Pillage

Des soldats américains pillent des chaussures sur Market Street à San Francisco, durant l'incendie qui a suivi le séisme de 1906.

Le pillage est un acte de guerre ou de banditisme de masse qui tient de la destruction et du vol massif, souvent accompagné de viols.

Le droit pénal français réprime sévèrement le pillage : le fait de se livrer, avec des armes ou à force ouverte, au pillage d'une ville ou d'une localité, même prise d'assaut, est puni de quinze ans de réclusion criminelle (code pénal, article 461-15)[1].

Par extension, cette notion désigne les actes civils semblables pouvant se produire, à moins grande échelle, lors de catastrophes naturelles comme l'ouragan Katrina, la tempête Xynthia ou des séismes.

Enfin, le pillage moderne couvre désormais les domaines de la propriété intellectuelle, du savoir technologique et du patrimoine archéologique.

Histoire

Pillage de l'hôtel de Castries pendant la Révolution française.
(Musée de la Révolution française).

À la fin du XIIe siècle av. J.-C., sous le règne du pharaon Ramsès IX, les pilleurs de tombes royales sont soumis au supplice du pal. La violence de ce procédé d'exécution est faite pour dissuader les potentiels pilleurs et rassurer l'opinion publique, inquiète car les délinquants ont bénéficié de complicités au sein de l'administration.

Le pillage est souvent un instrument de pouvoir pour un chef de guerre : en permettant à ses troupes de le pratiquer, ou en en régulant le partage (cf. l'épisode du Vase de Soissons), il s'assure leur loyauté.

Les plus célèbres pillards du haut Moyen Âge sont les Vandales et les Huns, durant leurs conquêtes. Les peuples germaniques mettent à sac Rome à trois reprises durant les grandes invasions. Les Normands ont aussi organisé des expéditions de pillage qui ont déstabilisé l'Empire carolingien. Le sac de Byzance par les Croisés en 1204 est également un épisode de pillage majeur.

Au Moyen Âge, lorsque des épaves sont échouées sur la côte, les seigneurs côtiers et les populations prétendent exercer sur ces épaves maritimes un droit de bris ou d'épave, contre lequel progressivement les autorités s'insurgent et le roi affirme son droit régalien. Le pilleur d'épave se contente de piller la cargaison d'un navire échoué, mais est redouté, et donne naissance au fantasme ou mythe du naufrageur qui provoque volontairement le naufrage d’un navire pour s'enrichir[2].

Pendant les guerres, lorsqu'un territoire était conquis, les chefs de guerre prenaient leur part de butin et souvent laissaient aux troupes quelques jours pendant lesquels elles étaient autorisées à piller et violer les populations conquises. Cette durée fut, par exemple, de trois jours pour les Turcs lors de la prise de Constantinople en 1453.

Pendant la Révolution française, plusieurs monuments historiques et cathédrales sont pillés par les insurgés, causant la perte de reliques très anciennes, d'œuvres d'art, de mobiliers, de bibliothèques, d'archives historiques. Par exemple le pillage de l'hôtel de Castries (gravure de Jean-Louis Prieur, Musée de la Révolution française).

Lors de la Première Guerre mondiale, dès leur entrée en Belgique en 1914, les Allemands pillent des fermes, des villages, des usines et entrepôts, massacrent des citoyens paisibles et fusillent des otages, comme lors du sac de Dinant[3]. À Louvain, la ville est pillée et dévastée. La Bibliothèque universitaire de Louvain, notamment, disparut dans les flammes[4]. Ces destructions et pillages sont des crimes de guerre et des dommages de guerre et entraînent la demande des Réparations de la Première Guerre mondiale.

Hjalmar Schacht est parmi les organisateurs de l'économie de guerre. Il est affecté à l'état-major du général Karl von Lumm (1864-1930), pour organiser les acquisitions ou réquisitions allemandes en Belgique occupée, et les contributions belges forcées. Il est renvoyé pour des opérations jugées indélicates de près de 500 millions de francs belges relatives aux réquisitions[5].

