1er avril : un mouvement insurrectionnel paysan dirigé par Monja Jaona, leader du MONIMA, est déclenché dans le sud de Madagascar, dans la région de Tuléar. Il est brutalement réprimé par la gendarmerie[12].
8 avril : arrestation de Yoro Diakité, ministre de affaire étrangères du Mali et du capitaine Malik Diallo, commissaire à l’Information, accusés de complot. Jugés en juillet 1972 par la Cour de sûreté de l’État, ils sont condamnés aux travaux forcés dans les mines de sel de Taoudeni[13].
15 mai : la congrégation des Pères Blancs décide de se retirer du Mozambique, affichant par une lettre publique son désaccord avec les actes de répression commis au nom de la défense de la « civilisation chrétienne »[14].
7 juillet : Idi Amin Dada ferme la frontière entre l’Ouganda et la Tanzanie où s’est réfugié Milton Obote avec 1 000 soldats loyalistes, prétextant des infiltrations de la guérilla ; en août, Amin Dada accuse la Tanzanie de violer l’espace aérien ougandais. Le , il annonce que ses troupes se seraient heurtées à des unités tanzaniennes dans le sud du pays[17].
19 - 22 juillet : le général Nemeiry est chassé du pouvoir au Soudan par un coup d’État communiste mené par Hashem al Atta(en). Il reprend le pouvoir puis est plébiscité par un référendum en septembre. Chasse sanglante aux communistes au Soudan[20].
20 octobre : l’annonce de la destruction d’un camp militaire tanzanien par un avion de chasse ougandais, considéré par Idi Amin Dada comme une base du président Obote et de ses partisans, marque le début d’un conflit frontalier entre la Tanzanie et l’Ouganda. Les deux pays massent leurs troupes à la frontière. Le 25 novembre, la crise s’achève par la déclaration unilatérale du président tanzanien Nyerere de réduire ses troupes à la frontière[17].
7 janvier, Honduras : répondant aux appels pressant du patronat et des syndicats, les deux partis dominants (libéral et national) signent un accord politique d’union nationale, le pacto, scellant leur volonté de gouverner ensemble. Le régime d’union nationale issu des élections du 28 mars et présidé par Ramón Ernesto Cruz Uclés est de courte durée et n’engage aucune réforme[22].
22 janvier, Chili : la Société nationale d’agriculture (SNA) annonce l’expropriation de 250 propriétés agricoles[24]. Accélération de la réforme agraire lancée en 1967 : la plus grande propriété du pays (730 000 ha) est expropriée. En un an, l’Unité populaire exproprie autant que le gouvernement de Frei en six ans[25]. En janvier les premières banques et les premières industries (fabrique de ciment, mines de fer et de salpêtre) sont nationalisées[25].
10 juin : massacre du Corpus Christi au Mexique. Des dizaines de manifestants réclamant la fin de l’impunité et un pays plus démocratique sont tués dans une attaque d'un groupe paramilitaire[30].
24 juin, Pérou : création du Sistema nacional de apoyo a la movilización social. Le gouvernement révolutionnaire du Pérou cherche des appuis plus larges parmi les ouvriers et les paysans. Une loi de mobilisation sociale est votée et donne naissance à un Système national d’appui à la mobilisation sociale (SINAMOS), qui distribue des aides et encadre ou coopte les organisations populaires[31].
11 juillet, Chili : loi de nationalisation des mines de cuivre, décidée par le gouvernement de l’Unité populaire de [32]. L’État contrôle la quasi-totalité de l’industrie minière (dont le cuivre) et toutes les activités jugées stratégiques (métallurgie notamment).
6 septembre : évasion de 106 Tupamaros détenus dans la prison de Punta Carretas, en Uruguay, par un tunnel de 50 mètres creusé à partir d’une cellule. Par le décret 566/971 du 9 septembre, devant les violences redoublées des Tupamaros, l’armée intervient pour remettre de l’ordre[33].
19 - 21 août : coup d’État en Bolivie. Le colonel Hugo Banzer Suárez s’impose par la force pour huit ans[34]. Il lance une vague de répression contre la gauche, notamment dans les secteurs étudiants. Son objectif est de dépolitiser le corps social et de relancer l’économie. La stricte application du programme économique du FMI (suppression des prix subventionnés, dévaluation, etc.) provoque une hausse massive du coût de la vie. Devant la montée du mécontentement, le régime se durcit, réprimant violemment toutes les manifestations.
