Située au sud du département, la municipalité, d'une superficie de 1 572 ha, est la plus vaste de l'ancien canton de Hesdin. Ses 238 habitants au dernier recensement de 2022, se répartissaient sur le bourg et trois hameaux.
Petit village agricole de l'Artois méridional, le bourg principal est niché au cœur du pays des Sept Vallées, le « poumon vert du Pas-de-Calais », et au creux de l'un des vallons de l'arrière-pays de Montreuil-sur-Mer, à sept kilomètres au sud de la ville d'Hesdin. Cette région est particulièrement réputée pour la qualité de ses sols agricoles.
Au cours du Moyen Âge et de l'époque moderne, cette proximité d'Hesdin représente une chance et parfois une source de malheur pour les villages environnants. Chance, parce que la ville, grâce à son activité drapière et sa position de carrefour, devient une florissante cité. Malheur, pour les mêmes raisons de richesses et de circulation : ces terres convoitées et successivement revendiquées par de nombreuses couronnes, servent de « boulevard » à des arméesprédatrices.
Dès le début du XIIe siècle, les communautés villageoises de Mouriez et des paroisses voisines développent une relation de type quasi « symbiotique » avec la communauté prémontrée établie en l'abbaye de Dommartin, devenue progressivement propriétaire de la majorité des terres du plateau.
En 1834, le finage de la commune s'étend tandis que sa population croît en raison de la suppression de la commune de Dommartin, après la disparition de son abbaye. L'ancien territoire de Dommartin est réparti entre les trois communes limitrophes. Deux siècles durant, la commune connaît un décroissance démographique essentiellement lié à l'exode rural.
Géographie
Localisation
Mouriez est située entre les vallées de la Canche et de l'Authie, sur les contreforts méridionaux des collines de l'Artois, à 28 km à l'est de Berck et au nord d'Abbeville ainsi qu'à 58 km à l'ouest d'Arras. Son finage, l'un des plus vastes du canton, s'étend sur 1 572hectares. Il jouxte le département de la Somme au niveau du ravin de la Goulaffre entre la plaine de Bamières et la forêt de Dompierre. Le bourg principal est localisé à sept kilomètres de distance à vol d'oiseau au sud-ouest de la commune d'Hesdin.
Outre le bourg, le village est composé de trois hameaux dont deux sont situés sur le plateau environnant : Bamières (à l'est), et Lambus (au nord) à proximité de la route nationale 39 (RN 39). Le hameau de Rachinette (au sud-est) est blotti dans le fond des vaux Roux et de la Goulaffre.
Le territoire de la commune et ses communes limitrophes.
Géologie et relief
La superficie de la commune est de 15,72 km2 ; son altitude varie de 30 à 127m[2].
Mésozoïque
Le substrat s'est formé au cours du Crétacé supérieur. Il est composé de craies datant du Turonien supérieur au Coniacien inférieur, c'est-à-dire de quatre-vingt-dix millions d'années environ. Une couche de craie du Coniacien moyen les recouvre.
Cénozoïque
Au nord-est, quelques formations superficielles dérivées de l'altération probable de silex formée au cours du Cénozoïque peuvent être observées.
Les fonds de vallées et les bas des versants sont recouverts de dépôts sédimentaireslimoneux plus récemment apportés par les ravinements.
Géomorphologie
Le géographe français Jean Tricart, à propos des vallées du plateau du Ternois, démontre que les dissymétries des formes de vallées en structure calcaire sont pour partie liées au phénomène de cryoclastie qui favorise une érosion plus rapide des versants orientaux. Ce phénomène explique que les versants orientaux des vallées – c'est-à-dire ceux exposés vers l'ouest, donc plus ensoleillés — sont généralement de pente plus douce, et donc plus longs, que leur versant occidental[3], puisque les altitudes du plateau et du fond de vallée sont les mêmes. Cette caractéristique géomorphologique se retrouve dans le cas du vallon de Mouriez. Les cartesgéologique ou topographique font nettement apparaître ce phénomène qui s'exprime par la présence de vallons secs, affluents de la vallée principale, et dont ceux situés sur la rive orientale/gauche sont plus longs que ceux situés sur la rive occidentale/droite.
Certains de ces vallons constituent des creuses. Ce sont de petites formes de type karstique[Note 2], et le géographe Philippe Pinchemel précise que les creuses consistent en de petits ravins secs creusés, sur une dizaine de mètres de profondeur, dans une formation crayeuse et « qui apparaissent comme découpées à l'emporte-pièce dans un vallon plus évasé »[4]. La végétation plus abondante sur les talus est due à une concentration de l'humidité. La taille des creuses varie d'une centaine de mètres jusqu'à deux kilomètres pour les plus longues, tandis que la largeur dépasse rarement la vingtaine de mètres. Les têtes de vallon des creuses sont généralement abruptes[5], mais peuvent avoir été émoussées par des actions de ravinement.
Enfin, les cartes révèlent la présence sur le plateau de quelques vestiges de rideaux. Ils attestent de la présence ancienne de microreliefs que les remembrements successifs font progressivement disparaître. Ils seraient d'origine structurale et/ou culturale[6].
Pédologie
La présence d'une strate supérieure de lœss a favorisé l'apparition d'une formation superficielle composée d'horizons lœssiques. Ce type de terrain se caractérise par son fort potentiel de stockage des précipitations, rendant généralement favorable la mise en culture des terres, notamment la céréaliculture. Les horizons superficiels des terres du pays abritent une forte densité de rognons de silex issus du substrat crayeux (craies du Crétacé supérieur altérées — Sénonien, nomenclature géologique : C7). La présence de ces silex ne facilite pas la mise en culture, mais ils ont été longtemps réemployés comme matériaux de construction (bâtiment, route…)[7].
Détail de mur de ferme : blocs de craie et briques sur solin en silex épannelés.
Détail de mur de ferme : motif de briques dans soubassement en silex.
Détail de mur d'étable : soubassement en briques et en silex disposés en escalier.
Détail de mur de grange : en torchis avec clayonnage en bois sur soubassement en silex.
Le fond de vallée collecte une partie des eaux pluviales en provenance du plateau. Les ruissellements ont pu provoquer autrefois quelques inondations importantes[Note 3] et ils participent à la dégradation de plusieurs sections de route qui parcourent la commune.
Ce fond de vallée sèche constitue la partie supérieure du réseau hydrographique de la Warnette, affluent de l'Authie. Exceptionnellement, le bassin hydrographique de ce réseau est animé d'un régime hydrographique particulier qu'il est possible d'apparenter à celui de torrent[Note 4], en période de précipitations intenses et lorsque les terres saturées en eau ne protègent plus de puissants ruissellements qui, alors, ravinent les sols agricoles. Ainsi, les trois morphotypes spatiaux successifs propres aux torrents sont observés : le bassin de réception, le chenal d'écoulement puis le cône de déjection. Le plateau, des lieux-dits le Bout de Haut au Petit Lambus, correspond au bassin de réception ; le fond de vallée sèche jusqu'à Tortefontaine correspond au chenal d'écoulement (avec vallons secs affluents, mais susceptibles d'être réactivés en cas de précipitations intenses et prolongées), tandis que le cône de déjection, situé sur la partie orientale des terres de l'abbaye de Dommartin, forme le glacis débouchant sur le val d'Authie.
