Compte tenu du calendrier électoral originellement chargé de l'année 2007 (cinq élections auraient dû s'y tenir en six mois, dont des élections cantonales et municipales en mars pendant la campagne de l'élection présidentielle et des élections sénatoriales en septembre), deux lois du [1] ont procédé au report en 2008 des élections cantonales, municipales et sénatoriales.
10 nouveaux sièges ont aussi été créés pour tenir compte des évolutions démographiques, 8 en métropole (1 pour chacun des départements suivants: Ain, Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Drôme, Eure-et-Loir, Haute-Garonne, Gironde, Hérault), 2 en outre-mer (Guyane et Polynésie française)
Conformément à la loi no 2003-697 du , les sénateurs des Alpes-Maritimes, des Bouches-du-Rhône, du Finistère, de la Gironde, de la Haute-Garonne, de l'Ille-et-Vilaine et ceux représentants les Français établis hors de France sont élus au scrutin proportionnel plurinominal, tandis que tous les autres le sont au scrutin majoritaire à deux tous[2].
Avant le scrutin
Composition du Sénat
La composition du Sénat avant le renouvellement était la suivante :
Groupe UMP : 159 membres (dont 5 apparentés et 7 rattachés)
Groupe SOC : 95 membres (dont 3 apparentés et 5 rattachés)
Philippe Adnot (délégué de la réunion administrative) : réélu au 1er tour
Précisions importantes
À compter du renouvellement de septembre 2004, la durée du mandat est progressivement réduite à 6 ans, le renouvellement devant à terme se faire en deux séries (au lieu de trois) tous les 3 ans (nouvelles séries 1 et 2). Une partie des sénateurs élus en 2004 est élue pour 6 ans, l'autre partie pour 9 ans. Les sénateurs élus en 2008 seront tous élus pour 6 ans. La loi abaisse également l'âge d'éligibilité de 35 à 30 ans.
Dans le même temps, la répartition des sièges de sénateurs par département est modifiée pour refléter les évolutions de la population française. Ainsi, les effectifs du Sénat passeront à 343 membres en 2008. En 2011, ils passeront à 348 avec la répartition suivante :
326 seront élus dans les départements de métropole et d'outre-mer
Selon une enquête de l'IFOP publiée deux semaines avant le scrutin, 74 % des Français ne se jugeaient pas concernés par ces élections (38 % pas du tout, 36 % peu), contre 24 % concernés (5 % très, 19 % assez)[3].
Enjeux généraux
À la suite d'élections municipales et cantonales favorables à la gauche, le Parti socialiste espérait une progression d'au moins une dizaine de sièges (Ain, Aisne, Côte-d'Or, Corrèze, Doubs, Ille-et-Vilaine...). De son côté, l'UMP espérait limiter ses pertes en profitant de divisions locales, de la proportionnelle ou de bons résultats locaux (Hérault, Territoire-de-Belfort, Gard, Haute-Garonne...), de sièges créés comme dans les Antilles (Saint-Barthelémy et Saint-Martin) et de l'introduction de la proportionnelle dans des départements de gauche où elle était absent.
L'UMP a par ailleurs soutenu des candidats issus du Nouveau Centre, comme Hervé Maurey qui briguait la succession de l'UMP Jean-Luc Miraux qui ne se représentait pas dans l'Eure, voire des sénateurs sortants du groupe RDSE[4]. L'enjeu pour le Nouveau Centre était l'éventuelle possibilité de créer un groupe indépendant (15 sénateurs minimum), ou tout au moins renforcer sa présence au sein de groupe UC-UDF. Pour le MoDem, il s'agissait de préserver et renforcer ce groupe centriste.
Personnalités candidates
Dans le territoire de Belfort, l'ancien ministre et président du MRCJean-Pierre Chevènement a annoncé sa candidature à l'unique siège détenu par le sortant socialiste dissident Michel Dreyfus-Schmidt - décédé le - face au candidat officiel du PS Yves Ackermann et à l'UMP[5].
Dans l'Hérault, les velléités de retour de Georges Frêche, exclu du PS, ont mis le feu aux poudres. Proche de Frêche, le député européen Robert Navarro a décroché le soutien officiel du parti, mais a dû faire face aux listes concurrentes des sénateurs sortants Robert Tropéano (PS) et Gérard Delfau (PRG)[4].
Soutenu par Nicolas Sarkozy, le porte-parole de l'UMP Dominique Paillé a été investi comme candidat des Français de l'Étranger, mais a dû, lui aussi, faire face à la dissidence de Christophe Frassa, président de l'Union des Français de Monaco[8].
En Polynésie française, Gaston Flosse a été écarté de l'investiture UMP au profit de Gaston Tong Sang. En Gironde, l'UMP sortant Gérard César, écarté de l'investiture de son parti, se présente en dissidence, de même que le socialiste Jean-Pierre Plancade écarté lui de l'investiture PS dans la Haute-Garonne.
