En définitive, 24 régions sur 26 sont remportées par la gauche (en 1986 et 1992, la droite en avait remporté 20 sur 22, alors qu'en 1998, elle n'en avait concédé que 7 à la gauche en métropole).
Mode de scrutin
Le mode de scrutin a été défini par la loi du . Il s'agit d'un scrutin proportionnel à deux tours avec prime majoritaire.
Contrairement aux élections de 1998, c'est désormais la région et non plus le département qui conduit une liste. Toutefois, afin de permettre aux électeurs d'identifier facilement les candidats de leur département, les listes comporteront des « sections départementales ».
Les principales dispositions du mode de scrutin sont :
Les citoyens élisent les conseillers régionaux :
pour six ans, au scrutin de liste,
selon un système mixte combinant les règles des scrutins majoritaire et proportionnel, en un ou deux tours,
sans panachage ou vote préférentiel, tout bulletin modifié en quoi que ce soit par un électeur étant déclaré nul.
Les listes sont déposées au niveau régional, mais les candidats sont répartis entre les départements (on parle de sections départementales) constituant la région.
Le nombre de sièges à attribuer pour chaque liste est calculé globalement au niveau régional, puis réparti entre les sections départementales en fonction du nombre de suffrages obtenus dans chaque section.
Lors du premier tour de scrutin,
si une liste obtient la majorité absolue des suffrages exprimés, elle obtient le quart des sièges à pourvoir. Les autres sièges sont répartis à la représentation proportionnelle entre toutes les listes ayant obtenu au moins 5 % des suffrages.
sinon, il est procédé à un second tour la semaine suivante.
Seules les listes ayant obtenu plus de 10 % des suffrages exprimés au premier tour peuvent se maintenir au second tour de scrutin et éventuellement fusionner avec les listes ayant obtenu au moins 5 % des suffrages.
Au second tour, la liste qui arrive en tête obtient un quart des sièges à pourvoir. Les autres sièges sont répartis à la représentation proportionnelle entre les listes ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés au second tour.
Contexte
Pour la première fois depuis 2002, les Français sont appelés aux urnes. Après le séisme électoral du 21 avril 2002 et la large victoire de la droite aux élections législatives, ce scrutin revêt trois enjeux importants. Le premier est de savoir si la politique menée par le gouvernement Jean-Pierre Raffarin séduit les Français. Ensuite, la capacité de la gauche, grande perdante des scrutins de 2002, à se relever. Enfin, la capacité d'arbitrage du FN, renforcé par ses scores récents.
L'exécutif se présente aux élections dans une situation difficile. Le Président Jacques Chirac et le Premier ministre sont fortement impopulaires depuis plusieurs mois[1],[2]. La gauche, revenue dans l'opposition, a retenu les leçons du et se présente unie. Le PS s'est allié dès le premier tour avec les Verts dans 14 régions, idem avec le Parti communiste français. La droite est plus divisée, notamment à cause de l'éloignement de l'UDF qui ne s'allie au premier tour avec l'UMP que dans six régions.
Quant au Front national, il souhaite confirmer un peu plus son enracinement local. Même si le nouveau mode de scrutin ne le favorise pas, à cause de la prime majoritaire, le parti de Jean-Marie Le Pen espère jouer les arbitres.
Résultats électoraux de la gauche parlementaire au premier tour par département.
Résultats électoraux de la droite parlementaire au premier tour par département.
Résultats électoraux du Front national au premier tour par département.
Premier tour
Démentant les craintes d'abstention record, le taux de participation est de 60,84 %.
Au soir du premier tour, la gauche parlementaire arrive en tête avec 39 % des suffrages. Net revers pour la majorité qui totalise moins de 34 % des voix. Le FN est en léger recul mais se maintient à près de 15 %. Dans toutes les régions, la gauche est en ballotage favorable, à l'exception de l'Alsace, de l'Auvergne et de la Corse, où le second tour s'annonçait serré. Si aucune région n'est emportée dès le premier tour, le score le plus retentissant est à mettre à l'actif de Ségolène Royal qui rassemble 46,29 % des voix en Poitou-Charentes. Cette région ayant été dirigée par Jean-Pierre Raffarin jusqu'en 2002, le résultat est d'autant plus symbolique. La droite parle d'un « à l'envers », tandis que la gauche fait état d'un « vote sanction » à l'encontre du gouvernement.
Le Front national réussit son pari et se maintient au second tour dans 17 régions, où le seuil des 10 % est atteint par les listes d'extrême droite. À droite et à gauche, l'heure est aux alliances. La droite porte ses espoirs sur l'Île-de-France, où la fusion des listes de Jean-François Copé et d'André Santini pouvait permettre un succès. Le parti majoritaire ne conclut en revanche aucune alliance avec le FN, contrairement à 1998. Les listes de la gauche parlementaire fusionnent dans les régions où elle n'était pas encore unie (et légalement possible) sauf dans deux régions où les candidats PS refusent l'apport des Verts. Si les alliés du PS échouent dans leur entreprise de mettre à mal son hégémonie au sein de la gauche, ils réalisent localement quelques succès notables. Les listes conduites par le Parti communiste français en Picardie et dans le Nord-Pas-de-Calais, et la liste des Verts en région Rhône-Alpes atteignent toutes le seuil des 10 %. Avec un score moyen proche des 5 %, les listes d'union LO-LCR échouent à faire percer l'extrême gauche.