Un réservoir d'eau est situé sur les hauteurs à l'intersection du chemin des Religieux et du chemin rural dit de Mouriez menant au hameau de Saint-Josse-au-Bois. Il est relié au principal château d'eau du secteur situé à Lambus, point culminant du plateau de Mouriez.
C'est dans la commune que la Rachinette, petit cours d'eau de 2,4 km, termine sa course après avoir pris sa source dans la commune voisine de Capelle-lès-Hesdin[9].
Le territoire communal est couvert par le schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE) « Authie ». Ce document de planification concerne un territoire de 1 253 km2 de superficie, délimité par le bassin versant de l'Authie. Le périmètre a été arrêté le et le SAGE proprement dit est, en 2024, en cours d'élaboration. La structure porteuse de l'élaboration et de la mise en œuvre est le syndicat mixte Canche Et Authie[11].
Le climat est de type océanique. La météorologie du jour et ses prévisions pour les trois prochains jours peuvent être consultées sur le site de Météo France[12].
Comparaison des données météorologiques de Mouriez avec les données nationales
Ce paysage, qui concerne 83 communes, se délimite : au sud, dans le département de la Somme par le « paysage de l'Authie et du Ponthieu, dépendant de l'atlas des paysages de la Picardie et au nord et à l'est par les paysages du Montreuillois, du Ternois et les paysages des plateaux cambrésiens et artésiens. Le caractère frontalier de la vallée de l'Authie, aujourd'hui entre le Pas-de-Calais et la Somme, remonte au Moyen Âge où elle séparait le royaume de France du royaume d'Espagne, au nord.
Son coteau Nord est net et escarpé alors que le coteau Sud offre des pentes plus douces. À l'Ouest, le fleuve s'ouvre sur la baie d'Authie, typique de l'estuaire picard, et se jette dans la Manche. Avec son vaste estuaire et les paysages des bas-champs, la baie d'Authie contraste avec les paysages plus verdoyants en amont.
L'Authie, entaille profonde du plateau artésien, a créé des entités écopaysagères prononcées avec un plateau calcaire dont l'altitude varie de 100 à 163m qui s'étend de chaque côté du fleuve. L'altitude du plateau décline depuis le pays de Doullens, à l'est (point culminant à 163 m), vers les bas-champs picards, à l'ouest (moins de 40 m). Le fond de la vallée de l'Authie, quant à lui, est recouvert d'alluvions et de tourbes. L'Authie est un fleuve côtier classé comme cours d'eau de première catégorie où le peuplement piscicole dominant est constitué de salmonidés. L'occupation des sols des paysages de la Vallée de l'Authie est composée de 70 % en culture[14].
Dans ce cadre, le territoire de la commune fait partie d'un espace protégé : le bois de Mouriez d'une superficie de 1,756 ha. Terrain acquis (ou assimilé) et géré par le Conservatoire d'espaces naturels des Hauts-de-France[16].
Zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique
L'inventaire des zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) a pour objectif de réaliser une couverture des zones les plus intéressantes sur le plan écologique, essentiellement dans la perspective d'améliorer la connaissance du patrimoine naturel national et de fournir aux différents décideurs un outil d'aide à la prise en compte de l'environnement dans l'aménagement du territoire.
Le territoire communal comprend deux ZNIEFF de type 2[Note 7] :
la moyenne vallée de l'Authie et ses versants entre Beauvoir-Wavans et Raye-sur-Authie. Cette ZNIEFF de la moyenne vallée de l'Authie comprend une organisation paysagère régulière avec le fond de vallée humide, des versants calcaires, pentes boisées et hauteurs cultivées[17] ;
la basse Vallée de l'Authie et ses versants entre Douriez et l'estuaire. Cette ZNIEFF forme une longue dépression au fond tourbeux et offre plus de 4 000 ha de marais, de prairies humides et d'étangs[18].
Au , Mouriez est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[20].
Elle est située hors unité urbaine[21] et hors attraction des villes[22],[23].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d'occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (92,1 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (92,1 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : terres arables (76,9 %), prairies (10 %), forêts (5,9 %), zones agricoles hétérogènes (5,2 %), zones urbanisées (2 %)[24].
L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l'évolution dans le temps de l'occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[25].
Carte de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
La rue principale vue du bas de la côte « Bruges », du nom de l'ancien propriétaire du café situé à mi-pente sur la gauche - vers 1908.
Type de peuplement
La morphologie est de type village-rue, à habitat groupé en ordre lâche, contraint par un fond de vallée et encadré de trois hameaux situés sur le plateau. Dans le bourg principal, et plus particulièrement dans la partie de la vallée correspondant au chenal d'écoulement[Note 8], les habitations sont traditionnellement construites sur les pentes, de manière surélevée au fond de vallon (niveau de la route), pour éviter les dégâts dus aux inondations.
Ainsi, en 2009, le nombre total de logements dans la commune était de 140, alors qu'il était de 124 en 1999[a 1].
La part des résidences principales décroît et passe en dix ans de 78,2 % à 71,3 %. Il n'existe aucun appartement, l'ensemble des logements est constitué de maisons individuelles[a 2].
La proportion de résidents propriétaires est importante et en progression. En 2009, elle atteignait 85,4 %[a 3].
Projets d'aménagements
L'implantation d'un parc éolien comprenant une centrale de douze unités, réparties entre les communes de Mouriez (cinq unités) et de Tortefontaine, est envisagée, bien qu'aucune date ne soit avancée. Son éventuelle réalisation dépendra des choix retenus dans le cadre du schéma départemental et d'une enquête d'utilité publique. La présidente en exercice de la municipalité s'est prononcée en faveur du projet[26], mais un certain nombre d'habitants et de propriétaires terriens semblent y être opposés.
Trois routes secondaires desservent également la commune : D 134, D 138e1 et D 138e2. Les autres routes sont à caractère communal ou vicinal[27]. Au total, la commune est parcourue par vingt-deux kilomètres de routes.
Les embranchements autoroutiers les plus proches, vers l'A16 et A28, sont distants de vingt-cinq à trente kilomètres. Trois principaux accès sont répertoriés : la sortie 23 « Abbeville Nord » avec l'échangeur autoroutier A16-A28, et les sorties 24 « Rue », 25 Berck et « Montreuil-sur-Mer » de l'A16.
Transports en commun
Seul un service de ramassage scolaire dessert la commune.
