Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens CGT
Après sa nomination, comme conseillère principale d'éducation, au Blanc-Mesnil en 2009, Sophie Binet milite au syndicat CGT Éduc'action de Seine-Saint-Denis. Dans la section syndicale du lycée où elle travaille, elle participe à animer une grève reconductible des personnels de l'établissement au cours du mouvement social contre la réforme des retraites de 2010[3]. Intéressée par les enjeux professionnels posés par les fonctions d'encadrement dans son métier, elle rejoint la commission exécutive de l'Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens CGT (Ugict-CGT) en 2011.
En 2014, elle est élue secrétaire générale adjointe de la structure[17], puis en mars 2018, cosecrétaire générale[8] et enfin unique secrétaire générale en novembre 2021. À ce poste, elle fait preuve d'une « bonne connaissance de l’industrie », selon le journal spécialisé L'Usine nouvelle[4],[18].
Avec l'UGICT-CGT, des associations et d'autres syndicats de salariés comme la CFDT et l'Union syndicale Solidaires, elle participe à la création de la Maison des lanceurs d'alerte en 2018[19], avec une attention particulière à la liberté de la presse[20]. Elle siège au conseil d'administration en tant que représentante de l'UGICT ainsi qu'au bureau[21], au sein duquel elle est nommée secrétaire[22]. Elle s'engage notamment pour améliorer la loi visant à protéger les lanceurs d'alerte adoptée en février 2022[23].
Le , lendemain, de la présentation de la loi travail, elle lance la pétition« Loi Travail : non, merci ! »[25],[4], ce qui contribue fortement au mouvement social contre la loi, les deux autres initiateurs étant Caroline De Haas et Elliot Lepers, rejoints rapidement par une vingtaine de militants associatifs et syndicaux. Selon les universitaires Franck Bousquet, Nikos Smyrnaios et Emmanuel Marty[26], cette pétition recueille le chiffre record[26] de plus d'un million de signatures[27] en deux semaines, ce qui constitue « une exception notable »[26], susceptible d'« éclairer sur les logiques de la mobilisation électronique »[26] et un « évènement politique » qui rompt avec le « fonctionnement de la politique française »[26]. Pour y parvenir, elle multiplie les contacts avec les associations, les autres syndicats et les réseaux sociaux[12]. Au total, la pétition recueillera 1,35 million de signatures[28].
Lors de ce mouvement social, elle souligne dans le journal Le Parisien que la CGT s'est « organisée pour être au plus près des salariés, avec un fonctionnement qui part du bas » dans la volonté de « rassembler aussi bien les ouvriers que les cadres et techniciens ». Parmi ses priorités, « reconnaître aux précaires ou aux prétendus travailleurs indépendants des droits transférables », qui seraient « rattachés à leur personne et non plus à leur statut ou à leur contrat de travail »[29].
En 2018, elle devient « pilote du collectif femme mixité » chargée des questions d'égalité femmes-hommes, au sein de la direction élargie du syndicat[30],[31].
Dans une tribune publiée dans la presse, en novembre 2022, elle dénonce le manque d’avancées contre les violences sexistes et sexuelles dans le monde du travail[9], et le retard des institutions[32], cinq ans après le début de libération de la parole avec le mouvement #MeToo. Le 15 février, elle organise une manifestation devant l’Assemblée nationale, de l’UGICT-CGT et du collectif #NousToutes, pour dénoncer les inégalités salariales entre hommes et femmes et anime une soirée d'explications et débats sur les conséquences de la réforme des retraites pour les femmes[9].
Secrétaire générale de la CGT
Le , lors du 53e congrès de la CGT, elle succède à Philippe Martinez à la tête de la CGT avec 82 % des voix des 32 fédérations[33], à la suite du rejet des candidatures de Marie Buisson, candidate de l’équipe sortante. Devançant Céline Verzeletti, également opposée à l’équipe sortante, elle devient la première femme à occuper ce poste depuis la création du syndicat en 1895[1],[34],[35].
Son élection lors du mouvement social contre le projet Dussopt sur les retraites met fin aux interrogations sur la stratégie de la CGT[36],[37] : elle annonce dans la foulée que « l’intersyndicale, unie » rencontrera la Première ministre Élisabeth Borne « pour exiger le retrait » du projet[9]. Marylise Léon, secrétaire générale adjointe de la CFDT, considère qu'il y a « un travail d’éclaircissement de la ligne après le congrès de la CGT », où apparaissaient « plusieurs éléments de divergences internes »[36]. Son élection "pourrait apaiser les tensions" entre les différentes composantes de la CGT et "lui permettre de retrouver une cohésion collective", selon une analyse de Michel Noblecourt, spécialiste de ces questions, dans Le Monde'[38].
