Longtemps député du Morbihan et maire de Carnac, il est membre du gouvernement sans interruption de 1972 à 1981, notamment comme ministre de l'Intérieur à partir de 1977. Il est ensuite sénateur jusqu'en 2001.
Biographie
Jeunesse et études
Christian Bonnet naît le à Paris. Il est le fils aîné de Pierre Bonnet et de Suzanne Delebecque et a deux frères : Didier Bonnet et Jean-Claude Bonnet, ancien maire de Feux (Cher). Son grand-père, Charles Bonnet, est l’époux de Claire Vaillant de Guélis, qui a un lien de parenté avec la famille du marquis de Louvois, ministre de Louis XIV[1].
Après ses études, il s'installe en 1947 à Auray avec son épouse[6], et devient directeur d'une conserverie de sardines (Delory) à Quiberon, puis d'une usine de légumes à Gourin.
Christian Bonnet a six enfants. Son fils Éric se suicide en , alors qu'il se trouve au séminaire français de Rome[7].
Parcours politique
Implantation dans le Morbihan
Deux ans après son élection comme député (MRP) du Morbihan, en 1956, il est élu conseiller général dans le canton de Belle-Île. Il est élu maire de Carnac en 1964 à la suite du décès du maire, Léon Lorec[8].
Il devient ministre de l’Agriculture de 1974, dans le gouvernement de Jacques Chirac. Précédent ministre de l'Agriculture devenu Premier ministre, Jacques Chirac décide de faire des politiques agricoles son domaine réservé. Alors que Christian Bonnet apparaît en retrait par rapport au chef du gouvernement, Le Monde indique que « la plupart des décisions prises en matière agricole par le gouvernement Chirac devraient en effet être mises au compte de [Jacques Chirac] »[12].
Christian Bonnet est confronté en parallèle à une conjoncture agricole compliquée : augmentation du prix des matières premières, conditions atmosphériques difficiles (sécheresse de 1976 en Europe), concurrence des produits italiens, espagnols et grecs sur les productions méridionales.
Son action est notamment marquée par l'affaire Boulin, puis l'arrestation de Jacques Mesrine[14]. Il précise alors aux forces de police qu'il « ne veut pas qu'un seul policier soit blessé par cet individu »[15], qui est finalement tué par la police. Il est également ministre lors de l'attentat de la rue Copernic[16], qui est le premier attentat à la bombe contre une synagogue et le premier attentat antisémite en France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Son passage au gouvernement est aussi marqué par la prise d'otages par des nationalistes corses de l'hôtel Fesch, à Ajaccio, en 1980, celle-ci se soldant par trois morts, un CRS et deux passants tués par accident par les CRS. Christian Bonnet demande par la suite au gouvernement Rocard de mener une politique d'une « rigueur féroce »[17] face aux menaces contre l'État de droit en Corse. En 1991, il dénonce, dans une tribune au Monde, le fait qu’« en Corse, les lois sont ostensiblement violées, et [que] le pouvoir se tait »[18].
Il esquisse la première loi de décentralisation en 1978, prélude des lois Defferre, inspirée du rapport Guichard et du rapport Aubert. Le projet de loi sur le développement des responsabilités locales est adopté en première lecture par le Sénat le , mais ne vient pas en discussion devant l’Assemblée nationale, abandonné par la majorité socialiste l’ayant emporté aux élections de 1981. Son projet de loi comprenait notamment la libre coopération intercommunale, en opposition avec le rapport Guichard, très critiqué par les maires en raison du caractère obligatoire de cette coopération. L'allégement de la tutelle de l'État, remplacée par un contrôle de légalité a posteriori, et le renforcement du rôle du département, faisaient aussi partie de ce projet de loi[19].
Fin de carrière au Sénat
Christian Bonnet redevient député à l’issue des élections législatives de 1981, avant d’être élu sénateur en 1983. Il dépose en un amendement visant à amnistier les commandos anti-IVG dits « pacifiques » ; sa proposition est rapidement rejetée par la commission mixte paritaire[20].
Il est rapporteur pour la commission des Lois du Sénat lors de l'examen de la loi de 1998 relative à la nationalité, qui prévoit notamment l'automaticité de l'acquisition de la nationalité française pour les enfants nés en France de parents étrangers[21]. Il dénonce le risque que l'immigration « altère l'identité de la nation » et évoque une « immigration d'allocataires »[22].
Membre de l’UDF, il est fortement impliqué sur les questions institutionnelles. Il s'oppose notamment à l'inversion du calendrier électoral en 2001, en tant que rapporteur de cette proposition de loi pour le Sénat[23].
Les approches amicales pour le décourager n'ayant pas abouti, des méthodes plus radicales et illégales auraient alors été employées. Le ministre de l'Intérieur de l'époque, Christian Bonnet, donne l'ordre aux Renseignements généraux (RG) au sein du Groupe Direction, dépendant de Bonnet et de Valéry Giscard d'Estaing, d'espionner et de rechercher tous faits pouvant discréditer Coluche (archivés dans le dossier numéro 817 706).
L'Express reçoit des informations qu'il publie le , où l'on apprend que Coluche a été condamné à 3 000 francs d'amende pour outrages à agent de la force publique.
Les choses commencent à mal tourner : le journal Minute exhume un procès-verbal relatant un larcin de Coluche à l'âge de 19 ans.
Aussi, une consigne aurait été passée sur les trois chaînes de télévision française et le réseau de Radio France dont les directeurs sont tous nommés par l'exécutif : Coluche n'a pas droit de cité alors même qu'au Gymnase, le public le rappelle sur l'air de « Coluche président ».
Le lancement de sa campagne a cependant été couvert par le journal télévisé, où une interview de Coluche par Daniel Grandclément lui donne la parole pendant 5 minutes 30 le . Foulard vert et blouson de cuir beige, il répond à des questions sans complaisance ni animosité.
↑Cooperation agricole, Centre national de la cooperation agricole., (lire en ligne)
↑« Christian Bonnet, ancien ministre de l’intérieur, est mort », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑Arnaud de Maurepas, Hervé Robert et Pierre Thibault, Les Grands Hommes d'État de l'histoire de France, Larousse (réédition numérique FeniXX), (ISBN978-2-03-592126-0, lire en ligne)
↑Edouard Pflimlin, « Christian Bonnet, ancien ministre de l’intérieur, est mort », Le Monde, (lire en ligne)
↑L'Écho républicain, , « Suicide du fils du ministre de l'Intérieur. Un des fils de Christian Bonnet, ministre de l'intérieur, s'est suicidé hier, dans la chambre qu'il occupait au séminaire français de Rome, indique-t-on de source policière, à Rome. »
↑« À Carnac (Morbihan) M. Christian Bonnet entre au conseil municipal », Le Monde, (lire en ligne)
↑Clarisse Fabre et Jean-Baptiste de Montvalon, « Christian Bonnet, sénateur UDF, dénonce un risque d'altérer l' "identité de la nation" », Le Monde, , p. 6
↑Clarisse Fabre, « Le Sénat engage une course de lenteur sur l'inversion du calendrier », Le Monde, , p. 8
↑« Carnac. Christian Bonnet tire sa révérence à la politique », Le Télégramme, (lire en ligne)