Se voulant le défenseur de la religion catholique, Philippe II connaît un succès majeur dans la lutte contre les Ottomans musulmans avec la victoire de Lépante en 1571. En revanche, la lutte qu'il mène contre le protestantisme connaît plusieurs échecs.
Simultanément, Philippe II intervient en France, alors en proie aux guerres de religion (1562-1598), notamment durant la huitième (1584-1598), pendant laquelle il soutient la Ligue catholique contre l'héritier présomptif de Henri III, le protestant Henri de Navarre. Celui-ci, soutenu par les protestants, mais aussi par de nombreux catholiques modérés (Montaigne notamment), devient pourtant roi de France en 1589, après qu'un moine fanatique a assassiné Henri III, et réussit à s'imposer face aux ligueurs et à l'armée espagnole, qui occupe une partie de la Bretagne, obligeant Philippe à signer le traité de Vervins (2 mai 1598), après avoir établi un régime de tolérance religieuse par l'édit de Nantes (avril 1598). Ce nouvel échec met fin à tout espoir de reconquérir les Provinces-Unies.
La mémoire de Philippe II est entachée par une légende noire, qui est pour une part le résultat de la propagande de ses ennemis protestants.
Philippe aura encore deux sœurs légitimes Marie (1528-1603), et Jeanne (1535-1573), toutes deux nées à Madrid, et un demi-frère beaucoup plus jeune, fils de l'Allemande Barbara Blomberg, Juan d'Autriche (vers 1545-1578), né à Ratisbonne.
Il reçoit le titre de « prince des Espagnes » (principe de las Españas[N 2]).
Sa naissance est célébrée par plusieurs jours de fêtes et de joutes interrompues par la nouvelle du sac de Rome[réf. nécessaire] par les armées de l'empereur. Il est porté sur les fonts baptismaux par Henri III de Nassau-Breda, par le duc de Bejar et par sa tante, Éléonore de Habsbourg, sœur de Charles Quint ; selon la tradition, on lui donne pour nom de baptême celui de son grand-père paternel, Philippe le Beau (mort prématurément en 1506).
Le prince apprend les langues en usage dans ses futurs États : l'espagnol, le portugais, l'italien et le français, dans lequel il avait cependant des réticences à s'exprimer en raison de son fort accent, ainsi que le latin, langue de l'Église catholique et des humanistes. Dans l'ensemble, sa formation est principalement espagnole, malgré les pages italiens et néerlandais qui l'entourent.
Son précepteur Juan de Zúñiga prend soin de lui faire pratiquer les exercices considérés à l'époque comme nécessaires à un noble : la chasse, la joute équestre, la musique et la danse. Philippe II aimait, semble-t-il, tout particulièrement la chasse et la joute, quoiqu'il ne brillât guère à cet exercice[réf. nécessaire]. Autre point essentiel : la pratique quotidienne du lourd cérémonial de cour de ses ancêtres ducs de Bourgogne, importé des Pays-Bas par son père (Charles Quint, né à Gand, a été élevé à la cour de Bruxelles).
Le prince (1539-1555)
Débuts dans le gouvernement (1543-1545)
Philippe fait ses premières armes dans le gouvernement en 1543, à seize ans, comme régent en l'absence de son père.
À la suite de la révolte des Communautés de Castille (1520-1521), Charles Quint a pris l'habitude, quand il doit quitter l'Espagne, de désigner un membre de sa famille comme régent. Jusqu'à sa mort en 1539, c'est son épouse Isabelle de Portugal qui a été choisie ; en 1543, l'empereur attribue cette fonction à Philippe, mais comme il n'a que 16 ans, il installe à ses côtés un conseil de régence présidé par le chancelier et inquisiteur général Juan Pardo de Tavera. L'empereur donne en outre des instructions précises à Juan de Zúñiga pour guider son fils dans cette première responsabilité.
Premier mariage : Marie Manuelle de Portugal (1543-1545)
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Pour renforcer ses liens avec le Portugal, l'empereur, veuf d'Isabelle de Portugal, marie son fils, à peine âgé de 16 ans, à l'infanteMarie Manuelle (1527-1545). Les fiancés, issus de mariages entre deux fratries[3], sont doublement cousins germains. Le mariage a lieu le 12 novembre 1543 à Salamanque.
Marie-Manuelle meurt deux ans plus tard, quelques jours après avoir donné le jour à un garçon, don Carlos (1545-1568), au destin assez pitoyable.
Duc de Milan (1546) et héritier présomptif des Pays-Bas (1549)
En 1546, Philippe est officiellement placé à la tête d'un État, le duché de Milan.
Depuis la mort de François II Sforza en 1535, le duché est en effet vacant et, en tant que fief impérial, est retourné à l'empereur, qui doit désigner un nouveau duc. Philippe a été investi secrètement dès 1540, mais sans pouvoir contrôler la situation.[pas clair] Charles Quint a retardé sa décision afin de disposer de ce fief en cas de nécessité diplomatique. Au bout de dix ans de temporisation, avec des projets d'investiture à un de ses neveux autrichien[4], ou de dotation d'une de ses filles pour épouser un fils du roi de France, l'empereur choisit, de façon inattendue, d'investir officiellement son fils.
Philippe visite le duché deux ans plus tard (1548), laissant la régence espagnole à sa sœur Jeanne (1537-1573).
