Les chefs de la maison de Habsbourg-Lorraine règnent comme empereurs germaniques, rois de Hongrie et de Bohême jusqu'en 1806 puis comme empereurs d'Autriche de 1804 à 1918, ainsi que rois de Hongrie et de Bohême jusqu'en 1918.
Les membres actuels de la maison de Habsbourg-Lorraine, dite maison d'Autriche, tous descendants de Marie-Thérèse et de François-Étienne, portent tous les titres d'archiduc ou archiduchesse d'Autriche, prince ou princesse royale de Hongrie et de Bohême, avec le prédicat d'altesse impériale et royale. Les membres de la famille ayant contracté une union non égale au regard du statut de la maison de Habsbourg, ou non autorisée par le chef de famille, et issus de telles unions portent le titre de comte ou comtesse de Habsbourg à défaut d'un autre nom ou titre attribué, comme Hohenberg pour les descendants de l'archiduc François-Ferdinand, issus de son union morganatique avec la comtesse Sophie Chotek, titrée duchesse de Hohenberg.
La devise des Habsbourg d'Autriche est « Alles Erdreich ist Österreich untertan » en allemand et « Austriae est imperare orbi universo » en latin[1]. On l'abrège « A.E.I.O.U. », dans chacune des deux langues. Elle signifie « Il appartient à l'Autriche de commander à tout l'Univers » et affiche l'ambition de cette famille[2].
On a cherché à la faire descendre d'Etichon-Adalric d'Alsace, premier duc d'Alsace, né vers 626 et mort vers 690[5]. En effet, la première mention du premier ancêtre des Habsbourg date du milieu du Xe siècle avec Gontran le Riche (Guntramnus dives). Or, dans le but de contrôler les routes commerciales reliant la Germanie et l'Italie, le roi Otton Ier confisque, lors d'une Diète d'Empire à Augsbourg en , une grande partie des possessions situées en Alsace, en Brisgau et en Thurgovie d'un comte, dénommé Gontran (Guntramnus comes), un membre de la famille des comtes éberhardiens du Nordgau (Bas-Rhin). Un solide faisceau d'arguments tend à montrer que ce dernier et Gontran le Riche ne forment qu'un seul et même personnage. Si l'identité est avérée, la maison de Habsbourg descend ainsi des Étichonides, l'illustre famille des ducs mérovingiens issue d'Etichon-Adalric d'Alsace, régnant aux VIIe et VIIIe siècles sur l'Alsace, dont le membre le plus éminent est sainte Odile de Hohenbourg.
L'évêque de StrasbourgWerner de Habsbourg (mort à Constantinople le [6]), un frère de Radbot et de Rodolphe, fonde en Argovie, au début du XIe siècle, le château de Habsbourg de Habsburg (Argovie) en Suisse alémanique, qui donne son nom à la dynastie issue de Radbot. Selon d'autres auteurs, Werner n'est que le beau-frère de Radbot, et ce dernier le véritable fondateur du château[7]. Jamais les Habsbourg ne doivent habiter leur château éponyme : à sa fondation le château se présente comme un simple avant-poste militaire au service de la politique impériale, face au Second Royaume de Bourgogne mûr pour tomber dans l'escarcelle de l'Empire.
Une implication politique au plus haut niveau doublée d'une habile stratégie matrimoniale permet aux descendants de Radbot d'asseoir durablement leur domination sur un grand nombre de terres alsaciennes, suisses et badoises. Le centre de leur puissance, essentiellement politique, accessoirement territoriale, se situe en Alsace. Dès le début du XIIe siècle, les Habsbourg acquièrent le landgraviat (comté provincial) de Haute-Alsace (Haut-Rhin), l'avouerie sur des terres épiscopales strasbourgeoises (Haut-Mundat) et surtout l'avouerie sur la puissante et prestigieuse abbaye de Murbach.
Le statut des Habsbourg évolue en 1273 lorsque le comte Rodolphe IV de Habsbourg, allié des bourgeois des villes de Strasbourg et de Zurich, est élu empereur, prenant le nom de Rodolphe Ier de Habsbourg. En effet, les princes-électeurs préfèrent, comme souvent, confier la couronne de l'Empire à un seigneur qui ne leur semble alors ni trop puissant, ni trop menaçant pour leurs propres intérêts[8].
Histoire des Habsbourg
Armoiries des premiers comtes de Habsbourg.Sur l'actuel drapeau alsacien, les couronnes symbolisent les aspirations des Habsbourg, elles sont ajoutées au rouge et blanc, couleurs alémaniques traditionnelles.
Werner II, un des fils de Radbot, est le premier à prendre le titre de comte de Habsbourg. Dans la guerre entre l'empereur du Saint-Empire Henri IV et l'anti-empereur Rodolphe de Rheinfelden, Werner embrasse le parti de ce dernier (1077-1080).
Depuis l'Alsace historique, la famille étend son influence vers l'est, contrôlant le Saint-Empire romain germanique dès 1273, l'étendant jusqu'à l'actuelle Autriche (1278-1382). En seulement deux ou trois générations, les Habsbourg réussissent à s'assurer le contrôle quasi permanent du trône impérial pour plusieurs siècles (1273-1291, 1298-1308 et 1438-1740).
