Elle épouse d'abord le roi Manuel Ier de Portugal, de trente ans son aîné. Après trois années de mariage et huit années de veuvage, elle est mariée au roi François Ier. Devenue veuve, elle reçoit en douaire le duché de Touraine de 1547 à 1558, elle vit ses dernières années aux Pays-Bas aux côtés de sa sœur Marie. Elle suit enfin son frère en Espagne après son abdication et décède un an plus tard, à l'âge de cinquante-neuf ans.
Les projets de mariage à son intention étaient nombreux, afin de satisfaire la politique matrimoniale des Habsbourg, des pourparlers furent successivement entrepris pour la marier avec les rois d'Angleterre Henri VII, puis Henri VIII, les rois de France Louis XII ou François Ier et le roi de PologneSigismond Ier.
Reine de Portugal
À dix-huit ans, elle souhaitait épouser Frédéric du Palatinat[1], mais son frère lui fait épouser le , Emmanuel Ier de Portugal. Ce souverain richissime qui, par son règne, mérite le nom de grand est de 30 ans l'aîné d'Éléonore. Laid et infirme, il a déjà épousé en premières et secondes noces deux tantes maternelles de la jeune fille dont il est veuf. Ils eurent néanmoins deux enfants, l'infant Charles (né le qui décéda enfant) et l'infante Marie (née le , morte en 1577, qui fut une des plus riches princesses d'Europe).
Emmanuel Ier mourut quelques mois plus tard de la peste le à l'âge de 52 ans laissant le trône à son fils Jean III de Portugal issu de son second mariage. Éléonore est veuve et reine douairière à 23 ans.
Fidèle à la politique d'union entre les rois d'Espagne et du Portugal, Jean III de Portugal épouse en 1525 Catherine d'Autriche sa tante, sœur cadette d'Éléonore. Éléonore se fit enlever sa fille par sa sœur Catherine, nouvelle reine du Portugal, qui se chargea de son éducation.
Reine de France
Quelque temps après le traité de Cambrai qui rétablit la paix entre l'Empire et la France, Éléonore est forcée de quitter le Portugal pour la France. En effet, un des articles du traité voulu par son frère stipule qu'elle doit épouser François Ier, veuf depuis 1524. Les noces sont célébrées dans les Landes près de Villeneuve-de-Marsan le et Éléonore fut couronnée reine de France à Saint-Denis le 31 mai 1531. Mais l'union reste stérile. De même, les relations entre la France et son puissant voisin ne sont pas pacifiées.
Cette nouvelle union politique fut aussi malheureuse que la précédente, car son nouvel époux lui préfère de loin Anne de Pisseleu. Rejetant alors son affection sur ses beaux-enfants, dont elle avait assuré la garde au début de leur détention comme otages de Charles Quint, après la défaite française de Pavie, œuvrant pour qu'on leur laisse des gens français et le confort dû à leur rang. Malheureusement, au fil des quatre années de détention, les petits seront de moins en moins bien traités, faute de financement, et il semble qu'Éléonore ne soit jamais parvenue à trouver grâce à leurs yeux. Fervente catholique, la nouvelle reine de France trouve également une nouvelle ennemie en sa belle-sœur, Marguerite, reine de Navarre[réf. nécessaire].
Néanmoins traitée avec respect par son mari, et bien qu'elle n'ait bénéficié d'aucun pouvoir politique, Éléonore servit quelquefois d'intermédiaire entre la France et le Saint-Empire.
Retour en Espagne, mort et sépulture
Tombeau d'Éléonore d'Autriche dans le Panthéon des Infants de l'Escurial.
Sur son chemin, elle émet le vœu de revoir sa fille, l'infante Marie de Portugal mais celle-ci se fait prier et ne reste que quelques jours auprès de sa mère qu'elle n'a pas revue depuis près de trente ans. La déception que provoque cette rencontre est fatale à la reine.
Éléonore d'Autriche meurt à Talavera la Real, le , à l'âge de 59 ans[2]. Son frère Charles Quint la suit dans la mort en , suivi le par leur sœur, Marie de Hongrie.
D'abord inhumé dans la cathédrale de Mérida, le corps d'Éléonore est transféré en 1574, sur ordre de son neveu Philippe II d'Espagne, dans une crypte provisoire à l'Escurial alors en cours de construction, où le rejoignent les dépouilles d'autres membres de la famille des Habsbourg. En 1586, ces corps sont transférés dans la crypte de la grande basilique, enfin achevée[3], et y reposent encore.
Fratrie
Les enfants de Philippe de Habsbourg et de Jeanne de Castille.
Ghislaine De Boom, Éléonore d'Autriche, reine de Portugal et de France : Une sœur méconnue de Charles-Quint, Bruxelles, C. Dessart, , 237 p. (BNF31843515)
Charles Moeller, Eleonore d'Autriche et de Bourgogne, reine de France : Un épisode de l'histoire des cours au XVIe siècle, Paris, A. Fontemoing, (BNF30955574).
Articles
Michel Combet, « Éléonore d'Autriche, une reine de France oubliée », dans Maurice Hamon et Ange Rovère (dir.), Être reconnu en son temps : personnalités et notables : 134e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, Bordeaux, 2009, Éditions du CTHS, coll. « Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques (édition électronique) », (ISSN1773-0899, lire en ligne), p. 15-25
(en) Janet Cox-Rearick, « Power-Dressing at the Courts of Cosimo de' Medici and François I: The "moda alla spagnola" of Spanish Consorts Eléonore d'Autriche and Eleonora di Toledo », Artibus et Historiae, vol. 30, no 60, , p. 39-69 (JSTOR25702881)
Annemarie Jordan et Kathleen Wilson-Chevalier, « L’épreuve du mécénat : « Alienor d’Austriche », une reine de France effacée ? », dans Kathleen Wilson-Chevalier (dir.), Patronnes et mécènes en France à la Renaissance, Saint-Étienne, Publications de l’université de Saint-Étienne, coll. « L'École du genre », (ISBN978-2-86272-443-0), p. 341-380 [lire en ligne (1)] - [lire en ligne (2)]
Annemarie Jordan Gschwend, « Antoine Trouvéon, un portraitiste de Leonor d'Autriche récemment découvert », Revue de l'Art, no 159, , p. 11-19 (lire en ligne)
(en) Annemarie Jordan Gschwend, « 'Ma meilleur soeur' : Leonor of Austria, Queen of Portugal and France », dans Fernando Checa (éd.), The Inventories of Charles V and the Imperial Family, vol. 3, Madrid, Fernando Villaverde Editores, (ISBN978-2-86272-443-0), p. 2569-2592
Robert J. Knecht, « Éléonore d'Autriche (1498-1558) », dans Cédric Michon (dir.) et al., Les conseillers de François Ier, Rennes, Presses universitaires de Rennes, (ISBN978-2-7535-1313-6, lire en ligne), p. 401-413.
Chloé Pardanaud, « Plaider, convaincre, entrer en scène : Éléonore d’Autriche et la libération des Enfants de France, d’après sa correspondance inédite », Seizième Siècle, vol. 4, no 1, , p. 195-216 (lire en ligne)
(en) Kathleen Wilson-Chevalier, « Art patronage and women (including Habsburg) in the orbit of King Francis I », Renaissance Studies, vol. 16, no 4, , p. 475-524 (lire en ligne).
Les générations sont numérotées dans l'ordre de la descendance depuis les premiers archiducs. Au sein de chaque génération, l'ordre est strictement chronologique et défini par la date de naissance.