Il commence sa vie professionnelle dans un cabinet international d'audit. Il crée son cabinet d'expert-comptable, Jean Arthuis & Associés en 1971, année où il est élu maire de Château-Gontier. Il est élu conseiller général en 1976 et devient vice-président du conseil général de la Mayenne en 1982, puis sénateur en 1983.
1986-1988 : ministre du gouvernement Chirac
Jean Arthuis, alors sénateur de la Mayenne, est nommé secrétaire d'État auprès du ministre des affaires sociales et de l'emploi le du second gouvernement Chirac. C'est le principal rédacteur des ordonnances d'octobre 1986 relatives à l'intéressement et à la participation des salariés aux résultats de l'entreprise.
De à , il est secrétaire d'État chargé de la Consommation et de la Concurrence.
1995-1997 : ministre de l'Économie et des Finances
Rapporteur général du budget au Sénat de 1992 à 1995, Jean Arthuis est nommé à la tête du nouveau ministère du Développement économique et du plan le [2].
Il est nommé ministre de l'Économie, des Finances et du Plan le [3].
Le fait marquant de l'action ministérielle de Jean Arthuis, en tant que ministre de l'Économie, des Finances et du Plan puis ministre de l'Économie et des Finances de 1995 à 1997, est la préparation du passage à la monnaie unique européenne. L'euro devient la devise officielle de l'Union européenne et la monnaie unique des États membres le . Du au , une période transitoire est envisagée durant laquelle le franc demeure la monnaie de compte pour une grande partie des opérations. Cette période correspond au passage des marchés financiers à l'euro. Jean Arthuis participe, avec ses homologues européens, à la constitution d'un pacte de stabilité budgétaire qui a pour objectif d'éviter les déficits publics excessifs et à terme d'équilibrer les comptes publics de chaque État membre. Le , lors du conseil européen qui se tient à Dublin[4], un accord décisif est trouvé entre les quinze ministres des finances concernant le Pacte de stabilité et de croissance. Le 13 et le , Jean Arthuis crée le comité national de l'euro, chargé de conduire la concertation et la coordination des initiatives sur ces questions[5].
En , Jean Arthuis présente un plan de communication national sur six ans à destination du grand public, des professionnels et des entreprises. L'objectif est à la fois de sensibiliser les Français sur le passage à l'euro et les préparer au mieux. Le plan prévoit par exemple le double affichage des prix de à . L'ensemble des opérateurs économiques sont invités à mettre en place des mécanismes de double affichage des prix sur les produits, les services, les factures, les bulletins de paye ou les relevés de comptes.
2007-2014 : volonté de rassembler le centre
Soutien de François Bayrou à l'élection présidentielle de 2007
Lors de la campagne présidentielle de 2007, il élabore, avec l'économiste Christian Saint-Étienne et le député Charles de Courson, le programme économique de François Bayrou. Il envisage notamment la mise en place d'une TVA sociale afin de réduire les délocalisations d'entreprises en réduisant le coût du travail. Au second tour de l'élection présidentielle, il annonce publiquement son soutien à Nicolas Sarkozy. Il déclare par la suite vouloir rester à l'UDF et ne rejoindre ni le Mouvement démocrate (MoDem), nouveau parti fondé par François Bayrou, ni le Nouveau Centre[réf. nécessaire]. Il rejoint finalement le bureau exécutif du MoDem mais garde une ligne très critique envers la stratégie de François Bayrou, estimant en particulier que les mauvais résultats du parti aux élections municipales de 2008 montrent « l'échec de la stratégie d'autonomie ». Partisan d'une alliance claire à droite, il estime que « les seules élections de membres du MoDem sont le fruit d'alliances avec des formations de droite[6] ».
Départ du Modem et fondation de l'Alliance centriste
Début , Jean Arthuis annonce son départ du MoDem, considérant que le parti de François Bayrou a échoué dans sa stratégie d'autonomie et rappelant que l'UDF « n'est pas morte[7] », tout en ajoutant que bon nombre de sénateurs du groupe Union centriste-UDF sont de son avis. Il rejette malgré tout l'idée de rejoindre le Nouveau Centre ou l'Union pour un mouvement populaire. Il souhaite donc à ce titre — dans une démarche dont la réussite semble peu probable[8] — « faire revivre » l'ancien parti de Valéry Giscard d'Estaing : il obtient la réunion du comité directeur de l'UDF, qui visait en effet à décider si le MoDem était autorisé à utiliser le siège de l'UDF. Cependant, il est désavoué par un vote sans appel en faveur de François Bayrou[9].
