Membre de l'Académie française, il a occupé le devant de la scène médiatique pendant près d'un demi-siècle avec ses émissions de vulgarisation historique et ses nombreuses publications. Il est considéré comme l'un des pionniers des programmes d'histoire dans les médias.
Biographie
Famille et études
Originaire du Nord de la France[1], Alain Decaux est le fils de Francis Decaux (1888-1958), avocat, et de Louise Tiprez (1896-1983)[2]. Son grand-père, Henri Decaux, instituteur, donnera à Alain Decaux sa vision de l'Histoire de France comme celle de la construction d'un « roman national » qui mythifie le passé[3].
Enfant, il va à l'école à Wattignies ; ensuite, il étudie à Lille au lycée Faidherbe, puis à Paris au lycée Janson-de-Sailly et à la faculté de droit. Influencé par les romans d'Alexandre Dumas qu'il a dévorés et la Petite histoire de G. Lenotre, il s'intéresse dès l'adolescence à l'histoire. Par la suite, il entame des études de droit puis s'oriente vers le journalisme de presse écrite. Il suit quelques cours d'histoire en auditeur libre à la Sorbonne après la Libération, notamment sur la Révolution française.
Dès l'âge de 13 ans, il voue une grande admiration à Sacha Guitry et fait sa connaissance après lui avoir demandé l'autorisation de jouer une de ses pièces de théâtre avec ses camarades. En 1944, alors qu'il est mobilisé comme secouriste aux Équipes nationales[4], Alain Decaux apprend l'arrestation du « maître » et s'arrange pour faire partie des militaires chargés de garder la maison de ce dernier, située au 18, avenue Élisée-Reclus à Paris. En souvenir de ce geste, Guitry invita Decaux à revenir régulièrement, ce que Decaux fit quotidiennement durant plusieurs années, jusqu'au moment de la rencontre de Guitry avec Lana Marconi. Celle-ci lui offrit l'émeraude que le maître portait et qui orna par la suite la poignée de son épée d'académicien[5].
Carrière
Journaliste en 1944, il publie ses premiers articles en 1946. Passionné d’énigmes historiques non résolues, il publie son premier ouvrage d'histoire à 22 ans. Son premier livre édité en 1947, Louis XVII retrouvé, soutient la thèse survivantiste — ou naundorffiste —, qui perd par la suite tout crédit chez les historiens[6]. Il rencontre à cette occasion André Castelot qui vient d'écrire un livre sur le même sujet. Son deuxième livre Letizia : Napoléon et sa mère est récompensé par le prix d'histoire de l'Académie française[7].
Le , il crée pour la radio Paris-InterLa Tribune de l'Histoire, avec André Castelot et Jean-Claude Colin-Simard, remplacé en 1963 par Jean-François Chiappe. Le programme est diffusé jusqu'en sur France Inter. C'est un grand succès populaire qui dure 46 ans sur les ondes de la radio. Avant 1951, la voix et le visage d'Alain Decaux sont inconnus du grand public, il a su s'imposer rapidement grâce à son charisme et son talent de conteur. Il souhaite rendre l'histoire accessible au plus grand nombre et communiquer sa passion de l'histoire par le biais de la radio. Cela représente un média moderne et très populaire en 1950, tout à fait compatible avec l'évocation du passé.
Connu pour ses talents de conteur et d'« historien populaire »[8],[9], il crée en 1969, pour l'Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF), l'émission Alain Decaux raconte, diffusée sur la deuxième chaîne de l'ORTF puis sur Antenne 2. Chaque mois, entre le et le (durant quinze minutes, puis trente minutes en 1970 et enfin pendant quarante-cinq minutes à partir de 1971) il traite en direct d’un personnage ou d’un événement de l’Histoire[10]. Cette émission forge le style Decaux : avec ses lunettes d'écaille carrées et ses costumes sobres, il « parle assis, se lève pour présenter des cartes, des photos, des croquis »[11]. Son travail de vulgarisateur permet « à une génération entière de se réapproprier des personnages et des événements, pas toujours faciles, grâce à sa faconde et à son sens de la dramaturgie. De façon simpliste et biaisée pour certains, qui lui ont reproché de donner dans la facilité, parfois, l'inexactitude en mettant plus en avant le roman national et ses grands hommes que l'exégèse du métier »[12].
Du au , sous la présidence de François Mitterrand, il est ministre délégué, dans le deuxième gouvernement Rocard, auprès du ministre d'État et des Affaires étrangères, chargé de la Francophonie. Lorsqu'il présente sa démission au président, celui-ci s'en émeut : « - C'est politique ? -Non Monsieur le Président, c'est parce que je ne peux pas me passer d'écrire. -Bon, mais vous restez de gauche ? - Oui, monsieur le Président. - Bien, quel courant ? -La gauche hugolienne »[13].
En 1999, la fondation de Lille crée le prix Alain-Decaux de la francophonie qui se déroule tous les deux ans et récompense des nouvelles d'écrivains francophones. Alain Decaux en est le parrain à partir de 2003.
Il épouse en premières noces, en 1957, Madeleine Parisy, puis se remarie, en 1983, avec Micheline Pelletier, journaliste et photographe[2], proche d'Anne Sinclair[14],[15]. Il a deux filles et un fils : Laurent Decaux[2].
De confession catholique, il se réclame de la « gauche Victor Hugo »[16].
1953 : La Castiglione : Dame de Cœur de l'Europe, Amiot et Dumont Réédité en 1964 à la Librairie académique Perrin et, en 1967, à la Bibliothèque du Club de la Femme.
La Belle histoire de Versailles, Éditions Amiot-Dumont, coll. « Toute la ville en parle », 1954; réédition Le club du livre, 1954; réédition Éditions Rombaldi, 1962; réédition Presses de la cité , coll. « Presses Pocket », 1973; réédition Perrin, 2000
1957 : Cet autre Aiglon, le Prince impérial, Perrin
La France, 48 lithographies originales par Urbain Huchet et Rolf Rafflewski, 250 exemplaires numérotés, Éditions des maîtres contemporains, Robert Mouret
↑ a et bLes noms de famille de l'Eure, Archives & culture, , p. 82.
↑Romain Lecler, « Naissance et mort d'une direction aux Affaires étrangères : l'administration de l'audiovisuel extérieur au prisme de ses entrepreneurs en bureaucratie », Politix, no 112, , p. 211 (lire en ligne).
↑Isabelle Veyrat-Masson, « L'histoire télévisée entre culture et science », Hermès, La Revue, no 21, , p. 218 (lire en ligne).
↑Ce qui lui a valu d'être imité par l'humoriste Guy Montagné.