Ce n'est qu'à la fin de la guerre qu'il s'inscrit à la Randall School of Drama, à Hartford, Connecticut, où il débute en interprétant un petit rôle dans la pièce Les Troyennes[3]. Il déménage ensuite en Virginie, pour rejoindre la troupe du Barter's Theater. Il y multiplie les rôles, petits et grands. Mais c'est son interprétation de Jim O'Connor dans La Ménagerie de verre qui le fait remarquer auprès de la critique[3]. Ce coup d'éclairage soudain lui permet de faire ses débuts sur scène à Broadway, dans la pièce Harvey[3].
Ernest Borgnine obtient l'Oscar du meilleur acteur en 1955 pour le rôle de Marty Pilletti dans Marty de Delbert Mann. Ce rôle lui permet d'aborder une nouvelle facette de son travail d'acteur : il y joue un boucher timide et tendre. Par la suite, il retrouve son emploi-type de « dur », notamment dans Les Vikings (1958).
Il participe à quelques longs métrages devenus « classiques », tels Les Douze Salopards (1967) — où il campe un savoureux général — et La Horde sauvage (1969). Sa filmographie ne compte pas moins de 140 films.
Dans les années 1980 et 1990, il apparaît dans quelques fictions d'anticipation qui ont marqué le public : New York 1997 (1981), de John Carpenter ou encore Bienvenue à Gattaca (1997). De 1984 à 1986, il joue dans les trois premières saisons de la série télévisée culte Supercopter (Airwolf). En 2004, il interprète Rolling Star dans le film inspiré de la bande dessinée, Blueberry. Loin des personnages sanguinaires qui l'ont rendu célèbre, il y incarne un vieil homme doux et rêveur.
Ernest Borgnine prête aussi sa voix au super-héros vieillissant « l'homme-sirène » dans le dessin-animé Bob l'éponge. Après sa mort, ils lui rendront d'ailleurs hommage en faisant mourir son personnage mais en marquant le nom d'Ernest Borgnine sur la pierre tombale.
Alors qu'il a joué très souvent des rôles de sadique et de violent, il est reconnu dans toute la profession pour sa gentillesse, son grand humour, sa jovialité et sa très grande humilité malgré une carrière exceptionnelle.
Dans la revue Positif, Christian Viviani rendra hommage à l’artiste :
« Méchant ou gentil, il laisse le souvenir d’un visage familier, lié à toute une conception du cinéma et de la cinéphilie, mais aussi celle d’un acteur à la présence impressionnante et dont la filmographie se lit comme une vaste page de l’histoire du cinéma américain »[5].
Il a été incinéré et ses cendres ont été dispersées dans le Forest Lawn Memorial Park de Los Angeles[6].
Vie privée
Borgnine s'est marié cinq fois. Sa première épouse, de 1949 à 1958, fut Rhoda Kemins, qu'il avait rencontrée alors qu'il servait dans la Marine. Ils ont eu une fille, Nancee (née le 28 mai 1952). Il a ensuite été marié à l'actrice Katy Jurado, de 1959 à 1963. Son mariage suivant, avec la chanteuse Ethel Merman en 1964, n'a duré que 42 jours. Le temps qu'ils ont passé ensemble, ils l'ont principalement consacré à se lancer des insultes, et tous deux admettront plus tard que leur mariage fut une erreur colossale. Leur divorce a été prononcé le 25 mai 1965. De 1965 à 1972, Borgnine était marié à Donna Rancourt, avec qui il a eu un fils, Cristopher (né le 9 août 1969) et deux filles, Sharon (née le 5 août 1965) et Diana (née le 29 décembre 1970). Son cinquième et dernier mariage, avec Tova Traesnaes, a duré du 24 février 1973 jusqu'à sa mort en juillet 2012.
Ernest Borgnine est un franc-maçon convaincu. Il rejoint le rite écossais ancien et accepté de Los Angeles en 1964. En 1979, il en atteint le 32ème degré, celui de Sublime Prince du Royal Secret et en 1983 il accède au plus haut degré du rite, Souverain Grand Inspecteur Général. En 1991 il est décoré de la Grand-Croix de la Cour d'honneur. En 2000, Borgnine reçoit son épinglette des 50 ans d'appartenance à la franc-maçonnerie à la 48ème loge d'Abingdon, en Virginie[7].
En France, Henry Djanik a été la voix française la plus régulière d'Ernest Borgnine entre 1970 et 2004. À sa mort en 2008, Richard Leblond lui a succédé. Parmi les nombreux autres comédiens ayant prêté leurs voix à l'acteur américain, on peut citer André Valmy, Jean Violette ou encore Claude Bertrand.
Henry Djanik dans L'Aventure du Poséidon, Le Convoi, la série Supercopter, etc.
André Valmy dans Les Douze Salopards, Le Démon des femmes, Un colt pour 3 Salopards, etc...
Christian Berger, « Nécrologie des personnalités disparues en 2012 : Ernest Borgnine », L'Annuel du Cinéma 2013, Editions Les Fiches du cinéma, Paris, 2013, 800 p., p. 771-772, (ISBN978-2-902-51622-3)