Elle est de nouveau candidate aux élections législatives de 2022 dans la même circonscription : battue au second tour par le candidat socialiste Jérôme Guedj, elle quitte le gouvernement le .
Elle travaille comme économiste junior chez ExaneBNP Paribas, chargée de l'Europe pendant la crise de la zone euro, de 2009 à 2012 ; comme directrice de la prospective et du suivi des politiques publiques pour Axa (c'est-à-dire responsable de la stratégie de long terme et de ses échanges avec le G20, les banques centrales et les institutions européennes), de 2014 à 2017 ; ainsi que pour la Commission européenne[12],[13],[2],[14],[4],[15],[16]. Challenges la présente comme une ex-lobbyiste chez Axa[17]. Dans un article de 2017 du site Les Jours consacré aux « lobbyistes », Aurore Gorius écrit que, en plus des plus jeunes députés « sans complexe à l’égard des lobbies », plusieurs figures de la majorité parlementaire ont aussi pratiqué l’influence, dont Amélie de Montchalin qui « fut en charge des affaires publiques de l’assureur AXA pendant les trois années précédant son élection »[18].
En parallèle de son activité professionnelle, elle contribue aux réflexions de certains cadres de l’UMP, devenue Les Républicains. Le webmédia Contexte précise qu'« elle a fait passer des notes sur ses sujets — investissement, conduite des réformes, budget ou encore logement — à la motion de centre droit La Boîte à idées, au collectif de hauts fonctionnaires et de cadres Les Éclaireurs, puis à l’entourage d’Alain Juppé pendant la campagne pour la primaire de 2016[12]. » Elle participe ainsi à la conception du programme économique d’Alain Juppé[21].
Députée LREM de la XVe législature
Élection
Son époux Guillaume de Montchalin, en poste au sein de Boston Consulting Group, contacte l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron afin d’organiser des rencontres professionnelles lors du lancement de la campagne en [22],[7]. Amélie de Montchalin rejoint En marche en , après la défaite d'Alain Juppé lors de la primaire de la droite[12], attirée par l'engagement européen d'Emmanuel Macron[9]. Après avoir reçu l'investiture de LREM, elle est élue députée de la sixième circonscription de l'Essonne, où elle a des attaches familiales[12], avec 61,34 % des voix au second tour contre Françoise Couasse, candidate UDI-LR[23]. Le sortant Jérôme Guedj, député de la circonscription entre 2012 et 2014, qui était suppléant de François Lamy et l'avait remplacé, avait été éliminé dès le premier tour[24].
Elle fait partie des nouveaux députés LREM issus du milieu de l'entreprise, et séduits par le côté « start-up » d’En marche ! (s'inspirant du fonctionnement managérial et du langage de l'entreprise[25],[26]). Elle est présentée dans la presse comme libérale[27],[28],[21]. Selon Romaric Godin de Mediapart, « Amélie de Montchalin incarne de façon chimiquement pure la pensée économique du macronisme »[29].
Coordinatrice du groupe LREM à la commission des Finances
Au début de la législature, elle est la coordinatrice (« whip ») du groupe La République en marche pour la commission des Finances. Choisie à ce poste par l'entourage de Richard Ferrand, elle est la première femme à occuper un tel rôle à l'Assemblée nationale. Son rôle est de faire respecter les consignes de vote au sein de son parti, de s'assurer qu'il y ait toujours une majorité pour LREM lors de chaque vote et d'assurer la liaison avec les ministres Bruno Le Maire et Gérald Darmanin[27],[30],[31].
Elle est également rapporteure du projet de loi de finances pour 2018[27]. Elle fait part de sa satisfaction à l'égard de la suppression de l'impôt sur la fortune, considérant que cet impôt constituait un frein à l'investissement en France, et se prononce pour une forte baisse de la dépense publique ainsi que pour le maintien de l'indexation du SMIC sur l’inflation[32].
Cheffe de file de LREM pour le projet de loi de finances pour 2019[33], elle coordonne à l'été 2018 la commande à des centres de recherche publics de six études visant à préparer le projet de loi de finances 2019, ce qui constitue une « démarche inédite » selon Les Échos[34]. Avec Jean-Noël Barrot, elle milite pour le renforcement des moyens d'évaluation et du contrôle du pouvoir législatif, et souhaite créer une « unité de chiffrages » indépendante, qui pourrait contre-expertiser les mesures portées par l'exécutif et chiffrer les propositions d'origine parlementaire. La Chaîne parlementaire indique qu'« elle a obtenu en partie gain de cause puisque le président de l'Assemblée nationale a annoncé en février le projet Leximpact, un logiciel qui doit permettre de simuler l'impact des amendements sur les lois de finances »[13].
En , elle organise un « grand rendez-vous de l’investissement productif » à l’Assemblée nationale, auquel participent Édouard Philippe et Bruno Le Maire[35], en fixant pour objectif de « doubler la part de l'épargne des Français qui va dans les PME », alors de 5 milliards d'euros, pour qu'elle atteigne 10 milliards d'ici la fin du quinquennat[36],[37]. Les intermédiaires financiers conviés au colloque proposent 120 propositions, comme le développement de l'épargne retraite collective et individuelle, la refonte du produit Euro-croissance ou la simplification des conditions de commercialisation des plans d'épargne en actions pour les rendre plus attractifs[36]. À l'issue de cet événement, quatre groupes de travail sont mis en place réunissant des banques, des assurances, des gestions de fonds, des intermédiaires et conseillers financiers, et ayant vocation à alimenter le projet de loi relatif à la croissance et la transformation des entreprises (dit Pacte), ainsi que le projet de loi de finances[37]. Amélie de Montchalin invite notamment les banquiers à inciter leurs clients à modifier leurs réflexes d'épargne pour investir dans les fonds propres de petites et moyennes entreprises[38].
En , elle est coautrice d’un rapport sur l’évaluation du financement public de la recherche dans les universités, qui recommande la mise en place d'une loi de programmation pluriannuelle de la recherche[39].
Elle est rapidement présentée comme « une des figures montantes de la majorité »[28],[12]. Le Monde indique qu'elle est considérée, avec Gabriel Attal, comme l'une des deux députés de la majorité les plus talentueux[40]. Le média en ligne Contexte estime, dans un portrait en , qu'elle « s’est déjà imposée comme « la » spécialiste en matière économique au sein de la majorité », et indique qu'elle est « une femme consultée et estimée dans son camp »[12]. Selon 20 Minutes, « les députés de l’opposition lui reconnaissent une grande maîtrise des sujets financiers »[10]. La Chaîne parlementaire souligne que « son rôle de coordinatrice tout comme sa volonté de ne jamais sortir de la ligne officielle se reflètent dans son travail législatif. Auteure ou cosignatrice d'environ 650 amendements, elle n'a jamais mis au vote un amendement allant contre l'avis de son groupe, préférant retirer ceux qui recueillaient un avis défavorable »[13]. Ses détracteurs critiquent son comportement autoritaire au poste de coordinatrice de la commission des Finances[33],[27].
En , après la nomination de François de Rugy au gouvernement, elle soutient Richard Ferrand pour lui succéder à la présidence de l'Assemblée nationale[45]. Une fois ce dernier élu, elle se porte candidate pour lui succéder à la présidence du groupe LREM[46]. Elle est éliminée au premier tour de scrutin, arrivant en troisième position sur sept candidats avec 45 voix[47] ; au second tour, elle soutient Gilles Le Gendre face à Roland Lescure[16].
Première vice-présidente du groupe LREM
Après l'élection de Gilles Le Gendre, elle devient première vice-présidente du groupe LREM à l'automne 2018, chargée d'animer le réseau des coordonnateurs des commissions[48]. Elle quitte ainsi son poste de coordinatrice de la commission des Finances, Bénédicte Peyrol lui succédant[33],[49]. Elle apparaît alors comme la plus connue des nouveaux vice-présidents[50]. Challenges estime que « sa nomination est une gageure tant elle fait figure d’épouvantail pour « l’aile gauche » d’En marche »[48]. Gilles Le Gendre la présente comme « [sa] numéro 2 sur tous les sujets, (…) une autre moi-même »[13].
Secrétaire d'État chargée des Affaires européennes
Elle est nommée en en remplacement de la ministre Nathalie Loiseau, avec le rang de secrétaire d'État[52]. Sa nomination est une surprise, alors que Clément Beaune, conseiller du président, était évoqué comme favori pour le poste[2]. Boris Melmoux-Eude, auditeur à la Cour des comptes et chef de bureau au ministère de l'Économie et des Finances, est son directeur de cabinet[29].
Alors que le gouvernement autrichien plaide pour un nouveau traité institutionnel européen qui donnerait moins de poids à l’Union européenne sur la formation des lois, Amélie de Montchalin déclare, à l'issue d'un entretien avec son homologue Karoline Edtstadler, que l’objectif de la France « n'est pas de changer les traités » mais « que l’Europe marche mieux ». Elle se félicite par ailleurs du retour d’un gouvernement « progressiste, proeuropéen » à la tête de l'Autriche, alors que la coalition du chancelier fédéralSebastian Kurz a substitué Les Verts à l'extrême droite du Parti de la liberté (FPÖ) comme partenaire de coalition après les élections législatives de 2019[53].
Dans la perspective de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, elle affirme que la France sera « extrêmement vigilante » dans les négociations à venir avec le Royaume-Uni sur la protection de ses entreprises, agriculteurs et pêcheurs, et que le « zéro tarif douanier, zéro quota » souhaité par Londres devra être garanti par un « zéro dumping »[54],[55].
Ministre de la Transformation et de la Fonction publiques
Le , Amélie de Montchalin est nommée ministre de la Transformation et de la Fonction publiques dans le gouvernement Jean Castex, sous la première présidence d'Emmanuel Macron[56]. L'intitulé de son ministère fait écho aux propos d'Emmanuel Macron lors de son allocution du , évoquant la « transformation » du secteur public comme un des axes centraux de son « nouveau chemin »[29]. Dans un entretien de , elle-même, évoquant le statut des fonctionnaires comme une entrave aux recrutements, réclamait une « transformation managériale » pour « redonner des marges de manœuvre dans la gestion quotidienne, et donc une forme de liberté dans le recrutement des profils par exemple »[29]. Elle a également en charge de veiller à la rapidité de l’exécution des politiques publiques concernant l'ensemble des ministères[57]. Elle conserve Boris Melmoux-Eude comme directeur de cabinet[29].
Fin 2020, elle porte le projet de loi d'accélération et simplification de l'action publique (ASAP), qui comporte des mesures de simplification administrative pour les particuliers et de facilitation à l'implantation industrielle des entreprises.
En 2021, elle porte un projet d'ordonnance qui contient les principales mesures de la réforme de la haute fonction publique, dont la transformation en 2022 de l’École nationale d’administration (ENA) en un Institut national du service public (INSP) (avec une moindre importance accordée au classement), l’extinction de nombreux corps de hauts fonctionnaires et la création d'un corps unique, celui des administrateurs de l’État[58],[59]. L'objectif, selon Le Monde, est « de promouvoir des carrières qui s’organiseront autour de missions et du mérite, plutôt que selon l’ancienneté et un statut »[58]. Public Sénat relève que « le sujet de l’avenir de la fonction préfectorale s’est bien hissé sur le haut de la pile des interrogations autour de cette réforme, qui entend notamment élargir la base des recrutements des grands cadres de l’État et mettre fin à ces logiques de carrières rigides et tracées d’avance » : en réponse, Amélie de Montchalin dément toute volonté de « supprimer une institution qui remonte à Napoléon », ou de « politiser les préfets »[59].
Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires
Sa nomination à ce poste fait l'objet de critiques, notamment en raison de ses prises de position passées et de ses votes, en tant que députée, sur certains sujets liés à l'écologie (interdiction du glyphosate, arrêt de l'incitation à l'huile de palme, indemnisation des victimes de pesticides, interdiction des pesticides à proximité des habitations, etc.)[60].
De plus, la loi ASAP, qu'elle a défendue en tant que ministre, est accusée de défaire le droit de l'environnement en réduisant l'information du public, les études d'impact et en autorisant le démarrage des travaux sans autorisation environnementale dans le cadre d'implantations industrielles[61].
Le , à l'issue du second tour, malgré le soutien de plusieurs maires et le renfort de personnalités du gouvernement, comme Bruno Le Maire et Gabriel Attal, Amélie de Montchalin est battue par Jérôme Guedj, avec 46,3 % des suffrages.
À la suite de sa défaite, elle quitte son poste au gouvernement[65].