Le pillage du pays a été systématique. Le Reich allemand puise largement dans les ressources de la Belgique industrielle, la Wallonie (Das reiche Industrie- und Handelsland Belgien)[6]. Il prélève une contribution de guerre de 40 millions de francs par mois pour frais d'entretien de l'armée d’occupation et de l’administration, puis 50 puis 60 millions. Dès 1914, les réquisitions sont innombrables ; les produits alimentaires et industriels sont destinés aux Allemands. À la fin de la guerre, 600 000 vaches avaient été réquisitionnées ainsi que 10 000 chevaux de trait. À partir de 1917, l'industrie est progressivement démantelée, les machines sont réduites sur place en mitraille ou démontées et transférées en Allemagne. (Les usines de voitures comme FN (automobile) (Fabrique Nationale, du groupe FN également spécialisé dans l’armement), Impéria et Minerva, perdent tous leurs outillages [7]. L'usine de voitures haut de gamme Minerva [8], la plus grande de Belgique, est occupée par les Allemands, qui ont tout volé [9]). Sur 60 hauts-fourneaux en Wallonie, 9 sortent intacts de la guerre. En 1918 on ne produit que 250 000 tonnes de fonte contre 2 300 000 en 1912 ; sur 27, seules 5 usines d'acide sulfurique sont encore en état de fonctionner ; le vol des brevets et des secrets de fabrication est considérable. En outre, plus de 66 000 maisons sont détruites, 11 000 très endommagées, des centaines de ponts et chaussées endommagés ou détruits, et la nécessité de reconstruire la moitié des voies ferrées, ainsi que des voies d'eau[10].

Lors de la Seconde Guerre mondiale, les tribunaux nazis allemands condamnent de nombreux pillards à des peines draconniennes y compris des peines de mort[11]. Mais le régime organise la mainmise sur l'économie des pays occupés : Le rapport du gouvernement norvégien de 1945 sur les crimes de l'occupation allemande souligne les violences envers les civils, lors du pillage économique du pays[12].

Il y a aussi les pillages commis par le régime nazi, comme les œuvres d'art pillées dans les musées des pays occupés, restituées après-guerre. Mais restent des familles juives spoliées auxquelles leurs biens n'ont pas été rendus et qui ont dû parfois intenter des procès pour les récupérer.

Les pillages opérés par l'armée soviétique non seulement en Allemagne orientale, y compris à Berlin, mais aussi dans les pays où se sont déroulés les combats (Pologne, Hongrie), sont un sujet tabou. Dans les années 1990, la Russie a enfin reconnu détenir des biens pillés par les nazis et accaparés ensuite par l'armée soviétique, dont les archives françaises de ministères, d'hommes politiques, de juifs, socialistes ou francs-maçons et de fédérations syndicales. Il a fallu attendre 1994 pour qu'elle admette que « le trésor de Troie » découvert par Heinrich Schliemann en 1873 et légué par lui au Musée ethnologique de Berlin se trouve à Moscou, au musée Pouchkine[13].

Pillage archéologique

Le pillage archéologique est l'acte de fouiller de manière illégale un site archéologique. Le pillage induit une détérioration voire une destruction des sites archéologiques et des données qu'ils auraient pu livrer. En dehors de l'aspect du matériel archéologique (pièces de monnaie, fibules, tessons ou tommettes, etc.), ce sont toutes les données relatives à l'emplacement de l'objet, son intégration dans un ensemble archéologique, sa position au sein des différentes couches stratigraphiques qui sont alors irrémédiablement perdues.

Le patrimoine culturel subaquatique est protégé par l'UNESCO dans une convention spéciale : la Convention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique. L'héritage culturel subaquatique était jusqu'alors négligé dans les textes juridiques protégeant le patrimoine culturel. Ce manque de protection a mené à de nombreux pillages de sites archéologiques immergés. La Convention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique vise à permettre aux états parties de mieux protéger leur patrimoine culturel subaquatique grâce à un cadre juridique international[14].

Situation en France

En France, la recherche d'objets intéressant l'archéologie effectuée sans autorisation administrative est punie par la loi.

En France, toute fouille nécessite une autorisation spéciale accordée par la Direction régionale des Affaires culturelles (Drac) depuis la promulgation de la loi de 1989. Cette loi a été reprise en 2004 par l'article L.542-1 du Code du patrimoine. Un utilisateur de détecteur de métaux dépourvu d'autorisation effectuant des fouilles avérées sur un site connu comme archélologique encourt une peine de sept ans de prison et 100 000  d'amende, voire dix ans et 150 000  dans le cas d'une fouille illégale en groupe. En , un viticulteur a été condamné à 197 000  d'amende pour avoir dérobé plusieurs milliers d'objets archéologiques[15]. En revanche la détection de loisir est autorisée avec accord du propriétaire du terrain.

