Les missions de la Cinémathèque française sont la préservation, la restauration et la diffusion du patrimoine cinématographique[b]. Avec plus de 40 000 films et des milliers de documents et d'objets liés au cinéma, elle constitue une des plus grandes bases de données mondiales sur le septième art.
La Cinémathèque française est équipée pour la projection des formats argentiques (70 mm, 35 mm et 16 mm) et du numérique.
Son financement est assuré par une subvention du Centre national du cinéma et de l'image animée, des recettes de mécénat et des ressources propres (abonnements, billetterie, librairie, locations commerciales).
Histoire
L'origine de la Cinémathèque remonte à 1935, lorsque Henri Langlois et Georges Franju qui, depuis des années, récupéraient et sauvaient de vieilles copies de films, créent un ciné-club intitulé le Cercle du cinéma« pour montrer et faire connaître les œuvres du passé »[1].
L'année suivante, le , avec le soutien moral et financier de Paul-Auguste Harlé, la Cinémathèque française est créée avec pour mission, sous la direction d'Henri Langlois, de conserver les films, de les restaurer, de les montrer et de donner aux générations nouvelles un enseignement cinématographique. En plus des films, la Cinémathèque se met à collecter tout ce qui a trait au cinéma : caméras, affiches, publications, costumes et même décors de films.
En 1937, Henri Langlois se lie d'amitié avec Lotte H. Eisner, historienne du cinéma, qui a fui les persécutions nazies. Après la guerre, elle devient conservatrice en chef de la Cinémathèque française, fonction qu'elle occupe jusqu'à sa retraite en 1975.
Le , la Cinémathèque déménage et s'installe dans une nouvelle salle (260 places) au 29, rue d'Ulm, dans le 5e arrondissement : cette salle Jules-Ferry réunit les cinéphiles parisiens découvrant, bien avant l'ère du cinéma à la demande, le patrimoine cinématographique mondial grâce à Henri Langlois qui projette sa collection au gré de ses humeurs, les films comme la série B américaine qui n'y passaient pas étant projetés dans le Nickel Odéon de Bertrand Tavernier[2]. Le , la Cinémathèque s'installe dans la salle du palais de Chaillot grâce aux crédits alloués par André Malraux, ministre de la Culture, et devient liée aux pouvoirs publics.
Le 3 août 1980, des milliers de bobines de film sont anéanties par un incendie dans un des entrepôts utilisés par la Cinémathèque française sur plusieurs sites discrets en région parisienne et en Province, celui-ci au lieu-dit le Pontel, à Villiers-Saint-Frédéric, près de Rambouillet dans les Yvelines[8]. Même s'il existait dans d'autres dépôts des copies et des négatifs de la plupart des films détruits, ce qui limite le préjudice pour le patrimoine, est alors à l'époque soulignée la nécessité pour la Cinémathèque de disposer de plus de moyens pour conserver ses collections dans des conditions satisfaisantes[9].
La même année, on inaugure une salle de projection de la Cinémathèque française au Centre Pompidou. Le cinéaste Costa-Gavras est nommé président de la Cinémathèque en 1981. À partir de 1984 et jusqu'en 1996, Jack Lang, ministre de la Culture, lance le projet, repris par ses successeurs, d'installer une grande institution cinématographique au sein du palais de Tokyo, près du Trocadéro. La Cinémathèque est un temps transférée au palais de Tokyo. La Femis y est installée en 1988[10]. Jean Saint-Geours devient président de la cinémathèque en 1991. De grandes rétrospectives sont alors organisées, permettant aux cinéphiles d'apprécier l'œuvre d'un cinéaste dans son intégralité : Ingmar Bergman, Ernst Lubitsch, Fritz Lang, Robert Bresson. S'y ajoutent des programmations thématiques telles que le western.