28 novembre : victoire du parti Colorado aux élections générales uruguayennes. Juan María Bordaberry est élu président[38]. L’élection présidentielle voit s’affronter six candidats du parti Colorado et trois du parti Blanco. Le système du double vote simultané, qui fait correspondre les élections primaires au sein des partis et l’élection présidentielle, permet au candidat des colorados arrivant en tête de l’emporter (le total des voix des colorados est supérieur à celui des blancos) alors que le candidat des blancos en tête a plus de voix que lui[25].
3 juillet : les élections législatives en Indonésie sont l’objet d’un strict contrôle et l’organisation gouvernementale Golkar (un secrétariat de groupes fonctionnels) obtient la plupart des sièges d’un Parlement au rôle purement consultatif[47].
5-7 août : création du forum du Pacifique Sud, sous-groupe de la Fondation de la Commission du Pacifique Sud, composé de seize membres[49]. Il traite de la protection des ressources marines surexploitées par les pêcheurs japonais et taïwanais, du réchauffement terrestre qui menace de submerger les atolls, de la décolonisation, de la création d’une zone dénucléarisée.
12 août : la Croix Rouge sud-coréenne propose la tenue d’une conférence humanitaire avec la Croix Rouge nord-coréenne pour réunir familles séparées par la guerre. Le 14 août, le président de la Croix-Rouge de Corée du Nord accepte, avec l’accord de son gouvernement. La première réunion des deux Croix-Rouges se tient à Panmunjom le 20 septembre[50].
13 septembre, Chine : mort du maréchal Lin Biao, ministre de la Défense nationale, après l’échec d’un coup d’État[51].
17 novembre : coup d’État en Thaïlande[54]. Le départ des troupes américaines d’Asie du Sud-Est a des effets défavorables sur l’économie thaïlandaise. La conjoncture favorise l’établissement d’un gouvernement militaire. Le général Thanom Kittikachorn abolit la Constitution et dissout le Parlement.
20 novembre : ouverture de négociations secrètes entre Corée du Sud et du Nord pour la réunification à l’occasion de la conférence des représentants des deux Croix-Rouges à Panmunjom[55] ; elles aboutissent à la déclaration conjointe du [56].
26-30 décembre : opération Deep Proud Alpha, offensive aérienne US d’envergure sur le nord Viêt Nam pour le contraindre à « négocier sérieusement » à la conférence de Paris[58].
Sous-continent indien
14 février : à la suite de la victoire de la Ligue Awami aux élections législatives, le général Yahya Khan, président du Pakistan, annonce que l’Assemblée constituante se réunira à Dacca le 3 mars pour préparer une nouvelle Constitution. Le 27 février, Zulfikar Ali Bhutto, dont le parti a remporté la majorité au Pakistan occidental, demande un report de cette réunion[59]. Le 1er mars Yahya Khan ajourne la réunion et remplace les gouverneurs civils des provinces par des « administrateurs de la loi martiale ». Dès le lendemain, un hartal (« arrêt de travail ») paralyse le Bengale[60].
16 mars : état d’urgence à Ceylan face au soulèvement armée du parti marxiste Janatha Vimukthi Peramuna (JVP)[62]. 450 personnes sont arrêtées, dont le chef du parti Rohana Wijeweera.
25 mars : Yahya Khan, président du Pakistan, déclenche une opération militaire d’une violence extrême pour neutraliser les étudiants de l’Université de Dacca et arrêter les dirigeants de la Ligue Awami[60].
5 avril : le Janatha Vimukthi Peramuna, un mouvement rural d’inspiration marxiste, commence une rébellion contre le gouvernement de Sirimavo Bandaranaike à Ceylan. 92 postes de police sont attaqués simultanément. L’Inde intervient pour sauver le gouvernement[63].
1er mai : le gouvernement ceylanais propose une amnistie temporaire aux rebelles du JVP ; 6 000 d’entre eux se rendent, et trois jours plus tard, le gouvernement lance une offensive majeure dans la jungle contre la rébellion. À la fin du mois de juin, les combats sont pratiquement terminés, seuls quelques récalcitrants tiennent jusqu’en septembre[63].
