La Smithsonian Institution est une institution de recherche scientifique, créée sous l'égide de l'administration américaine en 1846. Elle a au fil des années développé ses vocations éditoriales, muséographiques, pédagogiques et éducatives. Elle est associée à un vaste complexe de dix-neuf musées et neuf centres de recherche, principalement situés à Washington, D.C., et gérée par son organisme fondateur, le gouvernement fédéral américain.
Un magazine mensuel, publié par l’institution, est également appelé Smithsonian.
Dans son testament ouvert en 1826, Smithson établit que si son neveu, Henry James Hungerford[2], venait à décéder sans avoir de descendants (ce qui fut le cas) sa fortune serait alors attribuée « aux États-Unis d'Amérique pour fonder, à Washington, sous le nom de The Smithsonian Institution, une institution pour l’accroissement et la diffusion du savoir pour tous les hommes [trad 1] ». À la mort de Hungerford en 1835, le président Andrew Jackson informe le Congrès de cette donation qui s’élève à 500 000 dollars, une somme alors colossale.
Par son testament de 1826, James Smithson lègue une fortune de 100 000 livres sterling à une éventuelle institution américaine qui se consacrerait à promouvoir la science. Son vœu, compromis par un procès entre le notaire et ses héritiers en ligne indirecte, ne se réalise que dans les années 1840 lorsque des membres du Congrès des États-Unis, initialement mal informés, se décident à s’enquérir de ce curieux legs. En 1846, un apport de l’État américain permet la création de la Smithsonian Institution. Les motivations de cette donation sont à ce jour inconnues : Smithson ne s’est en effet jamais rendu aux États-Unis et ne semble pas avoir entretenu de correspondance avec des scientifiques américains. On sait seulement qu’à Oxford, il fréquentait l’Ashmolean Museum et qu’ayant toujours porté intérêt aux idéaux de l’instruction publique et de la démocratie, il fut enthousiasmé par la création à Paris (où il était né) d’un « Muséum central des arts de la République » et d’un « Muséum national d'histoire naturelle ». Par la suite, il souhaita favoriser l’émergence d’une institution similaire en Amérique, pays neuf et encore dépourvu de grandes institutions de ce type[3].
Création
En 1843, le Congrès publie un acte signé comme loi le par le président James Knox Polk[4] établissant officiellement l'institution sous forme d’un partenariat entre privé et public.
Lorsqu’en 1842 l’expédition conduite par Charles Wilkes revient après quatre années de voyage dans le Pacifique Sud, l'institution acquiert l’ensemble des spécimens et des échantillons récoltés qui seront présentés au public à partir de 1858. Ainsi, elle se positionne comme la vitrine des plus grandes expéditions scientifiques et comme gardien des trésors nationaux. Cette image sera ensuite renforcée par différentes expéditions, notamment en Alaska en 1859.
En 1855, l'institution établit ses quartiers dans le Smithsonian Institution Building bâti sur le Mall par James Renwick, Jr. et son architecture spécifique l’a rapidement fait surnommer « Le Château » par ses occupants.
L’institution, selon la loi votée par le congrès, fait fonctionnellement et juridiquement partie du gouvernement fédéral et plus des deux tiers des 6 300 employés sont des fonctionnaires. En cas de procédure judiciaire, elle est représentée par des mandataires du département de la Justice et les éventuelles condamnations financières sont prises en charge par le trésor fédéral. Ainsi, l’institution est considérée légalement par les cours de justice comme faisant partie du gouvernement des États-Unis (en particulier, elle est soumise aux conditions du Tucker Act et du Federal Tort Claims Act et, en cas de litige sur le droit de copyright, l’affaire est jugée devant la United States Court of Federal Claims[5]).
Le responsable officiel de l’institution est nommé « chancelier » (litt. « Chancellor », terme employé pour désigner le responsable d'une université). Ce poste a toujours été occupé par le président de la Cour Suprême. Les affaires courantes sont gérées par un collège de 17 membres et les décisions sont prises par au minimum huit d'entre eux.