Président de la commission des Finances, du Contrôle budgétaire et des Comptes économiques de la Nation du Sénat à partir de 2002, il fonde, en , Rassembler les centristes, association politique visant à regrouper les centristes attachés à l'ancienne UDF et qui ne se retrouvent ni dans le MoDem, ni dans le Nouveau Centre[10]. Le , cette association se transforme en parti politique, l'Alliance centriste, dont il devient le président. Pour Jean Arthuis, le centre doit présenter un candidat indépendant à l'élection présidentielle de 2012, via des primaires auxquelles il envisage de participer[11].
À la présidentielle de il fait campagne pour François Bayrou au premier tour et appelle à voter Nicolas Sarkozy au second tour. Aux législatives de , l'Alliance centriste, qu'il dirige, présente 55 candidats[12].
2014-2019 : député européen et président de la commission des budgets
En mai 2014, Jean Arthuis est nommé tête de liste UDI-Modem pour les élections européennes 2014 dans la circonscription du grand Ouest de la France. Il y réalise un score de 12,29 %, le meilleur de cette liste en France.
Le , il démissionne de son poste de président du conseil général de la Mayenne ; il y est remplacé le par Olivier Richefou, mais garde son mandat de conseiller général du canton de Château-Gontier-Ouest.
Le , il annonce sa candidature à la présidence de l'UDI, entendant « préparer la fusion des composantes » du parti centriste[16]. Il renonce à sa candidature dix jours plus tard, à la suite de son élection à la tête de la commission des budgets du Parlement européen[17].
Au congrès de l'Alliance centriste de , il annonce sa candidature à la primaire de la droite et du centre pour l'élection présidentielle de 2017. Il soutient finalement Emmanuel Macron à partir de l'automne 2016[18]. Cela conduit à l'exclusion de l'Alliance centriste de l'UDI. Il déclare à cette occasion : « La réalité aujourd’hui, c'est qu'Emmanuel Macron porte aujourd'hui toutes les valeurs traditionnellement défendues par les centristes[19]. »
Il devient membre du conseil de La République en marche le [20]. Il est membre du comité de pilotage du parti pour en définir la stratégie en vue des élections européennes[21]. Il annonce en 2019 ne pas être candidat à sa réélection[22].
2020 : retraite politique et rôle de conseil
En 2020, il est nommé président de la commission sur l'avenir des finances publiques[23], chargée notamment de faire des propositions au gouvernement sur la gestion du surcroît de dette publique occasionné par la réponse à la Covid-19 et ses conséquences économiques ainsi que sur les scénarios permettant un retour à l'équilibre des comptes et, partant, une baisse de la dette publique[24].
2020 : création d'Euro App Mobility pour la mobilité longue européenne des apprentis
Pendant son mandat au Parlement européen, Jean Arthuis s’attache à réévaluer les crédits du programme Erasmus+[25]. Entre 2014 et 2019, l’enveloppe annuelle passe de 1,4 milliard d’euros à 3 Mds [26].
Ayant constaté que les apprentis, lorsqu’ils partent à l’étranger, sont cantonnés dans des séjours limités à quelques semaines, il fait voter un projet pilote « Long term mobility for apprentices »[27] en vue d’identifier et d’évaluer les freins à la mobilité longue pendant leur formation. Pour lui, le couplage « apprentissage » et « ouverture internationale » porte les jeunes vers l’excellence et développe la compétitivité économique.
En , au lendemain de l’élection d’Emmanuel Macron à la Présidence de la République, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, le charge d’une mission pour lever les obstacles à la mobilité des apprentis en Europe [28]. Il formule des propositions dans un rapport rendu public en [29].
Cette association, soutenue financièrement par le Ministère du Travail, a pour mission d’accompagner les acteurs de la formation professionnelle désireux de promouvoir la mobilité dans la formation professionnelle. Jean Arthuis souhaite contribuer à l’avènement d’un « Espace européen de l’apprentissage », dans la lignée de l’« Espace européen de l’enseignement supérieur »[33]. La démocratisation d’Erasmus est en marche.
