Clément Beaune est le fils d'un professeur de médecine à l'hôpital Necker-Enfants malades, également enseignant-chercheur[2],[3],[4] et d'une mère infirmière issue d’une famille juive qui a fui la Russie soviétique[5]. Venant d’une famille de gauche, il indique que son père était mitterrandien[3] ; selon Le Point, celui-ci « a milité au PS, dans les rangs rocardiens »[6]. Il a un frère professeur de médecine et une sœur qui travaille dans les assurances[6]. Son arrière-grand-père Israel Naroditzki a été déporté et gazé à Auschwitz[7]. Il vit sa jeunesse dans le 17e arrondissement de Paris[2], où il côtoie le futur journaliste et humoriste David Castello-Lopes[8].
De 2016 à 2017, il est adjoint au directeur général d'ADP Management[12].
Conseiller spécial d'Emmanuel Macron au palais de l'Élysée
Resté proche d'Emmanuel Macron lors de sa campagne présidentielle, il ne fait néanmoins pas partie de sa garde rapprochée, surnommée « les mormons », qui s'expose lors de la cérémonie d’investiture : selon Libération, « c’est qu’à la différence de ces derniers, des purs politiques, il était moins impliqué dans la stratégie de conquête du pouvoir que dans la manière de l’exercer »[10].
Après l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République, Clément Beaune devient conseiller spécial de celui-ci sur les questions européennes[13], puis conseiller G20[14],[15]. Il se distingue de ses prédécesseurs à cette fonction par le fait de ne pas être diplomate de formation[10]. Il écrit la trame de la plupart des discours d'Emmanuel Macron sur l’Europe à partir de celui prononcé, en tant que candidat à l'élection présidentielle, à l’université Humboldt de Berlin en janvier 2017[10]. Il porte par ailleurs le changement de stratégie consistant à s'adresser à l'ensemble des pays membres de l'Union européenne sans se limiter au couple franco-allemand, ce qui s'illustre notamment par le désaccord exprimé par Emmanuel Macron avec Angela Merkel sur la date de sortie du Royaume-Uni[10].
Il est un temps pressenti pour entrer au gouvernement comme secrétaire d’État aux Affaires européennes en 2019 lors du départ de Nathalie Loiseau[16],[4], puis pour figurer sur la liste LREM aux élections européennes de 2019 — mais Stéphane Séjourné lui est préféré par Emmanuel Macron[15],[17]. Il joue cependant un rôle majeur dans la définition du projet défendu par la liste LREM, après avoir écrit le discours d'Emmanuel Macron prononcé à la Sorbonne en septembre 2017 sur la « refondation » de l’Union, ou encore la lettre pour une « renaissance » adressée aux Européens en mars 2019[3],[10]. S'il est invisible durant la campagne, « il prépare activement, en coulisse, les alliances et les tractations » prévues après les élections[10]. Son nom est également évoqué pour la présidence de la chaîne Arte ou comme futur commissaire européen[2].
En mars 2021, il effectue une visite en Pologne avec pour objectif de renouer un dialogue devenu difficile avec la France depuis l’arrivée au pouvoir du parti Droit et justice en 2015, en particulier s'agissant des droits fondamentaux et de la société civile. Il affirme refuser d'en faire un « combat communautaire », déclarant qu'il n'aimerait pas « qu'on dise que je me démène contre les zones "sans LGBT" parce que je suis gay. »[19] Il se voit refuser, sous prétexte de sécurité sanitaire, l'accès à l’une des zones « libres de l’idéologie LGBT », décrétées par plusieurs dizaines de collectivités locales, sans valeur juridique, avec pour objectif de « protéger les valeurs familiales contre la révolution des mœurs ». Selon Le Monde, « rarement une visite ministérielle dans un pays de l’Union européenne n’avait été autant remplie de symboles et de messages subliminaux incisifs, et marquée, au bout du compte, de tensions avec les autorités hôtes »[20]. Cet épisode lui permet de se faire un nom alors qu'il était jusqu'alors inconnu du grand public[15],[2]. En octobre 2021, il rencontre des associations LGBT à Budapest, alors que la Hongrie dirigée par Viktor Orbán est en conflit avec l’Union européenne en raison de ses atteintes répétées à l’État de droit[21].