Le , un incendie embrase le toit du palais de Chaillot[13],[14]. Les œuvres du musée du Cinéma(en)[15],[16],[17], évacuées en une nuit, sont intactes mais la Cinémathèque française doit quitter Chaillot. La salle de projection est fermée pendant plus d'un an. Le de la même année, on inaugure la salle des Grands Boulevards[18]. Dans cette dernière salle, la Cinémathèque explore des « territoires » cinématographiques nouveaux, avec des films « à la marge », comme les séries B.
En 2003, le critique de cinéma Serge Toubiana présente son rapport « Toute la mémoire du monde »[d] et devient directeur général de la Cinémathèque en , poste qu'il occupe jusqu'en . De à , le producteur et réalisateur Claude Berri est président de la Cinémathèque, succédant à Jean-Charles Tacchella.
Le , les salles du palais de Chaillot et des Grands Boulevards sont fermées et le nouveau site de la Cinémathèque française, au 51 rue de Bercy, ouvre au public le .
Le , la Cinémathèque française fusionne avec la BiFi. À partir de , Claude Berri étant malade, elle est présidée par Costa-Gavras. En , le critique Frédéric Bonnaud succède à Serge Toubiana au poste de directeur général.
La venue de Roman Polanski le 30 octobre 2017 pour l'ouverture de la rétrospective qui lui était consacrée, le débat avec le réalisateur Sharunas Bartas le 19 janvier 2018[19] et les conditions de la programmation du film Le Dernier tango à Paris le 15 décembre 2024[20] ont provoqué de vifs débats.
environ 6 000 appareils et leurs accessoires (caméras, projecteurs, etc.), incluant depuis 1997 ceux du Centre national du cinéma, étudiés et gérés depuis 2008 par le Conservatoire des techniques de la cinémathèque, dont 4 376 figurent dans son catalogue en ligne[f] ;
870 dossiers de matériels publicitaires, numérisés ;
25 000 revues de presse, numérisées ;
600 pièces de ces collections sont présentées au musée du cinéma.
Expositions
La cinémathèque est aussi connue pour accueillir des expositions sur des réalisateurs connus, en organisant des projections et conférences et en exposant les éléments importants de la carrière du cinéaste. Des films sont également mis à l'honneur[g].
2005/2006 : Renoir[22] (sur Auguste Renoir et son fils Jean)
Le nombre de visiteurs de la Cinémathèque a sensiblement augmenté après son déménagement en 2005 : 440 000 la première année (saison 2005-2006)[24]
En 2011, la Cinémathèque française a accueilli 518 000 visiteurs, ce qui constitue une hausse de 35 % par rapport à l'année 2010[25].
L'exposition consacrée au cinéaste Tim Burton organisée du au a accueilli 350 000 visiteurs. C'est une fréquentation record pour une exposition organisée à la Cinémathèque[ae].
En 2017, on note un rebond de fréquentation avec 380 000 entrées (+8 % par rapport à l'année précédente), un rajeunissement du public (22 % de moins de 26 ans) et un meilleur taux de remplissage (44 % contre 40 % en 2016)[26]
Dans la culture
Au cinéma
En 1968, en pleine affaire de la Cinémathèque, François Truffaut introduit au début de Baisers volés un plan sur les grilles fermées de la salle du palais de Chaillot[3].
Celle-ci est également évoquée dans le court-métrage Cinéma (2019), de Jean-Max Causse.
Dans la littérature
En 1978, dans Je me souviens, Georges Perec écrit : « Je me souviens de la Cinémathèque de l'avenue de Messine », où elle a été installée jusqu'en 1955[27].
En 2016, dans Une Vie en liberté, Michel Mourlet raconte sa rencontre et ses démêlés avec Henri Langlois au début des années 1960[28].
↑Roland Brasseur, Je me souviens encore mieux de Je me souviens : Notes pour Je me souviens de Georges Perec à l'usage des générations oublieuses et de celles qui n'ont jamais su, Bègles, Le Castor astral, , 3e éd., 359 p. (ISBN2-85920-544-6), p. 41–42.
↑Une Vie en liberté, Séguier, Paris, 2016 : chp. XV, p. 183 à 187.