Bafoussam, ou Fussep en langue locale, est une ville du Cameroun, chef-lieu du département de la Mifi et de la région de l'Ouest.
Elle a le statut de Communauté urbaine depuis 2008, constituée de trois communes d'arrondissement[1].
Agglomération la plus importante du pays Bamiléké, elle est l'une des dix villes du Cameroun les plus peuplées, à la fois ville et village du peuple du même nom.
Géographie
La ville de Bafoussam est située sur le plateau bamiléké à 1 420 m d'altitude et 5° 28′ de latitude Nord, elle s'étend au pied et sur les pentes de la colline de Banengo et au sud du massif gneissique de Baleng-Bapi. Elle est drainée au sud par la rivière Mlem affluent de la Mifi-Sud et desservie par la route nationale 4 à 294 km au nord de la capitale Yaoundé.
Source : Tableau climatique de Bafoussam (en °C et mm, moyennes mensuelles)fr.climate-data.org
Environnement et pollution
Le circuit des déchets du point de production à la mise en décharge, y compris les points de collecte et de transport, traduit plusieurs formes d’inégalités liées à l’accès au service de propreté urbaine, aux activités de collecte, mais aussi à l’exposition de certains groupes de citadins à la pollution de la décharge municipale[2].
Histoire
L'histoire du Royaume Bafoussam est complexe et tumultueuse. Il faut remonter au Royaume Tikar qui constitue le centre de dispersion des royaumes Bamilékés[réf. nécessaire].
Naissance du royaume Bafoussam
On devrait situer la naissance du Royaume Bafoussam à la même période que celle du Sultanat Bamoun[réf. nécessaire]. Il est communément admis que le Roi Yendé Ier et le Nfon Nchare avaient tous pour géniteur un Grand Roi Tikar. Déchu par les invasions musulmanes qui ont sévi dans l'Afrique centrale et occidentale de la fin du Moyen Âge, la grande dynastie des Rois Tikar a dû laisser la place au développement des Lamidats dont celui de Yola était et demeure le plus puissant.
Le groupement Bafoussam est le premier groupement bamiléké né après la division du peuple bamiléké au XIVe siècle dans la région Tikar[réf. nécessaire]. Après Bafoussam, vint le groupement Bamoun, dont le fondateur, Ncharé, est le cadet de Yendé 1er, fondateur de Bafoussam. Les Bamiléké sont un peuple nilo-égyptien atypique, parti de Nubie au IXe siècle de notre ère[réf. nécessaire].
Chefs notables de Bafoussam
La dynastie Bafoussam a connu plusieurs dizaines de chefs depuis les années 1360, les plus notables étant Yendé 1er, Sa'guep I et II, et Taghe (dont le règne dura plus d'un siècle)[3].
Le 10 juillet 1959, cinq chefs rebelles sont fusillés sur la place du marché[4].
Sur le trône depuis le [5] à la suite de la mort de son père Ngompé Tchoumtchoua Elie, Njitack Ngompé Pélé est le 97e chef du village Bafoussam.
Il est né à Bafoussam le ; il accède au trône le 10 décembre 1988 comme 97e roi[7]. Après neuf semaines passées au Laakam (moment d'initiation), il est intronisé roi des Fussep le au cours d'une cérémonie officielle en présence des différentes autorités administratives, traditionnelles et religieuses ainsi que tout le peuple Bafoussam.
Avant lui, plusieurs chefs se sont succédé à l'instar de : Ta’a Teh-Ngouong, Tagheu, Mambou, Tchomtchoua...
