De haut en bas, de gauche à droite : Cathédrale de la Transfiguration de Jésus, Donbass Palace, théâtre dramatique, place Lénine, Opéra de Donetsk, pont sur la rivière Kalmius
Donetsk (en ukrainien : Донецьк/dɔˈnɛt͡sʲk/, en russe : Донецк/dɐˈnʲet͡sk/), anciennement nommée Alexandrovka, Iouzovka et Stalino, est une ville industrielle de la zone géographique ukrainienne homonyme.
Elle appartient de jure à l'Ukraine, dont elle est la première ville industrielle et le premier centre économique et « capitale » officieuse de la région du Donbass. Chef-lieu de l'oblast de Donetsk, en 2017 elle comptait 918 536 habitants et agglomération comprise : 1 623 194 habitants.
Donetsk est située dans la région houillère du Donbass, dans l'est de l'Ukraine et à 594 km au sud-est de Kiev. Elle est arrosée par le fleuveKalmious.
Les premières mines de charbon sont découvertes en 1820. L'histoire de la ville commence en 1869, lorsqu'un immense centre métallurgique est fondé par un homme d'affaires gallois, John James Hughes, qui reçoit la concession de l'exploitation de mines de charbon autour d'un des villages cosaques. Celui-ci prend le nom de Iouzovka (Iouz étant la transposition phonétique de Hughes). Iouzovka est divisée en deux parties : Zavodskaïa (de l'usine) et Novy Svet (Nouveau Monde). La partie centrale de la ville se construit en direction du nord à partir de l'usine, jusqu'à la gare de chemin de fer. En 1889, une usine métallurgique et une usine de fonte (usine Bosse et usine Hennefeld) se construisent au sud, ainsi que des ateliers de réparation et de matériel de forage (aujourd'hui usine Routtchenski).
Le début du XXe siècle
En 1916, des usines de transformation du coke se construisent et en 1917, la première usine de transformation de l'azote de l'Empire russe est construite (aujourd'hui usine des réactifs chimiques de Donetsk).
La ville se construit rapidement au XXe siècle avec de nouvelles usines. Iouzovka reçoit le statut de ville en 1917 et devient en 1932 le chef-lieu administratif de l'oblast de Donetsk. En 1924, elle prend le nom de Stalino, en l'honneur du « camarade Staline » sur décision du petit præsidium du comité exécutif central panukrainien du 22 avril de cette même année. En 1961, elle reçoit son nom actuel au cours de la déstalinisation des toponymes.
La Seconde Guerre mondiale
Pendant la Grande Guerre patriotique (nom du Front de l'Est de la Seconde Guerre mondiale), malgré la formation d'unités de défense devant l'invasion de la Wehrmacht, les évacuations des usines vers l'est commencent au début d'. Les troupes allemandes et italiennes envahissent la ville le . Elle est entièrement occupée à quinze heures ainsi que Makeïevka. Les Allemands renomment la ville en Jusowka, c'est-à-dire la graphie allemande de Iouzovka, qui est comprise dans la zone de guerre. Ils rebaptisent également les rues à référence communiste. Elle comprend à l'époque 400 000 habitants. Les Allemands nomment un maire collaborationniste, Petouchkov, et font paraître un journal en russe Le Messager de Donetsk (Донецкий вестник). Ils font remettre en exploitation quelques mines de charbon. Un ghetto est construit pour y enfermer près de cinq mille Juifs ; il est liquidé le 30 avril 1942. Un camp de concentration, près de l'ancien palais de la Culture des Métallurgistes, est construit pour y enfermer 25 000 prisonniers de guerre soviétiques. La plupart sont enterrés à côté. Un monument aux Victimes est construit à son emplacement en 1965. L'état-major du Groupe d'armées Don commandé par Erich von Manstein s'y trouve en janvier et février 1943. Les combats pour la libération de la ville commencent le 7 septembre 1943 et elle est libérée le lendemain, notamment par des divisions de tanks. Avant la guerre, la ville comprenait 500 000 habitants, il n'en reste plus que 175 000 en septembre 1943, la plupart ayant soit fui, soit été tués. Plusieurs habitants de la région ayant participé aux combats reçoivent le titre de Héros de l'Union soviétique. À partir du printemps 1945, les usines retournent à Stalino.
La ville dépasse le million d'habitants en 1991, lors de l'éclatement de l'URSS et de l'indépendance ukrainienne. En 2004, elle est le théâtre de manifestations contre la révolution orange menée à Kiev.
Pendant les émeutes de 2014, des manifestations s'intensifient à partir du début de mars 2014 contre le gouvernement central par intérim de Kiev. Les bâtiments publics sont occupés par des groupes armés masqués. Le 11 mai 2014, un « référendum populaire » institue la « république populaire de Donetsk » qui est aussitôt rejetée par le pouvoir central de Kiev et ses alliés occidentaux, tandis que la fédération de Russie s'abstient d'en reconnaître le caractère légal, se contentant d'enregistrer le fait. Le lendemain, ses dirigeants demandent le rattachement à la Russie, qui refuse d'intégrer une république qu'elle ne reconnaît pas. Le 17 mai 2014, le procureur général d'Ukraine inscrit la « république populaire » à la liste des « organisations terroristes », marquant ainsi le refus du pouvoir central de Kiev de discuter avec les insurgés de l'est du pays.
