Un des biographes de son frère Jacques Vergès, Bernard Violet, a révélé que son père aurait fait un faux en déclarant la naissance des deux frères le même jour alors qu’ils avaient en réalité un an d’écart, Jacques Vergès étant sans doute né le , non au Siam comme son frère mais au Laos ; Raymond Vergès aurait profité de sa position de consul pour réaliser un « vrai-faux » état civil, afin de cacher une relation adultère avec Pham Thi Khang, alors que sa première épouse Jeanne-Marie Daniel, avec qui il avait déjà deux enfants, était encore vivante (elle décède en 1923). L'intéressé a toujours entretenu le mystère sur sa réelle date de naissance[2],[3].
Après la mort de sa mère en 1928 et jusqu'au retour de son père à La Réunion en 1932, il est élevé par sa tante paternelle Marie Vergès[4] avec son frère Jacques[1].
Rentré à La Réunion après la Libération, il s'engage contre le colonialisme au sein du Comité républicain d'action démocratique et sociale (CRADS), parti politique créé par son père, Raymond Vergès. Le , en pleine campagne législative, le maire MRP de Saint-Benoît, Alexis de Villeneuve, adversaire de son père, est blessé mortellement par balle, en plein milieu de la foule amassée pour l'entendre, à proximité de la cathédrale de Saint-Denis. Paul Vergès, désigné par des témoins comme étant l'auteur des coups de feu, est arrêté, et l'arme du crime retrouvée est au nom de son père (une rumeur accusera son frère Jacques du crime)[6]. Grâce notamment aux appuis de son père, le procès est déplacé en métropole, où Paul est jugé avec ses supposés complices[7]. Aux assises de Lyon, en , il est condamné à cinq ans de prison avec sursis pour avoir « volontairement porté des coups et fait des blessures à Alexis de Villeneuve […] sans intention de donner la mort ». Sa condamnation est ensuite annulée par la loi d'amnistie du [8],[7].
Devenu permanent de la section coloniale du Parti communiste français (PCF) à Paris, il épouse, en 1949, Laurence Deroin. De retour à La Réunion en 1954, il devient directeur du quotidien communiste Témoignages, fondé par son père.
Il fonde le Parti communiste réunionnais en 1959 et reprend le journal Témoignages fondé par son père. Le , le leader du PCR entre en clandestinité. Sa cavale va durer vingt-huit mois, ridiculisant la police et le pouvoir. Il souhaitait ainsi protester contre une condamnation à trois mois de prison pour diffamation et contre des poursuites engagées par le gouvernement pour atteinte à l'intégrité du territoire, devant la Cour de sûreté de l'État. Les poursuites étaient basées sur une quarantaine d'articles de presse s'échelonnant sur plus de quatre ans, de à . Paul Vergès ne réapparaît que le , après vingt-huit mois de cavale. Du fait d'une loi d'amnistie, il n'était plus inculpé à ce moment que d'« atteinte à l'intégrité du territoire ». Après s'être constitué prisonnier, il est transféré en métropole où il bénéficie d'une ordonnance de non-lieu de la part de la Cour de sûreté de l'État. Il devient maire du Port en 1971 et député européen en 1979. Il réussit tout ceci en étant interdit de radio et de télévision, comme son parti, jusqu'en 1981.
Conseil régional et Parlement
En 1983, il est élu au conseil régional de La Réunion avec son fils Laurent[9]. Il démissionne de son mandat de député en 1987 pour manifester son désaccord sur la loi de parité sociale du , laquelle priverait les Réunionnais de leur droit à l'égalité sociale. Réélu député (RL) en , il laisse la direction du PCR à Élie Hoarau en 1993. Ce passage de relais ne marque pas la fin de sa carrière politique.
Paul Vergès est élu sénateur le . En septembre de la même année, il alerte l'opinion sur la nécessité de faire de l'étude des conséquences du réchauffement climatique une priorité nationale. Le , il fait voter, à l'unanimité des deux assemblées parlementaires, une loi reconnaissant cette priorité. Il est réélu sénateur le . Il est par ailleurs élu président du conseil régional de La Réunion en 1998 et réélu en .
En 2000, il fonde l'Agence régionale de l'énergie de La Réunion (ARER) et lui assigne les missions d'accompagnement et de développement du concept d'autonomie énergétique à 100 % d'énergies renouvelables à l'horizon 2025 de l'île de La Réunion, comme réponse au changement climatique, et de diffuser cette démarche aux autres îles de la planète.
En 2002, il est nommé président de l'Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique en France métropolitaine et dans les départements et territoires d'outre-mer, l'ONERC. D'une façon générale, l'environnement devient une source de préoccupation importante de son action politique. Il soutient activement le développement des énergies renouvelables.
Il est de nouveau élu sénateur le . Alors qu'il annonce sa prochaine démission au profit de Gélita Hoarau[11], sénatrice PCR non réélue, le Parti socialiste le prie de conserver son mandat, du fait de l'étendue fragile de la nouvelle majorité issue du dernier scrutin sénatorial. En sa qualité de doyen d'âge du Sénat, il préside, le (à 86 ans), la séance d'élection du président du Sénat[12], exercice qu'il renouvelle le (à 89 ans) à la suite des élections sénatoriales de septembre.
Aux côtés d'autres sénateurs, il est l'initiateur, en , de la loi criminalisant les massacres d'octobre à Paris en 1961 ; la résolution fut adoptée le par 174 voix pour et 168 contre[réf. nécessaire].
Mort
Paul Vergès meurt au CHU de Bellepierre dans la commune de Saint-Denis de La Réunion dans la nuit du au [13]. Gélita Hoarau lui succède de nouveau au Sénat sur un siège renouvelable en septembre de l'année suivante[14].
Il est un des responsables politiques français qui détiennent le record de longévité dans des fonctions politiques ; il occupe en effet différents mandats après son élection comme conseiller général de La Réunion en 1955, totalisant 61 ans de vie politique à sa mort[15]. Jean-Marie Le Pen, élu député pour la première fois en 1956, lui succède alors.
↑Ian Hamel, « L'autre secret de Jacques Vergès », Le Point, (lire en ligne).
↑ a et bJacques Tillier, Une plume libre : De Mesrine à Sarkozy, souvenirs d’un journaliste pas comme les autres, Pygmalion, coll. « Documents et témoignages », , 422 p. (ISBN978-2-7564-0975-7, lire en ligne).
↑Hervé Schulz, « Le sénateur Paul Vergès, figure politique de La Réunion, meurt à 91 ans », Le Monde, (lire en ligne).