Population
L'évolution démographique est relevée par l'Orstom[8] puis par les recensements de la population[9]. Lors du recensement de 2005 (RGPH3) – soit avant la création de la communauté urbaine de Bafoussam en 2008 –, la population de Bafoussam était la suivante[10] :
Bafoussam Ier : 98 339 habitants dont 81 611 pour Bafoussam Ier Ville
Bafoussam IIe : 121 282 habitants dont 99 524 pour Bafoussam IIe Ville
Bafoussam IIIe : 81 835 habitants dont 58 152 pour Bafoussam IIIe Ville
Évolution démographique
1962
1967
1970
1976
1987
2005
2008
20 000
36 000
42 000
62 100
113 000
242 000
347 517
Langue
Le Bafoussam est la langue parlée par le peuple Bafoussam[11],[12].
Bafoussam est instaurée en 1925 comme chef-lieu de subdivision par l'administration coloniale du Cameroun français[13]. La subdivision de Bafoussam est instaurée en mai 1931 dans la circonscription de Dschang[14]. Le département de Bafoussam fut créé par la loi n° 60/70 du 30 novembre 1960. Il reçut ensuite le 3 février 1961 (décret n°61-8) le nom de département Mifi. Progressivement l'usage le transformera en département de la Mifi[15].
Cependant, il convient de noter que la Communauté Urbaine de Bafoussam (Ville de Bafoussam)[16] a vu le jour à partir du décret présidentiel n°2008/022 du 17 janvier 2008.
Comme stipulé à l'article 2 (alinéa 1) de ce décret, la Communauté Urbaine de Bafoussam est composée de 3 communes, à savoir :
La commune de Bafoussam 1er (Commune d'arrondissement de Bafoussam 1er) - siège : Bafoussam
Les maires se succèdent depuis la création de la commune, de 2007 à 2020 la communauté urbaine est dirigée par un délégué du gouvernement nommé par décret présidentiel, depuis 2020, le maire est élu par les conseillers municipaux des trois communes d'arrondissement[20].
La ville de Bafoussam devient en 1996 une commune urbaine à statut spécial dirigée un délégué du gouvernement. En 2008, elle est érigée en communauté urbaine constituée de trois communes d'arrondissement[21].
La cathédrale Saint Joseph de Baleng située dans le quartier Tyo est le siège du diocèsecatholique de Bafoussam érigé en 1970 par démembrement du diocèse de Nkongsamba, il s'étend sur la région Ouest du pays. Avec la paroisse cathédrale, la doyenné catholique de Bafoussam s'étend sur 11 paroisses : Saint Damien de Lafé, Saint Patrick de la Maétur, Marie Reine des Apôtres des Kamkop, Saint François-Xavier de Koptchou, Saint Jean l'évangéliste de Tougang II, Saint Fidèle de Tyo Baleng, Sainte Cécile de Kouogouo, Sainte Trinité de Tougang, Saint Charles Lwanga de Ngouache et Secteur de Tocket. Les paroisses protestantes EEC de Tamdja, Centenaire de la Mifi, Bamendzi A, Kougouo, Socada, Tocket relèvent de la région synodale de la Mifi de l'Église évangélique du Cameroun.
Islam
Le culte musulman est représenté par plusieurs mosquées, dont la mosquée centrale de Bafoussam, et les mosquées de Aladji Dangana, Ahlis Sounna, Ahlous Sounati Wal Djama'a, Camp Oignons, Ndiandam, Stade, Cheick Ali, elles accueillent notamment la communauté bamoun de la Mifi[24].
Peuple assez organisé et dynamique à l'instar de son chef Njitack Ngompé Pélé, le peuple Fussep (Bafoussam) est doté d'une constitution[25]qui instruit tout Bafoussam dans sa vie au quotidien.
On y retrouve par exemple :
Au nombre de huit, les jours de la semaine ont chacun une signification particulière, une origine.
Lecfo'o
Shienku'u
Ndze Dze
Tamdze
Seinchou
Gossaha
Dzemteh
Dza'à Long
Les différentes réunions secrètes se tenant ces jours. Elles ont pour objectifs généraux : jugement des litiges ou palabres, débats sur les us et coutumes, réflexion sur la vie du village, le fonctionnement, la gestion des affaires courantes... on peut citer :
Leck fefe, Ngne Pofo
Leck-Dze'e, Leck Kwemtong
Leck-Tsep, Leck Dzing
Leck fefeh
Leck siem
Leck Houbem
Leck Méédjouong
Packhekieng
Leck Koumdze
Koumlah
Leck-Koussi (Kam & Quie)
...
