Après des études d'architecture à Cambridge, James Mason se dirige vers le théâtre. Il rejoint dès 1931 la Old Vic Company, une troupe sous la direction de sir Tyrone Guthrie. Sa première tentative au cinéma est un échec quand, en 1934, il est renvoyé du plateau de tournage d'un film réalisé par Alexander Korda. C'est lors d'un cocktail qu'il rencontre Albert Parker, réalisateur américain qui devient plus tard un grand ami. Dès 1935, leur première collaboration, Late Extra, remporte un vif succès auprès du public britannique. De 1935 à 1947, Mason parvient à démontrer son véritable talent d'acteur dans des films tels que L'Homme en gris, L'Homme fatal ou encore Le Septième Voile.
En 1947, James Mason remporte son premier grand succès international avec le film Huit Heures de sursis (Odd Man Out, en anglais) de Carol Reed. Dans ce film, il interprète Johnny McQueen, le chef d'une organisation irlandaise clandestine qui, blessé à la suite d'un braquage raté, disparaît, errant dans les rues de Belfast alors qu'il est recherché par la police. C'est d'ailleurs le film préféré de Mason qui reconnaît ultérieurement dans une entrevue que le rôle de McQueen est l'une de ses meilleures compositions cinématographiques.
La vedette confirmée va être ravie à la Grande-Bretagne par Hollywood, comme cela s'est souvent produit[1].
En 1962 sous la direction de Kubrick, Mason joue dans Lolita, d’après le roman de Nabokov paru en 1955 : cela lui vaut une nomination aux Golden Globes ainsi qu'aux BAFTA. Le film, qui raconte l'histoire d'un écrivain pris d'une passion amoureuse et sexuelle, obsessionnelle, pour une jeune adolescente d'environ 12 ans[a], est tourné au Royaume-Uni, ce qui permet à l’acteur de revenir à ses racines britanniques.
En 1967, il quitte définitivement Hollywood pour son pays natal, où il renoue avec le public britannique avec des films comme Georgy Girl (1966), film pour lequel il reçoit une deuxième nomination aux Oscars, La Mouette (1969) d’après la pièce de Tchekhov, Mandingo (1974) ou encore Croix de fer (1976). Les Britanniques Jack Clayton et Michael Powell le dirigent respectivement dans Le Mangeur de citrouilles (1964) et Age of Consent (1969). Entre 1975 et 1976, il tourne une série de quatre films en Italie, tous des polizieschi (polars à l'italienne), dans lesquels il interprète tour à tour un riche homme d'affaires, un sénateur corrompu, un avocat véreux et un procureur municipal. Mason ne parlant pas l’italien, ses scènes sont doublées dans la version originale. Vers la fin des années 1970, il apparaît le plus souvent dans de petits rôles comme dans Jésus de Nazareth (1977), Ces garçons qui venaient du Brésil (1978) ou Les Vampires de Salem (1979), un téléfilm tiré d'un roman de Stephen King.
Avec Le Verdict (The Verdict) de Sidney Lumet, James Mason obtient en 1982 une troisième et dernière nomination aux Oscars, pour le meilleur acteur dans un second rôle. De ses derniers films, on peut retenir Meurtre au soleil (1982), une adaptation d'un roman policier d'Agatha Christie, mais aussi La Partie de chasse (1984) dans lequel il interprète un aristocrate britannique vieillissant, face à son aîné, interprété par John Gielgud. The Assisi Undergound, tourné quelques mois avant sa mort, est son dernier film.
Mort
Peu de temps après le tournage de The Assisi Underground, James Mason meurt d'une crise cardiaque au CHUV à Lausanne le à l'âge de 75 ans[5]. Le service funèbre se tient à l'église anglaise de Vevey le [6]. James Neville Mason repose désormais dans le petit cimetière de Corsier-sur-Vevey, en Suisse, la troisième tombe sur la gauche de celle de son vieil ami Charles Chaplin. Sa veuve Clarissa est morte en 1994.
Quelques mois après, Michel Cieutat lui rend hommage dans la revue Positif[7] :
« Méchant, bon ou trouble, James Mason, dont on peut regretter qu'il n'ait pas travaillé avec Joseph Losey, fut donc un acteur complet qui représenta un homme total. Les rôles qu'il nous laisse échappent à toute mythologie figée, sont au-delà du firmament des stars. Il demeurera, comme Michel Bouquet chez nous, à l'image même de sa voix, un acteur d'exception. »
1983 : 1, rue Sésame (émission spéciale intitulée Don't Eat the Pictures: Sesame Street at the Metropolitan Museum of Art) (série télévisée) : un démon
James Mason s'est marié à deux reprises, d'abord avec Pamela Kellino(en) (de 1941 à 1964) puis avec Clarissa Kaye(en) (de 1971 jusqu'à sa mort).
James Mason a été un objecteur de conscience lors de la Seconde Guerre mondiale, ce qui explique en grande partie le fait qu'il n'ait jamais été anobli.
Georgy Girl (1966) est le dernier film en noir et blanc dans lequel il a tourné. Son premier film en couleurs est Pandora en 1951.
L'acteur n'est pas crédité au générique des films l’Invincible armada (1937) et Les Fuyards du Zahrain (1962) alors que ses caméos sont importants pour le déroulement de l'intrigue.
En 1962, l'acteur a été approché pour incarner le rôle de James Bond mais il déclina l'offre, lui préférant celui de Pr Humbert Humbert dans Lolita sous la direction de Kubrick.
Il n'existe à l'heure actuelle aucune publication francophone retraçant la carrière cinématographique de James Mason. Les ouvrages ci-dessous sont en anglais :
Monaghan, The Authorized Biography of James Mason, World Film Publication Ltd, 1947
Pamela Kellino and James Mason, The Cats in Our Lives, Current Books Inc., 1949
Clive Hirschhorn, The Films of James Mason, LSP Books Ltd, 1975
James Mason, Before I Forget, Hamish Hamilton Ltd, 1981
Sheridan Morley, Odd man Out, Weidenfeld & Nicholson, 1989
Diana De Rosso, James Mason, A Personal Biography, Lennard Publishing, 1989
Dai Vaughan, Odd man Out, BFI Film Classics, BFI Publishing, 1995
Kevin Sweeney, James Mason : A Bio-bibliography, Greenwood Press, 1999
Sarah Thomas, James Mason, British Film Institute, 2017
↑Ce film, et le roman dont il est issu, ont contribué à populariser les termes de « nymphette » ou « lolita » pour désigner les jeunes, voire très jeunes, filles aux physique attrayant et manières aguichantes[2].
↑« En 1983, par amitié pour son pays d'adoption [la Suisse et le canton de Vaud], il était apparu dans Alexandre, film tourné à Vevey par le jeune réalisateur vaudois François Amiguet[5]. »