Selon l'association Halte au pillage du patrimoine archéologique et historique (HAPPAH[16]), on estime le nombre de « détectoristes » entre 10 000 et 70 000. Néanmoins ce nombre ne signifie pas que tous les « détectoristes » sont des pilleurs.

L'usage des détecteurs de métaux sans autorisation préfectorale à des fins archéologiques est dénoncé par les archéologues car il entraîne irrémédiablement la destruction de sites archéologiques comme l'indique Jean-Paul Jacob, alors président de l'INRAP[17].

Panneau Interdit aux détecteurs de métaux.

La prospection est totalement interdite dans plusieurs régions, pour cause d'abondance de munitions anciennes non explosées lors des deux guerres mondiales. Ces zones incluent la Picardie, la Normandie, Verdun. L'association HAPPAH estime également que près d'un tiers des utilisateurs clandestins d'appareils de détections sont à la recherche de matériel militaire. En dix ans, 30 d'entre eux ont été tués au cours de leur recherche par l'explosion d'une munition ancienne. En 2009, elle a recensé dix décès liés à cette pratique en Europe[18].

Situation dans le monde

Le trafic d'antiquité et de pièces archéologiques est souvent considéré comme le second trafic le plus lucratif au monde, après le trafic de drogue. Il génère plusieurs milliards d'euros par an[19].

Si le pillage et la destruction de sites archéologiques sont présents partout dans le monde, y compris en France et en Europe, ils sont particulièrement préoccupants dans les pays du Tiers-Monde dépositaires d'une histoire ancienne. L'Égypte, Israël, la Turquie et les pays du Maghreb sont parmi les plus touchés, ainsi que l'Irak depuis l'invasion américaine en 2003[20]. En Amérique latine, de nombreuses sépultures précolombiennes sont profanées et pillées afin de récupérer des pièces métalliques qui peuvent être revendues aux touristes comme souvenirs. En Afrique, cela concerne également les objets de l'époque préhistorique.

Pillage technologique

Le développement considérable du Web, l'utilisation des sources ouvertes comme méthode de renseignement (par le complotiste Robert Steele par exemple), accroît la visibilité sur les ressources, notamment informatiques, des entreprises, et peut conduire à certaines formes de pillage technologique.

Les méthodes de recherche d'information à l'aide de moteurs de recherche, sur des ressources informatiques indexées, peuvent utiliser des registres de métadonnées, ce qui accroît l'efficacité des recherches. Ces méthodes, le plus souvent légales, peuvent dans certains cas transgresser la législation.

Références

  1. Article 461-15 du Code pénal
  2. Le Point magazine, « Le fantasme des naufrageurs », sur Le Point, (consulté le ).
  3. « Sac du 23 août 1914 - Ville de Dinant », sur dinant.be (consulté le ).
  4. « La Belgique sous l'occupation allemande pendant la Première Guerre mondiale », sur histoire-des-belges.be (consulté le ).
  5. Frédéric Claver, « Hjalmar Schacht et la Belgique (1914-1940) » [PDF], sur orbilu.uni.lu, sans date (consulté le ).
  6. « Die deutsche Verwaltung des Generalgouvernements in Belgien 1914-1918, Teil 5 (Forts.): Die Zivilverwaltung. Generalleutnant Hans v. Winterfeld. Der Weltkampf um Ehre und Recht, Bd. 8: Die Organisationen der Kriegführung, Dritter Teil: Die Organisationen für das geistige Leben im Heere. Hg. von Exzellenz Generalleutnant Max Schwarte. », sur wintersonnenwende.com (consulté le ).
  7. « RENAISSANCE D’IMPÉRIA, UN ANCIEN FLEURON DE L’INDUSTRIE AUTOMOBILE BELGE. », sur Autonewsinfo, (consulté le )
  8. Stéphane Lémeret, « Minerva : la Rolls belge ! », sur Members Only Magazine, (consulté le )
  9. « Minerva AF Driessen - Oblin '27 (1927) vendue », sur Oldtimerfarm.be (consulté le )
  10. « 10 octobre 1914 : début du pillage systématique de la Wallonie | Connaître la Wallonie », sur connaitrelawallonie.wallonie.be (consulté le ).
  11. (de) « Plünderung aus dem Lexikon | wissen.de », sur wissen.de (consulté le ).
  12. Royal Norwegian Government, « PRELIMINARY REPORT ON GERMANY'S CRIMES AGAINST NORWAY - 1945 » [PDF], sur ARCHIVE, (consulté le ).
  13. Encyclopædia Universalis, « RESTITUTION DES BIENS CULTURELS », sur Encyclopædia Universalis (consulté le ).
  14. « Convention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique », sur unesco.org (consulté le ).
  15. « Un viticulteur condamné à 197 000 euros d'amende pour fouilles illégales », sur liberation.fr, (consulté le ).
  16. « Association HAPPAH », sur happah.org (consulté le ).
  17. « Le Monde.fr du 24 décembre publie une tribune de Jean-Paul Jacob consacrée au pillage », sur inrap.fr, (consulté le ).
  18. Jean-David Desforges, « Le pillage des sites archéologiques français », sur halte-au-pillage.org (consulté le ).
  19. Vincent Noce, « Antiquaire et trafiquant, tout un art », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. « Chasseur de trésor et fouilles illégales: Genève au cœur d'un trafic d'antiquités », sur rts.ch, (consulté le ).

