Laraine Marie Brennan (d) (de à ) Julia Cameron (en) (de à ) Isabella Rossellini (de à ) Barbara De Fina (en) (de à ) Helen Schermerhorn Morris (d) (depuis )
Asthmatique et frêle, le jeune Martin ne peut pratiquer de sport et ses parents l'emmènent fréquemment au cinéma. Épris d'une foi profonde, il se destine d'abord à une vie religieuse et entre au séminaire en 1956 afin d'être ordonné prêtre. Jugé trop jeune (il n'est alors âgé que de 14 ans) et indiscipliné pour s'engager si tôt dans le ministère sacerdotal, il est renvoyé au bout d'un an. Il termine ses études à la Cardinal Hays School (dans le Bronx) puis intègre l'université de New York (NYU) en 1960 où il fréquente les cours de cinéma de la Tisch School et obtient une maîtrise en 1966. Il sera d'ailleurs professeur dans cette université de 1968 à 1970[4].
Débuts prometteurs
Il réalise plusieurs courts métrages, dont le très remarqué The Big Shave, qui remportent de nombreux prix. Puis il signe son premier long métrage, Who's That Knocking at My Door, sorti le , soit trois ans après le premier tour de manivelle. Ce film marque la rencontre avec l'un de ses acteurs fétiches, Harvey Keitel.
Encouragé par John Cassavetes à poursuivre un style de réalisation plus personnel, Scorsese commence à travailler sur le film Mean Streets, qui relate le parcours de deux jeunes ambitieux de Little Italy. Première œuvre du réalisateur acclamée par la critique, ce film est aussi le théâtre de la rencontre la plus importante de sa carrière : celle avec l'acteur Robert De Niro qui devient désormais son alter ego à l'écran. Le cinéaste s'apprête à devenir l'une des têtes de proue du Nouvel Hollywood.
Taxi Driver, palme d'or au Festival de Cannes 1976
Dès son film suivant, il obtient la Palme d'or au 29e Festival de Cannes, en 1976. Taxi Driver, drame psychologique sur fond de difficile réinsertion des anciens combattants de la guerre du Viêt Nam, est interprété par Robert De Niro, Jodie Foster et Harvey Keitel. Ce film, écrit par Paul Schrader, assoit définitivement l'univers scorsesien : faune new-yorkaise, personnages à la dérive, confusion du bien et du mal, violence cathartique et questionnement métaphysique. Taxi Driver reçoit également quatre nominations aux Oscars en 1977.
1978, premier film de concert : La Dernière Valse
Fort de ce nouveau succès, l’année suivante, Scorsese et De Niro se retrouvent une nouvelle fois pour New York, New York avec Liza Minnelli, qui raconte une histoire d'amour mouvementée entre une chanteuse et un saxophoniste en quête de gloire. Le film est un cuisant échec commercial. En 1977, Minnelli propose malgré tout à Scorsese de mettre en scène un spectacle à Broadway, The Act, mais il abandonne au bout de quelques semaines car cette expérience lui déplaît. Le cinéaste cohabite alors avec Robbie Robertson, ex-guitariste et leader du groupe The Band, avec lequel il passe des nuits blanches à regarder des films, fréquenter des cocktails et discuter musique et cinéma. Époque à laquelle Scorsese est sérieusement dépendant de la cocaïne.
Deux années sont nécessaires pour la sortie de La Dernière Valse en salles. Le réalisateur tourne par ailleurs des interviews et des morceaux supplémentaires tout au long des années 1977 et 1978. Il en sort fatigué sur le plan intellectuel, physique et psychologique en raison de sa forte consommation de cocaïne.
1980 : Raging Bull
C'est dans un état physique et psychologique épouvantable qu'il se remet à l'ouvrage, bien épaulé par Robert De Niro, pour réaliser l'un de ses chefs-d'œuvre : Raging Bull. Le film, porté par une grande intensité dramatique, manifeste un usage très personnel du noir et blanc, des mouvements de caméra et des ralentis. Pour sa performance mémorable dans le rôle du boxeur Jake LaMotta, Robert De Niro reçoit l'Oscar du meilleur acteur. Désormais considéré comme l'un des cinéastes américains les plus inventifs et les plus audacieux, Scorsese enchaîne les films remarqués : La Valse des pantins en 1983, satire du milieu télévisé et de la célébrité, After Hours en 1985 qui narre l'errance nocturne d'un informaticien dans la jungle new-yorkaise puis La Couleur de l'argent, en 1986, qui prend l'univers du billard en toile de fond. Ce dernier film, interprété notamment par Tom Cruise, vaut à Paul Newman l'unique Oscar du meilleur acteur de sa carrière.
1988 : La Dernière Tentation du Christ
Martin Scorsese réalise ensuite son rêve d'enfant en 1988 en signant un film sur le Christ : La Dernière Tentation du Christ (The Last Temptation of Christ) adapté du roman La Dernière Tentation de Níkos Kazantzákis. Le film fait scandale car il met en scène Jésus rêvant sur la croix qu'il échappe à la crucifixion. Se déroule alors en rêve une vie heureuse dans laquelle Jésus devient un patriarche entouré d'enfants. Des manifestations ont lieu un peu partout où le film sort et le cinéma Espace Saint-Michel à Paris est incendié[7] ; un des attentats perpétrés à la sortie du film a fait un mort. Pour autant, le film concourt aux Oscars et Scorsese reçoit sa seconde nomination pour la « meilleure réalisation ».
