Né en 1961 à Neuilly-sur-Seine, il est le fils du physicien Robert Klapisch et de Françoise Meyer, psychanalyste. Il a une sœur aînée, Coline. Ses grands-parents maternels sont Robert et Raymonde Meyer, résistants juifs, déportés à Auschwitz.
À 23 ans, après un deuxième échec au concours d'entrée de l'IDHEC où on lui reproche son goût trop peu prononcé pour le cinéma français de l'époque, il part aux États-Unis où il étudie le cinéma à l'université de New York (NYU) pendant deux ans. En 1984, il tourne son premier court métrage, Glamour toujours. La même année, il réalise Un, deux, trois mambo, puis Jack le menteur, et l'année suivante In transit, dans lequel apparaît le cinéaste Todd Solondz, lui aussi étudiant à NYU.
À son retour en France, Cédric Klapisch travaille comme électricien sur quelques longs métrages, dont Mauvais sang de Leos Carax, avant de réaliser en 1989 un nouveau court métrage, Ce qui me meut, produit par Adeline Lecailler pour la société Lazennec. Ce court métrage fait beaucoup parler de lui, reçoit plusieurs prix dans différents festivals[1] et son titre deviendra le nom de la maison de production qu'il crée (et qu'il dirige aujourd’hui en collaboration avec Bruno Lévy).
Il travaille ensuite comme scénariste ou réalisateur pour des films d'entreprise ou des documentaires pour la télévision ; il réalise notamment Masaiitis, un documentaire de 52 minutes pour Canal+ sur les Maasaï du Kenya.
Révélation (années 1990)
En 1992, Cédric Klapisch passe au long métrage et réalise avec le soutien de Lazennec, Riens du tout, une comédie sociale sur les déboires d'un patron d'entreprise aux prises avec son personnel, qui réalise 500 000 entrées en France. Lazennec vient alors de produire Un monde sans pitié d'Éric Rochant et La Discrète de Christian Vincent, et s'apprête à produire La Haine de Mathieu Kassovitz. Le film choral Riens du tout participe à l’arrivée d’une nouvelle génération de cinéastes qui rompt avec le cinéma de la Nouvelle Vague et celui des années 1980. Pour ce premier long métrage, Cédric Klapisch réunit une trentaine d'acteurs dont Karin Viard, Antoine Chappey, Odette Laure, Zinedine Soualem et surtout Fabrice Luchini.
L'année suivante, Cédric Klapisch accepte de faire un téléfilm pour Arte qui s’inscrit dans une collection lancée par Pierre Chevalier : « Les Années lycée ». Le Péril jeune, produit par Vertigo et diffusé à la télévision en 1994, gagne le Fipa d’or ainsi que le prix de l’humour au festival de Chamrousse. Grâce à Pierre-Ange Le Pogam, futur associé de Luc Besson dans la société EuropaCorp, alors en poste chez Gaumont, Le Péril jeune bénéficie d'une sortie en salle en 1995. Ce film, à petit budget, qu’il a coécrit avec deux amis de lycée, Santiago Amigorena et Alexis Galmot, rencontre alors un certain succès, tant critique que public (650 000 entrées en France). À l'affiche, on trouve alors le jeune Romain Duris ainsi que Vincent Elbaz, qui tourneront plusieurs fois par la suite avec Cédric Klapisch. Le Péril jeune est aujourd'hui largement considéré comme l'un des films les plus importants et les plus marquants de la carrière du cinéaste et se range désormais dans la catégorie des films culte de toute une génération[2],[3].