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

  • Alexandre Dumont-Castells, Le pillage du patrimoine archéologique terrestre en France métropolitaine, Aix-en-Provence. Thèse de doctorat en archéologie sous la dir. de Dominique Garcia. Université Aix-Marseille (AMU), 2021
  • Rodolphe Keller, Laury Sarti, Pillages, tributs, captifs. Prédation et sociétés de l'Antiquité tardive au haut Moyen Âge, Éditions de la Sorbonne, 2020
  • Kornelia Kończal, Politics of Plunder. Post-German Property and the Reconstruction of East Central Europe after the Second World War, EUI Florence, 2017.
  • Kornelia Kończal, Das Schreiben und das Schweigen über die Plünderung des deutschen Eigentums. Die identitätsstiftende Figur des szabrownik im Nachkriegspolen, dans: Włodzimierz Bialik, Czesław Karolak und Maria Wojtczak (dir.): Ungeduld der Erkenntnis. Eine klischeewidrige Festschrift für Hubert Orłowski, Frankfurt a. M.: Peter Lang, 2014, p. 155–170.
  • Kornelia Kończal, The Quest for German Property in East Central Europe after 1945: The Semantics of Plunder and the Sense of Reconstruction, dans: Yvonne Kleinmann et d’autres (dir.): Imaginations and Configurations of Polish Society. From the Middle Ages through the Twentieth Century, Göttingen: Wallstein, 2017, p. 291–312.
  • Kornelia Kończal, German Property and the Reconstruction of East Central Europe after 1945: Politics, Practices and Pitfalls of Confiscation, dans: European Review of History. Revue européenne d’histoire 28 (2), 2021, p. 278–300.

Articles connexes

Liens externes

Read other articles:

オルラン 10 インターエアロコム2010で展示されるオルラン 10 用途:偵察機 分類:無人航空機 製造者:特殊技術センター 運用者: ロシア 生産数:1,000[1] 運用開始:2010年[2] 表示 オルラン10(ロシア語: Орлан-10)は、ロシア連邦の特殊技術センターが開発した無人航空機(UAV)[3][4]。最高時速120キロ、18時間の航続が可能。日本の新聞社などは

 

Jámy Localidad BanderaEscudo JámyLocalización de Jámy en República ChecaCoordenadas 49°31′49″N 16°00′22″E / 49.530361279339, 16.006161740829Entidad Localidad • País  República Checa • Región Vysočina • Distrito Žďár nad SázavouSuperficie   • Total 12,39 km² Altitud   • Media 593 m s. n. m.Población (1 de enero de 2023)   • Total 699 hab. • Densidad 56,4 hab/km²Código ...

 

Rogelio Salmona Nascimento 1929Paris Morte 3 de outubro de 2007 (78 anos)Bogotá Prêmios Medalha Alvar Aalto (2003) Rogelio Salmona (Paris, 1929 — Bogotá, 3 de outubro de 2007) foi um arquiteto colombiano.[1] Vida Embora Salmona tenha viajado muito, enriquecendo sua teoria da arquitetura, ele passou o resto de sua vida na Colômbia, onde foi contratado para projetar muitos projetos importantes (ver Obras Públicas e Edifícios Privados, abaixo). Seu primeiro grande projeto foi T...