En janvier 2022, Le Monde indique qu'« il est difficile d’entendre une note dissonante pour qualifier son action à Bruxelles », qui est saluée par les députés européens Raphaël Glucksmann (Place publique) et Philippe Lamberts, coprésident du groupe des Verts/Alliance libre européenne[15]. En revanche, Arnaud Danjean, député européen Les Républicains, s'il le qualifie de « bon ministre », estime que « ses défauts sont ceux de la macronie : une tendance excessive, et parfois très irritante pour les partenaires européens, à s'attribuer tout ce qui se fait de bien en Europe et qui peut confiner à une forme d'arrogance et de suffisance »[2]. L'ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine considère que Clément Beaune, « parce qu'il a un lien personnel avec le président, joue un vrai rôle dans la vision européenne de Macron, [qu']il a davantage de poids que ses prédécesseurs et [que] son potentiel politique est réel »[2]. Jean-Marc Ayrault, également ancien ministre des Affaires étrangères, estime qu'il « a su habilement se démarquer de la tutelle de Jean-Yves Le Drian »[2]. Selon Les Échos, il a très vite gagné « une visibilité médiatique rare à [son] poste »[22].
Il fait partie des ministres habilités à s'exprimer sur les sujets sensibles liés à la pandémie de Covid-19, tels que la suspension du vaccin AstraZeneca, l'hypothèse d'un passeport vaccinal, l'acheminement des doses, ou encore la concurrence avec les Russes et les Chinois[2]. En septembre 2021, il déclare dans un entretien que la majorité présidentielle « incarne le camp de la raison et de la République », et subit un recadrage de Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, avec l'aval du palais de l'Élysée, affirmant que la raison et la République ne peuvent être l’apanage d’un seul parti. Il assure quant à lui qu'« il n’y a eu aucun recadrage du président ou du Premier ministre »[15]. Par ailleurs, il s'oppose publiquement aux déclarations de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation, contre l'« islamo-gauchisme » qui menacerait l'université[15]. Selon L'Obs, il « s'est imposé comme un rouage essentiel de la macronie »[2]. Il se distingue au sein de l'exécutif par ses bonnes relations avec les journalistes[2]. Le Monde indique en janvier 2022 qu'il est « protégé par son statut quasi officiel de chouchou du président », et voit le « signe de sa montée en puissance » dans le fait qu'« il donne de plus en plus d’interviews politiques » et « suggère des mesures pour le programme du futur candidat (il a défendu l’idée du vote à 16 ans) »[15].
Candidat aux élections législatives de juin 2022 à Paris
Au premier tour, il est mis en ballottage défavorable avec 35,81 % des voix, devancé par Caroline Mécary (41,40 %), la candidate de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES). Pendant l’entre-deux tours, il appelle clairement à « voter pour les candidats de la NUPES plutôt que pour ceux qui représentent le Rassemblement national » en cas d’absence de candidat de la majorité présidentielle au second tour[24]. Clément Beaune remporte l’élection législative lors du second tour, au soir du 19 juin, avec 50,73 % des suffrages exprimés[25].
Ministre délégué chargé de l'Europe puis des Transports
Le Monde le présente comme un « modéré de gauche »[15], représentant cette ligne au sein du gouvernement[30]. Au sujet de la présidence de François Hollande, le journal indique qu'il « ne crache pas dans la soupe » mais qu'il déplore « l’absence de fierté » dans les réformes engagées, ainsi que la nomination de Manuel Valls à Matignon, dont il rejette « sa forme de brutalité, de dureté dans le discours »[15]. Il est généralement considéré comme faisant partie de l’aile gauche de la macronie[31],[32].
En même temps, il soutient, aux côtés d’une partie des parlementaires, l’idée d’une taxation des « superprofits » appliquée aux entreprises ayant tiré profit de la crise inflationniste, qui n'est pas retenue par le gouvernement[30].
Il fait une apparition dans la série télévisée franco-germano-belge (saison 2) Parlement (2022), où il interprète son propre rôle de secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères.
Vie privée
En décembre 2020, il fait état de son homosexualité dans un entretien accordé au magazine Têtu[33].
Peu après avoir été promu ministre des transports, il qualifie d'« extrêmement blessants » les propos tenus par Caroline Cayeux, ministre déléguée aux collectivités territoriales, qui s’est défendue d’être homophobe en affirmant avoir beaucoup d’amis parmi « ces gens-là »[30].
↑ abcdef et gAlain Auffray, « Clément Beaune, le discret architecte de l'union macronienne », Libération, no 11804, , p. 12 (lire en ligne, consulté le ).
↑ abcdefghijk et lGrégoire Biseau, « Clément Beaune en pole position auprès d’Emmanuel Macron », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑Dominique Albertini, « Secrétaire d'Etat : Clément Beaune, le «Monsieur Europe» de l'Elysée sorti de l'ombre », Libération, (lire en ligne, consulté le ).