne haute du NFP, de 13 sièges pour Harris Toluna-RTL[577], de 15 sièges pour Ipsos, rendant possible « une surprise de taille »[577] et de 25 sièges pour Cluster17-Le Point qui a sondé au dernier jour de campagne[576]. Brice Teinturier souligne que la majorité relative de 245 sièges seulement d'Emmanuel Macron en 2022 n'avait pas été prévue par la plupart des instituts de sondage, leurs estimations allant de 270 à 320 sièges[578], pas plus que les 89 sièges du RN[573], donné par tous les sondeurs sauf un à 50 sièges ou moins[573].
Désistements d'entre-deux-tours et qualifiés en lice
Triangulaires potentielles et désistements
Nombre record de triangulaires potentielles au soir du 1er tour
Une élection triangulaire est un cas où trois candidats peuvent se maintenir (obtention d'au moins 12,5 % des voix des inscrits) et le font. Les sondeurs en ont d'abord prévu une centaine puis dû tenir compte dans les deux derniers jours de la campagne électorale d'une participation s'annonçant bien plus forte qu'ils ne le croyaient[579] et qui accroît « mécaniquement » leur nombre[580] L'avant-veille du 1er tour, Odoxa estime qu'il il y aura en fait 120 à 170 triangulaires[581], tandis qu'Ipsos le lendemain évoque « jusqu'à environ 250 triangulaires »[580], rendant les projections périlleuses et permettant au RN de « bénéficier de la division des électeurs qui ne veulent pas » de l'extrême droite au pouvoir[582].
Ce nombre record de désistements est dû aux 306 triangulaires, quatre fois plus que le précédent record historique de 76 en 1997, qui a obligé les instituts de sondage à rapidement les intégrer dans les projections en siège publiées le 30 juin, au soir du 1er tour[587]. Ces projections réalisées dans l'urgence doivent être prises « avec extrêmement de prudence » car « elles ont été faites avant les désistements » prévisibles[587], ont alors averti Brice Teinturier, directeur d'Ipsos-Talances et François Kraus, directeur à l'Ifop, ces désistements pouvant ensuite par la suite avoir « un effet qui jouera plutôt en défaveur du RN »[587]. Ces projections en siège sont à prendre « avec des pincettes » car « elles excluent certaines variables » et « plaquent un scénario national » sur 577 circonscriptions[588], sans prendre en compte « une série de variables déterminantes » comme « le fait qu’un électeur puisse changer d’avis entre deux tours » et « réalisées sans avoir pris en compte » les choix globaux de « désistements dévoilés au cours de la soirée électorale »[588],[589].
Une centaine de candidats arrivés troisième se sont déjà désistés dès le lendemain matin du vote[590] selon Le Monde, et le total atteint en fin d'après-midi 173 dont 50 du camp présidentiel et un des LR[591]. La liste des députés sortants arrivés troisième se retirant s'allonge au matin du surlendemain du 1er tour. Finalement, 224 candidats se sont désistés[592], ramenant les configurations au second tour à 409 duels, 88 triangulaires, une quadrangulaire où le troisième a finalement annoncé se désister (en n'imprimant pas de bulletins votes, créant de facto respectivement un duel et une triangulaire[Quoi ?])[593], tandis que Davy Rimane est seul au second tour dans la 2e circonscription de la Guyane.
Les candidats du RN y sont les plus souvent présents, avec 147 duels contre le NFP, 124 contre la majorité présidentielle et 39 contre LR, soit 310 duels au total face à l'un ou l'autre de ces trois partis[592]. La première projection effectuée après ces désistements, par Harris Interactive, ne donne plus au RN qu'entre 190 et 220 sièges, soit à 69 à 99 de moins que la majorité absolue évoquée jusque-là[594].
Position du Nouveau Front populaire
Trois des quatre principaux partis du Nouveau Front populaire ont appelé à des désistements une semaine avant le 1er tour[595], via une tribune de 220 personnalités dont Marine Tondelier (Écologistes), Olivier Faure (PS), Raphaël Glucksmann et Fabien Roussel (PCF)[596]. Ils sont rejoints le [597] par Jean-Luc Mélenchon, qui appelle au retrait tous les candidats arrivés troisième. La gauche retire au total 126 candidats, au bénéfice du parti du président mais aussi des Républicains dans la vingtaine de circonscriptions où ils font face au RN[586].