On y retrouve aussi, les différents jours de marché (saisonnier chez les Bafoussam), les différentes activités pratiquées, les activités interdites suivant les différents de la semaine...
Le peuple Bafoussam se démarque par une multitude de danses ayant chacune une signification et une importance particulière ; voici quelques-unes :
Pack Medjouong (danse guerrière)
Il s'agit d'une caste de société secrète représentée par des jeunes fils fussep. Autrefois, elle était réservée aux soldats ou guerriers du groupement bafoussam. De nos jours, le Medjouong est dansé par les acteurs du développement et qui ont à charge certaines activités communautaires pour le village. La particularité de cette danse est qu'au cours de son expression, les acteurs, au rythme des sons de tam-tam, brandissent des cornes d'animaux en guise de trophée de guerre.
Kwemtong (danse de la fraternité)
Cette caste regroupe des jeunes danseurs de deux groupements notamment les Bafoussam et les Baleng. Ceux-ci se meuvent au rythme des sons de tam-tam pour célébrer la fraternité et l'amour car selon l'histoire, ils étaient à l'origine un seul et même peuple.
Koumdze (danse de la noblesse)
Elle est également connue sous le nom de Kabem et n'est réservée qu'aux hommes nobles de la communauté fussep. Ces derniers se différencient alors des autres danseurs par les tenues qu'ils arborent ; il s'agit souvent des peaux d'animaux comme la panthère... Les danses exécutent ici une danse mythique et symbolique passant par là-même des messages à leurs ancêtres.
Tah Khoum
Cette danse est exécuté par un seul danseur de la caste de la société sécrète. Elle traduit l'unité dans la diversité de la culture Fussep.
Koussi
Il s'agit d'une danse typique réservée aux fondateurs du royaume Fussep.
Stanley Enow, artiste musicien ayant vécu a Bafoussam.
Notes et références
↑Décret no 2008/025 du 17 janvier 2008 portant création de la communauté urbaine de Bafoussam, in Cameroon Tribune, no 9018 du vendredi 18 janvier 2008, p. 5
↑Keh Ngouong Fussep : La constitution de Bafoussam » de Sa majesté Njitack Ngompé Pelé, (ISBN9956-412-09-0), Édition COGNITO, septembre 2008 [extraits en ligne]
↑Recensements de la population du Cameroun en 1976, 1987, 2005
↑Troisième recensement général de la population et de l'habitat (3e RGPH, 2005), Bureau central des recensements et des études de population du Cameroun (BUCREP), 2010.
↑Parlons Bamiléké, langue et culture de Bafoussam de Dieudonné Toukam, (ISBN978-2-296-07441-5)
↑Parlons bamiléké. Langue et culture de Bafoussam Par Dieudonné Toukam, [1]
↑Keh Ngouong Fussep : La constitution de Bafoussam » de Sa majesté Njitack Ngompé Pelé, (ISBN9956-412-09-0), Édition COGNITO, septembre 2008 extraits en ligne
Goustan Le Bayon, Les Prêtres du Sacré-Cœur et la naissance de l'Église au Cameroun : Kumbo, Foumban, Nkongsamba, Bafoussam, Procure des Missions SCJ, Paris, 1988, 156 p. + pl.
Anne Lebel (et Emmanuelle Pontié), « Bafoussam », in Le Cameroun aujourd'hui, Éditions du Jaguar, Paris, 2011, p. 107-111 (ISBN978-2-86950-464-6)
Dieudonné Toukam, Parlons bamiléké : langue et culture de Bafoussam, l'Harmattan, Paris, 2008, 255 p. (ISBN978-2-296-07441-5)