Représentant « l'image même des grands ingénieurs à la française», selon Valéry Giscard d'Estaing qui avait pensé à lui comme Premier ministre en cas de réélection en 1981[2], il a joué, par ses différentes fonctions, un rôle déterminant dans la mise au point des moyens nucléaires militaires et civils français[3].
André Giraud est le fils de René Casimir Giraud (1893-1978), maître d'internat de lycée, originaire de Digne-les-Bains, et de Marie Thérèse Julie Marguerite Gamet (1896-1985), employée des Postes Télégraphes et Téléphone, originaire de Dax.
Marié avec Claudine Mathurin-Edme en 1949, il est père de trois enfants : François, Christophe et Sophie[4].
Il mène jusqu'en 1978 une carrière de haut fonctionnaire au ministère de l'Industrie et dans les entreprises nationales, notamment des secteurs énergétiques pétroliers et nucléaires.
Il est successivement directeur général adjoint de l'Institut français du pétrole de 1958 à 1964, directeur des carburants au ministère de l'Industrie de 1964 à 1969, vice-président de la Régie Renault de 1965 à 1971, administrateur général délégué du gouvernement auprès du Commissariat à l'Énergie atomique (CEA) ainsi qu'administrateur d'EDF de 1970 à 1978 et président de la Compagnie générale des matières nucléaires (Cogema) de 1976 à 1978. Il participe ainsi au développement de l'industrie nucléaire, choix stratégique de la politique énergétique française à partir des années 1970, menant notamment une action pour limiter la dépendance à l'égard des États-Unis sur les matières premières nucléaires et afin de mettre sur pied le cycle complet de l’uranium : le minerai extrait par la Cogema (en particulier au Niger et au Gabon), l’uranium enrichi pour les centrales nucléaires, le retraitement du combustible usagé et l’extraction du plutonium, la mise au point d’une nouvelle génération de réacteurs surrégénérateurs à neutrons rapides (le Superphénix), prétendant étendre ainsi de façon quasi illimitée l’utilisation de l’uranium disponible[9]. En 1966, il couvre les deux directeurs (Berthelet et Delapalme), responsables par négligence de la catastrophe de Feyzin, mais pas leurs subordonnés.
Il préside le conseil d'administration de Polytechnique de 1974 à 1978, lors du déménagement de cette école de Paris à Palaiseau.
Il retrouve un portefeuille ministériel après le retour au pouvoir de la droite aux élections législatives du grâce à la demande conjointe de François Léotard et d'Édouard Balladur[10]. Il devient ainsi ministre de la Défense du au , dans le gouvernement de la première cohabitation formé par Jacques Chirac. Son choix s'est fait conjointement par le Premier ministre et le président François Mitterrand, étant jugé modéré et au-dessus de la mêlée par les deux parties. Il rencontre le chef de l'État, commandant en chef des forces armées et qui entend conserver la défense dans son « domaine réservé », de manière hebdomadaire, et les deux hommes travaillent en bonne intelligence car partageant les mêmes options stratégiques, notamment en matière de dissuasion nucléaire[11]. Durant son passage à l'hôtel de Brienne, Le Triomphant (premier d'une nouvelle classe de sous-marins nucléaires lanceurs d'engins prévue pour remplacer celle Le Redoutable) est mis sur cale le (pour un lancement en 1994 et une mise en service en 1997), ou encore le début de la construction du porte-avions à propulsion nucléaireCharles de Gaulle (pour remplacer le Clemenceau, datant de 1961, et son sister-ship le Foch, armé en 1983) avec la pose de la quille le (il avait été commandé peu de temps après la prise de fonction d'André Giraud, le , avec pour nom de code à l'époque Richelieu, il est lancé en 1994 et armé en 2000). Il prépare et fait adopter en 1987 la loi de programme relative à l'équipement militaire pour les années 1987-1991. En déplacement dans la Marne en , il qualifie de « blague ridicule » l'affaire des disparus de Mourmelon[12],[13],[14]. Il crée également le Conseil général de l'armement, en 1988.
Durant la campagne pour l'élection présidentielle des et , André Giraud soutient activement la candidature de Raymond Barre. Celui-ci se place en troisième position au premier tour, et ne se qualifie donc pas pour le second, arrivant derrière François Mitterrand (finalement réélu) et Jacques Chirac.
Dernières années
Retiré du devant de la scène politique, André Giraud reste néanmoins après 1988 un expert sollicité sur les questions stratégiques. Consultant de plusieurs grandes entreprises, dont Saint-Gobain, il fonde en 1991 sa propre société, la Compagnie générale d'innovation et de développement (Cogidev). En 1994, il signe une tribune dans le quotidien Le Figaro dans laquelle il appelle le successeur de François Mitterrand, qui doit être élu l'année suivante, quel qu'il soit, à reprendre les essais nucléaires, arrêtés depuis 1991. Il s'agit de sa dernière intervention publique. Il sera écouté, puisque l'une des premières mesures décidées par le nouveau président élu en 1995, Jacques Chirac, est de lancer la dernière campagne française d'essais militaires souterrains à Moruroa et Fangataufa entre et . En janvier 1994 il prend la tête du Conseil scientifique de la défense, succédant à Hubert Curien. Il s'installe ainsi à un poste qu'il avait lui-même créé en 1986, alors qu'il était membre du gouvernement de Jacques Chirac. André Giraud décède le , à l'âge de 72 ans[11]. Il habitait au 60, avenue Marceau. Il est inhumé au cimetière de Levallois-Perret.
↑ a et bOuvrir la « Page d’accueil », sur le site de la bibliothèque de l’École polytechnique, Palaiseau (consulté le ), sélectionner l’onglet « Catalogues de la BCX → Famille polytechnicienne », effectuer la recherche sur « André Giraud », résultat obtenu : « Giraud, André Louis Yves (X 1944) ».