Pour les cousins autrichiens de Philippe, qui ont déjà dû renoncer à leurs espoirs milanais, c'est une déconfiture de plus. L'archiduc Maximilien, fiancé à l'infante Marie, sœur de Philippe, avec une possible dotation dans l'héritage des ducs de Bourgogne, est ainsi privé de toute espérance à l'ouest de l'Europe.
En 1553, Charles Quint décide de le marier avec la reine d'Angleterre Marie Tudor (1516-1558), fille de Catherine d'Aragon[6], dont Henri VIII a divorcé en 1533, se séparant alors de l'Église catholique, le pape ayant refusé l'annulation du mariage. Comme sa mère, Marie Tudor est une fervente catholique. Marie accède au trône d'Angleterre en juillet 1553, succédant à Édouard VI, protestant convaincu.
Le mariage a lieu le dans la cathédrale de Winchester. Le contrat de mariage donne à Philippe des droits honorifiques en tant que roi consort, mais exclut toute alliance automatique avec Charles Quint et toute nomination d'Espagnols (ou autres sujets de Charles Quint) en Angleterre.
Le règne difficile de Marie, violemment critiquée par les calvinistes, comme l'Écossais John Knox[7], prend fin assez vite, sans qu'elle ait eu d'enfant. C'est la fille d'Anne Boleyn (exécutée en 1536), Élisabeth, qui lui succède.
Quelques mois plus tard, le , Philippe devient également roi des Espagnes et de leurs dépendances en Méditerranée et aux Amériques.
Règne et politique
Son père conserva la couronne impériale jusqu'à sa mort en 1558, quoiqu'il ait envoyé une lettre aux électeurs du Saint-Empire et à Ferdinand de Habsbourg, roi de Germanie, leur ordonnant de considérer Ferdinand comme empereur et non plus seulement comme son lieutenant. Ces autres territoires furent dévolus sans la moindre cérémonie. Selon le pacte de famille, Ferdinand devait faire élire Philippe roi de Germanie quand lui-même serait empereur. Mais les vexations que Charles Quint avait fait subir à ses neveux autrichiens en les privant de Milan et des Flandres entraînèrent l'hostilité des grands électeurs du Saint-Empire, et Philippe fut poliment éconduit au profit de Maximilien II, fils de Ferdinand. Sur ces entrefaites, la reine Marie Tudor était morte sans descendance. La couronne d'Angleterre passa à sa demi-sœur Élisabeth, protestante que la défunte reine aurait voulu condamner à mort : le roi Philippe était intervenu en faveur de sa jeune belle-sœur (moindre mal à ses yeux que Marie Stuart promise à François II de France) et la reine avait renoncé à son projet.
Avant son avènement sur le trône d'Espagne en 1556, Philippe II avait vécu quelque temps aux Pays-Bas, à cause du conflit contre la France qui lui barrait la route du retour vers l'Espagne. Après la signature du traité du Cateau-Cambrésis et son mariage avec Élisabeth de France durant le printemps et l'été 1559, il put enfin s'embarquer pour l'Espagne et ne revint jamais dans ses États du Nord.
À la mort de Charles Quint et lorsque Ferdinand devint empereur, Philippe II, qui lui devait hommage pour les principautés belges dépendantes de l'Empire, demanda un délai de huit mois pour s'acquitter de ce devoir. Un délai fut accordé par le diplôme du et Ferdinand donna l'investiture requise à Philippe, représenté par don Claudio Fernández Vigil de Quiñones(es), comte de Luna, son ambassadeur à la cour de Vienne, le [8].
Mort et succession
Le roi Philippe II meurt le à l'âge de 71 ans au palais de l'Escurial, après un règne tumultueux de plus de quarante ans.
Son fils Philippe (1578-1621) lui succède comme roi d'Espagne sous le nom de Philippe III.
La défense de la catholicité
Prince élevé de la cour espagnole d'Isabelle de Portugal, fils et héritier des prétentions de l'empereur Charles Quint à réconcilier la chrétienté autour de l'Église romaine, Philippe II est un prince de la Contre-Réforme. La défense de la foi catholique est une véritable clef de voûte de sa politique. Il est ainsi un ardent promoteur de la reprise des discussions au concile de Trente, suspendu depuis 1553.
Dans ses États, il recevra l'œuvre du concile comme des lois fondamentales et pressera l'Église espagnole à mettre en application les réformes tridentines. L'Inquisition maintint sa puissance dans la société espagnole et la conserva encore après lui.
Relations avec les protestants
Sa diplomatie est empreint de cette volonté de contre-réforme et cherche souvent à endiguer la progression du protestantisme, comme ce sera le cas en France et dans les Flandres.
Le « roi prudent », ainsi qu'on le surnomme, n'est cependant pas un intégriste oublieux de toute réalité pour faire aboutir son rêve de reconquête catholique. Lors de son règne en Angleterre, il se fait remarquer par sa modération face au zèle de son épouse Marie « la sanglante ». Dès la mort de celle-ci, il préfère demander la main de sa sœur Élisabeth, pourtant notoirement protestante, plutôt que de perdre l'alliance anglaise.
Dans les années 1560, il se brouille même avec le papePie IV, notamment à propos du devenir de l'archevêque de TolèdeBartholomée Carranza. C'est seulement dans les années 1580, avec l'implosion du royaume de France et la conquête du Portugal que Philippe II perd cette modération et se lance dans des conflits en dépit de tout sens politique et qui s'avérèrent d'ailleurs bien souvent désastreux.[réf. souhaitée]
Il hérite également du rêve de croisade impérial et espagnol et promeut une politique de défiance en Méditerranée vis-à-vis des Turcs et des Barbaresques.