Branche aînée
Albert IV le Sage (mort en croisade en 1239), tige de la branche aînée ou impériale, a pour sa part Habsbourg, le comté d'Argovie et les ailleux d'Alsace ; il y joint par mariage le comté de Kybourg. Son fils Rodolphe IV agrandit considérablement ses domaines du côté de la Suisse et acquiert en 1278 les duchés d'Autriche et de Styrie par la défaite de son compétiteur Ottokar II de Bohême à la bataille de Marchfeld. Il est le premier Habsbourg appelé au trône impérial en 1273 ; il règne 18 ans (1273-1291) sous le nom de Rodolphe Ier de Habsbourg, et a pour successeur dans ses États héréditaires, et plus tard à l'Empire (1298), son fils Albert (Albert Ier comme duc d'Autriche et empereur). Sous celui-ci les Suisses se révoltent, et pendant toute la durée du XIVe siècle et la moitié du XVe siècle, la maison de Habsbourg s'épuise vainement à les combattre ; elle se voit successivement enlever la plus grande partie de ses domaines. En 1438 un nouveau prince de la maison d'Autriche-Habsbourg est appelé au trône impérial ; Albert V, roi de Hongrie et de Bohême, régna sous le nom d'Albert II ; depuis lors, la maison de Habsbourg règne sans interruption sur le Saint-Empire romain germanique jusqu'en 1740, date de la mort sans descendance mâle de Charles VI du Saint-Empire. Sa fille aînée, héritière de cette maison, Marie-Thérèse d'Autriche « La Grande », porte ses possessions, par mariage, dans la maison de Lorraine.
Branche cadette
Elle a pour tige Rodolphe IV d'Autriche, arrière-petit-fils de l'empereur Rodolphe Ier de Habsbourg, et reçoit en partage Laufenburg, Waldshut, Neu-Habsbourg (sur le lac des Quatre-Cantons) et les domaines de Klekgau. Après la mort de Rodolphe IV, cette branche se partage en deux rameaux (les comtes de Habsbourg-Laufenbourg et les nouveaux comtes de Kybourg). Le premier de ces deux rameaux, commencé par Godefroy (mort en 1271), s'éteint au commencement du XVe siècle. Eberhard, tige du second, a acquis le comté de Kybourg en épousant Anne, héritière de cette maison ; il meurt en 1284 ; sa descendance s'éteint en 1415. La branche aînée réunit alors tous les domaines de la maison.
Suite
Les possessions des Habsbourg après la bataille de Muehlberg (1547).L'Europe et les alliances en 1725.
L'accord de Worms du était la première étape dans le processus de division de la maison de Habsbourg entre une branche espagnole et une branche autrichienne. L'empereur Charles V — aussi roi Charles Ier des Espagnes et des Indes (1516-1556) conserve le titre impérial ainsi que les possessions du Saint-Empire, des Espagnes et des Pays-Bas notamment, tandis que son frère cadet Ferdinand Ier acquiert les domaines d'Autriche, de Bohême et de Hongrie.
Après l'abdication de l'empereur Charles V en 1555, Ferdinand Ier récupère le titre impérial, et transmet l'héritage autrichien à son fils Maximilien II. Le fils de Charles V, Philippe II conserve les Espagnes et les Pays-Bas. Ces derniers se soulevèrent rapidement, menant à une guerre d'indépendance qui durera 80 ans.
Les Habsbourg mirent le mariage de leurs enfants au service de leur politique diplomatique en favorisant les unions avec différents souverains européens, faisant de la maison d'Autriche une véritable usine à princes et princesses[réf. nécessaire] Habsbourg. Pour maintenir au sein de la famille les possessions acquises par la politique matrimoniale de leurs ancêtres, les Habsbourg, successeurs de Charles, malgré le Traité d'Oñate (1617), abusèrent des unions consanguines qui finirent par épuiser la lignée et on estime[Qui ?] que les unions à l'intérieur de la maison de Habsbourg contribuèrent à son extinction : ainsi Philippe IV d'Espagne était simultanément plusieurs fois cousin de Ferdinand III d'Autriche, son beau-frère et son gendre. Son fils Charles II fut de santé délicate et ne put avoir de descendance[10].
Charles V, dit Charles Quint, empereur et archiduc d'Autriche 1519-1556
Ferdinand Ier, empereur et archiduc d'Autriche 1556-1564 roi de Bohême et de Hongrie
Maximilien II, empereur et archiduc d'Autriche 1564-1576
Rodolphe II, empereur et archiduc d'Autriche 1576-1612
Matthias, empereur et archiduc d'Autriche 1612-1619
Ferdinand II, empereur et archiduc d'Autriche 1619-1637
Ferdinand III, empereur et archiduc d'Autriche 1637-1657
Léopold Ier, empereur et archiduc d'Autriche 1658-1705
Joseph Ier, empereur et archiduc d'Autriche 1705-1711
Charles VI, empereur et archiduc d'Autriche 1711-1740
N.B. : Marie-Thérèse Ire, ultime Habsbourg et épouse de l'empereur des Romains François Ier Étienne, régna comme roi de Hongrie, reine de Bohême et archiduchesse souveraine d'Autriche, 1740-1780
Philippe Nuss, Les Habsbourg en Alsace, des origines à 1273. Recherches pour une histoire de l’Alsatia Habsburgica, Altkirch, 2002, Société d'Histoire du Sundgau, 542 p.
Les générations sont numérotées dans l'ordre de la descendance masculine depuis les premiers archiducs. Au sein de chaque génération, l'ordre suit celui de l'aînesse.
Les générations sont numérotées dans l'ordre de la descendance depuis les premiers archiducs. Au sein de chaque génération, l'ordre est strictement chronologique et défini par la date de naissance.