Dans la nuit du 12 au 13 juin 2014, une bombe fait exploser la voiture de Denis Pouchiline (qui ne s'y trouvait pas), chef d'État de la république populaire de Donetsk provoquant la mort de deux de ses assistants. C'est le deuxième attentat à son encontre. Il se réfugie à Moscou et démissionne le 20 juillet après l'attaque contre le vol MH17. Le siège de Donetsk débuta le 10 juillet par les forces régulières ukrainiennes. Un concert-meeting a lieu le 13 juillet sur la place principale de la ville, la place Lénine, en mémoire du 250e anniversaire de la Nouvelle Russie. D'après l'historien Nikolaï Mitrokhine, il rassemble environ 30 000 personnes, soit une fraction minoritaire de la population de la ville[3].
Le métro de Donetsk est en construction depuis 1992 ; sa mise en service (initialement prévue pour 2002) a été repoussée à de nombreuses reprises en raison de problèmes financiers et d'une grève des salariés. Depuis 2011, la construction est arrêtée pour manque de financement, et n'a ensuite pas pu reprendre en raison de la guerre du Donbass.
La Fédération de Russie annexe la ville et sa région le , dans le contexte de la guerre russo-ukrainienne.
Carte de Iouzovka et de ses alentours au début du XXe siècle.
En 2012, avec 8 783 naissances (contre 8 342 en 2011), le taux de natalité de la ville est de 9,2 ‰ (contre 8,7 ‰ en 2011). Il est le plus faible de toutes les capitales administratives d'Ukraine, par ailleurs son déclin démographique est l'un des plus importants des zones urbaines de l'ex-URSS. Néanmoins le taux de mortalité a faiblement baissé, chutant à 13,6 ‰ en 2012 avec 13 042 décès au cours de l'année contre 13 165 décès en 2011 pour un taux de 13,8 ‰.
Structure par âge
0-14 ans: 11,6 % (57 041 hommes pour 53 496 femmes)
15-64 ans: 72,0 % (316 136 hommes pour 376 366 femmes)
65 ans et plus: 16,4 % (52 280 hommes 105 327 femmes)
Composition ethnique
Répartition ethnique de la population de la ville de Donetsk : 48,15 % de Russes ; 46,65 % d'Ukrainiens ; 1,15 % de Biélorusses ; 0,99 % de Grecs ; 0,50 % de Juifs ; 0,49 % de Tatars ; 0,40 % d'Arméniens ; 0,20 % d'Azéris ; 0,20 % de Géorgiens ; les autres minorités 1,27 %.
Tandis que les habitants du nord et de l'ouest de l'Ukraine parlent en majorité l'ukrainien, dans cette région, le russe domine comme langue d'usage, comme pour la majorité des habitants du Donbass quelle que soit l'origine ethnique.
Agglomération
L'agglomération de Donetsk comptait 1 623 194 habitants au début de 2014[5].
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm
Économie
Donetsk est la capitale économique de l'oblast du même nom et la deuxième ville en ce qui concerne l'industrie lourde de la région[7] qui emploie cent-vingt mille personnes, derrière Marioupol. C'est la première ville en termes de croissance économique et financière et la ville qui accueille le plus d'investissements, comme en témoigne ces dernières années la construction de gratte-ciels à usage de bureaux qui ont totalement modifié la silhouette de Donetsk. La ville comprend un total de 5 gratte-ciel dont le plus haut est le Northern Business Center (110 m de hauteur) et le plus ancien est la King's Tower achevée en 2009.
Avec Makiivka, qui est à la sortie de Donetsk, Donetsk est la première agglomération industrielle d'Ukraine et son poumon économique.
La production industrielle se partage en secteurs électro-énergétique, gaz et hydro-énergie (31,9 %), métallurgie (23,1 %), industrie alimentaire (16,2 %), mines et charbon (10,5 %).
La ville abrite de nombreuses banques d'affaires et d'investissement.
Depuis la proclamation de la république populaire de Donetsk, des dizaines d'entreprises possédées par des oligarques ont été nationalisées. En outre, les magasins ont été réquisitionnés afin de proposer à la population des prix accessibles. Les petites et moyennes entreprises doivent désormais s'enregistrer auprès des autorités séparatistes pour payer leurs impôts à la république populaire et non plus à l’État ukrainien. Depuis octobre 2014, une Banque centrale républicaine est en fonctionnement pour faire face à la contrebande de devises[8].
Sports
Le 15 février 2014, Renaud Lavillenie a battu à Donetsk le record du monde de saut à la perche de Sergueï Bubka. Record que ce dernier avait établi presque 21 ans avant jour pour jour dans cette même ville.
La ville a été choisie comme ville hôte à l'occasion de la Coupe d'Europe de Football (Euro 2012) en raison de l'équipement que constitue le centre du club du Chakhtar Donetsk qui se situe à l'extérieur de la ville ; et la Donbass Arena, stade récent classé 5 étoiles par l'UEFA.