Position d'Ensemble pour la République
Malgré une campagne ayant vu plusieurs figures de la coalition présidentielle mettre dos à dos LFI et le RN, la semaine suivant le premier tour voit nombre de ses candidats faciliter l'élection du candidat de gauche en se retirant. Une partie d'entre eux déclare cependant analyser le profil des candidats LFI « au cas par cas »[598] ou refusent de se désister aussi bien en faveur de LFI que du PS, du PCF et des écologistes.
Ces « atermoiements » valent à Ensemble les critiques du NFP, la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, qualifiant notamment de « comportement de lâche » les refus de se désister en faveur de LFI[599].
Les Républicains, qui n'avaient présenté que 400 candidats ne donnent aucune consigne générale de vote au second tour, préférant les expressions au cas par cas, alors que la gauche s'est retirée dans une vingtaine de circonscriptions où il affronte le RN[586]. Le président du Sénat Gérard Larcher soutient Aurore Bergé, figure macroniste, dans les Yvelines, face au candidat RN[603] et l’eurodéputée LR Nadine Morano votera à gauche[604], contre Louis-Joseph Pecher, à qui le RN et Éric Ciotti ont retiré leur soutien à la suite de propos antisémites sur les réseaux sociaux[604]. Marc-Philippe Daubresse, sénateur LR du Nord, voterait lui blanc en « cas de duel entre un candidat LFI et un RN »[603] tandis que François-Xavier Bellamy, vice-président du parti, refuse de rejoindre un front républicain contre le RN, jugeant que le danger « c’est l’extrême gauche »[605]. Jacques Toubon, ex-figure des gouvernements de droite des années 1980 et des années 1990 puis Défenseur des droits (2014-2020)[606], regrette lui « les nuances » qui peuvent exister dans le camp Macron et estime qu'il « faut ériger un front républicain global, y compris avec La France insoumise »[606].
Réactions du Rassemblement national
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Composition des seconds tours après désistements
Duels
Parmi les 409 duels de second tour après désistements, les 4 plus grands partis sont présents dans des proportions différentes, en raison de leurs scores du 1er tour mais aussi des très nombreux désistements : 353 pour le RN et alliés en plus d'un autre extrême droite, 194 pour le NFP en plus d'une vingtaine « autre gauche » et régionalistes, 167 pour Ensemble et 6 « autres centre », 51 pour LR en plus de 14 « autre droite »[558].
Le RN (avec les candidats Ciotti) est en tête dans 214 de ces 353 duels avec une avance de 10 à 20 % dans 90 d'entre elles[607]. Pour 21 autres, l’écart est de moins de 1 %[607]. La plupart des 89 triangulaires après ont un écart de moins de 10 % entre les deux premiers candidats[607].
En 2022, dans 92 circonscriptions-clé, l'élection s'était jouée à moins de 1 000 votes d’écart et dans 13 avec moins de 100 voix[62]. Selon L'Obs[548], il y a presque deux fois plus de circonscriptions-clé en 2024, environ 160 dont 155 avec le RN. Selon les universitaires, les désistements au profit du NFP même « beaucoup plus sélectifs » que ceux dans l'autre sens[548], modifient la donne, car « même si le RN emportait les trois quarts des swing circos, il se situerait alors autour de 250-260 circonscriptions remportées, au-dessous des 289 »[548].
Une fois la liste officielle exhaustive des désistements connus, les 347 principaux sont, selon le quotidien Le Monde, qui les recense avec le score du 1er tour pour chacun[558] :
Parmi les 89 triangulaires après désistements, le RN avec alliés est présent dans 87 d'entre elles en plus de 2 « autre extrême droite », dont 1 contre lui, le NFP dans 89, Ensemble dans 79 en plus de 2 « autre centre », LR dans 8 en plus de 6 « autres droite » et les divers extrême droite dans 2.
Les 89 triangulaires, selon le quotidien Le Monde, qui les recense avec le score du 1er tour pour chacune[558], ont pour déclinaisons :
Dans les 2 quadrangulaires restantes après désistements, il s'agit d'un second tour entre le RN, le NFP, Ensemble et LR[558].
Second tour
Le second tour voit la victoire surprise du Nouveau Front populaire, qui arrive en tête en nombre de sièges, suivi d'Ensemble pour la République et du Rassemblement national[608]. Bien qu'en tête en nombre de suffrages, du fait notamment des nombreux retraits d'autres candidats, ce dernier réalise en sièges une contre-performance par rapport aux projections de l'entre-deux-tours. Les législatives se concluent ainsi par la réussite de la stratégie de Front républicain, plus performante que ce que laissaient prévoir les sondages[609],[610].