Cette faible desserte explique qu'en 2000, 87,5 % des ménages résidant dans la commune disposaient au moins d'une voiture, soit 12,5 points de plus que la moyenne française et près de 8 points de plus que la moyenne des ménages du canton de Hesdin[29]. Par ailleurs, près du tiers des ménages de Mouriez possède au moins deux véhicules automobiles.
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous la forme Mons Richarii en 1114[30], de monte Raheri en 1147, Montreher en 1159, Monreher ou Monrihier en 1175, Monreher en 1183[31].
Il s'agit d'une formation médiévale en Mont-, appellatif toponymique issu du gallo-roman MONTE (latinisé en Mons dans certains textes médiévaux). Le second élément est un nom de personne mal éclairci, sans doute germanique, Richar selon Albert Dauzat et Charles Rostaing[32] ou Ratharius selon Maurits Gysseling[33]. Dans les deux cas, les consonnes intervocaliques se sont amuïes.
Histoire
Antiquité
Pendant l'occupation romaine en Morinie vers 55 av. J.-C.[Note 10], il semblerait que Mouriez se soit appelé Rumacum[34].
Dans plusieurs de ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, Jules César rapporte sa vision des différentes tribus de la Gallia Belgica. Selon ces recueils, le peuple des Atrébates, originaire de Germanie se serait installé en Artois entre le IVe et le IIe siècle av. J.-C., en fondant notamment une cité du nom de Nemetocenna[35]. Les Atrébates correspondent archéologiquement aux Celtesdanubiens et il est probable qu'ils se sont fondus au substrat de population celtique préexistant.
La carte Belgii Veteris Typus d'Ortelius précise les limites de la Morinie ainsi que la localisation des principales autres tribus. Le cartographe situe clairement la cité de Hedana sur la Canche à proximité de sa lisière sud. Sa localisation en amont du confluent avec la Ternoise correspond actuellement à la commune de Vieil-Hesdin distante de dix kilomètres de celle de Mouriez.
Moyen Âge
Tout au long du Moyen Âge, les terres méridionales de l'Artois sont fortement convoitées et successivement revendiquées par les couronnes de France, d'Angleterre, de Bourgogne ou encore d'Espagne[Note 11]. La localisation de Mouriez n'est pas forcément confortable, car située au sein du « boulevard de l'Artois »[36] des armées, trop lourdement équipées pour franchir aisément les marécages de la région littorale des Bas-Champs[Note 12] et des vallées de la Canche, de l'Authie et de la Somme. De plus, ces armées en campagne sont, la plupart du temps, prédatrices. Ces situations de crises à répétition ont incité les populations autochtones à développer des stratégies de protection et de survie particulières désignées par le terme muches[Note 13] ; c'est-à-dire des réseaux de souterrains aménagés pour se protéger des pillages et autres sévices des hommes d'armes ou mercenaires[37].
Mais, la proximité du finage de Mouriez de la cité d'Hesdin constitue également un atout pour la communauté villageoise qui profite du dynamisme économique de la ville drapière et de son marché alimenté par les productions agricoles et animales des finages du pays Hesdinois. En effet, Hesdin dispose alors d'une situation privilégiée, à l'intersection des axes nord-sud Calais-Paris[Note 14] et ouest-est Boulogne-sur-Mer-Cambrai[Note 15] et à quelques kilomètres du port maritime de Montreuil-sur-Mer aisément accessible par la vallée de la Canche[Note 16].
Moyen Âge inférieur
Au début du règne de Clovis, les terres de Mouriez, comme l'ensemble de celles de l'Artois, font partie intégrante du Regnum Francorum. À sa mort, en 511, les terres reviennent au royaume de Soissons dirigé par Clotaire Ier, puis à son fils Chilpéric Ier. Vers 575, Chilpéric est contraint, sous la pression de son frère Sigebert Ier, de déplacer sa capitale à Tournai, mais l'Artois ainsi que les basses terres littorales situées au nord de la baie de Somme demeurent sous son autorité.
En 1131, à la mort du père Milon, fondateur de la communauté de Prémontrés établie à Saint-Josse-au-Bois en 1125[40], Adam († 1166) est élu nouvel abbé. Ce dernier initie alors les travaux d'une vaste église au lieu-ditDommartin qui préfigure la future installation de l'abbaye en ce lieu.
À la mort de Gui de Hantona, vassal du vicomte Hugues Colet de Beaurains, sa fille Oda épouse Rollancourt[41], lègue en 1138 à l'abbaye l'ensemble du domaine de son père, c'est-à-dire « le quart des terres et des bois de Bamières ».
En 1161, l'abbaye est transférée sur l'ancienne commune de Dommartin — devenant alors l'abbaye Saint-Josse de Dommartin — en un lieu plus favorable situé sur le flanc nord de la vallée de l'Authie. Deux années plus tard, l'église, devenue abbatiale et dont les travaux avaient commencé dès 1153, est consacrée. De type gothique primitif, elle mesure quatre-vingt-neuf mètres de long pour vingt-six mètres de large et autant de haut[44].
Au cours des XIIe et XIIIe siècles, l'abbaye semble avoir rapidement étendu son domaine grâce à quelques achats[45] et à un certain nombre de legs et concessions[46]. Une partie d'entre eux fut contestée, parfois violemment, surtout par les fils et beau-fils d'Hugues Colet (Enguerrand, Waldric, Bartélémy et Robert) après le retour de ce dernier de Jérusalem[47].
En 1249, l'autel de Mouriez est accordé à l'abbaye de Dommartin[42].
En 1364, Jean II le Bon donne en apanage à son quatrième fils, Philippe le Hardi, le duché de Bourgogne récupéré par dévolution deux ans plus tôt. Lorsque, en juin 1369, ce dernier épouse Marguerite III de Flandre, les comtés de Flandre et d'Artois, et donc Mouriez, passent sous influence bourguignonne. La Maison de Bourgogne issue de la maison capétienne de Valois prendra complètement possession de ces deux comtés en janvier 1384, à la mort de Louis de Male. Dans un objectif de souveraineté visant à extraire ses domaines de l'apanage français, son petit-fils, Philippe le Bon, signe en qualité de représentant de la régence française le traité de Troyes le . Ce dernier initie du même coup une alliance avec le royaume d'Angleterre, alliance confirmée contre la France le , lors d'une nouvelle rencontre avec Henri V d'Angleterre. Les acquisitions artésienne et picarde du duc seront confirmées le , lors de la paix franco-bourguignonne établie par le traité d'Arras, en échange de sa neutralité[48].
La paroisse de Mouriez quitte alors pour plus de deux siècles l'influence politique de la couronne royale française, et ce, malgré les éventuels hommages rendus par les seigneurs de l'Artois et de la Flandre au roi de France en qualité de suzerain, souvent très rapidement dédits[Note 17],[50].