Après avoir assisté à une représentation de leur pièce de théâtre intitulée Un air de famille, Cédric Klapisch rencontre Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui qui lui proposent de mettre en scène l’adaptation cinématographique. En parallèle de la préparation d'Un air de famille, il décide de transformer un projet de court en long métrage avec Vertigo Productions et réalise en 1996 Chacun cherche son chat (700 000 entrées en France) avec Garance Clavel dans le rôle principal. Prix de la Critique Internationale au Festival de Berlin, le film reçoit un excellent accueil lors de sa sortie américaine. On retrouve dans cette comédie parisienne Romain Duris, Zinedine Soualem, Marine Delterme et Simon Abkarian, ainsi que de nombreux habitants du quartier de la Bastille, dans leur propre rôle. La même année sort Un air de famille qui connaît un grand succès (2 500 000 entrées en France) et reçoit le César du meilleur scénario original, mais aussi deux César pour les acteurs Catherine Frot et Jean-Pierre Darroussin.
Confirmation internationale (années 2000)
Si ses quatre premiers films ont permis à Cédric Klapisch de se faire connaître dans le monde du cinéma français, il met tout de même plusieurs années à mener à bien le film Peut-être, projet dont il a déjà entamé l'écriture quelques années plus tôt. Le scénario et le coût du film font peur aux producteurs et c'est finalement la Warner Bros., associée à Vertigo, qui finance ce film « d'anticipation » sur la paternité, situé dans un Paris futuriste et recouvert de sable. Peut-être réunit dans les rôles principaux Jean-Paul Belmondo, Romain Duris et Géraldine Pailhas, mais aussi Vincent Elbaz, Julie Depardieu, Zinedine Soualem, Léa Drucker ou encore Olivier Gourmet. Cette belle distribution rencontre son public lors de sa sortie en salle en 1999 (800 000 entrées en France) mais reçoit un accueil critique mitigé.
Klapisch écrit ensuite un film policier dont la préparation est retardée de quatre mois et décide alors de réaliser très vite L'Auberge espagnole, comédie sur les déboires d'un jeune Français qui part finir ses études à Barcelone. Tourné très rapidement, en HD, ce film passe la barre des 3 000 000 d'entrées, devenant le plus grand succès du réalisateur. Il fait le tour du monde et place Cédric Klapisch dans la lignée des réalisateurs à succès du cinéma français contemporain.
Le 15 juin 2005, sort Les Poupées russes, pour lequel Cédric Klapisch retrouve cinq ans plus tard les personnages de L'Auberge espagnole et notamment Xavier, le personnage principal interprété par Romain Duris. Le film est un nouveau succès avec trois millions d’entrées et vaut à Cécile de France son deuxième César[4].
En 2013, à propos de l'affaire de la liste de Falciani, il est annoncé dans la presse que Cédric Klapisch possédait un compte en Suisse, d'un montant de 247 000 €, non déclaré en France, ce qui était alors illégal[5],[6],[7].
Il revient dans les salles de cinéma en décembre 2013 pour conclure la trilogie des aventures de Xavier Rousseau, cette fois entre Paris et New York. Casse-tête chinois, marque le retour d'une partie du casting : Romain Duris, ainsi que les femmes de la vie de son personnage, interprétées par Kelly Reilly, Audrey Tautou et Cécile de France. Le film fait 1 600 000 entrées en France et se vendra dans plus de 50 pays.
Le réalisateur revient au documentaire très peu de temps après : en février 2014, Élévation, documentaire pour Canal+ sur le sauteur à la perche Renaud Lavillenie. Il filme le en direct à Donetsk le nouveau recordman du monde avec un saut à 6,16 mètres. Et en avril, la chaîne payante diffuse Mon livre d'histoire, qui lui permet de raconter le parcours de ses grands-parents pendant la Seconde Guerre mondiale.
Et en septembre, une exposition de photos à la Galerie Paris Cinéma, intitulée Paris-New-York, retrace son parcours d'artiste, entre ces deux mégalopoles.
Fin 2015, il revient à la télévision, en collaboration avec Dominique Besnehard, pour sa première série télévisée, Dix pour cent. Le programme, diffusé sur France 2, et dont il met en scène deux des six épisodes de la première saison, connaît un large succès critique et d'audiences.