15 décembre : le général en chef des troupes du Pakistan oriental demande un cessez-le-feu à l’ONU et signe sa reddition[60]. Indépendance du Bangladesh. Islamabad lance toutefois plusieurs offensives dans le Cachemire, le Pendjab et le Rajasthan. Les Indiens contre-attaquent sans obtenir de résultats décisifs.
4 février : Sadate propose une réouverture du canal de Suez conditionnée par un retrait partiel des forces israéliennes[68]. Le projet, soutenu par les États-Unis, échoue sur la question de la démilitarisation du Sinaï et sur celle des frontières. Rogers, qui a soutenu ce plan, est définitivement écarté des affaires moyen-orientales.
9 février : restitution de terre à 800 propriétaires et indemnisation des propriétaires touchés par la réforme agraire de 1969 en Égypte[69].
2 mai, Égypte : destitution d’Ali Sabri, vice-président de la république pro-soviétique, à la suite de la découverte d’une conspiration visant à renverser Sadate[71].
15 mai : « Révolution du redressement » en Égypte. Sadate fait arrêter Ali Sabri et ses partisans, accusés de tentative de coup d’État[71].
27 mai : l’Union soviétique s’inquiète de l’élimination des éléments les plus à gauche, dont les militaires, par le régime égyptien. Une délégation de Moscou est reçue au Caire par Sadate et débouche sur un traité d’amitié et de coopération, assurant la poursuite des livraisons militaires à l’Égypte[71].
15 août : Richard Nixon annonce l’inconvertibilité du dollar en or[74]. Cette dévaluation masquée perturbe le marché pétrolier, où les ventes se font en dollars. Les pays producteurs demandent une nouvelle augmentation des prix.
11 septembre : une nouvelle Constitution est promulguée en Égypte. Elle réaffirme la place de l’islam dans le régime, comme religion d’État et source de législation. Sadate lance une vaste campagne d’amnistie des prisonniers politiques, se traduisant par la libération de nombreux opposants, dont les Frères musulmans. Il soutient la renaissance des organisations islamiques pour contrer les mouvements de gauche (socialiste et communiste)[71].
21 novembre : suicide de Ziad al-Husseini, chef du FPLP à Gaza. Pendant l’été, l’armée israélienne conduite par Ariel Sharon parvient à mettre fin à la résistance palestinienne dans la bande de Gaza. Une administration civile est établie, sous la direction d’un notable palestinien, Rashid Shawa, maire de Gaza à partir de septembre (fin le )[77].
7 février, Suisse : lors d’une votation (forme de referendum), 67,5 % des participants se prononcent pour accorder le droit de vote aux femmes[79]. C’est le seul pays au monde avec son voisin le Liechtenstein à établir ce droit par le vote du corps électoral masculin.
15-20 février, Espagne : l’assemblée ecclésiastique réunit à Madrid[82] critique ouvertement le régime comme antidémocratique et le caractère archaïque de sa protection de l’Église.
8 mars, Portugal : sabotage de la base militaire de Tancos organisé par l’ARA[83].
5 août : sanction royale de l’Industrial Relations Act, loi interdisant la pratique des grèves de solidarité et le monopole syndical d’embauche au Royaume-Uni. Une Cour des relations de travail est chargée d’appliquer le texte. Le TUC se mobilise[92] (24 millions de journées de grève en 1972).
9-11 août : opération Demetrius dans le conflit nord-irlandais. Trois cent quarante deux personnes sont interpellées en quelques heures à Belfast et bouclées dans des camps d’internement improvisés ; onze civils sont tués par l’armée britannique dans le quartier catholique de Ballymurphy, à Belfast[93].
Septembre-octobre : contestation ouvrière en Espagne[97]. Grèves dans les mines des Asturies (HUNOSA) et à la Seat de Barcelone où un ouvrier est tué par la police le 18 octobre[98].
7 novembre, Portugal : sabotage d’une base aérienne de l’OTAN à Fonte da Telha par les Brigades révolutionnaires, bras armé du parti révolutionnaire du prolétariat[99].
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