Parallèlement à sa carrière et en grand amoureux de l'histoire du cinéma, il crée l'association à but non lucratif The Film Foundation en 1990, accompagné de plusieurs autres réalisateurs de renom : Francis Ford Coppola, Stanley Kubrick, George Lucas, Sydney Pollack, Robert Redford et Steven Spielberg. Cette fondation a pour but d'encourager la restauration et la préservation du patrimoine cinématographique mondial. Dans les décennies suivantes, près d'un millier de films sont ainsi restaurés puis rediffusés[8].
Le , Martin Scorsese participe à un gala de bienfaisance en faveur de la Fondation David Lynch au Metropolitan Museum of Art à New York, il parle par vidéo de son expérience de la méditation transcendantale qu'il pratique depuis plusieurs années : « Il est difficile de décrire l'effet que cela a eu sur ma vie. Je ne peux que citer quelques mots : Calme, clarté, équilibre, et, parfois, une reconnaissance. »[10].
Le nom du film Living in the Material World (Vivre dans le monde matériel) est emprunté au titre de l'album studio de l'ex-BeatleGeorge Harrison. Olivia Harrison participe activement à l'élaboration à ce film en fournissant notamment de nombreux documents personnels.
Cette projection exclusive est offerte en soutien à la Fondation David-Lynch dans son entreprise à enseigner la méditation transcendantale aux écoliers des quartiers difficiles, aux détenus des prisons, aux anciens combattants, aux sans-abris, aux Amérindiens et aux autres populations à risque[12].
2011 : Hugo Cabret
Scorsese tourne à Paris Hugo Cabret qui sort en salles en . Le film est une adaptation libre du roman L'Invention de Hugo Cabret de Brian Selznick qui évoque la vie de Georges Méliès, et lui rend hommage. Georges Méliès y est interprété par Ben Kingsley. Le film a été quelques années durant le plus gros budget de Scorsese (plus de 170 millions de dollars), et son premier film pour enfants. Scorsese utilise la technologie 3D. Succès critique, le film aura par contre peu de succès auprès du public. Hugo Cabret vaut au cinéaste un nouveau Golden Globe et gagne ensuite cinq Oscars lors de la 84e cérémonie, en 2012.
2013 : Le Loup de Wall Street et présidence du Festival de Marrakech 2013
Du au , la Cinémathèque française accueille une exposition entièrement consacrée à Martin Scorsese, conçue à Berlin par la Deutsche Kinemathek. Des œuvres, objets et photographies issus de sa collection et des archives personnelles, ainsi que de Robert De Niro ou Paul Schrader, sont exposés. Il s'agit de la première exposition mondiale qui lui est consacrée[15]. La Cinémathèque organise également, à cette occasion, une rétrospective intégrale de son œuvre, et une rencontre avec le cinéaste a lieu le .
En , il est annoncé comme le réalisateur d'un film sur la vie de Mike Tyson, avec le rôle-titre tenu par Jamie Foxx.
En , le prix Lumière lui est décerné à Lyon par l'Institut Lumière« pour l’ensemble de son œuvre, pour sa cinéphilie généreuse, pour son inlassable combat en faveur de la sauvegarde du cinéma du passé, pour ses fictions, pour ses documentaires, pour son amour de la musique, pour sa bienveillance à l’égard des jeunes cinéastes du monde entier ».
En , Martin Scorsese commence à repérer des lieux en vue du tournage en 2020 de son prochain film Killers of the Flower Moon, une adaptation cinématographique du livre du même nom de David Grann. Il fait équipe avec Leonardo DiCaprio pour la sixième fois et avec Robert De Niro pour la dixième fois. En , Rodrigo Prieto, le directeur de la photographie habituel de Martin Scorsese, confirme que Killers of the Flower Moon se prépare à commencer les principaux travaux de prise de vue pour . Ces derniers sont reportés en raison de la pandémie de Covid-19.
En , il est annoncé que le tournage de Killers of the Flower Moon est reporté indéfiniment en raison de la pandémie de Covid-19, que le coût potentiel du film a atteint 200 millions de dollars et que Martin Scorsese est en pourparlers avec Netflix ou Apple pour la production et la distribution, Paramount Pictures étant impliqué en tant que partenaire[21]. Le , Apple achète les droits de production et de distribution du film, qui sera diffusé en salle par Paramount Pictures et en streaming sur Apple TV+[22]. Les principaux travaux de prise de vue débutent en [23].
Le , le film est présenté en avant-première au Festival de Cannes 2023 et sort en salles le [24]. Le , lors de la promotion de Killers of the Flower Moon, Martin Scorsese parle de son désir de continuer à travailler, déclarant : « Je suis vieux. Je lis des choses. Je vois des choses. Je veux raconter des histoires, et je n'ai plus le temps »[25]. Le film est très bien accueilli par la critique[26],[27],[28],[29],[30].
Acteurs et collaborateurs récurrents
Au fil du temps, Martin Scorsese s'est entouré de nombreux acteurs avec lesquels il a pu travailler à plusieurs reprises.
Harvey Keitel est considéré comme le premier acteur fétiche du réalisateur, puisqu'il a tourné six fois sous sa direction dont leur premier film respectif Who's That Knocking at My Door en 1969.
Pour la musique de ses films, Scorsese utilise fréquemment des musiques préexistantes, avec l'aide de son ami et superviseur musical Robbie Robertson. En revanche, pour les musiques originales, il a souvent fait appel à Elmer Bernstein (3 films) et Howard Shore (6 films à ce jour).
Scorsese a été marié cinq fois et a eu trois filles.
En 1965, il épouse Laraine Marie Brennan avec qui il a une fille prénommée Catherine comme sa mère, ils se séparent en 1971[31].
En 1976, Scorsese épouse l'écrivaine Julia Cameron, ils ont ensemble une fille devenue actrice, Domenica Cameron-Scorsese, ils divorcent après seulement un an de mariage.