En 1568, de grandes révoltes éclatent en Espagne, en particulier dans le royaume de Grenade. Lors de la révolte des Alpujarras, les morisques, musulmans convertis de force au catholicisme, se manifestent contre la loi leur interdisant l'usage de leur culture et de leur langue.
Le soulèvement des morisques, maté en 1571 malgré l'aide des Ottomans, se terminera par une déportation massive vers le nord de l'Espagne. C'est dans ce contexte que Philippe II forgea avec Venise et Rome une Sainte-Ligue. La flotte espagnole, avec ses alliés vénitiens, écrase la flotte turque à Lépante, mettant fin à la domination turque en Méditerranée. Néanmoins, Tunis est perdue lors du siège de 1574.
Politique extérieure
La politique extérieure de Philippe II s'appuie sur un réseau d'espions qu'il crée à travers toute l'Europe[10]. Au-delà des ambassadeurs eux-mêmes, des agents aux fonctions variées (artistes, religieux, esclaves, etc.) font circuler des messages codés qui remontent jusqu'au roi lui-même[11].
Le conflit avec les Valois
Philippe II poursuit le conflit entamé par son père Charles Quint contre la France. Il s'agit foncièrement d'une rivalité dynastique ancienne de plus d'un siècle et alimentée par trois points de discorde : l'héritage bourguignon des Habsbourg, la domination en Italie, et surtout, à la fin du règne, la succession des derniers Valois.
Son règne commence avec la victoire de Saint-Quentin, en 1557, qui traumatise profondément la France : un nombre impressionnant de grands seigneurs et de princes est capturé, tandis que les troupes des Pays-Bas espagnols sont aux portes de Paris. Après une trêve et deux années supplémentaires de conflit, la France, exsangue, accepte de traiter. La Monarchie catholique, de son côté, n'a qu'un avantage léger et doit procéder à une banqueroute, mais cela suffit à emporter la guerre. La paix est scellée au Cateau-Cambrésis : Philippe II obtient le champ libre en Italie et le statu quo ante est proclamé en Picardie. En outre, il impose au roi de France la rétrocession de ses États au duc de Savoie, cousin de Philippe. Un mariage complète le dispositif : Philippe II épouse Élisabeth de Valois, fille d'Henri II.
La mort d'Henri II lors des festivités entourant le mariage oriente durablement la suite des relations que Philippe entretient avec la France : le souverain français laisse après lui quatre fils mineurs et en mauvaise santé. Leur faiblesse attise le conflit religieux interne à la France et provoque l'effondrement du royaume sur l'échiquier international. Pendant près de vingt ans, la France ne sera qu'un enjeu secondaire pour Philippe. Si son désir de promouvoir la catholicité explique une partie de ses interventions dans le conflit français, ce qui le motive, c'est essentiellement la guerre dans les Flandres et en Brabant, après l'exécution à Bruxelles des comtes d'Egmont (qui avait été pourtant le vainqueur de la bataille de Saint-Quentin) et de Hornes, les chefs du Compromis des Nobles, porteurs des revendications de la noblesse et du peuple contre la promulgation du Conseil des troubles qui réprime durement les protestants, tout en voulant restreindre l'exercice des libertés locales acquises sous les ducs de Bourgogne et leur descendant Charles Quint, le père de Philippe II. Tous les rebelles n'adhèrent pas au protestantisme. Les nobles principaux des provinces belges sous la direction de Guillaume d'Orange utilisent le royaume de France, mais aussi les États rhénans, comme bases arrière et y possèdent des appuis parfois très haut placés. Le duc d'Alençon est ainsi régulièrement sollicité par les rebelles et les malcontents, tandis que les frères de Guillaume d'Orange, retranché dans les États familiaux de Nassau, fournissent de l'argent et des mercenaires, participant même aux combats. Le problème pour Philippe II n'est pas seulement territorial, ses possessions des Pays-Bas menaçant de lui échapper, mais aussi religieux car il voit d'un très mauvais œil les progrès du calvinisme en France et dans les États du Saint-Empire romain germanique.
Philippe II a cependant conscience que les guerres de Religion peuvent jouer en sa faveur sur le plan géopolitique : une France affaiblie est une rivale de moins pour la monarchie espagnole, situation qui permet à celle-ci d'employer des ressources importantes dans ses conflits en Flandres et en Méditerranée. Par contre, si le royaume de France bascule tout entier dans l'hérésie, ce serait fatalement le début d'une guerre de religion avec la France et, surtout, il ne pourrait qu'en résulter un développement du calvinisme dans les Flandres et en Franche-Comté. Aussi, Philippe II soutient-il le parti catholique français de la faction des princes lorrains.