Époque moderne
Durant l'époque moderne, les contestations territoriales en Artois perdurent malgré des modalités d'expression en partie différentes de celles qui animèrent la période médiévale.
Le retour de l'influence de la couronne royale française sur le Hesdinois s'opère à la faveur de la guerre de Trente Ans, avec de la prise d'Hesdin le . Soixante-dix ans après que l'Artois a été progressivement reprise en main par des congrégations monastiquescatholiques, Louis XIV met un terme à la guerre de Trente Ans en signant le le traité des Pyrénées. Ses gains territoriaux sont importants. Entre autres, l'Artois réintègre alors formellement le royaume de France tandis que l'interfluve Canche-Authie devient domaine royal en qualité de bailliage d'Hesdin.
En 1700, l'abbaye de Dommartin fait l'acquisition de la seigneurie de Mouriez. En 1718, l'abbé Charles Ricouart ordonne des travaux d'agrandissement de l'abbatiale. La nef est alors allongée de deux travées tandis que l'édification d'un nouveau clocher[Note 18] de soixante-cinq mètres de hauteur coiffé d'une flèche de plus de trente mètres est décidée. Les religieux désiraient y placer un nouveau jeu de cloches, plus puissantes que les précédentes, afin qu'elles soient audibles à travers toute la vallée. Le chantier du clocher n'est pas réalisé comme initialement prévu car ses fondations se révèlent insuffisantes. Les moines arrêtèrent alors la construction à quarante-trois mètres et une flèche de vingt-quatre mètres de hauteur y est placée[53].
Le , un dénommé Maximilien-François de Robespierre, rentré comme novice à l'abbaye de Dommartin le pour satisfaire sesparents, renonce, la veille de sa prise d'habit, à la vie monacale[54]. De son union avec Jacqueline-Marguerite Carrault naît, hors mariage, le , Maximilien de Robespierre, célèbre lors de la Révolution française.
En 1789, aucun des trente moines de l'abbaye n'accepte de rejoindre le clergé constitutionnel et de prêter serment sur la constitution civile du clergé. Deux années s'écoulent sans heurt, lorsque, au début du mois de juin 1791, les commissaires]du district confisqurent l'ensemble des biens de la ferme et procèdent à son adjudication comme biens nationaux le 8 du même mois. Le , les biens religieux sont aliénés mais aussitôt rachetés par le père abbé Ghislain-Joseph Oblin. Finalement, l'abbaye est de nouveau confisquée en 1793[55].
Le village n'a pas trop souffert de la Grande Guerre, ou en tout cas pas directement. Aucun livre d'histoire ne semble y faire allusion. À l'origine, le plan Schlieffen prévoyait que la 1re armée allemande, commandée par le général von Klück, traverse successivement l'Artois, le Ponthieu, le Vimeu, le Pays de Caux puis la Beauce pour prendre l'ennemi à revers. Ainsi, cette armée aurait dû passer entre Hesdin et Saint-Pol-sur-Ternoise. Mais des difficultés logistiques contraignirent l'état-major allemand à modifier sa stratégie. En réalité, la première armée fut stoppée sur les premiers contreforts de l'Artois. Ainsi, la portion de front la plus proche, celle située entre les communes de Vimy et d'Albert restait située à une quarantaine de kilomètres, une distance suffisante pour éviter les dommages.
Durant la Seconde Guerre mondiale, le Nord-Pas-de-Calais fut occupé dès mai 1940, après le Fall Gelb, par les armées allemandes. Une partie du hameau de Bamières fut réquisitionnée par la Wehrmacht dans le but d'y déployer une base de lancement de fusées V-1. La rampe fonctionna plusieurs mois et le village dut subir la destruction de la maison Lemoine située dans la côte Bruges lors d'un défaut de tir de bombes volantes. Dans les champs alentour, l'armée allemande déploya un dispositif composé d'un dépôt de carburant[Note 19] et d'un aérodrome[Note 20]. Pour éviter les survols ennemis à basse altitude, une série de pieux en bois — appelés localement poteaux de Rommel[Note 21] — fut plantée dans l'ensemble des champs entourant le hameau et disposée en quinconce pour prévenir d'éventuels atterrissages[57]. La base de Bamières fut lourdement bombardée le [58]. L'armée d'occupation confisqua également l'ensemble des terrains agricoles des exploitations du hameau qu'elle exploita à l'aide de prisonniers-manœuvres. Quelques-uns parvinrent à s'évader, un à un, cachés dans le double fond aménagé dans une voiture décapotable qui n'attira pas la curiosité des sentinelles tant sa taille était petite[Note 22]. Certains jeunes résistants, affiliés ou non à des cellules communistes ou au réseau AGIR, deviendront quelques années plus tard membres du conseil municipal.
Une seconde rampe de lancement de fusées V-1 aurait également été établie à proximité des fermes de Lambus[59],[60].
Le , trois résistants du parti communiste français de la région d'Hesdin, Marcel Fréville (1899-1942), né à Contes, Victor Mariette (1904-1942), né dans la commune et Élie Fauquet (1891-1942), né à Aubin-Saint-Vaast, sont exécutés, par les Allemands, à la citadelle d'Arras. Andrée Patoux (1908-1971), née Armand, tenant l'imprimerie Patoux à Hesdin, résistante avec eux, est internée en Allemagne et en revient après la guerre ; Fidéline Fauquet (1886-1945), née Sallembien, épouse d'Élie Fauquet, meurt en déportation dans le camp de Ravensbrück. Sur un mur de la citadelle d'Arras sont apposées trois plaques en mémoire des trois résistants. Une rue d'Hesdin porte le nom de Marcel-Fréville depuis 1944[61],[62],[63],[64],[65],[66],[67].
La commune faisait partie depuis 1801 du canton de Hesdin[2]. Dans le cadre du redécoupage cantonal de 2014 en France, cette circonscription administrative territoriale a disparu, et le canton n'est plus qu'une circonscription électorale.
Agriculteur Réélu pour le mandat 2020-2026[77],[78]
Jumelages
Au , Mouriez n'est jumelée avec aucune commune[79].
Équipements et services publics
Espaces publics
La commune fait partie des villages labellisés Village Patrimoine[80], qui œuvrent à mettre en avant leurs patrimoines matériels et/ou immatériels (historique, culturel, naturel, architectural, etc.).
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[86]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2007[87].
En 2022, la commune comptait 238 habitants[Note 24], en évolution de −4,8 % par rapport à 2016 (Pas-de-Calais : −0,72 %, France hors Mayotte : +2,11 %).
En 2018, le taux de personnes d'un âge inférieur à 30 ans s'élève à 31,7 %, soit en dessous de la moyenne départementale (36,7 %). À l'inverse, le taux de personnes d'âge supérieur à 60 ans est de 29,7 % la même année, alors qu'il est de 24,9 % au niveau départemental.