Huit des membres de ce bureau sont des personnalités officielles des États-Unis, à savoir :
Les neuf membres restants sont des personnes ne faisant pas partie du Congrès et sont nommés par résolution du Congrès. Tous les membres peuvent demander le remboursement de leurs frais liés à leur tâche, mais leur fonction n’est pas rémunérée. La gestion au jour le jour de l'institution est supervisée par un « secrétaire », salarié et choisi parmi les membres du bureau.
Liste des secrétaires de l’institution
Liste établie d'après les archives du Smithsonian[6].
La Smithsonian Institution était déjà impliquée dans un projet de surveillance collaboratif de la biodiversité[8] invitant chacun à en devenir partenaire[9].
Cette institution pourrait de 2009 à 2020 devenir le principal support d'un projet phare dit « Encyclopédie de la Vie » (« Encyclopedia of Life » ou EOL). Il s'agit d'une encyclopédie en ligne entièrement consacrée à la biodiversité et à la description de toutes les espèces connues aujourd'hui ou à découvrir dans les années à venir, qui fonctionnerait sur le modèle de Wikipédia, mais principalement organisée par des experts de toutes les disciplines.
Musées, galeries et centres de recherche
Comme indiqué plus haut, dix-neuf musées ou galeries sont directement liés à l’institution, regroupant plus de 142 millions d'objets et de spécimens. De plus, elle gère plusieurs centres de recherche et organise des expositions temporaires, ainsi que des conférences et d’autres évènements ponctuels. Enfin, l’institution partage ses trésors avec plus de 90 autres musées dans vingt-trois États différents[10].
Recherche de base sur l’écologie, le comportement et l’évolution des organismes tropicaux.
Dans la culture populaire
dans la série télévisée américaine Scandal (2012-2015), un laboratoire du Smithsonian est un des lieux de l'action, l'un des personnages principaux y ayant une couverture de paléontologue ;
« L'institut Jefferson », organisme fictif combinant musées et centres de recherche à Washington, incarne la Smithsonian Institution dans la série américaine Bones qui met en scène, tout au long de son déroulement, la collaboration entre le FBI et l'équipe d'un laboratoire de recherche de cet institut ;
dans le roman L'Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet et dans le film qui en a été tiré, le jeune héros envoie une de ses inventions à la Smithsonian Institution puis entreprend un voyage à travers les États-Unis pour s'y rendre, afin de recevoir un prix. Dans cette histoire, le fait que son travail soit validé par la Smithsonian Institution est un signe de reconnaissance scientifique de grande valeur ;
dans le livre de Dan Brown Le Symbole perdu une partie de l'intrigue se passe au cœur même du bâtiment de la Smithsonian Institution ;
une partie de l'intrigue du film de Shawn Levy, La Nuit au musée 2, se déroule dans les sous-sols et les musées du Smithsonian Institution. On y voit les objets et les tableaux des collections de l'Institut y prendre vie ;
dans le livre de James Rollins l'île interdite.
Notes et références
↑(en) « to the United States of America, to found at Washington, under the name of the Smithsonian Institution, an establishment for the increase and diffusion of knowledge among men. »
↑(en) O’Rourke v. Smithsonian Inst. Press, 399 F.3d 113 (2nd Cir. 2005), cert. denied, No. 04-1481, 2005 U.S. LEXIS 5550 (U.S. Oct. 3, 2005). Ce jugement précise que l'institution fait bien partie du gouvernement des États-Unis en ce qui concerne le droit du copyright. Le jugement résume également l'histoire de l'institution, la composition de son administration ainsi que ses relations avec d’autres agences gouvernementales.
Nina Burleigh, Stranger and the Statesman: James Smithson, John Quincy Adams, and the Making of America's Greatest Museum, The Smithsonian, éd. William Morrow, 2003 (ISBN0-0600-0241-7)