Le nom d'un lieu qui devint Boulogne est attesté sous les formes Portus Itius en 54 av. J.-C., Gesoriacum, Portus Morinorum Britannicus au Ier siècle et Gesoriacum quod nunc Bononia au IIIe siècle. Née durant l'Antiquité gallo-romaine, la ville s'est développée au Moyen Âge grâce à son port, principal point de passage du continent vers l'Angleterre. En relatif déclin à l'époque moderne, Boulogne connaît un renouveau économique et démographique aux XIXe et XXe siècles. La désindustrialisation et le tunnel sous la Manche ont contribué au marasme économique que connaît la ville depuis la fin du XXe siècle.
Protohistoire
Après une probable occupation préhistorique, le site est habité par les Morins, peuple celte.
Le site de l'actuelle ville de Boulogne serait celui qui avait été choisi par Jules César, en 55 av. J.-C.[2],[Note 1], pour préparer sa flotte à envahir la Bretagne (actuelle Grande-Bretagne), expédition décrite dans la Guerre des Gaules[3]. César aurait pu installer son camp à l'emplacement actuel de la vieille ville. Des vestiges pouvant être ceux d'un quartier général romain y ont été identifiés par des archéologues en 1980[source insuffisante].
Certains historiens pensent que l'actuelle basse-ville a pu être Portus Itius, le port cité par Jules César comme lieu d'embarquement de son armée sur les galères lancées vers les côtes du Kent pour tenter de conquérir la Bretagne. D'autres hypothèses placent ce point d'embarquement des troupes romaines sur une plage aujourd'hui ensablée située à douze miles au nord de Boulogne, sur le site actuel de Wissant (identifiée dans la chanson de Roland sous son nom saxon Wit-sand « sable blanc »), ou encore à Saint-Omer profitant de la transgression marine entre Calais/Dunkerque/Saint-Omer pour y laisser sa flotte en attente de bons vents. Les modifications importantes du littoral dans ce secteur (remblaiement) ont recouvert les sites portuaires de l'époque.
Sous l'empereur Claude, le lieu fut d'abord nommée en latinGesoriacum , puis Bononia ou Bolonia (nom d'origine celtique) vers le IIIe siècle ; l'étymologie de ce nom fait l'objet d'une hypothèse[4].
C'est à Gesoriacum que les Romains, sous l'ordre même de Caligula selon Suétone (Vie de Caligula, chap. XLVI), construisirent vers l'an 39 une tour « d'une hauteur prodigieuse... à l'instar du Pharos (Phare d'Alexandrie) » en vue d'une campagne contre les Celtes du pays de Galles, les Silures. Cette construction témoigne de l'importance que les Romains attachaient à ce site portuaire. Boulogne resta célèbre jusqu'au Moyen Âge pour ce phare romain, la tour d'Ordre, placé sur la haute falaise près de la plage, qui consistait en une tour de maçonnerie avec des étages se rétrécissant et au sommet de laquelle brûlait un feu.
En 43, la flotte militaire de l'empereur Claude, la Classis Britannica, dont les casernements étaient installés au nord de la ville fortifiée (à l'emplacement actuel du parking de l'Enclos de l’Évêché)[Note 2], conquiert définitivement et entièrement l'île de Bretagne (actuelle Grande-Bretagne).
À la fin du IIIe siècle, le préfet Carausius, d'origine ménapienne, commandant de la flotte de Gesoriacum s'allia aux Francs, fit sécession de l'empire et prit le contrôle de la Bretagne et du Nord de la Gaule. Le nouveau tétrarque, Constance Chlore, ne parvint à reprendre la ville de Gesoriacum qu'après bien des difficultés en 294, et il lui fallut encore deux ans pour éliminer de Gaule le reste des troupes révoltées et préparer une invasion de la Bretagne. Sa flotte partit de Gesoriacum en 296 divisée en deux groupes, l'un dirigé par Constance en personne, l'autre par son préfet du prétoire, Julius Asclepiodotus. Un brouillard épais contraignit la flotte de Constance Chlore à revenir en Gaule, mais permit à la flotte d'Asclepiodotus de débarquer sans être repéré et de reconquérir la Bretagne.