Jean Arthuis annonce à l'occasion des Assises la création d'un think tank du centre[35], présidé par Jean-Louis Bourlanges, ancien député européen. Pour le dirigeant centriste, la famille centriste existe par ses valeurs et ses idées, même si aujourd'hui elle est alors dispersée entre différentes chapelles, principalement le Nouveau Centre, le Mouvement démocrate, l'Alliance centriste et le Mouvement radical. Il insiste sur la nécessité pour le centre de reprendre sa place sur l'échiquier politique afin de devenir une véritable force indépendante alternative.
Économie et politique sociale
La fiscalité au cœur du pacte républicain
Le contexte économique et social engendré par la crise financière ayant débuté en 2007 sonne pour le président de l'Alliance Centriste « la fin de l’illusionnisme collectif ». Jean Arthuis prône un retour au « réalisme politique » et à un « discours de vérité ». Il estime que la situation alarmante des comptes publics, et des régimes de retraite en particulier, exige comme dans les autres États de l’OCDE des efforts importants de la part de la communauté nationale dans les prochaines années[36].
Jean Arthuis propose un nouveau pacte républicain fondé sur une nouvelle fiscalité et sur une « plus grande solidarité intergénérationnelle ». Selon lui il est indispensable de réformer profondément le système fiscal français qu’il considère comme « excessivement complexe et illisible ». Cette réforme passe par plusieurs mesures dont :
La suppression du bouclier fiscal et de l’impôt sur la fortune (ISF) : le bouclier fiscal, instauré par le gouvernement de Dominique de Villepin (loi de finances 2006), est pour lui « une mauvaise réponse à un mauvais impôt, l'ISF ».
Une révision des tranches d'imposition avec l'instauration d'une tranche supplémentaire à 45 %[37].
La fin des dépenses fiscales : Jean Arthuis critique fermement les dépenses fiscales du gouvernement utilisées par les ministres à court de crédits budgétaires pour développer leurs actions. Pour l'ancien ministre de l'économie et des finances, ces dépenses mettent en péril l'équilibre des budgets à venir[38].
La suppression des niches fiscales : Jean Arthuis affirme que les niches fiscales représentent un manque à gagner pour l'État de 75 milliards d'euros. Elles sont, pour lui, au cœur du délitement du pacte républicain, développant en France « une culture de la combine fiscale »[39], ne profitant qu’à certaines catégories sociales[40].
Pour Jean Arthuis, l'élite française rencontre quelques difficultés à dépasser certains dogmes et tabous. Il critique le fait de penser qu’il existe deux catégories d’impôts, ceux payés par les entreprises et ceux payés par les ménages. Jean Arthuis affirme qu’il n’existe qu’un seul impôt, et qu’il est payé par les ménages, car toute taxe sur les entreprises est toujours reportée dans le prix de leurs produits. Jean Arthuis s'oppose à ce qu'il appelle « les dogmes consuméristes ou financiers » : une politique économique fondée exclusivement sur la consommation, un système fiscal qui engendre les délocalisations ou encore la financiarisation de l’économie[39].
Compétitivité des entreprises et TVA sociale
Pour relancer l'économie française dans un contexte de mondialisation et tenter de mettre fin aux délocalisations à l'étranger, Jean Arthuis propose d'alléger les charges qui pèsent sur le travail et la production. Pour atteindre cet objectif, Jean Arthuis propose un nouveau mode de financement des branches santé et famille de la Sécurité sociale, aujourd'hui financées par des cotisations assises sur le salaire. Il préconise l’allégement de ces cotisations et leur remplacement par moins d’impôt sur le revenu[réf. nécessaire] mais surtout un impôt de consommation, connu sous le nom de TVA sociale. Jean Arthuis estime que le système fiscal ne peut plus perpétuer de tels prélèvements sur les entreprises qui ont pour effet d'organiser la délocalisation des activités et la destruction des emplois[41]. La TVA sociale est un vieux cheval de bataille politique de Jean Arthuis[42]. Il se prononce aussi en faveur de l’abrogation des 35 heures qui sont à ses yeux « une usine à gaz » et critique les mesures prises concernant les « exonérations sur les heures supplémentaires ».