En 2018, la commune comptait 119 hommes pour 127 femmes, soit un taux de 51,63 % de femmes, légèrement supérieur au taux départemental (51,50 %).
Les pyramides des âges de la commune et du département s'établissent comme suit.
Pyramide des âges de la commune en 2018 en pourcentage[89]
Hommes
Classe d’âge
Femmes
0,8
90 ou +
0,0
10,8
75-89 ans
10,1
18,3
60-74 ans
19,4
23,3
45-59 ans
23,3
15,0
30-44 ans
15,5
10,8
15-29 ans
12,4
20,8
0-14 ans
19,4
Pyramide des âges du département du Pas-de-Calais en 2021 en pourcentage[90]
Hommes
Classe d’âge
Femmes
0,5
90 ou +
1,6
5,6
75-89 ans
8,9
16,7
60-74 ans
18,1
20,2
45-59 ans
19,2
18,9
30-44 ans
18,1
18,2
15-29 ans
16,2
19,9
0-14 ans
17,9
États matrimoniaux et compositions des ménages en 2007 et 2020
Tandis que, de 1999 à 2007, le nombre et la taille des ménages n'avaient guère varié, passant respectivement de 97 à 96 ménages et de 2,5 à 2,6 personnes par ménage, ces derniers indicateurs évoluent de nouveau sensiblement.
En effet, le nombre de ménages a augmenté jusqu'à atteindre 104 ménages en 2020. Parallèlement le nombre moyen de personnes par ménage a diminué jusqu'à 2,32. Ces tendances traduisent la diminution constatée du nombre d'habitants de la commune depuis 2007.
Mobilité résidentielle 2002-2007 et 2014-2020
De 2002 à 2007, 6,3 % de la population nouvellement installée provenait d'une autre région ou de l'étranger. Au cours de la même période, 77,7 % des résidents n'avait pas déménagé tandis que 0,9 % des résidents changèrent de logement tout en restant au sein de la commune. Ainsi, alors que les plans départemental et régional faisaient état de migrations résidentielles annonçaient globalement une tendance au vieillissement des populations rurales[91] — notamment avec une part plus importante de départs chez les jeunes adultes —, les dynamiques de mobilité qui animaient la commune durant cette période semblaient alors suivre une tendance pour partie différente. Les mécanismes locaux de la mobilité résidentielle étaient fondés, certes, sur le départ de populations fraîchement diplômées, mais ces départs étaient alors numériquement compensés par l'installation de foyers de néoruraux — actifs ou retraités — fuyant les désagréments des villes à la recherche d'une qualité de vie moins stressante[92].
Sur la période 2014-2020, la tendance précédemment soulignée semble se confirmer puisque les nombres de résidences principales et secondaires continuent d'augmenter - respectivement de 100 à 104 et de 28 à 29 unités résidentielles - tandis que le nombre de logements vacants passait de 19 à 9[93].
Manifestations culturelles et festivités
Le syndicat d'initiative organise des animations de loto, le Noël des enfants avec sortie au cinéma ainsi qu'une retraite aux flambeaux la veille du 14 juillet[94]. Le seul club encore en activité est celui des aînés.
La brocante annuelle a lieu le dernier dimanche du mois de mai. Pour son édition de 2009, elle a accueilli plus de deux cent vingt exposants, soit près de 50 % de plus que les années précédentes. Le linéaire de stand est gratuit et son obtention s'effectue auprès du syndicat d'initiative communal[95].
La commune dispose d'une société de chasse[96] qui organise son ball-trap annuel le premier week-end du mois de septembre, peu de temps avant la ducasse de la commune organisé par le syndicat d'initiative.
Afin de conserver son patrimoine Aurélien Szczepanski crée en 2015 une association de restauration du patrimoine (Les Amis de Notre-Dame de Mouriez) afin de sauvegarder le patrimoine et de le faire vivre. L'association a accueilli en 2017 Les Petits chanteurs de France en entreprend des travaux de restaurations en collaboration avec le conseil municipal[97].
Enfin, outre le syndicat d'initiative et la société de chasse, la commune compte deux associations supplémentaires : les Anciens combattants et l'Aménagement foncier rural (AFR)[98].
Sports et loisirs
Il existe un terrain de basket-ball situé à proximité de l'église.
Le village est traversé par le chemin de grande randonnée GR 123. Sur le territoire communal, le GR de Pays (GRP) Tour de la Canche-Authie emprunte les mêmes sentiers que le GR 123 avant de s'en séparer dans le hameau de Rapéchy. Le GR 123 continue alors sa progression vers le sud, tandis que le GRP bifurque vers l'est en remontant le val d'Authie en direction d'Auxi-le-Château.
Dans la région, le tourisme rural connaît un essor remarquable depuis les années 1980[99]. Depuis près de dix ans, un agriculteur de la commune a diversifié ses activités en ouvrant, dans le hameau de Lambus, un gîte de France pouvant accueillir jusqu'à neuf vacanciers.
Cultes
Pour le culte catholique, Mouriez dépend de la paroisse Notre-Dame en Hesdinois au sein du diocèse d'Arras[100].
Économie
Revenus de la population et fiscalité
En 2010, le revenu fiscal médian par ménage était de 24 763 €, ce qui plaçait Mouriez au 23 549e rang parmi les 31 525 communes de plus de 39 ménages en métropole[101].
Évolution de la fiscalité sur le revenu depuis 2001 : nombre de foyers fiscaux, types et montant des revenus de référence
Année
Nombre de foyers fiscaux
Revenu fiscal de référence des foyers fiscaux
Impôt net (total)
Nombre de foyers fiscaux imposables
Revenu fiscal de référence des foyers fiscaux imposables
Traitements et salaires
Retraites et pensions
Nombre de foyers concernés
Montant
Nombre de foyers concernés
Montant
2007
129
2 212 104
58 292
49
1 452 302
72
1 557 342
50
617 586
2006
128
1 582 893
59 009
50
1 065 214
69
1 428 447
50
589 231
2005
118
1 466 371
52 629
40
897 446
63
1 248 896
47
512 223
2004
126
1 477 462
39 524
43
876 484
65
1 263 118
45
508 611
2003
125
1 406 552
42 185
45
919 761
68
1 223 765
44
490 237
2002
130
1 529 688
59 984
48
960 228
70
1 230 111
47
561 315
2001
139
1 626 391
77 560
51
1 068 911
76
1 209 142
51
565 274
Sources des données : ministère du Budget, des comptes publics et de la fonction publique - 2008[102]
Le niveau d'imposition moyen des Richarimontois, établi sur les bases de l'impôt sur le revenu, est inférieur à ceux du département et du territoire national, et ce depuis plusieurs années[Note 25]. Par ailleurs, le taux moyen d'imposition des foyers fiscaux imposables tend à décroître depuis 2001, passant de 7,5 % à 4 % en 2007 (cf. graphique ci-contre gauche).