De nombreux sénateurs sortants ont été réélus, la plupart au premier tour, à l'image des deux radicaux de gauche de Corse, des sortants socialistes de l'Ariège, de la Creuse et de tous les élus de droite du Calvados (au second tour).
Le scrutin marque un succès plus fort qu'attendu pour la gauche qui gagne une vingtaine de sièges. La droite subit des reculs plus importants que prévu en Côte-d'Or et dans le Doubs où elle perd deux sièges, dans le Cantal, en Corrèze, dans l'Aveyron, dans l'Ain (où Charles Millon n'a pas été élu), dans l'Allier, dans l'Ardèche, en Dordogne et en Ille-et-Vilaine où elle perd trois sièges.
Dans les Bouches-du-Rhône, la gauche qui convoitait 4 des 8 sièges en lice (un siège ayant été créé en 2008) en remporte 5, 4 pour le PS et un pour le PCF. Succès inattendu de la gauche en Ille-et-Vilaine où la liste d'Edmond Hervé remporte trois sièges. La gauche garde quatre sièges en Haute-Garonne, mais trois seulement pour la liste PS-PRG et un pour le dissident socialiste Jean-Pierre Plancade, le siège créé en 2008 profitant à l'UMP. La gauche remporte en revanche le 6e siège créé en Gironde. Distancé lors du premier tour en Côte-d'Or, François Rebsamen est élu bien que devancé en voix par l'autre socialiste François Patriat, la droite ne sauvant qu'un siège. Le PS enregistre en revanche de beaux succès en Ille-et-Vilaine (+3), le Doubs (+2), l'Aveyron (+1), la Corrèze (+2), la Dordogne (+1), l'Aisne (+1) les Alpes-Maritimes (+1). Malgré quelques déceptions (un siège perdu dans le Gard au profit de l'UMP, du MRC dans le Territoire de Belfort), le bilan reste globalement positif pour le PS.
Le groupe communiste maintient son effectif avec la réélection facile de Gérard Le Cam dans les Côtes-d'Armor et la succession sans surprise de Robert Bret par Isabelle Pasquet, sur une liste PS-PCF. La victoire de Mireille Schurch dans l'Allier qui prive l'UMP d'un de ses deux sièges dans le département, ce qui comble le départ de l'apparenté Pierre Biarnès (Français de l'étranger) qui ne se représentait pas. Par ailleurs, les élections de Mireille Schurch et d'Isabelle Pasquet signifient que le groupe communiste devient le premier groupe à compter plus de sénatrices que de sénateurs: 11 sénateurs pour 12 sénatrices.
Malgré la progression en voix de la gauche, la droite conserve la totalité des sièges à renouveler en Charente-Maritime avec deux candidats réélus (Claude Belot et Michel Doublet) et un nouvel élu (Daniel Laurent), de même que dans l'Eure (réélection des UMP Joël Bourdin et Ladislas Poniatowski, élection du Nouveau Centre Hervé Maurey), les Ardennes, le Calvados, le Cher. Succès sans surprise de l'UMP à Wallis-et-Futuna et dans les nouvelles circonscriptions de Saint-Martin et Saint-Barthelémy. La création d'un siège supplémentaire à la proportionnelle dans la Haute-Garonne a profité à l'UMP Alain Chatillon malgré la défaite de la droite à Toulouse et Muret aux municipales de mars. De même, l'UMP ravit un des trois sièges détenus par le PS dans le Gard et gagne le siège créé dans l'Hérault, où la gauche était divisée. En revanche, le porte-parole de l'UMP Dominique Paillé a été battu dans la course aux 4 sièges des Français de l'étranger, pour lesquels l'équilibre est maintenu (3 élus de droite, un élu de gauche). L'ancien maire de Bordeaux Hugues Martin n'est pas élu, la liste UMP ne remportant que deux sièges, et le sortant UMP dissident sauvant son siège, alors que la gauche remporte trois sièges.
La parité progresse, les femmes détenant environ 22 % des sièges contre 18 % avant le renouvellement partiel. Sur les 18 femmes élues en 2008, toutes pour la première fois, 13 sont de gauche contre 5 de droite. Les trois sortantes ne se représentaient pas. À noter l'élection de la députée UMP Marie-Hélène des Esgaulx au Sénat risque mécaniquement de faire reculer celle à l'Assemblée Nationale. Enfin, la "diversité" des élus métropolitains est confortée par la socialiste Samia Ghali qui rejoint Bariza Khiari (PS) et Alima Boumediene-Thiery (Verts, groupe PS).
Le bureau d'âge constitué pour la première séance du est présidé par le doyen de la haute assemblée, Serge Dassault dont le propre père avait été le doyen de l'Assemblée nationale plusieurs années plus tôt. Les résultats sont communiqués dans l'après-midi :
↑Loi organique n° 2005-1562 du 15 décembre 2005 modifiant les dates des renouvellements du Sénat et Loi n° 2005-1563 du 15 décembre 2005 prorogeant la durée du mandat des conseillers municipaux et des conseillers généraux renouvelables en 2007