Cité parmi les meilleurs interprètes de sa génération, Dustin Hoffman est un des acteurs les plus polyvalents et les plus iconoclastes du cinéma.
Hoffman a étudié au Conservatoire de musique de Los Angeles avant de décider de se lancer dans la comédie. Il fait ses débuts à Broadway en 1961 dans la pièce A Cook for Mr. General et connait un succès critique pour sa prestation au théâtre dans Eh ?. Mais la reconnaissance internationale vient en 1967 avec son personnage de Benjamin Braddock, le personnage principal du film Le Lauréat. Depuis, sa carrière s'est principalement focalisée sur le cinéma, avec des retours sporadiques au théâtre.
Il débute dans la réalisation en 2012 avec le film Quartet.
Biographie
Jeunesse et formation
Dustin Lee Hoffman naît à Los Angeles, dans une famille juive d'origine roumaine (de Iași) et ukrainienne (de Kiev)[2],[3]. Il est le deuxième fils de Lillian (née Gold) et Harry Hoffman, un décorateur de plateau chez Columbia Pictures[4]. Il doit son prénom Dustin à l'acteur de théâtre et du cinéma muet Dustin Farnum. Son frère aîné, Ronald, est avocat et économiste[5].
Lorsqu'il annonce à sa famille sa vocation d'acteur, sa tante Pearl lui réplique : « Tu ne peux pas être acteur, tu n'es pas assez beau ». Arrivé à New York, il partage un appartement avec deux autres talentueux aspirants acteurs : Robert Duvall et Gene Hackman[5].
Révélation et consécration (années 1960-1980)
En 1964, Dustin Hoffman fait ses débuts sur les planches dans une pièce de Samuel Beckett, En attendant Godot. Alors qu'il joue le rôle d'un nazi travesti bossu dans Eh ? à Broadway, le réalisateur Mike Nichols le remarque et lui offre le rôle principal du film Le Lauréat, qui lui vaut en 1967 une nomination à l'Oscar du meilleur acteur. Hoffman y joue le personnage de Benjamin Braddock, issu de la haute bourgeoisie californienne, et qui revient dans sa famille après avoir obtenu un diplôme universitaire. Ne sachant plus quoi faire de sa vie, il a une aventure avec Mrs Robinson, mariée à l'associé de son père et par ailleurs alcoolique et névropathe.
En 1978, il envisage de passer à la réalisation avec Le Récidiviste dont il est également l'acteur principal : mais, trouvant trop difficile le cumul de la mise en scène et de son travail de comédien, il préfère laisser la réalisation à Ulu Grosbard[7].
En 1982, le film Tootsie, dans lequel il interprète un comédien au chômage travesti en femme pour décrocher un rôle, est un succès à la fois critique et commercial qui lui vaut sa cinquième nomination à l'Oscar du meilleur acteur.
Durant les années 1980, il ne tourne que quatre films, dont Ishtar, réalisé par Elaine May et avec Warren Beatty, qui constitue le plus gros échec de sa carrière : le film a dû faire face à de sévères problèmes de production, il reçoit de la totalité des critiques un avis négatif et est nommé pour trois Razzie Awards. Cependant, Hoffman et Beatty aiment le montage final et tentent de le défendre. Ils ne sont pas affectés par le flop du film et Ishtar devient par la suite un film culte.
Cependant, en 1988, grâce au drame Rain Man et sa prestation émouvante d'un autiste prodige chaperonné par son frère (Tom Cruise), il décroche un deuxième Oscar en 1989 qui le rend à nouveau crédible face aux producteurs.
Gros flop critique en 1998 pour sa quatrième collaboration avec Levinson : le film de science-fiction Sphère est éreinté par la critique[8].
En 1999, il endosse la soutane pour le Jeanne d'Arc de Luc Besson, se faisant ensuite plus discret durant quelque temps, avant un retour amorcé en 2002.
Mais surtout, en 2012, trente-quatre ans après la tentative avortée du Récidiviste, il tourne le drame indépendant Quartet, son premier film en tant que réalisateur, dans lequel il ne joue pas. Il confie le premier rôle à la britannique Maggie Smith. Parallèlement, il tient le rôle principal de la série télévisée évènement Luck, écrite par David Milch et réalisée par Michael Mann pour la chaîne HBO. Mais la série ne dépasse pas sa première saison de dix épisodes.
L'année 2014 est marquée par ses seconds rôles dans deux longs-métrages mis en scène par des acteurs déjà passés à la réalisation avec succès : Jon Favreau pour la comédie dramatique Chef, puis Thomas McCarthy pour son premier essai dans l'humour avec The Cobbler.
En , dans le contexte de l'affaire Harvey Weinstein, Dustin Hoffman est accusé de harcèlement sexuel par l'écrivaine Anna Graham Hunter(en), mineure au moment des faits. Interrogé par The Hollywood Reporter, Dustin Hoffman s'est excusé de son comportement : « J'ai le plus grand respect pour les femmes et je suis profondément désolé que ce que j'ai pu faire ait pu la mettre dans une situation inconfortable. Je suis désolé. Cela ne correspond pas à ce que je suis »[12],[13].
Quelques heures plus tard, la scénariste Wendy Riss Gatsiounis(en) porte de nouvelles accusations contre Dustin Hoffman et le producteur Murray Schisgal. Selon elle, Hoffman et Schisgal n'avaient pas donné suite à l'adaptation d'une pièce de théâtre dont elle était l'auteur, après qu'elle avait repoussé des sollicitations sexuelles et refusé de se rendre dans un hôtel avec l'acteur[14].
Le , d'autres femmes portent contre lui des accusations semblables[15].
En 1999, Hoffman est sélectionné par l'American Film Institute pour recevoir le Life Achievement Award. Pour être choisi et honoré, « le récipiendaire doit être quelqu’un qui a fondamentalement fait progresser l’art du cinéma et dont les réalisations ont été reconnues par les spécialistes du cinéma, les critiques, leurs pairs individuels et le grand public ». Lors de la remise du prix, de nombreux pairs à Hoffman ont loué son travail, parmi lesquels Edward Norton, Jon Voight, Goldie Hawn, Cuba Gooding Jr., Kathy Bates et Jack Nicholson. Par ailleurs, l'American Film Institute le décrit comme « à la fois une star hollywoodienne et l’un des grands acteurs de sa génération » tandis que le Bristish Film Institute le présente comme « l’un des meilleurs acteurs de sa génération »[18].
En 2009, Hoffman est récompensé d'un César d'honneur. En 2012, Dustin Hoffman reçoit les honneurs du Kennedy Center : « L’engagement indéfectible de Dustin Hoffman dans la grande variété de rôles qu’il joue a fait de lui l’un des acteurs les plus polyvalents et les plus iconoclastes de cette génération ou de toute autre génération ». Parmi ceux qui l’ont honoré lors de la cérémonie figuraient Robert De Niro, Liev Schreiber, Naomi Watts et Billy Connolly[19].
Pour la saga d'animation Kung Fu Panda (trois films et trois court-métrages), c'est à nouveau Pierre Arditi qui lui prête sa voix pour le personnage de Maître Shifu.