Sous le règne d'Henri III, on assiste d'une part au retour d'une certaine paix intérieure en France, et d'autre part à une recrudescence des tensions avec l'Espagne. Pour des raisons assez obscures, la reine mèreCatherine de Médicis conçoit secrètement le projet d'envoyer une flotte française dans les Açores afin de tenter d'entraver le commerce espagnol vers le Nouveau Monde. Elle en confie le commandement à son neveu, Philippe Strozzi. Les Français à peine débarqués sur l'île Terceira, une importante escadre espagnole se présente. Toute résistance semble dérisoire et de nombreux capitaines suggèrent à Philippe Strozzi d'éviter le combat. Il s'entête et décide d'affronter les Espagnols avec les quelques navires qui lui sont restés fidèles. Ils seront tous détruits et les matelots, considérés comme pirates et non corsaires, pendus (). Philippe Strozzi, capturé, ne pouvant se prévaloir d'agir au nom du roi de France, dès lors qualifié de pirate, sera condamné à être attaché à la proue d'un navire et à mourir par noyade. Cette bataille marquait la suprématie de l'Espagne sur la France dans sa colonisation du Nouveau Monde.
Dans les années 1580, quand il devient clair que la maison protestante des Bourbons est en position d'hériter sous peu de la couronne, Philippe II devient plus actif. Il soutient ouvertement la Ligue, les partisans du cardinal de Bourbon et du duc de Montpensier. Il réclame le duché de Bretagne pour sa fille Isabelle au nom des droits qu'avait sa femme Élisabeth de Valois. Il ira même jusqu'à réclamer la couronne de France pour celle-ci pour éviter l'avènement d'un roi huguenot. Les victoires d'Henri IV contre la Ligue et les troupes espagnoles, sa conversion au catholicisme ainsi qu'une troisième banqueroute de la Monarchie catholique amèneront Philippe II à une trêve.
La révolte des Pays-Bas
Les provinces des Pays-Bas sont un problème pour Philippe II. Ces riches provinces constituaient le moteur de l'empire de Charles Quint, mais Philippe II, élevé en Espagne, s'en est vite éloigné. Après la victoire sur la France à la bataille de Saint-Quentin en 1557 et le traité du Cateau-Cambrésis en 1559, Philippe II quitte les Pays-Bas pour ne jamais y revenir. Une certaine incompréhension émaille ses relations avec ses sujets septentrionaux, qui ne le considèrent pas comme l'un des leurs. Philippe II a été élevé en Espagne, il connaît le français et les réalités de l'héritage bourguignon (comme le collier de la Toison d'or) mais culturellement il ne comprend pas ses sujets des Pays-Bas.
Une fronde apparaît en 1566 et 1567 : c'est le Compromis des Nobles, né à Bruxelles et soutenu par le peuple pour des motifs liés aux tentatives de Philippe II de supprimer les droits acquis au cours des siècles au profit d'une gouvernance directe de l'Espagne. La rébellion prend le titre de « gueux » qui lui avait été décerné par ses adversaires. Philippe II réagit par l'envoi d'une armée et la nomination du duc d'Albe comme gouverneur. La répression commence par l'exécution capitale à Bruxelles de deux des chefs principaux, les comtes d'Egmont et de Hornes, ce qui déclenche un soulèvement qui engendre une guerre civile, la noblesse se divisant en adversaires et partisans de l'Espagne soutenus ou combattus par des factions populaires. Cette situation est favorisée par la conversion au calvinisme d'une partie de la population. Ce qui fait qu'aux revendications politiques de défense des libertés issues des vieilles chartes s'ajoute une opposition religieuse contre le catholicisme défendu avec intransigeance par l'Espagne. La guerre de Quatre-Vingts Ans qui va s'ensuivre finira lorsque Philippe reconnaîtra l'indépendance de la partie nord des Pays-Bas en 1581 sous le nom de Provinces-Unies. Les exploits d'Alexandre Farnèse et de capitaines aussi valeureux que Valentin de Pardieu en face des armées commandées par Guillaume d'Orange et son fils n'ont pu suffire à vaincre la rébellion[12]. C'est l'échec de la politique de Philippe II vouée à maintenir l'unité de l'ancien cercle de Bourgogne, seul le sud de celui-ci, la Belgica Regia, restant soumise à l'Espagne dans un état chronique de rébellion qui allait durer jusqu'au début du XVIIIe siècle.
La révolte des Pays-Bas donne également lieu à l'arrestation du seul héritier de Philippe II par l'Inquisition. Don Carlos avait eu des contacts directs avec des envoyés des Pays-Bas venus défendre le Compromis des Nobles ; son père le fait arrêter, et il est condamné à la prison pour avoir tenté de tuer le roi son père. Il meurt en prison dans des circonstances non élucidées ; Philippe II doit attendre son remariage pour avoir à nouveau un héritier mâle.
Dans un premier temps, Philippe II choisit de la soutenir, préférant avoir une protestante sur le trône anglais plutôt qu'une reine française, Marie Stuart, qui mettrait les îles Britanniques à la disposition des Français[13]. De ce fait, malgré des politiques divergentes dans le domaine religieux, le roi d'Espagne a longtemps maintenu l'alliance avec l'Angleterre. Il devait même inciter le pape à ne pas excommunier sa reine.
Les relations entre les deux pays se détériorent dès la fin des années 1560. La chute de Marie Stuart et la guerre civile en France avaient renforcé le poids de l'Angleterre sur l'échiquier international. Il existait plusieurs sujets de frictions entre les deux pays. La reine d'Angleterre accueillait les réfugiés flamands et hollandais persécutés par les troupes espagnoles et fermait les yeux sur les actes de piraterie anglais contre les vaisseaux espagnols.