Klapisch participe activement au débat public sur les moyens de sortir de la crise climatique. En 2018, il figure parmi les 200 signataires d'une tribune publiée dans le journal Le Monde appelant à une action politique « ferme et immédiate » face au changement climatique, afin d'éviter le cataclysme[10].
Début 2020, il préside le jury du 10eNikon Film Festival[11],[12]. Il entame ensuite le tournage de son nouveau long métrage, En corps, sort en 2022.
Il revient ensuite à sa trilogie en développant la série Salade grecque, prévue à partir du 14 avril 2023 sur Prime Video[13].
Vie privée
Il partage sa vie avec Lola Doillon, fille du cinéaste Jacques Doillon et de la monteuse Noëlle Boisson. Ils se sont mariés le et ont un enfant, Émile, né en 2007. Il est aussi père de deux enfants, nés d'une précédente union : Pablo, né en 1998, et Thaïs, née en 2000.
Prises de position
Cédric Klapisch a apporté son soutien en 2023 au mouvement contre le projet de réforme des retraites par un texte collectif s'adressant au chef de l'État pour demander le retrait immédiat du projet, considéré « injuste, inefficace, touchant plus durement les plus précaires et les femmes », en plus d'être rejeté « par l'immense majorité de la population, et même minoritaire à l'Assemblée nationale »[14]. Le texte met en avant le devoir de solidarité face à une réforme qui « va frapper plus durement ceux qui exercent les métiers les plus difficiles, usants - tant physiquement que psychologiquement »[14].
Filmographie
Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par les bases de données Allociné et IMDb.
1989 : Maasaïïtis ; « I work at the CERN » : the diversity of a laboratory, réalisé à l'occasion de l'inauguration du LEP[17]. Son père travaillait au CERN.
Paris : l'homme sur le toit pendant le cauchemar de Philippe et le conducteur de la voiture dans l'accident de Caroline.
Ma part du gâteau : à la fin du générique de début, l'homme qui attend le bus sur le quai (ce qui peut être interprété comme un clin d'œil à Alfred Hitchcock, qui apparaît dans La Mort aux trousses de manière similaire)
Casse-tête chinois : le photographe de la famille de Xavier et Wendy au début du film
2015 : Dix pour cent (série télévisée), épisode 2 (Line et Françoise) d'Antoine Garceau : un membre du public de la cérémonie d'hommage à Samuel Kerr (également visible de dos dans le générique de la série)
↑Paris match numéros 3060 à 3069 2008 - Page 144 : « Ensuite, ce fut Le Péril jeune film devenu culte pour toute une génération. Mais cela a pris un moment. Le film est passé à la télé. Puis les gens l'ont vu en cassette. Cela s'est fait progressivement. » C'est l'immense succès d'« Un air de … »
↑Première - Numéros 335 à 340 2005, p. 150 : « Le Péril jeune, chronique des années lycée 75-76, devient quasi culte pour toute une génération, comme plus tard L'Auberge espagnole, du même Klapisch, qui fera exploser les demandes de programme d'échange universitaire Erasmus. »
↑Valentine Oberti, « Affaire HSBC : les zones d'ombre de la liste Falciani », Mediapart, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Gérard Miller, Cédric Klapisch et Paul Bocuse ont des comptes en Suisse », Le Point, (lire en ligne, consulté le ).
↑Gérard Davet et Fabrice Lhomme, « Évasion fiscale chez HSBC : des personnalités françaises dans les fichiers suisses », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑Bertrand Gréco et Gaspard Dhellemmes, L'histoire secrète d'une élection capitale, éditions du Moment, 2014, p. 154.
↑Aurélien Ferenczi, « La Cinetek : la plateforme VOD qui fait de nous des cinéphiles », telerama, (lire en ligne, consulté le )
↑« « Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité » : l’appel de 200 personnalités pour sauver la planète », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )