Dries van Agt à la Seconde Chambre en tant que ministre de la Justice et vice-Premier ministre, au côté du Premier ministre Joop den Uyl (1977).
Premier ministre
Le premier cabinet de Dries van Agt est établi avec la participation du Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD) mené par Hans Wiegel, qui devient vice-Premier ministre. Il s'agit du dernier cabinet institué par la reine Juliana. Dries van Agt affirmera plus tard : « Les choses les plus difficiles, comme écrire des discours, je les faisais toutes moi-même et de préférence la nuit. Donc je n'étais pas debout à côté de mon lit à huit ou neuf heures du matin », ajoutant que Hans Wiegel « gouvernait les Pays-Bas le matin » et qu'il « gouvernai[t] le pays le soir. L'après-midi, nous le faisions ensemble »[3]. En 1980, il est fait citoyen d'honneur de son village natal, Geldrop.
Son mandat à la tête du gouvernement est marqué par les manifestations du mouvement antinucléaire, déjà naissantes sous son prédécesseur, tout comme les émeutes du couronnement de 1980 à Amsterdam du fait notamment de la pénurie de logements, qui voient l'intronisation de la reine Beatrix lors de la fête de la Reine devenir les plus grands troubles à l'ordre public en temps de paix de l'histoire néerlandaise.
Bien que conservateur, il déconcerte son camp sur certains sujets de société. Il dépénalise la consommation du cannabis, supprimant les peines de prison pour celui qui détenait moins de 30 grammes, et contribuera à ce que les Pays-Bas soient le premier pays européen à dépénaliser l’euthanasie et le suicide assisté. Il s’opposait, en revanche, à une loi trop tolérante en matière d’avortement[4].
Reconduit avec une majorité en 1981, Dries van Agt quitte le Parti populaire catholique (KVP) en 1980 pour adhérer à l'Appel chrétien-démocrate (CDA), dans lequel le premier est dissous. Le CDA existe déjà depuis 1973 en tant qu'alliance politique, que Van Agt dirige jusqu'en 1982. À cette date, Ruud Lubbers lui succède en tant que chef de parti et chef de gouvernement, après des élections anticipées provoquées par la chute son deuxième cabinet à la suite du retrait des travaillistes. Les élections voient pourtant ces derniers arriver en tête, devant la liste qu'il conduit.
Ses connexions à La Haye lui permettent d'obtenir des investissements de l'État pour améliorer l'attractivité économique de la province. Cependant, devenant rapidement frustré par la culture de débat sans fin régnant dans les sphères décisionnelles à Bois-le-Duc, il prend de nombreuses décisions sans consulter les États provinciaux : « Ça te rend complètement fou. [...] Pas très beau de ma part, mais c'était très efficace »[5].
Missions internationales
En 1987, il quitte son mandat de commissaire de la Reine pour devenir représentant de la Communauté économique européenne (CEE), d'abord au Japon, puis en 1989 et jusqu'en 1995, aux États-Unis.
Il fonde ensuite une ONG, The Rights Forum, dont le but était d’intéresser les Néerlandais et les Européens à la question israélo-palestinienne. Il est en outre membre du comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine dont les travaux commencent le . La question palestinienne le pousse à quitter le CDA en 2021, car il estime que le parti est pro-israélien à outrance[6]. En 2010, il s’était aussi fermement opposé à une alliance de la droite avec la formation d’extrême droite de Geert Wilders, qui apporta, pendant deux ans, son soutien au premier gouvernement de Mark Rutte. Il décide, après son départ du CDA en 2021, de voter dorénavant pour la Gauche verte[4].