Ces dernières années, la baisse du niveau d'imposition sur le revenu est concomitante d'une hausse des taux de fiscalité directe locale (cf. graphique ci-contre droit). Les transferts de compétences de l'échelon national vers les collectivités territoriales, effectués dans le cadre des politiques de décentralisation, expliquent cet effet ciseaux. Dans le cas de Mouriez, cette augmentation n'est pas induite par les taux d'imposition communal et intercommunal — qui restent constants ou décroissent légèrement —, mais par une hausse des taux de perception aux échelons départemental et régional[105].
L'analyse des comptes de la commune[106] établit un solde positif pour l'exercice 2007 de 34 000 euros soit 138 euros par habitant. La commune n'étant pas endettée, sa capacité d'autofinancement est intacte. Pour l'exercice comptable 2008, elle dispose d'un fonds de roulement doté de 101 000 euros.
Emploi
En 2009, la population âgée de 15 à 64 ans s'élevait à 157 personnes, parmi lesquelles on comptait 67,5 % d'actifs dont 60,3 % ayant un emploi et 7,3 % de chômeurs[a 4].
On comptait 33 emplois dans la zone d'emploi, contre 49 en 1999. Le nombre d'actifs ayant un emploi résidant dans la zone d'emploi étant de 95, l'indicateur de concentration d'emploi[Note 26] est de 34,2 %, ce qui signifie que la zone d'emploi offre seulement un emploi pour trois habitants actifs[a 5].
Entreprises et commerces
Au 31 décembre 2010, Mouriez comptait 36 établissements : 15 dans l'agriculture-sylviculture-pêche, 2 dans l'industrie, 2 dans la construction, 12 dans le commerce-transports-services divers et 5 étaient relatifs au secteur administratif[a 6].
En 2011, une entreprise a été créée à Mouriez[a 7].
En 1986, un important silo à céréales de type cathédrale a été bâti sur le hameau de Lambus à proximité de la route D 939. Situé sur un point haut, le bâtiment principal, qui dépasse les cinquante mètres de hauteur, est visible à plusieurs kilomètres à la ronde. L'infrastructure est exploitée par la société Unéal, groupe coopératif spécialisé dans les métiers de l'agriculture et implanté dans le Nord-Pas-de-Calais et en Picardie. Le silo a été l'objet d'un programme de rénovation afin d'éviter d'éventuelles infiltrations d'eau de pluie liées au vieillissement du béton[107].
La commune accueille sur son territoire l'ancien bassin de décantation de la sucrerie de Marconnelle, entreprise ayant cessé son activité depuis 2007. Paysagé, le site[108] développe un biotope particulier.
Secteur agricole
Globalement, depuis deux générations, le nombre d'activités n'a cessé de décroître. Celles encore présentes sont essentiellement liées aux secteurs agricole ou agroalimentaire, ce qui dénote l'importance de ces secteurs à l'échelle départementale.
L'on ne recense plus aujourd'hui que neuf exploitations agricoles « classiques »[109] et deux maraîchères. L'entreprise de travaux agricoles implantée depuis plus de vingt ans sur la commune a été reprise ces dernières années par l'entreprise Lefrançois basée à Clenleu[110].
Céréales, pommes de terre, lin, betterave sucrière, maïs, et chicon sont les principales plantes rentrant dans la composition des assolements. La pratique de la polyculture résiste malgré une diversification des semences moins importante qu'il y a une vingtaine d'années. Globalement, les pratiques d'élevage déclinent. Une déprise des pâtures à des fins agricoles est observée, tandis que, au cours du dernier quart de siècle, l'élevage ovin a quasiment disparu. Seule subsiste encore une petite activité d'élevage bovin pour la viande ainsi qu'une petite production laitière répartie sur trois fermes.
Ces dernières années, le finage de la commune a fait l'objet d'un remembrement agricole, avec extension sur les communes de Tortefontaine, Guigny et Capelle-lès-Hesdin. Entamée le , la procédure a été close le [111]. L'opération de remembrement a été menée dans le cadre de l'Association foncière de remembrement de Mouriez créée spécialement pour l'occasion par arrêté préfectoral en date du [112].
Commerce
Sur les trois cafés existant à la fin des années 1970, seul l'établissement Crevel-Plé reste actuellement en activité. Autrefois, il assurait également les fonctions de quincaillerie, de débit de tabac et de station-service. Par ailleurs, il hébergeait le siège du club de football disparu depuis plus de vingt-cinq ans et dont l'ancienne pâture, qui faisait office de terrain de jeu, a été transformée en labour.
L'épicerie, presse et bar Merlier[Note 27], le café Bruges et le charron ont cessé leurs activités vers la fin des années 1980. Deux boulangers ambulants (depuis Douriez et Hesdin) desservent le village une fois par semaine ainsi qu'un boucher et un poissonnier plus irrégulièrement[109].
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
Monuments civils
Les trois anciennes fermes d'abbaye du château (1688), de Bamières (1745) et de Lambus (1770) conservent des caractères architecturaux remarquables (porche à bâtière en craie du XVIe siècle ou voûté en briques du XVIIe siècle, charpente en croupe sans pignon du XVIe siècle, murs à chaînage briques-craie de plus d'un mètre d'épaisseur, pigeonnier et colombier circulaires…).
Monuments religieux
L'égliseNotre-Dame de la Nativité, de culte catholique romain, a été érigée sur le plateau à partir d'une chapelle datant de 1674, à laquelle il a été adjoint une nef vers 1747, reconstruite en 1864[113]. Elle abritait une statue de la Vierge à l'enfant, statue volée en mars 1978, qui était le seul bien classé de la commune[114]. Réalisée vraisemblablement autour de 1600, l'œuvre en bois recouverte de polychrome mesure soixante centimètres. À la suite du vol, deux autres statues, dont celle de sainte Catherine, de facture similaire et datant du XVIe siècle ont été retirées de l'église afin d'en assurer la protection et la conservation. Elles font désormais partie du fonds du musée des Beaux-Arts d'Arras[115]. Au XVIIe siècle, l'église était desservie par un père de l'abbaye de Dommartin. L'église a été implantée au nord du fond de la vallée accueillant le bourg principal afin de rendre audible l'appel des cloches et d'être accessible depuis les hameaux. Le cimetière entoure l'édifice. Depuis septembre 2008, la flèche du clocher supporte un tout nouveau coq, le précédent ayant été détruit par la foudre. Plus récente, la cloche de l'édifice se nomme Julie Charlotte[116].
Présence de calvaires situés pour le premier en haut de la côte Bruges[Note 28], à l'entrée nord du village, face au carrefour de la rue principale et de la rue de l'Église, pour le deuxième devant l'école, et les deux derniers dans les hameaux de Bamières et de Lambus.