Le , pour sa première manifestation comme secrétaire générale, elle vient soutenir les grévistes de Storengy, filiale d'Engie, à Gournay-sur-Aronde, dans l'Oise, en grève depuis 33 jours[39], en déclarant que leur « lutte est centrale »[39] et en soulignant que « 33 jours de grève, quand on connait le salaire moyen en France, ça pèse lourd sur le porte-monnaie »[39].
Dans une tribune publiée dans la presse avec une centaine de féministes en mai 2023[40], elle dénonce le "cumul du mépris de classe et du sexisme" chez Vertbaudet, où elle a été soutenir les ouvrières peu après son élection, en reprenant leur appel au boycott en brandissant la menace d'une action nationale[41], et des fonds financiers de LBO qui "se croient autorisés à essorer les salariés au profit de leurs actionnaires" dans "de plus en plus d'enseignes de commerce, notamment de textile-habillement"[42] dans le conflit social .
En 2023, elle apporte son soutien à la maternité des Bluets lorsque celle-ci fait face à des difficultés financières[43].
En mai 2024, elle appelle à une mobilisation de l'ensemble des forces syndicales et politiques contre l'extrême droite dans un texte « Il est minuit moins le quart », en ouverture de la réédition des Jours heureux, le programme politique pour l'après guerre du Conseil national de la résistance[44],[45]. En juin 2024 lors d’un Comité confédéral national, Sophie Binet ainsi que les responsables de fédérations et des unions départementales de la CGT votent en faveur d’un soutien explicite au Nouveau Front populaire. Cette décision est présentée comme un tournant, car si la CGT appelle régulièrement à voter contre l’extrême-droite, elle n'appelle habituellement pas à voter pour un parti ou un mouvement en particulier. Le syndicat est en effet signataire de la Charte d’Amiens, qui acte l’indépendance des syndicats à l’égard des partis politiques. Le leader de La France insoumiseJean-Luc Mélenchon a salué une « décision historique »[46].
En novembre 2024, constatant une « accélération très forte de la dégradation de la situation » des entreprises notamment dans l'industrie pouvant conduire à des pertes d'emplois importantes, elle prône des mesures d'urgence dont « un retour aux prix régulés » de l'énergie pour l'industrie, « qui tienne compte du coût de production » et des investissements nécessaires à la relance du nucléaire, la mise en place par l'Europe de barrières douanières « plus protectrices » et également « un renforcement de la loi Florange » obligeant les entreprises de plus de 1 000 salariés à chercher un repreneur en cas de projet de fermeture afin que celle-ci soit élargie aux « entreprises de 50 salariés ou plus »[52].
Sophie Binet, « Il est minuit moins le quart », dans Sophie Binet (dir.) et Conseil national de la Résistance, Les Jours heureux, Paris, Bernard Grasset, (ISBN978-2-246-83812-8, présentation en ligne).
Tangui Perron (postface Sophie Binet), Tapis rouge et lutte des classes : Une autre histoire du festival de Cannes, Ivry-sur-Seine, Éditions de l'Atelier, , 140 p. (ISBN978-2-7082-5443-5).
↑ ab et cSophie Binet, Sébastien Shulz et Karel Yon (itw), « Ne pas seulement jouer en défense mais aussi en attaque », Mouvements, no 117, , p. 182-195 (DOI10.3917/mouv.117.0182).
↑Catherine Gasté, « Qui est Sophie Binet, le nouveau visage de la CGT ? », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le ).
↑Cyrielle Thevenin, « Qui est Sophie Binet, la nouvelle secrétaire de la CGT ? Quels seront ses défis ? », L'Est Républicain, (lire en ligne, consulté le ).
↑"Sophie Binet à la tête de la CGT, un atout pour un syndicat en crise", analyse de Michel Noblecourt dans Le Monde du 6 avril [1]
↑ ab et c"Réforme des retraites. Sophie Binet en soutien aux salariés de Storengy en grève depuis 33 jours "votre lutte est centrale" par Céline Brégand, le 06 avril 2023 sur France Télévision [2]