Gesoriacum changea de nom à la charnière des IIIe et IVe siècles, comme la plupart des cités de la Gaule romaine. Elle devint Bononia puis Civitas Bononiensium, puis Bolonia pour devenir Boulogne au XIIIe siècle.
Au Ve ou VIe siècle, Zosime les mentionna comme germaniques[5], ce qui indiquerait un apport local de populations franques, de parler germanique, installés soit comme fédérés entre 250 et 350 par les Romains, soit au moment des grandes invasions du Ve siècle.
La tradition catholique rapporte qu'en 636[Note 3], alors que Boulogne faisait partie du royaume franc de Dagobert Ier, les habitants furent témoins de l'accostage, à l'embouchure de la Liane, d'une nacelle[Note 4] poussée par des anges, barque sur laquelle se trouvait une statue en bois de la Vierge Marie tenant l’Enfant Jésus sur son bras gauche. Devant la foule assemblée, la voix de la Vierge résonna et dit, avant que la manifestation ne cesse : « Je suis l’avocate des pécheurs, la source de grâce, la fontaine de piété qui souhaite qu’une lumière divine descende sur vous et sur votre ville. Mes amis, faites, en mon nom, édifier une église. »
À partir de cette apparition relatée dans des manuscrits de la fin du Moyen Âge, se développa un pèlerinage animé par la piété et la ferveur populaire. Les premières traces du culte à la Vierge de Boulogne remontent à la fin du XIe siècle quand Ide de Boulogne, mère de Godefroy de Bouillon, fit bâtir une église à sa gloire ; c'est aujourd'hui la basilique de l'Immaculée Conception.
Durant tout le temps des croisades, les chevaliers avant de prendre le chemin de Jérusalem, viennent à Boulogne-sur-Mer faire bénir leurs épées auprès de la Vierge.
En 1203, la ville de Boulogne obtint du comte l'octroi d'une charte communale. En 1231, Philippe Hurepel prit possession du nouveau château comtal à l’angle oriental de l’enceinte urbaine, il céda alors à la commune le donjon à la commune qui en fit son beffroi[6].
En 1268, les bourgeois boulonnais refusèrent de payer les impôts levés pour financer la croisade. Le roi Louis IX (Saint Louis) supprima la commune, fit briser le sceau et ordonna la démolition du beffroi qui ne fut que partiellement détruit. En 1249, les libertés communales et le beffroi furent restaurées.
Au XIVe siècle, des architectes originaires de Boulogne s'illustrèrent en Allemagne : Henri Arter, né à Boulogne en 1321, a été maître des œuvres de sa ville natale en 1350. Mort en 1381, on lui attribue les plans de la cathédrale d'Ulm. Il aurait également travaillé à la Cathédrale Saint-Guy de Prague avec Pierre Arter, probablement son fils. Pierre Arter aurait succédé à Mathieu d'Arras ou à son successeur comme maître d'œuvre de la dite cathédrale qu'il termina en 1386, de même que le château de Karlstein également commencé par Mathieu d'Arras[8].
Boulogne rattachée au royaume de France
En 1477, le roi Louis XI vainqueur de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, tenta de s'emparer d'une partie de l'État bourguignon :Bourgogne, Picardie, Artois... le comté de Boulogne étant tenu en fief par le comté d'Artois. Le mariage de Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire et de Maximilien de Habsbourg contraria ses projets, Louis XI dut renoncer à l'Artois mais parvint à garder le comté de Boulogne en le plaçant sous la suzeraineté de la Vierge Marie. Une telle suzeraineté ne devait guère contrarier la politique des rois de France[9]. En avril 1478, il rendit hommage à la Vierge dans l'église abbatiale Notre-Dame de Boulogne, tous ses successeurs firent de même jusqu'à la Révolution française.
Sur un sceau en cire rouge de la Sénéchaussée du Boulonnais, fabriqué en 1477, lors de la réunion de Boulogne à la France figurent : en haut, un ange déployant ses ailes au-dessus d’un écu aux armes de France ; en bas un cygne tenant dans son bec l’écu des comtes de Boulogne, signifiant que le comté de Boulogne est placé désormais sous l'autorité du roi de France. Une inscription circulaire : Sigillum Senescallii Bouloignensis y est lisible[12].
Henri VII d'Angleterre à la tête d'un corps expéditionnaire de 12 000 hommes commença à assiéger la ville de Boulogne-sur-Mer à partir du . Après quinze jours de siège, Français et Anglais signèrent le Traité d'Étaples, le .
Boulogne est attaquée à trois reprises par les Anglais depuis l'enclave de Calais pendant la première moitié du XVIe siècle. Le , la Tour d'Ordre romaine est détruite. Boulogne tombe en septembre 1544 et est presque aussitôt ré-assiégée en octobre par les troupes du dauphin de France (futur Henri II) dont l'avant-garde est commandée par Blaise de Monluc. Mais l'indiscipline des mercenaires ruine l'assaut. Le traité d'Ardres () prévoit la restitution de la ville à la France, mais reste sans effet. Il faut attendre le siège mené par Henri II (en 1549 et 1550) et le traité d'Outreau, signé le (rachat de 400 000 écus d'or), pour que la ville redevienne française. Ronsard y fait allusion dans son Hymne d'Henri II :
« Et sans en faire bruit, par merveilleux effortz,
En 1662, alors que Louis XIV vient d'acheter au roi d'Angleterre la place forte de Dunkerque, enlevée quatre ans plus tôt aux Espagnols par la coalition franco-britannique, les Boulonnais, bourgeois et paysans, se révoltent contre le roi de France, en raison de la pression fiscale accrue et des réquisitions pour le financement des guerres incessantes.
La révolte des Lustucru est soutenue en sous-main par les agents du roi d'Espagne, avec qui la guerre reprend en 1667, et dont la frontière se trouve à une vingtaine de kilomètres de l'entrée de Boulogne. En effet, jusqu'à 1678 (paix de Nimègue), la frontière passe encore entre Longueville et Escœuilles. Le pouvoir central exerce alors une répression féroce sur la région : de nombreux habitants des campagnes sont massacrés. Trois mille survivants, qui n'ont pu s'enfuir de l'autre côté de la frontière, sont envoyés aux galères.
Contrebande et corsaires au XVIIIe siècle
Au XVIIIe siècle, Boulogne est un port de pêche en déclin (hareng à l'automne et maquereau au printemps), qui voit la montée en puissance de la contrebande entre l'Angleterre et la France[13]. Cette fraude, appelée smogglage, concerne surtout des produits courants (thé, tissus) ou des alcools (eaux-de-vie, vins, genièvre), surtaxés en Angleterre. Encouragé par les autorités françaises, ce trafic atteint des sommets dans les années 1780, avec près de six millions de livres de rapport annuel, contre 500 000 livres pour toutes les pêches[14].
Le , vente à l'encan[Note 6] de la cathédrale, du palais épiscopal et des dépendances pour la somme de 510 000 francs. Tout est démoli pierre à pierre par les adjudicateurs. Le , la première vaccination contre la variole en France est effectuée sur trois petites filles de la rue des Pipots : Mlles Beugny, Hédouin et Spitalier.
Boulogne-sur-Mer bénéficie de grands travaux portuaires, comme l'aménagement d'un bassin circulaire sur la rive ouest dans le but d'accueillir la flotte qui devait assurer la maîtrise du détroit (on connaît cette structure sous le nom de bassin Napoléon) et la construction de deux ponts au-dessus de la Liane pour relier Capécure à Boulogne. Cet ensemble de structure passe pour être à l'origine de la prospérité de Boulogne au XIXe siècle. L'idée d'un débarquement en Angleterre fut abandonnée en août 1805, Napoléon préféra envoyer son Armée soutenir la campagne d'Allemagne (victoire de la bataille d'Austerlitz).
Arrivée du chemin de fer et naissance du tourisme balnéaire au XIXe siècle
De mars 1848 au 17 août 1850, le génaral argentin José de San Martín, l'un des héros des indépendances sud-américaines, vécut à Boulogne-sur-Mer, où il mourut. Un musée dans le centre-ville de Boulogne-sur-Mer lui est consacré et sa statue équestre, du sculpteur Henri Allouard, a été érigée en 1901.
Puis le XIXe siècle est marqué par différents projets d'aménagement qui accompagnent la croissance de la ville et le développement du tourisme balnéaire :
en 1825 est inauguré le Palais de Neptune[15], premier établissement marquant le début d'un essor rapide de la vogue des bains de mer ;
En 1820, Mgr Haffreingue racheta les ruines de l'ancienne cathédrale, conçut les plans d'un nouvel édifice (la basilique Notre-Dame) et en dirigea les travaux de construction de 1827 à 1857.
le , un casino municipal, à orientation très mondaine et pourvu d'équipements d'hydrothérapie en sous-sols, est inauguré ;
un réseau de tramway fonctionne de 1881 à 1897, avec une ligne hippomobile à voie normale, puis, jusqu'en 1951, deux lignes de tramways électriques[16].
Le tramway dans la Grand Rue (centre-ville).
Le tramway de Boulogne à son terminus de Hardelot, avant 1914.
Le tramway dans la rue Thiers (centre-ville).
Un tramway sur le quai Gambetta.
Le tramway dans le quartier du Dernier Sou.
L'Amphitrite(en), bateau britannique de 200 tonnes, fait naufrage le sur la côte de Boulogne-sur-Mer en transportant 108 condamnées à la déportation en Australie, 12 enfants et 13 hommes d'équipage (bilan : 133 morts, 3 survivants).
En 1894, Boulogne-sur-mer réunit 150 médecins au premier congrès international des bains de mer et d'hydrologie, autrement dit de thalassothérapie[17]. La ville fait figure de pionnière avec Dieppe et Trouville dans l'usage des bains de mer, pour améliorer la santé dans un premier temps[18].
Boulogne devient le premier port de pêche français et une station balnéaire très attractive, grâce notamment aux bains de mer, directement importés d'Angleterre.
Jusqu'en 1885, Boulogne est la ville la plus peuplée du département et l'une des villes les plus peuplées de la région (deuxième derrière Lille jusqu'en 1850). On compte, en 1854, 5 000 Anglais (et jusqu'à 15 000 en été) sur plus de 30 000 habitants.
Début , près de 800 émigrants embarquent à Boulogne-sur-Mer à destination des États-Unis[21].
L'application du décret du , prévoyant que soit établi un inventaire des biens des églises (Querelle des inventaires dans le cadre de la loi de séparation des Églises et de l'État) donne lieu à des affrontements à Boulogne : à la cathédrale, les fonctionnaires chargés de cette action le sont reçus à coups de pierres[23].
Le , le capitaine Ferber, pionnier de l'aviation, se tue lors d'un meeting aérien.
Première Guerre mondiale, Boulogne ville de l'arrière
Zone de repos et de soins de Boulogne lors de la Première Guerre mondiale, photographiée depuis la colonne de la Grande Armée.
Lors de la Première Guerre mondiale, la ville se trouve assez loin du front pour être épargnée mais les populations souffrent et en conservent des séquelles visibles sur le monument aux Morts. La ville sert de cantonnement des alliés, en particulier des Britanniques, mais aussi de zone de repos et de soins[24]. Demeure aussi un dépôt de munitions immergées en mer non loin du port.
C'est à Boulogne que les premières troupes américaines, menés par John Pershing, débarquent en France dans la liesse populaire, le , deux mois après leur entrée officielle en guerre.
Tout au long de la guerre, fut installé à Boulogne un important hôpital militaire britannique. Le cimetière britannique situé le long du Cimetière de l'Est comporte plus de 5 000 tombes de soldats du Commonwealth morts dans cet hôpital.
Boulogne entre les deux guerres
En grande rivalité depuis toujours avec Calais, le , Boulogne-sur-Mer est déclarée premier port français pour le transport de passagers. Le cap des 600 000 voyageurs est espéré pour la fin de l'année[26].
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la ville est assiégée en par les Allemands pour empêcher le transit de soldats et de matériel entre la France et l'Angleterre.
Le , les juifs de Boulogne-sur-Mer, juifs de familles de vieille souche française, et de Béthune sont internés dans un camp à Troyes[27].
Prisonniers de guerre allemands marchant dans Boulogne après sa libération par les Canadiens en 1944.
Par la suite, les Boulonnais furent très actifs contre l'occupant allemand : dès septembre 1941, intervenaient les premiers sabotages par ce qui allait devenir le front national de la résistance de Boulogne, créé par Roger Thierry, Eugène Blamangin et Émile Popelier, qui regroupera jusqu'à quatre cents résistants encadrés par Firmin Blondeel et Louis Fourrier[28]. Les Allemands comme les Alliés épargnent la ville fortifiée et ses monuments, ainsi que les maisons bourgeoises de l'ancien rivage. Cela n'empêche pas la ville d'être violemment bombardée entre 1943 et 1944, en particulier les quartiers Capécure et Saint-Pierre qui sont presque entièrement rasés, ce qui explique l'architecture typique de l'après-guerre qui caractérise aujourd'hui ces quartiers.
Dans la nuit du au , jour du débarquement, se tient au large de Boulogne l'opération de diversion Glimmer où les bombardiers britanniques Lancaster ont laissé tomber des paillettes suivant un motif progressif afin de créer l'illusion d'une grande flotte sur les écrans des radars côtiers allemands. Boulogne, tenue par une garnison de 10 000 Allemands commandée par Ferdinand Heim, est libérée entre le et le au cours de l'opération Wellhit[29],[30] par des Canadiens qui ont surpris les Allemands en arrivant au cœur de la citadelle par un souterrain secret[31].
Le , la commune de Boulogne-sur-Mer se voyait attribuer la croix de la Légion d'honneur[Note 7].
À la fin de la guerre, Boulogne est détruite à 85 %, il s'agit de l'une des villes de France qui a connu le plus de bombardements aériens[32]. De fin 1940 à 1944, les Boulonnais dormaient le plus souvent dans des caves[33]. Le réalisateur Alain Resnais évoque ce traumatisme dans son film Muriel ou le Temps d'un retour.
Début du XXIe siècle et déclin économique
Mondialisation et désindustrialisation, Boulogne frappée au cœur
Les dernières décennies sont marquées par la mondialisation et la désindustrialisation, dont Boulogne, comme d'autres villes du nord de la France, fut la victime. L'activité industrielle, l'activité touristique déclinèrent entraînant une diminution des revenus de la population, le taux de chômage et le taux de pauvreté augmenta et le port de Boulogne, poumon économique de la ville, souffrit de la concurrence[34].
De nombreuses entreprises fermèrent. Celle qui a le plus marqué est celle des hauts fourneaux de la Comilog en 2003. Elle fabriquait du ferromanganèse et était l'un des sites de production les plus importants du monde[35]. Le site produisait de nombreux emplois directs et indirects pour les Boulonnais et près de 58 % de l'activité portuaire de Boulogne était directement liée à son activité[36]. Les causes de la fermeture sont multiples : hausse du prix de la matière première, concurrence internationale, baisse de la demande[37], problèmes écologiques (le port et la plage de Boulogne ont longtemps été classés parmi les plus pollués de France, à cause du mercure notamment), etc. La fermeture de la Comilog, annoncée comme une « catastrophe pour la ville » par le maire de Boulogne[37], a eu en effet d'importantes conséquences[38] : outre le licenciement des employés.
La baisse de trafic du port de commerce
Le trafic du port de commerce fut réduit de 60 %, ce qui fit passer le port de Boulogne à la vingtième place des ports de commerce français ; la communauté d'agglomération du Boulonnais fut également privée de plusieurs millions d'euros de taxe professionnelle.
Construit en 2009 pour 46 millions d'euros, le hub port n'a quasiment jamais été utilisé.
La forte baisse du trafic du port du commerce (causée par ces fermetures) et du trafic des voyageurs vers l'Angleterre (due à la concurrence face au port de Calais et à l'ouverture du tunnel sous la Manche) remettent en cause l'importance du port de Boulogne. Indirectement, l'arrêt progressif du transmanche prive Boulogne de nombreux emplois, d'une importante visibilité nationale et internationale et des nombreux touristes anglais qui passaient par le Boulonnais auparavant. Le port souffre également du déclin de la filière halieutique. L'avenir du port fait aujourd'hui l'objet de débats politiques. D'un côté, ceux qui veulent que le port se tourne exclusivement sur la pêche et la plaisance et d'autres préférant une diversification des activités. En 2007, la cCCI de Boulogne, gestionnaire du port, soutenue par la région Pas de Calais, semble avoir gain de cause. Un hub port destiné aux escales BGV et aux marchandises[39] remplacent la moitié des 40 ha de la friche Comilog, le reste est utilisé pour des entreprises halieutiques. Mais l'activité transmanche étant interrompue depuis 2010, le hub port, construit en 2009 pour 46 millions d'euros, n'a quasiment jamais été utilisé[40]. En 2014, Dominique Dupilet, président du conseil départemental du Pas-de-Calais, et Frédéric Cuvillier, maire de Boulogne et secrétaire d'État, dénoncent la CCI Côte d'Opale comme responsable de l'abandon du port de Boulogne en privilégiant Calais pour tous ses projets[41],[42].
Parallèlement, de nombreux commerces en ville ferment, dont certains réputés et appréciés comme les Galeries Lafayette, le Furet du Nord et Chapitre (livres et multimédia)[43],[44]. Cette situation répandue en France relance le débat sur le stationnement, la piétonnisation du centre-ville[45], le coût des loyers pour les commerçants et l'impact des grands centres commerciaux en périphérie et du commerce en ligne sur les petits commerces en ville[46],[47]. Le taux de vacance commerciale reste néanmoins inférieur à la moyenne nationale[48]. L'arrêt du transmanche et la baisse du nombre d'activités en ville entraînent une importante baisse du tourisme.
D'après une étude de la DIRECCTE parue en , le Boulonnais est l'une des zones de la région et du pays les plus en déclin depuis les années 1960. La croissance économique est l'une des plus faibles et devrait le rester jusque 2030, selon la DIRECCTE et l'INSEE. C'est également la seule zone au sein du Nord-Pas-de-Calais à ne pas avoir tiré profit de la reprise économique dans les années 2000. Depuis la crise de 2008, l’activité économique a encore reculé de 8,6 % contre 4,5 % au niveau régional[50].
La situation économique de la ville est longuement abordée dans le film Chante ton bac d'abord sorti en 2014.
Notes et références
Notes
↑La configuration du littoral de l'époque avec une vaste baie abritée des vents dominants est une indication cohérente avec cette hypothèse. César aurait alors profité d'installations portuaires locales favorablement installées et de marins connaissant les routes maritimes locales, vers la Bretagne, l'actuelle Angleterre et connues des celtes depuis plusieurs siècles. Remarque : une erreur a été colportée par certains chroniqueurs ou historiens concernant la date des deux expéditions de César (60 av. J.-C.), à imputer notamment à Orose qui a décalé de deux ans les dates du consulat de César et de Bibulus ; erreur par exemple redoublée par Bède (ou sa source directe) dans son Histoire ecclésiastique.
↑Exposition de la crypte de la basilique Notre-Dame de Boulogne, 2015
↑Suivant les sources, il est parfois question de 633, 638, 639...
↑« Monseigneur de Bouloigne, j'ay tant fait que j'ay recouvert Bouloigne, Dieu mercy, a Nostre Dame. Et, pour ce que la ville et chasteau sont de grand egarde, et la conte aussi, et que je scay bien que vous auriez assez a faire a la garder, car moy mesmes en suis bien empesche, j'ay advise de vous en recompenser ailleurs et de retenir ladicte conte pour moy. Et, pour vous en parler plus amplement, rendez vous devers moy en la cite d'Arras, ou je m'en voys mercredi, et ilec je parleray a vous de tout, bien au long, et vous y feray bailler du logis, et adieu. Escript a Hesdin, le XXIIe jour d'avril (1477). LOYS. PETIT. A Monseigneur de Bouloigne ».
↑La décoration était accompagnée de cette citation : « Magnifique cité maritime et commerciale déjà atteinte par la guerre de 1914-1918, a subi pendant toute la guerre 1939-1945 l'un des plus durs martyres qu'ait connu une ville française. Écrasée sous plus de 400 bombardements, assiégée en 1944, la ville de Boulogne a toujours conservé intact son patriotisme, sa confiance dans la victoire et a été un des foyers les plus actifs de la Résistance. Depuis la Libération, elle donne encore le magnifique exemple de l'ardeur et du stoïcisme de sa rude population qui s'emploie sans faiblir, au milieu des ruines, à la résurrection de la ville et de son port. »
Cette nomination comportait l'attribution de la Croix de guerre 1939-1945 avec palme Alain Lottin, Histoire de Boulogne-sur-Mer : ville d'art et d'histoire, , 608 p. (ISBN978-2-7574-0874-2, lire en ligne), p. 549.
↑De bello gallico, livre IV, 20 à 38 et livre V, 1 à 23.
↑Jean Baptiste Bullet, dans ses Mémoires sur la langue celtique, propose d'y voir le latin bonus (bon), à moins que Bon ne signifie embouchure et on, rivière.
↑André Plaisse, La grande chevauchée guerrière d'Édouard III en 1346 : à travers le Cotentin, Cherbourg, Éditions Isoète, , 111 p. (ISBN2-905385-58-8), p. 12.
↑Philippe Broussard, « Première Guerre mondiale, l"odyssée des "coolies" », L'Express no 3253, semaine du 6 novembre 2013, p. 88-96.
↑Cent ans de vie dans la région, Tome II : 1914-1939, La Voix du Nord éditions, n° hors série du 17 février 1999, p. 47.
↑Danielle Lemaire, « Nuit et brouillard pour les juifs de Lens », dans Cent ans de vie dans la région, Tome 3 : 1939-1958, La Voix du Nord éditions, Hors série du 17 juin 1999, p. 16.
P.-J.-B. Bertrand, Précis de l'histoire physique, civile et politique, de la ville de Boulogne-sur-Mer et de ses environs, depuis les Morins jusque 1814, Boulogne, 1828, en 2 vol. — vol.1 & vol.2
Jean-Marc Detre, Daniel Tintillier Le Commerce boulonnais en images , ABC2E éditions, 2005, 292 p.
Yann Gobert-Sergent, Pêches, course et contrebandiers. Le Port de Boulogne-sur-mer de Louis XIV à Napoléon Ier, ACRB éditions, 2004, 196 pages.
Alphonse Lefebvre, Le centenaire du 16 août 1804, à Boulogne-sur-Mer, Boulogne-sur-Mer, G. Hamain, 1909. Texte en ligne disponible sur - Lire en ligne sur NordNum
Edmond Magnier, Histoire d'une commune de France (Boulogne-sur-Mer) au XVIIIe siècle, Paris : M. Lévy Frères, 1875 - Lire en ligne sur NordNum
Auguste Mariette, Portus Icius ; La Classis Britannica ; origines de Boulogne, éditions Christian Navarro, , 128 p. (ISBN978-2-914909-44-0). Ouvrage sur le port d'embarquement mythique de Jules César qui, selon l'auteur, est Boulogne-sur-Mer.
Georges Torrès, Un port : Boulogne-sur-Mer, Armand Colin, 1976, 64 p.
Henri Hippolyte Vivenot, Notice sur le Port de Boulogne, Paris : Imprimerie nationale, 1904. - Lire en ligne sur NordNum