Jean-Claude Debril, Hesdin et son canton, Saint-Cyr-sur-Loire, Alan Sutton, coll. « Mémoire en images », , 1re éd., 128 p. (ISBN978-2-84910-179-7 et 2-84910-179-6)
Philippe Decroix, La maison rurale en Artois, Boulonnais et Calaisis, Nonette, Créer, coll. « Contribution à un inventaire régional », , 96 p. (ISBN978-2-902894-58-1)
Jean-Michel Dewailly, « Habitat agricole et tourisme dans le pays de Montreuil : l'exemple de Mouriez », Hommes et terres du Nord, Université de Lille I, no 1, , p. 48-54 (ISSN0018-439X)
Georges Gontcharoff, Dix territoires d'hier et d'aujourd'hui pour mieux comprendre le développement local, Paris, Adels, , 150 p. (ISBN978-2-916368-06-1), chap. 7 (« Une approche rurale - durable : le Pays des 7 Vallées »)
↑La crue de 1938 est restée célèbre chez les anciens du village, la route du fond de vallée ayant été recouverte de plus d'une hauteur d'homme. D'autres crues moins importantes ont eu lieu depuis. Ce phénomène incita la municipalité à engager, dans les années 1980, des travaux d'assainissement.
↑Les ruisseaux intermittents sont représentés en traits pointillés.
↑La DREAL distingue, dans la région Nord-Pas-de-Calais, quatre grandes familles de paysages : ceux du Haut Pays, Bas Pays, Littoraux et d'interface. Ces grandes familles de paysages comprennent 21 grands paysages régionaux.
↑Les ZNIEFF de type 2 sont de grands ensembles naturels riches, ou peu modifiés, qui offrent des potentialités biologiques importantes.
↑Ainsi, en 2007, une dizaine de familles britanniques et trois néerlandaises étaient propriétaires d'une habitation et résidaient de manière principale ou secondaire dans la commune.
↑La cité de Montreuil-sur-Mer, rattachée au domaine royal depuis 980, est régie par une charte communale à partir de 1188 octroyée par Philippe Auguste. Montreuil-sur-Mer dispose d'un port maritime sur la Canche depuis 988 édifié par Hugues Capet. L'ensablement de l'estuaire de la Canche, à partir de la fin du Moyen Âge, aura raison des activités de commerce maritime.
↑L'exemple le plus célèbre étant le celui de l'hommage rendu en 1515 par Charles Quint à François Ier son suzerain pour l'Artois et la Flandre. En 1521, François Ier décide de menacer la Flandre pour soutenir la Maison d'Albret dans sa tentative de reconquête du royaume de Navarre et ainsi contraindre Charles Quint à maintenir ses troupes dans les Pays-Bas. Dans ce but, François s'empare Hesdin puis se retire quelques semaines plus tard à l'arrivée de l'armée de Charles. Premier épisode d'une rivalité franco-espagnole en Artois et en Flandre qui mènera à la destruction complète de Thérouanne et d'Hesdin en 1553. Après plusieurs accrochages entre François et Charles, le traité de Madrid puis la paix des Dames sont respectivement signés en 1526 et 1529. La France renonce alors à sa suzeraineté sur l'Artois et la Flandre. Cette perte de souveraineté n'empêchera pas d'autres raids français sur ces comtés.
↑L'ancien clocher en bois ne fut pas détruit pour autant. Il resta à sa place surmontant le transept dans sa partie centrale et muni de ses quatre cloches.
↑Le long du chemin vicinal no 4 à proximité de l'ancien four à chaux.
↑Poteaux dénommés Rommelspargel par les troupes allemandes, de qui signifie « asperges de Rommel ».
↑Récit de résistance de M. Lahutte E., ancien maire de Mouriez.
↑De nos jours, un grand nombre d'établissements de soins sont toujours en activités parmi lesquels, l'hôpital maritime de Berck, l'institut Calot, l'hôpital de jour en psychiatrie Les goélands, l'établissement Hélio-Marin, l'institut d'éducation motrice, le centre Jacques-Calvé, trois autres centres d'éducation motrice…
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑Intervalle de temps qui permet de se prémunir de fluctuations ponctuelles dues à d'éventuelles réductions ou crédit.
↑L'indicateur de concentration d'emploi est égal au nombre d'emplois dans la zone pour 100 actifs ayant un emploi résidant dans la zone, selon la définition de l'Insee.
↑Qui faisait également office de salle des fêtes, tout comme l'établissement Crevel-Plé.
↑Désignée ainsi du nom des propriétaires de l'ancien café situé au milieu de la côte pentue de à plus de 8 %.
↑Ce dossier de l’Insee reprend, pour la commune,le Code Officiel Géographique, le découpage territorial, l'intercommunalité, les zonages d’études, le dossier complet de la commune, un comparateur de territoires, les données statistiques et les définitions des termes géographiques (zonages administratifs, d’étude, etc.).
↑"Remonter le temps" est un outil de comparaison de l’évolution de l’occupation des sols dans le temps sous forme de cartes ou photos aériennes : carte de Cassini (XVIIIe siècle), carte d'état-major (1820-1866) et période actuelle (1950 à aujourd'hui). Pour comparer deux autres cartes, sélectionner les cartes en haut de la page.
↑A. Gloriod et J. Tricart, « Étude statistique de vallées asymétriques sur la feuille de Saint-Pol au 1/50 000 », dans Revue de Géomorphologie dynamique, Paris, 3e année, no 2, 1952.
↑Ph. Pinchemel, Les plaines de craies du nord-ouest du bassin parisien et du sud-est du bassin de Londres et leurs bordures : étude de géomorphologie, Armand Colin éd., Paris, 1954, texte remanié de doctorat, 502 p. , p. 335.
↑Ph. Decroix, La maison rurale en Artois, Boulonnais et Calaisis, Nonette, Éditions CRÉER, coll. « Contribution à un inventaire régional », 1989, 96 p..
↑« Évolution de l'occupation des sols de la commune sur cartes et photos aériennes anciennes. », sur remonterletemps.ign.fr, IGN (consulté le ). Pour comparer l'évolution entre deux dates, cliquer sur le bas de la ligne séparative verticale et la déplacer à droite ou à gauche. Pour comparer deux autres cartes, choisir les cartes dans les fenêtres en haut à gauche de l'écran.
↑Albert Dauzat et Charles Rostaing,Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, Librairie Guénégaud, Paris, 1989, 2e édition, p 471b.
↑(nl) Maurits Gysseling, Toponymisch Woordenboek van België, Nederland, Luxemburg, Noord-Frankrijk en West-Duitsland (vóór 1226), t. 1 A-M, Tongres, Belgisch Interuniversitair Centrum voor Neerlandistiek, (lire en ligne).
↑Ou Nemetacum pour les Romains, cf. l'article « Atrebates » dans de Bouillet M.-N., Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, Hachette, Paris, 1897, 31e édition.