7741 ФедосєєвВідкриттяВідкривач Карачкіна Людмила ГеоргіївнаМісце відкриття КрАОДата відкриття 1 вересня 1983ПозначенняНазвана на честь Федосєєв Володимир ІвановичТимчасові позначення 1983 RR4 1932 RC 1954 RUКатегорія малої планети Астероїд головного поясуОрбітальні характери...

 

Boxing competition Main article: Boxing at the 2023 Pan American Games Boxing at the2023 Pan American GamesQualificationMenWomen51 kg50 kg57 kg54 kg63.5 kg57 kg71 kg60 kg80 kg66 kg92 kg75 kg+92 kgvte The following is the qualification system and qualified athletes for the boxing at the 2023 Pan American Games competitions. Qualification system A total of 130 boxers will qualify to compete at the games (ten per event). The host nation (Chile) received automatic qualification spots. The remaind...

 

Lystrosaurus Periode Kapur Akhir–Trias Awal, 255–250 jtyl PreЄ Є O S D C P T J K Pg N ↓ Pajangan kerangka L. hedini di Museum Sejarah Alam Nasional ZürichTaksonomiKerajaanAnimaliaFilumChordataFamiliLystrosauridaeGenusLystrosaurus Cope, 1870 Species List L. murrayi (Huxley, 1859) (type) L. declivis (Owen, 1860) L. curvatus (Owen, 1876) L. maccaigi Seeley, 1898 lbs Lystrosaurus (/ˌlɪstroʊˈsɔːrəs/; 'kadal sekop'; dari kata Yunani λίστρον lístron ‘alat untuk men...

Площадь Академика Курчатова Вид от Курчатовского института Общая информация Страна Россия Город Москва Округ СЗАО Район Щукино Метро  Щукинская Октябрьское Поле Название в честь Игорь Васильевич Курчатов Почтовый индекс 123098, 123182 Номера телефонов +7(499)192-хх-хх, 194...

 

This article is about the lake in Ontario. For the lake in Alberta, see Peninsula Lake (Alberta). Peninsula LakeLooking out from Wolf MountainPeninsula LakeLocationMuskoka District Municipality, OntarioCoordinates45°20′N 79°7′W / 45.333°N 79.117°W / 45.333; -79.117Basin countriesCanadaMax. length10.7 km (6.6 mi)Surface area8.688 km2 (868.8 ha; 3.354 sq mi)Max. depth37 m (121 ft)Shore length129.8 km (18.5 mi...

 

Football clubLucky MileFull nameLucky Mile LimitedFounded1990sGroundHong Kong Football Club StadiumCapacity2,750LeagueHong Kong Second Division2021–224th Home colours Away colours Lucky Mile (Chinese: 浩運) is the second team of HKFC which currently compete in the Hong Kong Second Division League. Club history Lucky Mile was formed in the late 1990s, borrowing on HKFC's membership in the Hong Kong Football Association.[1] In the 1999–2000 season, the club won the Hong Kong T...

This article is about awards for participation in UN operations. For the diplomatic and souvenir medal, see United Nations Peace Medal. AwardUnited Nations MedalUnited Nations Medal awarded for service with UNMEETypeService medalAwarded forService with a designated United Nations peacekeeping missionPresented bythe United NationsPost-nominalsPNBB[citation needed]StatusCurrently awardedUnited Nations Medal ribbon bar PrecedenceNext (lower)NATO Medal (in US precedence) A United Nat...

 

Five stars hotel in Kabul, Afghanistan Intercontinental Hotel KabulGeneral informationLocationDistrict 4, Kabul, AfghanistanCoordinates34°32′13″N 69°07′31″E / 34.53694°N 69.12528°E / 34.53694; 69.12528Opening9 September 1969Other informationNumber of rooms200Number of restaurants4WebsiteOfficial Website The Intercontinental Hotel Kabul[1] is a five star[2] hotel located in the Karte Parwan neighbourhood in western Kabul, Afghanistan. It serv...

 

Predecessor state of the Netherlands (1581–1795) This article is about a former Dutch state. For the idea of a contemporary republic in the Netherlands, see Republicanism in the Netherlands. Republic of the Seven United NetherlandsRepubliek der Zeven Verenigde Nederlanden (Dutch)1579–1795 Flag Coat of arms Motto: Eendracht maakt machtConcordia res parvæ crescuntUnity makes strengthSmall things flourish by concordRepublic of the Seven United Netherlands in 1789CapitalNone (de ju...