Bien qu'étant parvenue à limiter le nombre de sièges perdu initialement attendu, la coalition présidentielle accuse un important recul[610], qui amène le Premier ministreGabriel Attal à présenter sa démission au Président au lendemain du second tour. Emmanuel Macron lui demande cependant de rester en poste dans l'attente de la nomination d'un successeur, afin d'« assurer la stabilité du pays »[611].
À l'issue du scrutin les catégories socio-professionnelles supérieures restent surreprésentées dans l’Hémicycle. Quelque 347 députés, soit 74 % des députés actifs (hors retraité et personnes sans activité professionnelle) sont classés « cadres et profession intellectuelles supérieures ». Au contraire, seuls quatre députés sont ouvriers (dont trois sont du Nouveau Front populaire), alors que les ouvriers « représentent 19,1 % de la population française en emploi »[612]. Il n'y a que 36 % de femmes parmi les députés ; au sein de l'Assemblée, c'est le Nouveau Front populaire qui « est le bloc le plus féminisé » avec 40,4 % devant le camp présidentiel avec 40,2 %, suivi par le RN à 32,2 % et les Républicains ) 26,1 %[613],[614]. Au niveau des partis, « Les Écologistes sont la seule force politique à compter plus de femmes que d'hommes siégeant à l'Assemblée »[614].
Le résultat de certaines circonscriptions s'est joué à quelques pourcentages[615] ; dans 65 circonscriptions, l’écart entre les deux premiers candidats ne dépasse pas 3 %, avec un nombre de voix allant de quelques dizaines à 1 750 voix. On peut notamment citer l'élection du divers droite Fabrice Brun dans la 3e circonscription de l'Ardèche avec une avance de trente-cinq voix sur le candidat du Rassemblement national (RN), Cyrille Grangier (soit un écart de 0,06 % des voix exprimées). Dans la 5e circonscription de la Côte-d'Or, le candidat du RN René Lioret est élu avec 42 voix de plus (0,07 % des exprimées) que son adversaire Didier Paris du parti Renaissance.
Suites
Élection du président de l'assemblée
L'élection de la présidence de l'Assemblée nationale a lieu dès la première séance de la nouvelle législature, le 18 juillet. La nouvelle Assemblée étant dépourvue temporairement de présidence, le doyen d'âge, José Gonsalez, préside la séance. Les candidats à la présidence se doivent de réunir, aux deux premiers tours, la majorité absolue des suffrages exprimés ; sinon, un troisième tour à la majorité simple est requis. Fait exceptionnel, 17 membres d'un gouvernement démissionnaire et élus députés prennent part au vote.
Six candidats présentent une candidature au Perchoir : André Chassaigne (NFP), Yaël Braun-Pivet (EPR, sortante), Naïma Moutchou (Horizons), Charles de Courson (LIOT), Philippe Juvin (LR) et Sébastien Chenu (RN). Au premier tour, André Chassaigne arrive en tête avec 200 voix, suivi par Sébastien Chenu avec 142 voix, puis Yaël Braun-Pivet avec 124 voix, Philippe Juvin avec 48 voix, Naïma Moutchou avec 38 voix et enfin Charles de Courson avec 18 voix. Aucun candidat n'ayant recueilli la majorité absolue, un deuxième tour est organisé, Philippe Juvin et Naïma Moutchou retirant leurs candidatures. Le deuxième tour voit arriver en tête Yaël Braun-Pivet avec 210 voix, suivie par André Chassaigne avec 202 voix, puis Sébastien Chenu avec 148 voix et Charles de Courson avec 12 voix ; s'ajoutent 2 voix à d'autres députés non-candidats. À nouveau, aucun candidat ne parvient à atteindre la majorité absolue. Ainsi, un troisième tour est organisé, et Charles de Courson retire sa candidature. Enfin, Yaël Braun-Pivet est réélue présidente de l'Assemblée nationale[616], avec 220 voix, suivie par André Chassaigne avec 207 voix et Sébastien Chenu avec 141 voix ; s'ajoutent une voix à un autre député non-candidat.