Sur la réforme des retraites
Jean Arthuis juge le système français de retraites « profondément inégalitaire ». Il souhaite la fusion de tous les régimes de retraite au sein d'un régime unique et l'instauration d'un régime de retraite à la carte et par points ou en comptes notionnels[43],[44] nécessaire à la sauvegarde du système de retraite par répartition. Défavorable à l'égard de la réforme des retraites[45] proposé par le gouvernement, il a déposé un amendement avec la coalition centriste[46] contre le projet de loi. « Le gouvernement est obligé de reconnaître que sa réforme est une réforme de colmatage et ne répond pas à l'exigence de mettre les Français à égalité devant la retraite »[47],[48], estime-t-il. L'amendement proposé par Arthuis avait vocation d'inscrire une « réforme systémique » du régime des retraites[49]. Toutefois, il se félicite des quelques progrès apportés par le gouvernement depuis l'amendement : « Ce qui a été voté était inespéré il y a trois semaines. Fin septembre, le gouvernement ne voulait pas entendre parler de l'évocation d'une réforme systémique, parce que c'était reconnaître les faiblesses de sa propre réforme. »[50] Il a finalement voté par pragmatisme en faveur de la réforme[51] bien qu'il ait critiqué, dans plusieurs communiqués et tribunes, la réforme des retraites, estimant que « le compte n'y est pas »[52] ou « pas à la hauteur des enjeux »[53].
Créateur des maisons d'assistantes maternelles[55]
En 2005, président du conseil général, à la demande de plusieurs assistantes maternelles du département de la Mayenne, Jean Arthuis autorise une expérimentation permettant à plusieurs assistantes maternelles d’accueillir en un lieu unique, hors de leur domicile, les jeunes enfants qui leur sont confiés. En 2010, il fait voter au Sénat une proposition de loi[56] légalisant les maisons d’assistantes maternelles. Elles n’ont pas tardé à se multiplier sur le territoire national, apportant une réponse aux attentes des familles au même titre que les crèches, et répondant aux souhaits des assistantes maternelles.
Relations internationales et communautaires
Vers un fédéralisme européen
Jean Arthuis s'est prononcé en faveur d'une Europe fédérale le . Interpellé à plusieurs reprises par les médias nationaux sur la crise grecque et les dysfonctionnements de la gouvernance européenne, le non-respect du Pacte de stabilité et de croissance et la situation économique et sociale des États membres, Jean Arthuis a affirmé la nécessité de créer une autorité politique européenne forte. L'euro ne peut pas, selon lui, rester une monnaie orpheline d’État. L'Europe doit pouvoir agir politiquement sur la scène internationale d'une seule voix. Elle a besoin d'une gouvernance économique pour contrôler les dépenses publiques des membres, réaliser et coordonner des plans de relance. Cette étape, vers plus de fédéralisme, passe par des réformes structurelles, dont « l'harmonisation de la fiscalité et des mesures pour l’emploi ».
« Cette crise doit être un électrochoc pour faire avancer l’Europe, afin qu’elle tende vers son pouvoir politique auquel elle avait renoncé jusqu’à présent »[57].
- : secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires sociales et de l'Emploi
- : secrétaire d'État auprès du ministre d'État, ministre de l'Économie, des Finances et de la Privatisation, chargé de la Consommation et de la Concurrence
- : secrétaire d’État auprès du ministre d'État, ministre de l'Économie, des Finances et de la Privatisation, chargé de la Consommation, de la Concurrence et de la Participation
↑« Résolution du congrès extraordinaire de l'UDF » (adoptée à l'unanimité moins 36 voix contre, moins 4 abstentions lors du congrès de l'UDF du ) : « L'UDF, formation politique au titre de l'article 4 de la Constitution, est membre fondateur du Mouvement démocrate auquel elle adhère, pour une période transitoire de trois ans, en tant que personne morale. À dater du , tout adhérent de l'UDF est adhérent du Mouvement démocrate. L'UDF délègue aux instances du Mouvement démocrate la responsabilité de l'action et de l'expression communes. Les autres instances nationales et locales de l'UDF s'intègrent aux instances correspondantes du Mouvement démocrate. Pendant cette période transitoire, les intérêts juridiques, matériels et moraux de l'UDF seront garantis et administrés par un bureau de vingt à trente membres désignés par le Congrès, sur proposition du président dont le mandat est prorogé. »
↑Cela n'aurait été possible qu'avec un vote favorable de la majorité absolue du bureau exécutif de l'UDF, constitué par François Bayrou, qui est toujours le président actuel de l'UDF.
↑Une partie du MoDem se rapproche du Nouveau Centre, Laurent de Boissieu, La Croix, 8 avril 2008, page 8