Disambiguation: for the 1998 film, see Galaxy Express 999: Eternal Fantasy 2007 video gameEternal FantasyCover art of the limited edition of the gameDeveloper(s)CircusPlatform(s)Microsoft WindowsReleaseJP: November 22, 2007Genre(s)Eroge, visual novel, role-playing video gameMode(s)Single-player Eternal Fantasy (エターナルファンタジー, Etānaru Fantajī) is a Japanese adult visual novel developed by Circus, released on November 22, 2007 for Microsoft Windows, as both a standard edit...

 

Polish biologist This article relies excessively on references to primary sources. Please improve this article by adding secondary or tertiary sources. Find sources: Henryk Okarma – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (October 2020) (Learn how and when to remove this template message) Henryk Okarma (Polish pronunciation: [xɛnrɨk ɔkarma]; born 12 November 1959) is a Polish biologist, professor of life sciences. His main areas of exper...

 

British locomotive manufacturer, 1903–1962 NBLC redirects here. For the Canadian Basketball League, see National Basketball League of Canada. North British Locomotive Company LimitedGNR No. 1744 maker's plateTypePrivateIndustryRail transportFounded1903Defunct1962 (in Liquidation)FateAssets Liquidated Goodwill acquired by Andrew Barclay Sons & Co.HeadquartersSpringburn, Glasgow, ScotlandKey peopleWilliam Lorimer (Chairman)Sir Hugh Reid (Managing Director)ProductsLocomotivesNumber of empl...

Hamad AmarLahir5 November 1964 (umur 59)Tempat lahirShefa-'Amr, IsraelKnesset18, 19, 20, 22, 23Faksi yang diwakili di Knesset2009–2019Yisrael Beiteinu2019–Yisrael Beiteinu Hamad Amar (Arab: حمد عمار, Ibrani: חמד עמאר; lahir 5 November 1964) adalah seorang politikus Druze Israel. Ia menjabat sebagai anggota Knesset untuk Yisrael Beiteinu antara 2009 dan kehilangan kursinya dalam pemilu April 2019, sebelum kembali ke Knesset setelah pemilu September 2019. Pranala luar...

 

Semíramis sem vopnuð amasóna á ítalskri myndskreytingu frá 18. öld. Semiramis, drottning í Babýlon, 1905, táknrænt verk eftir ítalska málarann ​​Cesare Saccaggi da Tortona. Semíramis var goðsöguleg drottning í Assýríu sem var frá Sýrlandi og átti að hafa gifst sagnkonunginum Nínusi, stofnanda borgarinnar Níneve. Í armenskum goðsögum varð hún ástfangin af armenska konunginum Ara hinum fagra. Hann vildi ekki eiga hana sem varð til þess að hún hélt með he...

 

Partido judicial de Piedrahíta Partido judicial Partido judicial de Piedrahíta, partido judicial nº 4 de la provincia de Ávila.Cabecera PiedrahítaEntidad Partido judicial • País España • CC.AA. Castilla y León Castilla y León • Provincia Ávila ÁvilaSubdivisiones 64 municipios y 1 unidad judicial[1]​Superficie   • Total 1893.3 km²Población (2023)   • Total 10 988 hab.[editar datos en Wikidata] El part...

Black Diamond kan verwijzen naar: Black Diamond (appelsoort) Black Diamond (Canada) Black Diamond (Florida) Black Diamond (Washington) Bekijk alle artikelen waarvan de titel begint met Black Diamond of met Black Diamond in de titel. Dit is een doorverwijspagina, bedoeld om de verschillen in betekenis of gebruik van Black Diamond inzichtelijk te maken. Op deze pagina staat een uitleg van de verschillende betekenissen van Black Diamond en verwijzingen daarnaartoe. Bent ...

 

Ecphora gardneraeThời điểm hóa thạch: Miocene TiềnЄ Є O S D C P T J K Pg N An apertural view of vỏ ốc Ecphora gardnerae gardnerae, drawn by J. C. McConnell[1]Phân loại khoa họcGiới (regnum)AnimaliaNgành (phylum)MolluscaLớp (class)GastropodaLiên họ (superfamilia)Muricoidea(không phân hạng)nhánh Caenogastropodanhánh Hypsogastropodanhánh NeogastropodaHọ (familia)MuricidaeChi (genus)EcphoraLoài (species)E. gardneraeDanh pháp hai phầnEcphora gardne...

 

Strategi Solo vs Squad di Free Fire: Cara Menang Mudah!