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Le camp présidentiel sort affaibli de ces élections législatives, représentant moins d'un tiers des sièges à l'Assemblée. Gabriel Attal présente une première fois sa démission à Emmanuel Macron à l'issue du second tour et la refuse, mais qui l'accepte finalement le . La veille de l'ouverture des Jeux olympiques, le Nouveau Front populaire, arrivé premier en termes de sièges, s'est accordé sur un nom à proposer au chef de l'État pour Matignon, Lucie Castets. Il la refuse le soir même, arguant que « personne n'a emporté [les élections] »[621]. Après une « trêve olympique », plusieurs noms circulent pour le futur locataire de Matignon, dont Bernard Cazeneuve, Xavier Bertrand ou encore Valérie Pécresse[622]. Lucie Castets étant toujours une option crédible pour la gauche unie, continue de faire campagne pour sa nomination à la direction du gouvernement.
Le , Emmanuel Macron convie les chefs de partis et présidents de groupes parlementaires des deux chambres à l'Élysée le pour tenter de trouver une issue à ce blocage de fait[623].
Après que le chef de l'État a reçu les chefs de partis et les présidents de groupes parlementaires, les services de l'Élysée font savoir par communiqué de presse du que Lucie Castets ne serait pas nommée à Matignon[626]. Cette nouvelle attire les foudres du NFP, et le groupe La France insoumise annonce déposer une motion de destitution à l'encontre du président de la République[627].
Le 2 septembre, Emmanuel Macron reçoit Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand, alors pressentis pour le poste de Premier ministre[628]. Face au risque de motion de censure, la candidature de Michel Barnier est envisagée le 4 septembre[629]. Le 5 septembre soit quasiment deux mois jours pour jours après le second tour des élections législatives, Emmanuel Macron nomme celui-ci à la tête du gouvernement. Alors que le NFP a annoncé censurer tout gouvernement qui n'est pas issu de ses rangs, le Rassemblement national annonce attendre la déclaration de politique générale du nouveau gouvernement avant de se décider à censurer ou non[630].
Recours
Le Conseil constitutionnel a été saisi de 81 recours déposés contre les résultats des élections législatives[631].
↑Bloc des candidats investis par la Commission nationale d'investiture des Républicains en alliance avec Les Centristes - Le Nouveau Centre et Nouvelle Énergie.
↑ a et bCandidats investis par la Commission nationale d'investiture des Républicains.
↑Candidats LR pro-RN investis par Éric Ciotti. Le ministère de l'Intérieur et des Outre-Mer a attribué à ces candidats la nuance UXD, « union de l'extrême droite ».
↑ a et bIndiqué dans le sondage comme étant dans DVC.
↑Candidats présentés ou soutenus par deux partis d'extrême droite. Principalement les candidats soutenus par la branche des LR menés par Éric Ciotti, et le RN.
↑Claire Gatinois et Nathalie Segaunes, « Dissolution de l’Assemblée : le pari à haut risque d’Emmanuel Macron pour relancer son quinquennat après l’échec aux européennes », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
↑Solenn de Royer, « « A force de jouer avec le feu, le chef de l’État pourrait finir par se brûler, en entraînant dans l’incendie le pays tout entier » », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
↑« DIRECT. Résultats élections européennes 2024 : Emmanuel Macron annonce la dissolution de l'Assemblée nationale », BFMTV, (lire en ligne, consulté le )
↑« Élections européennes 2024 : découvrez l’intégralité des résultats en France, commune par commune », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le )
↑Grégoire Pinson, « Résultats européennes 2024 : Jordan Bardella demande une dissolution de l’Assemblée nationale », Challenges, (lire en ligne, consulté le )
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↑« « L’union des gauches et des écologistes, maintenant ! » : l’appel de 350 personnalités du monde politique, intellectuel, militant et artistique », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
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↑"Législatives 2024 : les "petits" partis vont-ils survivre à cette campagne express ? Cinq questions à un politologue" Philippine Thibaudault de Radio France 19/06/2024 [5]
↑"LÉGISLATIVES: POURQUOI DE PETITS PARTIS NE PRÉSENTENT PAS DE CANDIDATS?" par Marion Gauthier le 18/06/2024 sur RMC [6]
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↑Jordan Bardella refuse de débattre avec Marine Tondelier, BFMTV change le format de son émission [21]
↑"Audiences access 20h : Marine Tondelier sur TF1 ou François Hollande sur France 2, qui a le plus mobilisé les électeurs ?" le 3 Juillet 2024, par Benjamin Rabier, rédacteur en chef de Pure Médias [22]
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↑"Législatives : largement en tête, le Rassemblement national vise la majorité absolue" par Paul Laubacher le 30/06/2024 à 20:28 [37]
↑à sièges pour le RN, à sièges pour le NFP, à sièges pour Ensemble et à sièges pour LR mais aussi à sièges pour les "autres" (régionalistes, divers gauches ou dissidents de gauche
↑210 à 260 sièges pour le RN, auxquels s'ajoutent 30 à 45 sièges pour ceux de son allié Éric Ciotti, soit un total de 240 à 305 sièges, 140 à 190 sièges pour le NFP, 70 à 120 sièges pour Ensemble et 30 à 50 sièges pour LR mais aussi 24 à 30 sièges pour les "autres", abusivement placées à droite de l'hémicycle sans distinguer les divers gauches ou dissidents de gauche
↑250 à 300 sièges pour le RN, 130 à 170 sièges pour le NFP, 65 à 105 sièges pour Ensemble et 30 à 50 sièges pour LR mais aussi 24 à 30 sièges pour les "autres", abusivement placées à droite de l'hémicycle sans distinguer les divers gauches ou dissidents de gauche
↑Estimation Nationale en sièges (sans retrait dans les triangulaires) Ipsos Talan pour france Télévisions, Radio France, France24/RFI, LCP Assemblée Nationale 30 juin à 20:00 [38]
↑230 à 280 sièges pour le RN, 125 à 165 sièges pour le NFP, 70 à 100 sièges pour Ensemble, 41 à 61 sièges pour LR, les "autres" ayant 22 à 30 sièges
↑Alexandre Boudet, « Sondages législatives 2024 : ce que disaient les dernières projections en 2022 (et ce qu’on déduit pour dimanche) », Le HuffPost, (lire en ligne, consulté le ).
↑"Résultats des législatives 2024 : déjà des tendances de 1er et de 2e tour" par Fabien Dabert, L'Internaute le 20 Juin 2024 [45].
↑ a et b"Législatives 2024 : on vous explique pourquoi il faut s'attendre à un plus grand nombre de triangulaires qu'en 2022 après le premier tour" sur franceinfo le 28/06/2024 [46]
↑"Législatives 2024 : les triangulaires, ces matchs à trois qui pourraient être cruciaux après le premier tour" le 26 juin, par Anthony Berthelier et Émilie Garcia, dans le Huffington Post
↑ a et b"Législatives 2024 : au moins 200 désistements avant le second tour
Par Le figaro avec l'AFP [48]
↑Article dans Les Echos le 2 juillet 2024, par Ulysse Legavre-Jérôme, et Sébastien Dumoulin, le 2 juillet 2024 [49]
↑ a et b« Législatives 2024 : y aura-t-il une triangulaire dans votre circonscription ? Retrouvez notre décompte des candidatures pour le second tour », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑ a et b"Projections de la nouvelle Assemblée nationale : pourquoi il faut rester prudent" par Audrey Parmentier, article le 01/07/2024 dans L'Express' [50]
↑"Résultats législatives : pourquoi les projections en sièges à l’Assemblée nationale pourraient encore beaucoup varier" par Victor Mérat dans Le Figaro' [51]
↑Article dans Le Monde le , par Pierre Breteau, Maxime Vaudano, Iris Derœux, Jonathan Parienté, Patxi Berhouet et Romain Geoffroy [52]
↑ a et b"Triangulaires, désistements, report de voix… À quoi va ressembler le second tour ?" article de l'AFP le 3 juillet 2024 [53]
↑Article dans Le Monde le 3 juillet 2024, par Pierre Breteau, Maxime Vaudano, Iris Derœux, Jonathan Parienté, Patxi Berhouet, Romain Geoffroy et William Audureau [54]
↑ a et b« Législatives 2024 : « Les forces démocratiques doivent s’entendre pour empêcher que le RN n’obtienne une majorité » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑Robin D'Angelo et Claire Gatinois, « Législatives 2024 : ni RN-ni LFI, cas par cas ou désistement systématique, la coalition macroniste se divise sur la physionomie du front républicain », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
↑« Emmanuel Macron « inaudible » face à la cacophonie de son camp sur le front républicain », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑ a et b« Jacques Toubon au « Monde » : « Il faut ériger un front républicain global, y compris avec La France insoumise » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑ ab et c"Législatives : quel écart entre les candidats au second tour dans chaque circonscription ?" Article dans Ouest-France par Yiqing Qi, avec Erwan Alix et Nolwenn Chappelon le 4 juillet 2024 [56]