En 1588, en lutte contre l'Angleterre d'Élisabeth Ire, qui soutient la révolte des provinces des Pays-Bas, il envoie contre elle toutes ses forces embarquées sur une très grande flotte, l'Invincible Armada, mais est contraint d'abandonner le projet de débarquement après la bataille de Gravelines, même si les Espagnols n'ont perdu aucun navire lourd durant le combat. Malgré tout, cette bataille est la seule grande victoire anglaise d'une guerre qui tourne rapidement à l'avantage des Espagnols.
En 1580, après la mort du roi Henri Ier (1512-1580), dit Henri le Cardinal, Philippe II d'Espagne, petit-fils légitime de Manuel Ier de Portugal, envoie le duc d'Albe s'emparer par la force du Portugal face au prétendant Antoine, petit-fils illégitime du même Manuel. Philippe devient à son tour roi de Portugal (1580-1598) sous le nom de Philippe Ier. Il fonde alors l'Union ibérique qui tiendra jusqu'en 1640, date à laquelle le Portugal reprend son indépendance.
Empire colonial
Sous le règne de Philippe II, les Philippines (nommées en son honneur) sont conquises et des colonies sont établies en Amérique du Nord (Floride). Le commerce transpacifique entre l’Asie et l’Amérique (voir le galion de Manille, qui en est le vecteur durant trois siècles) commence en 1565.
Du « Siècle d'or » à la légende noire
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Deux constructions historiques ont été faites du règne de Philippe II. Quoique totalement contradictoires, il faut bien les considérer comme les deux facettes d'une même réalité. C'est la puissance même de l'Espagne qui a nourri sa légende noire, en attisant une guerre idéologique avec ses nombreux ennemis.
Philippe II instaure un système bureaucratique complexe, célèbre par sa lenteur, qui lui vaut les surnoms de rey Papelero et de rey Prudente.
Le Siècle d’or
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Son règne représente alors le sommet de la puissance de l'Espagne, pour laquelle on parle de Siècle d’or.
Les difficultés économiques
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Les richesses affluent d'Amérique, pourtant, à plusieurs reprises, la monarchie espagnole se place dans des situations économiques de crises dues aux banqueroutes. L'assainissement financier traduit la première banqueroute en 1557 puisque Philippe II refuse de payer les dettes de son père. D'autres banqueroutes auront lieu en 1575 et en 1597.
Philippe II et son règne ont été durablement considérés comme de parfaites illustrations d'un obscurantisme ou d'un retard typiquement espagnols. L'histoire place très tôt le déclin de l'Empire espagnol, quelquefois à la bataille de Lépante ; une autre date retenue est celle de la tentative avortée d'invasion de l'Angleterre appelée Invincible Armada en 1588, une éclatante victoire de l'Angleterre élisabéthaine dans la propagande anglaise, plutôt un naufrage dans les faits. Elle omet souvent de préciser l'échec cuisant de l'expédition Drake-Norreys qui a suivi, deux autres tentatives d'invasion en 1596 et en 1597, égales à la première et la paix défavorable pour l'Angleterre qui a suivi en 1604. L'historiographie sur cette époque est le produit de distorsions de l'histoire, résultat de la propagande anglaise et protestante de l'époque ; mais aussi de celle plus récente publiée aux XIXe et XXe siècles, une période où l'Espagne avait cessé de peser dans l'ordre international, précisément la période où la Grande-Bretagne atteignait son apogée et cherchait des mythes du passé pour créer son identité. Le grand corpus de propagande créa une réalité alternative qui se transforma au fil des siècles en « la défaite de l'Invincible Armada », le grand moment déterminant du nationalisme anglais, avec sa litanie de clichés connexes[14].
Le règne de Philippe II fut marqué par une grande rigueur en matière religieuse, politique et sociale. Le plus grand Empire du monde requérait d'autre part une machine bureaucratique stricte qui n'avait pas le loisir de la littérature élogieuse ou disculpatoire qu'a produit à la même époque l'Angleterre élisabéthaine[14]. L'Angleterre avait de séduisant ce que l’Espagne avait de rigoriste : après la défaite de l'Armada Élisabeth Ire, reine d'Angleterre se fait représenter sous les traits de Gloriana, la reine des fées (l'Angleterre de l'époque faut-il le rappeler produit les plus brillants dramaturges, tels William Shakespeare).
La fin du concile de Trente marque également la fin des discussions sur l'orthodoxie catholique : le concile arrête une doctrine et des moyens drastiques pour l'imposer sans contestation. Avec Philippe II on entrait donc dans une nouvelle période de la Contre-Réforme, marquée par une attitude encore plus dure face aux protestants et aux morisques. Dans le même temps, le développement de l'appareil d'État absolutiste et l'augmentation de la charge fiscale pour financer les guerres se traduisent par un durcissement du régime.
La réalité, déjà très dure, a cependant été largement assombrie par la propagande des ennemis de la monarchie espagnole, et la puissance même de l'Espagne et ses nombreuses guerres ont nourri cette légende noire. C'est surtout le conflit acharné dans les Flandres qui a construit celle-ci. Affrontement religieux et politique, il donna lieu à une intense propagande anti-espagnole : face aux états généraux et au royaume d'Angleterre leur allié, l'Espagne aurait été un régime tyrannique, fanatique, agissant contre Dieu et la loi de nature. Philippe II était ainsi présenté comme un prince polygame et pervers, heureux d'exécuter son fils et de se marier avec sa jeune promise (Isabelle de Valois). L'Inquisition espagnole était décrite comme une machine de mort et de torture, en dépit des règles assez strictes entourant l'usage de la torture et du nombre finalement assez faible d'exécutions comparativement à ce qui se pratiquait dans la justice civile dans la seconde moitié du XVIe siècle : d'après le médiéviste Patrick Henriet, « Il ne fait aucun doute qu'au XIIIe siècle, comme encore par la suite, la justice inquisitoriale s'est montrée beaucoup moins expéditive que celle des cours civiles »[15].
La plupart des arguments qui ont alimenté cette légende noire furent fournis par l'ancien conseiller de Philippe II[réf. nécessaire], Antonio Pérez, passé en France après la découverte de ses malversations.
En 1543, il se marie une première fois avec sa cousine paternelle et maternelle Marie-Manuelle de Portugal, qui meurt en 1545 peu après la naissance de leur unique enfant :
De nouveau veuf en 1568, sans héritier, Philippe II se remarie pour la quatrième fois en 1570 avec sa nièce, l'archiduchesse Anne d'Autriche (1549-1580) — qui était promise à son fils défunt — avec qui il a cinq enfants :
Philippe (1578-1621), prince des Asturies (succédera à son père) ;
Marie (1580-1582).
À la mort d'Anne en 1580, le roi envisage de se remarier avec la sœur de la reine défunte, l'archiduchesse Marguerite, âgée de 14 ans. Sur le chemin qui la mène en Espagne, la jeune fille choisit d'entrer chez les Clarisses. Le roi, âgé de 54 ans, restera veuf pendant dix-huit ans jusqu'à son propre décès en 1598.
Héraldique
En raison de sa grande longévité, Philippe II a utilisé une emblématique qui évolue dans le temps. Dans sa jeunesse, et notamment lors du voyage flamand, il utilise deux grands thèmes emblématiques qui le construisent en doublet de son père, l'empereur : la figure herculéenne et celle du roi Salomon. La seconde perdure tout au long de son règne et est notamment utilisée dans la conception de l'Escurial. Cette image en fait, comme Salomon pour David, le fils pacifique et juste du preux et guerrier Charles Quint. L'emblématique bourguignonne conserve une certaine place, étant notamment employée dans la décoration des galères de l'expédition de Lépante. Les devises les plus célèbres qu'on lui connaît sont les suivantes :
un soleil levant associé à la phrase jam illustrabit omnia (bientôt, il éclairera tout) ;
un Hercule enlevant à Atlas le poids du monde, avec le mot Ut quiescat Atlas (pour qu'Atlas puisse se reposer) ;
un temple avec les mots nec spe, nec metu (sans espoir de récompense ni sans crainte).
Comme jeune prince, il a porté le grand écartelé utilisé par son père et son grand-père comme rois des Espagnes. On les retrouve par exemple dans la dédicace de l'Arte de navegar, de Pedro de Medina. À la fin des années 1540, cependant, il simplifie ces armes en utilisant la version réduite introduite par Charles Quint pour les armes impériales, brisées d'un lambel d'argent ou d'azur. Cette décision est sans doute liée à une volonté d'identification à son père, en préparation du voyage flamand de 1548 : elles figurent sur toutes les armures de la commande qui précède ce voyage. Ce modèle au coupé dominera, dans diverses déclinaisons son règne. Lors de son mariage avec Marie Tudor en 1554, il partit ces armes, sans le lambel, avec celles de sa femme, en signe de son nouveau statut de roi consort. La mort de cette princesse quatre ans plus tard met fin à cet usage. Il retrouve alors les armes coupées qu'il portera jusqu'en 1580. Cette année, pour marquer son avènement comme roi de Portugal, il fait ajouter un écu de ce royaume au point d'honneur de ses armes, c'est-à-dire sur le parti des possessions espagnoles.
↑Le pluriel se réfère au fait que l'union des royaumes de Castille et d'Aragon est récente, puisqu'elle résulte du mariage des grands-parents maternels de Charles Quint, les Rois catholiques ; elle devient effective au début du XVIe siècle lorsque la mère de Charles Quint, Jeanne la Folle, reine de Castille en 1504 devient reine d'Aragon en 1516.
Références
↑Un autre succès espagnol important, postérieur au règne de Philippe II, est la reprise d'Ostende en 1604.
↑La guerre contre les Provinces-Unies ne prend formellement fin qu'en 1648, d'où le nom de guerre de Quatre-Vingts Ans (1568-1648) qu'on donne à cet épisode important de l'histoire de l'Europe.
↑Fils de son frère Ferdinand, régent des possessions autrichiennes des Habsbourg.
↑C'est-à-dire la quasi-totalité des fiefs (impériaux) des Pays-Bas, l'exception la plus notable étant la principauté ecclésiastique de Liège, qui est cependant un protectorat des Habsbourg.
↑Fernand Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II - Tome 3: 3. Les événements, la politique et les hommes, Armand Colin, (ISBN978-2-200-61932-9, lire en ligne)
↑Antonio Orti, « L'âge d'or de l'espionnage espagnol », Courrier International, no 1623, , p. 58, traduction d'un article paru le 23/05/21 dans Historia y vida.
↑Annales de Comité flamand de France, Conservatoire national des arts et métiers (France), page 223.
↑Liliane Crété, Coligny, Paris, Fayard, 1985, p. 151.
↑Patrick Henriet (maître de conférence d'histoire médiévale à l'université Paris IV Sorbonne) dans Histoire de la papauté, sous la direction d'Yves-Marie Hilaire, « Le contrôle du monde chrétien », coll. Histoire, Points Seuil, 2003, p. 225-226.
↑Fray José de Sigüenza, description de la construction du Monastère de l'Escurial, dans Historia de la Orden de San Jerónimo (1595-1605).
↑Cf. F. et Y. Pauwels-Lemerle, L'Architecture à la Renaissance, Paris, Flammarion, coll. « Tout l'Art », , 256 p. (ISBN2080122355), p. 197-198.
↑(es) F. Marías, « El Escorial de Felipe II y la sabiduría divina », Annali di Architettura, no 1, , p. 63-76 ; (es) Fernando Checa-Cremades, Felipe II. Mecenas de las artes, Madrid, Nerea, , 512 p. (ISBN8486763711).
↑(es) Juan Rafael de la Cuadra, El Escorial y el templo de Salomón : Arquitecturae Historia Sagrada, Bubok, (lire en ligne)
David Loth, Philippe II, Paris, Payot, collection « Bibliothèque historique », 1933, 348 p. (réédition en collection de poche : Paris, Payot, 1981, 343 p. (ISBN2-228-70430-X)).
Ludwig Pfandl, Philippe II : 1527-1598, une époque, un homme, un roi, Paris, Hachette, 1942, 542 p. (réédition : Philippe II, Paris, Tallandier, collection « Figures de proue », 1981. 621 p. + 16 p. d'illustrations. (ISBN2-235-01077-6)).
(es) Valentín Vázquez de Prada, Felipe II y Francia (1559-1598) : politica, religion y razón de Estado, Pampelune, Ediciones Universidad de Navarra, coll. « Histórica », , XXII-517 p. (ISBN84-313-2170-9, présentation en ligne).
Les générations sont numérotées dans l'ordre de la descendance masculine depuis les premiers archiducs. Au sein de chaque génération, l'ordre suit celui de l'aînesse.
National park in Angola Kisama National ParkIUCN category II (national park)LocationNorthwestern AngolaNearest cityLuandaCoordinates9°45′S 13°35′E / 9.750°S 13.583°E / -9.750; 13.583Area9,960 km²Established1957 Quiçama National Park, also known as Kissama National Park (Portuguese: Parque Nacional do Quiçama or Parque Nacional da Quissama), is a national park in northwestern Angola. It is the only functioning national park in all of Angola, with the oth...
Namibia Premier League 1993 Meister Chief Santos Mannschaften 12 Spiele 132 ← Namibia Premier League 1992 Namibia Premier League 1994 → Namibia First Division 1993 ↓ Die Saison der Namibia Premier League 1993, der höchsten Spielklasse im namibischen Fußball, fand im Jahr 1993 statt. Meister wurde Chief Santos aus Tsumeb. Tabelle Pl. Verein Sp. S U N Tore Diff. Punkte 1. Chief Santos 22 10 11 1 034:210 +13 41 2. Black Africa 2...
Auf dieser Seite sind die Baudenkmäler in der niederbayerischen Gemeinde Aicha vorm Wald zusammengestellt. Diese Tabelle ist eine Teilliste der Liste der Baudenkmäler in Bayern. Grundlage ist die Bayerische Denkmalliste, die auf Basis des Bayerischen Denkmalschutzgesetzes vom 1. Oktober 1973 erstmals erstellt wurde und seither durch das Bayerische Landesamt für Denkmalpflege geführt wird. Die folgenden Angaben ersetzen nicht die rechtsverbindliche Auskunft der Denkmalschutzbehörde. ...
Yakkun Sakurazuka seorang lelaki mengenakan pakaian seragam sekolah perempuan Transvestit adalah perilaku penyimpangan seksual pada seseorang yang ditunjukkan dengan mengenakan pakaian lawan jenis (Inggris: cross-dressing) karena dorongan dalam dirinya agar dianggap oleh orang lain sebagai dari jenis kelamin yang berbeda.[1] Hal tersebut biasa ditemui dalam masyarakat dan disebut sebagai banci, wadam, atau orang papak.[1][2] Kelompok transvestit sesungguhnya tidak pers...
This article needs to be updated. Please help update this article to reflect recent events or newly available information. (July 2019) Kansas City StormFounded2004Based inKansas City, MissouriStadiumNorth Kansas City High SchoolColorsNavy Blue, Red, WhitePresidentNance Wernes [1][2]Division titles2 (2007 IWFL Midsouth, 2010 WSFL Midwest Conference Title)MascotStormie The Dog The Kansas City Storm is a women's tackle football team based in Kansas City, Missouri. The Storm was f...
Resolusi 1449Dewan Keamanan PBBRwandaTanggal13 Desember 2002Sidang no.4.666KodeS/RES/1449 (Dokumen)TopikPengadilan Pidana Internasional RwandaRingkasan hasil15 mendukungTidak ada menentangTidak ada abstainHasilDiadopsiKomposisi Dewan KeamananAnggota tetap Tiongkok Prancis Rusia Britania Raya Amerika SerikatAnggota tidak tetap Bulgaria Kamerun Kolombia Guinea Irlandia Meksiko Mauritius Norwegia Singapura Syria...
This article relies largely or entirely on a single source. Relevant discussion may be found on the talk page. Please help improve this article by introducing citations to additional sources.Find sources: Church of Saint Anthony of Lisbon – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (May 2019) Church of Saint Anthony of LisbonView of the main façade of the church with the cathedral in the background.ReligionAffiliationRoman CatholicDistrictLisbon Dis...
هذه المقالة تحتاج للمزيد من الوصلات للمقالات الأخرى للمساعدة في ترابط مقالات الموسوعة. فضلًا ساعد في تحسين هذه المقالة بإضافة وصلات إلى المقالات المتعلقة بها الموجودة في النص الحالي. (سبتمبر 2023) مكتب التشيك الفضائي مكتب التشيك الفضائي اسم مختصر CSO معلومات عامة المقر الرئي...
Italian pop rock group Homo Sapiens in 1975 Homo Sapiens (sometimes spelled as Gli Homo Sapiens) is an Italian pop rock group who were mainly successful in the 1970s. Career The group formed in the late 1960s as I Tarli.[1][2] They adopted the current name in 1972, and had their first success in 1975 with the ballad Tornerai tornerò, which reached the ninth place on the Italian hit parade.[1][3] The group won the 1977 Sanremo Music Festival with the song Bella...
For the song by Billy Idol, see Devil's Playground (album). This article needs additional citations for verification. Please help improve this article by adding citations to reliable sources. Unsourced material may be challenged and removed.Find sources: World Coming Down – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (June 2010) (Learn how and when to remove this template message) 1999 studio album by Type O NegativeWorld Coming DownStudio album...
Ligne du temps de la présidence Bill Clinton This article is part of a series aboutBill Clinton Political positions Electoral history Family Public image Sexual assault and misconduct allegations 40th & 42nd Governor of Arkansas Governorships Gubernatorial elections 1978 1980 1982 1984 1986 1990 42nd President of the United States Presidency timeline Transition Inaugurations first second Policies Economic Gun control Environmental Foreign Clinton Doctrine international trips Appointments...
1996 film by Hettie MacDonald Beautiful ThingAustralian promotional poster for the filmDirected byHettie MacDonaldWritten byJonathan HarveyProduced byTony GarnettBill ShapterStarring Linda Henry Glen Berry Scott Neal Tameka Empson Ben Daniels Music byJohn AltmanProductioncompanyChannel Four FilmsDistributed byFilmFour DistributorsRelease date 21 June 1996 (1996-06-21) Running time90 minutesCountryUnited KingdomLanguageEnglishBox office$3,072,738[1] Beautiful Thing is a ...
Vương tộc Bonapartetiếng Pháp: Maison BonaparteItalian and Corsican: Casa di BuonapartePháp Gia đình Hoàng giaCoat of arms assumed by Emperor Napoleon IQuốc gia Đệ Nhất Đế chế Pháp & Đệ Nhị Đế chế Pháp Vương quốc Italy Vương quốc Tây Ban Nha Vương quốc Holland Vương quốc NaplesBản mẫu:Country data Westphalia Vương quốc Westphalia Thân vương quốc Elba Thân vương quốc Andorra Đại công quốc Berg Thân vương quốc ...
U.S. women's ultimate frisbee league Premier Ultimate LeagueSportUltimateFounded2019Inaugural season2019No. of teams12Most recentchampion(s)Raleigh Radiance (2023)Official websitepremierultimateleague.com The Premier Ultimate League (PUL) is a professional women's ultimate disc league that formed in 2019. The mission of the PUL is to achieve equity in the sport of ultimate by increasing accessibility to the sport for, and visibility of women, transgender, intersex, non-binary, genderqueer, an...
Traditional song Old Tup at Handsworth, South Yorkshire, taken before 1907 The Derby Ram or As I was Going to Derby is a traditional tall tale[1] English folk song (Roud 126) that tells the story of a ram of gargantuan proportions and the difficulties involved in butchering, tanning, and otherwise processing its carcass. The song is thought to have developed from ancient pagan rituals involving the worship of rams. In the local area, it was associated with the Old Tup custom, a form o...
Elgin StreetLancashireElgin Street (photo from June 2007)Length17 ft (5.2 m)Postal codeOL13 8GSCoordinates53°42′10″N 2°12′06″W / 53.70270°N 2.20172°W / 53.70270; -2.20172 Elgin Street, located in Bacup, Lancashire, is one of the shortest streets in the world at 17 feet (5.2 m). It held the British record until November 2006, when it was discovered that Ebenezer Place, Wick in Caithness, Scotland, which was constructed in 1883 and named in 188...
Mountainous area of West Bengal, India This article includes a list of references, related reading, or external links, but its sources remain unclear because it lacks inline citations. Please help to improve this article by introducing more precise citations. (July 2014) (Learn how and when to remove this template message) Darjeeling Himalayan hill region, also known as the Darjeeling Hills or Darjeeling Himalaya, is a mountainous area on the north-western side of the state of West Bengal in ...
Harry Chapin discographyStudio albums9Live albums2Compilation albums14Singles13Sales16,750,000 + This page is a discography for the singer and songwriter Harry Chapin. Chapin was a popular singer in the 1970s and 1980s. He achieved international success with a string of hits throughout the 70s and 80s. Chapin's career was cut short at its peak, when he was killed in a car accident in 1981. Shortly after his career debut in 1972, he became one of the highest paid artists in the world. All of h...