↑Albéric Calonne d'Avesne, Montreuil-sur-Mer et Hesdin, Sueur-Charruey, Arras, 1875, 72 p. , p. 4.
↑J. Desmulliez et L. Milis, Histoire des provinces françaises du Nord, dans Lottin A. dir., Tome 1. De la Préhistoire à l'an Mil, Westhoek, Éditions des Beffrois, coll. « Histoire », 1988, p. 234
↑La Belgique Seconde est alors subdivisée en 13 pagi : la Hesbaye, le Brabant, la Flandre, le pays des Ménapiens (Mempisque), le Mélantois, le Hainaut, l'Ostrevent, l'Artois, le pays de Thérouanne (Ternois), le Boulonnais, Quentovic, le Cambrésis, le Vermandois. » ; cf. E. Le Glay, Histoire des comtes de Flandre et des Flamands au Moyen Âge, Monein, Éditions PyréMonde/Princi Negue, Tome 1, 2006, 348 p. , p. 41 ; J. Dhondt, Les origines de la Flandre et de l'Artois, Centre d'études régionales du Pas-de-Calais, Arras, 1944, 98 p. , p. 16-17.
↑J. Becquet, Abbayes et prieurés de l'ancienne France, supplément en fascicules de la Revue Mabillon, T. XIV, Diocèse d'Amiens (Province de Cambrai), éd. Abbaye de Ligugé, Paris, janv. - mars 1975, no 259, p. 238-244. L'abbaye aurait été fondée à partir de quelques ermites déjà présents en ce lieu, cf. Albéric de Calonne, 1875, Histoire des abbayes de Dommartin et Saint-André-au-Bois… au diocèse d'Amiens, Sueur-Charruey, Arras, p. 15. À l'époque, le hameau de Saint-Josse-au-Bois fait partie du domaine de Mouriez. Pour ces premiers religieux de Saint-Josse, leur expérience christique passe alors d'une forme érémitique à une forme cénobitique.
↑C. Enlart, « Monuments religieux de l'architecture romane et de transition dans la région picarde (anciens diocèses d'Amiens et de Boulogne-sur-Mer) », dans Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie, A. Picard éd., Paris, 1895, p. 104-121, (de) Kunst H.-J., 1969, « Die Entstehung des Hallenumgangschores. Der Domchor zu Verden an der Aller und seine Stellung in der gotischen Architektur », dans Marburger Jahrbuch für Kunstwissenschaft, Verlag des Kunstgeschichtlichen Seminars der Philipps-Universität Marburg, 18. Bd., p. 1-104, p. 34, (en) Seidel L., 1972, « Romanesque Sculpture in American Collections. X. The Fogg Art Museum. II. The Rhône Valley, Provence, Languedoc, Western and Northern France », dans Gesta, International Center of Medieval Art, Vol. 11, no 2, p. 57-81, p. 81, et Pontroue P., 1973, « Quatre ans de recherches archéologiques à l'abbaye de Dommartin », dans Bulletin de la Commission Départementale des Monuments Historiques du Pas-de-Calais, no 9, p. 266-280. Pour une représentation graphique de l'abbaye et de son abbatiale attribuée à Camille Enlart, on consultera la base Mémoire du Ministère de la culture.
↑G. Duby, Atlas historique mondial, éd. Larousse, Paris, 2006, 349 p. , p. 112-123.
↑Bertrand Schnerb, Enguerrand de Bournonville et les siens. Un lignage noble du Boulonnais aux XIVe et XVe siècles, Paris, Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, coll. « Cultures et civilisations médiévales » (no 14), , 384 p. (ISBN2-84050-074-4)
↑Ph. Le Bas, France, dictionnaire encyclopédique, Firmin Didot éd., Paris, t. VIII, 1842, 844 p. , p. 125.
↑L. Bailleul, Les sites V1 en Picardie, Hazebrouck, 2006, 264 p., p. 197 (ISBN2-9515840-1-6).
↑Philippe Lambert, « À Hesdin, le 13 juillet 1942, Marcel Fréville, Victor Mariette et Élie Fauquet étaient exécutés », La Voix du Nord, (lire en ligne, consulté le ).
↑J.-L. Munier (CLP), « Le bilan des maires, Éliane Decobert, à Mouriez : « Ma principale préoccupation aura été la lutte contre les inondations…» : Éliane Decobert est secrétaire médicale retraitée d'un laboratoire d'analyses médicales. Elle est entrée au conseil municipal de Mouriez en 1995 en qualité de 2e adjoint. Élue maire en 2001, elle sera réélue en 2008. À la question de savoir si elle se représentait aux élections de mars 2014 : « j'annoncerai ma décision de me représenter ou pas aux richarimontoises et richarimontois lors de la cérémonie des vœux » », La Voix du Nord, (lire en ligne, consulté le ).
↑Annuaire des Mairies du Pas de Calais (62), 2006-2007, EIP/ Les Éditions Céline, Cannes, p. 229, [lire en ligne].
↑J.-L. M. (CLP), « Mouriez : Christophe Dedours élu maire pour la première fois : Samedi s'est tenue l'installation du maire et des adjoints. Éliane Decobert ne se représentant plus, c'est à l'élection d'un nouveau maire qu'il a fallu procéder. Jean-Marie Noullez, ex-premier adjoint, et Christophe Dedours, ex-conseiller, étaient candidats. », La Voix du Nord, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Projets des maires: « Manager une équipe et écouter les concitoyens » : Christophe Dedours, 47 ans (SE) est un agriculteur passionné. Il est entré au conseil municipal en 2008 avec la volonté d'être au service des habitants et de trouver des solutions à leurs problèmes. En mars, contre l'avis de son épouse, il s'est présenté aux élections, qu'il a remportées », La Voix du Nord, (lire en ligne, consulté le ).
↑P. L, « Christophe Dedours en route pour un second mandat à Mouriez : Le maire de Mouriez a présenté ses vœux à la population vendredi soir, il en a profité pour annoncer qu'il se représenterait », La Voix du Nord, (lire en ligne, consulté le ).
↑Philippe Lambert, « À Mouriez, Christophe Dedours réélu pour un second mandat : Élu maire en 2014, Christophe Dedours, agriculteur âgé de 53 ans a été réélu par son conseil municipal », La Voix du Nord, (lire en ligne, consulté le ).
↑J.-D. Urbain, Paradis verts : Désirs de campagne et passions résidentielles, Paris, Payot & Rivages éd., coll. « Petite bibliothèque Payot », Paris, 2008, no 677, 2e éd., 413 p.
↑J.-M. Dewailly, Tourisme et loisirs dans le Nord-Pas-de-Calais : approche géographique de la récréation dans une région urbaine et industrielle de l'Europe du Nord-ouest, Thèse de doctorat d'État de Géographie, Université de Paris 4, 2 vol., 1985, 1123 p. .