Avant le second tour, et ce malgré la fusion des listes UMP et UDF, tous les bastions détenus par la droite sont menacés, à l'exception de l'Alsace.
Second tour
Grosse surprise avec une France rose : vingt régions sur les vingt-deux dont les résultats sont connus (21 de métropole et La Réunion) passent ou restent à gauche, l'Alsace étant la seule à rester à droite. Le taux de participation, en baisse de 2,5 points à la mi-journée, a finalement atteint 65,66 %, améliorant ainsi le score du premier tour.
Estimations à 20 heures pour les élections régionales :
Selon TNS-Sofres pour TF1 : 49,8 % pour la gauche, 37 % pour la droite, 13,2 % pour le FN.
Selon Ipsos pour France 2 : 48,7 % pour la gauche, 35,6 % pour la droite, 15,7 % pour le FN.
Selon l'Institut CSA pour France 3 : 49,9 % pour la gauche, 37,2 % pour la droite, 12,9 % pour le FN.
La vague rose du premier tour s'est donc nettement amplifiée. La gauche progresse de onze points et frôle la majorité absolue des suffrages (49,9 %). La droite progresse de 3 % mais n'inverse pas la tendance et perd même largement l'Île-de-France puis l'Auvergne, détenue par Valéry Giscard d'Estaing depuis 18 ans. Le Front national enregistre 12,4 % des voix, moins qu'au premier tour mais il faut signaler qu'il était éliminé dans 5 régions.
La droite minimise l'ampleur de la défaite par la voix de François Baroin, avançant comme argument le fait que la présence du FN au second tour a favorisé la gauche. Ce à quoi la gauche répliquera en notant que dans les régions où le Front national était éliminé, la droite s'incline malgré tout. Le report des voix et la participation à gauche ont été excellents. Par exemple, Ségolène Royal et Jacques Auxiette progressent entre les deux tours de plus de dix points alors qu'ils ne disposait que de 4,5 % à 6 % de réserve de voix à l'extrême gauche.
Il s'agit également des premières élections régionales où un nombre significatif (entre 42 et 59 en 2004, entre 5 et 10 en 1998) de candidats d'origine non-européenne (DOM-TOM, Maghreb, Afrique subsaharienne) entrent dans les conseils régionaux[3]. De même l'application de la loi du sur la parité en politique amène des centaines de femmes à siéger au sein des conseils régionaux puisqu'elles en constituent 47,6 % des élus[4].
Résultats par région
Le premier tour eut lieu le 21 mars. Aucun candidat ne l'emporta et un deuxième tour eut lieu dans chaque région le 28 mars. Le deuxième tour n'est accessible qu'aux candidats ayant dépassé les 10 % au premier tour (en Corse le seuil est de 5 %).
Les listes PS, PCF et des Verts ont fusionné entre les deux tours.
Malgré l'absence du FN au second tour, ce fief historique de la droite de gouvernement bascule pour la première fois à gauche avec la victoire du socialiste Pierre-Joël Bonté, rallié entre les deux tours par les communistes et les Verts, sur l'ancien Président de la RépubliqueValéry Giscard d'Estaing, président du Conseil régional sortant.
Bourgogne
Résultats des élections régionales des 21 et en Bourgogne
Les listes des Verts et du PS n'ont pas fusionné entre les deux tours sur refus de Jean-Paul Bachy.
Les listes UMP et UDF ont fusionné entre les deux tours.
Les listes UMP et UDF ont fusionné entre les deux tours.
La Lorraine bascule à gauche pour la première fois depuis l'élection des conseils régionaux au suffrage universel direct.
Midi-Pyrénées
Résultats des élections régionales des 21 et en Midi-Pyrénées
Les listes du PS et des Verts n'ont pas fusionné entre les deux tours sur le refus de Martin Malvy[6].
Les listes UMP et UDF ont fusionné entre les deux tours.
Les listes du PS, du PCF et des Verts ont fusionné entre les deux tours.
Les listes UMP et UDF ont fusionné entre les deux tours.
Droit de chasse avait retiré ses bulletins de vote et appelé à voter pour l'UMP.
Basse-Normandie
Résultats des élections régionales des 21 et en Basse-Normandie
Les listes du PS et du PCF ont fusionné entre les deux tours.
La Picardie bascule à gauche à la faveur d'une triangulaire et grâce au ralliement de la liste communiste à la liste socialiste, malgré le fait qu'elle aurait pu se maintenir au second tour (seuil de 10 % atteint).
Le ministre des Transports, Gilles de Robien, est largement battu.
Poitou-Charentes
Résultats des élections régionales des 21 et en Poitou-Charentes
Jean-Marie Le Pen n'a pas pu se présenter à la candidature régionale, car il ne réside pas dans la région, et n'y paie pas d'impôts.
Droit de chasse avait retiré ses bulletins de vote et appelé à voter pour l'UMP.